vendredi 2 août 2024

Baisse historique des naissances en 2024 : vers un déclassement démographique ?



L'année 2024 entre dans sa dernière phase, et, à la faveur du mois d'août, on commence à faire certains comptes. L'INSEE a ainsi publié, le 1er août, le bilan des naissances du premier semestre de cette année. Ainsi, seulement 326.131 bébés ont vu le jour en France entre le 1er janvier et le 1er juillet: c'est le plus bas niveau historique, pire encore que l'année 2023, qui était déjà bien triste. Si le taux de fécondité moyen se maintient autour de 1,68 enfants par femme, faisant de la démographie de notre pays l'une des plus dynamiques des pays développés, ce n'est tout de même pas terrible.

On peut chercher les causes de ce déclin démographique dans de nombreuses directions : crise économique, mariages tardifs, manque de confiance dans l'avenir… On peut aussi avancer le chiffre (stable, quant à lui) de 200.000 avortements par an, qui promet un sinistre croisement des courbes dans quelques décennies, au train où vont les choses. Les conséquences de cette pénurie de naissances risquent, elles aussi, d'être multiples. Le démographe Gérard-François Dumont, interrogé par Les Échos, anticipe une fragilisation mécanique de notre modèle social. Il ne parle pas du régime des retraites, mais tout le monde a compris. Pour pouvoir continuer avec un régime par répartition, c'est-à-dire pour que les jeunes paient les retraites des anciens, il faut des naissances.

Le réarmement démographique a tourné court

Emmanuel Macron, lui aussi, a bien compris qu'il allait y avoir un problème. Aussi avait-il lancé un plan de réarmement démographique, qui prévoyait un congé de naissance mieux rémunéré que le congé parental, pour les deux parents. Il prévoyait aussi de s'attaquer à l'infertilité, qui n'est peut-être pas la cause principale de cette baisse - mais le geste allait dans le bon sens. La dissolution de l'Assemblée nationale a rebattu les cartes. Le projet est pour l'instant en stand-by. Peut-être sera-t-il définitivement enterré à la rentrée. Le tempo médiatique n'est pas celui de la survie du peuple.

Pour sauver ce qui peut l'être, Gérard-François Dumont préconise d'en revenir à l'universalité des allocations familiales et de déplafonner le quotient familial. Là aussi, l'idée va dans le bon sens, mais… les causes de cette baisse de la natalité ne sont-elles pas plus profondes ? La société tend à flatter les égoïsmes. Les mariages sont tardifs et fragiles. Les enfants sont considérés comme des poids, des entraves à la carrière. On regarde les familles nombreuses comme des productrices de carbone. C'est peut-être d'un changement de mentalité qu'il s'agit.

Le mauvais exemple japonais

Il y a enfin une dernière question, en embuscade derrière ce triste constat: nous prépare-t-on une nouvelle vague d'immigration massive pour « combler » le déficit de naissances françaises ? Ce n'est pas du tout impossible, et des politiciens cyniques pourraient fort bien renvoyer la balle aux Français mécontents : « Vous ne voulez pas d'immigrés, vous ne voulez pas d'enfants, mais vous voulez des retraites, comment voulez-vous qu'on fasse? »

Les Japonais, dont la population vieillit dans des proportions encore plus dramatiques, ont fait un autre choix: celui de préserver leur peuple et de robotiser ce qui peut l'être. Eux-mêmes sont en train d'ouvrir un peu plus les vannes de l'immigration car ils ne s'en sortent pas. C'est d’élan vital qu'il s'agit, en somme, et il est douteux qu'une poignée de mesures incitatives produise son effet dans l'intimité d'un peuple qui ne semble plus avoir envie de vivre. Gardons l'espérance - et l'oeil sur les chiffres.

Par Arnaud Florac le 2 août 2024

Boulevard Voltaire

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