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vendredi 29 novembre 2024

Intervention militaire en Ukraine : la Macronie plus va-t-en-guerre que jamais



La France va-t-elle envoyer des troupes en Ukraine ? Une question lancinante depuis des mois qui revient au premier plan alors que le conflit russo-ukrainien, sur fond d’arrivée aux affaires de Donald Trump, le 20 janvier prochain, s’intensifie. À cette question, lors d’une interview donnée à la BBC, Jean-Noël Barrot, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, qui venait de rencontrer son homologue britannique, répondait, la semaine dernière : « Nous n’écartons aucune option. » En clair, la France n’exclut pas d’envoyer des troupes au sol. Une prise de position qui n’est pas nouvelle – on se souvient de la déclaration, en février, dernier d’Emmanuel Macron qui avait pris à contre-pied nos alliés – mais qui prend un tour particulier, aujourd’hui.

Mais au fait, qu’en pensent les Français ? 

Selon un sondage réalisé par l’institut CSA pour CNewsEurope 1 et le JDD, publié ce 28 novembre, la majorité des Français est opposée à ce que « la France intervienne militairement pour défendre l’Ukraine ». 68 % ! Certes, depuis que la guerre existe, c’est-à-dire depuis toujours, cela se saurait si l’on demandait l’avis des opinions publiques avant de partir au casse-pipe, la fleur au fusil. Néanmoins, on n’imagine pas qu’un pouvoir raisonnable ne tienne pas un minimum compte de son opinion publique. Cela dit, faudrait-il encore qu’il y ait un pouvoir et que ce pouvoir soit raisonnable ! La dissolution, genre « coup d’un soir », décidée par Emmanuel Macron le 9 juin dernier ne peut pas ne pas nous interpeller sur ce sujet.

Une majorité de Français opposée à une intervention militaire

Déjà en février 2022, alors que la menace d’invasion de l’Ukraine se faisait imminente, les Français, selon le même institut de sondage, étaient défavorables à 70 % à une intervention militaire française. La proximité de ces deux pourcentages (70 % en 2022, 68 % en 2024) montre, finalement, une grande stabilité de l’opinion française sur cette question, alors même que la situation entre 2022 et 2024 a profondément évolué. À l’époque, qui croyait vraiment à une invasion russe ? Aujourd’hui, on sait qu’une guerre particulièrement meurtrière, comparable à celle de 14-18 (la technologie en plus), a bien lieu sur le flanc est de l’Europe. Que traduit ce refus majoritaire et constant des Français d’un engagement, sur le terrain, de nos troupes ? Crainte d’un engrenage qui nous conduirait vers une Troisième Guerre mondiale, mais aussi, à tort ou à raison, que ce conflit n'est pas le leur ? Et ce, en dépit - ou à cause ! - des nombreuses déclarations d'Emmanuel Macron depuis le début du conflit. Peut-être aussi, plus profondément, parce que les Français ont renoncé à l'idée même de faire la guerre. Tant que cela se passait « loin de chez nous, en Afrique », tout allait bien, si l'on peut dire. On connaît cette phrase de Thucydide : « La force de la cité ne réside ni dans les remparts ni dans les vaisseaux, mais dans le caractère de ses citoyens »...

Des différences selon les opinions politiques

Quoi qu'il en soit, si cette opposition à une intervention militaire est majoritaire chez nos compatriotes, il convient cependant de la moduler selon le positionnement politique des sondés : ainsi, 84 % des proches du RN s’opposent à l’envoi de troupes, contre 63 % pour les LR, 51 % chez les macronistes, 52 % chez les socialistes, 55 % chez les écolos et 73 % chez les Insoumis. Un positionnement qui a d’ailleurs sensiblement évolué par rapport à février 2022, avant l’invasion russe. À l’époque, LR, RN et Reconquête avaient une position quasi similaire : respectivement 76 %, 78 % et 79 % étaient opposés à une intervention militaire. Il en était de même, à gauche, entre LFI, PS et écolos, opposés respectivement à 61 %, 66 % et 66 %. Les macronistes, eux, étaient alors opposés à 63 %. Le « front » des opinions sur ce sujet s'est donc figé et traduit globalement la partition de la France politique en blocs décidément irréconciliables.

Aujourd’hui, les macronistes – ou, tout du moins, ce qu’il en reste –, avec 49 % d'opinion favorable à une intervention militaire (contre 31 %, seulement, pour l’ensemble de la population), seraient donc plus va-t-en-guerre que le reste des Français ? On notera, d’ailleurs, que les cadres supérieurs plus (CSP+) ne s’opposent qu’à 64 % à l’envoi de troupes, contre 68 % pour l’ensemble de la population. 

On imagine - cela va sans dire - qu’en cas d’intervention militaire française dans les plaines d’Ukraine, ces braves gens seraient les premiers à encourager leurs enfants à laisser tomber leurs études pour s’engager immédiatement sous nos trois couleurs... et, bien sûr, sous la bannière étoilée de l'Union européenne...

Par Georges Michel le 28 novembre 2024

Boulevard Voltaire

jeudi 28 novembre 2024

Communiqué de Jordan Bardella, Président du RN du 28 novembre 2024


Communiqué de Jordan Bardella, Président du RN du 28 novembre 2024

Le Rassemblement National vient de remporter une victoire en obtenant de Michel Barnier l’annulation de la taxe de 3 milliards d'euros sur l’électricité. Grâce à notre action déterminée, les prix de l’énergie n'augmenteraient pas pour les Français en 2025, si cette promesse est bien respectée et si elle n'est pas financée par d'autres hausses d'impôts et de taxes. Nous serons vigilants.

Mais nous ne pouvons en rester là. D'autres lignes rouges demeurent. Le Premier ministre doit également renoncer au déremboursement supplémentaire de médicaments, mesure inacceptable alors que des millions de Français renoncent à se soigner faute de moyens et que, dans le même temps, la coûteuse AME est maintenue pour les clandestins. La France qui travaille ou qui a travaillé doit être entendue : il faut un moratoire sur toute nouvelle création ou hausse d'impôt et de taxe, des mesures fortes en faveur de la compétitivité de nos TPE-PME, et la réindexation des pensions dès le 1er janvier. Un sérieux tour de vis migratoire et pénal doit être engagé, sans que l'on se paye de mots et de promesses : notre pays ne peut plus accueillir une immigration de masse qui bouleverse son identité et pèse lourdement sur ses comptes publics. Ces mesures de bon sens sont réalistes, rapidement applicables et attendues par une immense majorité de Français. Le Premier ministre ne peut y rester sourd. Il lui reste quelques jours.

mercredi 27 novembre 2024

Lettre ouverte à Emmanuel Macron, président de la République, cosignée par Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Dominique Jamet, Philippe Murer, Florian Philippot, Jean-Frédéric Poisson, à l’initiative du Mouvement Politique Citoyen



Paris, le 23 novembre 2024

 

Lettre ouverte à Emmanuel Macron, président de la République
Objet : Appel à une politique française pour la paix en Ukraine

 

Monsieur le Président de la République,

La France traverse un moment critique, où son rôle historique en tant que puissance d’équilibre et de paix est mis à l’épreuve face au conflit en Ukraine. Les récents événements, dont l’autorisation donnée par les États-Unis à l’Ukraine de frapper la Russie en profondeur avec des missiles de moyenne portée américaine, marquent une escalade qui pourrait précipiter le monde dans une troisième guerre mondiale.

Nous, signataires de cette lettre, tenons à exprimer notre profonde inquiétude devant cette situation qui engage non seulement l’avenir de la France, mais également la sécurité mondiale. Ces décisions, bien que prises par nos alliés, n’impliquent pas automatiquement l’adhésion de la France, nation souveraine et attachée à la diplomatie. L’escalade militaire, sous quelque prétexte que ce soit, n’apportera qu’une intensification des souffrances humaines et un chaos géopolitique incontrôlable.

En particulier, nous avons été interpellés par vos récentes déclarations, dans lesquelles vous avez qualifié de « tout à fait bonne » la possibilité pour l’Ukraine de frapper la Russie en profondeur avec des missiles de moyenne portée fournis par les États-Unis.  Le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot déclarait lundi que l’utilisation de nos missiles sur le sol russe reste une « option ». Mardi, nous apprenions que l’Ukraine a tiré ses premiers missiles américains en profondeur sur la Russie. Mercredi, l’Ukraine utilisait pour la première fois des missiles britanniques Storm Shadow pour viser le territoire russe.

Votre position est, à notre sens, extrêmement préoccupante. Elle dénote une indifférence face aux risques d’une confrontation directe entre puissances nucléaires, qui pourrait, à terme, mener à une guerre mondiale. Comment peut-on qualifier une telle escalade de « tout à fait bonne » alors même que le monde entier redoute à juste titre une guerre de cette ampleur ?

La France, forte de son histoire et de son indépendance stratégique, doit se positionner comme un acteur de dialogue. À ce titre, nous vous exhortons à :

  1. Vous opposer à toute participation de la France à des opérations militaires offensives, en particulier celles utilisant des armes de longue portée susceptibles de frapper des territoires russes.
  2. Appeler publiquement à un cessez-le-feu immédiat et à la reprise de négociations sous l’égide de l’ONU, dans un cadre garantissant les intérêts légitimes de toutes les parties.
  1. Promouvoir une conférence internationale pour la paix, impliquant les grandes puissances, mais aussi des pays non alignés, afin de poser les bases d’une désescalade durable.

En tant que Président, vous portez la voix de la France et de son peuple, attaché à la paix. L’Histoire jugera avec sévérité toute décision qui pourrait nous entraîner dans une guerre mondiale, au mépris de nos principes et de nos intérêts fondamentaux.

Monsieur le Président, vous avez aujourd’hui l’opportunité de réaffirmer la grandeur de la France en prenant l’initiative d’une politique véritablement pacifique. Ne laissez pas la logique des blocs nous enfermer dans une spirale belliciste. Nous vous appelons, au nom de notre nation, à agir avec la sagesse et le courage que requiert la situation.

Dans l’espoir que cet appel soit entendu, nous restons à votre disposition pour échanger sur ces propositions.

Respectueusement,

Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Dominique Jamet, Philippe Murer, Florian Philippot, Jean-Frédéric Poisson.

Il faut censurer Barnier pour ne pas entrer en guerre contre la Russie

 

samedi 16 novembre 2024

Sarah Knafo (R!) au Parlement européen le 13 novembre 2024

Marion Maréchal (Identité-Libertés) au Parlement européen le 13 novembre 2024

 

MERCOSUR : l’agriculture sacrifiée par l’UE sur l’autel du libre-échange



Nouvelle claque pour les agriculteurs français. Alors que le Premier ministre s’est entretenu, ce mercredi, avec la présidente de la Commission européenne pour lui faire part de son « opposition en l'état » quant aux accords de libre-échange avec le Mercosur, Ursula von der Leyen a déclaré n’être « pas convaincue » des arguments avancés par Michel Barnier. Une rencontre qui n’augure rien de bon pour la crise agricole, ni pour la crédibilité de la France face à l’Europe, alors que s’ouvre, à partir de ce lundi au Brésil, le sommet du G20 qui devrait sceller les négociations entre l’Union européenne et les pays concernés par le traité.

La concurrence déloyale enfonce les agriculteurs

L’appel à la mobilisation est général. Sous le hashtag #NONauMERCOSUR, les annonces de blocages se propagent sur les réseaux sociaux. Tous syndicats confondus, ils enjoignent les agriculteurs à faire « rugir » leur colère qui résonne comme un cri de désespoir face à ce qui continuera d’accabler le monde paysan si ces accords de libre-échange devaient être signés.

« Pour s'aligner au Mercosur, il faudrait accepter 350 euros de salaire en moyenne et pas de protection sociale. » Invité sur Arte, ce jeudi, Christian Convers, secrétaire général de la Coordination rurale, résume la situation des agriculteurs français face à cet accord controversé depuis le début des négociations, en 1999.

La principale inquiétude des producteurs ? Une concurrence déloyale, avec l'importation massive d'aliments produits à des coûts bien inférieurs à ceux pratiqués en France. Menaçant de nombreuses filières, selon la FNSEA, l’accord prévoit des importations de 99.000 tonnes de bœuf, 180.000 tonnes de volailles, 8,2 millions d’hectolitres de biocarburants, 45.000 tonnes de miel, tous provenant d’élevages ou d’exploitations utilisant des antibiotiques, insecticides, hormones de croissance, dont l'utilisation est pourtant interdite aux exploitants français.

Face à cette concurrence, nos agriculteurs, soumis à des contrôles européens stricts, alertent : ils ne peuvent tout simplement pas rivaliser. Pour la Coordination rurale, signer ces accords, c’est prendre le risque de voir «  plus de 4.000 fermes qui pourraient être fermées ».

Dans un contexte où il est de plus en plus difficile, pour un paysan, d’exercer son métier face à l’inflation des normes, des contrôles et des interdictions sanitaires, ce permis d’importer des produits qui ne sont pas soumis aux mêmes règles que les nôtres dépasse l’entendement, dénoncent ces agriculteurs. « Aujourd'hui, la politique européenne est malhonnête : on nous fait de la transition écologique, du bilan carbone, de la traçabilité, nous avons 200.000 normes… Et là, c'est open bar sur un produit non tracé, qui vient de milliers de kilomètres pour satisfaire l'agro-industrie », s’est indigné, à l’antenne de LCP, le porte-parole du syndicat, Patrick Legras.

L’échec de la France face à l’UE ?

« Notre pays n’est plus exemplaire », regrette Marion Maréchal, en direct de LCI, pour illustrer l’impasse dans laquelle se trouve la France face à l’Union européenne dans ces accords de libre-échange. La fondatrice d’Identité-Libertés s’avoue très pessimiste quant à la conclusion de ces négociations. Rappelant le changement de direction d’Emmanuel Macron face à ce pacte, d’abord plutôt favorable, puis fermement opposé, elle craint que la France soit désormais trop peu crédible pour porter son désaccord jusqu’à l’annulation des négociations.

Si Michel Barnier ne cesse de marteler depuis deux jours sa ferme opposition au traité tel qu’il se présente, rien ne garantit qu’il ne soit pas signé malgré le désaccord de la France. En effet, si l’Autriche et la Pologne ne s’y sont pas montrées entièrement favorables, seule la France est aussi réticente à la signature. Or, pour que le traité ne soit pas ratifié, il faudrait qu'au moins quatre pays s'opposent. Alors que le Premier ministre invite les Français à lui « faire confiance » pour sortir de cette impasse, le député RN Laurent Jacobelli rappelle, au sujet de l’Europe : « Vous avez perdu le contrôle, vous leur avez laissé les clés. »

Par Aliénor de Pompignan le 15 novembre 2024

Boulevard Voltaire

jeudi 14 novembre 2024

Procès du RN : l'accusation demande une peine de cinq ans de prison et cinq ans d'inéligibilité pour Marine Le Pen



Cinq ans de prison dont deux ferme aménageables, assortis de cinq ans d'inéligibilité pour Marine Le Pen . Deux millions d'euros d'amende ferme contre le parti. Voici les premières réquisitions demandées par l'accusation à l'encontre du Rassemblement national dans le procès des assistants parlementaires. En cette septième semaine de procès, cette journée de mercredi a été particulièrement charnière, avec l'annonce des réquisitions du parquet.

L'accusation a demandé que cette peine soit assortie de l'exécution provisoire, c'est-à-dire qu'elle s'applique dès la condamnation, y compris si la triple candidate à la présidentielle fait appel, estimant de pas être comptable des "ambitions" politiques des prévenus. Une amende de 300.000 euros a également été requise à son encontre. 

En outre, le ministère public requiert notamment 18 mois de prison dont six mois ferme avec trois ans d'inéligibilité contre le numéro deux du parti Louis Aliot; 10 mois avec sursis et un an d'inéligibilité contre le porte-parole du RN Julien Odoul, et 18 mois avec sursis et deux ans d'inéligibilité pour la sœur de Marine Le Pen, Yann Le Pen.

"Nous ne sommes pas ici en raison d'un acharnement"

Le réquisitoire a débuté par une mise au point. "Nous ne sommes pas ici en raison d'un acharnement, mais au terme d'une information judiciaire conduite par des magistrats indépendants" a affirmé le procureur. Avant d'évoquer une affaire inédite par son ampleur, sa durée et son caractère organisé. 

Assise au premier rang, Marine Le Pen écoute, prend des notes et hoche la tête pour manifester son désaccord, comme lors du long réquisitoire contre les 25 prévenus. L'emploi de Thierry Légier, ancien garde du corps de Jean-Marie Le Pen et assistant parlementaire à Strasbourg, "un détournement de fonds publics connu tant par le parti que par le député", cingle le parquet.

Vis-à-vis de Julien Odoul, lui aussi assistant parlementaire d'octobre 2014 à juillet 2015, "il n'y a aucune ambiguïté sur le fait qu'il s'agit d'un montage financier", tranche à nouveau la procureure. L'ambiance se tend lorsque cette dernière s'attarde sur le cas de Jean-François Jean-Luc, ancien eurodéputé, pour qui l'épreuve semble moins évidente. "Je lui accorde le bénéfice du doute. Je ne vous demande pas la relaxe pour autant, parce que ça me fait trop mal", lâche la procureure à la présidente, provoquant la colère de Marine Le Pen, qui dénonce un procès politique.

La défense doit plaider à partir de lundi et la fin du procès est prévue le 27 novembre. Le tribunal ne rendra pas sa décision avant plusieurs mois.

Par Alexandre Chauveau (avec AFP) le 13 novembre 2024

Europe 1



Au Parlement européen, S. Séjourné taillé en pièces par M. Maréchal et S. Knafo



C'est un grand classique du cinéma : une brune et une blonde, pas forcément amies, toutes les deux belles et intelligentes, et surtout sans pitié. On peut penser à Mulholland Drive, de David Lynch, ou, un peu moins intello, aux pétroleuses que furent Claudia Cardinale et Brigitte Bardot. Cette fois, ce n'est pas du cinéma, mais c'est tout de même un excellent moment à regarder.

Stéphane Séjourné, éphémère ministre des Affaires étrangères de la Macronie, s'était illustré par son absence totale de charisme, une absence qui illustrait bien la considération présidentielle pour ce portefeuille jadis régalien. Avant le Quai d'Orsay dans le gouvernement Attal, Stéphane Séjourné avait été le chef de file des députés européens Renaissance. Il fallait le recaser, car la Macronie n'oublie jamais les copains : quoi de mieux, alors, qu'un retour à Bruxelles ? Le contexte était favorable : au poste de commissaire européen à l'industrie, 

Ursula von der Leyen n'avait pas voulu de Thierry Breton, démissionnaire. Alors on allait sortir du chapeau un homme qui était tout ce que Breton n'était pas : jeune, illégitime, docile, silencieux. Et le tour serait joué.

« Nous avons besoin d'un chef de guerre, pas d'un chef de bureau »

 

 

Sauf que ça ne s'est pas exactement passé comme ça. On n'est pas en France, on ne peut pas nommer n'importe qui juste par caprice. Il a fallu que Stéphane Séjourné passe par une audition parlementaire. 

Et là…Marion Maréchal et Sarah Knafo ont beau, désormais, être adversaires, elles ont livré un numéro de duettistes particulièrement réjouissant. Sarah Knafo lui a demandé s'il avait l'intention de défendre l'industrie française, après que son patron eût laissé démembrer quelques-uns de nos plus beaux fleurons. Face à ses réponses filandreuses, des réponses de cancre qui a révisé, elle a enfoncé le clou sur la lutte contre nos adversaires économiques, au premier rang desquels la Chine et les États-Unis. Face à des menaces de plus en plus décomplexées, elle a rappelé que l'ambition principale du candidat au poste de commissaire européen à l'industrie est de se saisir à bras-le-corps des problématiques de genre, en faisant en sorte qu'il y ait plus de femmes dans les conseils d'administration. La belle affaire ! Et son deuxième sujet de préoccupation ? Aller vers plus de décarbonation… La conclusion claque comme un clou martelé dans un cercueil : « Nous avons besoin d'un chef de guerre, pas d'un chef de bureau ».

« Le dernier caprice » d'Emmanuel Macron

 

 

Marion Maréchal, elle, s'est attardée sur les faiblesses professionnelles de Stéphane Séjourné. Elle a rappelé qu'il n'avait jamais travaillé en entreprise, encore moins dans l'industrie, et qu'il était totalement incompétent pour le poste qu'il voulait occuper. Homme d'appareil, sans expérience, sans qualifications particulières, sans réalisations concrètes, que fait-il là ? Pour elle, la raison est simple : Stéphane Séjourné est « le dernier caprice » d'un Macron aux abois, qui place ses protégés pour essayer de ne pas totalement perdre la main. 

L'intéressé encaisse, avec un certain art de la pokerface, il faut le reconnaître. Mais le match, dans l'esprit de l'opinion publique, est déjà plié. Ces deux femmes, avec charme et cruauté, viennent de tailler en pièces le malheureux candidat, soudain renvoyé à ce qu'il est : l'un de ces courtisans de la Macronie, aussi incapables qu’interchangeables, que le régime mourant essaie de recycler avant la chute…

Par Arnaud Florac le 13 novembre 2024

Boulevard Voltaire

dimanche 10 novembre 2024

Les porcs d’Amsterdam



L’ONU est très perturbée. C’est un porte-parole du HCR qui a fait cet aveu, avant de noyer le poisson dans des considérations antiracistes évitant soigneusement les mots « antisémitisme » ou « juif ».[1] 

Les événements d’Amsterdam ont en effet de quoi perturber la vision du monde qui a cours au bord de l’Hudson, selon laquelle les juifs (et leur avant-garde israélienne) sont les nouveaux nazis. Jeudi soir, dans la ville d’Anne Frank, ce sont des juifs qu’on a pourchassés, tabassés, humiliés dans un déferlement de violence haineuse et rageuse. Alors, si on cherche vraiment des nazis, on sait où les trouver.

Hamasterdam

Je vous vois venir, en particulier tous ceux qui croisent Hitler tous les quatre matins et qui ont soudainement des pudeurs de gazelle. Le président israélien ayant parlé de pogrome antisémite (ce n’est pas un pléonasme ?), vous prenez vos distances, faites les scrupuleux. Ce n’est pas un pogrom et encore moins la nuit de Cristal, souligne Laurent Joffrin dans un éditorial empreint par ailleurs, d’une grande lucidité[2].

D’accord, Amsterdam 2024 n’est pas Berlin 1938. Pour Joffrin, les agressions de l’autre soir « ne sauraient être comparées, même de loin (…) à la vaste opération de terreur lancée par les nazis en 1938 contre les Juifs d’Allemagne, prélude à leur déportation et à leur extermination ». À Amsterdam on n’a pas brûlé de synagogue ou de magasins, ni même tué des juifs – même si c’était peut-être au programme. 

La police n’a pas prêté main-forte aux fanatiques, même si elle a été incapable de les arrêter. Le maire de Berlin, dans les années 30, ne proclamait pas sa honte des violences anti-juives survenues dans sa ville. Ajoutons que, dans les années 30, les juifs ne se déplaçaient pas en horde, qu’ils ne braillaient pas des chansons racistes en hébreu, qu’ils n’arrachaient pas de drapeau, comme l’ont fait le jour du match les supporters du Maccabi Tel-Aviv, un bel exemple de la normalisation israélienne puisqu’ils ressemblent à tous les supporters abrutis du monde. 

Dans les années 30, il n’y avait pas d’Israël pour les rapatrier. Et aujourd’hui, il n’y a pas d’Hitler au pouvoir, même si les candidats à sa succession ne manquent pas.

Tout le monde sait désormais ce que signifie « Free Palestine »

Donc, évidemment, ce n’est pas pareil. 

N’empêche, ça ressemble trop au nazisme pré-génocidaire, pour qu’on se contente de regarder ailleurs. Ce juif paniqué nageant dans un canal sous les rires gras de ses tortionnaires qui l’obligent à crier des slogans pro-Hamas (tout le monde sait désormais ce que signifie Free Palestine, pour les malcomprenants, la carte est fournie), évoque ces rabbins qu’on faisait danser sur les rouleaux de la Torah. Alain Finkielkraut rappelle souvent que les nazis riaient tout le temps. S’il n’y a pas d’Hitler, il y a dans nos villes beaucoup de ces « hommes ordinaires » transformés en brutes qui, avant même son accession au pouvoir, faisaient régner la terreur dans les rues allemandes, terrorisant, molestant, arrêtant les opposants, les communistes, les juifs. 

Aujourd’hui, sous les traits d’islamo-racailles fanatisées, ils sont à l’œuvre à Amsterdam comme dans les rangs de Daech. Ils règnent sur les territoires perdus. En Europe, et singulièrement en France, ils ont tué des professeurs, des journalistes, des policiers, des chrétiens, des passants par centaines et des juifs. Les nazis prétendaient rendre justice au peuple allemand en asservissant l’humanité au Reich millénaire, les islamo-djihadistes prétendent défendre leurs frères palestiniens et faire advenir la victoire planétaire de l’islam. Alors ce n’est pas pareil, sans doute, mais contrairement à ce qu’écrit Laurent Joffrin, on a le droit de comparer.

Islam conquérant

L’autre ressemblance entre hier et aujourd’hui, c’est l’inconscience des sociétés libérales. Les démocrates mous du genou regardent ailleurs, espérant qu’une absence de solution (et des palabres) finiront par résoudre le problème. Quant à la gauche, elle s’est sabordée face à l’islamisme comme hier face au nazisme. Toutes ces années, elle a traqué le dérapage, scruté la résurgence, dénoncé le moindre écart de langage des partis « d’extrême droite », ignorant ou minimisant la montée d’un islam politique conquérant, criminel et volontiers totalitaire quand elle ne l’encourageait pas en dénonçant à grands cris l’islamophobie.

Certes, pas toute la gauche. Les mélenchonistes, qui ont lié leurs intérêts de boutique à la progression de l’islam radical, persistent dans l’aveuglement jusqu’au comique. Pour Aymeric Caron, rien ne prouve que les agressions d’Amsterdam étaient de nature antisémite. Sa collègue Marie Mesmeur n’est pas loin (et même très près) d’approuver les nervis islamo-hollandais (on suppose qu’ils sont hollandais) : « Ces gens-là n’ont pas été lynchés parce qu’ils étaient juifs mais parce qu’ils étaient racistes et soutenaient un génocide. »

À force de prendre des coups de réel, beaucoup d’autres doivent bien admettre qu’il y a un problème. En général, ils nient obstinément que celui-ci ait quoi que ce soit à voir avec l’islam et encore moins avec l’immigration, mais on les entend moins proclamer que tout ça, c’est des fantasmes d’extrême droite. La lucidité progresse. Il faut saluer Fabien Roussel, irréprochable ces derniers jours: « Des supporters ont été chassés, menacés, lynchés, dans les rues d’une ville européenne, parce qu’ils sont juifs. » Et aussi Sandrine Rousseau qui, quand elle lit que « des supporters israéliens ont provoqué », réplique « ça ne va pas de justifier la violence comme ça ! » 

Si la ratonnade anti-juive d’Amsterdam était une réponse légitime aux slogans débiles et haineux de supporters, il serait aussi légitime de tabasser Imzalene, Soudais ou Caron. Or cela serait une faute impardonnable.

Il faut aussi saluer la clairvoyance de Laurent Joffrin qui observe qu’une bonne « partie de l’opinion propalestinienne en Europe se laisse glisser dans un antisémitisme terrifiant ». Propalestinienne, qu’en termes galants, mais passons. À la différence de Bernard Kouchner, aussi terrible soit la guerre là-bas, Joffrin ne comprend pas les antisémites d’ici: « Il est clair que la poursuite indéfinie des opérations israéliennes à Gaza et au Liban, avec leur cortège de pertes civiles déchirantes, est propre à échauffer les esprits. Mais on sent bien, aussi, qu’il y a là un terreau local nuisible, alimenté, entre autres, par les courants islamistes, qu’il convient d’évaluer à sa juste mesure et de réprimer sans faiblesse. » 

Pour l’évaluation et plus encore pour la répression, on risque d’attendre longtemps. Bruno Retailleau ne peut pas mener seul toutes les guerres. Or, il est bien tard. Laurent Joffrin est bien seul. La chasse aux juifs d’Amsterdam n’a pas fait les gros titres de la presse, elle n’a pas stimulé la verve des éditorialistes (qui à leur décharge étaient sans doute en week-end). On s’habitue. 

Ça non plus, ça ne vous rappelle rien ?

Par Elisabeth Lévy le 9 novembre 2024

Causeur


[1] Quelques heures plus tard, le secrétaire général lui-même se dit choqué et dénonce d’un même élan l’antisémitisme et l’islamophobie.

[2] « La chasse aux juifs », Laurent Joffrin LeJournal.info, 9 novembre 2024.