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mardi 23 mai 2023

Le complotisme d’extrême gauche se porte comme un charme



Pour traquer le complotisme, la France ne manque pas d’officines. Subventionnés par l'État et par différents organismes internationaux, nos « fact-checkers » disposent de budgets conséquents pour scruter à la loupe le moindre écart des médias… de droite. Parmi ces gendarmes au strabisme prononcé, l’inimitable Conspiracy Watch a même réussi à capter une subvention de 60.000 euros issue du fonds Marianne, la fameuse enveloppe gérée avec tant de soin par Marlène Schiappa pour combattre les discours « séparatistes » et défendre les valeurs républicaines sur les réseaux sociaux et les plates-formes en ligne.

C'est peut-être l'occasion, pour cet organisme, d'étendre sa mission d'observation… à gauche. Ainsi Marine Tondelier a-t-elle bien noté l’horreur des défilés à droite de la droite, Action française et GUD notamment, qui n’ont provoqué – constatons-le – aucun dégât. Quelques dizaines de personnes dans la rue, des mouvements parfaitement marginaux par leur nombre, tout heureux de la publicité offerte sur un plateau par une extrême gauche décidément en mal d'ennemis depuis que la diabolisation du RN fait des ratés. Pas de voitures brûlées, pas de gendarmes blessés, cela nous change de Sainte-Soline (47 gendarmes blessés) et des manifestations d’extrême gauche. Mais pour l’égérie des Verts, il va falloir arrêter ce type de comparaison.


Car, selon elle, on laisse prospérer des réseaux "néo-nazis" (bien néo-nazis) qui veulent que « les immigrés se cachent ».

L’Action française, née cinquante ans avant le nazisme, sera surprise d’être ainsi qualifiée. Quant au GUD, il existe depuis les années 1960 et ne prospère pas plus aujourd’hui qu’hier. Mais le complot et la peur se vendent bien, à gauche. Mélenchon n’est pas le dernier, à l’occasion.


Le complotisme de la NUPES est d’ailleurs constaté par la présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga, par exemple, qu'on ne peut soupçonner de connivence avec l'extrême droite.

À l’occasion, le complotisme de gauche sort de son obsession d’une extrême droite fantasmée pour s’abattre sur un de nos derniers fleurons industriels. Le patron de LVMH, accusé de tous les maux, en prend régulièrement pour son grade. Tant pis s'il donne du boulot à quelques Français. On lui reproche essentiellement d’être riche. Pire : Vincent Bolloré, véritable Satan en costume cravate pour nos amis d’extrême gauche, passe ses saintes journées à comploter dans l’ombre contre le bon peuple. Il faut lire, sur le site Les Jours, la liste complète de ses méfaits, en prenant le temps car elle est longue, très très longue.

Mais on a trouvé récemment plus méchant encore que l’extrême droite, Bernard Arnault et Bolloré réunis. On touche là à quelque chose de monstrueux. Ce monstre, c’est le groupe Total dont les oreilles ont dû siffler. Car, selon Camille Étienne, il a tout prévu, le groupe Total, tout organisé. Camille Étienne, c'est la nouvelle égérie des Verts, devenue en quelques jours la coqueluche des plateaux de gauche. Impuissants, nous ? « L’impuissance, c’est une construction, explique-t-elle. On a l’image qu’on serait passagers d’un naufrage, on serait condamné à le subir. Mais c’est le résultat d’une volonté humaine. » Elle est lancée, notre jeune écologiste qui rêve de « soulèvement ».

« C’est Total qui a orchestré, par exemple, le climato-scepticisme depuis les années 1970, explique-t-elle au micro de « Quotidien ». Notre apathie arrange l’ordre établi. » Car oui, Total a manipulé le monde entier. « En finançant des études, ils étaient au courant depuis les années 70, ils avaient les meilleurs climatologues […]. Ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils ont payé des fausses études pour organiser l’apathie. » Un coup monté, un complot diabolique qui a réussi, signé Total.

Heureusement que les rouges-verts sont là pour nous ouvrir les yeux ! On attend, maintenant, que les officines qui luttent contre le complotisme soignent leur strabisme, tout de même handicapant, en observant le complotisme de gauche. Pour la santé de la démocratie et, pourquoi pas, par honnêteté, tout simplement. Sans quoi de mauvais esprits pourraient penser qu'ils ne sont que des outils malhonnêtes aux mains d'un clan...

Par Marc Baudriller le 22 mai 2023

Boulevard Voltaire

samedi 29 avril 2023

Mélenchon appelle policiers et gendarmes à s’opposer à Macron : républicain ?



Vendredi soir, Jean-Luc Mélenchon a posté sur YouTube une vidéo appelant à un « raz-de-marée » pour le 1er Mai. Dans sa célèbre veste « travailleur », il a, sans surprise, centré la première partie de son intervention sur la suppression des régimes spéciaux, qui n'aura pas lieu, comme nous l'expliquait Éric Letty. Du classique destiné à mobiliser sa base traditionnelle.

Mais - plus surprenant - Mélenchon s'est ensuite adressé aux policiers et aux gendarmes, les invitant à rejoindre les manifestations du 1er Mai et à se mettre en grève contre une réforme des retraites les concernant aussi : « Votre intérêt, c'est d'entrer dans la lutte, d'être présent le 1er mai, de faire grève et de refuser d'accomplir les brutalité absurdes et cruelles que parfois on vous demande de faire, contre la déontologie de votre métier. »

Qu'aurait-on dit, qu'aurait-il dit si, je ne sais pas, Jordan Bardella ou Éric Zemmour en avait fait de même ? Mais pour la gauche, tout est permis.

Ce contre-pied de Mélenchon par rapport à sa rhétorique et sa clientèle traditionnelles est habile. Le contentieux entre les Insoumis et les forces de l'ordre est ancien et profond. Il n'est qu'à écouter le refrain bien connu de ses troupes : « Tout le monde déteste la police. » Ou rappeler les délires verbaux de ses lieutenants Léaument, Bernalicis ou Portes contre la police. On comprend donc que le leader émérite de LFI ait éprouvé le besoin de tenter quelque chose. Pas sûr, cependant, que les sermons du vendredi soir du père Méluche suffisent à rabibocher ces deux mondes.

Mais cet appel aux forces de l'ordre révèle aussi, comme parfois chez Mélenchon, une intuition politique plus intéressante. Avec un pouvoir considérablement affaibli qui n'a trouvé aucune solution politique à l'impasse dans laquelle il s'est placé avec cette réforme des retraites qui va plomber durablement le quinquennat, et une contestation qui se prolonge en casserolades à chaque sortie de ministre, les forces de l'ordre deviennent, comme lors des gilets jaunes, un point de fixation. D'un côté, elles restent le seul soutien légal du pouvoir ; de l'autre, elles attirent la hargne des manifestants insoumis ou Black Blocs. Dans cette situation, tout élément qui viendrait semer le doute dans ce maillon essentiel à la survie d'un pouvoir impopulaire peut devenir déterminant. Et c'est bien ce que Mélenchon a relevé et voulu exploiter, en vieux madré de la politique : « Si vous croyez que le pouvoir qui vous caresse la tête vous protégera, vous vous trompez. Voyez déjà comment ils ont méprisé les gendarmes, en disant que c'est parce qu'ils n'avaient rien compris qu'ils avaient confisqué les casseroles à des manifestants. » Mélenchon a bien vu tout le parti qu'il pourrait tirer de celle maladresse évidente du pouvoir et visé juste en mettant en exergue son mépris. Pour les policiers, il a même regardé plus loin : « Vous êtes appelés à ne pas avoir de vacances en région parisienne pour assurer la protection des lieux des Jeux olympiques. Vous n'aurez ni juillet, ni août. Vous laisserez faire ? Non, bien sûr, je suis sûr que non. » Une fois de plus, c'est bien vu.

Il y a peu de chances que policiers et gendarmes aient été hypnotisés par la vidéo de Mélenchon et se mettent à marcher derrière lui, lundi, sur l'Élysée. En revanche, tout cela nous dit quelque chose sur l'air du temps.

Par Frédéric Sirgant le 29 avril 2023

Boulevard Voltaire

lundi 3 avril 2023

Au RN, qui irait à Matignon ? Marine Le Pen tient à se préserver



Il est bien loin et bien éculé, le slogan « Mélenchon à Matignon ». La NUPES se déchire autour de la législative partielle de l’Ariège qui a vu la sortante Insoumise sortie par une dissidente PS, elle-même soutenue par les rebelles du Parti socialiste comme Carole Delga ou Nicolas Mayer. Pendant ce temps, le Rassemblement National fait face au problème inverse. Marine Le Pen l’a répété ce week-end. Elle ne suivra pas les pas d’Édouard Balladur, Édith Cresson ou encore Lionel Jospin. La patronne du groupe RN a été à nouveau catégorique dans une interview donnée au quotidien Ouest-France : en cas de victoire aux élections législatives, elle n’ira pas à Matignon.

« Les conditions présidentielles ministérielles ne sont pas de même nature. Marine Le Pen a une vision stratégique et politique, ce n’est pas une exécutante », explique, au téléphone, son conseiller spécial Philippe Olivier. Ne pas se carboniser à Matignon pour ne pas perdre de vue l’Élysée. L’accession à Matignon du Rassemblement National ne peut arriver qu’avec une éventuelle dissolution (toujours pas à l’ordre du jour) et une victoire écrasante du parti aux élections législatives anticipées. « Si nous gagnons sans majorité absolue, ce sera ingouvernable », nous confie un député RN qui cite en exemple le cauchemar vécu par le groupe Renaissance, trop souvent à la merci d’alliés de circonstance capricieux. « Ils n’auront même pas cette marge de manœuvre, qui voudrait s’allier avec le diable », soufflait, aux Quatre-Colonnes, un élu de la majorité, il y a quelques jours.

La route de l’Élysée ne passe pas par Matignon ?

François Fillon, Dominique de Villepin, Lionel Jospin, Édouard Balladur… L’histoire de la Ve République a démontré que Matignon était plus souvent le tombeau d’une carrière qu’une ultime étape avant l’Élysée. « L’erreur serait de voir l’accession à la fonction présidentielle comme une carrière dont l’étape serait Matignon », analyse Philippe Olivier. « Matignon n’est pas une sous-chefferie avant d’être chef », insiste-t-il. Olivier sait que les procès en amateurisme du RN, s’ils ont pris du plomb dans l’aile, ne sont pas si éloignés. Mais cela n’empêche pas le Rassemblement national de considérer cette hypothèse avec sérieux. Ainsi, le président du RN Jordan Bardella avait tenu, pendant sa conférence de presse de rentrée, à signaler l’existence d’un « Plan Matignon » visant à donner au RN la majorité en cas de dissolution. Mais est-ce un scénario enviable pour le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella ?

Le piège de la responsabilité sans le pouvoir

« Si nous gagnons les élections législatives, nous mettrons en place un gouvernement d’union nationale », assure l’entourage de Marine Le Pen. « Tout dépend des conditions, murmure un député RN. Si on gagne avec une majorité relative, il faudra mettre à Matignon quelqu’un qui accepterait de se cramer... » En d’autres termes, il reviendrait au Premier ministre RN d’essayer de gouverner en alternance avec Emmanuel Macron face à un parti présidentiel hostile et une NUPES qui verrait l’accession au pouvoir du RN comme un produit dopant inespéré, une occasion de rejouer les heures sombres et le bruit des bottes. En d’autres termes, subir les inconvénients sans les avantages. Marine Le Pen avait prévenu : le Rassemblement national « ne jouera pas les pompiers » d’un exécutif et d’une NUPES branchés sur le mode pyromane.

Alors, qui ?

Jordan Bardella, Sébastien Chenu, Louis Aliot, Thierry Mariani, Laure Lavalette, Laurent Jacobelli… Les députés RN contactés ne manquent pas de noms à évoquer. Tout dépend du cas de figure et des conditions mais, au sein du Rassemblement National, on est persuadé d’avoir la ressource humaine nécessaire pour ne pas envoyer Marine Le Pen en première ligne. « Si on a une majorité absolue, le candidat sera assez facile à trouver », juge un élu du groupe. Entre l’Élysée et Matignon, il y a donc la même distance qu’entre le Capitole et la roche Tarpéienne. Au fond, Matignon, c’est un peu le récif : il annonce l’arrivée au port mais est aussi synonyme de naufrage. Et cela, les gars de la Marine le savent.

Par Marc Eynaud le 3 avril 2023

Boulevard Voltaire

lundi 21 novembre 2022

Après avoir rendu son logement social, Danielle Simonnet a trouvé un nouveau combat : les livreurs clandestins



La photo est belle, et elle l'arbore sur son compte Twitter : une tache blonde, un bout d'écharpe tricolore au milieu d'une marée humaine de livreurs de pizzas tous noirs ou presque. Ou encore celle-ci : toujours la chevelure, l'écharpe et la députée  haranguant ce même peuple de la diversité. Danielle Simonnet en réincarnation de Martin Luther King et Jean Jaurès en même temps. C'était donc samedi, à Paris, place de la Bastille - comme il se doit -, que la députée LFI de Paris était venue soutenir la manifestation de centaines (400, dit France Bleu) de livreurs Uber Eats.

C'est la quatrième manifestation en quelques semaines et, en pleine séquence , elle est bienvenue pour les esprits lents qui ne jurent que par Cédric Herrou et peinent à comprendre à quelle chaîne appartient ce maillon. En effet, de l' à Uber Eats, il n'y a qu'un pas, qu'ont d'ailleurs allègrement franchi les dizaines d'échappés du centre de Giens, il y a quelques jours. Danielle Simonnet a donc bien raison de mettre toute sa petite notoriété, acquise grâce à ses vingt ans de logement social de la mairie de Paris, sur ce scandale des livreurs de pizzas clandestins.

Ils seraient donc 2.000 à avoir vu leur compte Uber suspendu, ces dernières semaines : tout d'un coup, cette grande entreprise philanthrope a constaté qu'il manquait quelques pièces justificatives dans ces dossiers. Ce qui ne posait aucun problème au temps béni du Covid. L'un de ces livreurs, qui manifestait à Rennes, il y a quelques semaines, explique très bien la chose : « Au départ, lorsque les livreurs s’inscrivaient sur des plates-formes Uber Eats ou Deliveroo, ils n’avaient pas besoin de justifier de leur titre de séjour ou d’une pièce d’identité. Alors, ils se sont inscrits, et aujourd’hui, ils se retrouvent déconnectés parce qu’ils n’ont pas de titres de séjour. ».

Voilà, il suffirait juste de remettre un peu d'ordre, comme quand on vous redemande pour la quinzième fois vos pièces d'identité, livret de famille, attestations de ceci ou de cela pour être recruté ou simplement postuler à un emploi. Le droit commun, quoi.

Danielle Simonnet aurait pu demander des comptes à l'entreprise et au ministre du Travail pour mettre un terme à ces situations administratives d'embauches abusives qui n'auraient pas lieu d'être dans un État de droit, comme on dit. C'est ce que préconise, plus logique et jaurésien que Danielle Simonnet, Jean-Yves Le Gallou :

Danielle Simonnet, elle, préfère la pente facile des régularisations. Aucune originalité ni aucun courage : c'est justement ce que s'apprête à faire le gouvernement au détour de sa loi Immigration. Vous savez : l'histoire des « métiers en tension » de Darmanin ? Avec la magistrale caution de Véran parlant de son ami restaurateur à Grenoble peinant à recruter (le bel alibi économique dans lequel communient LFI et macronisme), une énième régularisation devrait permettre à Danielle Simonnet de se trouver un autre cheval de bataille. Ou le même dans deux, trois ans, quand on nous rejouera la même comédie avec les passagers des Aquarius.

L'un de ces livreurs confiait à France Bleu son optimisme sur l'issue de leur mouvement. Vous savez quoi ? Moi aussi, je commence enfin à devenir optimiste, grâce à cette potion Giens-Simonnet. Et avec, bien sûr, une pincée de Meloni, de Fournas et de Zemmour.

Par Frédéric Sirgant le 20 novembre 2022

Boulevard Voltaire

samedi 15 octobre 2022

Cumul des mandats : les Insoumis pris à leur propre piège ?



S’il est parfaitement louable de vouloir changer le monde, surtout quand on fait de la politique, il est autrement plus difficile d’en faire de même de ses mauvaises habitudes, tel que les élus de La  sont aujourd’hui en train de le démontrer.

Ainsi, les quatre mélenchonistes élus au conseil régional d’Île-de-France rechignent-ils à abandonner leurs postes respectifs pour cause de cumul de mandats. Notons que nous n’avons pas exactement à faire à des sans-grade ou des soldats de l’ombre, s’agissant de Clémentine Autain (l’une des égéries de LFI), Sophia Chikirou (qu’on a longtemps donnée pour être très proche du Líder Mínimo), de Raquel Garrido (compagne d’Alexis Corbière, l’un des bras droits du même Líder) et de Paul Vannier (l’un des espoirs du mouvement en question), tous quatre élus députés en juin dernier. Mais si nous sommes manifestement entre personnes de bonne compagnie, la base de semble pas l’entendre de cette oreille. Bref, place aux jeunes et aux moins capés !

Seulement voilà, ce « quarteron de généraux et de suffragettes en retraite », pour paraphraser le général de Gaulle à propos d’autres « insoumis » – ceux du putsch d'Alger –, tient bon sur ses barricades, à en croire Paul Vannier : « Si nous démissionnons tous les quatre, notre groupe passera de dix à six élus. Or, la barre pour constituer un groupe est de sept élus. » Est-ce à dire que la gauche n’existera plus en cette enceinte ? Non, EELV, PS et PCF seront toujours là, pouvant à eux trois continuer à former un groupe constitué ; mais lequel serait enfin débarrassé de la tutelle de LFI. Ce que confirme Le Figaro de ce 13 octobre : « Paul Vannier, en charge des négociations, souhaiterait la "création d’un seul groupe commun à toutes les forces de la NUPES". Mais ses partenaires communistes, ainsi que leurs collègues écologistes et socialistes, semblent prendre leur temps pour réfléchir. » En un mot comme en cent, les négociations ne sont pas près d’aboutir.

Ce, d’autant plus que nos quatre élus sur un possible départ se gardent bien de communiquer sur les raisons de leur entêtement, sachant qu’en cas de démission, ceux qui prendront leur place seront, une fois encore, communistes, écologistes, socialistes ; mais pas mélenchonistes. Plus primordial que la lutte des classes : celle des places, en d’autres termes.

Tortueux comme peuvent l’être les trotskistes, nos quatre trublions n’ont donc pas hésité à proposer que ce jeu de chaises musicales se fasse au profit de l’impétrant LFI le mieux placé. Inutile de préciser que cette demande demeure pour l’instant lettre morte…

Histoire d’enrober la pilule et de glisser la poussière sous le tapis,  et Raquel Garrido font savoir que leurs indemnités de conseillères régionales sont méticuleusement reversées, pour l’une au parti et vers des « œuvres » pour l’autre. « Des caisses de grève », tient à préciser madame Corbière. On se doutait bien que cet argent issu de la poche du contribuable n’était pas destiné à renflouer celles des orphelins de policiers tombés en mission. Pour anodine qu’elle puisse être, cette anecdote n’est pas moins révélatrice de la nature humaine, peut-être plus dure à changer que ce monde évoqué au début de ces lignes.

Par Nicolas Gauthier le 15 octobre 2022

Boulevard Voltaire

lundi 12 septembre 2022

Roussel et Ruffin vont finir par agacer…



Fabien Roussel et François Ruffin ont-ils encore des points communs avec la gauche de 2022 ? Plus beaucoup, si l'on en croit les différentes déclarations des deux hommes depuis la rentrée. Le patron des communistes français s’est opposé, sur le ton de l’humour, à la polémique initiée par sa collègue Sandrine Rousseau sur les barbecues. « Symbole de virilité », lance la députée écologiste ! Fabien Roussel, lui, ne va pas sur ce terrain sociétal, si cher aux écolos, mais reste sur celui du social, dans la tradition du PCF : « Pour moi, on mange de la viande en fonction de ce que l'on a dans le porte-monnaie et pas de ce que l'on a dans sa culotte ou dans son slip », lançait-il, le 30 août, au micro d'Europe 1.

De son côté, François Ruffin dresse un sévère constat sur sa  politique et son manque de volonté de reconquérir l’électorat populaire, parti au Rassemblement national. Dans son dernier livre, Je vous écris du front de la Sommele député de la Somme sonne l’alerte.

Une opposition qui s’intensifie

Déjà, en avril, le député de Picardie avait pointé du doigt cette stratégie d’abandon des habitants de la ruralité pour ceux des villes, auprès de Libération : « La  périphérique, celle des bourgs, n’apparaît pas comme une priorité. » De son côté, Fabien Roussel s’était attiré les foudres de cette nouvelle gauche durant la campagne présidentielle, en déclarant qu’un « bon vin, une bonne viande, un bon fromage, pour moi, c’est la gastronomie française ». Du bien franchouillard comme on peut le détester lorsqu'on pense planète !

Et ce vendredi 9 septembre, lors de la Fête de l’Huma, le secrétaire national du PCF a jeté un nouveau pavé dans la mare en déclarant que la « gauche doit défendre le travail et ne pas être la gauche des allocations et minimas sociaux ». Fabien Roussel souligne que « les Français nous parlent d’assistanat en nous disant qu’ils travaillent et que eux [les bénéficiaires de minimas sociaux], ne travaillent pas ». Selon lui, si la gauche ne prend pas conscience de cette réalité, jamais elle ne pourra reconquérir l’électorat populaire. Un constat partagé par son homologue insoumis qui souhaite que « la valeur travail revienne à gauche » et ajoute : « Quand j'entends des gens me dire qu'ils ne peuvent pas être pour la gauche parce qu'ils sont pour le travail, je considère qu'on a un souci majeur. »

Face aux critiques, Mélenchon réagit 

La  de ton de François Ruffin et de Fabien Roussel semble fortement agacer, du côté de la NUPES. À commencer par l’eurodéputée écolo Karima Delli, qui s’est fendue d’un tweet acerbe : « Fabien, occupe toi des rentiers, de ceux qui s’enrichissent en dormant, et stp arrête de taper sur ceux qui essaient de s’en sortir. »

Alexis Corbière, pilier de LFI, a également réagi.

Jean-Luc Mélenchon, présent à la Fête de l’Huma, ce samedi 10 septembre, sent sans doute que son leadership n'est plus incontesté à l'extrême gauche, entre une Clémentine Autain qui déplore « la forme gazeuse de LFI », un François Ruffin qui joue sa symphonie pastorale et un Fabien Roussel qui redonne des couleurs au PCF. C'est pourquoi il a tenu à répondre aux critiques en déclarant : « Je demande qu’on arrête les jérémiades. » Et de défendre sa stratégie : « Nous avons avancé, nous avons marqué des points, il faut avoir la patience de l’Histoire, il faut régler les problèmes au lieu de se battre la coulpe sur la poitrine des autres. »

Par Kevin Tanguy le 11 septembre 2022

Boulevard Voltaire