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dimanche 28 avril 2024

La Macronie en totale roue libre



Panique finale ou stratégie disruptive mûrement calculée ? Alors que les sondages sont toujours en berne pour la liste Renaissance et que la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot est lâchée par trois nouveaux conseillers, la Macronie a choisi ce samedi soir de lancer sur la table du débat des européennes deux sujets clivants, dans des domaines très différents : légalisation de la GPA et européanisation de notre dissuasion nucléaire. Rien que ça. Certes, les sujets sont dans l'air du temps (de la Macronie) depuis un bon moment, comme le relevait Arnaud Florac pour la dissuasion nucléaire. Certes, pour le moment, les éléments de langage choisis ne parlent que d'« ouvrir le débat », comme toujours.

C'est bien ce qu'a déclaré Emmanuel Macron dans un entretien avec de jeunes Européens, publié samedi 27 avril par les journaux du groupe (le premier groupe de presse quotidienne régionale) : « Je suis pour ouvrir ce débat qui doit donc inclure la défense antimissile, les tirs d’armes de longue portée, l’arme nucléaire pour ceux qui l’ont ou qui disposent sur leur sol de l’arme nucléaire américaine. Mettons tout sur la table et regardons ce qui nous protège véritablement de manière crédible. » Bien sûr, il a pris soin de préciser que la France garderait « sa spécificité mais est prête à contribuer davantage à la défense du sol européen ». Spécificité : l'avatar macronien de ce qui s'appelait naguère indépendance et souveraineté... Deux jours plus tôt, à la Sorbonne, le chef de l'État n'était pas allé aussi loin, « en même temps » oblige : trahir la France et renier de Gaulle à la Sorbonne, c'était too much, mais dans la PQR avec des jeunes, pourquoi pas ? Il a donc osé.

Samedi soir encore, on a eu droit à un grand morceau télévisuel où, sur BFM TV, Sarah El Hairy, ministre délégué chargé de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles s'en est violemment prise à Marion Maréchal pour son célèbre tweet demandant « Où est la maman ? ». Avec une télé complaisante (le bandeau mensonger, les relances de l'intervieweur qui lui tend les mots « appel à la haine »), elle aussi a osé. Osé accuser Marion Maréchal d'appel à la haine, de « mettre en danger les enfants » (de couples homosexuels) dans les cours d'école ! Elle s'est, en fait, ridiculisée. Mais au passage - et là, il faut la prendre au sérieux -, elle n'a pas oublié de déposer son petit caillou sur l'ouverture du débat sur la GPA, toujours avec les mêmes arguments : elle existe et l'inévitable « il faut sortir de l'hypocrisie ».

En fait, la Macronie use à outrance des armes éculées de la gauche : pour noyer son échec cuisant sur les plans économique, financier et sécuritaire, c'est la fuite en avant sociétale et européiste, histoire de diaboliser tous ceux qui oseraient émettre quelques doutes. Homophobes pour les uns et nazis poutinistes pour les autres. Ce sont aussi deux fenêtres d'Overton ouvertes. La ficelle est trop grosse et les trois droites qui sont apparues jeudi soir, à la soirée Les éveilleurs-BV, si solides sur les fondamentaux et finalement tellement proches, auraient tort de tomber dans le piège. Ce coup de volant à gauche s'explique certainement par le départ de l'électorat de droite des rangs macronistes et la concurrence de la liste Glucksmann. 

C'est donc une bonne nouvelle. Face à une Macronie qui s'enivre de mots et d'idéologie libertaire et européiste, la droite, plus que jamais, doit être la voix du réel - celui des échecs macronistes - et de l'espoir fondé sur ce qu'il convient de précieusement conserver face aux deux nouvelles braderies de ce samedi 27 avril.

Par Frédéric Sirgant le 27 avril 2024

Boulevard Voltaire

dimanche 24 mars 2024

Braun-Pivet veut introduire la proportionnelle pour 2027 : nouvelle manœuvre anti-RN ?



La dernière fois qu'une majorité, élue au scrutin majoritaire, avait voulu introduire de la proportionnelle aux législatives suivantes et y était parvenue, c'était en 1986. La manœuvre voulue par un François Mitterrand en mauvaise posture était destinée à affaiblir la vague RPR-UDF attendue en permettant au FN de Jean-Marie Le Pen, qui avait fait irruption aux européennes de 1984, d'avoir un groupe et de priver Chirac de majorité absolue. Le coup avait failli réussir sur toute la ligne : le FN rentra à l'Assemblée avec 35 députés, le PS sauva 200 sièges, mais la droite RPR-UDF, avec 45 % des voix, réussit à décrocher - de justesse à cause de cette proportionnelle - la majorité absolue. Quelque quarante ans plus tard, un autre pouvoir affaibli, conduit lui aussi par un nouveau plus jeune Premier ministre, ressort la même idée. Vendredi, c'est la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui a lancé ce nouveau coup politique dans une interview au Figaro.

Entre-t-il dans la stratégie d'un Emmanuel Macron acculé à sortir de son chapeau un nouveau coup de com' par jour pour faire diversion et semer la zizanie chez ses adversaires, comme le dénonçait Marc Baudriller ? Certainement, vu le précédent mitterrandien. Certes, Braun-Pivet pave sa démarche des meilleures intentions du monde : « Avec la proportionnelle, l'Assemblée ressemblerait davantage aux Français. Si l'Assemblée ne ressemble pas aux Français, comment peuvent-ils lui faire confiance ? » Certes, c'était l'une des promesses du Macron de 2017. Tout comme Mitterrand avait justifié son coup à partir de la 47e de ses 110 propositions. La ficelle paraît bien grosse, surtout une semaine après ce sondage indiquant une majorité pour le RN... Et Braun-Pivet met à la disposition de la majorité et des oppositions qu'elle veut piéger un kit tout ficelé. Pas de redécoupage électoral, non, seulement l'introduction de la proportionnelle pour les onze départements comprenant plus de onze députés : ceux d’Île-de-France sauf l’Essonne et le Val-d’Oise, ainsi que le Nord, le Pas-de-Calais, le Rhône, la Gironde, les Bouches-du-Rhône, ce qui ferait 152 députés élus à la proportionnelle sur 577 (soit 26 %), les autres restant élus au scrutin majoritaire à deux tours.

Sur le fond, la proposition pourrait paraître raisonnable et acceptable par tous. Mais c'est bien un nouveau piège tendu à la droite, à toutes les droites, et destiné à semer la division en leur sein. LR, l'avatar déchu de cette majorité RPR-UDF attachée au scrutin majoritaire hérité du gaullisme, pourrait en effet être tenté de se renier (une fois de plus...), vu son étiage actuel. Reconquête, qui se veut plus gaulliste que tous, pourrait aussi trouver un moyen d'entrer à l'Assemblée. Pour le RN devenu hégémonique, le risque est triple. D'abord, échouer à être vraiment majoritaire aux prochaines législatives si le projet aboutissait. Ensuite, être accusé d'inconstance s'il venait à s'opposer à ce qui fut l'une de ses revendications historiques. Enfin, s'il acceptait, offrir, après l'IVG dans la Constitution, une nouvelle victoire à un Emmanuel Macron qui en manque singulièrement, comme le dénonçait Gabrielle Cluzel. Verra-t-on le RN faire campagne pour un « oui », s'il prenait à Emmanuel Macron d'organiser un référendum sur la question, comme le souhaite François Bayrou ? Le piège est grossier. Le RN s'honorerait à s'opposer à cette nouvelle manœuvre. Et quelle plus belle normalisation républicaine que celle qui consisterait à défendre l'un des piliers de l'héritage constitutionnel du gaullisme ?

À l'heure où les chiffres désastreux des finances publiques, de l'immigration, de l'insécurité devraient mobiliser un gouvernement digne de ce nom, on voit en tout cas quels calculs habitent les cerveaux de la Macronie : sauver des sièges dans les départements urbains où ils sont les plus puissants.

Par Frédéric Sirgant le 23 mars 2024

Boulevard Voltaire

samedi 13 janvier 2024

Séjourné au quai d’Orsay : pourquoi cette nomination est consternante



Gabrielle Cluzel a justement épinglé l'un des péchés originels de ce remaniement : l'évacuation du critère de compétence. C'est particulièrement le cas pour le nouveau ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné. Et c'est tellement évident que l'intéressé lui-même l'a avoué maladroitement lors de la passation de pouvoirs : « Je ne suis pas diplomate de métier mais, ayant grandi à l’étranger, je sais ce que veut dire la France dans le monde et je sais tout le pouvoir de la diplomatie et de la négociation ». A ce compte-là, nous sommes nombreux à pouvoir occuper nombre de fonctions éminentes.

Et cette auto-justification fondée sur un segment de sa vie personnelle (à proscrire absolument pour le moindre entretien professionnel) est en fait un marqueur de cette génération Macron. Ainsi la vie privée version Gala est-elle consciencieusement étalée quand cela les arrange et suscite des condamnations effarouchées lorsque des adversaires politiques osent poser des questions. Ainsi de l'homosexualité de certains ministres. 

Dans le cas de Stéphane Séjourné, qui fut pacsé avec avec Gabriel Attal, la question sur une « promotion canapé » (pour parler comme Juan Branco au sujet de l'ascension de Gabriel Attal lui-même) pouvait se poser. Là encore, tellement évident que le propre entourage de Séjourné a dû clarifier : « M. Séjourné et M. Attal ne sont plus ensemble depuis deux ans. Leur Pacs a été rompu à ce moment-là », a-t-il répondu au Figaro. Et en fait, le recours à l'argument de minorité (LGBT) doit être posé puisque M. Séjourné ne dispose ni d'une expérience internationale et diplomatique, ni d'une carrière d'élu local ou de parlementaire national. 

Et d'ailleurs, cette légitimité LGBT est implicite, notamment quand Catherine Colonna, toujours lors de la passation de pouvoirs, s'inquiète de l'absence de femmes à des postes régaliens. Elle est remplacée par un membre d'une minorité LGBT, donc l'honneur woke est sauf. Et tant pis pour vous, Mesdames. Il faut savoir partager l'honneur d'être une minorité.

Il est d'ailleurs révélateur que, sur ce sujet, la presse française fasse preuve d'une grande pudeur alors que certains journaux allemands sont plus cash. Ainsi de Bild qui titre : « Mini-Macron fait de son ex le ministre des Affaires étrangères ». intéressant de voir comment tout cela est perçu outre-Rhin.

Mais si cette nomination est consternante, c'est que ce déficit de compétence et de légitimité, cette inexpérience ajoutent à l'abaissement de la France. Le quai d'Orsay, ce n'est quand même pas rien. Chateaubriand, Briand, Villepin, pour faire vite et oecuménique. Et même en tapant en seconde division, on a toujours trouvé à ce poste des figures de diplomates, le plus souvent énarques, qui ont tenté de maintenir le rayonnement de la France en Europe et dans le monde. 

Emmanuel de Villiers comparait sur X Stéphane Séjourné à Jean François-Poncet, ministre de Giscard. Ambassadeur, fils d'ambassadeur, parfait connaisseur de l'Allemagne, il fut le promoteur d'une ligne européiste. 

Précisément celle de Macron et Séjourné. Mais justement, la baisse de niveau est spectaculaire : un petit apparatchik de l'UNEF pour la défendre ? Le centre macroniste pro-européen est décidément bien à plaindre.

Par Frédéric Sirgant le 13 janvier 2024

Boulevard Voltaire

samedi 2 décembre 2023

Crépol : ce sondage accablant pour Macron, Borne, Darmanin et Dupond-Moretti



Olivier Véran a été envoyé à Crépol par le pouvoir, dix jours après l'attaque sanglante du bal du village qui a coûté la vie à Thomas. Dix jours de retard qui s'ajoutent à des années d'impéritie. Pour faire oublier sa double défaillance, aussi bien dans son incapacité à maîtriser une violence endémique issue de l'immigration que dans sa tentative de minimisation des faits. Dans ce petit village de la Drôme, meurtri au sens propre, le ministre, sous les huées, a été contraint d'énoncer le constat qu'il réprouve quand c'est Éric Zemmour ou Marine Le Pen qui le fait. Comme la vaine récupération d'une indignation nationale qui le submerge.

Les Français sont cohérents et quand Véran, comme naguère Collomb, dit le réel et parle comme Zemmour ou Marine Le Pen, ils le suivent. Ainsi, selon un sondage Elabe publié, jeudi, par Les Échos, 78 % des personnes interrogées approuvent les propos du porte-parole du gouvernement, Olivier Véran. « Ce n’est ni un fait divers, ni une simple rixe en marge d’un bal de village. C’est un drame qui nous fait courir le risque d’un basculement de notre société si nous ne sommes pas à la hauteur. »

Les Français sont cohérents, mais pas dupes, et, après Crépol, comme Gabrielle Cluzel, savent bien que « la prophétie s'est déjà réalisée, que la société a basculé et qu'ils ne sont pas à la hauteur ». Toujours selon ce sondage, ils sont aussi 78 % à juger que la situation en matière de sécurité s'est dégradée, ces dernières années, en France. Et si ce n'est pas un basculement… « La progression est spectaculaire puisqu'elle atteint 10 points en un an, avec notamment une progression de 22 points chez les cadres et de 17 points parmi ceux qui se disent électeurs d'Emmanuel Macron. » Même l'électorat macroniste est contraint de voir le réel qu'il subit. D'où la nouvelle rhétorique Véran.

Mais là encore, les Français ne se laissent pas tromper par le gouvernement de la parole et de cette « plus grande fermeté » dont ils ne voient jamais la couleur. Et les chiffres deviennent vraiment inquiétants pour le pouvoir : 91 % des Français estiment que « le recul de l'autorité est un problème majeur » et 87 % pensent que la Justice est « trop laxiste ». Deux pourcentages en nette hausse. « Emmanuel Macron, comme Élisabeth Borne, Gérald Darmanin ou Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, ont beau multiplier les déclarations martiales, les Français sont loin d'estimer que les résultats sont au rendez-vous », commente Les Échos.

En matière de sécurité, de justice comme d'immigration, le roi Macron est nu et le fruit est mûr : quand une telle proportion de Français, de 75 % à 90 %, attendent un changement complet de politique, on voit mal comment un pouvoir responsable de cette situation et qui rechigne toujours à traiter les problèmes en profondeur pourrait se perpétuer longtemps. Après la majorité relative, en toute logique, devrait venir l'heure de l'alternance.

Ce sondage réalisé après Crépol enregistre un tournant : non seulement les Français n'adhèrent plus au discours que leur imposent médias dominants et gouvernement, mais ils sont une majorité à avoir pris conscience du basculement démographique et civilisationnel du pays : 54 % d'entre nous pensent que « deux peuples vivent en France, dont l’un doit fuir sans cesse les agressions d’une fraction de plus en plus violente de l’autre, un djihad du quotidien que subissent les Français »

Dans toute l'étendue du malheur français, cette prise de conscience est une bonne nouvelle.

Par Frédéric Sirgant le 2 décembre 2023

Boulevard Voltaire

samedi 28 octobre 2023

L’AFP refuse de qualifier le Hamas de « terroriste »… comme Mélenchon et LFI

L'Agence France-Presse (AFP), mastodonte historique de l'information officielle en France, est-elle en passe de devenir l'AFI ? L'Agence de La France insoumise ? C'est la conclusion qui vient inévitablement à l'esprit à la lecture de l'article de Judith Waintraub dans Le Figaro de vendredi. Elle vient en effet de lever un lièvre qui devrait faire encore couler beaucoup d'encre dans le monde médiatico-politique.

Judith Waintraub relève d'abord que l'AFP, qui participait lundi dernier avec des centaines d'autres journalistes à la conférence de presse de Tsahal qui a projeté les images des massacres et les réactions de leurs auteurs, n'a pas jugé bon, dans un premier temps, de publier de dépêche à ce sujet, estimant que cela n'apportait pas d'éléments nouveaux. Elle ajoute que l'AFP a consenti à les mentionner seulement jeudi. Certainement sous la pression d'autres médias ou de journalistes internes, étonnés de ce silence.

Plus grave encore pour la crédibilité de l'AFP : la journaliste du Figaro révèle une note interne intitulée « Consignes éditoriales sur la couverture de la guerre entre Israël et le Hamas ». Des consignes qui prescrivent de parler du Hamas comme d'un « mouvement islamiste palestinien » et qui enjoignent de parler de « combattants du Hamas » mais pas d'« islamistes du Hamas ». De même, le qualificatif « terroriste » est « proscrit ». Cette euphémisation du Hamas est, selon l'AFP, imposée par l'éthique journalistique qui impose de « rapporter les faits sans jugement sur des groupes ou des individus ». Une prétendue rigueur au service du travestissement de la vérité. Et l'on comprend, dès lors, que les images et les faits authentifiant les horreurs des terroristes du Hamas aient gêné aux entournures une AFP souhaitant conserver une certaine respectabilité au Hamas. Cette gêne avec la vérité transparaît encore dans la justification donnée au Figaro par Phil Chetwynd, directeur de l'information de l'AFP. Pour lui, le qualificatif de terroriste est un « mot qui a perdu son sens » car « tous les gouvernements autoritaires du monde utilisent le mot pour parler de leurs opposants, par exemple. [...] La description détaillée des attaques atroces en Israël est claire pour le lecteur. » On connaît la célèbre phrase de Camus : « Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde. » Refuser de le nommer par ce qu'il est véritablement, quand toutes les preuves sont là, c'est encore pire. Et quand l'omission est délibérée et provient d'un organe de presse censé être un pilier de l'État de droit, la trahison devient inexcusable.

Devant cette dérive inquiétante de l'AFP me sont revenus les mots du criminologue Alain Bauer, au lendemain de l'attaque du 7 octobre, quand il était interrogé par Apolline de Malherbe sur le refus de Mathilde Panot de qualifier le Hamas d'organisation terroriste, comme l'AFP. Il lui proposait de lui envoyer quelques photos et d'aller visiter un kibboutz investi par le Hamas. Il regrettait que Mathilde Panot vive dans un tel refus du réel, une dystopie, un monde parallèle. Mais que dire, alors, quand c'est l'AFP elle-même qui nous invite à vivre dans un tel monde ? « Orwellien » est certainement un mot qui est trop employé, comme « terroriste », mais comme lui, il correspond bien pourtant à la réalité que nous voyons.

Tout cela est inquiétant : il y a quinze jours, l'attaque du Hamas révélait l'Hamaso-gauchisme de LFI ; il y a une semaine, on pouvait légitimement se demander si la politique de la France et les réactions d'Emmanuel Macron n'étaient pas dépendantes des banlieues ; aujourd'hui, c'est la principale agence de presse française qui manifeste ouvertement, sous des prétextes de prétendue éthique journalistique, une forme de complaisance pour le Hamas. Cette « LFIsation » des esprits n'est-elle pas due à des réflexes idéologiques de gauche et d'extrême gauche ancrés depuis des décennies dans les écoles de journalisme et la presse en France ? On pose la question.

Par Frédéric Sirgant le 28 octobre 2023

Boulevard Voltaire

dimanche 17 septembre 2023

« Business dégueulasse » : la grossièreté de C. Beaune contre Marion Maréchal



Après l'accusation méprisante de « faire la pin-up » à Lampedusa dénoncée par Gabrielle Cluzel, le déchaînement des attaques contre Marion Maréchal ne faiblit pas. Ce samedi, c'est Clément Beaune - oui, Clément Beaune, pourtant si lisse, si bien élevé, si parisien, si macroniste - qui éructe et franchit un pas de plus dans l'insulte et la grossièreté. Il a, en effet, accusé, sur France Info, « Madame Maréchal qui va faire son business dégueulasse, électoral, électoraliste ». Écoutez bien les paroles du ministre, car ce n'est pas tout à fait la transcription qu'il en donne : la grossièreté visait bien Marion Maréchal, et pas l'extrême droite en général…

Après l'universitaire belge, le ministre de centre gauche français. Plus on monte dans la Macronie, plus on gagne en grossièreté…

Là encore, il faudrait procéder au renversement pédagogique habituel : imaginons que la même Marion Maréchal ait accusé le même Clément Beaune de faire un « business dégueulasse » en promouvant la GPA, puisqu'il a déclaré y être favorable. Car après tout, louer un utérus de femme, c'est un business, non ? Que n'aurait-on entendu ! Imaginons qu'elle parle du trafic des passeurs comme un autre « business dégueulasse ». Au fond, elle serait dans le vrai. Mais Marion Maréchal a sans doute une autre conception du débat et du respect de l'adversaire politique, et la grossièreté, voire la vulgarité, et l'outrance sont désormais la marque du camp macroniste.

Alors, cherchons un peu ce qui pousse un si bon élève de la Macronie à faire un aussi mauvais buzz.

D'abord, sa personnalité. Celle d'un ambitieux de la Macronie de gauche devant qui toutes les portes se sont ouvertes, comme un Gabriel Attal. Un ambitieux qui aspire à plus haut, qui veut s'imposer dans les médias. Son portrait paru dans Libération, ces jours-ci, ne dit pas autre chose : « Un collègue ministre en profite pour flinguer son "côté 3615 j’existe en prenant des sujets clivants" : "Qu’il gère d’abord les trains pour qu’ils arrivent à l’heure !" » Rien à ajouter.

Ensuite, celle d'un macroniste décidé à poursuivre le macronisme, comme il le proclame à Bruno Jeudy, dans La Tribune. Pour lui, le macronisme ne sera pas une parenthèse. Or, on voit bien que même si ce centrisme sans boussole se survit à lui-même, il ne penchera plus vers la gauche Beaune mais vers une droite Darmanin ou Philippe. On peut donc comprendre que Lampedusa et l'offensive du RN et de Reconquête sur ce talon d'Achille du macronisme fasse mal à ces petits marquis qui sentent que l'avenir tout tracé qu'ils se promettent à eux-mêmes pourrait être percuté par la réalité d'une immigration qui les dépasse et d'une France qui les renverra tôt ou tard dans l'opposition.

Décidément, Lampedusa les énerve. Et les révèle : derrière son langage techno si policé, ses sempiternels appels inclusifs au respect des femmes, du débat démocratique, de la complexité des choses, la majorité macroniste montre un autre visage : celui de l'insulte, de la grossièreté et de l'intolérance pour toute opposition. Paradoxalement, c'est un très bon signe : celui de leur faillite totale, autant dans leur idéologie immigrationniste d'ouverture des frontières que dans la gestion pratique des conséquences.

Marion Maréchal n'est rien allée faire d'autre à Lampedusa que de la politique : elle était au bon endroit, au bon moment, défendant une ligne claire, mettant le doigt où ça fait mal dans la belle fable de l'immigration heureuse. Cela s'appelle le kairos : Emmanuel macron aurait dû l'apprendre à son jeune poulain. Et d'ailleurs, ce dimanche, c'est au tour d'Ursula von der Leyen de se rendre à Lampedusa. D'aller y constater la faillite de sa politique. Ou d'y faire son petit business dégueulasse, pour parler comme Clément Beaune.

Par Frédéric Sirgant le 17 septembre 2023

dimanche 3 septembre 2023

Sondage sur l’immigration : union des droites, fracturation des gauches



Ce n'est pas le premier et sans doute pas le dernier : un nouveau sondage réalisé par Harris Interactive pour Challenges vient redire l'exaspération profonde des Français devant l'immigration massive. Depuis 2017, ces sondages se succèdent, pour le moment sans conséquence politique autre que l'accession de Marine Le Pen au second tour, l'apparition du parti d'Éric Zemmour et, du côté de Macron, de vagues intentions : « réduire significativement l’immigration ». Pourtant, comme le remarquait en avril dernier Arnaud Florac en commentant une enquête CSA pour CNews, ce sujet jadis tabou fait aujourd'hui consensus. Et il n'y a plus qu'Élisabeth Borne, comme le soulignait François-Xavier Bellamy, pour le trouver « clivant ».

Cette nouvelle enquête ne porte pas exclusivement sur l'immigration mais sur « les rapports des Français aux valeurs républicaines ». C'est parfois un détour sémantique pour tourner autour du pot et ne pas immédiatement stigmatiser. Mais ici, le détour est instructif : le sondeur relève un écart entre l'attachement des Français aux grands principes, notamment la liberté (bien au-dessus de l'égalité et de la fraternité), le respect et la justice et leur désarroi devant leur disparition effective. Paradoxes, comme le titre le sondage ? Non : lucidité. Nous sommes matraqués d'incantations tous les jours démenties par les faits. Les Français sont bien conscients du processus de décivilisation en cours.

Bien conscients, aussi, que l'immigration est au cœur du problème. Sur ce sujet, il faut aller à la page 45 du rapport pour trouver les chiffres du consensus : 71 % des Français sont inquiets de l'immigration. Une inquiétude déclinée à l'envi : 72 % considèrent que les immigrés sont trop aidés par l’État, 72 % qu’ils posent des problèmes de sécurité, 61 % qu’ils représentent une menace culturelle et 56 % une menace sociale.

Pas davantage de surprise dans l'analyse politique des chiffres selon la proximité partisane des sondés : ils atteignent une quasi-unanimité, à plus de 80 ou 90 %, chez les sympathisants LR, RN ou Reconquête. L'immigration est un puissant ferment d'unification de l'électorat de droite. Mais l'enquête recèle d'autres motifs d'espoir : l'inquiétude sur l'immigration touche aussi ceux qui se déclarent sans préférence partisane et les électeurs macronistes ! Ils sont 72 % à estimer que les immigrés sont trop aidés par l'État et posent des problèmes de sécurité. Et même 60 % à estimer qu'ils représentent une menace culturelle. Nouvelle preuve de la droitisation de l'électorat macroniste, à méditer pour les prochaines élections.

Enfin, la plus grande surprise est sans doute la division profonde de l'électorat de gauche sur l'immigration. Cette division touche les trois partis LFI, PS et EELV dans les mêmes proportions. Même dans cette matrice historique de l'immigrationnisme, le réel a fait des ravages et ouvert des yeux : plus de 50 % des électeurs de gauche estiment que les immigrés sont trop aidés par l'État et posent des problèmes de sécurité ! Et entre 40 et 50 % y voient même une menace culturelle !

Le fruit de l'immigration est mûr, et même pourri, pour beaucoup de Français. Les conséquences politiques en sont déjà visibles : fracturation de la gauche, comme on le voit en cette rentrée, sur les sujets Médine et abaya ; droitisation de la communication de la Macronie (Attal sur l'abaya). Toute la question est de savoir si cette même Macronie réussira un nouveau hold-up électoral, avec un Darmanin ou un Édouard Philippe, sur cette majorité populaire de droite hostile à l'immigration, ou si, comme la gauche, elle s'effondrera, minée par ses contradictions, son bilan calamiteux et son double jeu sur ce sujet.

La responsabilité des dirigeants de la droite est historique : devant un tel consensus de son électorat et des attentes populaires sur l'immigration qui gagnent massivement l'ensemble du corps électoral, elle est condamnée à ne pas décevoir.

Par Frédéric Sirgant le 2 septembre 2023

Boulevard Voltaire