Emmanuel Macron sort du silence. Le chef de l’État s'exprime pour la première fois mercredi à 20H depuis le second tour des législatives qui a privé son camp de la majorité absolue et précipité le pays dans une crise politique.
"Le président de la République s'exprimera ce soir à 20H", a annoncé l’Élysée, au terme d'une journée où il a bouclé son tour de table des forces politiques pour tenter de trouver une porte de sortie. Le chef de l’État sera ensuite happé par une série d'engagements internationaux, dont le Conseil européen à partir de jeudi à Bruxelles, puis les sommets du G7 et de l'Otan.
Emmanuel Macron a reçu dans la matinée le secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts Julien Bayou, le député LFI Adrien Quatennens et son ancien Premier ministre Édouard Philippe, patron du parti Horizons. Mardi il avait reçu Christian Jacob (LR), Olivier Faure (PS), François Bayrou (MoDem) et Marine Le Pen (RN).
Convié mardi, le communiste Fabien Roussel a affirmé que M. Macron envisageait, parmi d'autres scénarios, la constitution d'un "gouvernement d'union nationale". Une piste que le chef de l’État a aussi évoquée devant Marine Le Pen qui a estimé mercredi que "la situation ne justifie pas" un gouvernement d'union nationale.
Mais pas devant Olivier Faure et Christian Jacob, ont-ils assuré. "Nous ne sommes candidats à aucun arrangement, à aucune combine", a insisté pour sa part Adrien Quatennens à la sortie de son entretien.
Chez Les Républicains, "nous ne serons jamais dans le blocage des institutions", répète le président du parti Christian Jacob, mais, forts de leur soixantaine de députés, ceux-ci ne veulent pas entrer "dans une logique de pacte de coalition".
Un gouvernement "avec le Rassemblement National, avec les gens de l'extrême gauche qui disent que la police tue ? Sûrement pas !", insiste le LR Michel Barnier.
"Arc républicain"
Selon le ministre des Relations avec le Parlement Olivier Véran, les pistes sont multiples: "un élargissement" de la majorité, "la poursuite du dépassement centre gauche/centre droit" ou "un système de majorité projet par projet, tantôt avec la gauche, tantôt avec la droite".
Il a aussi exclu que le RN et LFI puissent intégrer une quelconque majorité, car ils ne sont pas "dans l'arc républicain". M. Quatennens a rapporté que le chef de l’État lui avait au contraire assuré qu'il "considérait que la France insoumise était bien dans le champ républicain".
Tous les regards sont aussi braqués sur les 89 députés RN, qui n'étaient que huit en 2017, et ont assuré de leur "sérieux" à leur arrivée à l'Assemblée mercredi matin, jouant le contraste avec le "cirque" imputé à la Nupes ou le "melon" reproché à la majorité.
Le vote le 30 juin pour désigner le président de la commission des Finances, aux pouvoirs étendus, suscite une bataille entre ces élus RN et ceux de LFI, membres de la Nupes.
Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a estimé que le poste "devrait revenir" aux députés RN, car "le RN est le premier groupe d'opposition", suscitant l'indignation du patron du PS Olivier Faure.
Par Jérémy Marot, Gaëlle Geoffroy (AFP) le 22 juin 2022
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