lundi 20 juin 2022

Macron et la droite, la diagonale du flou



Le fluide de la victoire épousait jusqu’ici tous les contours du macronisme. Il s’est retiré et tout s’est éteint. Le président fraîchement réélu connaît le crépuscule de l’aube, l’hiver du pouvoir aux premiers jours d’été. La magie dissipée, subsiste la mécanique ingrate des combinaisons, la fébrilité des petits calculs: Jupiter condamné aux comptes d’apothicaires avec Thierry Solère. N’importe quel écolier, même privé de cours de mathématiques, aura compris qu’il faut additionner les voix de LR à celle d’Ensemble! pour obtenir une majorité absolue. L’arithmétique est enfantine, la politique, un peu moins.

Écartons pour commencer l’illusion de l’accord de coalition. Il aura pour seul effet de fracturer dans le même mouvement le groupe de députés de la majorité et celui des Républicains. Jeu à somme nulle.

Le débauchage individuel? C’est oublier que les députés qui ont échappé, par deux fois, à l’engloutissement macroniste sont particulièrement endurcis. Disons qu’ils sont plus désireux d’en découdre avec leurs adversaires que de les rejoindre.

Reste la règle du cas par cas. C’est celle-là même que les députés de droite, depuis 2017, ont pratiquée, des ordonnances travail à la loi sécurité globale . Cette stratégie n’est pas sans risque. Elle peut, à force de prudence et de pusillanimité, transformer un parti d’alternance en force d’appoint. D’autant que les textes présentés à l’Assemblée ne recouvrent pas tout. L’immigration, l’école, la sécurité ne dépendent pas que du Parlement. Avant même que se présente le premier projet de loi, la droite peut-elle soutenir un gouvernement qui a renoncé à réguler les flux migratoires, qui a menti sans scrupule après l’humiliant chaos du Stade de France et dont le ministre de l’Éducation nationale est un penseur décolonial? Cela fait cinq ans qu’au gré de ses intérêts électoraux l’Élysée promet de basculer «à droite». 

Aujourd’hui, Élisabeth Borne est à la tête d’un gouvernement à forte influence delano-hollandienne. Elle invoque le danger des «extrêmes» pour défendre le «dépassement» sans voir que cette confusion alimente ce qu’elle prétend combattre. 

Face à la diagonale du flou, la droite doit afficher trois exigences: la clarté, la clarté, la clarté.

Par Vincent Trémolet de Villers le 20 juin 2022

Le Figaro



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