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dimanche 10 novembre 2024

Les porcs d’Amsterdam



L’ONU est très perturbée. C’est un porte-parole du HCR qui a fait cet aveu, avant de noyer le poisson dans des considérations antiracistes évitant soigneusement les mots « antisémitisme » ou « juif ».[1] 

Les événements d’Amsterdam ont en effet de quoi perturber la vision du monde qui a cours au bord de l’Hudson, selon laquelle les juifs (et leur avant-garde israélienne) sont les nouveaux nazis. Jeudi soir, dans la ville d’Anne Frank, ce sont des juifs qu’on a pourchassés, tabassés, humiliés dans un déferlement de violence haineuse et rageuse. Alors, si on cherche vraiment des nazis, on sait où les trouver.

Hamasterdam

Je vous vois venir, en particulier tous ceux qui croisent Hitler tous les quatre matins et qui ont soudainement des pudeurs de gazelle. Le président israélien ayant parlé de pogrome antisémite (ce n’est pas un pléonasme ?), vous prenez vos distances, faites les scrupuleux. Ce n’est pas un pogrom et encore moins la nuit de Cristal, souligne Laurent Joffrin dans un éditorial empreint par ailleurs, d’une grande lucidité[2].

D’accord, Amsterdam 2024 n’est pas Berlin 1938. Pour Joffrin, les agressions de l’autre soir « ne sauraient être comparées, même de loin (…) à la vaste opération de terreur lancée par les nazis en 1938 contre les Juifs d’Allemagne, prélude à leur déportation et à leur extermination ». À Amsterdam on n’a pas brûlé de synagogue ou de magasins, ni même tué des juifs – même si c’était peut-être au programme. 

La police n’a pas prêté main-forte aux fanatiques, même si elle a été incapable de les arrêter. Le maire de Berlin, dans les années 30, ne proclamait pas sa honte des violences anti-juives survenues dans sa ville. Ajoutons que, dans les années 30, les juifs ne se déplaçaient pas en horde, qu’ils ne braillaient pas des chansons racistes en hébreu, qu’ils n’arrachaient pas de drapeau, comme l’ont fait le jour du match les supporters du Maccabi Tel-Aviv, un bel exemple de la normalisation israélienne puisqu’ils ressemblent à tous les supporters abrutis du monde. 

Dans les années 30, il n’y avait pas d’Israël pour les rapatrier. Et aujourd’hui, il n’y a pas d’Hitler au pouvoir, même si les candidats à sa succession ne manquent pas.

Tout le monde sait désormais ce que signifie « Free Palestine »

Donc, évidemment, ce n’est pas pareil. 

N’empêche, ça ressemble trop au nazisme pré-génocidaire, pour qu’on se contente de regarder ailleurs. Ce juif paniqué nageant dans un canal sous les rires gras de ses tortionnaires qui l’obligent à crier des slogans pro-Hamas (tout le monde sait désormais ce que signifie Free Palestine, pour les malcomprenants, la carte est fournie), évoque ces rabbins qu’on faisait danser sur les rouleaux de la Torah. Alain Finkielkraut rappelle souvent que les nazis riaient tout le temps. S’il n’y a pas d’Hitler, il y a dans nos villes beaucoup de ces « hommes ordinaires » transformés en brutes qui, avant même son accession au pouvoir, faisaient régner la terreur dans les rues allemandes, terrorisant, molestant, arrêtant les opposants, les communistes, les juifs. 

Aujourd’hui, sous les traits d’islamo-racailles fanatisées, ils sont à l’œuvre à Amsterdam comme dans les rangs de Daech. Ils règnent sur les territoires perdus. En Europe, et singulièrement en France, ils ont tué des professeurs, des journalistes, des policiers, des chrétiens, des passants par centaines et des juifs. Les nazis prétendaient rendre justice au peuple allemand en asservissant l’humanité au Reich millénaire, les islamo-djihadistes prétendent défendre leurs frères palestiniens et faire advenir la victoire planétaire de l’islam. Alors ce n’est pas pareil, sans doute, mais contrairement à ce qu’écrit Laurent Joffrin, on a le droit de comparer.

Islam conquérant

L’autre ressemblance entre hier et aujourd’hui, c’est l’inconscience des sociétés libérales. Les démocrates mous du genou regardent ailleurs, espérant qu’une absence de solution (et des palabres) finiront par résoudre le problème. Quant à la gauche, elle s’est sabordée face à l’islamisme comme hier face au nazisme. Toutes ces années, elle a traqué le dérapage, scruté la résurgence, dénoncé le moindre écart de langage des partis « d’extrême droite », ignorant ou minimisant la montée d’un islam politique conquérant, criminel et volontiers totalitaire quand elle ne l’encourageait pas en dénonçant à grands cris l’islamophobie.

Certes, pas toute la gauche. Les mélenchonistes, qui ont lié leurs intérêts de boutique à la progression de l’islam radical, persistent dans l’aveuglement jusqu’au comique. Pour Aymeric Caron, rien ne prouve que les agressions d’Amsterdam étaient de nature antisémite. Sa collègue Marie Mesmeur n’est pas loin (et même très près) d’approuver les nervis islamo-hollandais (on suppose qu’ils sont hollandais) : « Ces gens-là n’ont pas été lynchés parce qu’ils étaient juifs mais parce qu’ils étaient racistes et soutenaient un génocide. »

À force de prendre des coups de réel, beaucoup d’autres doivent bien admettre qu’il y a un problème. En général, ils nient obstinément que celui-ci ait quoi que ce soit à voir avec l’islam et encore moins avec l’immigration, mais on les entend moins proclamer que tout ça, c’est des fantasmes d’extrême droite. La lucidité progresse. Il faut saluer Fabien Roussel, irréprochable ces derniers jours: « Des supporters ont été chassés, menacés, lynchés, dans les rues d’une ville européenne, parce qu’ils sont juifs. » Et aussi Sandrine Rousseau qui, quand elle lit que « des supporters israéliens ont provoqué », réplique « ça ne va pas de justifier la violence comme ça ! » 

Si la ratonnade anti-juive d’Amsterdam était une réponse légitime aux slogans débiles et haineux de supporters, il serait aussi légitime de tabasser Imzalene, Soudais ou Caron. Or cela serait une faute impardonnable.

Il faut aussi saluer la clairvoyance de Laurent Joffrin qui observe qu’une bonne « partie de l’opinion propalestinienne en Europe se laisse glisser dans un antisémitisme terrifiant ». Propalestinienne, qu’en termes galants, mais passons. À la différence de Bernard Kouchner, aussi terrible soit la guerre là-bas, Joffrin ne comprend pas les antisémites d’ici: « Il est clair que la poursuite indéfinie des opérations israéliennes à Gaza et au Liban, avec leur cortège de pertes civiles déchirantes, est propre à échauffer les esprits. Mais on sent bien, aussi, qu’il y a là un terreau local nuisible, alimenté, entre autres, par les courants islamistes, qu’il convient d’évaluer à sa juste mesure et de réprimer sans faiblesse. » 

Pour l’évaluation et plus encore pour la répression, on risque d’attendre longtemps. Bruno Retailleau ne peut pas mener seul toutes les guerres. Or, il est bien tard. Laurent Joffrin est bien seul. La chasse aux juifs d’Amsterdam n’a pas fait les gros titres de la presse, elle n’a pas stimulé la verve des éditorialistes (qui à leur décharge étaient sans doute en week-end). On s’habitue. 

Ça non plus, ça ne vous rappelle rien ?

Par Elisabeth Lévy le 9 novembre 2024

Causeur


[1] Quelques heures plus tard, le secrétaire général lui-même se dit choqué et dénonce d’un même élan l’antisémitisme et l’islamophobie.

[2] « La chasse aux juifs », Laurent Joffrin LeJournal.info, 9 novembre 2024.

jeudi 24 octobre 2024

La laïcité résistera-t-elle aux nouveaux assauts du wokisme?



Consacré par l’article 1er de la Constitution, le principe de laïcité est inscrit en filigrane à l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Il trouve ses premières expressions législatives en 1882 et 1886 sur l’enseignement primaire, et passe à la postérité avec la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Elle institue un régime de neutralité dont l’acception est offerte à la controverse alors même qu’elle consiste moins en la neutralité religieuse de l’Etat qu’à une neutralisation des religions dans la sphère publique (Ph. Raynaud, La Laïcité. Histoire d’une singularité française, Gallimard, 2019). 

L’enquête d’opinion sur « l’état des lieux de la laïcité en France » réalisée en 2020 par l’institut Viavoice, montre que la laïcité constitue pour les Français un principe républicain essentiel (70%) qui fait partie de l’identité de la France (78%). Cependant, les jeunes adultes adoptent dans leur majorité une conception favorable à l’expression publique des identités religieuses (sondage d’opinion réalisé du 14 au 16 juin 2023 par l’institut Kantar-Sofres), et 78% des musulmans considèrent que la laïcité française est islamophobe (sondage Ifop du 7 décembre 2023). Le principe de laïcité signe donc une singularité française, dont la fortune est en déclin malgré la réaffirmation périodique du principe. Il subit l’offensive multiculturaliste et ne peut, seul, résister au défi lancé à notre modèle civilisationnel.

L’offensive multiculturaliste

La crise de la transmission (Jean-Paul Brighelli, La fabrique du crétinL’apocalypse scolaire, L’Archipel 2022) s’inscrit dans le contexte de l’envahissement de l’espace public par les dictats religieux qui ciblent particulièrement l’école. L’affaire bien connue des collégiennes de Creil en 1989 fait penser à cette fable de La Fontaine Conseil tenu par les rats : « Ne faut-il que délibérer, La Cour en conseillers foisonne, Est-il besoin d’exécuter, L’on ne rencontre plus personne »

Aux termes de leur manifeste : « Profs ne capitulons pas ! », Elisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Elisabeth de Fontenay et Catherine Kintzler dénonçaient déjà un « Munich de l’école républicaine ». Ils identifient dans le voilement des femmes le signe de leur soumission et refusent la mise en balance du principe de laïcité avec la liberté d’expression des élèves. Pénétrer dans les établissements scolaires avec ses certitudes, croyances familiales en bandoulière, et insanités véhiculées par les réseaux sociaux oppose une fin de non-recevoir à la transmission des savoirs. La loi 15 mars 2004 interdit le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse, codifiée à l’article L141-5-1 du Code de l’éducation. Cette loi, qui anéantit la jurisprudence Kherouaa et la circulaire Jospin du 12 décembre 1989, est intervenue à la suite du rapport Obin, et des préconisations de la commission Stasi, dont les membres se sont convertis à la nécessité de l’interdiction au fil des auditions, à l’exception de Jean Baubérot. 

L’auteur des 7 laïcités françaises (Maison des sciences et de l’Homme, 2015) regrette le glissement de la neutralité de l’Etat vers la neutralité imposée à la société civile, au motif que la loi de 1905 n’établirait pas de distinction entre les espaces publics et privés. Prétendument importée de cultures dites d’origines, la « vêture » religieuse des laïques dans l’enceinte scolaire fait montre d’un art consommé de la provocation qui dégénère en violence et intimidation, au point qu’une élève du lycée Sévigné de Tourcoing, gifla le 7 octobre 2024, une professeure qui lui intimait l’ordre d’ôter son voile, et que le proviseur de lycée Maurice Ravel à Paris fut, quant à lui, menacé de mort (« Faut le brûler vif, ce chien »), pour le même motif.

Numéro 123 de « Causeur »

La question des accompagnateurs scolaires s’est à nouveau posée au moment de l’adoption de la loi confortant le respect des principes de la République du 24 août 2021 qui confirme, malgré la position du Sénat, le statu quo ante, défini par le Conseil d’Etat. Si les parents accompagnateurs sont des usagers, la loi de 2004, circonscrit l’interdiction aux seuls élèves, et ne s’applique donc pas aux parents.

La loi du 11 octobre 2010 dispose que « nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage ».

Fille aînée de la liberté, la laïcité émancipe les esprits de l’endoctrinement ; sœur jumelle de l’égalité, elle affranchit le corps des femmes de l’embrigadement. Dorine contre Tartuffe en quelque sorte. Tartuffe : Couvrez ce sein que je ne saurais voir : Par de pareille objets les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées. Dorine : Vous êtes donc bien tendre à la tentation, Et la chair sur vos sens fait grande impression !

Ce féminisme qui défend le port du voile islamique

Les « écoféministes » luttent contre le « patriarcat blanc », défendent en France la liberté des femmes de porter le voile, et détournent le regard de l’oppression intracommunautaire. L’ambivalence de ce cénacle d’idéologues hybrides devant le courage des femmes iraniennes est consternante. Considèrent-ils l’interdiction d’ici et l’obligation de là-bas comme équivalentes, pour juger que les Françaises et les Iraniennes subissent la même oppression ?! Femmes de Paris, femmes de Téhéran ou de Kaboul, même combat ! Guerre des sexes et guerre des races contre l’universalisme, jusque et y compris, pour les plus radicaux, sur la question de l’excision assimilée à une circoncision féminine ! (Fatiha Agag-Boudjahlat, Le grand détournement, Lexio 2019). La propagande wokiste emporte tout dans un maelström d’impostures morales et de terrorisme intellectuel (Jean-François Braunstein, La religion woke, Grasset 2022). La recherche en sciences sociales et humaines est phagocytée par le militantisme académique (Nathalie Heinich, Ce que le militantisme fait à la recherche, Tracts Gallimard, n°29 mai 2021), autant que le « frérisme d’atmosphère » œuvre à rendre la société « charia compatible » (Florence Bergeaud-Blackler, Le frérisme et ses réseaux, l’enquête, Odile Jacob, 2023).

Statuant pour la première fois sur requête du nouveau déféré-laïcité, instauré par la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République, le Conseil d’Etat a confirmé la suspension du règlement intérieur des piscines municipales de Grenoble autorisant le port du « burkini ». Il estime à juste titre que la dérogation très ciblée apportée, pour satisfaire une revendication religieuse, aux règles de droit commun de port de tenues de bain près du corps édictées pour un motif d’hygiène et de sécurité, est de nature à affecter le bon fonctionnement du service public et l’égalité de traitement des usagers dans des conditions portant atteinte au principe de neutralité des services publics (CE ord. 21 juin 2022). Mais, l’ordonnance doit également être lue comme la confirmation d’une jurisprudence favorable aux aménagements pour un motif religieux à condition qu’ils ne soient pas excessifs… 

De même, la haute juridiction, en rejetant le recours des « hijabeuses », a jugé que l’interdiction du « port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, religieuse ou syndicale » prévue par les statuts de la FFF, pouvait légalement être prise puisqu’elle est limitée aux temps et lieux des matchs de football et qu’elle apparaît nécessaire pour assurer leur bon déroulement en prévenant notamment les affrontements ou confrontations sans lien avec le sport. La mesure est donc adaptée et proportionnée (CE 29 juin 2023). Ces pressions revendicatrices interrogent sur le défi lancé à notre modèle civilisationnel.

Le défi civilisationnel

Au XVIIIème siècle, l’exécution du chevalier de la Barre et l’affaire Calas, ouvraient un front contre le fanatisme religieux. Voltaire rendait un réquisitoire contre les superstitions qui colonisent les religions (Traité sur la tolérance, 1763). Désormais, la diffusion du salafisme dans la société civile arme idéologiquement les bourreaux d’une nouvelle ère.

L’écrivain américain, né au Canada, prix Nobel de littérature en1976, Saul Bellow écrit : « Peu de choses sont plus agréables, plus civilisées qu’une terrasse tranquille au crépuscule ». Il baptisait Paris, « ville sainte de la laïcité ». C’est elle qui a été frappée par les attentats du 13 novembre ; le Paris des terrasses de café et des salles de concert. Le principe de laïcité est à un poste avancé. Son abaissement fragilise la liberté d’expression et l’égalité des sexes, et installe « l’insécurité culturelle » (Laurent Bouvet, L’insécurité culturelle. Sortir du malaise identitaire français, Fayard, 2015). Comme un système de vases communicants, à mesure que se réduit le champ de ces droits et principes, s’étend celui de l’intégrisme islamiste qui resserre son étreinte, tel un serpent autour de sa proie. Il impose ses dogmes : l’antisémitisme ; désigne ses cibles : la haine de l’Occident (judéo-chrétien) et de la République (laïque).

Parce qu’ils étaient enseignants, Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie, Dominique Bernard, professeur de français, ont été assassinés. Ces attentats perpétrés pour le premier le 16 octobre 2020 devant le collège de Conflans-Sainte-Honorine, et pour le second dans l’enceinte du lycée Gambetta à Arras le 13 octobre 2023, rappellent la guerre asymétrique livrée contre la liberté d’expression qui, frappant les humanités en plein cœur, visent à réduire au silence et à anéantir le modèle culturel que l’école est censée transmettre.

Funérailles de Dominique Bernard, Arras, 19 octobre 2023 © FRANCOIS GREUEZ/SIPA

La laïcité témoigne d’un processus à l’œuvre qui travaille notre inconscient collectif. Cette singularité française est toutefois en péril, particulièrement à l’école devenue une cible, où la contestation se propage, jusqu’au contenu des enseignements, et par l’autocensure des professeurs confrontés la veulerie administrative du « pas de vague ». Face à la recrudescence des tenues islamiques avec l’apparition des abayas et l’incitation à la prière dans les établissements, le ministre de l’Education nationale Gabriel Attal, après les tergiversations de son prédécesseur, a par la note de service du 27 août 2023 interdit ce type de tenues vestimentaires dans les établissements scolaires publics. Le Conseil d’Etat a par deux ordonnances, rejeté les requêtes en référé liberté et en référé suspension en considérant pour la première, que l’interdiction ne porte pas atteinte à une liberté fondamentale (CE réf. 7 sept. 2023), et pour la seconde, en raison de l’absence de doute sérieux quant à sa légalité (CE réf. 25 sept. 2023). Statuant au fond par un seul et même arrêt, il confirme la légalité de l’interdiction de l’abaya dans ces enceintes (CE 27 sept. 2024).

La réaffirmation périodique du principe de laïcité n’aura pas l’effet escompté sans une maîtrise de l’immigration : « On peut intégrer des individus […] On n’intègre pas des peuples, avec leur passé, leurs traditions…» (Ch. de Gaulle, Propos rapportés par Alain Peyrefitte dans “C’était De Gaulle” éditions de Fallois, Fayard, 1994, tome 1 page 56). Attribut de la souveraineté, la politique migratoire doit être définie en fonction des capacités d’accueil (travail, logement…) et des facultés d’assimilation de la langue et du système de valeurs. Le Danemark et la Suède, pour les pays scandinaves rompus au consensualisme politique, ont su dresser le diagnostic et trouver leurs remèdes. La France serait bien inspirée, plutôt que de sombrer dans le palliatif, d’expérimenter sa propre méthode prophylactique et curative pour enfin offrir ce qu’elle a de meilleur à qui pourra en suivre le destin dans sa continuité historique. 

Le Général de Gaulle débute ces mémoires d’espoirs (Le renouveau 1958-1962) par cette formule restée célèbre « la France vient du fond des âges… Elle demeure elle-même le long du temps… Aussi l’Etat, qui répond de la France, est-il en charge, à la fois de son héritage d’hier, de ses intérêts d’aujourd’hui et de ses espoirs de demain ». Le principe de laïcité participe de ce mouvement que les chantres de la société inclusive abhorrent.

Par Wilfried Koepfer le 21 octobre 2024

Causeur


jeudi 26 septembre 2024

« Islam de France » : les coûts et les coups



Montpellier, Paris 20ème, Viry-Châtillon, Bordeaux, Strasbourg et tant d’autres : l’offensive de l’islam radical est partout et sur tous les fronts. Tellement, qu’il serait peut-être temps de réécrire le chant des partisans. Qui, en effet, n’entend pas à nouveau « le vol noir des corbeaux sur nos plaines » ou « les cris sourds du pays qu’on enchaîne » ?

Certes, nos bourreaux ne sont plus les soldats du nazisme mais ceux de l’islam radical ou islamisme, qui est l’enfant monstrueux d’une religion en pleine dérive fanatique à travers le monde. Le monde historiquement musulman mais également et de plus en plus, celui qui est en phase de conquête par l’immigration.

Cette lèpre de l’islam radical dévore petit à petit tous les membres du corps national français. Pas une semaine ne se passe désormais où n’apparaisse, ici ou là, une nouvelle et hideuse lésion de cette maladie identitaire dégénérative.

Ah, mais les derniers actes de sauvagerie ont touché aussi des musulmans ce qui invalide l’idée d’une pathologie qui défigure la France, serait-on tenté de croire. Que nenni ! La vérité est que la soumission des musulmans, de tous les musulmans, est consubstantielle à la dynamique même de l’islam radical. La domination des « mécréants » chrétiens, juifs et athées dans leur propre pays est un objectif de long terme, certes. Mais avant d’en arriver là, il faut mettre au pas les musulmans « tièdes ».

Pour conquérir politiquement et sociétalement la terre qu’elle envahit, la Oumma islamique doit être unie derrière le respect du dogme et des interdits de Mahomet et de son Coran. Une religion de plus en plus totalitaire – l’islam ne l’a pas toujours été et ne l’est pas partout – fonctionne comme une idéologie totalitaire qui peut se résumer ainsi : « si tu n’es pas 100% avec moi, tu es 100% contre moi. » C’est sur cette base qu’à Montpellier, la jeune Samara s’est faite férocement rossée car elle était trop occidentalisée.

C’est aussi sur cette base que Shemseddine s’est fait assassiner à Viry-Châtillon, car dragant une ado musulmane de son âge. C’est sur cette base encore que deux migrants nord-africains ont été poignardés, dont un tué, par un Afghan parce qu’ils buvaient un petit rosé durant le Ramadan et qu’une gamine musulmane a été agressée dans les Bas-Rhin parce qu’elle n’observait pas le jeûne pendant ce mois saint de l’islam… Tous ces drames médiatisés ne sont que le sommet de l’iceberg d’une sourde prise de contrôle de la communauté musulmane de France par les plus radicaux. Et ça marche !

75% des Musulmans désapprouvent l’interdiction du port de vêtements traditionnels larges comme l’abaya à l’école

Tous les observateurs objectifs de l’islam dans notre pays constatent une dérive fondamentaliste qui génère de la part des collaborationnistes gaucho-« progressistes » la demande d’une laïcité plus « ouverte ». Comprendre une laïcité qui s’adapte à un islam ostensible et revendicatif. On nous répète qu’« ils ne sont pas tous comme ça », que « c’est une petite minorité ». La vérité est qu’ils sont de plus en plus « comme ça » et que la « minorité » devient de moins en moins minoritaire.

Les sondages de l’IFOP en font foi. Le 9 décembre 2023, cet institut publie une vaste enquête afin de mesurer où se situent les musulmans sur les questions relevant de la religion et de la laïcité. On découvre que 78% des Français musulmans de 15 ans et plus jugent islamophobe et discriminatoire la laïcité française. 78% ! Une opinion en décalage radical avec celle des Français qui, en juin 2023, dans un autre sondage avait révélé que 67% d’entre eux estimaient que la laïcité était aujourd’hui en danger.

Contrairement à 81% des Français qui l’approuvent, 75% des Musulmans désapprouvent l’interdiction du port de vêtements traditionnels larges comme l’abaya à l’école. Ils sont 65% à désapprouver l’interdiction du port par les élèves de signes religieux à l’école publique, comme le voile islamique.

Une mesure, au contraire, massivement plébiscitée par les Français des autres confessions. 75% des Musulmans s’opposent à l’interdiction faite aux athlètes de l’équipe nationale française de porter des signes religieux aux prochains Jeux olympiques et 54% estiment que les jeunes filles devraient pouvoir être exemptées de cours de natation à l’école pour des raisons religieuses. A peine croyable quand on sait que par ailleurs, un musulman sur deux pense la même chose pour tous les cours qui heurtent les convictions religieuses islamiques.

Cette étude révèle aussi la très forte religiosité des populations musulmanes comparée aux autres confessions. Ainsi, 66% des musulmans se disent croyants et religieux (pratiquants) alors qu’ils ne sont que 18% de croyants vraiment pratiquants dans le reste de la société française. Contrairement au mythe entretenu par les gaucho-« progressistes » selon lequel l’éducation aura raison de l’islamisme, les études démontrent que plus les Français musulmans sont instruits, plus ils s’astreignent à une pratique rigoureuse de l’islam.

Les Musulmans rigoristes représentent ainsi 77% de ceux qui ont fait des études universitaires de second et troisième cycle, alors qu’ils ne représentent que 63 % de ceux qui n’ont pas dépassé le premier cycle et 53 % de ceux qui n’ont pas dépassé le lycée. De même, on constate une religiosité plus intense chez les cadres et les professionnels (74 %) que chez les ouvriers (65 %).

Les Français musulmans sont aussi très majoritaires à déclarer que l’islam influe de manière importante sur leurs choix alimentaires (85 %), leur façon de s’habiller (63 %), leur vie politique (51 %) et même le choix de leurs amis (47 %). Trois musulmans sur quatre (76 %) vont d’ailleurs jusqu’à trancher en faveur de la religion plutôt que de la science lorsqu’il s’agit d’expliquer la « création du monde ». L’obscurantisme à plein régime !

Il y a donc peu à espérer d’un sursaut républicain et laïc de la part de la « majorité silencieuse ». Et s’il en fallait une preuve tangible supplémentaire, il suffit de constater la volte-face de la mère de la jeune Samara qui, après avoir spontanément décrit l’attaque de sa fille comme une agression islamique contre « une fille libre », a, le soir même chez Cyril Hanouna sur TPMP, changé son narratif pour se soumettre à la pression communautaire.

Coupons court à l’explication selon laquelle ce serait la question sociale qui serait à l’origine de cette dérive. Non la prétendue discrimination et la pauvreté ne sauraient expliquer la radicalité religieuse. L’évolution de la société turque en est un très bon exemple. La montée en puissance du radicalisme islamique local et de son leader Tayyip Recep Erdogan a accompagné une considérable amélioration du niveau de vie de la population et de sa classe moyenne, largement acquise à celui qui a remis en cause l’héritage républicain et laïc de Mustapha Kemal Atatürk.

Plus globalement, partout, dans le monde musulman, on observe un découplage entre condition sociale et pratique fondamentaliste. La raison en est que le fondamentalisme islamique est une affirmation identitaire et pas nécessairement le résultat d’une condition sociale défavorable.

En France comme au Royaume Uni, en Allemagne et ailleurs, ce n’est pas parce qu’on est pauvre, musulmane et « discriminée » que l’on se voile. On se voile pour affirmer son islamité dans une société occidentale « kafira » (incroyante), pour montrer sa solidarité et inspirer le « respect » aux hommes de la famille et de la communauté. Dans la pratique rigoureuse de l’islam, une femme non voilée est une femme de mauvaise vertu voire de mauvaise vie.

Face à cette réalité sociologique, l’élite encore au pouvoir prétend opposer la force de la République, de ses lois et de son école pour contenir cette poussée islamique. Mais comment croire pareille pétition de principe quand, « en même temps » cette même élite au pouvoir laisse l’immigration arabo-afro-islamique se déverser dans notre pays par centaines de milliers d’individus chaque année, au nom des « droits humains » ?

Droits qui deviennent d’ailleurs inhumains pour les Français de souche ou issus de diverses immigrations mais ayant fait le choix de « vivre français » en France, chez qui cette invasion crée un sérieux malaise identitaire et une réelle insécurité culturelle, sans parler de l’insécurité tout court.

Les gaucho-« progressistes » clament qu’ils vont créer un « islam de France ». On espère que cela signifie un « islam français ». Mais comment un tel islam français serait-il possible quand on importe tous les jours un islam maghrébin, sahélien, syrien, irakien, palestinien, afghan, bangladais, turc, etc. ? C’est un peu comme si, en guerre, vous prétendiez combattre l’ennemi sur le front tout en lui facilitant l’arrivée continue de nouvelles recrues pour grossir ses rangs ! A ce degré d’inconscience ce n’est plus de la naïveté mais de la complicité.

Car enfin, il faut dire ce qui est : en France, l’islam vient de l’immigration et l’islamisme vient de l’islam. L’islamisme vient donc de l’immigration et non de la conversion massive du peuple de souche à cette religion. Cette équation est maintenant largement démontrée. La contester est à peu près aussi crédible que de prétendre que la terre est plate. Ce qui est certain c’est que les « pacifistes » de l’islamisation par l’immigration ne le seraient pas si nous étions en proie à une « rechristianisation » intégriste et anti-laïque menée par une forte immigration blanche.

Ils se seraient mobilisés pour « sauver la laïcité » et pour demander l’arrêt de flux qui mettent en péril nos « valeurs républicaines », en entonnant en boucle le chant des partisans et en appelant à un sursaut de la République face au retour de la bête immonde. Mais face à la conquête islamique c’est carpette et collaboration.


Par Jean Messiha, Président de l'Instititut Vivre Français


Institut Vivre Français


mardi 30 juillet 2024

Le Festin des Dieux et non La Cène ? On nous prend pour des canards sauvages



Le directeur artistique de la cérémonie des JO, Thomas Jolly, l’assure : non, ce n’est pas du tout une parodie de La Cène à laquelle nous avons assisté vendredi soir. La preuve ? Apparaissait un Dionysos schtroumpfé en bleu (Philippe Katerine). Selon les médias, Thomas Jolly songeait plutôt au Festin des Dieux, de Jan Harmensz van Bijlert (1635). Non contents d’être paranoïaques, les chrétiens seraient incultes ? Et Françoise Degois, ancienne journaliste politique de France Inter, de demander à Marion Maréchal, aux évêques et à Mélenchon, de ravaler leur indignation.

Mais la dénégation de Thomas Jolly ne convainc pas. D’abord parce que Philippe Katerine n’est intervenu qu’à la toute fin, plus de 40 minutes après l’ouverture du tableau qui, par la disposition générale et la répartition des drag-queens, ne faisait penser qu’à La Cène. Ensuite parce que l’un des participants au show, le drag-queen Piche, a mentionné la Cène sur BFMTV, tout comme France TV sur X… avant de supprimer son tweet.

 

Un spectacle tel que celui du 26 juillet se construit sur des repères aisément identifiables. Le french cancan, le jeu vidéo Assassin’s Creed, la toile La Liberté guidant le peuple… étaient quelques-uns de ces repères. Il serait surprenant que Jolly ait choisi ce médiocre tableau du musée de Dijon, Le Festin des Dieux, que personne ne connaît, pour imaginer son tableau - alors que la Cène du Vinci fait partie de l’iconographie universellement connue. Là, tout le monde « a la rèf », comme on dit, depuis le triomphe mondial du roman complotiste de Dan Brown, The Da Vinci Code, et le succès de son adaptation cinématographique.

Une cible obsessionnelle

La Cène appartient en effet à la « culture populaire », comme écrit Le Parisien qui s’attache à relever les nombreuses occurrences du motif, dans tel épisode des Simpson, de Dr House, de South Park, etc. Il est parfois difficile de distinguer si l’allusion est purement iconographique ou tourne en dérision le récit testamentaire et ce qu’il signifie. Si l’on met de côté une publicité plus bête que méchante de Volkswagen (1998), La Cène a été dans quelques cas la cible obsessionnelle d’une intention blasphématoire qui ne se cachait pas:

  • En 1996, première déconstruction wokiste sous le titre Yo Mama’s Last Supper. Nue, la photographe jamaïcaine Renée Cox prend la place du Christ et le seul disciple blanc est… Judas.
  • En 2003, le photographe David Lachapelle donne une version hip-hop, « gangsta », de la Cène.
  • La même année, le photographe Tim White-Sobieski présente Jésus en femme, entourée d’enfants en treillis.
  • En 2005, la photographe Bettina Rheims s'y met à son tour pour la marque de mode Marithé + François Girbaud, avec des femmes pour jouer Jésus et les disciples. Un seul homme, Judas !
  • En 2017, c'est avec treize singes portant des masques de clown que le plasticien Philippe Pasqua reconstitue La Cène.

La cohérence dans la haine de soi

A défaut de créativité, il y a une cohérence. Disciples remplacés par des femmes, des enfants, des Noirs - tout sauf le mâle blanc judéo-chrétien. Que les rôles soient joués, en 2024, par des drag-queens, le plus mafflu d’entre eux figurant le Christ comme auréolé d’une hostie, est conforme au progressisme woke. Lorsque Thomas Jolly, théâtreux de gauche qui baigne dans cet univers mental, assure qu’il ne songeait pas à La Cène, il prend les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. L'AGRIF ne s'y est pas trompée : elle « ira devant les tribunaux défendre le droit des Chrétiens au respect auquel chacun a droit »

L'ECLJ invite à signer une pétition adressée au CIO. La cérémonie d’ouverture des JO a tourné en dérision l’Ancien Régime avec l’évocation violente de la décapitation de Marie-Antoinette, moqué l’armée en mêlant Aya Nakamura à la Garde Républicaine... L’attaque contre le christianisme complète l'odieux puzzle.

Par Samuel Martin le 29 juillet 2024

Boulevard Voltaire


jeudi 28 septembre 2023

Syriens déplacés au Liban : la France et l’Europe aux abonnés absents !

 

France-Liban : une amitié historique qui oblige

La France et le Liban entretiennent un lien ancien et ininterrompu depuis la charte du 24 mai 1250 dans laquelle Saint-Louis se proclame protecteur des chrétiens maronites. Ce lien fut renforcé au XIXe siècle lorsque la France intervint pour faire cesser les affrontements entre Druzes et Maronites et connaît même son apogée au lendemain de la Première guerre mondiale lorsque le Liban fut « sous mandat français », c’est-à-dire une forme de protectorat français au Moyen-Orient.

En tant que parlementaire, français et chrétien, il me semble naturel et impérieux d’entretenir et de consolider l’amitié avec le Liban en y rencontrant notamment les acteurs institutionnels et religieux ainsi bien-sûr que les dirigeants et députés des partis politiques (Courant patriotique libre, Kataeb et Forces Libanaises).

J’ai également pu longuement m’entretenir avec le président de la République sortant, le général Michel Aoun. Son mandat s’est achevé il y a déjà plusieurs mois maintenant mais il n’a toujours pas de successeur. Une vacance qui illustre, sinon l’instabilité, du moins l’incertitude politique qui frappe le pays.

Un pays en crise(s)

Le pays du cèdre subit une grave crise économique depuis plusieurs années, aggravée par l’explosion du port de Beyrouth en 2020, mais, surtout, le pays fait face à une arrivée massive de déplacés syriens depuis 2013.

Ils sont à présent plus de deux millions dans un pays qui compte à peine quatre millions de Libanais ! Certains sont arrivés pendant la guerre, mais beaucoup d’autres sont arrivés bien après et continuent d’affluer. Ces déplacés représentent désormais plus du tiers de la population actuelle du Liban et ce chiffre s’accroît quotidiennement en raison des nombreuses naissances dans les camps et villages qu’ils occupent.

Les organisations internationales (l’ONU via le HCR) mais aussi l’Union européenne et de nombreuses ONG sont présentes sur place, et apportent des aides financières et matérielles aux Syriens ce qui incite ceux qui sont au Liban à y rester et pousse ceux qui n’y sont pas encore à y venir. Cette politique qui vise à fixer durablement les populations syriennes au Liban est totalement irresponsable et dangereuse.

Il en résulte en effet un Liban asphyxié dont les services publics, sociaux, scolaires et sanitaires sont saturés, dont les infrastructures sont insuffisantes et les ressources énergétiques en pénurie.

Cette grave crise migratoire atteint même l’équilibre religieux du pays. Les chrétiens sont de moins en moins nombreux, représentant sans doute à peine 25% de la population. Pire, ils sont déclassés et les aides apportées par les ONG vont prioritairement aux déplacés syriens.

Rien ne justifie aujourd’hui le maintien de ces déplacés sur le sol libanais : à l’exception du secteur d’Idlib au nord du pays, la Syrie n’est plus en guerre. Les aides internationales, humanitaires et caritatives doivent donc y être déployées pour faciliter le retour des déplacés sur leur terre natale. La politique actuellement menée aboutit à déraciner deux peuples : des Syriens entassés dans un territoire libanais exigu sans perspective d’un avenir meilleur, et des Libanais dépossédés de leur propre pays après tant d’épreuves et de guerres qui les ont meurtris ces dernières décennies.

Entraide et solidarité entre chrétiens d’Orient et d’Occident

J’ai pu échanger avec des représentants d’associations sur place qui viennent spécifiquement en aide aux chrétiens. Parmi elles, SOS Chrétiens d’Orient qui intervient pour les aider à vivre dignement. Les bénévoles réalisent ici un travail admirable. Ils incarnent cette belle jeunesse française engagée qui refuse de céder à la fatalité et qui se bat, concrètement et humblement, pour préserver le berceau de notre civilisation.

Les Libanais ne peuvent hélas plus se contenter d’aides d’urgence. Des solutions pérennes doivent être trouvées pour leur permettre de vivre décemment sur leur terre.

L’urgence de rétablir le dialogue avec la Syrie

Il est temps que l’Union européenne mette fin aux sanctions économiques contre la Syrie (qui touchent en réalité davantage la population que le pouvoir) et que nous privilégions à nouveau la voie diplomatique avec le gouvernement de Damas. Il est en effet illusoire de penser que le retour des Syriens puisse avoir lieu dans des conditions humaines satisfaisantes sans un rétablissement des liens politiques avec la Syrie.

L’Europe et la France ne peuvent détourner le regard et doivent prendre part à ce processus d’apaisement. Nous le devons aux Libanais au nom de l’amitié historique qui unit nos pays bien-sûr, mais n’oublions pas aussi que l’instabilité du Liban aurait des répercussions sur l’ensemble de la région et conduirait à des flux migratoires massifs qui atteindraient nécessairement le continent européen.

Par Nicolas Bay, Vice-Président de R! le 27 septembre 2023

Livre Noir