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mercredi 27 novembre 2024

Boualem Sansal, révélateur de l’hypocrisie de la gauche

 


Une fois de plus, la gauche intellectuelle française se discrédite. Son silence sur le cas Boualem Sansal rejoint son euphorie à la « libération » de Phnom Penh, suivie d’un vrai génocide, ou son refus de saluer le combat de Soljenitsyne contre le soviétisme. Aujourd’hui, dénoncer l’islamisme ou certains totalitarismes décoloniaux est aussi dangereux que dénoncer le régime soviétique en d’autres temps. Boualem Sansal arrêté par le pouvoir algérien est un Soljenitsyne des sables avec un style voltairien. Il dénonce tout à la fois le régime algérien et l’islamisme, le totalitarisme étatique et le fanatisme religieux.

Boualem Sansal, un amoureux de la France

Le dernier livre de Boualem Sansal, Le français, parlons-en !, est un cri d’amour pour la langue française, et aussi un avertissement à une culture française qui, ne défendant plus sa langue, paraît condamné à la disparition nationale.
Sansal a mal à l Algérie et il a mal à la France. Un Algérien qui aime la langue française et qui continue à rencontrer des intellectuels juifs et israéliens, c’est un péché mortel pour le gouvernement d’Alger.

Mais il y a peut-être plus grave : non seulement Sansal est pro-français mais il est pro-marocain, le pire du pire.
Il le dit avec cette naïve sincérité qui fait partie intégrante de sa pensée totalement libre, et il le dit partout, même dans des médias jugés antialgériens et proche de la droite radicale française.
Non seulement il rejoint la France sur la marocanité de l’ancien Sahara espagnol, mais en plus il estime que toute une partie de l’Algérie au temps de la colonisation a été détachée par Paris de l’espace historique marocain qui va jusqu’à Tlemcen et Oran.

En fait, pour lui l’Algérie est une création de la France alors que le Maroc est un empire ancien et un État indiscutable, d’où la différence entre la départementalisation et le simple protectorat. Finalement, les Algériens devraient remercier les Français de les avoir inventés et de leur avoir donné un territoire si considérable, notamment vers le Sahara oriental marocain. Au Maroc, on ressort d’ailleurs des documents qui font référence à des promesses de restitution de territoires après une indépendance de l’Algérie à laquelle le royaume devenu indépendant a participé.

Le bal des hypocrites

On comprend bien que le régime algérien, soudé artificiellement par la haine de la France et l’hostilité au Maroc, ne peut accepter un tel discours. Sansal risque donc en fait un procès pour trahison et mise en cause de l’intégrité territoriale, et, à 75 ans, il risque, sinon la mort, la réclusion criminelle à perpétuité.

Ne cherchez pas chez les pétitionnistes convulsifs de Mediapart une liste pro-Sansal… Non !
Là, pas un mot pour défendre la liberté d’expression quand elle ne va pas dans le bon sens de la gauche militante.

Certains cependant se mobilisent, comme le souligne France Info relayant cette fois l’appel de l’hebdomadaire Le Point qui fait honneur à la presse française : « Annie Ernaux, Jean-Marie Le Clézio, Orhan Pamuk et Wole Soyinka, tous Prix Nobel de littérature, ainsi que Salman Rushdie, Peter Sloterdijk, Andreï Kourkov, Roberto Saviano, Giuliano da Empoli et Alaa el Aswany ont rejoint l’appel à la solidarité lancé dans l’hebdomadaire Le Point, samedi 23 novembre, par le Prix Goncourt 2024, Kamel Daoud. Parmi les signataires se trouvent aussi Sylvain Tesson, Leïla Slimani, Élisabeth Badinter, Bernard-Henri Lévy, Jean-Baptiste Andrea, Émilie Frèche, Caroline Fourest, Boris Cyrulnik ou encore Joann Sfar.

Dans ce texte adressé aux défenseurs de la liberté, l’écrivain franco-algérien Kamel Daoud évoque sa “profonde inquiétude”. Il estime que “cette nouvelle tragique est le reflet d’une réalité alarmante en Algérie, où la liberté d’expression n’est plus qu’un souvenir face aux répressions, aux emprisonnements et à la mise sous surveillance de la société entière”.
Pour Kamel Daoud, Boualem Sansal, 75 ans, “ressemble à un vieux prophète biblique, souriant. Il provoque les passions et les amitiés autant que la détestation des soumis et des jaloux. Il est libre et amusé par la vie”Il poursuit avec ces mots : Sansal écrit, il ne tue pas et n’emprisonne personne. Son innocence face à la dictature lui fit oublier la réalité de la Terreur en Algérie depuis quelques années. Il a négligé de regarder la meute qui l’attendait, il est retourné visiter son pays ce samedi-là. Il l’a payé cher.” »

Ses amis le mettaient en garde contre ce risque, mais il disait : « Un résistant, ça résiste dans son pays et non pas à l’étranger. » C’était le sentiment d’Alexeï Navalny, bien moins naïf et pourtant revenu en Russie. On en connaît l’issue.

Mais Navalny a galvanisé Saint-Germain-des-Prés, pas Sansal. Pourquoi ? On connaît la réponse et elle n’est pas à l’honneur des défenseurs de la liberté à géométrie très variable. 

Le bal des hypocrites se poursuit, mais il devient insupportable, et, dans leur suffisance, ils ne s’en rendent pas compte.

Par Pierre Boisguilbert le 26 novembre 2024

Polémia

dimanche 18 août 2024

Alain Delon : un seigneur est mort



Ce 18 août 2024, Alain Delon est mort dans sa 89e année. En 2019, BV avait publié cet article, alors que la star allait recevoir une Palme d'honneur à Cannes. L'exil de ce prince s'est donc achevé...

Le prince Salina, ayant raccompagné à la diligence M. Chevalet, représentant de la nouvelle Italie, se fait à lui-même cette réflexion : « Nous étions les guépards, les lions. Ceux qui nous remplaceront seront les chacals, les hyènes. Et tous tant que nous sommes, guépards, lions, chacals, brebis, nous continuerons à nous prendre pour le sel de la terre. » Comment ne pas penser à ces mots en voyant les attaques dont Alain Delon a été la cible, cette semaine, parce qu’il va recevoir, dimanche 19 mai à Cannes, une Palme d’honneur.

Alain Delon fut, jadis, le jeune guépard du cinéma français. Il en est, aujourd’hui, le vieux lion qui n’a rien perdu de sa superbe. Et des hyènes et chacals, qui se prennent pour le sel de la terre, se sont déchaînés dans une pétition partie d’Amérique pour protester contre cette distinction. Delon serait raciste, homophobe et misogyne. Les trois péchés capitaux répertoriés dans le nouveau catéchisme. Impardonnable. Affaire jugée en huis clos, par contumace, en l’absence du prévenu, sans appel possible !

Heureusement, l’affaire fait un peu flop puisque le Festival de Cannes n’a pas plié. Certes, le directeur du Festival, Thierry Frémaux, s’est un peu justifié en déclarant : « On ne va pas remettre le prix Nobel de la paix à Alain Delon. On va remettre la Palme d’honneur pour sa carrière d’acteur. » Mais il a ajouté, tout en précisant qu’il ne partageait pas les opinions d’Alain Delon, qu’« aujourd’hui, il est difficile de récompenser, d’honorer, parce que, immédiatement… la police politique… » Avoir osé parler de « police politique », dans l’ambiance générale d’autodafé et d'Inquisition de notre époque, mérite, sinon la Palme du martyr, au moins une nomination, il faut bien le reconnaître.

Tout cela est-il bien important, finalement ? Au fond, ceux qui se prennent pour le sel de la terre ne sont que l’écume des jours. Et, dans la peau d’un flic, d’un voyou ou d’un politicien, d’un jeune aristocrate insouciant et opportuniste, d’un mystérieux Monsieur Klein ou d’un jeune criminel découvrant, au petit matin, l’ombre sinistre de la guillotine, Alain Delon est avant tout un prince. Un prince du cinéma français. Il ne descend certes pas des amours de l’empereur Titus et de la reine Bérénice, comme le prince Salina et le jeune Tancrède Falconeri, mais il n'en appartient pas moins à cette race des seigneurs - encore des mots désormais interdits, surtout assemblés, par la « police politique » et qui, pourtant, évoquent « la race de nos rois », comme on disait au Grand Siècle - en voie de disparition. 

Alain Delon, un prince en exil dans ce monde où il ne se reconnaît peut-être plus. Mais les princes en exil règnent à jamais.

Par Georges Michel le 18 août 2024

Boulevard Voltaire

mardi 30 juillet 2024

Le Festin des Dieux et non La Cène ? On nous prend pour des canards sauvages



Le directeur artistique de la cérémonie des JO, Thomas Jolly, l’assure : non, ce n’est pas du tout une parodie de La Cène à laquelle nous avons assisté vendredi soir. La preuve ? Apparaissait un Dionysos schtroumpfé en bleu (Philippe Katerine). Selon les médias, Thomas Jolly songeait plutôt au Festin des Dieux, de Jan Harmensz van Bijlert (1635). Non contents d’être paranoïaques, les chrétiens seraient incultes ? Et Françoise Degois, ancienne journaliste politique de France Inter, de demander à Marion Maréchal, aux évêques et à Mélenchon, de ravaler leur indignation.

Mais la dénégation de Thomas Jolly ne convainc pas. D’abord parce que Philippe Katerine n’est intervenu qu’à la toute fin, plus de 40 minutes après l’ouverture du tableau qui, par la disposition générale et la répartition des drag-queens, ne faisait penser qu’à La Cène. Ensuite parce que l’un des participants au show, le drag-queen Piche, a mentionné la Cène sur BFMTV, tout comme France TV sur X… avant de supprimer son tweet.

 

Un spectacle tel que celui du 26 juillet se construit sur des repères aisément identifiables. Le french cancan, le jeu vidéo Assassin’s Creed, la toile La Liberté guidant le peuple… étaient quelques-uns de ces repères. Il serait surprenant que Jolly ait choisi ce médiocre tableau du musée de Dijon, Le Festin des Dieux, que personne ne connaît, pour imaginer son tableau - alors que la Cène du Vinci fait partie de l’iconographie universellement connue. Là, tout le monde « a la rèf », comme on dit, depuis le triomphe mondial du roman complotiste de Dan Brown, The Da Vinci Code, et le succès de son adaptation cinématographique.

Une cible obsessionnelle

La Cène appartient en effet à la « culture populaire », comme écrit Le Parisien qui s’attache à relever les nombreuses occurrences du motif, dans tel épisode des Simpson, de Dr House, de South Park, etc. Il est parfois difficile de distinguer si l’allusion est purement iconographique ou tourne en dérision le récit testamentaire et ce qu’il signifie. Si l’on met de côté une publicité plus bête que méchante de Volkswagen (1998), La Cène a été dans quelques cas la cible obsessionnelle d’une intention blasphématoire qui ne se cachait pas:

  • En 1996, première déconstruction wokiste sous le titre Yo Mama’s Last Supper. Nue, la photographe jamaïcaine Renée Cox prend la place du Christ et le seul disciple blanc est… Judas.
  • En 2003, le photographe David Lachapelle donne une version hip-hop, « gangsta », de la Cène.
  • La même année, le photographe Tim White-Sobieski présente Jésus en femme, entourée d’enfants en treillis.
  • En 2005, la photographe Bettina Rheims s'y met à son tour pour la marque de mode Marithé + François Girbaud, avec des femmes pour jouer Jésus et les disciples. Un seul homme, Judas !
  • En 2017, c'est avec treize singes portant des masques de clown que le plasticien Philippe Pasqua reconstitue La Cène.

La cohérence dans la haine de soi

A défaut de créativité, il y a une cohérence. Disciples remplacés par des femmes, des enfants, des Noirs - tout sauf le mâle blanc judéo-chrétien. Que les rôles soient joués, en 2024, par des drag-queens, le plus mafflu d’entre eux figurant le Christ comme auréolé d’une hostie, est conforme au progressisme woke. Lorsque Thomas Jolly, théâtreux de gauche qui baigne dans cet univers mental, assure qu’il ne songeait pas à La Cène, il prend les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages. L'AGRIF ne s'y est pas trompée : elle « ira devant les tribunaux défendre le droit des Chrétiens au respect auquel chacun a droit »

L'ECLJ invite à signer une pétition adressée au CIO. La cérémonie d’ouverture des JO a tourné en dérision l’Ancien Régime avec l’évocation violente de la décapitation de Marie-Antoinette, moqué l’armée en mêlant Aya Nakamura à la Garde Républicaine... L’attaque contre le christianisme complète l'odieux puzzle.

Par Samuel Martin le 29 juillet 2024

Boulevard Voltaire


vendredi 28 juin 2024

RN au pouvoir : assassinats, Titanic, attentats, et pluie de sauterelles ?



Le succès du Rassemblement National n'en finit pas d'affoler une gauche qui, à force de chercher à se faire peur, risque bien de finir par y arriver. 

On promet aux gens qui votent RN aujourd'hui, comme à ceux qui votaient FN hier, mille tourments. On ne peut plus vraiment leur cracher dessus, car ils représentent presque 40 % des votants (quoique certains médias et certaines belles âmes autoproclamées ne s'en privent pas). Alors on est obligé, si on veut jeter l'opprobre sur ce vote, d'avoir recours à d'autres stratagèmes un peu plus retors. On ne traite plus les électeurs de cons, car ils sont nombreux. On ne critique même plus vraiment le programme du RN, car beaucoup de gens le jugent raisonnable. 

Il ne reste qu'une option : la prospective catastrophiste sur les conséquences.

Dans ce registre-là, les vannes sont ouvertes. On peut y aller, on peut raconter n'importe quoi, puisque c'est pour lutter contre la haine. 

Prenez le cas d’Arié Alimi, avocat de Jean-Luc Mélenchon et Taha Bouhafs. Pour lui, c'est clair: « beaucoup de juifs, des arabes, des musulmans et des noirs seront assassinés après l'élection du RN ». Pas mal. 

On avait cru comprendre que l'assassinat des Juifs était plutôt la spécialité du Hamas, et que le soutien au Hamas était plutôt la spécialité des gauchistes. On avait tort. Quant aux assassinats massifs de représentants de la diversité, malgré des dizaines de séries et de documentaires consacrés à la mort de Malik Oussekine, la gauche n'a jamais réussi à convaincre personne (et pour cause !) que le RN était un parti intrinsèquement porté sur la ratonnade.

Il y a encore mieux que ces affabulations ridicules. Si, si. Un article du Monde, notre Pravda à nous, qui paraît le soir avec la date du lendemain pour mieux prendre de court le réel, s'intéresse au risque de recrudescence des attentats djihadistes en cas d'arrivée au pouvoir du parti de Jordan Bardella. C'est un certain Christophe Ayad qui s'y colle : pour lui, la polarisation induite par la victoire du RN favoriserait la radicalisation des Français de confession musulmane. 

Ça alors. On croyait que l'islam était une religion de paix et ne posait pas de problème particulier. Du coup, les Français musulmans radicaux que le RN n'aurait pas assassinés (voir ci-dessus) tueraient des Français laïcs pour des raisons politiques? Pour lutter contre l'extrême-droite à leur manière, en quelque sorte? C'est un tout petit peu tiré par les cheveux…

En parlant de cheveux, la palme de la métaphore, en matière de critique du RN, revient sans doute à Bernard-Henri Lévy. Le philosophe multi casquettes a comparé la montée du RN ces vingt dernières années à un « Titanic long »-comme il existe un Covid long, sans doute. Il ferait bien de se demander si la coque ce Titanic (qu'est la France dans son esprit) n'a pas plutôt pris de furieux coups de hache, ces dernières décennies, de sa part à lui comme de la part de ses amis.

À ce tableau grotesque, il ne manque que la pluie de sauterelles ou les fleuves changés en sang. Patience. Nos prophètes de grande surface regorgent d'idées. Qu'ils se dépêchent toutefois car le premier tour est dimanche…

Par Arnaud Florac le 27 juin 2024

Boulevard Voltaire

lundi 24 juin 2024

L’actrice Corinne Masiero appelle à voter contre les « bâtards » du RN



Il se passe des choses étonnantes, dans les bas-fonds de l’extrême gauche française. La moindre incursion dans ces espaces dignes du Metaverse réserve son lot de surprises. Complotisme crasse, antisémitisme décomplexé, racialisme haineux, islamisme désinhibé… on n’est jamais déçu du voyage. La plupart du temps, néanmoins, on a simplement affaire à de la bêtise. Mais pas n’importe quelle bêtise. On parle là de bêtise de compétition. Celle qui est si pure et concentrée qu’elle tient presque de l’œuvre d’art.

C’est ce qui nous a été donné d’admirer, jeudi 20 juin, sur la chaîne YouTube de Mediapart. Diffusée en direct, l’émission spéciale s’intitulait Face à l’extrême droite, l’urgence de la mobilisation. Vous voyez déjà le niveau. « Ils et elles viennent d’horizons différents et se mobilisent partout en France contre l’extrême droite », nous prévenait-on, en préambule. Parmi ces « ils et elles », on a croisé quelques figures de la NUPES (Faure, Tondelier, Guetté), mais aussi tout un aréopage de militants pseudo-antiracistes, d’influenceurs communautaires, d’associatifs des quartiers dits prioritaires. Et au beau milieu de cette faune d’extrême gauche, un visage connu du grand public : celui de Corinne Masiero, alias capitaine Marleau.

 

Quand l’intelligence rencontre l’élégance

 

Ceux qui ne seraient pas des aficionados du feuilleton phare de France 3 se souviennent peut-être de la prestation mémorable que l’actrice avait donnée aux César 2021. Elle était alors apparue complètement nue sur scène, un Tampax sanguinolent aux oreilles. Sa prise de parole jeudi, sur YouTube, s’est avérée tout aussi élégante. « Ben, moi, j’ai juste envie de gerber, a-t-elle ainsi débuté, au sujet de l’éventualité d’une victoire du RN aux prochaines élections législatives. ¡No pasarán! C’est important, de voter, faut aller voter. Faut aller soutenir le Nouveau Front populaire, c’est tout ! C’est voter contre la peste noire, cette saloperie. » Amis de la poésie et des discours argumentés, bonsoir !

 

Si la délicieuse artiste n’a pas épargné les proches du président de la République - « ces enfoirés » -, elle a réservé ses principales attaques au RN. Le parti de Marine Le Pen représenterait, en effet, une menace mortelle pour certaines minorités qui auraient tout intérêt à s’unir derrière le front d’extrême gauche. « Vous êtes une gonzesse ? Allez voter, putain ! On est des meufs, on va s’en prendre plein la gueule : interdiction de l’IVG et compagnie. On a vu ce que ça donnait, ailleurs. Les personnes racisées vont s’en prendre plein la gueule. Moi j’ai des potes qui sont en couple gay et ils se disent "mais on va faire quoi, s’ils passent, ces bâtards-là ? On va se faire lyncher !" »

 

Minorités United

 

« Je viens d’une famille d’immigrés », a-t-elle encore ajouté, comme pour faire valoir une communauté de destin avec ceux qu’elle qualifie de « racisés ». Sauf que l’actrice se prénomme Corinne, pas Hapsatou. Ses parents, venus d’Italie, ont fait le choix de l’assimilation. Ils ont témoigné de leur amour de la France en adoptant ses coutumes. Ce qui est ni plus ni moins ce que demande le RN aux immigrés.

Sur la question des droits des femmes, la posture de Mme Masiero est encore plus ahurissante. Elle qui vit à Roubaix est bien placée pour savoir les ravages du communautarisme - qu’encourage le Nouveau Front populaire - sur la condition féminine.

Il en va de même pour les minorités LGBT. Les gays sont moins mis en danger par un RN (qui compte, d’ailleurs, de nombreux homosexuels dans ses rangs) que par une extrême gauche en cheville avec les islamistes. Pas plus tard que cette semaine, on découvrait ainsi la position assez peu LGBT-friendly d’une certaine Amal Bentounsi, candidate LFI dans la sixième circonscription de Seine-et-Marne. « On ne peut pas en vouloir à un croyant d’être homophobe si sa religion l’est », avait-elle écrit sur Facebook, il y a quelques années.

Voilà le genre de candidats que Corinne Masiero appelle les « non-binaires » à soutenir sans réserve. « On va voter Nouveau Front populaire. On réfléchit pas ! On y va, c’est tout. Point barre ! » Devant tant d’incohérence, on s’interroge : ignorance ou bêtise ? Les deux, mon capitaine !

Par Jean Kast le 23 juin 2024

Boulevard Voltaire

mercredi 20 mars 2024

Y’a pas moyen Aya!



Elle avance en majesté, toute drapée de tricolore. Elle fait vibrer les cœurs et les âmes sur cette place de la Concorde où la foule s’est pressée pour célébrer son Histoire et sa gloire. Elle est noire, elle n’est même pas française et pourtant, ce soir, cette nuit, pour l’éternité, c’est elle qui incarne la France avec éclat, élégance et panache. Le 14 juillet 1989, la chanteuse d’opéra américaine, Jessye Norman, clôture par une Marseillaise théâtrale, l’extraordinaire défilé-spectacle organisé pour le bicentenaire de la Révolution.

Jessye Norman est l’anti Aya Nakamura !

Fin février 2024, la presse révélait le souhait du président de la République de voir Aya Nakamura chanter Edith Piaf le temps de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris. Depuis cette annonce, la polémique ne cesse d’enfler et met en opposition deux visions de la France, de la chanson française, de notre langue et de notre culture.

Aya Nakamura – de son vrai nom Aya Danioko – est née à Bamako au Mali en 1995. Elle a immigré en France lorsqu’elle était enfant et a été naturalisée française en mai 2021. Incontestablement, elle est devenue en l’espace de quelques années l’une des artistes francophones les plus écoutées dans le monde.

Mais représente-t-elle la France pour autant ? Je ne le crois pas.

Que chacun prenne le temps d’écouter ou de lire et, dans la mesure du possible, de comprendre les paroles d’Aya Nakamura. Entre argot de banlieue, dialectes étrangers et mots inventés, nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent aucunement dans cette nouvelle ère musicale et qui refusent, à raison, d’en faire partie.

Il ne s’agit pas de juger et de condamner son style et ses choix musicaux qui, après tout, n’engagent que les amateurs et les spectateurs. Aya Nakamura a bien évidemment le droit de gagner sa vie et de mener sa carrière comme elle l’entend, à l’instar des Bratisla Boys et de l’invraisemblable « Stach Stach » en 2002.

Le problème réside dans le symbole et le message politique qui accompagnent cette sélection pour représenter la France à l’ouverture de ses Jeux.

Aya Nakamura n’est pas seulement une « artiste ». Elle a été érigée en modèle par une partie de la nouvelle génération que j’ose qualifier d’apatride. Pour les pourfendeurs de la France, elle est l’ambassadrice de la lutte intersectionnelle par excellence, en tant que « femme noire revendicatrice », qui occupe désormais l’espace médiatique.

Sans jeter l’opprobre (et pas l’eau propre[1]) sur le profil et le parcours d’Aya Nakamura, chacun devrait avoir le droit d’émettre une critique et un doute sur la pertinence du caprice macroniste sans être qualifié de « raciste ».

Aya Nakamura ne serait ni la première ni la dernière artiste d’origine étrangère à représenter la France. Mais quelle légitimité lui accorder tant elle maltraite avec boulimie notre langue et notre culture ?

Dans une interview accordée à l’émission bobo-gaucho Quotidien le 12 mars dernier, la chanteuse expliquait qu’il y a « beaucoup de chansons d’amour, parce que j’aime l’amour ». On ose à peine imaginer à quoi ressembleraient ses morceaux si elle parlait de la guerre… Avant d’ajouter qu’un « tas de personnes parlent comme moi ». Le public acquiesce. Peut-être qu’il est là, le vrai problème.  

Pourquoi devrait-on s’infliger de mettre en avant une apôtre de la décadence linguistique et culturelle ? Pourquoi les Français devraient-ils accepter d’être représentés par une femme qui fait l’éloge de la vulgarité ?

Plus inquiétant encore, certains ministres se prêtent au jeu de la médiocrité. L’inénarrable Amélie Oudéa-Castera n’a pas raté l’occasion d’enfiler une nouvelle perle à son collier en chantant sa passion pour Aya. Interrogée sur la polémique au Sénat le 13 mars, la ministre de la culture, Rachida Dati, déplorait, elle, des « prétextes pour s’attaquer à quelqu’un par pur racisme ».

Notons qu’il y a quelques semaines, la ministre participait fièrement à l’émission DVM Show qui invite régulièrement le rappeur antisémite Freeze Corleone, actuellement sous le coup d’une enquête pour apologie du terrorisme.

En plus de ses chansons, Aya Nakamura enchaîne aussi sur ses réseaux sociaux les publications offensives et provocatrices, truffées de fautes d’orthographe. Quand on sait que près d’un élève sur trois ne sait pas lire correctement à l’entrée de la sixième, c’est un drame que d’encourager les jeunes à se convertir au « nakamurisme ». Dans l’une de ses saillies numériques, la chanteuse ose même la comparaison avec Edith Piaf qui se serait « réincarnée » en elle. 

La montgolfière est sur orbite !

Oui, la culture du vide s’est substituée à la culture tout court. Cette nouvelle génération n’aura pas eu la chance de grandir avec Mylène Farmer ou avec Dalida. Pour autant, ils sont nombreux encore à rejeter la folie déconstructrice en s’attachant à préserver notre héritage culturel.

Comme déclarait l’amiral Philippe de Gaulle le 1er novembre 2003 : « Il ne faut pas se laisser aller au déclin ». Précisément, plus de vingt ans après, il faut le combattre.

Par Julien Odoul, Député RN de l'Yonne, le 15 mars 2024

Causeur

dimanche 14 janvier 2024

Rachida Dati au sein du gouvernement Attal: Paris vaut bien une messe républicaine


« Tout ça pour ça ! » ne manqueront sans doute pas, et non sans raison peut-être aussi, de dire les détracteurs de la macronie et, en particulier, de son tout nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, à l’occasion de la formation de son premier gouvernement.

Et, de fait, quatre des principaux ministres, des « poids lourds » manifestement indéboulonnables, à la tête d’importants ministères au sein du précédent gouvernement, celui d’Elisabeth Borne, sont restés, occupant exactement les mêmes fonctions, dans celui, fraîchement nommé depuis ce 11 janvier 2024, de Gabriel Attal : Gérald Darmanin à l’Intérieur, Bruno Le Maire à l’Economie et aux Finances, Eric Dupond-Moretti à la Justice et Sébastien Lecornu à la Défense.

Quant à trois des « entrants » au sein de non moins importants ministères, Stéphane Séjourné aux Affaires Etrangères (et à l’Europe), Amélie Oudéa-Castéra à l’Éducation Nationale (et aux Sports) et Catherine Vautrin au Travail, à la Santé et aux Solidarités, c’est peu dire qu’ils sont d’illustres inconnus, par-delà leurs compétences, supposées ou avérées qu’elles soient, par le grand public, celui-là même qui détient, comme en tout système démocratique digne de ce nom, le vote national et populaire.

Championne de tennis et star médiatique

Du reste, je ne savais pas qu’une ancienne joueuse de tennis, pour talentueuse qu’elle fût dans son domaine de prédilection et comme l’est effectivement la toute nouvelle ministre de l’Éducation Nationale, pouvait considérer ses médailles, coupes et autres breloques, comme autant de gages de savoir intellectuel pour présider au destin, précieux entre tous, de l’enseignement au sein de l’école française !

Mais, voilà, dans ce tout nouveau casting ministériel, qu’il soit critiquable ou pas, il y a surtout la surprise du chef, Emmanuel Macron en personne, deux fois démocratiquement élu, fût-ce par défaut en ce qui concerne la seconde, à la tête de la République française : la nomination de Rachida Dati, star médiatique par son incontestable sens de la repartie politique, à l’éminent poste de Ministre de la Culture !

Du reste, je ne savais pas, là non plus, qu’une magistrate de profession et ancienne avocate, Ministre de la Justice (sous la présidence, en 2007, de Nicolas Sarkozy) avant d’être l’actuelle Maire de l’un des arrondissements (le VIIe) les plus élégants de Paris, pouvait honnêtement croire que ses indéniables connaissances, en matière de droit juridique ou de code pénal, pussent être synonymes, là aussi, de compétences dans la maîtrise de dossiers plus spécifiquement culturels.

Je ne sache pas, de fait, que, par exemple, la maîtrise de procédures judiciaires, quelles qu’elles soient et aussi respectables soient-elles, puisse être perçue a priori comme la garantie d’un savoir, même s’il n’est certes pas exclu en l’occurrence, quant à la correcte et profonde compréhension d’un texte de Descartes, de Chateaubriand ou de Robbe-Grillet, d’un tableau de Soulages ou d’une sculpture de Duchamp, d’une partition de Messiaen, de Duruflé ou de Boulez, ou d’un film de Godard, Renais ou Rohmer, pour ne s’en tenir ici, sans même vouloir forcer le trait, qu’à quelques-uns des noms les plus célèbres au sein de la culture (littérature, philosophie, art, cinéma…) française !

Paris vaut bien une messe républicaine

D’où, nécessaire, cette question ! Quel ultime mais autoritaire argument a donc bien pu convaincre Gabriel Attal, et son incontournable mentor surtout, Emmanuel Macron, pour nommer à ce prestigieux poste de ministre de la Culture, précisément, une femme politique qui, il n’y a guère si longtemps encore, en juin 2021, ne se privait pas de traiter publiquement de « traîtres », en direct sur les plateaux de télévision les plus courus de la capitale, ceux qui abandonnèrent leur camp, de gauche ou de droite qu’ils fussent, pour rejoindre le parti, « La République en Marche » à l’époque, de ce même président ?

Je n’y vois pour ma modeste part, chez cette femme venue de la droite républicaine, sous l’égide de Nicolas Sarkozy lui-même, qu’une incompressible ambition politique : celle-là même qui fit dire jadis au très opportuniste mais surtout futur roi Henri IV, protestant à l’origine, que, pour accéder au sommet du pouvoir au sein de la très catholique monarchie de droit divin, « Paris valait bien une messe ! »

Du reste, c’est bien la mairie de Paris, ici aussi, que Rachida Dati, dont l’opportunisme politique n’a jamais été un mystère pour les plus avisés des observateurs de la vie politique française, ambitionne véritablement, en dernière analyse, à travers cette légitimité, sinon crédibilité, qu’est censée lui conférer, désormais, cet enviable et tout nouveau poste, précisément, de ministre de la Culture…

Une redoutable maîtresse en punchlines

Et puis, qu’à cela ne tienne : cette femme fortement engagée et au caractère bien trempé, au franc parler aussi bien qu’à l’inépuisable logorrhée, qu’est la très énergique Rachida Dati, redoutable maîtresse en matière de punchline, phrases chocs et autres débats assassins (c’est peut-être là, paradoxalement, sa plus grande qualité professionnelle), ne peut certes être pire, dans cette fonction quasi régalienne, que l’inexistante, plus encore qu’inconsistante, Rima Abdul-Malak, dont on s’est par ailleurs toujours demandé ce qu’elle faisait, à ce poste, jusqu’à hier encore !

Le couple Attal-Dati : calcul idéologique et ravalement de façade du dispositif anti-RN

Morale, toute en finesse et nuances, de l’histoire ? C’est un véritable quoique artificiel, certes démagogique mais néanmoins habile, dispositif anti Rassemblement national, par l’intermédiaire de ce séduisant couple Attal-Dati, qu’Emmanuel Macron, dont on ne peut à l’évidence contester l’ingéniosité du sens politique, a ainsi mis efficacement (du moins en théorie) en place, avec un gouvernement à la sensibilité majoritairement de « droite » (si tant est que ce clivage idéologique « gauche/droite » ait encore une quelconque pertinence conceptuelle aujourd’hui), afin de battre en définitive, espère-t-il légitimement, ses deux leaders, Jordan Bardella et Marine Le Pen, lors des prochaines élections européennes, en cette année 2024, et surtout, en 2027, lors des très attendues élections présidentielles françaises ! 

Reste à savoir, bien évidemment, si ce calcul politique – car ce nouveau gouvernement est, c’est là le seul quoique important changement, dans la réalité des faits, à ce sujet, de nature essentiellement politique, et non plus seulement technocratique, par-delà son adroit, audacieux sinon téméraire, ravalement de façade – parviendra à ses fins…

L’exclusion de Rachida Dati des « Républicains » : une monumentale erreur politique

Dernier point, enfin : il est fort à parier, sans prendre le risque de trop se tromper, que « Les Républicains » eux-mêmes, par la voix de leur président, Eric Ciotti, regretteront bientôt amèrement d’avoir exclu aussi précipitamment de leurs rangs, pourtant déjà bien affaiblis tant ils sont disséminés depuis un certain temps, cette même Rachida Dati quelques minutes, à peine, après sa fracassante intronisation à la tête de ce sacro-saint ministère de la Culture.

L’erreur politique est monumentale : ce parti, déjà moribond, va ainsi, par cette énième mais cruciale défection, probablement imploser de manière décisive.

De Gaulle et son ministre de la Culture, André Malraux : une autre étoffe intellectuelle !

Le général de Gaulle doit se retourner aujourd’hui, face à cette désolante parodie de la Comédie humaine, dans son historique tombe… A propos, n’est-ce pas lui justement, le premier président de la Ve République, qui, le 8 janvier 1959 pour l’exactitude, il y a donc 65 ans presque jour pour jour, nomma un certain André Malraux, intellectuel majeur de la seconde moitié du XXe siècle et mémorable auteur d’une richissime œuvre littéraire, Ministre, lui aussi, de la Culture ?

Cet immense esprit repose, du reste, aujourd’hui en paix, depuis le 23 novembre 1996, au Panthéon, laïque sanctuaire sur le fronton duquel est inscrit en lettres majuscules que la « patrie reconnaissante » rend ainsi solennellement, et méritoirement, hommage aux « grands hommes ». C’est dire si Malraux, notable incarnation de la culture en sa plus haute et noble expression, pouvait se prévaloir, en effet, d’une autre étoffe spirituelle, sinon dimension philosophique !

Par Daniel Salvatore Schiffer le 12 janvier 2024

Causeur

lundi 8 janvier 2024

Mon pote le dealer



C’est dans ce but que demain soir, mardi 9 janvier, la mairie verte convie les Grenoblois à un spectacle vivant d’un genre nouveau « entre théâtre et récit conté, lissé de mots et de musique » joyeusement intitulé : « Les copains d’en bas ». Sur le site de la Ville de Grenoble, la municipalité a ajouté un bandeau sous l’affiche qui annonce le show. Y est posée cette étonnante question : « Comment vivre au quotidien à proximité d’un point de deal ? » Voici donc les Grenoblois invités à cohabiter avec les dealers. C’est fichtrement malin ! Que n’y avions-nous pas déjà pensé ! Sympathise avec le dealer qui pourrit ta vie et ta cage d’escalier tout comme tu as déjà sympathisé avec les punaises de lit et les surmulots ; ta vie en sera changée. Les épreuves de Kho-Lanta, c’est du pipi de chat à côté de celles qu’exige le vivre-ensemble tel qu’il va falloir le pratiquer à Grenoble. 

Sus à la peau de phoque, aux piolets et autres crampons.

Suivi d’un temps d’échange

Depuis quelques jours déjà, des affiches aux couleurs criardes, racoleuses et bariolées, ont été généreusement placardées sur les façades des immeubles du quartier Chorier- Berriat. Il ne s’agirait pas de rater cette représentation qu’on attend avec impatience. Ce spectacle bien rôdé n’a pourtant rien d’inédit. Créé en 2018 par la Compagnie Artiflette, il a déjà été représenté dans plusieurs communes de France. 

Suivi « d’un temps d’échange » invitant à « mieux se connaître pour mieux vivre ensemble », cette manifestation se veut didactique et vise à promouvoir « l’insertion sociale », « l’interculturalité » et « le bonheur de vivre dans les quartiers ». C’est pour partager une expérience choisie et comme il se doit enrichissante, qu’Ignace Fabiani et Claire Devienne ont co-écrit cette pièce dont ils sont aussi les acteurs. Ils campent Ben et Charlotte, aventuriers des temps modernes, qui ont décidé, de leur propre chef, d’aller expérimenter la mixité sociale dans une cité HLM. On voit nos audacieux conquérants se frotter alors, en vrai, à l’altérité. 

Que de belles rencontres ! D’après le dossier de présentation du spectacle, on fait connaissance avec « Assia, la voisine marocaine qui apporte à nos bobos des couscous fumants, Bachir, l’épicier d’en face qui leur fait crédit, Casquette et Barbichette des jeunes qui s’installent dans leur cage d’escalier, Kenny, une maman Malgache pleine de rêves, Djamel, le rappeur, Idriss, un éducateur épris de liberté et de justice avec qui ils vont collaborer… » Pas un ne manque, ils sont tous là ! 

« Jour après jour, entre doutes et convictions profondes, Ben et Charlotte sont ballottés entre magnifiques moments porteurs de sens et l’immersion de la violence dans le quotidien de la cité », est-il précisé. Fichtre ! j’en ai la larme à l’œil. « Le récit de ces rencontres dessine une vérité autre que celle souvent entendue dans les médias. », conclut le descriptif. Pour le coup, on n’en doute pas une seconde.

Si la mairie d’Éric Piolle n’avait pas ainsi audacieusement sous-titré l’affiche du spectacle, cette représentation de la Compagnie Artiflette, dévolue à l’habituelle propagande pour le vivre-ensemble, serait passée sous les radars. Mais, quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que le show, véritable couteau suisse qui sévit déjà dans les collèges et les lycées, peut servir idéalement les desseins inclusifs d’Éric Piolle ; ce qui justifie largement ce choix.  Il « permet aux élèves de découvrir certaines réalités méconnues concernant la vie dans les quartiers dits « difficiles »(…) d’élargir les horizons desdits élèves, de rentrer dans la complexité des situations, de changer de regard (…) » Cette prestation à visée hautement édificatrice est aussi couramment proposée comme « support pour des ateliers de médiation culturelle » et peut en servir d’autres « sur des thématiques liées au spectacle, à la déconstruction des stéréotypes et des préjugés, à  la découverte de l’altérité. » 

Dans le cochon, tout est bon.

Des agneaux méprisés

Notons que la démarche s’inscrit, pour la municipalité, dans le cadre d’une farouche volonté d’éradiquer les nuisances générées par le trafic de drogue. Sur les réseaux sociaux de la ville, le maire-pastèque avait déjà diffusé deux très courts-métrages montrant les conséquences du deal pour les habitants voisins d’un point de vente. Il s’agissait alors de dissuader de consommer des substances illicites. L’édile, qui cherche décidément à explorer tous les possibles, propose maintenant, par le truchement d’une réflexion fructueuse qu’initierait la représentation du spectacle de la Cie Artiflette, à instaurer une cohabitation harmonieuse des Grenoblois avec les dealers. 

Tout se tente. Du reste, Claire Devienne, pendant la tournée de la pièce dans le Var, en janvier 2023, avait déjà expliqué qu’en tout dealer, il y a aussi un homme. « Le plus grand dealer est aussi un grand frère, mais les difficultés de la vie l’ont parfois enfermé dans des mécanismes qui le poussent à être violent. » L’écrivain Christian Bobin s’est, lui aussi, exprimé à propos de la pièce : « J’ai lu ce texte sur les gens dans l’entrée de l’immeuble et j’ai beaucoup aimé. On dirait que parfois – les tigres ne sont que des agneaux qu’on a maltraités et méprisés. »

En attendant, la démarche d’Éric Piolle ne fait pas l’unanimité dans une ville où les habitants sont terrorisés par des bandes qui tiennent le trafic de stupéfiants et règlent leurs comptes à coup de rafales de Kalachnikov : sur X, les réactions indignées se sont multipliées.  

Face à la drogue, les Grenoblois espèrent une réponse autre que l’administration d’une cuillérée de sirupeux vivre-ensemble. Ce, d’autant plus que les élus rouges/verts rechignent à importuner les dealers installés dans les logements sociaux d’ACTIS et de Grenoble-Habitat. La mairie refuse en effet de contrôler les attributions… alors qu’elle est à la tête de ces deux bailleurs. C’est en vain que, depuis le début du mandat écologiste, l’opposition demande un contrôle strict et une expulsion des dealers condamnés pour éviter qu’ils ne transforment des quartiers entiers en zone de non-droit. En attendant, la représentation des Copains d’en bas a lieu demain. 

En présence d’Éric Piolle.

Par Isabelle Larmat le 8 janvier 2024

Causeur