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vendredi 15 mars 2024

Macron face aux Français : demain, la guerre ?



« Le Président va rendre compte de la situation de manière pédagogique », rapportait la presse, ce jeudi matin. Les Français ne sont pas des enfants, mais bon… En tout cas, il était grand temps qu’Emmanuel Macron s’adresse directement aux Français après ses saillies va-t-en-guerre des dernières semaines et après que le Parlement a débattu et s’est prononcé, cette semaine, sur l’accord bilatéral de sécurité signé récemment entre la France et l’Ukraine. Grand temps, d’autant que les deux tiers (68 %) de nos compatriotes considèrent que le chef de l’État a eu tort de prendre des positions ressenties comme bellicistes, selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting réalisé fin février pour Le Figaro.

Des propos qui ont « créé une forme de peur », soulignait un député Renaissance, selon La Nouvelle République, qui ajoutait : « Il faut rassurer, dire qu’on fait tout pour éviter la guerre, que la France use toujours de la voie diplomatique et qu’il ne faut jamais abandonner l’Ukraine. » Alors, ce jeudi soir, interviewé par Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau, Emmanuel Macron a donc voulu faire de la pédagogie. Tout du moins au début de son interview. « Vous êtes assis devant moi. Est-ce que vous êtes debout ? Non. Est-ce que vous excluez de vous lever, à la fin de votre interview ? À coup sûr vous n’allez pas l’exclure. » Référence à ses récents propos selon lesquels il n’excluait pas d’envoyer des troupes au sol en Ukraine. La comparaison est un peu boiteuse, mais le Président semble content de sa trouvaille. A-t-il rassuré les Français ? Sans doute pas. A-t-il convaincu que la France use toujours de la voie diplomatique ? Encore moins. Qu’il ne faut jamais abandonner l’Ukraine ? Oui, sur ce point, le message a été clair.

Macron n’a pas rassuré.

Tout d’abord sur la situation tactique sur le terrain, là-bas, sur la ligne de front : « La situation est difficile », reconnaît le Président. « Une litote », lui répond Gilles Bouleau. Traduire : la situation tactique est mauvaise pour les Ukrainiens. Mais Macron va plus loin en rappelant que « la guerre est sur le sol européen », que « ce n’est pas une fiction loin de nous ». C’est une évidence que les Français savent mais ne veulent sans doute pas croire, il faut bien l'avouer. Et donc, Macron n’a pas voulu rassurer en affirmant que c’est la sécurité de l’Europe, de la France et des Français qui se joue là-bas. « Guerre existentielle pour la France et l’Europe », dit-il carrément. Sur l’envoi de soldats français en Ukraine, a-t-il rassuré ? Non plus. « J’ai peut-être raison de ne pas être précis. » 

C’est la fameuse « ambiguïté stratégique ». On n’en saura pas plus. Pourtant, Le Monde révélait, ce 14 mars, que Macron, le 21 février dernier, dans un salon de l’Élysée, aurait déclaré « d’un air dégagé » : « De toute façon, dans l’année qui vient, je vais devoir envoyer des mecs à Odessa. » Propos que dément formellement le Palais, ce même 14 mars. Ambiguïté stratégique.

« Nous sommes prêts », assène-t-il...

Rassurer sur le fait que « les choses bougent » en tentant de faire oublier le cinglant désaveu qu’il a reçu de la part des alliés après ses propos lors de la conférence de soutien à l’Ukraine, le 27 février dernier. On verra cela après qu’il aura rencontré Scholz, ce 15 mars. Macron a voulu rassurer quant à nos capacités militaires. Nous avons un « modèle d’armée complet », se plaît-il à rappeler. Un modèle que les esprits chagrins qualifient d’« échantillonnaire »... Et le chef des armées d'évoquer notre récent engagement au Sahel pour prouver notre capacité opérationnelle. Bouleau a beau rétorquer que ce n'était pas tout à fait le même genre d’ennemi et de guerre que celle qui est menée en Ukraine, Macron balaie l’argument d’un revers de manche. « Nous sommes prêts », assène-t-il. La France produit moins de cent obus par jour, ce que consomment les Ukrainiens en quelques minutes ? On va chercher partout dans le monde des munitions et accélérer les cadences. Tout ça coûte cher. 4,8 milliards ont déjà été donnés à l’Ukraine. 3 de plus sont prévus. Va-t-il falloir emprunter sur les marchés internationaux ? Ne pas l’exclure. Et de rappeler ce que l’on a fait durant le Covid (« Quoiqu'il en coûte » ?) pour tenir le pays à flot. Donc, se préparer à ce que la France s’enfonce un peu plus dans la spirale infernale de l’endettement.

Et la diplomatie, dans tout ça ? « Je suis disposé à mener les discussions », affirme Macron. Ce n’est sans doute pas lui qui les mènera, ces discussions, le jour où elles viendront... « Mais en face quand on ne dit pas la vérité… », ajoute-t-il. 

En clair, le temps où la France se positionnait comme une grande nation diplomatique est révolu.

Par Georges Michel le 14 mars 2024

Boulevard Voltaire

mardi 5 mars 2024

Européennes : EELV enjoint la gauche à boycotter les débats sur CNews



Mais pour qui se prend-elle ? Toujours plus discréditée dans l’opinion, l’extrême gauche continue de se rêver en boussole intellectuelle de notre société. Elle débite ses théories farfelues avec un aplomb déconcertant, assomme ses adversaires de ses jugements moraux, excommunie les mal-pensants… Comme dans les années 1970, où ses intellectuels faisaient encore la pluie et le beau temps. Ce temps-là est révolu, mais en attendant de s’en apercevoir, l’extrême gauche se croit toujours autorisée à faire sa loi.

L’extrême gauche en arbitre des élégances

Dernier exemple en date de cette fâcheuse habitude : la tentative de la tête de liste EELV aux prochaines élections européennes, une certaine Marie Toussaint, d’édicter les règles du débat. L’illustre inconnue vient ainsi d’adresser un courrier à Manon Aubry et Raphaël Glucksmann, candidats respectifs de La France insoumise et du Parti socialiste, les enjoignant eux aussi, à « opposer un refus ferme » à l’invitation de CNews pour un débat prévu le 30 mai prochain . « Nous autres, responsables politiques de gauche, avons le devoir de refuser de participer à l’effort de trumpisation de l’espace médiatique », leur écrit l’écologiste du haut de son magistère moral.

Dans cette lettre, consultée par L’Obs, Marie Toussaint accuse la chaîne d’être une « copie française de Fox News », dont « la dérive a atteint un point de non-retour ». Elle considère de plus que l’organisation d’un débat par CNews « ne constitue rien de plus qu’une acrobatique tentative de rééquilibrage des temps de parole des médias du groupe Bolloré, à l’heure où la fréquence TNT de CNews est remise en question par l’Arcom », l’autorité de régulation de l’audiovisuel.

 

Sur X (ex-Twitter), l’eurodéputée a partagé un courrier adressé fin février à Vincent Bolloré et Serge Nedjar, dirigeant de CNews. Elle y fait la liste des torts reprochés à la chaine, notamment « un manque criant de pluralisme ». Elle indique par ailleurs avoir été profondément choquée par l’émission En quête d’esprit dans laquelle une infographie présentait l’avortement comme une des principales causes de mortalité dans le monde. « Votre chaîne n’est désormais qu’une simple officine de propagande au service d’un combat civilisationnel (…) Je répondrai à tous les médias respectueux de la déontologie de leur profession. Votre antenne n’entre malheureusement plus dans cette catégorie », poursuit-elle. En résumé, Marie Toussaint reproche à CNews un manque de pluralisme, tout en interdisant le pluralisme des opinions sur la question de l’IVG. Logique.

L’indécence et la bêtise

On ne soulignera jamais assez la médiocrité intellectuelle de ces radicaux verts. Croient-ils vraiment que leurs idées et propositions navrantes manqueront au débat ? Il y a fort à parier que leur boycott puéril des plateaux de CNews ne fera du tort qu’à eux… Alors, tant mieux.

On pourrait même penser que leur mise en retrait, sur CNews et partout ailleurs, devrait aller de soi. À l’heure où les normes environnementales délirantes qu’ils ont imposées au niveau européen causent la détresse de tant de nos agriculteurs, les écolos seraient bien inspirés, en effet, de raser les murs. Au lieu de cela, hélas, ils se croient encore fondés à éructer et à censurer. La décence n’a jamais été leur fort. 

L’extrême gauche a touché le fond, mais elle creuse encore.

Par Jean Kast le 5 mars 2024

Boulevard Voltaire

mercredi 21 février 2024

Sus à CNews : maintenant, Laurence Ferrari



Comme tout est bon dans le cochon, tout est bon pour dézinguer CNews. Après les injonctions, les admonestations, les condamnations, voire damnations, voici venu le temps des déceptions et des insinuations. Plus malin, plus pervers, peut-être aussi.

Laurence Ferrari, « contaminée »...

Ainsi, Hapsatou Sy, collègue de plateau de Laurence Ferrari durant quatre ans dans l’émission Le Grand 8 sur C8, interrogée par Télérama, qui consacre un long article au cas CNews, déclare : « Je ne la reconnais pas. Elle a été contaminée par le virus CNews. Je préfère garder le souvenir d’une femme qui se positionnait en faveur de l’anti-FN, l’antiracisme, qui n’aurait jamais adhéré à cette ligne éditoriale. » Donc, c’est parti, on y va, on va jouer sur la corde sensible en évoquant le bon vieux temps, lorsqu’on était les meilleures copines du monde. Ferrari ferait presque pitié : elle a été « contaminée », donc, ce n’est pas tout à fait de sa faute, à cette pauvre Lolo, c’est presque une victime, vous comprenez. 

Autant dire que CNews lave les cerveaux. Il faudrait peut-être voir à ce que le Parlement se saisisse de l’affaire, crée une commission d’enquête sur les dérives sectaires de CNews. Les auditions d’Olivier Dartigolles et Karim Zéribi, hommes de gauche, comparses réguliers de Laurence Ferrari dans son émission Punchline, seront particulièrement intéressantes. Mais on trouvera bien un spécialiste, oscillant entre la psychologie à deux balles et la sociologie de bazar, pour expliquer qu’on est là, typiquement, dans un cas école de manipulation et d’instrumentalisation, etc.

Même Michel Drucker ne comprend pas !

Donc, on ne reconnaît plus Laurence Ferrari. Pour les besoins de la cause, Télérama est même allé chercher le pape de la télé française, Michel Drucker, histoire de voir s'il n'avait pas une bulle d'excommunication sous la main. Que dit-il, bien assis au fond de son canapé ? « C’est une énigme, aujourd’hui. J’ai le souvenir de quelqu’un de doux, ne se mettant pas en avant. » Une gentille fille, quoi ! Elle serait donc devenue méchante. Parce que le monde est simple, pour Michel Drucker, lorsqu’il le contemple du haut de ses Alpilles : il y a les gentils, ceux qu'il invite sur son plateau du dimanche après-midi (au fait, ça existe encore, cette émission ?), et les méchants, ceux qu'il n’invite pas. Par exemple, les membres de la tribu Le Pen. 

Mais ça, c’est une autre histoire… Donc, effectivement, Laurence Ferrari est une énigme : gentille ou méchante ?

Laurence Ferrari, une mercenaire

Une énigme ? Mais Hapsatou Sy l’a peut-être résolue, cette fichue énigme. « Elle a des factures à payer comme tout le monde, et c’est peut-être ce qui la maintient là. » On passe donc aux insinuations. Rien de tel que les rosseries, du genre « Vous voyez ce que je veux dire », jetées, l'air de rien, comme ça, au virage de la conversation, par l'ancienne bonne copine. En fait, Laurence Ferrari est une mercenaire. Elle reste à CNews pour la gamelle. Parce qu’ailleurs, soit dit en passant, on est bien d’accord, personne ne reste là où il est parce qu’il a des factures à payer. Non, non, du tout.

Laurence Ferrari voit les choses en face

Réponse de Laurence Ferrari : « Je suis alignée avec moi-même, ce que je pense et mes années d’expérience. Je mène ma barque comme je l’entends. » Et lorsqu’on se souvient de la question posée par Laurence Ferrari à Emmanuel Macron, lors de sa conférence de presse de janvier, on comprend ce que ses mots veulent dire. Une question, longue d’une minute vingt, qui a passablement agacé le président de la République, tant par le fond que par la forme. Extrait : « Vous voulez qu’ils [les élèves dans les écoles] chantent la Marseillaise, pratiquement un jeune sur deux ne sait pas situer la Révolution française. 48 % des professeurs se sentent censurés lorsqu’ils enseignent l’Histoire… », etc. 

Tout cela dit sur un ton très calme, avec sérénité. Et il fallait le faire devant une salle compassée, avec un Président arrogant, se prenant pour de Gaulle, là-haut, sur son estrade. Alors, Laurence Ferrari n’est peut-être pas douce – quoique ! -, mais elle est courageuse : elle voit les choses en face. C’est pas mal, ça, par les temps qui courent, non ?

Par Georges Michel le 21 février 2024

Boulevard Voltaire


mercredi 14 février 2024

Il y a 40 ans, Jean-Marie Le Pen crevait l’écran à L’Heure de vérité…



C’était il y a quarante ans, le 13 février 1984, sur Antenne 2, qui ne s’appelait pas encore France 2. Les moins jeunes de nos lecteurs doivent encore s’en souvenir. Ce soir-là, un certain Jean-Marie Le Pen avait, pour la première fois de sa carrière, les honneurs de L’Heure de vérité, l’émission politique la plus prestigieuse de l’époque.

Et ce qui aurait pu n’être qu’un moment télévisuel anodin devient un coup de tonnerre médiatique. À l’époque, tout l’état-major du Front national tient dans un trois-pièces du 11, rue Bernoulli, dans le huitième arrondissement parisien. Dès le lendemain, ses deux malheureuses lignes téléphoniques sont au bord de l’implosion. On fait la queue pour adhérer. La province n’est pas en reste, malgré une implantation des plus modestes. Bref, une étoile est née.

Certes, le FN avait déjà commencé un début de percée électorale, à Aulnay-sous-Bois (93) ou Dreux (28). Pour les rares clampins qui connaissent le nom de Le Pen, son image renvoie à celle du reître avec bandeau sur l’œil, à l’élection présidentielle de 1974. Mais cette émission change définitivement la donne. Son public d’avant ? Celui de meetings aux rangs clairsemés, ne rassemblant que sympathisants radicaux de longue date acquis à sa cause. Mais là, c’est pour la première fois au grand public qu’il s’adresse.

Et puis, il y a les élections européennes

La preuve : quatre mois plus tard, le Front national recueille 10,95 % des voix aux élections européennes, talonnant ainsi le PCF (11,20 %). Bref, la vie politique ne sera plus jamais comme avant, le FN, avant de devenir RN, commençant à passer de jeune pousse à valeur sûre, d’opposition symbolique à force de gouvernement. Pour ce faire, il aura fallu quarante ans, mais tout aura symboliquement démarré ce jour-là.

Paradoxalement, et à revoir ce moment mythique, on constate, en revanche, qu’autre chose n’a pas changé depuis : l’obsession de ces journalistes à toujours vouloir tout ramener aux questions du racisme et de l’antisémitisme. Lors de cette Heure de vérité, Jean-Marie Le Pen doit donc rappeler que son nom était inscrit sur les monuments aux morts, alors que celui d’un Georges Marchais ne l’est que sur les fiches de paye des usines Messerschmitt, en Allemagne. Un demi-siècle plus tard, sa fille est encore tenue de se justifier de ces mêmes procès en sorcellerie.
Quant au mépris de classe, il est déjà là, lui aussi. Il suffit de voir le masque, à la fois mondain et suffisant, d’un Jean-Louis Servan-Schreiber, en costume sur mesure, tenter d’en tailler un à Jean-Marie Le Pen, dont le tailleur, lui, est manifestement un brin moins riche. D’où le renvoi du gandin dans ses cordes par le Menhir lui accordant que pour « élégant et feutré », son « inquisition politique » n’en est pas moins réelle.

Ce qui n’a pas changé non plus, c’est la clémence du microcosme politico-médiatique quant aux morts du communisme. La preuve par cette minute de silence improvisée, histoire de célébrer les victimes du goulag. Là, tout le monde est pris de court sur le plateau, comme elle le serait encore aujourd’hui ; et la séquence devient illico mythique.

Un visionnaire en matière d’immigration

Ce qui n’a pas davantage changé, c’est la clairvoyance de l’invité ; en matière migratoire, surtout. Jean-Marie Le Pen dénonce, avec quelques décennies d’avance, cette politique visant à importer de malheureux immigrés, histoire de tirer à la baisse le salaire des travailleurs français. Reconnaissons qu’en leur temps, Jean Jaurès et la CGT ne disaient pas autre chose. Mais le « petit plus » lepéniste consiste à évoquer l’explosion démographique du sud de l’Europe ; sujet désormais central du débat public.

Bref, ces propos tenus il y a quarante ans n’ont jamais été autant d’actualité. Et dans le registre de la clairvoyance, on peut encore se rapporter à ce débat plus récent l’ayant opposé, le 15 mars 2018, à Gérald Darmanin, alors ministre de l’Action et des Comptes publics.

Là encore, un Jean-Marie Le Pen visionnaire à propos de l’explosion migratoire à Mayotte, pour laquelle il entend déjà remettre en cause le droit du sol. Ce qui révulse, à l’époque, le jeune clone de Nicolas Sarkozy, alors que le même se targue maintenant de mettre en place semblable mesure dans cette île ultramarine.

À l’heure où ces lignes sont écrites, on peut mesurer le chemin parcouru en termes de lepénisation des esprits. Certes, on a souvent tort d’avoir raison trop tôt. Mais à force d’insister, on finit toujours par avoir raison, tout en espérant qu’il ne soit pas trop tard. Un jour viendra peut-être où les Français se rendront compte de tout ce qu’ils doivent, à leur corps défendant ou non, qu'ils l'aiment ou le détestent, à Jean-Marie Le Pen. Voilà qui ne serait que justice.

Par Nicolas Gauthier le 13 février 2024

Boulevard Voltaire