« Je suis un peu en colère, mes amis du métier sont très silencieux, je ne comprends pas pourquoi, on est là quand il s’agit de toutes les causes, et là, c’est comme le Bataclan, je suis sidéré du silence de mes camarades. » Interrogé, lundi soir, en marge du rassemblement en hommage aux victimes israéliennes, l’animateur Arthur, signataire d'une pétition pour la libération des otages, n’a pas caché son mécontentement et sa déception devant la pusillanimité des people.
Dans une story, dimanche, sur Instagram, ce dernier avait posté la photo d’une des familles massacrées par le Hamas, accompagnée de cette légende : « À mes amis artistes, comédiens, chanteurs, humoristes, sportifs. Regardez bien ces visages. Ceux d’une famille entière. Massacrée par ces terroristes barbares […] Ne restez pas silencieux, arrêtez d'avoir peur, il est temps de montrer votre humanité et votre soutien. Votre silence les tue une seconde fois ! »
Limiter l’indignation de celui qui se décrit comme « le Juif le plus vu à la télévision » à son lien avec la cause serait évidemment trop réducteur. Un rapide tour sur ses publications permet de confirmer que ce chevalier de la Légion d’honneur s’est tout autant ému pour la guerre en Ukraine, le tremblement de terre au Maroc ou à « cette barbarie que subit le peuple arménien ». On ne peut malheureusement pas en dire autant de tout le monde et certaines personnalités ne semblent pas si promptes à être « là quand il s’agit de toutes les causes ».
Le silence assourdissant de Mbappé, Omar Sy et Tchouaméni
Son confrère franco-marocain, Jamel Debbouze, n’avait pas non plus hésité à mettre sa notoriété au service de l’aide au Maroc au moment du séisme, mais là, à ce jour, c’est silence radio. On se souvient encore de l’émotion palpable de Kylian Mbappé dénonçant « une situation inacceptable » et adressant ses pensées à « la famille et les proches de Naël (sic), ce petit ange parti trop tôt ». Pas un mot pour ces autres petits anges israéliens décapités ce week-end ou brûlés vifs par ceux que LFI refusent de nommer terroristes, aucun égard pour Eitan, 12 ans et demi, enlevé en moto samedi.
Si l’on peut saluer le tweet d’Omar Sy à « la famille de Dorian Damelicourt. Fidèle à la devise "sauver ou périr" des pompiers parisiens, il est mort au feu. Honorons sa mémoire aussi dignement que son engagement était sans faille », aucun message, encore une fois, à ce jour, en revanche, de l'artiste en soutien aux victimes massacrées ni aux otages retenus. Pourtant, Omar Sy n’avait pas manqué de retweeter les posts des deux footballers internationaux Jules Koundé, qui revendiquait le droit de « s’exprimer sur des sujets de société » (en l’occurrence sur Nahel), ou d’Aurélien Tchouaméni, s’émouvant publiquement d'avoir « le cœur brisé » et que « Nahel aurait pu être son petit frère ». Inutile de préciser que ces deux sportifs n’ont rien écrit, non plus, sur la barbarie de l’opération Al-Aqsa.
Certes, il est regrettable que la dictature de l’émotion de notre ère du tout communication somme chacun de donner son avis et de s’indigner dans l’instantanéité de l'actualité et, surtout, de ne pas se taire. Car le silence est forcément coupable, au détriment même de la retenue et l'intériorité. Mais une fois ces limites posées, soulignons la bien-pensance de ces personnalités qui pleurent contre les violences policières mais, courageusement, ne mouftent pas pour Lola et Israël. On se demande bien pourquoi...
Par Iris Bridier le 12 octobre 2023