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mardi 26 septembre 2023

La régularisation des clandestins ou le blanchiment de la fraude



La nouvelle loi immigration proposée par Gérald Darmanin, la 30ème depuis 1981, prévoit, entre autres, la régularisation des clandestins qui travaillent dans les « métiers en tension » c’est-à-dire ceux où les employeurs déclarent ne pas pouvoir trouver en France des candidats pour leurs postes vacants. Divers métiers sont concernés, parmi lesquels notamment ceux du BTP, de la santé et de la restauration, cette liste ne prétendant pas à l’exhaustivité, tant s’en faut.

Mismatch et appel d’air permanent

Les partisans de la régularisation y voient un moyen d’intégrer des étrangers installés illégalement en France depuis parfois plusieurs années, tout en comblant « une pénurie de main-d’œuvre ». Dans un pays qui compte 2,8 millions de chômeurs de catégorie A donc sans aucune activité et 2,3 millions de chômeurs en catégorie B et C qui travaillent à mi-temps ou moins et qui disent vouloir travailler à plein temps, ce dernier argument a tout de même de quoi étonner. Cette situation invraisemblable de cohabitation entre un chômage encore très important et un prétendu « manque de main-d’œuvre » peut être dû, dans certains secteurs bien précis et pour certains postes, à des problèmes d’adéquation de formation ou d’expérience – ce que l’on nomme en économie le « mismatch ». Mais cette théorie ne marche pas pour quantités de postes peu qualifiés, où nous faisons face au refus de Français mais également à celui de nombreux étrangers légalement présents en France, de prendre les boulots disponibles.

Revenons à cette régularisation prévue par Gérald Darmanin qui fait beaucoup de bruit. Nous régularisons tous les ans en moyenne plus de 30 000 illégaux en France au titre de la circulaire Valls de 2012 dont plus personne ne parle. On hurle à l’« appel d’air » pour la mesure de Darmanin. Mais celle-ci n’est, au fond, qu’un complément ad hoc de ce qui se fait depuis des années, et qui constitue un appel d’air permanent. En effet, tous les migrants illégaux qui viennent chez nous la connaissent parfaitement et jouent la montre en attendant de pouvoir y prétendre.

Pour être éligible aux conditions prévues par la circulaire Valls et la proposition Darmanin, il faut travailler, alors que c’est illégal, sans visa de travail. Il faut donc trouver un patron qui va lui aussi faire quelque chose d’illégal, à savoir employer un étranger en situation irrégulière.

Mais les patrons n’étant pas trop bêtes et voulant pouvoir prétendre à la bonne foi en cas d’un rarissime contrôle URSSAF, ils se prêtent complaisamment à toutes les astuces déployées par les illégaux et par ceux qui les conseillent c’est-à-dire les fameuses « assos ». Voici un petit extrait d’une brochure du « Groupe d’Information et de Soutien des Immigré.e.s » (GISTI) : « Les personnes démunies d’autorisation de travail peuvent présenter à leur employeur ou employeuse potentielle des documents masquant leur situation réelle : titre de séjour périmé, document falsifié, faux document, mentionnant l’identité réelle de la personne ou une identité d’emprunt. Les employeurs soutiennent alors parfois avoir été abusés par le ou la salarié·e, bien que l’argument ne porte guère s’ils n’ont pas respecté leur obligation légale de faire procéder à une vérification par les services préfectoraux. » Il ne s’agit nullement ici d’accuser le GISTI, assos immigrationniste militante, d’incitation à enfreindre la loi. Mais cet extrait décrit très bien ce qui se passe.

Permis de frauder !

Alors disons clairement les choses : la régularisation « par le travail » des clandestins est une grande opération de blanchiment de la fraude. Celle des travailleurs en situation irrégulière et celle des employeurs. Mais le plus beau c’est que cette régularisation ne donne même pas lieu à une amende salée pour les fraudeurs !

Imagine-t-on régulariser des Français qui conduisent sans permis de conduire, au prétexte qu’ils n’ont point causé d’accidents pendant trois ou quatre ans, et qu’ils doivent travailler, faire leurs courses et amener leurs gosses à l’école ? Imagine-t-on régulariser des Français qui construisent illégalement une maison ou une extension sans permis de construire car ils ont besoin de se loger ou de s’agrandir ? Imagine-t-on régulariser l’auteur d’une thèse de doctorat dont on finit par découvrir qu’elle n’était qu’un vulgaire plagiat, au prétexte que son auteur est devenu enseignant-chercheur depuis cinq ans ? Imagine-t-on régulariser une personne qui exerce plusieurs années et sans accroc une activité règlementée (médecin, pharmacien, notaire, huissier, etc.) sans avoir les diplômes requis et en les falsifiant le cas échéant car il a une utilité sociale ? Imagine-t-on régulariser une personne gentille et travailleuse qui a juste usurpée une identité ou trafiqué des diplômes pour différentes raisons ?  Bien sûr que non.

Tout ce qui est décrit plus haut n’est tout simplement pas régularisable du tout. Et quand c’est le cas, il l’est au prix d’une lourde sanction financière. Pourtant, dans tous les exemples ci-dessus, les motivations pourraient être considérées comme tout à fait légitimes si l’on faisait preuve du même « humanisme » que celui dont on fait preuve à l’égard des étrangers sans papiers. La mobilité, la nécessité de se loger, montrer un diplôme indispensable qu’on n’a pas pu obtenir car on manquait de temps ou d’argent, etc. Dans toutes les activités illégales que commettent des centaines de milliers de gens chaque année, il y a souvent une motivation sociale humainement compréhensible. Et pourtant on ne « régularise » jamais. Bien au contraire, on sanctionne.

Mais cette intransigeance, gage de l’ordre social, ne vaut pas pour un Mamadou Ndiaye, commis de cuisine, qui se fait passer pour un Lamine Diop, à qui il a « emprunté » le titre de séjour, au moment de l’embauche, moyennant bien sûr rémunération pour le prêteur. Le patron n’y a vu que du feu ? « Ah ben, ils se ressemblent tous vous savez ! » Régularisé ! Pas non plus pour un Mohammed Bakri, manœuvre dans une petite boite du BTP, à qui il a fourni un titre de séjour grossièrement falsifié et que le patron n’a pas cru bon de vérifier auprès de la préfecture. « Ah, moi vous savez la paperasse c’est pas mon truc et puis j’ai fait confiance ». Régularisé ! Pas davantage pour une Ernestine Makumba, femme de ménage dans l’hôtellerie, employée depuis des années carrément sans papier par une petite boite d’intérim du nettoyage qui se fiche royalement des règles. Régularisée !

Totem d’immunité

Le fait de travailler devient un totem d’immunité. Comme si les centaines de milliers de gens qui chaque année commettent un délit sont exonérés de leur faute parce qu’ils travaillent.

Afin de faire passer la pilule on nous avance un argument fiscal censé nous rasséréner. « Ces gens paient des impôts ! ». Vraiment ? Les clandestins sont au SMIC ou à peine au-dessus. Ils ne paient donc aucun impôt sur le revenu car ils sont en dessous du seuil d’imposition. Ils ne sont quasiment jamais propriétaires donc ne paient aucune taxe foncière. « Ah mais ils paient des cotisations sociales ». Pas leurs patrons, car leurs bas salaires sont quasiment exonérés de charges patronales. Il ne reste que de modestes cotisations salariales. A bout d’arguments on nous dira qu’ils paient la TVA. Effectivement. Mais le petit dealer des quartiers nord de Marseille la paie aussi quand il va faire ses courses. Du coup, il faut lui foutre la paix ?

Et si encore nous avions une forme de donnant-donnant de la part du gouvernement, ça se réfléchirait. Donnant-donnant qui consisterait par exemple à purger le passé (régulariser ceux qui sont déjà là) mais à instaurer la règle de l’impossibilité de toute future régularisation de gens entrés ou restés clandestinement en France dans le cadre d’une loi organique extrêmement robuste. Il n’en est rien. Le « deal » est de passer un coup d’éponge sur « les métiers en tension » et de continuer à régulariser les clandestins au fil de l’eau avec la circulaire Valls.    

D’autant que ce petit manège qui dure depuis bien longtemps est bien rodé.  Une fois régularisés, ces travailleurs n’ont plus aucun intérêt à continuer à être payé au lance-pierre et à accepter des conditions de travail dégradées ; ils peuvent prétendre à des conditions nettement plus favorables. Les patrons adeptes du « docile et pas cher » n’y trouvent plus leur compte et les remplacent progressivement par des nouveaux illégaux. Vous connaissez le mouvement perpétuel de la montre suisse. Nous y sommes.  

On fait peu de cas de notre identité nationale

Attardons-nous maintenant sur l’argument économique de la régularisation. C’est bien de permettre à des restaurateurs, hôteliers, entrepreneurs du BTP et autres d’obtenir de la main-d’œuvre flexible et bon marché pour faire tourner leur affaire et nous fournir des services. Mais qui paie pour les dommages collatéraux de cet appel d’air migratoire permanent qui s’appellent ghettoïsation, communautarisme, radicalisation religieuse, déscolarisation, délinquance, etc. bref tous ces maux qui accablent notre pays au quotidien et depuis des décennies ? Pas ces employeurs, mais la collectivité.  

Alors au fond, l’intérêt supérieur de notre pays ne serait-il pas de préserver d’abord notre cohésion sociale et identitaire de notre pays au prix d’une baisse temporaire d’activité dans ces secteurs, le temps de trouver les outils pour mettre au boulot ceux qui y rechignent ?

En effet, avec son nombre encore impressionnant de demandeurs d’emploi, la France n’a aucun problème de quantité de main-d’œuvre disponible pour faire tourner son économie. Numériquement, elle a largement assez de bras et pour de nombreuses années. Elle a, en revanche, un problème à mettre au boulot des centaines de milliers de gens, « Gaulois » ou non, qui ont l’âge et la santé pour travailler mais qui vivent de l’assistanat ou du va-et-vient travail-chômage appelé « permittence ».  

Cette situation est tout aussi intenable que l’immigration clandestine et on ne peut pas simplement y répondre par « il faut payer plus ». Pour prendre un exemple simple, va-t-on payer une certes très utile aide-soignante mais qui fait 12 mois de formation sans exigence du BAC comme une enseignante qui, elle, doit avoir une formation de type BAC + 5 ? Va-t-on payer un serveur comme un ingénieur, un plombier comme un pilote de ligne, un chauffagiste comme un dentiste, etc. ? A un moment, il va falloir remettre l’église au milieu du village et faire en sorte que les gens qui ne veulent pas bosser ou qui ne consentent à bosser qu’à leurs conditions et seulement dans les métiers qui les attirent ne bénéficient plus de la solidarité nationale quand ils sont Français et d’un titre de quand ils sont étrangers.

Nous ne pouvons pas accepter de devenir l’Afrique car une partie de la France refuse de travailler.

Par Jean Messiha et Frédéric Amoudru (respectivement président et Directeur d'Etudes  de l'Institut Apollon) le 26 septembre 2023

Causeur


jeudi 10 novembre 2022

Métiers en tension : pourquoi l’immigration ?



La France est un pays formidable. Avec un taux de chômage de 7,4% de la population active selon l’INSEE, nous serions au plein-emploi voire au sur-emploi !

Une preuve ? Cette litanie d’entreprises de toutes tailles qui nous expliquent ne pas trouver de candidats pour les postes qu’elles proposent, sur une liste de métiers longue comme le bras. La DARES estime à 363 000 ces postes non-pourvus, chiffre finalement assez stable dans le temps depuis des années. D’où l’appel du patronat à régulariser des immigrés clandestins et à en laisser venir davantage.

Au fond, de quoi ce débat est-il le révélateur ? Il montre tout d’abord que le chômage n’est pas qu’un problème de croissance économique insuffisante. Il existe en effet nombre de sociétés qui ont un carnet de commandes suffisamment rempli pour recruter davantage et donc créer un surcroît de richesse.  

Cela concerne des métiers techniques, certains nécessitant une formation courte ou longue mais en tout cas pointue, d’autres requérant une formation plus légère comme les aides-soignants, camionneurs, livreurs, commis de cuisine, ouvriers du bâtiment, etc. Voilà pour l’offre d’emploi.

En face, nous avons une demande d’emploi s’élevant à 3,2 millions de chômeurs de catégorie A (c’est-à-dire qui ne travaillent pas du tout) auquel il faut ajouter environ 2,2 millions de personnes en catégorie B et C qui sont en sous-emploi (c’est-à-dire travaillant à un temps partiel imposé).

Ne nous leurrons pas : le chômage zéro n’existe pas. Pas même dans les pays les plus performants. Toujours est-il que nous sommes à des niveaux bien supérieurs à ceux correspondant au « plein emploi » au sens économique du terrme, qui s’étagent entre les 3,5% des Pays-Bas et les 5.5% de l’Allemagne.

Nous avons donc un taux de chômage d’environ 2% supérieur à ce qu’il devrait être pour que nous puissions nous déclarer en pénurie de main-d’œuvre globale, soit environ et théoriquement 600 000 personnes que l’on devrait mettre au travail avant de devoir recourir à de la main-d’œuvre qui n’est pas présente sur notre territoire.

Dès lors, comment expliquer ce fossé entre emplois non-pourvus et main-d’œuvre en surplus numérique ? Quatre explications principales permettent de répondre à cette question.

  • Des chômeurs trop longtemps éloignés de l’emploi qui n’arrivent plus à se réintégrer le marché du travail. C’est ce que la science économique appelle l’effet « travailleur découragé » ;
  • L’inadéquation entre la formation du demandeur d’emploi et les offres d’emplois, ce que la science économique appelle le « mismatch » entre l’offre et la demande sur le marché du travail ;
  • L’absence de mobilité des demandeurs d’emploi ;
  • Un manque de motivation pour le travail dans un contexte où les minimas sociaux et la débrouille permettent des revenus souvent proches des emplois les moins bien payés. Une juxtaposition et un mélange de fracassés de la vie que la solidarité nationale doit évidemment prendre à sa charge, de « bras cassés » et de « branleurs » que la nation doit aussi assumer, encore que pour ces derniers on se demande bien pourquoi et encore combien de temps.

Cette classification autoriserait a priori à penser que, notre pays ayant une strate de citoyens quasi inemployables, il faudrait, en conséquence, accroître le flux d’immigrés qui feraient les boulots que les Français ne veulent ou ne peuvent pas faire.

Le raisonnement pourrait à peu près tenir debout si nous étions en situation de plein-emploi pour la main-d’œuvre étrangère déjà présente sur notre sol. Mais nous en sommes loin. Très loin.

Car si les citoyens de l’Union européenne résidants chez nous ont un taux de chômage à peu près équivalent à celui des Français, il est de près du triple pour les étrangers hors-UE (majoritairement nord-africains et sub-sahariens). Chiffres de la fachosphère ? Du tout. C’est l’INSEE qui le dit.

Que nous enseigne ce chiffre ? Que les immigrationnistes, parmi lesquels figurent de nombreux patrons présentant depuis des décennies l’immigration comme utile pour le marché du travail et la consommation, nous ont purement et simplement trompés et abusés. Si nous avions effectivement eu besoin de tous ces gens, comme ils le prétendent depuis tant d’années, ils seraient en emploi avec un taux de chômage « frictionnel » de 3-5% et non pas de 20% et plus !

Mieux. Ce problème ne touche pas que les étrangers hors-UE mais également les immigrés de ces mêmes régions du monde devenus Français par naturalisation et en particulier par le droit du sol. Que nous racontent les pleureuses professionnelles de la précarité des « cités » ? Leur antienne est désormais célèbre à force d’avoir été ânonnée depuis si longtemps : « Ces pauvres jeunes n’ont pas de travail ! »

Et c’est plutôt vrai. Dans les 1 500 « Quartiers Prioritaires de la Ville », nom élégant pour décrire les territoires où le grand remplacement est très largement achevé et qui abritent 5,5 millions d’habitants, le taux d’emploi est déplorable. Non seulement les jeunes y sont 2,5 fois plus au chômage que les jeunes des territoires moins défrancisés, mais les femmes et les mères travaillent structurellement nettement moins que les femmes et mères « françaises nées françaises » ou les Européennes présentes en France. Ce dernier constat a des conséquences dramatiques, tant le travail à deux est essentiel dans les ménages enkystés dans des jobs mal rémunérés comme le sont souvent les immigrés extra-européens. Un seul SMIC, celui du père quand il vit encore dans le foyer, pour faire vivre une famille de 4, 5, 6 (et plus) personnes, c’est la précarité assurée et ce, malgré les aides sociales. Une famille monoparentale immigrée sans emploi vivant des minimas sociaux, c’est une catastrophe. Ces deux situations sont très largement répandues et ce ne sont certainement pas les travailleurs sociaux et les assos qui nous contrediront.

Pourquoi ces jeunes sont-ils autant dans la précarité officielle ? Nous précisons « officielle » parce que le trafic de drogue fait apparemment vivre, et assez bien, environ 230 000 personnes dans ces quartiers. Passons. Échec scolaire et « discriminations » : voilà les deux explications bêlées depuis des décennies.

La première, l’échec scolaire, est une réalité statistique qui d’ailleurs contribue à dégrader le niveau général moyen de notre éducation nationale. Quant aux discriminations, il s’agit d’un mélange de ressenti et de résultats d’enquêtes menées par des universitaires ouvertement de gauche.         

Finalement, le bilan économique et social (sans même évoquer le bilan sécuritaire…) de certaines immigrations est négatif. Beaucoup de chômage, une faible mobilité sociale transgénérationnelle et des besoins sociaux qui dépassent largement leur contribution économique. En effet, quand des populations cumulent faible taux d’emploi, bas salaires, familles nombreuses et délinquance exacerbée, même le plus convaincu des économistes gaucho-« progressistes » aura du mal à soutenir que les maigres cotisations payées ainsi que la faible consommation de produits nationaux, compensent la masse des prestations versées et des autres coûts supportés par la collectivité. 

Par Jean Messiha et Frédéric Amoudru le 10 novembre 2022

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