Communiqué de Mathilde Androuët, député RN au Parlement européen, du 22 février 2023
Dans une enquête publiée ce mardi 21 février par l’ONG Disclose, on apprend que l’Office national des forêts (ONF) ferme les yeux sur un grand trafic illégal de vente de chêne français à destination de la Chine, premier acheteur étranger de bois en France.
À travers un détournement du système et un blanchiment du bois, ce sont plusieurs centaines de milliers de m3 de chêne français qui partent par containers en Chine alors même que l’exportation en dehors de l’Union européenne est censée être encadrée et réglementée.
Les causes sont multiples : opacité des ventes de l’ONF, soif d’argent de certains revendeurs français, pression de traders chinois ou encore inertie des douanes. Ironie du sort, c’est bien souvent le bois français, vendu à la Chine, qui revient ensuite sur notre territoire après y avoir été transformé, au grand détriment du bilan carbone ou économique de l’opération. Un scandale sans nom qui ne semble pas préoccuper outre mesure le gouvernement Macron.
Dans un contexte de pénurie nationale, l’exportation massive de bois français en Chine n’a jamais été aussi importante, et ce malgré le label « Transformation UE » mis en place par l’État il y a quelques années. Pour rappel, ce dispositif consiste à ce que les entreprises transforment ou s’assurent de leur transformation au sein de l’Union européenne les chênes achetés lors des ventes « chênes labellisés » organisées par l’ONF.
Les conséquences sont désastreuses à la fois pour la filière bois de notre pays (entreprises de transformation, scieries, artisans …) mais aussi pour les Français : le manque d’offre engendre également une hausse des prix et ne permet plus de répondre aux besoins de transformation écologique parmi lesquels les nouvelles méthodes de construction de l’habitat ou bien les solutions de chauffage individuel.
Alors que des pays comme la Chine ou la Russie appliquent un protectionnisme strict sur leur bois (interdiction de l’abattage des forêts naturelles chinoises en Chine, arrêt des exportations pour favoriser le marché intérieur en Russie...), la France organise le propre démantèlement de sa filière bois avec le concours d’une multitude d’acteurs publics.
Aujourd’hui, le cadre réglementaire français est bien trop permissif sur l’export du bois et en particulier du chêne, qu’il provienne des forêts publiques ou privées. L’État doit immédiatement créer un cadre visant à lutter contre la concurrence déloyale étrangère, spécifiquement chinoise, afin d’éviter le pillage de nos forêts et de permette à la filière bois de rester attractive au niveau national.
Face à la prédation étrangère, la France doit également faire pression auprès des instances bruxelloises pour que le bois européen demeure le plus possible en Europe compte tenu des enjeux environnementaux et socio-économiques des États-membres. Il en va de la survie de tout un secteur et de notre souveraineté.