mercredi 6 novembre 2024
Victoire de Donald Trump : réveil difficile et gueule de bois pour la gauche
« Nuit blanche, nuit sombre ».
Ce 6 novembre au matin, alors que les premières estimations sur le résultat de l’élection présidentielle nous parviennent des Etats-Unis, la gauche française se réveille avec une « grosse gueule de bois ».
Ces élus, du Parti socialiste à la France insoumise, qui, pendant des mois ont brossé un portrait diabolique de Donald Trump, peinent à comprendre qu’une majorité d’électeurs américains aient pu voter en faveur du candidat républicain. Pire, l’annonce définitive du résultat, aux alentours de 11 heures 30 (heure française), donnant la victoire électorale et populaire au camp MAGA, a fini par agacer cette gauche bien-pensante qui refuse de saluer la victoire démocratique du candidat.
Amère face au come-back historique de Donald Trump, la gauche française s’enferre dans des reductio ad hitlerum. En vain, l’argument ne fonctionne plus.
« Backlash climato-sceptique, masculiniste et raciste »
« Grosse gueule de bois ce matin ». Yannick Jadot, à peine réveillé, n’en revient pas. Donald Trump, que la gauche française n’a cessé de conspuer depuis des mois voire des années, est donné gagnant par les principaux analystes et semble en passe de remporter à la fois une majorité de grands électeurs, mais aussi le vote populaire.
Au lieu de saluer ce résultat historique et cette élection démocratique, le sénateur écologiste choisit de revenir encore et toujours à la diabolisation du candidat républicain. « Tous les pouvoirs fédéraux (présidence, Sénat, Cour Suprême) aux mains de Trump, s’inquiète l’élu français. Je pense aux futures victimes des délires trumpistes, du fond des Etats-Unis au front ukrainien ».
Même son de cloche du côté de Marine Tondelier. Sur X, la patronne d’Europe Ecologie les Verts, abonde : « Cet enfer qui se profile… Courage aux Américaines et Américains qui seront en première ligne des politiques de Trump. » Oublie-t-elle que ce sont ces Américaines et Américains qui, dans leur majorité, ont voté en faveur de Donald Trump ? Toujours dans les rangs des écolos, Sandrine Rousseau, connue pour son manque de mesure, ne fait pas défaut à sa réputation.
« Les Etats-Unis sont les théâtre d’un backlash climatosceptique, masculiniste et raciste, soutenu et encouragé par les acteurs d’une économie libérale avides de profits. Angoisse. » écrit-elle sur son compte X. Sa collègue, Marie Toussaint, surenchérit : « Cette nuit, c’est la brutalité, le mépris, le chaos. Tenons-nous prêts à nous battre pour la démocratie, la justice et l’égalité ».
Surenchère insoumise
Chez les Insoumis aussi, le réveil semble avoir été difficile. Malgré l’écrasante victoire populaire et électorale de Donald Trump, la France insoumise continue de rabâcher les mêmes arguments. Chacun y va ainsi de son superlatif pour s’alarmer du résultat de l’élection américaine. « C’est un drame, commence Clément Guetté, députée LFI. […] Notre pays doit se tenir auprès de celles et ceux qui souffriront de sa politique ». « Victoire de Donald Trump, ennemi des femmes, des personnes racisées, de la liberté de la presse et du climat. J’ai une pensée pour toutes celles et ceux qui subiront les effets de ses politiques dévastatrices » ajoute Manon Aubry, eurodéputée insoumise. Et Carlos Bilongo, député insoumis, de qualifier Donald Trump de « très dangereux ». « Son premier discours laisse déjà présager les pires scénarios possibles pour l’avenir et l’écologie » poursuit-il.
Jean-Luc Mélenchon craint, quant à lui, que « le monde monte en tension » tandis que Raphaël Arnault déclare être dans « une colère immense ». Mais la palme de la surenchère revient sûrement à Clémentine Autain qui va jusqu’à parler de « catastrophe planétaire ». D’autres, à l’instar d’Aymeric Caron ou encore Raphaël Arnault et Manon Aubry, tentent une analyse du scrutin et expliquent la défaite de Kamala Harris notamment par son manque de soutien à la cause ukrainienne ou palestinienne…
Côté socialiste, on ronge son frein en silence. A la surenchère des Insoumis, des élus du Parti socialiste préfèrent l'absence de commentaires ou la prise de recul. Pierre Moscovici, ancien ministre sous François Hollande, choisit quant à lui, l'option pseudo-poétique avec un commentaire laconique : « Nuit blanche, nuit sombre ». Histoire, peut-être, donner l'illusion qu'il reste dans sa réserve de Premier président de la Cour des comptes.
Plutôt que de se fourvoyer dans la dénonciation (facile) d'un fascisme qui n'existe pas, la gauche française devrait plutôt écouter les conseils de l'un des ses siens, Julien Dray, ancien député socialiste : « Quand le peuple vote, on commence d’abord par le comprendre, et donc qu’une partie de la gauche bien pensante prenne enfin le temps de réfléchir et se garde de voir le fascisme partout lui fera le plus grand bien… ».
Par Clémence de Longraye le 6 novembre 2024
lundi 28 octobre 2024
France 5 lance son opération « Trump fasciste » !
« Donald Trump remplit quasiment toutes les cases du fascisme. » L’élection américaine approche à grands pas, Kamala Harris et Donald Trump restent au coude-à-coude dans les sondages et, en France, l’ombre d’une possible victoire du leader Républicain effraie l'audiovisuel public. Ce dimanche 27 octobre, deux émissions diffusées sur France 5 se sont ainsi emparées du sujet pour alerter sur le « danger Trump ». Pendant plus d’une heure, les invités de C Politique ont débattu de la prétendue menace fasciste que représenterait l’ancien président des Etats-Unis. Quelques minutes plus tôt, sur le plateau d’En Société, toujours sur France 5, les invités avaient abordé la même thématique. Et la semaine précédente, la discussion portait sur la folie de Trump.
A chaque fois, le débat tourne rapidement court. Jamais il n’a été question, au cours des deux émissions de ce 27 octobre, du programme économique de Donald Trump, de ses velléités géopolitiques ou de ses prises de position sociales. Seule la comparaison avec Hitler semble servir d’argument.
"Inapte et dangereux »
Sur le plateau d’En Société, diffusé sur France 5 à partir de 18h40 les dimanches, le sommaire donne le ton. La première partie de l’émission est consacrée à l’élection américaine. Mais les questions posées par la présentatrice - « Une campagne très virile ? » et « Donald Trump : la menace fasciste ? » - ne laissent pas de doute quant au parti pris de la séquence. En à peine quinze minutes de discussion, le nom d’Adolf Hilter est cité. Objectif : tuer le débat. Dominique Bourg, présenté comme un simple philosophe, assume la comparaison, « sans aucun problème » : « [Donald Trump], c’est un fauteur de haine. Comme Hitler, il fascine les foules et il produit un phénomène religieux. » Sur le plateau, personne ne bronche.
Ce qu’oublie de préciser la chaine du service public, c’est que Dominique Bourg est un philosophe engagé qui a conduit une liste écologiste aux élections européennes de 2019 et qui n'hésite pas à classer Emmanuel Macron à l’extrême droite. Face à lui, Anne Sinclair abonde dans le même sens et agite les mêmes craintes. « J’ai beaucoup plus peur qu’en 2016, déclare-t-elle à propos de Donald Trump. On sait qui il est. […] Cet homme est inapte et dangereux ». Une fois encore, tout le monde autour de la table approuve. La conclusion du débat est simple : Donald Trump serait, à en croire France 5, un dangereux fasciste.
Reductio ad hitlerum
On aurait pu imaginer que l’émission C Politique, diffusée en début de soirée sur France 5, prenne le contre-pied et apporte un peu de nuance à ce débat. Il n’en est rien.
Autour de la table, tous les invités (essayistes, journalistes, juristes, linguistes…) sont d’accord pour dire que le candidat des Républicains est un homme dangereux. « Un personnage éminemment problématique », « il donne la priorité à la force sur le droit », « il est très dangereux », « on a raison d’avoir peur »…
A nouveau, la reductio ad hitlerum intervient au bout de quelques minutes seulement. Olivier Mannoni, traducteur, compare à plusieurs reprises Donald Trump et le dictateur nazi. Pour Mannoni, la prise du Capitole, le 6 janvier 2021, n’est rien d’autre qu'une réécriture de la marche sur Rome de Mussolini en 1922 ou du putsch manqué d’Hitler en novembre 1923. Pire, il accuse le candidat républicain de « remplir quasiment toutes les cases du fascisme ». Selon lui, Donald Trump, dans ses discours, emploierait des « mots directement [tirés] de Mein Kampf », des « termes nazis typiques ». Dernier argument pour appuyer sa thèse : « Quand Trump atterrit en avion face à la foule, c’était Hitler qui le faisait en 1932. Quand on utilise une gestuelle, on ne fait pas abstraction de l’histoire ».
Face à lui, si certains déclarent que cette comparaison n’est pas des plus pertinentes pour analyser le débat américain, aucun ne la réfute pour autant. Et d’Hitler à Trump, Orban ou Meloni, il n’y a qu’un pas que France 5 semble franchir avec effarante simplicité…
« Quand Trump atterrit en avion face à la foule, c'était Hitler qui le faisait en 1932. Quand on utilise une gestuelle, on ne fait pas abstraction de l'Histoire. »@OlivierMannoni, directeur de l'école de traduction littéraire
La suite :
➡️ https://t.co/iQ3wYJssjQ pic.twitter.com/dvOzDowDuz— C Politique (@CPolF5) October 27, 2024
Il faut dire qu’autour de la table, les profils sont assez similaires. France 5 omet à chaque fois de préciser l’engagement politique marqué à gauche de ses invités, comme cette historienne spécialiste du fascisme invitée dans l'émission qui est membre d'un parti de gauche suisse, ou cette magistrate qui s'offusque de la minute de silence en hommage à Philippine ou signe des tribunes en soutien à Nahel. Sur France Inter, la rengaine est la même.
Où sont donc passées les obligations de pluralité du service public ?
Par Clémence de Longraye le 28 octobre 2024
samedi 21 septembre 2024
mercredi 16 novembre 2022
"Les Républicains sont beaucoup moins va-t-en-guerre que les Démocrates !" - Eric Denécé sur Radio Courtoisie le 15 novembre 2022
mardi 8 novembre 2022
vendredi 15 juillet 2022
Les Etats-Unis vers la sécession ? - Le Zoom - Georges Clément - TV Libertés le 14 juillet 2022
vendredi 27 mai 2022
Conflit Russie-Ukraine, Chine-Taïwan… Joe Biden pourrait-il arrêter de jeter de l’huile sur le feu ?
Durant tout le mandat de Donald Trump, on s’est dit partout effrayé de ses déclarations intempestives à l’international. Il était entendu dans les chancelleries bien pensantes que le président des Etats-Unis n’était alors qu’un abruti sans culture qui risquait de précipiter le monde dans la guerre.
On a viré Donald Trump. Joseph Robinette Biden, ex vice-président de Barak Obama, l’a remplacé. Pas sûr que la paix dans le monde y ait gagné…
Joe Biden est un vieux monsieur nourri à la guerre froide. A 79 ans, elle semble demeurer son horizon indépassable, du moins sa seule grille de lecture. Les USA sont les rois du monde, habilités à dire en tout temps et en tout lieu qui incarne le Bien – eux – et qui incarne le Mal, soit globalement tous ceux susceptibles de porter sur leur règne absolu une ombre économique. Le monde occidental est à leur botte, l’Europe en particulier, soumise à toutes les injonctions et suiveuse pour le reste. C’est au nom de ce magistère moral autoproclamé qu’ils ont tissé leur toile, multipliant les bases stratégiques sur la planète.
Au nom de son cœur qui saigne et des larmes qui lui viennent tellement facilement, invoquant Dieu à la moindre occasion, le président Biden a pris l’habitude de se lâcher : il dit, sans filtre, ce qui lui passe par la tête. S’en prend ainsi à Vladimir Poutine le 26 mars dernier : « Pour l’amour de Dieu, cet homme ne doit pas rester au pouvoir. » Comme la voiture balai sur les courses cyclistes, les pompiers de la Maison Blanche prennent le relais : cela n’a rien à voir avec la politique, c’est juste qu’il « a parlé avec son cœur ». Et tant pis pour les conséquences.
En voyage en Asie pour la conférence du Quad, l'alliance réunissant les Etats-Unis, le Japon, l'Australie et l'Inde, Joe Biden a encore laissé parler son cœur lors d’une conférence de presse à Tokyo, expliquant que les Etats-Unis étaient prêts à « défendre militairement Taïwan », parlant même d’« engagement » ferme.
En réponse, la Chine et la Russie ont fait voler leurs avions durant treize heures au-dessus de la mer du Japon. Avertissement sans frais… et rétropédalage de la Maison Blanche : « Notre politique n’a pas changé. » Repris le lendemain par Biden lui-même : « La politique n’a pas changé du tout ». On continue le business as usual (vente massive d’armes à Taiwan) et on laisse les autres s’entretuer.
Alors les experts s’interrogent : Biden est-il gâteux ou fin stratège ? Joshua Shifrinson, professeur de relations internationales à l’université de Boston, se confie à l’AFP : « Il est très difficile de dire si ce sont des gaffes ou un double jeu », mais « si c’est un double jeu, c’est incroyablement dangereux ».
Et qu’en pensent les Chinois, premiers visés ? Pour la réponse, Sonia Mabrouk (Europe 1) avait invité ce vendredi matin l’ambassadeur de Chine à Paris, Monsieur Lu Shaye. Elle l’a d’abord interrogé sur le conflit en Ukraine, relevant que « dans toute prise de parole officielle de la Chine, il n’y a jamais eu véritablement de condamnation » claire de Vladimir Poutine. Réponse de l’ambassadeur : « Oui, maintenant l’actualité c’est la guerre, mais on doit réfléchir sur la cause profonde. D’après nous, pour les Chinois, c’est les cinq cycles d’expansion de l’Otan vers l’est. » Quant à la perspective d’une « nouvelle guerre froide entre les USA et la Chine », il confie la « redoute(r) »
C’est aussi la crainte d’un analyste, Stephen Wertheim : « La réponse forte de l’Occident à l’agression russe en Ukraine pouvait servir à dissuader la Chine d’envahir Taïwan, mais les déclarations de Joe Biden risquent d’annuler ce gain ». Reste à savoir si ce n’est pas, au fond, ce que Biden recherche…
Par Marie Delarue le 27 mai 2022