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lundi 19 décembre 2022

Tarifs de l’énergie : le gouvernement entendra-t-il le cri de détresse de nos boulangers ?



Les boulangers français seront-ils les premiers à tomber sur le front de la guerre imposée par la hausse vertigineuse des prix de l'énergie ? Y aura-t-il encore baguette, pain de campagne, galette des rois et viennoiseries en janvier ? Poser la question ne relève malheureusement plus de la collapsologie complotiste.

Il suffit d'échanger avec son boulanger (le mien a déjà arrêté de chauffer la boutique) ou de lire la presse quotidienne régionale. Par exemple le témoignage de Lilian Cordon, dans Ouest-France, boulanger à côté de Niort qui n'y va pas par quatre chemins : « Si ça se trouve, le 31 décembre, on plie bagage »« On nous laisse mourir ». Car comme tout boulanger, Lilian a un œil sur le fournil, et l'autre sur les comptes. Et ils ne sont pas bons : pour lui comme pour tous ses confrères, c'est la « triple peine » : une crise Covid qui a laminé les trésoreries, une inflation des matières premières (farine, beurre, sucre, sel, etc.) et enfin le coup de grâce de l'envolée des tarifs du gaz et de l'électricité, indispensables pour les fours mais aussi pour tous les appareils de l'entreprise, en l'occurrence « trois chambres de fermentation, quatre frigos, deux fours, sans oublier les vitrines réfrigérées dans le magasin ».

Cela fait des mois que les boulangers tirent la sonnette d'alarme. En octobre, franceinfo s'était fait l'écho du cas d'un boulanger de  pris à la gorge par l'explosion de sa facture d'électricité, passée de 3.000 à 9.000 €/mois !

C'est toute une profession qui sent le sol se dérober sous ses pas, le petit boulanger seul à son compte comme le propriétaire d'une chaîne de boulangeries. Comme Maxime Lefebvre, d'Amiens, interrogé un mois plus tard, toujours sur franceinfo : « Sur l'ensemble de mon entreprise, ma facture d’électricité pourrait passer de 120.000 à 450.000 euros par an… C’est un modèle qui n’est plus tenable. » Chez tous, le même constat, la même perspective désespérante : la clef sous la porte en 2023.

Ce qu'ils dénoncent tous, c'est le manque de visibilité, l'absence de bouclier tarifaire semblable à celui dont les particuliers bénéficient et puis aussi, souvent, l'impéritie des gouvernements qui ont créé cette situation en saccageant  et notre électricité  bon marché.

Ils s'adaptent, rationalisent les cuissons, éteignent les enseignes, mais cela ne suffira pas. Nous pouvons les aider en les soutenant par nos commandes et nos achats. Mais cela ne suffira pas non plus. Le  a une responsabilité immense et le devoir de répondre rapidement à ces angoisses bien compréhensibles.

Certes  a fait beaucoup de communication. Le 21 novembre, en visite sur le terrain en Bourgogne, il avait eu un mot pour les commerçants et les boulangers : « Nous ne laisserons tomber aucune entreprise, aucune PME. Certainement pas les boulangeries, avec lesquelles nous avons beaucoup travaillé. Les boulangeries, c’est le pain quotidien, c’est le commerce de proximité. Les boulangers ont besoin de soutien, ils auront notre soutien ». Sentant la colère monter, le ministre a dû annoncer une batterie de mesures pour les boulangers il y a une semaine, le 9 décembre. Mais toujours pas le bouclier tarifaire demandé par la profession indispensable pour tenir en 2023.

Pour Cristel, une boulangère du centre-ville de Toulouse, interrogée par RMC, la réaction est cash : « Il est gentil mais ses guichets, ses numéros verts, je ne sais pas de quoi il parle» Alors, « stop aux belles paroles ». Un enjeu aussi urgent, autant économique que civilisationnel, mérite en effet plus que de belles paroles.

Par Frédéric Sirgant le 18 décembre 2022

Boulevard Voltaire