mercredi 22 mai 2024

Macron s’envole pour la Nouvelle-Calédonie compliquée : pour renverser la table ?



Ce mardi 21 mai, Prisca Thevenot, à l’issue du Conseil des ministres, a annoncé qu’Emmanuel Macron partait pour la Nouvelle-Calédonie afin d'y installer une « mission dans le cadre d’un dispositif global ». La porte-parole du gouvernement a cru bon de préciser que « le président de la République part en [NDLR : on dit « pour », mais c’est pas grave] Nouvelle-Calédonie dans un esprit de responsabilité ». Sans blague, heureusement ! Cette dame va vraiment nous faire regretter Sibeth Ndiaye. Passons. Au fait, qui est en position pour être le « missionnaire » ? On parle d’Édouard Philippe. suivre.

Gabriel Attal reste à la maison

En tout cas, cette annonce est une surprise qui ne nous surprend pas ! Une surprise, car on avait compris, la semaine dernière, que le dossier avait été enlevé au ministre de l’Intérieur pour être confié au Premier ministre. C’est sans doute la preuve qu’Emmanuel Macron est le vrai Premier ministre. Et, en même temps (!), ce n’est pas une surprise car, au bout de sept ans, on commence à connaître un peu Emmanuel Macron, qui est un peu du genre « Décidément, il faut que je fasse tout, ici ». 

Son côté Tintin qui va sauver à lui tout seul le monde. Sûr de lui et dominateur, baratineur hors pair et confiant dans sa capacité de séduction, on imagine qu’il mettra à profit les vingt-cinq heures d’avion pour bûcher à fond le « dossier ». Vole-t-il vers cette Nouvelle-Calédonie compliquée avec des idées simples, comme le général de Gaulle vers l’Orient ? On l’ignore, mais qu’on aime ou qu'on n’aime pas Macron, il faut lui reconnaître cette capacité à descendre au fond des dossiers comme l’officier mécanicien dans la salle des machines, et à remonter sur le pont pour briller devant les passagers de la croisière tout estomaqués.

On l’a vu cet hiver à la tâche lors de ce débat improvisé avec les agriculteurs en colère au Salon de l’agriculture. Sans doute, comme à l’accoutumée, va-t-il retirer sa veste, remonter les manches de sa chemise. Et ça fera de belles images. On notera qu’il ne part pas seul : Gérald Darmanin, qui était pourtant considéré comme « disqualifié », la semaine dernière, par le FLNKS, Sébastien Lecornu, qui fut en charge du dossier lorsqu’il était aux Outre-mer, et, tout de même, le ministre actuel des Outre-mer, Marie Guévenoux - l'occasion de montrer qu'elle existe -, sont du voyage. Gabriel Attal reste à la maison. Un désaveu pour le tout jeune Premier ministre ? « Tu es gentil, mon garçon, mais là, faut que tu laisses faire les grands. » 

À moins qu’il ne soit assigné à Matignon pour mieux préparer son débat face à Jordan Bardella, jeudi soir... Mais nul doute que celui qui parlera encore et encore à Nouméa, ce sera Macron. L’homme a un minimum de culture historique, aussi, on prie pour qu’il se garde de paroles définitives du genre « Je vous ai compris »...

Mais si l’on ne peut que souhaiter, pour la France et la Nouvelle-Calédonie, que Macron réussisse à mettre autour de la table tous les interlocuteurs et à apaiser les tensions, on ne peut s’empêcher cependant de penser qu'il ne va pas seulement là-bas pour installer une mission. Que c’est, pour lui, l’occasion de tenter de reprendre la main sur l’opinion, ici en métropole, à moins de trois semaines d’une dégelée annoncée aux européennes. 

Il ne renversera sans doute pas la tendance et la table. Mais ça se tente, car il n’a plus rien à perdre.

Boulevard Voltaire

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