samedi 17 septembre 2022

L’immigration pour tous



Il faut surmonter le découragement lorsque l’on entend au sommet de l’État des considérations que la réalité contredit inlassablement depuis des années. Emmanuel Macron, devant les préfets, a défendu l’idée d’une meilleure répartition des étrangers, qui pourraient être accueillis dans les «espaces ruraux, qui, eux, sont en train de perdre de la population» et où «nous devrons fermer des classes, vraisemblablement des écoles et des collèges». En clair, l’immigration peut être la solution au déclin démographique de nos provinces. 

La Lozère, la Creuse, l’Ardèche ne perdent rien pour attendre: demain, c’est la Seine-Saint-Denis pour tous! 

Pourtant, cela fait vingt ans que, de livre en livre, Christophe Guilluy décrit l’exode des banlieusards qui s’installent dans la France des campagnes pour échapper aux effets de l’immigration incontrôlée. L’impératif multiculturel a provoqué une révolte démocratique en Suède, il ouvre une autoroute à Meloni en Italie dans dix jours, partout le «vivre ensemble» tourne vinaigre, et c’est ce moment que choisit le chef de l’État pour défendre une politique de repeuplement!

Cette sortie est d’autant plus malheureuse qu’elle vient contredire l’effort fait depuis plusieurs semaines par le ministre de l’Intérieur pour reconnaître les défaillances en chaîne face à la pression migratoire. En une formule - «une part importante de la délinquance vient des immigrés» -, Gérald Darmanin a mis fin à des années d’un déni d’État. En promettant de restaurer la «double peine», il a remis une goutte de bon sens dans l’océan d’absurdité de notre politique migratoire. En commençant à démêler l’écheveau administratif et judiciaire qui permet à un clandestin de s’installer tranquillement en France, il a fait naître le timide espoir d’une reprise en main des pouvoirs publics.

Les mots du chef de l’État jettent le soupçon sur toutes les bonnes intentions affichées par son ministre. Ce que veulent les Français, dans leur grande majorité, ce n’est pas une meilleure répartition des immigrés, mais une maîtrise de nos frontières. C’est un curieux «en même temps» que de s’alarmer de la montée de Marine Le Pen tout en créant les conditions de sa victoire.

Par Vincent Trémolet de Villers le 17 septembre 2022

Le Figaro


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