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samedi 8 avril 2023

«Vous ne verrez pas ma binette sur CNews!»



La CGT en a fini avec l’ère du patriarcat moustachu à la papa. Fini Philippe Martinez, place à la jeune et séduisante Sophie Binet. Le militantisme syndical s’est professionnalisé en élisant une femme à peine quarantenaire, connue pour son engagement à gauche toute depuis plus de quinze ans. Sophie Binet fut en effet l’une des figures de la contestation contre le Contrat Première Embauche, mouvement lors duquel elle était alors à la tête de l’UNEF, longtemps centre de formation des caciques du Parti socialiste. En 2016, celle qui était devenue permanente de la CGT s’opposa au gouvernement socialiste et à la loi travail de Myriam El Khomri.

Un CV vide

Cette ancienne adhérente du PS coupait le cordon avec la maison mère, au moment où la synthèse issue du congrès d’Epinay s’effondrait sous le poids de ses propres contradictions, faisant des alliés d’autrefois des ennemis pour la vie, l’aile réformiste reprise par Valls et Macron entrant officiellement en conflit ouvert avec les socialistes canal historique toujours fidèles aux idéaux marxistes. On se doute d’ailleurs que les petits jeux politiques ont dû plus passionner Sophie Binet que le travail en bonne et due forme, son parcours professionnel présentant quelques absences…

La première femme à diriger la CGT depuis sa formation en 1895 a un CV vide. Etudiante en philosophie, militante à l’UNEF et un temps CPE, elle a été très vite détachée pour prendre la direction de l’Union des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT-CGT). On se demande bien pourquoi cette branche n’a pas pris un véritable ingénieur ou technicien pour la représenter, mais soit. Son prédécesseur fut quant à lui un véritable travailleur, technicien métallurgiste aux usines Renault de Boulogne-Billancourt, mais à l’heure où le nombre de cadres a dépassé le nombre d’ouvriers en France, la nomination de Madame Binet doit être dans l’air du temps de notre économie post-industrielle…

Une gauche intolérante

Dogmatique, très concentrée sur les enjeux de société, Madame Binet a fait la première démonstration de son sectarisme en refusant de répondre aux questions de CNews, invoquant sa défense du « pluralisme » que la chaine ne garantirait pas. On peut pourtant y apercevoir parfois Antoine Léaument ou Sandrine Rousseau… Sophie Binet a-t-elle compris que la CGT est un syndicat représentant les travailleurs et non un parti politique, du moins en théorie ? C’est tout le problème des « partenaires sociaux français » qu’on devrait renommer « partenaires socialistes ».

Ils sont uniquement dans l’opposition et peu enclins au dialogue, rêvant toujours de grands soirs et de « blocages infrastructurels » !


La nouvelle patronne de la CGT s’embrouille bêtement devant le micro de CNews, après qu’un de ses sbires lui ait sommé de ne plus répondre.
Par Gabriel Robin le 7 avril 2023
Causeur

mercredi 22 février 2023

La guerre en Ukraine et la gestation pour autrui d’un «peuple européen»



Née comme un marché garanti par une instance juridique supranationale, l’Union Européenne aurait construit une « démocratie libérale » qui, pour reprendre la formule de Hayek, est d’abord « une protection constitutionnelle du capitalisme ». Le baume du doux commerce, censé porter à la paix, est administré au besoin par la force, pour ceux qui en douteraient.

Le populisme, voilà l’ennemi!

Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne, avait parfaitement résumé l’axiome principal du projet européen en déclarant qu’il ne pouvait « y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». C’est que l’Europe a été originairement conçue comme un double monde [1] devant être mis à l’abri de la volonté des peuples et des aléas du politique. C’est pourquoi, en toute logique, en 2005, les votations populaires défavorables au traité établissant une constitution pour l’Europe furent tenues pour nulles et non avenues. On les appela manifestations de populisme, mot-valise qui regroupe désormais l’ensemble des valeurs anti-européennes telles que les définissent par défaut les juristes depuis des décennies. Si « l’Europe, c’est la paix », comme on ne cesse de nous le répéter, alors, toujours plus d’Europe, c’est toujours plus de paix. Rien ne doit donc venir en troubler le cours, et surtout pas des sursauts hostiles de souverainisme.

Le lapsus de Madame Baerbock

Or, comment une telle construction politique peut-elle aujourd’hui redoubler de bellicisme, au point, pour ses dirigeants et ceux des Etats membres, de passer à l’unisson d’un discours de soutien à l’Ukraine à celui d’une quasi-déclaration de guerre à la Russie sur le registre civilisationnel ? Fin janvier, la ministre verte des Affaires étrangères de l’Allemagne, Annalena Baerbock, ne s’est pas embarrassée des précautions de langage pourtant bien faibles de Madame von der Leyen pour définir l’orientation européenne : « nous menons une guerre contre la Russie et non les uns contre les autres ». Quelques jours plus tard, M. Macron assurait M. Zelensky de « sa détermination à accompagner l’Ukraine vers la victoire »… Comment interpréter le fait que l’Union Européenne, si attachée à la paix, ait ainsi renoué avec une conception du politique défini par le couple ami/ennemi, selon les catégories du juriste nazi Carl Schmitt ?

Motivations cachées

On peut évidemment l’expliquer par l’alignement servile sur les exigences otaniennes et américaines dans un conflit qui apparaît de plus en plus comme opposant, depuis le début, les États-Unis à la Russie. Mais il est légitime de s’interroger sur des motivations qui iraient au-delà des exigences du protectorat américain et qui relèveraient d’ambitions proprement européennes. Ne serait-ce pas là l’occasion pour l’Union Européenne de surmonter la crise qui la mine depuis 2008 et de renforcer des liens qui se distendent de plus en plus entre les pays du nord de l’Europe et ceux du sud, entre ceux de l’ouest et ceux de l’est ? Comment ? En fédérant – du moins l’espère-t-on -, au prix d’une russophobie délirante et d’un discours de guerre doublé de livraisons massives d’armement, les opinions publiques des États membres ; en construisant par le haut une opinion publique européenne à part entière qui serait le prélude à l’éclosion de ce peuple européen faisant défaut à l’Union Européenne, seul gage de sa survie comme entité politique.

Drôle d’aubaine

La guerre en Ukraine se présente alors, de ce point de vue, comme une aubaine pour les dirigeants de l’Union Européenne, et non pas seulement parce qu’elle permet de distraire les opinions publiques des problèmes sociaux et économiques qui gangrènent les États membres. Elle apparaît aussi comme une ruse de l’histoire dont on ne serait pas dupe et dont on pourrait utilement tirer parti. Voilà qui peut expliquer l’engouement démesuré des dirigeants européens à vouloir que cette guerre aille à son terme, malgré les mises en garde de plus en plus nombreuses des spécialistes de l’art militaire. Mais n’est-elle pas une guerre juste, en défense de « nos valeurs », comme n’a de cesse de le marteler la propagande médiatique ? Voilà pour le volet moral. Qu’elle serve par ailleurs, croit-on, nos intérêts, est un heureux effet de la providence. Voilà pour le volet machiavélique. Car elle pourra sûrement, indépendamment même de son issue, être une ressource afin de forger une véritable patrie européenne, un authentique peuple européen… S’engager dans cette guerre relèverait ainsi, pour l’Europe, de ce que les anciens Grecs nommaient le Kairos (faire le bon acte au bon moment). Cette guerre arriverait à point nommé. C’est que « toute politique se réduit à faire de l’escompte ou du report de puissance, écrivait Paul Valéry. La guerre liquide enfin ces positions, exige la présence et le versement des forces vraies, éprouve les cœurs, ouvre les coffres, oppose le fait à l’idée, les résultats aux renommées, l’accident aux prévisions, la mort aux phrases ».

La fin des nationalismes étroits, la naissance d’un peuple européen

« Polemos est père de toutes choses », disait Héraclite. Aussi peut-on penser que pour les dirigeants de l’Union Européenne le temps est venu d’honorer le père, comme il en va d’une nécessité. Que Polemos engrosse enfin la déesse Europe et qu’elle accouche de ce demos européen que l’union stérile du marché et du droit n’a jamais pu enfanter. Mais que la maïeutique est cynique et brutale ! Car dans les faits, il revient au seul peuple ukrainien, sorte de peuple élu malgré lui aux fins d’assurer la consolidation politique de l’Union Européenne, d’instituer symboliquement et d’incarner ce peuple européen naissant, puisque ce sont les soldats ukrainiens qui meurent « pour nos valeurs ». Pour ces soldats il n’y a pourtant rien de symbolique dans tout cela : seulement du sang, des souffrances et de la mort ; ce que nous, précisément, nous ne supportons plus. Qui donc irait mourir pour « nos valeurs » ? Que d’autres nous représentent – ah ! les immenses ressources du gouvernement représentatif et de la politique par procuration – sur le champ de bataille, que d’autres meurent pour notre patrie immatérielle, voilà un opportun ordre des choses. Mais qui se soucie de savoir si ces soldats connaissent ceux qu’ils saluent lorsqu’ils vont mourir ? Savent-ils qu’ils meurent pour le drapeau européen, qui n’est pas encore le leur mais qui leur est promis comme une récompense ? S’il y a un creuset du peuple européen, convenons qu’il est terrifiant.

L’Europe a toujours eu des pulsions de mort. C’est le seul continent suicidaire, familier des sacrifices et des paris douteux. Rien ne garantit qu’au bout du chemin l’Union Européenne survive à cette nouvelle crise qui la dépasse et pour laquelle elle n’est pas armée. La regrettée Coralie Delaume, dans ses derniers ouvrages, expliquait que l’Union Européenne aurait un terme. Mais peut-être n’imaginait-elle pas qu’il se déroulerait sous les auspices de Mars. Plus que les civilisations, nous devrions savoir que les empires sont mortels.

[1] L’auteur entend par là un deuxième monde, un marché, plus juridique que politique, et se superposant à ce qu’on entendait autrefois par “Europe” NDLR

Par Eric Desmons le 21 février 2023

Causeur

mardi 14 février 2023

Drag queens: elles sont partout!



En Amérique du Nord, on croirait que les drag queens ont littéralement envahi l’espace public. Maintenant, les drag queens sont partout, des émissions de télé aux derniers défilés en passant par les écoles où elles sont parfois chargées d’animer des activités. Évidemment, le tout en bonne partie grâce à l’argent de contribuables qui n’ont jamais voulu de ce vaste programme.

Le 6 février, nous avons même appris que le légendaire Carnaval de Québec – festivités hivernales remontant à 1894 – avait pris l’initiative d’interrompre la très réactionnaire tradition des duchesses, ces «miss» choisies pour incarner l’événement.

«Finies les duchesses, place maintenant aux drag queens et aux drag kings! Leur art flamboyant est à l’honneur cette année, célébré sur un char allégorique pour la toute première fois», se réjouit le journal Le Devoir.

Des figures de scène aux figures militantes

Interprétées par des hommes, les drag queens remplacent les femmes partout où elles peuvent dans un curieux renversement du féminisme. Aujourd’hui, on défend moins les droits des femmes que ceux des trans, nouveaux chouchous de l’establishment.

Célébrées par le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et une foule de politiciens, les drags queens sont plus demandées que le père Noël, ce personnage patriarcal de race blanche qu’il vaudrait peut-être mieux oublier au nom du progrès.

Autrefois de colorées et burlesques figures de cabaret, des figures nocturnes et festives défendues par des Charles Aznavour, un nouveau rôle leur a été confié: représenter l’idéologie trans, partager la bonne nouvelle de la déconstruction du «genre», un puissant courant social auquel les enfants et adolescents sont de plus en plus exposés. Généralement au détriment de leur équilibre psychologique.

Vers le transhumanisme

Je rappelle que le transgenrisme nie l’existence des deux sexes, proposant d’abolir les frontières entre le masculin et le féminin. Le transgenrisme rejette la «binarité» sexuelle pour mieux creuser le lit du transhumanisme, une idéologie qui vise «l’amélioration» de l’espèce humaine au moyen de la technologie.

Le corps humain est vu comme un objet destiné à être modelé, comme un simple avatar pouvant être modifié et reconfiguré selon ses aspirations personnelles. Autrement dit selon ses fantasmes. Sans toujours le réaliser, les drags sont devenues les porte-paroles de cette idéologie loin d’être subversive ou antisystème.

Une industrie capitaliste

Car comme l’a bien relevé Libre Média, en Amérique du Nord, le changement de sexe des adultes, mais aussi des enfants étiquetés comme «trans» est soutenu par une florissante industrie médicale et pharmaceutique qui a fait de la diversité son fonds de commerce. C’est très payant, la diversité sexuelle.

La liste des dix principaux contributeurs aux causes transgenres aux États-Unis en 2017-2018 (qui représentaient ensemble 55% de tous les financements) montre le rôle central occupé par Big Pharma dans ce nouveau marché du corps humain.

L’étude du «genre» est aussi devenue un domaine de recherche (ou plutôt d’endoctrinement) à part entière dans des dizaines d’universités occidentales, et certaines sont parmi les plus prestigieuses.

Tous les jours aux États-Unis, des médecins sont grassement payés pour opérer des jeunes à qui l’imaginaire ambiant a fait croire qu’ils n’avaient pas le bon corps. Pour cette raison, plusieurs États comme la Floride ont commencé à légiférer pour encadrer sinon interdire certaines pratiques comme le fait de prescrire à des mineurs des bloqueurs d’hormones et de puberté. La question polarise de plus en plus les Américains et risque de s’inviter dans la prochaine campagne présidentielle.

Le wokisme triomphant

La prolifération des drag queens n’est pas la valorisation d’un art de scène un peu olé olé. C’est l’imposition du wokisme à toutes les sphères de la société. Surtout, c’est l’intrusion de la théorie du genre dans l’univers des enfants, une idéologie dont les effets peuvent être pour eux catastrophiques sur le plan psychologique, et irréversibles sur le plan corporel.

Quand il s’agit d’amputer un enfant d’une partie de son corps, le transgenrisme n’est rien d’autre qu’une boucherie criminelle. Il est temps de revenir à la raison.

Par Jerôme Blanchet-Gravel le 14 février 2023

Causeur

jeudi 2 février 2023

Retraites: et si Macron comprenait ce qui se passe?



Et maintenant, que vais-je faire ? doit se dire Macron, comme Gilbert Bécaud.

Quand sondage après sondage comme vague après vague, l’opposition à la réforme des retraites est partagée par les trois-quarts des Français et plus de 93% des actifs ; quand la deuxième journée d’action dépasse encore une fois le million de manifestants ; quand après avoir expliqué aux Français qu’ils ne comprenaient pas la philosophie de la réforme, puis que cette réforme était plus juste pour les femmes contre toute évidence au point que le brillant Franck Riester a lâché le morceau par mégarde sur une radio ; quand la manipulation des chiffres du COR a été démentie par le président du COR lui-même devant les députés en commission ; quand en désespoir de cause le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, sans doute fâché d’avoir un préfet de police, Laurent Nuñez, qui tient ses hommes et empêche les débordements contrairement à Didier Lallement qui illustrait à merveille ce vieil adage du préfet Grimaud en 68 que le degré de violence dans une manifestation est décidé par l’emploi qu’on fait de la police et non par les manifestants, fussent-ils émeutiers ; quand Darmanin donc, dans une rhétorique aussi droitarde que désespérée assure que tout ça, c’est la faute aux bobos, ce Darmanin si amusant quand il met au premier rang des périls menaçant le pays l’écoterrorisme, et le fait de consommer bio et de voir des films avec Maurice Garrel, bref, quand Macron et son gouvernement se cognent au réel, que leur reste-t-il comme option ?

Vers le raidissement, ou un pourrissement ?

Primo, le raidissement : coup de menton thatchérien, regard fixé sur la ligne bleue du CAC40, ne rien lâcher. Le problème du raidissement, c’est qu’il est compliqué d’être raide tout seul, si je puis me permettre. Ça branle déjà du manche dans la majorité. On se fait battre à une partielle par un candidat Nupes qui a eu comme principal argumentaire son opposition à la retraite à 64 ans. C’est qu’aujourd’hui, ça manifeste même dans les chefs-lieux de canton. Ca irrigue tout le pays, à part trois avenues de l’Ouest parisien… Et encore, pas à l’étage des chambres de bonnes !

Le député lambda, même « Renaissance », revient chaque week-end dans sa circo et il se fait engueuler par tout le monde, contrairement à Emmanuel Macron qui n’a jamais été élu local. Les vieux, les jeunes, les hommes, les femmes, le boulanger, le médecin (s’il y en a encore un), les profs, les ouvriers de la dernière PME du coin… Il comprend qu’il ne se fera pas réélire, ce qui par ailleurs, écarte toute possibilité de dissolution, agitée parfois dans les médias. Macron est un solipsiste enfermé dans son bunker, mais il n’est pas suicidaire ! Une dissolution, dans le meilleur des cas, ce serait pour lui une majorité tellement relative qu’on appelle ça une minorité.

Autre solution : le pourrissement. Attendre les actions « sauvages », façons contrôleurs au moment de Noël, pour que le mouvement devienne impopulaire. Espérer que les syndicalistes ne puissent plus empêcher des bases radicalisées de gâcher les vacances de février. C’est bien une idée de journaliste, ça, « gâcher les vacances de février ». Parce qu’il n’y a personne qui prend des vacances en février, ou si peu de monde. Surtout avec l’inflation. On pourra faire pleurer un journaliste au pied des remontées mécaniques à l’arrêt, ça ne va pas mobiliser les foules. 

Et demain, le RN ?

Et puis l’inconvénient du pourrissement, c’est que c’est vous qui pouvez pourrir. Vous aurez passé à l’arrache votre projet de loi en cinquante jours, et, en admettant qu’il ne soit pas déclaré inconstitutionnel (possibilité de plus en plus vraisemblable si le fameux 47-1 est appliqué), ensuite, vous ne pourrez plus rien faire d’autre. Vous perdrez violemment toutes les élections intermédiaires, votre majorité composite se fera la malle (« Horizons » a déjà prévu de présenter tout seul ses candidats au Sénat), et la trace que vous laisserez dans l’histoire sera le macronisme comme ultime avatar du capitalisme libéral avant l’arrivée du RN au pouvoir. Parce que c’est bien ce qui va vous tomber dessus, si vous ne retirez pas ce projet de réforme. La vengeance est un plat qui se mangera froid en 2027. Entre la gauche en pleine scissiparité et votre majorité en lambeaux qui entrainera les supplétifs de LR dans sa chute, vous rangerez la France aux côtés de la Hongrie ou de la Pologne. Ça va me faire tout drôle, Marine Le Pen présidente.

Il y aurait bien une dernière solution : retirer le projet. Faire un discours sincère, pour une fois, sur ce que cette mobilisation sans précédent révèle de fatigues et de fractures dans un pays qui a besoin d’apaisement, de perspectives. Prendre acte que le rapport au travail a changé, qu’il n’est plus une fin en soi mais un moyen d’accéder au bonheur. Même si ça ne vous plait pas, c’est comme ça. Jadis, on ne voulait pas mourir pour Dantzig, aujourd’hui on ne veut pas mourir pour le FMI.

Tenez, parlez du bonheur, par exemple, Monsieur le président. Dites que la fin de toute politique, c’est le bonheur et que si ce n’est pas l’Etat qui peut rendre les gens heureux, il peut au moins y aider. En ne les faisant pas mourir à la tâche, en cessant d’invoquer une logique comptable douteuse quand on vous parle de temps libéré. J’ai la faiblesse de croire en la rédemption ou l’infusion de la Grâce, façon Claudel derrière un pilier de Notre-Dame ou Paul sur le chemin de Damas.

Rassurez-vous, on ne vous demande pourtant pas de devenir un saint, juste de retrouver un peu d’humanité. Ce n’est pas si difficile, vous verrez.

Par Jerôme Leroy le 1er février 2023

Causeur

mercredi 4 janvier 2023

De Yaël Goosz à Thomas Legrand, une certaine idée du pluralisme



Yaël Goosz est le chef du service politique ouvertement de gauche de France Inter. Son édito du 30 décembre a été un magnifique exemple de désinformation et d’orientation politique assumée. Yaël Goosz ne se démarque donc en rien de son prédécesseur, Thomas Legrand, lequel continue de sévir sur la radio publique tout en délayant sa prose ultra-gauchisante dans Libération – mince feuille de chou bénéficiant sur France Inter d’une publicité quotidienne et gratuite grâce à la revue de presse de Claude Askolovitch qui n’oublie jamais de citer un, deux ou trois des laborieux articles qui composent ladite feuille.

Feux nourris contre Jean-Claude Dassier et Michel Houellebecq

Yaël Goosz débute donc cet édito en rappelant l’intervention de Jean-Claude Dassier sur CNews à propos des musulmans qui ignoreraient ce que le mot « république » veut dire. Je ne sache pas que le chroniqueur de CNews ait appelé à la haine ; il a donné son point de vue sur ce qu’il croit être une difficulté pour l’intégration de certains Français de confession musulmane, à savoir une envahissante revendication religieuse amplifiée par des prédicateurs fréristes ou salafistes engageant leurs coreligionnaires à ne pas se soumettre aux lois républicaines. Le fait que Jean-Claude Dassier ait, dans le feu de la discussion, généralisé son propos à l’ensemble des musulmans était certes maladroit, cela n’était pour autant pas « honteux » (Yaël Goosz) et encore moins « raciste » (Thomas Legrand). Déchaîné, Yaël Goosz ose faire un parallèle entre ce « dérapage verbal » et le « crime raciste » qui a touché la communauté kurde à Paris. Du grand n’importe quoi.

Sur sa lancée, le journaliste falsifie le sens des propos tenus par Houellebecq dans Front populaire : « L’écrivain prédit l’avènement d’une guerre civile en France, des “actes de résistance” contre une domination islamique, actes qu’il qualifie de “Bataclan à l’envers”. C’est une expression qui vire à l’incitation au grand défoulement. » Cette dernière assertion est un artifice mensonger qui détourne le sens réel des propos de l’écrivain. Voilà ce que dit Michel Houellebecq : « Des gens s’arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées. Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers. » 

En aucun cas Houellebecq n’incite ou n’appelle à la guerre civile ou au « grand défoulement » ; il envisage, avec l’œil de l’écrivain qu’il est, une triste réalité pouvant advenir ; il ne l’espère pas mais ne s’interdit pas de considérer son éventualité. Pour tenter de donner du poids à son approximation mensongère, Yaël Goosz n’hésite pas à faire un rapprochement douteux entre les propos de Houellebecq et l’interpellation de quelques militants d’ultra droite à Paris. La boucle est bouclée ? Non, pas tout à fait. M. Goosz évoque ensuite, pêle-mêle, Éric Zemmour, le RN, la polémique concernant le député Grégoire de Fournas, le racisme, le fascisme, le GUD. Le courageux journaliste est prêt à offrir son corps pour barrer la route au monstre fasciste ; il bombe le torse et avertit vouloir demeurer le téméraire adversaire de « l’extrême droite » qu’il a toujours été : « Malgré tout ça, il faudrait corriger le langage des journalistes, ne plus parler d’extrême droite, simplement de “droite” ou de “mouvement national”. Ben voyons ! » Car, pour Yaël Goosz, le seul et unique danger vient des « deux faces de l’extrême-droite », celle du RN qui cherche à se normaliser et celle des « groupuscules identitaires » de l’ultra droite. « En politique, conclut l’éditorialiste, il ne faut jamais avoir la mémoire courte. Sous le vernis de la normalisation, il y aura toujours une histoire, un passé qui ne passe pas. » Étonnamment, les histoires trotskiste, stalinienne ou maoïste semblent devoir échapper à cet appel solennel de résistance à l’amnésie. Les doctrines politiques des mouvements totalitaires qui ont ruiné les pays dans lesquels elles se sont imposées et qui imprègnent encore l’extrême gauche française n’intéressent visiblement pas ce journaliste prêt à accepter quelques principes de base des régimes autoritaires de gauche, à savoir la convocation abusive devant un tribunal ou le brutal rappel à l’ordre via la censure ; aussi voit-il d’un bon œil la plainte déposée par le recteur de la Grande Mosquée de Paris contre Michel Houellebecq et ne pleurerait-il pas de voir CNews se faire sévèrement gronder, voire plus si affinités, par l’Arcom (ex-CSA) pour les propos de Jean-Claude Dassier.

Un pluralisme nettoyé, propre, de gauche

Comme Yaël Goosz, Thomas Legrand est pour le pluralisme, mais un pluralisme ciblé, nettoyé, propre, de gauche. Lors de l’intervention de J.C. Dassier sur CNews, l’historien Jean Garrigues était présent sur le plateau. Cet universitaire prudent, courtois, apte à soutenir la contradiction et à défendre sereinement ses positions, se revendiquant d’une gauche sociale-démocrate, s’est fait remonter les bretelles par un Thomas Legrand très énervé qui a twitté : « Qu’alliez vous faire @jeangarr78 sur cette chaîne ? Qd est-ce que les vrais universitaires et journalistes comprendront qu’il faut déserter cette chaîne faites [sic] pour polariser et faire advenir la guerre civile qui affirment prévoir [resic] ? Ils la veulent ! Vendez vos livres autrement ! » Le culot de Thomas Legrand n’a d’égal que celui de Yaël Goosz. Officiant sur une radio publique entièrement noyautée par la doxa wokisto-gauchiste, ces journalistes ont un mépris total pour ceux qui ne partagent pas leurs idées comme pour ceux qui, les partageant, tentent de les défendre dans les émissions d’une chaîne privée. Ainsi, Thomas Legrand réprimande Jean Garrigues comme un enfant et l’incite vivement à ne pas remettre les pieds sur le plateau de cette chaîne diabolique – en le traitant au passage de camelot prêt à tout pour vendre ses livres. Legrand aimerait que Jean Garrigues ait, comme lui, peur. Il y a de quoi, écrit-il (Libération du 1er janv. 2023) dans le style conformiste des petits-bourgeois médiatiques espérant effrayer les masses. D’après lui, « le spectacle obscène des médias bollorisés » laisse craindre « le risque d’un glissement général vers l’extrême droite ». Dès l’introduction, le style gauchiste pompier de cette chronique illustre la véritable crainte de Thomas Legrand, celle de voir le magistère moral de la gauche perdre de sa superbe : « C’est comme une lente glissade, une douce accoutumance, un progressif état général de léthargie démocratique. Ça passe par d’incessants débats sur l’identité, la religion, sur le moyen d’être toujours plus en sécurité. C’est ne plus faire la différence entre un éditorialiste conservateur et un polémiste populiste et d’extrême droite, c’est continuer à inviter sur les antennes des prétendus philosophes qui se complaisent à décrire un monde terrible et des villes pleines de “no go zones” pour transformer leur trouille en clairvoyance, c’est le délire “woke” surestimé décrit en puissant terrorisme par des réacs en pleine panique. C’est considérer Greta Thunberg comme plus dangereuse qu’Éric Zemmour. » Eh oui, M. Legrand, en certains endroits ça débat, ça se dispute, ça discute, ça invite des gens qui ne pensent pas la même chose, ça n’évite aucun sujet, ça punchline, ça se chamaille et parfois même ça pousse le bouchon un peu loin, jusqu’à dire que Greta Thunberg est une cruche. Ça porte deux noms : pluralisme et liberté d’expression.

Thomas Legrand et Yaël Goosz, ces deux prêtres de la nouvelle église wokiste ne doutent de rien. Ils distribuent les bons et les mauvais points. Ils désignent les bonnes et les mauvaises personnes, félicitent les premières et chapitrent les secondes. Ces dernières, qu’elles le sachent, seront dénoncées et excommuniées si elles persistent dans leurs mauvais penchants. Ces deux journalistes ne supportent pas d’entendre, même de loin, une contradiction. Celle-ci est immédiatement extrême-droitisée par nos Torquemada modernes qui sermonnent, promettent des bannissements médiatiques, espèrent des convocations juridiques, envisagent des bûchers politiques. Cette nouvelle inquisition médiatico-politique est le résultat achevé d’un bon demi-siècle de domination et de propagande des idéologies de gauche, lesquelles ont naturellement abouti aux « avancées sociétales » que l’on sait et au wokisme, à la morale punitive de l’écologisme, au racialisme raciste, à un islamo-gauchisme qui ne dit pas son nom, en même temps qu’à une ferveur redoublée pour interdire, bâillonner, censurer, au moment où elle sent bien qu’elle n’impose plus totalement sa loi. Pourtant, de France Inter à Libération, de France Info au Monde, de Yaël Goosz à Thomas Legrand, le rouleau compresseur de la grossière propagande de gauche et d’extrême gauche reste d’une redoutable efficacité. Il serait illusoire de penser que la machine d’endoctrinement est définitivement enrayée – l’Éducation nationale, l’École normale supérieure, les écoles de journalisme, les chaires de sciences sociales et les instituts d’études politiques sont entre les mains de « scientifiques » de l’éducation, de recteurs, d’universitaires et de professeurs majoritairement de gauche et d’extrême gauche ; ils forment tout à la fois les futurs citoyens embrigadés par les médias dominants et la caste politico-journalistique chargée de rééduquer cette partie de la population qui résiste encore en s’informant ailleurs que sur l’audiovisuel public, notamment grâce à des médias numériques indépendants, des journaux dissidents ou des chaînes privées, de Livre noir à CNews, de TVLibertés à Sud Radio, de Causeur à Boulevard Voltaire. 

Ces médias réfractaires empêchent Thomas Legrand et Yaël Goosz de dormir en paix ? Tant mieux ! Devenir le cauchemar de ces sinistres censeurs devrait être le rêve de tout média qui se respecte.

Par Didier Desrimais le 4 janvier 2023

Causeur

jeudi 15 décembre 2022

Maroc contre Europe: la Coupe du Monde du Choc des civilisations?



La Coupe du monde est-elle l’occasion pour une certaine rivalité amicale entre les nations ou pour l’expression d’attitudes revanchardes voire vengeresses contre l’Occident ? Le président de la FIFA, Gianni Infantino, semble y voir surtout une opportunité pour une grande auto-culpabilisation historique, lui qui a fait la déclaration suivante : « Pour ce que nous, les Européens, avons fait au cours des 3000 dernières années, nous devrions nous excuser pendant les 3000 prochaines années avant de donner des leçons au Qatar ». L’attitude de supporteurs et de joueurs de pays maghrébins, notamment du Maroc, suggère, de différentes manières, qu’à leurs yeux il y a bien une revanche à prendre sur les anciennes nations colonisatrices, comme si eux croyaient moins au « vivre ensemble » prêché par les idéologues immigrationnistes qu’à un véritable choc des civilisations.

Quand la fête se transforme en émeute

Les victoires des « Lions de l’Atlas » face à la Belgique (27 novembre), à l’Espagne (6 décembre) et au Portugal (10 décembre) ont donné lieu à des scènes d’affrontements avec les policiers : aux Pays-Bas, en France et en Belgique, surtout dans l’enclave marocaine de Molenbeek, en banlieue de Bruxelles.

Preuve de l’importance des enjeux géopolitiques, les joueurs et supporters marocains ont fêté leurs victoires en brandissant le drapeau palestinien. Le 6 décembre, aux Champs-Elysées, les supporteurs du Maroc ont fêté leur triomphe aux cris de « Free Palestine ! », et des images ont montré des supporteurs mettant le feu à un drapeau d’Israël. Le même soir, d’autres supporteurs ont installé leur drapeau sur la façade de la Mairie d’Amiens Nord.  En plus de ces épisodes d’importance symbolique, de nombreux autres incidents violents ailleurs en France, comme le pillage de commerces et d’un camion à Avignon, contrastent avec les célébrations sans incident de la communauté portugaise de France, pourtant beaucoup plus nombreuse que la marocaine.

Revanche sur la Reconquista et références islamiques

Sur les réseaux sociaux les supporters du Maroc ont publié de nombreux visuels s’inscrivant dans une perspective historique de revanche notamment contre l’Espagne, considérée coupable d’avoir osé se libérer de sept siècles d’occupation arabe en menant sa Reconquista. Sur internet, tel montage revisite la composition de l’équipe avec les conquérants arabes de l’Espagne, tel autre diffuse une carte d’Al Andalus avec le commentaire, « It’s back ».

« Cette victoire appartient à tout le peuple marocain, tous les peuples arabes, et tous les peuples musulmans du monde », a commenté de son côté le joueur Sofiane Boufal. Difficile d’imaginer l’ampleur du scandale si un joueur de l’équipe nationale d’Italie, de France ou d’Espagne avait revendiqué son succès au nom « de tous les peuples européens, de tous les peuples chrétiens ».

La dimension islamique de l’enjeu s’exprime d’ailleurs sous de multiples aspects. Par exemple, les joueurs marocains pratiquent la prière islamique pour célébrer leur victoire ou avant une séance de tir au but et n’hésitent pas à appeler directement à rejoindre l’islam au cri « d’Allah akbar ». Le Hamas a félicité l’équipe marocaine pour sa victoire sur le Portugal.[1]

Sur le site du mensuel marocain francophone Le Courrier de l’Atlas, le journaliste Abdellatif El Azizi analyse la victoire du Maroc dans un article intitulé de manière significative, « Football. La reconquête » : « Bien sûr, nous n’avons pas libéré la Palestine, nous n’avons pas repris nos territoires occupés de Sebta et Mellilia, c’est certain que l’Occident continue de piller nos richesses, mais il y avait du bonheur à regarder ces jeunes joueurs redonner de la joie à des populations dépitées par l’hégémonie sportive des anciens colons ». Il poursuit : « Chez nos ennemis d’hier, ce n’était pas encore la panique mais il semble que déjà̀ une peur sourde gagne le monde occidental. Alors, si le foot est devenu la continuation de la guerre par d’autres moyens, tant mieux […] »Il conclut : « La blessure de l’Andalousie […] n’a jamais été totalement pansée entre ces deux pays qui se regardent en chiens de faïence malgré cette réconciliation de façade. Il n’y a qu’à observer la profusion de vidéos évoquant l’Andalousie ou le chef de guerre Tarek Ibn Ziyad pour s’en convaincre ». Ce dernier étant un des conquérants arabes historiques de la péninsule ibérique, on ne peut pas être plus clair : derrière ce match entre l’Espagne et le Maroc se cachaient ses rancœurs historiques multiséculaires contre l’Occident. Car le monde arabo-islamique ne s’est toujours pas remis de ce qu’il considère comme une humiliation et il entend bien laver l’affront chaque fois qu’il en aura l’opportunité. Une vision que confirme à So Foot l’écrivain marocain Abdellah Taïa : « il se joue dans le parcours des Lions quelque chose de l’ordre du post-colonial. Je suis à El Jadida, une ville fondée par les Portugais. Dans la rue, dans les conversations, j’entendais : « On s’est débarrassés des Portugais, des Espagnols et bientôt des Français ». Le parallèle historique est évident. C’est encore plus fort dans le cas de la France qui conserve une grande influence au Maroc. Il existe donc un sentiment de revanche »

Les risques de limmigration

Dès lors, se pose la question : ne manquerait-t-on pas au principe de précaution en continuant de laisser venir s’installer chez nous par millions des personnes dont au moins un certain nombre pensent qu’ils ont une revanche à prendre sur l’Occident? Faisons le bilan de l’immigration marocaine. En France, la communauté marocaine représentait 1,5 millions en 2015, mais aujourd’hui elle représente probablement 2 millions d’individus sur 3 générations (selon l’Observatoire de l’immigration et de la démographie, article à paraître dans Causeur). Le Maroc est la première terre d’origine des mineurs non-accompagnés (MNA) dont la généreuse contribution statistique à la délinquance des grandes villes est reconnue. Dans les prisons, les Marocains sont aussi la deuxième nationalité la plus représentée derrière les Algériens et même la première au niveau européen avec près de 12.000 détenus. Avec un taux de fécondité des immigrées marocaines largement supérieur à celui des Françaises natives (3,4 enfants par femme contre 1,9 enfants par femme française native) et 34% des Marocains qui souhaitent émigrer, la pression démographique marocaine est intense. D’autant que chaque année, environ 30 000 primo-visas sont offerts au Maroc, avec un record de 35192 en 2021, et 19% des naturalisations françaises sont accordées à des Marocains. Pourtant, 42,7% des Marocains de plus de 15 ans qui vivent en France étaient chômeurs ou inactifs en 2017.

Au Pays-Bas, la « Mocro Mafia » marocaine qui gère le trafic de drogue fait régner la terreur dans le pays. Une centaine de morts dans des règlements de compte, des attaques au lance-roquette et à la voiture-bélier contre des médias trop curieux (Panorama et De Telegraaf), l’assassinat d’un journaliste et la mise sous protection rapprochée de la princesse et du Premier ministre suite à des tentatives d’enlèvement ont bouleversé la tranquillité du pays des tulipes.

Enfin, en Belgique, le pays est au seuil du basculement démographique : 20% de la population est d’origine étrangère, principalement marocaine.  A Molenbeek-Saint-Jean, l’épicentre des célébrations des victoires du Maroc dans le pays, une scène a d’ailleurs provoqué le malaise sur les réseaux sociaux : le procureur du Roi des Belges Yassine Sellika, a été surpris apparemment en train de célébrer la victoire du Maroc face à la Belgique. Cette ville de 80.000 habitants est devenue la base arrière du djihadisme en Europe. C’est là qu’avait trouvé refuge Salah Abdeslam. La contribution de l’immigration marocaine au terrorisme islamique fait d’ailleurs frémir. Le meurtrier de Thomas Monjoie, policier belge égorgé il y a 15 jours à Schaerbeek dans la banlieue de Bruxelles ? Yassine Mahi : belgo-marocain. Le terroriste du Thalys, condamné cette semaine à la perpétuité ? Ayoub El Khazzani : français d’origine marocaine. Les terroristes du 13 novembre 2015 ? Les frères Abdeslam et Bilal Hadfi : français d’origine marocaine, et Abdelhamid Abbaoud : belgo-marocain. Et ceux des attentats de Bruxelles et Zaventeen de mars 2016 qui sont jugés ce mois-ci ? Mohammed Abrinni, Khalid et Ibrahim El Bakraoui : belges d’origine marocaine, et Najim Laachraoui : belgo-marocain. L’assassin des policiers égorgés à Magnanville ? Larossi Abbala : français d’origine marocaine. Et le terroriste qui a tué le gendarme Arnaud Beltrame à Trèbes ? Radouane Lakdim : Français d’origine marocaine.

Le match de ce mercredi sera-t-il donc un épisode du choc sportif des civilisations, celui d’une revanche historique contre l’ancien colonisateur teintée de prosélytisme islamique ? Pour cette mission, les joueurs du Maroc peuvent compter sur le soutien de tous les pays arabo-musulmans qui rêvent autant de voir l’un des leurs en finale du Coupe du Monde que d’humilier les Français. Victoire ou défaite, faut-il craindre le pire pour cette soirée ?

[1] Les victoires du Maroc seraient même fêtées par les brigades armées du Hamas.

Par Damien Rieu, Reconquête! le 14 décembre 2022

Causeur

jeudi 8 décembre 2022

Un nouveau rôle pour l’Éducation nationale



La longue interview sur Radio J du ministre de l’Education nationale mériterait d’être commentée dans son ensemble, tant il s’est montré droit dans ses bottes idéologiques, en réponse à des questions généralement d’une grande complaisance de Frédéric Haziza, qui semblait avoir décidé de lui servir la soupe.

Une seule phrase toutefois suffira pour mesurer les intentions de Pap Ndiaye, quant à sa conception de son rôle de ministre. La voici, à propos d’Eric Zemmour : 

« Il est clair que ce type de personnage dans la vie politique est un poison lent contre lequel il faut mettre les français en garde, et nous avons, nous, du côté de l’Éducation Nationale, notre rôle à jouer ».

Tout est dit, l’Éducation nationale a un nouveau rôle à jouer, il faut le savoir et le souligner. On savait déjà que ce ministre avait donné quatre axes à son action, dans l’ordre : lutte contre les inégalités, savoirs fondamentaux, bien-être de l’élève, question écologique. Dans un autre monde, dans une vie un peu rêvée, on pourrait imaginer que l’acquisition des savoirs fondamentaux soit l’unique et essentielle mission de l’Education nationale, sachant qu’elle a déjà bien du mal à la remplir. Mais non, ce n’est plus qu’une mission parmi d’autres, et même pas la plus importante.

Mais maintenant il faut envisager, apparemment, une cinquième mission : l’Éducation Nationale doit éduquer nos enfants à bien penser. Il faut leur enseigner où se situe le bon, le bien, le vrai. Il faut désigner les méchants et les mal pensants, leur expliquer qu’il y a des choses qui ne se disent pas, et même qui ne se pensent pas, et qu’il existe à droite une frontière au-delà de laquelle commence l’empire du mal.

Remarque : le ministre en question avait déjà dit au début de sa prise de fonction que son combat de toujours consistait et consisterait encore là à se battre contre le « Front National » qu’il appelle ainsi malgré le changement de nom. C’est dire si on ne l’a pas nommé au bon poste ! Il serait éventuellement bon de rappeler ses premiers propos pour démontrer l’obsession du monsieur à l’égard de ce que l’on appelle « l’extrême droite ».

Par Pierre Cretin le 7 décembre 2022

Causeur

samedi 3 décembre 2022

« Et si les Beatles n’étaient pas nés ? » — et autres hypothèses stimulantes



« Si j’aurais su, j’aurais pas venu », se lamente P’tit Gibus, dans la seule vraie adaptation — celle d’Yves Robert — de La Guerre des boutons, la seule fidèle au roman de Louis Pergaud : les censeurs qui contrôlent les ondes se gardent bien de la rediffuser, de peur de choquer la brigade anti-pédophilie, puisqu’on y voit à loilpé les fesses des garnements qui se chamaillent dans les forêts normandes.

Les grammairiens appellent cela l’irréel du passé : on regrette que les choses ne se soient pas arrangées autrement — mais on n’y peut rien. Là règnent en maîtres le conditionnel passé et le subjonctif plus-que-parfait.

Vivre vite, couronné cette année du Goncourt, est tout entier construit sur de telles hypothèses. Brigitte Giraud évoque toutes les occasions (ratées) qui auraient pu ne pas conduire à la mort de son compagnon dans un accident stupide. Et si, par exemple, les Japonais n’avaient pas construit la Honda 900 CBR Fireblade, dite « widow maker », qu’ils se gardaient bien d’autoriser chez eux. Je n’épiloguerai pas, j’en ai déjà parlé par ailleurs, l’un des premiers, et Sophie Bachat dans Causeur en a dit tout le bien qu’elle en pense.

Dans son numéro de fin d’année 2021, Marianne avait épuisé tous les « Et si » que les déceptions en cascade nées de cette France obsolescente pouvaient engendrer. Et dans un essai remarquablement intelligent et bien écrit, comme tout ce qui sort de sa plume, l’essayiste Pierre Bayard a jeté un long regard en arrière pour évoquer des hypothèses dont l’effet, si elles s’étaient réalisées, eût pu changer la face du monde mieux que la longueur du nez de Cléopâtre.

« Et si les Beatles n’étaient pas nés » ? Ainsi commence ce livre, qui ne se contente pas d’effacer tel ou tel personnage, mais d’envisager son remplacement par un autre, qui existait aussi, n’était pas dépourvu de talent et auquel l’icône a fait une ombre telle qu’il a disparu corps et bien. Si les Beatles n’étaient pas nés, si Brian Epstein n’avait pas pris leur carrière en main, nous aurions dansé le slow sur «Waterloo Sunset».

C’est, on s’en souvient peut-être, le thème de Jean-Philippe, l’excellent film de Laurent Tuel, où Fabrice Luchini, fan inconditionnel de Johnny Halliday, se réveille après un léger coma dans un monde où Jean-Philippe Smet est inconnu. Mais il existe bien, pourtant — il est patron de bowling : un stupide accident de scooter l’a empêché de participer, le 30 décembre 1959, à l’émission qui l’a lancé. Non, je ne dévoilerai pas la fin, qui retourne la dystopie en uchronie.

Pierre Bayard va très loin et réhabilite par ce procédé de grandes pointures éclipsées par tel ou tel phare de l’humanité. Sans Shakespeare, par exemple, on n’aurait pas oublié Ben Jonson, auteur important de l’ère élisabéthaine, dont il ne reste (vaguement) dans les mémoires que Volpone, et encore parce que Harry Baur et Louis Jouvet l’ont interprété — disponible en intégralité ici. Mais il échafaude aussi des hypothèses corrosives : si Freud n’était pas né, aurions-nous encore des problèmes ? Si Max Brod avait brûlé les manuscrits de Kafka, conformément au vœu de son ami ? Si la CIA n’avait pas décidé de se faire éditeur et de diffuser le Docteur Jivago, sentant que le roman était une épine dans la chaussure des Soviétiques — ce qui éclipsa Le Don Paisible, splendide roman sur un thème similaire de Mikhaïl Cholokhov, et valut le Nobel à Pasternak.

Ou si Marx…  

La dystopie est bâtie sur une hypothèse noire. Ainsi, dans Le Maître du haut château, Philip K. Dick imagine que l’Axe a gagné la Deuxième Guerre mondiale, et que les Etats-Unis sont occupés à l’est par les Allemands, à l’ouest par les Japonais — et qu’un roman narrant la victoire des Alliés amène une uchronie dans la dystopie.
Parce que l’uchronie, elle, est la re-création d’un monde plus agréable à notre goût. En 1836 un certain Louis Geoffroy (1803-1858) publia Napoléon et la conquête du monde, où il raconte comment l’Empereur, après avoir subjugué les Russes, étend son empire jusqu’au Japon. Giscard d’Estaing, qui n’a jamais utilisé de nègre et qui n’a jamais copié personne, a publié en 2010 un roman intitulé La Victoire de la Grande armée qui part exactement de la même hypothèse — un hasard, probablement. Le roman de Geoffroy étant disponible sur Wikisource, chacun pourra s’en faire une idée.

À noter que ce qui est dystopie pour les uns peut être uchronie pour d’autres. Le romancier Emmanuel Carrère, alors à l’aube de sa carrière, publia en 1986 un essai stimulant intitulé Le Détroit de Behring, où il analyse en détail les principes uchroniques : l’Encyclopedia Sovietica, après l’exécution de Beria en décembre 1953, fit effacer le nom du tortionnaire préféré de Staline de tous les exemplaires envoyés aux souscripteurs en leur expédiant un article de même format sur « Behring, détroit de » — à coller sur l’article Beria pour le faire disparaître. Évidemment ça n’effaçait pas le Goulag ni le massacre de Katyn, entre autres exactions commises par ce grand bienfaiteur de l’humanité.

Je suggère au lecteur, après avoir fait l’acquisition des ouvrages indispensables cités ci-dessus, de chercher les « Et si » les plus à même de corriger la trajectoire désastreuse de la France — ou du monde, si vous avez de l’ambition et de la démesure. Ou votre trajectoire personnelle : après tout, si la voiture qui hier soir m’a accroché la veste en virant sec en plein centre-ville avait tourné plus sec, je ne serais pas là pour écrire cette chronique — dystopie ou uchronie, à votre gré.

Parce qu’avec des « Et si », on pourrait révolutionner bien des choses. Obliger Karim Benzema à chanter la Marseillaise. Nommer Cyril Hanouna au ministère de l’Éducation, et Elisabeth Lévy à la tête de France Télévision. Imaginer que Virginie Despentes aurait enfin potassé le BLED. Ou me faire taire…

Non, ça, ce n’est pas possible — même dans les rêves fous de tous les gens qui me veulent du bien.

Par Jean-Paul Brighelli le 3 décembre 2022

Causeur