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samedi 25 novembre 2023

Des raids d’extrême droite sur AlloCiné ?

 


Stupeur et tremblements dans le petit monde du cinéma. Comme nous le disait hier Jany Leroy, la Société des réalisateurs de films français (SRF) tire la sonnette d’alarme : la menace fasciste plane sur le septième art. « Nous assistons à une offensive résolue, massive et coordonnée de l'extrême droite sur le terrain culturel, dont le cinéma, art populaire par excellence, est une cible privilégiée. »

Pour illustrer son propos, la SRF évoque le bide du film Avant que les flammes ne s’éteignent, de Mehdi Fikri, ode militante et caricaturale à Assa Traoré. « Le film est actuellement l’objet d’une violente campagne de dénigrement relayée par la chaîne CNews et les réseaux sociaux, en particulier sur la plate-forme AlloCiné où sa "note spectateur" a brutalement chuté à 1,4, le mercredi 15 novembre au matin, jour de sa sortie en salles, avant même la première séance de 9 h […] Nous dénonçons ces manœuvres d’intimidation car elles cherchent en réalité à pratiquer une censure de fait qui ne dit pas son nom. Elles portent ainsi atteinte à la liberté de création des cinéastes et à la libre diffusion des œuvres. »

Autrement dit : si vous n’aimez pas les pires bouses décoloniales, vous êtes un dangereux fasciste d’extrême droite.

Une victimisation malhonnête et borgne

Analysons plus en détail ce communiqué teinté de complotisme. Pour commencer, la SRF reproche aux internautes d’avoir détesté le film avant même de l’avoir vu. C’est parfaitement hypocrite. Pourquoi devrait-on absolument s’enfiler les 96 minutes du film avant d’avoir le droit d’en critiquer le parti pris idéologique et le violent propos anti-police quand ceux-ci sont revendiqués par le réalisateur dans toutes ses interviews ainsi que dans sa bande-annonce ? Le public est également en droit d’émettre un avis sur le thème choisi (les pseudo « violences policières ») lorsque celui-ci a déjà fait l’objet, récemment, de plusieurs autres longs-métrages tout autant dispensables.

Passons maintenant à la « campagne de dénigrement » qu’aurait lancée CNews contre le film. Faut-il comprendre que la SRF est opposée à la liberté de la presse, l'un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques ? Cela constituerait une position digne des pires chemises brunes… Si nos chers amis metteurs en scène s’indignent de voir un film étrillé par les médias, pourquoi ne se sont-ils pas indignés lorsque le film Vaincre ou mourir , inspiré d’un spectacle du Puy du Fou, a été la cible des flèches empoisonnées de LibérationTélérama et L’Humanité ? S’ils s’inquiètent d’une « censure qui ne dit pas son nom », pourquoi ne se sont-ils pas inquiétés quand des élus d’extrême gauche ont remis en cause le financement public accordé au même film ?

La propagande gauchiste ne passe plus

En réalité, la SRF ne défend pas sa « liberté de création » mais son entreprise de rééducation. La critique virile d’un film ne l’indigne que lorsque celui-ci est de son bord politique. Le cinéma français veut continuer son œuvre de propagande et vit très mal la contestation de son magistère moral. Ce qu’il ne comprend pas, c’est que ce n’est pas « l’extrême droite » qui se mobilise dans l’ombre, c’est le peuple français qui n’en peut plus et qui commence à le faire savoir. Ce dernier en a assez de payer 10 euros la séance pour se faire cracher au visage et s’entendre dire que sa police est raciste, que ses ancêtres sont esclavagistes, que son pays doit tout à l’immigration.

La meilleure preuve en est l’échec patent du film Avant que les flammes ne s’éteignent : malgré une intense promotion assurée par le service public, le navet subventionné n’a pas dépassé les 2.200 entrées le jour de sa sortie, soit une moyenne de… 18 spectateurs par cinéma. Une gifle. Et comme on dit dans le métier, le public a toujours raison.

Par Jean Kast le 25 novembre 2023

Boulevard Voltaire


mercredi 1 novembre 2023

Le “monde de la culture”, “L’Humanité” et “Rivarol” sont dans un bateau…



Éric Cantona, Juliette Binoche, Annie Ernaux, Rokhaya Diallo, Adèle Haenel, Jeanne Balibar, Swann Arlaud, Rohmane Bohringer, Robert Guédiguian et, bien entendu, l’inénarrable Guillaume Meurice, font partie des 93 personnalités ayant signé un « Appel du monde de la culture pour un cessez-le-feu immédiat à Gaza », paru dans l’Humanité.

Si ces bonnes gens disent « avoir été horrifiées par les massacres du 7 octobre », pas une fois le mot « terroriste » n’est utilisé pour qualifier les actes du Hamas.

Y a-t-il encore une personne étonnée dans l’assistance ?

On a déjà entendu ça quelque part

Au contraire, un relativisme filandreux renvoie dos à dos l’organisation terroriste et l’État d’Israël en insistant toutefois sur les torts supposés de ce dernier : « Nous condamnons tous les crimes de guerre, ceux du Hamas et ceux du gouvernement israélien. [Les pogroms qu’ont subis les Israéliens sont au-delà des crimes de guerre ; ils relèvent de la plus abominable des barbaries, d’un effroyable crime contre l’humanité. Quels sont, en l’occurence, les crimes de guerre du gouvernement israélien ?] Nous pensons que l’oppression et le racisme, sous toutes leurs formes, sont un affront fait à notre humanité commune : il faut y mettre fin. Aujourd’hui, des décennies d’occupation privent les Palestiniens de leurs libertés et de leurs droits fondamentaux. [La bande de Gaza n’est plus « occupée » depuis 2005. Les seuls coupables de la privation de liberté des Palestiniens de Gaza sont les dirigeants du Hamas et leurs terrifiantes milices.] Déplacer des centaines de milliers de personnes de leur foyer – certaines pour la deuxième ou troisième fois – serait une nouvelle injustice catastrophique ; elle nous éloignerait, en prime, de la possibilité d’une paix juste et durable, de la sécurité pour les deux peuples. » [Le Hamas seul est responsable de cet état de fait. De plus, si les civils gazaouis sont avertis par l’armée israélienne des cibles qui vont être visées par ses missiles, le Hamas tente par tous les moyens de les empêcher de partir loin des zones meurtrières afin de les utiliser comme boucliers en espérant retourner l’opinion internationale lorsque, inévitablement, il y aura un grand nombre de victimes parmi eux.] Les signataires réclament la libération des otages et appellent « tout le monde au respect du droit international, qui interdit de porter atteinte aux civils – quel que soit le contexte ». Le Hamas étant et se comportant comme une organisation terroriste, cette dernière injonction ne peut être qu’à destination d’Israël, État démocratique dont on attend qu’il se comporte comme tel, en respectant les lois de la guerre définies par les instances internationales, ce qu’il fait en vérité.

Un Palestinien montre du doigt un corps ramené à Gaza, 7 octobre 2023 © Ali Mahmud/AP/SIPA

Pleurnicheries

Cet appel « pour la paix et la dignité pour tous les peuples » ne saurait faire oublier les sentiments de certains signataires vis-à-vis d’Israël. La mélenchoniste Annie Ernaux n’a jamais manqué de montrer sa détestation de l’État hébreu : appel au boycott de la saison culturelle France-Israël, à celui du Concours Eurovision de la chanson devant se dérouler à Tel Aviv, soutien au BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) visant spécifiquement Israël, etc. Idem pour Adèle Haenel qui milite maintenant dans un mouvement trotskyste, Révolution permanente, émanation du NPA ouvertement antisioniste, pour ne pas dire pire. 

On ne présente plus Rokhaya Diallo, antiraciste à la mode racialiste américaine, décolonialiste, toujours prompte à taper sur la France – comme Bertrand Badie, elle regrette que, au soir des attentats du 7 octobre, la Tour Eiffel n’ait été illuminée que par les couleurs du drapeau israélien et « sans mention des victimes palestiniennes […] dont les droits fondamentaux sont foulés au pied depuis des décennies », écrit-elle dans The Guardian, où elle ajoute : « L’accent mondial soudain mis sur le conflit israélo-palestinien depuis l’extrême violence du 7 octobre expose un autre type de violence: celle du silence et de l’invisibilité de l’oppression quotidienne à laquelle sont confrontés les civils palestiniens. Pendant des années, les organisations de défense des droits de l’homme ont décrit la bande de Gaza assiégée comme “une prison en plein air” ; son peuple, victime d’un “apartheid” ». 

Le géo-politicien en herbe Éric Cantona est de gauche et avoue avoir voté pour Hollande en 2012. En 2015, devant des lecteurs du Parisien, le King se disait prêt à accueillir un migrant chez lui en espérant que tous les Français fassent de même. « On va faire des guerres pour des raisons économiques, ensuite des gens fuient leur pays parce qu’on a foutu le bordel, et on n’est même pas capables de les recevoir chez nous », argumentait-il avec cette finesse analytique qui le caractérise. Le 17 octobre dernier, il tweete en zieutant sur la copie de Rokhaya Diallo : « “Palestine libre” signifie mettre fin à la mise en cage de 2,3 millions de Palestiniens se trouvant dans la plus grande prison en plein air du monde, dont la moitié sont des enfants. “Palestine libre” signifie mettre fin à l’apartheid imposé par le gouvernement israélien. “Palestine libre” signifie donner aux Palestiniens le contrôle des infrastructures sur leur terre. » 

Sur France Inter, Guillaume Meurice, toujours aussi inspiré, demande « à celles et ceux qui veulent t’obliger à choisir un camp pour t’enfermer dedans, d’aller se faire cuire le cul ! » – sachant que lui a choisi le sien depuis belle lurette. 

Quant à Juliette Binoche… disons simplement, pour ne pas être excessivement cruel, que la bisounourserie universelle et la moraline en tube ont trouvé leur égérie : « J’ai de la compassion pour les deux côtés parce qu’il y a de l’humain des deux côtés. La revanche, ce n’est pas la bonne solution. Où est la solution ? C’est au fond du cœur de chacun. Se dire qu’il y a un retournement possible. Dans nos pensées, dans nos paroles, il faut être le plus aimant possible. Et patient en espérant le meilleur », déclare-t-elle sur BFMTV en poussant moult soupirs pleurnichards.

Dans la foulée de cet appel paru dans ses colonnes, et après avoir déjà consacré de nombreux articles à la « cause palestinienne », le quotidien communiste a publié, jeudi 26 octobre, une Une bien débectante. Sur un fond sombre – un ciel noir, orageux dans lequel planent de menaçants avions ou drones – Yaël Braun-Pivet, Meyer Habib, Manuel Valls, Eric Ciotti et Jordan Bardella sont représentés entourés de ruines d’immeubles détruits par les bombes. Le titre, en gros : « Les inconditionnels de Netanyahou ». Le sous-titre : « Des personnalités françaises font bloc derrière Tel-Aviv en justifiant tout, y compris les crimes de guerre à Gaza au nom du “droit à se défendre”. » 

Sur CNews, dans l’émission Punchline, Éric Naulleau a dit son écœurement à la vue de cette Une de L’Humanité faisant « penser à Rivarol, journal d’extrême droite négationniste et antisémite » – le même Rivarol qui, dernièrement, a salué le « courage » d’un Jean-Luc Mélenchon refusant de « s’aligner inconditionnellement sur l’entité sioniste » – et Céline Pina a souligné à juste titre l’hypocrisie d’un parti communiste disant rompre avec Mélenchon tout en s’appropriant la même imagerie idéologique anti-israélienne frisant parfois l’antisémitisme.

Manifestations polémiques

Les masques tombent. Il faut dire qu’ils ne tenaient plus qu’à un fil. L’islamo-gauchisme teinté d’un antisionisme exacerbé cachant mal quelques relents antisémites continue d’envahir les rangs de la gauche et de l’extrême gauche. Tandis que les actes antisémites se multiplient en France, des élus de la République se pavanent dans les manifestations de soutien à la « cause palestinienne » soutenant en vérité le Hamas. Voyant cela, un grand nombre de jeunes Français de confession musulmane se sentent confortés dans leur préférence pour la charia contre les lois de la République. Ils se moquent de leurs grand-pères comme des kouffars – ils rangent naturellement dans cette dernière catégorie les idiots utiles à leur cause, les mélenchonistes et les écologistes qui subiront finalement le sort commun aux dhimmis.

Beaucoup de ces musulmans issus de l’immigration ancienne ou nouvelle ignorent l’histoire complexe du Proche-Orient – la « cause palestinienne » ne sert depuis longtemps qu’à agglomérer une haine antisémite enkystée dans le monde musulman, un ressentiment post-colonial savamment alimenté par des pays comme l’Algérie et une détestation de certaines mœurs occidentales. 

Nos artistes pétitionnaires, si soucieux du sort des Palestiniens en particulier et des migrants en général, ignorent qu’eux aussi sont qualifiés d’idiots utiles par les islamistes, salafistes et Frères musulmans qui œuvrent pour la disparition de l’État d’Israël et pour la déstabilisation et l’islamisation de l’Europe qu’ils considèrent être le ventre mou de l’Occident. 

Ces donneurs de leçons de morale n’ont toujours pas compris à qui ni à quoi ils ont affaire. Malheureusement, lorsqu’ils le comprendront, il sera trop tard – pour les éclairer sur le possible avenir qui les et nous attend, peut-être pouvons-nous leur conseiller de lire le roman de Michel Houellebecq, Soumission, et, tant qu’ils y seront, de jeter un œil sur celui de Jean Raspail, Le Camp des saints.

Par Didier Desrimais le 31 octobre 2023

Causeur

dimanche 29 octobre 2023

Le 3 avril 1987... Il y a mille ans



La liberté d’expression est morte depuis qu’elle est devenue, pour les tenants du gauchisme culturel, la liberté d’interdire d’expression quiconque ne pense pas comme eux. On ne compte plus les atteintes à cette liberté : interdiction à tel ou tel de donner une conférence, défense de réunir ses lecteurs dans une salle publique, une bibliothèque, une librairie, à l’École normale supérieure, à Science Po, dans des universités.

Le service public, payé par le contribuable, propose des plateaux et des tables rondes où débattent blancs bonnets et bonnets blancs. Les contradicteurs sont des faire-valoir. Questions perfides aux Rebelles, ronds de jambe de connivence pour les Soumis, proscriptions des Résistants. Ceux qui en appellent à la liberté d’expression l’interdisent au nom de la liberté d’expression. À Bordeaux, on interdit Sylviane Agacinski qui s’élève contre la traite négrière moderne qu’est la vente d’enfants ; et on invite Judith Butler qui œuvre à la marchandisation des corps et on lui décerne le titre de docteur honoris causa à l’Université de... Bordeaux. On interdit Alain Finkielkraut à Science Po Paris ; et on sollicite Houria Bouteldja, racialiste, antisioniste et décolonialiste à l’Université de Limoges. On détruit quatre cent cinquante livres de François Hollande à l’Université de Lille ; et on déroule le tapis rouge de l’Université de... Bordeaux à Jean-Marc Rouillan, d’Action directe, bien qu’il ait tué deux personnes et fait l’apologie du terrorisme en 2015 – bien que, ou peut-être plutôt parce que.

J’ai souvenir, pour ma part, qu’une pétition lancée par les freudolâtres, Élisabeth Roudinesco en tête, avait été envoyée à France Culture pour interdire la diffusion de mon séminaire de l’Université populaire de Caen consacré à Freud. Cette demande de censure avait été effectuée « au nom de la liberté d’expression » ! Le directeur de l’époque, Olivier Poivre d’Arvor, n’y a pas consenti, qu’il en soit ici remercié. La besogne fut exécutée il y a six ans par Sandrine Treiner. Je suis toujours interdit de service public, y compris dans cette maison qui affiche sans rire un slogan à se tordre : « France Culture, l’esprit d’ouverture ». C’est probablement au nom de l’esprit d’ouverture qu’ils décrètent tant de fermetures !

L’impossible débat

Le débat démocratique n’existe plus. Quant, à Front populaire, nous avons organisé une rencontre avec Éric Zemmour, qui n’était pas encore candidat, devant quatre mille personnes au palais des Congrès de Paris, L’Obs a fait paraître un article expliquant ce que cette rencontre avait donné... une heure avant qu’elle ait eu lieu ! Incestueuse, la presse maëstrichienne a ensuite fait savoir que j’étais aligné sur lui.

Quelque temps plus tard, l’Agence France Presse annonça que « j’envisageais de voter Zemmour » en oubliant que j’avais ajouté une condition : « S’il muscle son bras gauche ! » Il ne l’a pas musclé, c’est le moins qu’on puisse dire, il n’y eut donc pas de compagnonnage. Mais débattre avait suffi pour anathématiser. Peu importe que j’aie fait savoir partout que je souscrivais à son diagnostic d’une France qui allait mal, mais pas à ses solutions ; il croit à l’homme providentiel, moi au peuple providentiel ; rien n’y a fait. Nous avions débattu, nous nous sommes parlé, nous avons ferraillé et bataillé sans nous insulter, mais j’étais un allié du diable du simple fait d’avoir échangé avec lui !

Il est loin le temps béni où l’excellent Bernard Pivot pouvait inviter sur le plateau d’Apostrophes Maurice Bardèche, fasciste revendiqué, et Bernard-Henri Lévy, sans que la presse du gauchisme culturel ne titre le lendemain que BHL souscrivait à ses thèses antisémites. Il y avait aussi, sur ce plateau, un certain Gabriel Matzneff. Quelle était la thématique ? La responsabilité des intellectuels. Bardèche, l’un des inventeurs du négationnisme, y défendait un livre sur Céline, et BHL son Éloge des intellectuels. Personne n’a estimé que, par capillarité, Bernard-Henri Lévy soit devenu négationniste, ni même que Bardèche fût converti aux idéaux de BHL. Il y avait juste eu débat. C’était le 3 avril 1987, il y a mille ans.

Ces débats ne sont plus parce que la gauche culturelle voit son pouvoir menacé par une presse et des médias vraiment libres qui n’appartiennent ni à l’État ni à des milliardaires alignés sur son idéologie nihiliste.

De Gaulle avait, après-guerre, donné la culture, l’éducation, la recherche, l’université à la gauche avec laquelle il gouvernait – difficile de confier l’Intérieur, les Affaires étrangères, l’Armée aux communistes qui prenaient leurs ordres à Moscou...

Mai 68 a généré une gauche soixantaine-huitarde qui s’en est donnée à cœur joie en se recasant chez Mitterrand, grand recycleur de trotskistes. Ceux-là ont détruit ce qu’ils ont touché. On commence à le dire, ça commence à se voir, à se savoir : ils défendent leur peau de chagrin idéologique comme des satrapes le dos au mur. 

Quand ils entendent une voix qui ne vient pas de leur meute, ils sortent leur revolver.

Par Michel Onfray le 29 octobre 2023

Le JDD


vendredi 8 septembre 2023

France 2 au Puy du Fou : un procès creux et bas de plafond



Il est 23 heures. Élise Lucet conclut son émission « Envoyé spécial » pour laisser place à ses confrères de « Complément d’enquête ». Cette semaine, nos enquêteurs-inquisiteurs tiennent du lourd : ils nous emmènent dans les coulisses du Puy du Fou. L’alléchant titre, « Histoire, argent, pouvoir : les vrais secrets du Puy du Fou » promet une soirée riche. Hélas, on aurait pu aller se coucher plus tôt. Philippe de Villiers, que les enquêteurs regrettent de n’avoir pu interviewer, aura tout dit, saisi caméra au poing, en un mot, dans l’encoignure d’une porte : « Vous devriez avoir honte ! »

À défaut de penser, il reste les poncifs

Il ne sera pas question de l’insolent succès de ce parc de l’Histoire de France devenu une marque mondiale et qui vient de battre le record de 2,5 millions de visiteurs l'an dernier. On ne saura rien de ce parc bâti sur l’engagement de bénévoles passionnés ni de cette entreprise au professionnalisme reconnu, déjà lancée dans de nouveaux grands projets. Non, parlons réseau, parlons influence.

Le combat du Puy du Fou pour obtenir la réouverture des parcs et spectacles de plein air, mené et obtenu avec toute la cohorte des autres parcs de loisirs français, est ramené à un simple privilège du prince. Le Puy du Fou n’a pourtant bénéficié d’aucune faveur. Le combat pour faire reconnaître l’activité bénévole, à l'origine de l’aventure bientôt quinquagénaire du Puy du Fou, comme une activité inhérente au monde du spectacle ? Une malversation, alors même que la mesure est signée avec l’en-tête de l’État et applicable à tous, bien au-delà du parc du Puy du Fou. L’organisation du Puy du Fou sous forme d’association composée de tous les bénévoles ? Un tour de passe-passe au bénéfice d’une seule famille et de ses membres : les vicomtes de Villiers ! C'est pourtant cette association qui porte l’entreprise et fait fonctionner le parc. Une société, Puy du Fou Stratégie, réunit les auteurs des scenarii pour protéger les droits d’auteur, les réinvestir, préférer l’investissement hors de tout enrichissement personnel et garantir l’indépendance de l’ensemble.

À défaut de griefs réels, il reste les poncifs. Les témoins à charge témoignent d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. L’ancien maire et président de l’association semble bien perdu dans ses souvenirs et nous emmêle autant qu’il s’emmêle. L’habituelle bénévole déçue se perd dans les chiffres et plaide pour un bénévolat… payant ! Le patron vendéen retraité est étonnamment peu au fait des réalités de l’entreprise. Les analyses de pièces à conviction font flop, tant ces journalistes semblent éloignés des réalités de terrain : une expansion au mépris des règles de l’urbanisme ? Aucun projet de construction n’existe sans documents d’urbanisme dûment votés et délibérations municipales dûment soumises au contrôle de légalité. Des routes spécialement réalisées pour desservir le parc ? Le plan de désenclavement de la Vendée, ses autoroutes à la campagne, ses habitations à moins de vingt minutes d’une 2x2 voies, c’est justement la signature du dynamisme vendéen, ici et aux quatre coins du département. Le génocide vendéen, terrible tache sur le souvenir de la Terreur, sur la Révolution française et la République naissante, sur lequel le journaliste insiste ? C’est une des pages d’Histoire du Puy du Fou, une page douloureuse muée en pardon et en renaissance après l’épuration qui fit 200.000 à 300.000 morts, au point que certains historiens parlent de génocide.

Réflexes conditionnés

Autant de paresses intellectuelles, de réflexes conditionnés, d’inculture patente devraient inciter France Télévisions à se concentrer sur ce qu’elle sait faire avec la redevance publique : les émissions de drag queen en prime time. Il est minuit passé, on baille, l’œil mi-clos. Face au journaliste, Nicolas de Villiers, président du Puy du Fou, le ton posé, répond volontiers à l’ultime interrogatoire. Le patron du Puy du Fou a ouvert grand les portes du parc aux caméras de France 2. C’est cela, l’omerta en Vendée, ce pays reculé qu’on a voulu nous montrer comme un peu aviné, un peu arriéré, toujours sous la coupe des aristocrates exploitant le bon peuple.

Si c'était une enquête, on aurait mieux fait de rester sous la couette. Au micro de Pascal Praud sur Europe 1, Nicolas de Villiers réagissait, ce vendredi : « France 2 est le seul média visiblement insensible à ce que nous essayons de faire, c’est-à-dire une belle aventure française qui a le défaut d’être née du bénévolat […] On considère que ce bénévolat irrigue l’esprit même de la maison Puy du Fou. » La magie du Puy du Fou ne pâtira pas de ce bel exemple de déconstruction et de désinformation. Une insulte, au-delà du Puy du Fou, à toutes les associations et à tous les bénévoles.

Par Iris Bridier le 8 septembre 2023

Boulevard Voltaire

dimanche 3 septembre 2023

Sondage sur l’immigration : union des droites, fracturation des gauches



Ce n'est pas le premier et sans doute pas le dernier : un nouveau sondage réalisé par Harris Interactive pour Challenges vient redire l'exaspération profonde des Français devant l'immigration massive. Depuis 2017, ces sondages se succèdent, pour le moment sans conséquence politique autre que l'accession de Marine Le Pen au second tour, l'apparition du parti d'Éric Zemmour et, du côté de Macron, de vagues intentions : « réduire significativement l’immigration ». Pourtant, comme le remarquait en avril dernier Arnaud Florac en commentant une enquête CSA pour CNews, ce sujet jadis tabou fait aujourd'hui consensus. Et il n'y a plus qu'Élisabeth Borne, comme le soulignait François-Xavier Bellamy, pour le trouver « clivant ».

Cette nouvelle enquête ne porte pas exclusivement sur l'immigration mais sur « les rapports des Français aux valeurs républicaines ». C'est parfois un détour sémantique pour tourner autour du pot et ne pas immédiatement stigmatiser. Mais ici, le détour est instructif : le sondeur relève un écart entre l'attachement des Français aux grands principes, notamment la liberté (bien au-dessus de l'égalité et de la fraternité), le respect et la justice et leur désarroi devant leur disparition effective. Paradoxes, comme le titre le sondage ? Non : lucidité. Nous sommes matraqués d'incantations tous les jours démenties par les faits. Les Français sont bien conscients du processus de décivilisation en cours.

Bien conscients, aussi, que l'immigration est au cœur du problème. Sur ce sujet, il faut aller à la page 45 du rapport pour trouver les chiffres du consensus : 71 % des Français sont inquiets de l'immigration. Une inquiétude déclinée à l'envi : 72 % considèrent que les immigrés sont trop aidés par l’État, 72 % qu’ils posent des problèmes de sécurité, 61 % qu’ils représentent une menace culturelle et 56 % une menace sociale.

Pas davantage de surprise dans l'analyse politique des chiffres selon la proximité partisane des sondés : ils atteignent une quasi-unanimité, à plus de 80 ou 90 %, chez les sympathisants LR, RN ou Reconquête. L'immigration est un puissant ferment d'unification de l'électorat de droite. Mais l'enquête recèle d'autres motifs d'espoir : l'inquiétude sur l'immigration touche aussi ceux qui se déclarent sans préférence partisane et les électeurs macronistes ! Ils sont 72 % à estimer que les immigrés sont trop aidés par l'État et posent des problèmes de sécurité. Et même 60 % à estimer qu'ils représentent une menace culturelle. Nouvelle preuve de la droitisation de l'électorat macroniste, à méditer pour les prochaines élections.

Enfin, la plus grande surprise est sans doute la division profonde de l'électorat de gauche sur l'immigration. Cette division touche les trois partis LFI, PS et EELV dans les mêmes proportions. Même dans cette matrice historique de l'immigrationnisme, le réel a fait des ravages et ouvert des yeux : plus de 50 % des électeurs de gauche estiment que les immigrés sont trop aidés par l'État et posent des problèmes de sécurité ! Et entre 40 et 50 % y voient même une menace culturelle !

Le fruit de l'immigration est mûr, et même pourri, pour beaucoup de Français. Les conséquences politiques en sont déjà visibles : fracturation de la gauche, comme on le voit en cette rentrée, sur les sujets Médine et abaya ; droitisation de la communication de la Macronie (Attal sur l'abaya). Toute la question est de savoir si cette même Macronie réussira un nouveau hold-up électoral, avec un Darmanin ou un Édouard Philippe, sur cette majorité populaire de droite hostile à l'immigration, ou si, comme la gauche, elle s'effondrera, minée par ses contradictions, son bilan calamiteux et son double jeu sur ce sujet.

La responsabilité des dirigeants de la droite est historique : devant un tel consensus de son électorat et des attentes populaires sur l'immigration qui gagnent massivement l'ensemble du corps électoral, elle est condamnée à ne pas décevoir.

Par Frédéric Sirgant le 2 septembre 2023

Boulevard Voltaire

dimanche 20 août 2023

Connemara : une chanson d’extrême-droite?



Je ne sais pas qui est Juliette Armanet, véritable censeuse, que je n’avais pas eu la chance d’écouter jusqu’à présent, bien que je sache qui est Michel Sardou. Depuis longtemps, je fredonne Sardou comme la plupart des Français et tous ceux, dans le monde, qui connaissent son répertoire extraordinaire (j’ai même écris pour lui un petit poème que je chantonne encore aujourd’hui). Je peux dire, en respectant les distances linguistiques minimales, que Michel Sardou est à peu près à la variété française ce que Meme Solís est à la musique cubaine : plus qu’une simple référence, il représente un artiste sans âge, un immense créateur intemporel. 

Tandis qu’à Cuba, le peuple, fatigué d’écouter des hymnes communistes aux rythmes tropicaux, a commencé à revaloriser Meme Solís, censuré jusque-là par les autorités, en France on commence à subir la cancellation woke-communiste. Cette censure est donc quelque chose que nous, les Cubains, nous connaissons trop bien. Souvenez-vous de ce qu’écrivait Reinaldo Arenas : « Les Cubains viennent du futur ». Tout ce qui peut vous arriver aujourd’hui face aux extrémistes de gauche, nous en avons déjà souffert. Après toutes ces années de censure, la musique de Meme Solís commence à connaître enfin un renouveau. Nous avons appris que les premiers à tenter de censurer les artistes sont d’autres artistes, médiocres et envieux.

Cette chanteuse, dont je n’ai pas encore tout à fait appris le nom, parce qu’il ne m’est pas familier, a déclaré qu’elle déteste « Les Lacs de Connemara ». Qu’est-ce qu’elle a à nous offrir à la place? Ecoutez sa chanson « Boum boum baby » dont le langage trivial est dénoué de toute poésie, et c’est d’autant plus apparent quand c’est traduit en espagnol

Juliette Armanet ferait bien de prendre des cours de chant et de composition avec Michel Sardou. Mais elle ne le feras pas, car d’après elle, sa musique est d’« extrême droite », et cela suffit pour le disqualifier sur le plan moral.

Par Zoé Valdès, romancière, poétesse et scénariste cubaine le 20 août 2023

Causeur

mardi 27 juin 2023

Le ministre de la Culture s’inquiète pour les « valeurs républicaines » du JDD !



L’arrivée de Geoffroy Lejeune à la tête du JDD représente-t-elle une menace pour les « valeurs républicaines » ? C'est en tout cas ce que croit le ministre de la Culture.

Ce dimanche 25 juin, Rima Abdul-Malak a le réveil indigné : « En droit, le JDD peut devenir ce qu'il veut, tant qu’il respecte la loi. Mais pour nos valeurs républicaines, comment ne pas s’alarmer ? » Et elle ajoute : « Mon rituel du dimanche, c’était de me réveiller avec le JDD. Aujourd’hui, il ne paraît pas. Je comprends les inquiétudes de sa rédaction. » Ce tweet surréaliste n’a pas manqué de faire réagir.  À droite, on dénonce unanimement une dérive autoritaire face à la liberté éditoriale.

« Les valeurs républicaines sont très bien incarnées »

« Vous êtes ministre de la Culture, pas de la propagande ou de la vérité !, attaque le député du RN au Parlement européen Thierry Mariani, sur TwitterTweet totalement déplacé, poursuit-il. Les valeurs républicaines sont très bien incarnées par Geoffroy Lejeune ou Charlotte d'Ornellas. » Apparemment, le ministre ne se sent pas plus que cela le gardien de la pluralité des opinions en France : « A-t-on le droit de penser différemment que les médias du service public totalement politisé ? », poursuit Mariani.

Jordan Bardella rebondit sur les habitudes du ministre : « Le "rituel" du dimanche et de tous les jours de la semaine d'une ministre de la Culture devrait être de défendre la liberté, rappelle le président du Rassemblement national. Y compris celle qu'a un titre de presse de définir sa ligne éditoriale sans subir de pression du pouvoir. » Une condition essentielle de l'exercice de la démocratie, étroitement liée à l'exercice même de la démocratie, comme le montrait abondamment Alexis de Tocqueville (De la démocratie en Amérique).

La réaction du ministre de la Culture ne passe pas non plus, côté LR. L'eurodéputée Nadine Morano interroge : « Considérez-vous Vincent Bolloré comme un ennemi de la République ? Êtes-vous le porte-parole de la Macronie en service commandé, ce dimanche ? En fait, vos propositions sont indignes d'une ministre… », tranche-t-elle. Car les « valeurs » réveillées par le ministre ont un contour plus que vague. Toujours chez les LR, l’ancien député LR et maire de Lavaur (Tarn) Bernard Carayon décèle le risque de dérive : « Que sont vos valeurs républicaines avec ce jugement, avec vos menaces contre CNews ? Le renouveau du pluralisme vous gêne-t-il ? »

Quant à l’avocat Gilles-William Goldnadel, il renvoie le ministre à une affaire d’antisémitisme qui n'a pas attiré à ce point son attention : « Ainsi, vous n’hésitez pas à intervenir impunément concernant la presse privée, mais quand France24, radio publique, emploie des journalistes arabophones nazis, vous la bouclez ? » L’avocat fait référence à cette journaliste arabophone travaillant au Liban pour France24 qui avait fait passer des messages antisémites sur les réseaux sociaux. Il conclut avec humeur : « Pardon, mais vous me débectez. »

Parmi les réactions les plus relayées, il faut citer celle de Juliette Briens, journaliste à L’Incorrect. Elle affirme très justement : « Ce qui est préoccupant, c'est votre tweet. Vous êtes ministre de la Culture et devriez défendre la pluralité et la liberté de la presse. Toute la presse ne peut pas être macroniste. » Utile rappel en ces temps où les règles de la démocratie qu'on croyait immuables sont malmenées par le pouvoir. Les mots du ministre inquiètent un large éventail de la société et des responsables politiques français. Mais l'ancien hiérarque du Monde Edwy Plenel, aujourd'hui à la tête du très rémunérateur Mediapart, a d'autres inquiétudes.

La banalisation des idées d’extrême droite ?

En bon stalinien, il dénonce lui aussi la Macronie, mais pour lui reprocher de... ne pas aller assez loin, de ne pas agir face à l'abominable « extrême droite », de ne pas lutter contre le diable Bolloré. « En ne respectant pas l'indépendance des rédactions, il [Vincent Bolloré] s'attaque à un droit fondamental, la liberté de l'information, explique le sentencieux Edwy, qui tape aussi, à l'occasion, sous la ceinture. De plus, le JDD touche des aides publiques de l'État », ajoute-t-il. Mais cette « liberté d’information » ne va que dans un sens. Pourquoi ne pas avoir réagi lors de la nomination de Nicolas Demorand, ancien codirecteur du journal Libération, à la tête de la matinale de France Inter ? Les rédactions peuvent être indépendantes, à condition d'être de gauche. Rappelons tout de même à Edwy Plenel que le JDD ne lui appartient pas, il est la propriété du groupe Bolloré.

Par Félix Pérollaz le 26 juin 2023

Boulevard Voltaire