Affichage des articles dont le libellé est Histoire. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Histoire. Afficher tous les articles

vendredi 2 juin 2023

Élisabeth Borne, digne héritière d’Anne Hidalgo !



On défraie la chronique comme on peut, par ses mérites, ses succès, le charme de sa voix ou la voix de ses charmes : la Première ministre Élisabeth Borne vient, elle, de tenter d’exister, dans un entretien à Radio J, par une polémique politico-historique en affublant le Rassemblement national de ce jugement lapidaire : ce parti serait le digne « héritier de Pétain ». Rien de moins.

Propos qui lui a aussitôt valu un jugement tout aussi lapidaire de Sébastien Chenu, député RN du Nord, vice-président de l’Assemblée nationale et vice-président du Rassemblement national : « Élisabeth Borne est à la fois inculte, indigne et incapable. »

Rappelons en effet que le vainqueur de Verdun a reçu les pleins pouvoirs lors d’un vote sans appel de l’Assemblée nationale des 649 (sur 849) députés présents : 80 (57 députés et 23 sénateurs) votent contre, 569 pour (357 députés et 212 sénateurs, soit 87,67 % des suffrages exprimés)… et, qui plus est, de parlementaires très majoritairement issus du Front populaire de Léon Blum.

Des esprits chagrins se gausseront aisément qu’un Premier ministre qui ne gouverne qu’à « coups de 49.3 » et « cherche majorité désespérément », elle, se soit hasardée dans une telle comparaison historique !

Élisabeth Borne n’est toutefois pas la première femme politique « inculte et incapable » à se fourvoyer dangereusement dans les comparaisons historiques « indignes » : Anne Hidalgo, alors simple Première adjointe à la Mairie de Paris, n’avait-elle pas déclaré le 24 septembre 2012 sur i-Télé (devenue CNews) à propos du Front National de Jean-Marie Le Pen : « L’Histoire a du sens, le Front National n’est pas un parti qui s’est constitué dans le cadre républicain, c’est un parti qui a lutté contre la République, qui a soutenu pendant la guerre la collaboration avec les nazis »…(1)

Soutenus avant même d’exister, puisque fondé le 5 octobre 1972 ! Le FN ou l’art de maîtriser l’ubiquité spatiotemporelle…

Des esprits chagrins (les mêmes ?) se gausseront, et avec la même aisance, en rappelant le résultat électoral d’Anne Hidalgo à l’élection présidentielle de l’année passée : 1,75 %.

Les « incultes, indignes et incapables » seraient-elles frappées d’une malédiction ? Allez savoir… Mais, tout de même, avis aux imprudentes !

(1) La future Maire de Paris sera condamnée pour ses propos en 2016 à une amende avec sursis de 500 euros, un euro de dommages et intérêts au Front national, et 2 000 euros pour les frais de justice !

Par Philippe Randa le 31 mai 2023

Eurolibertés


mercredi 31 mai 2023

Pétainisme : la macronie, à l’épreuve de la résistance



Panique chez les excommunicateurs : la démonétisation de la moraline a été actée par Emmanuel Macron lui-même. Il est rare d’avoir à se féliciter d’une originalité chez le chef de l’Etat, adepte du confort intellectuel. Son recadrage d’Elisabeth Borne, en plein Conseil des ministres, n’en reste pas moins un acte politique à saluer. Sur Radio J, dimanche, le premier ministre, fille de Joseph Bornstein, résistant déporté à Auschwitz puis Buchenwald, avait estimé que le RN était « l’héritier de Pétain » et porteur d’une « idéologie dangereuse ». Elle avait également expliqué : « Il ne faut pas banaliser ses idées (qui) sont toujours les mêmes ». 

Au total, des propos convenus relevant de la pensée automatique répétée depuis toujours par la gauche et ses clercs. C’est pourquoi la surprise a été totale, mardi, lorsque Macron s’est agacé de ces poncifs, en déclarant devant Borne, sans la nommer : « Le combat contre l’extrême droite ne passe plus par des arguments moraux. Vous n’arriverez pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour l’extrême droite que ce sont des fascistes (…) Il faut arrêter avec ces mots des années 90 ». Le président continue néanmoins à qualifier le RN de parti d’extrême droite, ce qui est une autre manière de le marginaliser moralement.  Pour autant, les arguments justifiant naguère le cordon sanitaire ne tiennent plus.

La macronie trouvera-t-elle, hors de ses mises au ban paresseuses, les arguments convaincants pour contrer la montée du parti de Marine Le Pen ? C’est le défi lancé par Macron qui enjoint à sa formation, et à son premier ministre en sursis, de « parler du réel ». Là encore, le président a raison : la Révolution des oeillières oblige les dirigeants à redescendre sur terre. Mais si Macron est prêt à s’ouvrir à l’épreuve de lucidité, il pourrait alors utilement poursuivre la réflexion d’Elisabeth Borne, en se demandant où est aujourd’hui la dérive pétainiste. 

Or, si l’on admet que le régime de Vichy s’est avant tout caractérisé par sa collaboration avec l’occupant nazi et son antisémitisme assumé, on chercherait en vain, au coeur du gouvernement, l’esprit de résistance face aux deux nouveaux totalitarismes que sont l’islamisme judéophobe et le wokisme anti-occidental. Macron, qui a guerroyé contre le Covid, se garde de lancer des offensives contre ces deux ennemis intérieurs, qui sont légitimement dénoncés par la droite. L’apaisement reste le maître mot. La collaboration de Pap NDiaye avec le wokisme est  une aberration choisie par Macron. Pour sa part, l’alliance entre l’extrême gauche et l’islam politique n’inspire pas au premier ministre les mêmes alertes qu’elle réserve au RN. « La France était à Londres en 40 au côté du Général de Gaulle », a expliqué ce mercredi Jordan Bardella, 27 ans, président du RN, sur RTL. C’est sur ce terrain de la résistance que la macronie doit désormais faire ses preuves. 

Pour l’instant, c’est loin d’être brillant…

Par Ivan Rioufol le 31 mai 2023

Le Blog d'Ivan Rioufol


Pour en finir avec Pétain, le RN et les gros sabots d’Élisabeth Borne



« Je vais lui lancer un de ces traits », annonçait le vicomte de Valvert au Cyrano de Bergerac de Rostand. « Vous avez un nez, euh, un nez… très grand. » « Très », répondait le héros préféré du théâtre français. Il y a du Valvert dans l’assaut d’Élisabeth Borne contre le RN, « héritier de Pétain » qui fait couler de l'encre. Pour la créativité, l’originalité, la mise en forme, l’inspiration inédite de cette attaque, on repassera. On est dans le massif, le brutal, le recyclage de crise à portée de main, le prêt-à-penser bas de gamme, le réflexe panique.

En réalité, Élisabeth Borne fait moins d’histoire que de (basse) politique. « C’est un moyen de resserrer la gauche de la majorité au moment où elle a besoin d’elle pour voter sa loi immigration », décrypte Arnaud Benedetti, le rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, par ailleurs professeur associé à l'université Paris-Sorbonne. Le Premier ministre aura sauté sur l’occasion de se refaire une virginité à l’extrême gauche. Pour Benedetti, en revenant à Pétain, Borne est surtout à côté de la plaque. C’est, du reste, ce que lui reproche Macron, sans la citer nommément. Il aurait fustigé les propos de son Premier ministre : « Le combat contre l’extrême droite ne passe plus par des arguments moraux. » Selon Macron, « il faut décrédibiliser » le RN « par le fond et les incohérences » plutôt que par des « mots des années 1990 qui ne fonctionnent plus ».

Archéologie

Arnaud Benedetti rabat sur la terre ferme les envolées de Borne : « C’est un réflexe pavlovien qui méconnaît l’Histoire, dit-il. Pétain ne correspond pas au logiciel du RN, qui est en réalité celui du RPR de la fin des années 1970 et du début des années 1980. »

Les difficultés sont grandes pour Élisabeth Borne, nommée à contrecœur à Matignon, considérablement affaiblie politiquement par la contestation de la réforme des retraites, moins soutenue que tenue à bout de gaffe par le président de la République, en butte à une majorité de plus en plus relative dans une Assemblée nationale hostile. Rien ne va plus, comme on dit au casino. Est-ce une raison pour raconter des balivernes, soutenues par Le Maire ? Le ministre de l'Économie et des Finances n’est jamais en retard d’une peau de banane à glisser au RN. Vous reprendrez bien une gorgée de reductio ad hitlerum ?

Alors, Borne fait dans l’archéologie. Depuis quinze ans, Marine Le Pen s’est débarrassée du passé du FN, excluant même son père et la vieille garde qui l’entourait. Quant à Philippe Pétain, maréchal de France et chef de l’État français sous Vichy, il est mort le 23 juillet 1951 sur l’île d'Yeu, six ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et son départ du pouvoir, voilà près de 72 ans ! Le Front national, ancêtre du Rassemblement national, est né en 1972, donc 27 ans après le départ du maréchal Pétain. Ce parti n’a jamais revendiqué l’héritage moral de l’État français. Il a, certes, compté parmi ses membres fondateurs des personnalités passées par la collaboration comme Bousquet, Duprat ou Brigneau. D’autres, nombreuses, sont passées par la Résistance, comme Georges Bidault, successeur de Jean Moulin à la tête du CNR, Rolande Birgy (Réseau Vallette d'Osia), croix du combattant volontaire de la Résistance, Jean-Maurice Demarquet, ancien membre de la 1re division française libre, croix de guerre 1939-1945, Serge Jeanneret (réseau Alliance), Pierre Sergent (réseau Velite-Thermopyles) ou encore Michel de Camaret, compagnon de la Libération. On a beau écouter les radios publiques, on n'entend jamais ce versant de la réalité. Curieusement ! Le Pen lui-même a brièvement résisté. Conclusion : le passé de l’équipe fondatrice du FN est tout, sauf politiquement homogène.

Racines gaulliennes

Mais, plus que sur l’équipe qui a fondé le FN, la polémique porte sur son programme. Y a-t-il un lien entre le programme de Marine Le Pen et la politique de Vichy ? « Le FN est l’héritier de multiples écoles de l’extrême droite, rassemblées autour d’un jeune activiste nationaliste, Jean-Marie Le Pen, explique Olivier Milza, docteur en histoire et agrégé, historien et enseignant en classes préparatoires, auteur de nombreux livres (Clés pour le temps présent). Au RN, je ne vois rien qui soit dans la lignée de Pétain, sauf si l’on considère que défendre l’identité de la France relève du pétainisme. »

Lorsqu’on sort des noms d’oiseaux, il faut bien constater que la politique de Vichy a des racines et des modalités complexes. « L’étatisme moderniste de De Gaulle est héritière de la technocratie de Vichy, qui prolonge elle-même celle de Pierre Mendès France, poursuit Olivier Milza. L’État stratège sous Vichy, l’interventionnisme étatique, une forme de keynesianisme de droite empruntée au Parti radical d’avant-guerre et aux idées de Tardieu. » Et aujourd’hui ? « Les premiers programmes de Marine Le Pen étaient gaulliens : l’autorité, la souveraineté, c’est gaullien. »

Borne aura servi un gros mensonge, un de plus, et une belle tentative de manipulation des masses, méchante, butée, aveugle et bête. Une de plus.

Par Marc Baudriller le 31 mai 2023

Boulevard Voltaire

mercredi 24 mai 2023

Vous avez dit démocratie ? Mais où est-elle passée ?



Le 8 Mai, lors de la commémoration de la capitulation allemande, le président Macron a parcouru les Champs-Elysées en grand apparat, entouré de la garde républicaine à cheval et à moto. Les trottoirs étaient déserts, le “chef de l’Etat” a pu mesurer la triste solitude d’un homme qui a trop montré au peuple qu’il “dirige” qu’il le méprisait, un homme dont le bilan est à ce point désastreux qu’on s’interroge pour savoir si c’est de l’incompétence ou de la trahison. Le 9 Mai, le Président russe, Vladimir Poutine a célébré l’anniversaire de la victoire obtenue en 1945 sur l’Allemagne nazie, à l’issue de la grande guerre patriotique du peuple russe. Le peuple était présent et le Chef de l’Etat a pu serrer un grand nombre de mains dans une atmosphère, certes marquée par la situation en Ukraine, mais manifestement chaleureuse à son égard. Le 6 Mai, la foule britannique était nombreuse pour saluer son nouveau roi lors de son couronnement. Ces trois images devraient faire réfléchir les Français.

Le Royaume-Uni offre l’exemple contrasté d’une monarchie qui semble vouloir résister à l’usure du temps et qui est capable de réunir des foules autour d’une cérémonie qui peut paraître désuète à certains, mais qui fascine encore par son déploiement spectaculaire. L’adhésion populaire au Royaume dans un pays divisé en “nations” et en communautés demeure majoritaire et permet à son monarque sans pouvoir, mais non sans influence, de symboliser l’unité d’un peuple dont on respecte la volonté, comme l’a montré la mise en oeuvre du “brexit” voulu par un référendum populaire. Bref, le Royaume-Uni est une véritable démocratie, tempérée par des pratiques destinées à assurer la clarté des choix politiques et l’efficacité du gouvernement, le mode de scrutin, notamment.

La vaste Russie n’a jamais vraiment connu la démocratie parlementaire. Son histoire et sa géographie l’ont vouée à une centralisation  du pouvoir et à une autocratie destinée à résister à la dispersion des territoires et des ethnies sur une étendue immense. Ce risque a suscité la stratégie actuelle des Américains d’affaiblir et de provoquer l’éclatement de la Fédération russe en s’appuyant sur les anciennes républiques de l’URSS, comme la Géorgie ou aujourd’hui l’Ukraine. Le Président Poutine incarne la résistance du peuple russe, sa volonté de ne pas disparaître et même de demeurer une des grandes nations qui comptent dans le monde. Son combat contre le néocolonialisme occidental mené par Washington séduit d’autres peuples et d’autres Etats dans le monde, en Afrique, en Asie et jusqu’en Amérique latine. Certes la plupart des pays occidentaux sont des “démocraties” et parmi les Etats qui continuent d’entretenir des relations positives avec la Russie, beaucoup ne le sont pas. Mais ce fait conduit à s’interroger sur ce qu’est une démocratie : un “Etat de droit” formel où une oligarchie technocratique dirige le peuple en se moquant de ses avis ou un Etat autoritaire mais qui bénéficie d’un véritable soutien populaire ? La question prend plus d’acuité lorsqu’on s’inquiète non plus de la souveraineté du peuple par rapport à ses dirigeants, mais à l’égard de pouvoirs étrangers : l’Union Européenne est-elle démocratique ? Non, puisque les peuples y sont soumis à une oligarchie dont Mme Von der Leyen est la caricature vivante, agissant sans légitimité et sans transparence ; non, davantage encore, puisque Bruxelles n’est plus qu’un relais de Washington.

Au sein de cette Europe vassalisée, la France offre le plus triste des spectacles. Le général de Gaulle l’avait sauvée de l’humiliation de 1940, puis avait donné une certaine réalité à son statut miraculeux de grande puissance, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, en pratiquant une politique économique responsable avec des budgets équilibrés,  un faible endettement, une industrialisation enviable, mais surtout en menant une diplomatie indépendante qui  plaçait notre pays en position d’intermédiaire. La France était une démocratie véritable, notamment grâce aux référendums, mais tout en étant l’alliée du camp de la liberté, elle n’était pas la vassale des Etats-Unis, et se permettait des actes souverains à l’égard de l’URSS ou de la Chine. Depuis, cette stratégie de sagesse a été abandonnée : non seulement les référendums ont disparu, mais Sarkozy a fait annuler la décision prise par le peuple à l’occasion de l’un d’eux, et le “conseil constitutionnel”, auxiliaire dévoué de l’oligarchie veille jalousement à empêcher qu’il y en ait. Lors du Covid, une gigantesque manipulation dont on mesure aujourd’hui les effets aberrants a permis une limitation outrancière des libertés, de se déplacer, de se réunir et de s’exprimer. La peur de la mort, entretenue, a facilité une domestication de la population qui a accepté des mesures aussi scandaleuses que les “autorisations de sorties” contrôlées et sanctionnées par la police ou les obligations d’être vacciné pour des personnes dont la santé et l’âge ne le justifiaient nullement, puisque la vaccination n’empêchait pas la transmission. Aujourd’hui, une loi sur les retraites, utile ou non, mais refusée par la population, a été promulguée sans avoir été votée grâce à une utilisation perverse de toutes les ficelles parlementaires et constitutionnelles, qui à force de limitation du temps de débat ou de la possibilité d’amender, à force de votes bloqués a autorisé cette mascarade où un pouvoir minoritaire impose au peuple et à ses représentants un texte, bizarrement camouflé en loi budgétaire, dont ils ne veulent pas.

Non seulement le peuple français n’a plus la parole mais lors des derniers scrutins il s’est abstenu à des niveaux inconnus jusqu’alors. Autrement dit, il se désintéresse progressivement d’un jeu politique où la démocratie n’est plus qu’une apparence, un spectacle réduit à une communication manipulatrice. L’exécutif, président et gouvernement ne peut plus sortir de ses palais sans affronter de redoutables casserolades, et tous les moyens lui semblent bons pour tenter de tourner la page en faisant taire les casseroles par des interdictions de manifester attentatoires à cette liberté fondamentale, ou en essayant d’en couvrir le bruit par des propositions foireuses, des polémiques surjouées ou de nouveaux cadeaux, quoi qu’il en coûte. C’est ainsi qu’Attal a déclaré la guerre aux fraudeurs fiscaux les plus riches en brandissant l’annonce de mesures qui existent déjà, que Darmanin a créé un incident diplomatique avec l’Italie pour avoir fustigé l’incapacité du gouvernement italien face à l’immigration que les 500 000 entrées en France en 2022 lui permettent bien sûr de juger, qu’il a récidivé en s’en prenant avec une rare vigueur à des manifestants d’ultra-droite, certes cagoulés et casqués, mais qui n’ont rien cassé quand les “Black-blocs” également masqués, mais surtout casseurs et tueurs potentiels de policiers ne suscitent pas chez le ministre de l’intérieur pareille philippique.

Depuis six ans le spectacle s’éternise. La respiration du peuple est nécessaire à la démocratie : dissolution, référendum, ou plus encore démission d’un président calamiteux pour le pays, sont aujourd’hui indispensables pour que la France redevienne une démocratie digne de ce nom !

Par Christian Vanneste le 10 mai 2023

Le blog de Christian Vanneste

lundi 22 mai 2023

Immigration: la droite découvre la lune!

 

Bonne nouvelle: les Républicains découvrent la lune. Ils admettent, sans fard, la réalité du « chaos migratoire » et ses liens avec l’insécurité et la partition de la nation. Dans le JDD, hier, Eric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau ont fait connaître leurs propositions « pour mettre un coup d’arrêt à l’immigration de masse ». 
Lundi dernier, dans Le Figaro, l’ancien premier ministre Manuel Valls déclarait: « Nous devons appuyer sur le bouton « stop » pour remettre à plat et arrêter l’immigration sans but ». Tous reconnaissent l’urgence de revenir au principe de l’assimilation. Si les LR se gardent de supprimer totalement le droit du sol et le regroupement familial – ces machines à produire des Français de papier -, ils assument néanmoins leur volonté de rétablir la souveraineté du législateur français face à la prépondérance du droit européen. Mais reste la question: pourquoi ces politiques ont-ils mis quarante ans à admettre la gravité des conséquences d’une immigration de peuplement impensée ? Pourquoi la droite a-t-elle accepté de réciter, derrière Jacques Chirac: « L’immigration est une chance pour la France » ? Pourquoi a-t-elle cautionné Nicolas Sarkozy dans ses odes à la diversité et au métissage obligé ? Depuis les années 90, votre serviteur n’a cessé d’alerter sur la lâcheté des décideurs, en essuyant les infamies des « antiracistes ». Valls le reconnaît d’ailleurs: « Le camp républicain est tétanisé par l’extrême droite depuis des décennies ». Les LR seraient-ils devenus audacieux ? À voir…
Ce n’est pas tant l’ampleur de l’immigration qui affole la droite que l’envolée du RN et la bonne tenue de Reconquête, qui posent sur ce sujet un regard sans tabous. Demeure, chez LR, une réticence à tenir un langage « populiste », qui réponde à la vulnérabilité identitaire d’une partie majoritaire de la société. Le Grand remplacement, cette perspective démographique et civilisationnelle qui s’observe déjà en certains lieux, est une constatation que les LR récusent. Ils réclament des quotas, qui seraient d’autres entrées. En réalité, une réticence idéologique les empêche de stopper une immigration devenue faiseuse de troubles.
La droite n’a évidemment pas protesté contre l’annulation par Gérald  Darmanin, dimanche, d’un hommage qui devait être rendu pas l’association Iliade à l’historien Dominique Venner, suicidé il y a dix ans au cœur de Notre Dame de Paris, à la manière de Caton. Voici ce qu’écrivait l’indésirable (1) : « Je m’insurge contre ce qui me nie. Je m’insurge contre l’invasion programmée de nos villes et de nos pays, je m’insurge contre la négation de la mémoire française et européenne. Je dois à celle-ci des exemples de tenue, de vaillance et de raffinement venus du plus lointain passé, celui d’Hector et d’Andromaque, d’Ulysse et de PénélopeMenacé comme tous mes frères européens de périr spirituellement et historiquement, cette mémoire est mon bien le plus précieux. Celui sur lequel s’appuyer pour renaître ». Ce courage de vieux Romain, qui le partage aujourd’hui ?
(1) Un samouraï d’Occident, La Nouvelle Librairie
Par Ivan Rioufol le 22 mai 2023

vendredi 19 mai 2023

Quand c’est Macron que l’on grime en Hitler, ce n’est plus de l’humour…


Ce 18 mai, les habitants d'Avignon se sont réveillés au milieu de l'horreur. Enfin, presque. C'est, en tout cas, ce que considèrent les médias. Jugez plutôt : plusieurs panneaux publicitaires ont été recouverts d'affiches présentant Emmanuel Macron grimé en Hitler, avec la mention 49.3 en guise de petite moustache.

Évidemment, sur le service public, c'est le scandale. Caroline Fourest, spécialiste officielle des bêtes immondes, était sur le plateau de « C à vous » pour commenter cette atteinte manifeste à la majesté présidentielle. Son explication pour les maternelles (« En comparant un dictateur nazi à un Président démocrate, on prépare les esprits à l'idée qu'un nazi pourrait être démocrate ») servait surtout à dire que c'était de la faute de l'extrême droite. D'ailleurs, poursuit-elle, le graffeur qui a dessiné Macron en marionnette d'Attali, et qui est suspecté d'avoir commis cette affiche, « reprend tous les codes de l'antisémitisme ». Bref, ce sont les heures sombres, tout ça tout ça. Fermez le ban.

Il y a, toutefois, un peu plus que cela, dans cette campagne d'affichage sauvage. D'abord, l'Éducation nationale a appris aux enfants, depuis très longtemps, que l'incarnation du mal, c'était Hitler, et seulement Hitler. Avec une certaine puérilité, quand les citoyens éduqués par la République veulent dénoncer une atteinte à leurs libertés, ils dessinent Hitler. C'est le résultat logique de cinquante ans de bourrage de crâne. Staline, Pol Pot ou Mao ne valent pas mieux qu'Hitler, mais ils ne font pas l'objet d'exposés de terminale ou de documentaires sur France 3. La caricature s'appuie donc d'abord sur l'inculture, savamment entretenue, du peuple.

Ensuite, ce deux poids deux mesures est surprenant (quoique...). Du temps de la campagne présidentielle de 2022, Zemmour avait, lui aussi, été affublé d'une moustache hitlérienne sur plusieurs affiches, notamment par la désopilante Charline Vanhoenacker, comique de service de France Inter, payée avec les impôts des Français pour cracher sur eux. Les idées d'Éric Zemmour sont partagées au-delà de son électorat, mais caricaturer un Juif en nazi, ça passait, puisqu'il était d'extrême droite, selon les vierges effarouchées de la pensée unique. Même chose pour Jean-Marie Le Pen, en son temps, qui faisait l'objet d'une reductio ad hitlerum quasiment permanente, ce qui évitait d'aborder le fond de son programme.

Enfin, tout ce barnum, toute cette indignation surjouée masquent la véritable question derrière cette campagne : Macron est-il un Président "démocrate" ? Si l'on considère la démocratie comme le respect de l'opinion du peuple, la réforme des retraites suffit pour qu'on soit fondé à s'interroger. Si on ajoute à cela les stages de citoyenneté pour des banderoles injurieuses, les délits d'opinion, les dispositifs de sécurité autour des déplacements présidentiels qui ne sont pas sans évoquer les dernières années de Ceaușescu, on ne peut que constater, dans le réel et malgré les éléments de langage, que Macron est de moins en moins démocrate.

Mais bon, le tempo médiatique étant ce qu'il est, on va pouvoir pleurnicher pendant une semaine sur le bruit des bottes et tout le tremblement. Ensuite, Macron repassera à la télé, dira que tout va bien mais qu'on « utilise trop la loi » dans ce pays où « ceux qui ne sont rien » deviennent des « Gaulois réfractaires ». Le Président a le droit de mépriser son peuple, mais le peuple n'a pas le droit de critiquer son Président. C'est la Ve république version 2023, mélange d'impuissance concrète et de crispation infantile. On a ce qu'on mérite !

Par Arnaud Florac le 19 mai 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 18 mai 2023

Agression d’un petit-neveu des Macron : et celles contre la famille Le Pen ?



Il n’aura échappé à personne qu’en France, la violence gagne du terrain. Ainsi, Jean-Baptiste Trogneux, petit-neveu de la première dame de l’Élysée, a-t-il été roué de coups par huit personnes, ce lundi 15 mai, devant la chocolaterie familiale d’Amiens, alors qu’Emmanuel Macron achevait sa causerie télévisée de TF1.

Bien sûr, les versions divergent, tel que résumé par BFM TV. Pour son père, Jean-Baptiste Trogneux : « Ils l’ont jeté au sol et l’ont tabassé. […] Ses blessures nécessitent de passer un scanner cérébral. Il a une commotion, plusieurs doigts abîmés, des côtes cassées. »

Pour les agresseurs, le récit est évidemment tout autre : « On l’a défendu et lui est parti porter plainte directement au commissariat pour violences, des coups de poing, des coups de pied. […] Le neveu de Brigitte Macron a bousculé notre camarade, on est venus pour séparer et quand on est repartis il y a la voiture de la BAC qui est venue. » Bref, la Justice tranchera. Elle a déjà tranché. Quatre des protagonistes seront jugés et quatre autres viennent d’être remis en liberté sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre eux.

Au fait, qui sont les quatre personnes incriminées, trois hommes et une adolescente de seize ans qui devrait être tôt déférée devant le juge des enfants ? Toujours selon la même source, « deux sont connues des autorités avec des antécédents judiciaires, une autre est connue du renseignement territorial ». Mieux : ces trois hommes seraient des « majeurs protégés », deux sous curatelle, un sous tutelle.

Leurs motivations ? Elles sont évidemment des plus floues. Pour l’un, « ça n’est pas parce que c’est le neveu de Brigitte Macron qu’il faut le défendre. On vit dans une drôle de France, il faut se réveiller. » Pour les deux autres, « on ne peut pas rester comme ça, surtout avec un Président qui ne nous écoute pas. […] Il faut faire un Mai 68. » Pour les trois : « Emmanuel Macron devrait démissionner, parce que là, ça va partir en vrille, toute la France va se révolter. À Paris, c’est chaud, dans les autres villes, aussi. Là, on se fait bien entendre, on va se faire entendre encore plus. En tout cas, on est là, on ne lâche rien. »

Pour revenir à de tels degrés de violence politique, faut-il au moins remonter aux années 70. Avant les Black Blocs, les autonomes. Des manifestations qui pouvaient vite dégénérer. Il y avait Action directe, qui n’hésitait pas à tuer. L’extrême gauche atteignait ces niveaux de sauvagerie que l’on retrouve aujourd’hui. L’extrême droite n’était pas, non plus, en reste. Le 9 mars 1971, le meeting parisien d’Ordre nouveau, au Palais des sports, est attaqué par tout ce que la capitale compte de gauchistes. Pas de morts mais des blessés graves par dizaines. Deux ans plus tard, le 21 juin 1973, un autre meeting, tenu salle de la Mutualité et consacré à « l’immigration sauvage », est à son tour pris d’assaut. La violence est telle qu’une semaine plus tard, Ordre nouveau et la Ligue communiste sont dissous par le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin. Une dizaine d’années avant, l’OAS tentait à plusieurs reprises d’assassiner le général de Gaulle. Rien de bien neuf sous le soleil, donc.

Très logiquement, la classe politique est, pour une fois, unanime à dénoncer l’affaire. Pour Éric Ciotti, patron des LR : « Oui au débat démocratique, non à la violence et à la terreur. » Chez les Insoumis, même son de cloche. Alexis Corbière : « Aucune violence contre les personnes n’est acceptable. » Et Jean-Luc Mélenchon d’ajouter, mais à sa manière : « Des commentateurs indifférents aux tentatives de meurtre et agressions racistes me somment de me prononcer sur l’agression à Amiens contre le chocolatier Trogneux. Je lui exprime ma compassion et je joins ma protestation à la sienne. Je demande à Macron et Madame d’en faire autant pour nos amis agressés ou menacés. » Lesquels ? L’histoire ne le dit pas.

Marine Le Pen est probablement plus convaincante, qui exige que les « agresseurs soient très sévèrement sanctionnés par la Justice », tout en remarquant : « J’ai été moi-même, pendant de très nombreuses années, victime, avec ma famille, de violences, de menaces, sans qu’à l’époque ça ne suscite d’indignation. […] Je développe une indignation pour l’ensemble de ces actes, quel que soit le parti que cela touche. »

Pas faux, tout comme il est aussi légitime de s’interroger sur le chaos semé par Emmanuel Macron alors qu’il assurait que ce dernier surviendrait si Marine Le Pen était élue à sa place.

Par Nicolas Gauthier le 17 mai 2023

Boulevard Voltaire

Washington au cœur du chaos ukrainien - Le Zoom - Nikola Mirkovic sut TV Libertés le 18 mai 2023

jeudi 20 avril 2023

La politique de Macron : une révolution oligarchique contre le peuple

« Liquidation », écrivait Frédéric Rouvillois dans son livre sur Macron comme définition de son projet (Liquidation – Emmanuel Macron et le saint-simonisme, Cerf, 2020). Le projet de Macron, c’est cela : liquider tout ce qui restait solide dans la société française, certains habitus et mœurs, certaines structures, certains projets (devenir propriétaire d’une maison, la léguer, avoir un métier dont on est fier et pas seulement un « job »), rendre tout liquide, tout réversible, tout jetable (notamment les traces de notre histoire), tout interchangeable (les peuples, les gens, les sexes, les métiers, les territoires, etc.). 

Éparpillé façon puzzle : cela veut dire que notre pays et notre peuple ont été mis en morceaux. Dispersés et hachés menu. Éparpillé : c’est le résultat de la politique de Macron. Un peuple dispersé, affaibli, atomisé. Loin de n’avoir « rien fait », comme on l’entend parfois, Macron a presque tout réalisé de son programme. Vendre l’industrie française : c’est le capitalisme de connivence. Conforter l’oligarchie : c’est le pacte de corruption lié au covid, c’est-à-dire à l’interdiction de traiter les malades du covid hors utilisation de vaccins (ceux permettant des superprofits aux membres de la caste – ceux qui ont propulsé Macron et qui attendaient leur retour sur investissement).

Téléologie et domination du Capital

Il faut ici faire appel à Marx. Et d’abord souligner son point faible : la téléologie, voire une certaine eschatologie. C’est ce qu’il y a de moins convaincant chez Marx. « Pour nous, écrit Marx, le communisme n’est pas un état de choses qu’il convient d’établir, un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu’elles existent actuellement » (L’Idéologie allemande). On peut en douter. Pour le dire autrement, peut-on penser que le règne du Capital (entendons par là les rapports sociaux liés à un certain état et un certain agencement des forces productives) aboutisse nécessairement, même avec un coup de pouce politique, au communisme selon Marx, c’est-à-dire à la fin de l’aliénation ? Non. On ne peut valider la thèse de l’inéluctabilité historique de la marche vers le socialisme marxien comme travail conscient de la transformation de la nature et de soi-même. On peut craindre au contraire que le brouillard des âmes et le brouillage de la conscience de soi comme sujet historique ne s’étendent, par le développement du fétichisme de la marchandise.

Pas de marche assurée au dépassement du capitalisme donc. En revanche, le règne du Capital (de la Forme Capital) peut aboutir à une version apocalyptique du « communisme », cette fois au sens stalinien, ou au sens de la dictature chinoise, c’est-à-dire à l’étatisme absolu. Mais la différence entre le totalitarisme néo-libéral et les totalitarismes communistes, c’est qu’il s’agit d’un étatisme antinational avec les néo-libéraux, l’État ayant fusionné avec les multinationales et la finance, qu’il a déjà sauvées en 2008 (cf. notamment Alain de Benoist, Au bord du gouffre – La faillite annoncée du système de l’argent, Krisis, 2015). Nous vivons ainsi sous le « soleil noir du capital », comme écrit Anselm Jappe. Il est là non pour nous chauffer l’âme, mais pour brûler nos vies et pour nous aveugler par le crétinisme télévisuel des médias de grand chemin.

Quand Macron fait du saint-simonisme

Frédéric Rouvillois dit encore : « Comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, Macron fait du saint-simonisme sans le savoir » (FigaroVox, 27 septembre 2020). Cela va plus loin que cela, et c’est encore plus grave que cela. L’utopie rationaliste et techniciste de Saint-Simon (le socialiste) se voulait un « nouveau christianisme » (1825). Avec Macron, c’est d’un antichristianisme ou d’un postchristianisme (car s’opposer suppose de connaître, ou d’être déçu, non d’être indifférent) qu’il s’agit. Ses mots d’ordre sont non seulement ceux du télétravail mais ceux de la télévie. Une vie désincarnée. « Éloignez-vous les uns des autres », « suspectez tout le monde (de ne pas être vacciné, d’être “un danger”) », « méfiez-vous de votre prochain », « isolez-vous » et, finalement, « préparez-vous à la vraie vie dans le monde libéral : la guerre de tous contre tous ». C’est le refus de toute incarnation. C’est l’effacement de toutes les images fédératrices. C’est la destruction de toutes les formes instituantes : école, églises, histoire de France, élections prises au sérieux, fêtes solennelles. C’est la victoire de « ceux qui ont créé leur start-up » sur « ceux qui ne sont rien » et qui pourtant sont tout le peuple. C’est la domination des arrogants improductifs voire nuisibles (les affairistes) sur les travailleurs, sur les producteurs.

Les libéraux des deux rives contre le peuple et le politique

La politique Macron est le stade ultime du libéralisme et du capitalisme. Mais en quel sens ? C’est ici que nous voyons un tournant et une accélération dans les politiques libérales menées depuis 1983. Que s’est-il passé pour que le libéralisme devienne l’ennemi des libertés ? Il a fallu que le libéralisme fasse un constat. Le libéralisme se heurte à la résistance de la nature humaine. Qu’en conclut-il ? Qu’il faut changer la nature humaine. Tel est l’objectif de Macron et plus largement du Great Reset (la grande réinitialisation) de Klaus Schwab et Thierry Malleret (un livre publié en 2020). Le libéralisme ne se remet pas en question. Il remet le réel en question. La société n’est pas conforme aux postulats libéraux ? Ne changeons pas le libéralisme, mais changeons la société. Les communistes ont parfois fonctionné de cette façon. En ce sens, les libéraux sont leurs élèves. Entendons : les élèves de ce que les communistes ont fait de pire.

Les libéraux ont donc constaté que la société n’était pas entièrement conforme aux schémas libéraux. Il faut donc changer la société. C’est pourquoi le libéral-libertaire Macron, unissant les libéraux des deux rives, les fossoyeurs de la France des deux rives, les oligarques des deux rives (une affaire qui a mieux marché que la sympathique tentative de Jean-Pierre Chevènement en 2002 d’unir les « républicains des deux rives »), appuyé sur le crétinisme et l’inculture des bobos, veut donner au libéralisme un nouvel élan et ne peut le faire qu’en supprimant la démocratie, en la réduisant à des procédures hors-sol, non représentatives.

C’est pourquoi la Ve République (qui n’était pas parfaite mais était un outil améliorable) a été vidée du meilleur de son contenu, avec l’extension des pouvoirs du Conseil constitutionnel, du Conseil d’État, des juges, avec le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, avec la transformation du poste de Premier ministre en simple poste de collaborateur (et pas le premier) du chef de l’État, et avec bien entendu la tutelle de l’UE (si utile car déresponsabilisante).

Bilan : des élites robotisées et les robots contre la France. Les élites peuvent se permettre d’être antipatriotes et hors-sol, de partout et de nulle part. Le peuple ne le peut pas. « À celui qui n’a rien, la patrie est son seul bien[1]. »

« Crise » du covid et « crise » du climat comme moyen de tétanisation du peuple

En rendant les élections de plus en plus déconnectées du peuple (la grande majorité des élus des chambres viennent des couches supérieures de la nation), en mettant dans les lois ordinaires toutes les lois d’exception qui devaient être temporaires, liées au terrorisme, à la « crise » du covid[2], au « climat », la politique Macron vise aussi à sauver le capitalisme par une mutation totalitaire. Il s’agit de mêler fausse « urgence » écologique (alors que l’écologie sérieuse, c’est le long terme), réduite à ce qui intéresse le système, c’est-à-dire la « croissance verte » et non la relocalisation de nos économies et industries, et réformes sociétales consistant à mettre l’accent sur de faux problèmes (comme les inégalités de salaire hommes-femmes, qui sont depuis longtemps interdites par… le Code du travail).

S’ensuit tout un discours mensonger sur de soi-disant « réfugiés » climatiques, prétexte à de nouvelles vagues migratoires, et sur un « changement » climatique d’origine seulement anthropique, hypothèse bien incertaine (le climat a tout le temps changé, et l’influence du soleil peut être infiniment plus importante que l’action humaine. Lire ou relire Emmanuel Le Roy Ladurie sur le perpétuel changement du climat. En outre, un réchauffement n’a pas que des aspects négatifs). Tétaniser les hommes pour les neutraliser. Mondialiser tous les problèmes pour faire oublier que des solutions locales et démocratiques peuvent exister. Mais aussi préparer un nouvel âge du capitalisme. Voilà l’agenda Macron.

Vaccinations et lutte du Capital contre la baisse tendancielle du taux de profit

Nous avons souligné les limites de Marx quand il croit pouvoir déceler un mouvement téléologique dans l’histoire. Mais cela ne peut faire oublier que Marx est totalement pertinent quand il inscrit l’économie dans une anthropologie et une philosophie, inscription richement prolongée par de nombreux marxiens, tels Karel Kosík[3], Georg Lukács, Tran Duc Thao, Roger Garaudy[4], Lucien Sève[5]… Il n’y a, comme le soutenait Raymond Abellio même après s’être détaché de certains aspects du marxisme, de solide théorie de la valeur que celle, marxienne, de la valeur-travail. En conséquence, sont aussi pertinentes la théorie de la plus-value et la loi de baisse tendancielle du taux de profit. Le jeu des tendances et contre-tendances de cette loi garde une grande valeur explicative. Or, dans la mesure où l’économie capitaliste du monde occidental, et surtout européen, est de moins en moins productive, le capitalisme a besoin d’être de plus en plus parasitaire, prédateur, improductif. Il a besoin de contrecarrer la baisse tendancielle du taux de profit. Et c’est là qu’arrivent les « vaccins ».

Un vaccin obligatoire ou des vaccins obligatoires, et renouvelables plusieurs fois par an, constituent un formidable moyen de rétablir de hauts taux de profit dissociés de toute production socialement utile. Des profits sûrs avec la socialisation des risques et des éventuelles pertes (ou coûts de recherche), et avec la privatisation des profits. Processus classique d’un capitalisme de plus en plus ennemi de l’économie réelle, un capitalisme parasitaire et improductif qui a besoin de l’État pour restaurer ses profits, pour sauver les banques et les marchés financiers.

Passe sanitaire, confinements et couvre-feu contre la révolte populaire

Le puçage généralisé de tous et, au-delà de cela, le transhumanisme comme fabrication synthétique de soi et marchandisation de soi sont des moyens de relancer l’exploitation de l’homme en poussant l’aliénation jusqu’à la création d’un homme nouveau, simplifié, interchangeable, déshérité, sans culture. Un homme en kit, dans lequel tout est amovible, y compris ses organes sexuels. C’est ce qui se passe avec la stratégie dite « anti-covid », avec passe sanitaire puis passe vaccinal, couvre-feu et confinements (et pourquoi pas bientôt des confinements contre le réchauffement climatique, sachant qu’il y a déjà des interdictions de circulation ?).

Ce qu’ont entrepris Macron et l’Union européenne comme projet de long terme, c’est une guerre de liquidation anthropologique de l’homme comme lié à ses semblables c’est-à-dire d’abord à son peuple, et être d’héritage culturel, issu d’une histoire, bénéficiaire d’une transmission. Libéral, on pourrait penser que le pouvoir macronien est issu pourtant en ligne directe du libéralisme de Benjamin Constant. Mais il y a dans cela une cohérence : la logique du libéralisme est l’individualisme. Elle est le tout à l’ego. Sa logique est la dissociation et l’éclatement du lien social. Sa logique est l’atomisation des gens et des peuples. Sa logique mène donc à la mort des peuples et à l’individualisation de tout (d’où la destruction du Code du travail, la destruction de la Sécurité sociale, des retraites par répartition, etc.). La logique du libéralisme comme individualisme et culte des idées abstraites est la suppression du passé. Voilà comment on tue une civilisation pour y substituer une sous-civilisation de gens pucés et sous surveillance continue. Voilà comment on crée un « parc humain », comme dit Peter Sloterdijk. C’est pourquoi le libéralisme est contre les libertés et les peuples. Sa logique est orwellienne. 1984, nous y sommes.

Une nécessaire libération : se libérer du libéralisme pour se libérer du règne du Capital

Macron est l’actuel fondé de pouvoir de l’oligarchie. Un personnage anecdotique en un sens, mais si emblématique. Et c’est pourquoi il inspire les sentiments massivement hostiles que l’on peut constater chaque jour. Car la seule chose qu’il incarne, c’est justement l’abstraction, l’inhumanité et la brutalité de ce pouvoir oligarchique.

Le monde de Macron, c’est un libéralisme totalitaire au service de l’argent roi. C’est pourquoi le réveil des solidarités locales et nationales est nécessaire. Il ne s’agit pas d’autre chose que d’une lutte de libération nationale et sociale. « Il faut refaire des hommes libres », disait Bernanos (La liberté, pour quoi faire ?, 1946). Cela ne se fera pas sans reconquérir nos libertés de peuple, nos libertés en commun.

Par Pierre Le Vigan le 16 avril 2023

Polémia

[1] Au moment où on débat des droits de succession sur les héritages, il faut savoir qu’un Français sur trois n’hérite de rien, et qu’un ouvrier et employé sur deux hérite de moins de 8 000 (huit mille) euros (de quoi acheter une place de parking à Montélimar).

[2] Le covid car c’est un virus, et non la covid car qui dit virus ne dit pas forcément maladie (2 % seulement des entrées en hospitalisation en 2020 y sont liés, France Info, 17-11-2021).
[3] La Dialectique du concret, François Maspero, 1970 – Les éditions de la Passion, 1988.
[4] Marxisme du xxe siècle, 10-18, 1966.
[5] Une introduction à la philosophie marxiste, Éditions sociales, 1980.