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mercredi 7 février 2024

Justice : manifestants de Romans-sur-Isère, encore un deux poids deux mesures ?



Entre cinq et dix mois de prison ferme : c'est ce qu'a requis le parquet contre les sept hommes qui comparaissaient, ce mardi 7 février, devant le tribunal correctionnel de Valence pour « participation et préparation à un groupement formé en vue de commettre des dégradations et des violences », le 25 octobre dernier, dans le quartier de la Monnaie après la mort de Thomas à Crépol. Ils seront fixés sur leur sort le 21 février.

« Des réquisitions extrêmement sévères, réagit, auprès de BVMaître Alain Belot, bien connu de nos lecteurs et avocat de deux des prévenus, au mépris de la jurisprudence de la Cour de cassation selon laquelle "aucune disposition légale ou réglementaire n'incrimine le seul fait de participer à une manifestation non déclarée" et rejette "toute idée de responsabilité pénale collective". C'est bien la démonstration d'une politique pénale extrêmement répressive lorsqu'il s'agit de l'extrême droite. »

« Il s'agissait de manifester leur soutien à Thomas »

Rappel des faits : en réaction au meurtre de Thomas, le 25 novembre dernier, un groupe de jeunes (entre 50 et 100, selon Maître Belot) se donne rendez-vous dans le quartier de la Monnaie. Leur but ? « Pour l'immense majorité d'entre eux, il s'agissait de manifester leur soutien à Thomas », nous précise l'avocat. Mais le climat est tendu, les Français sont sous le choc, l'opinion publique inflammable ; c'est « un drame qui nous fait courir le risque d'un basculement de notre société, si nous ne sommes pas à la hauteur » craint alors Olivier Véran. Parmi les manifestants, certains sont armés de bâtons ou bombes lacrymogènes, leur colère est palpable.

La suite nous est racontée par Maître Alain Belot : « La fameuse CRS 83 (créée par Darmanin) est intervenue immédiatement en dehors de tout cadre légal, sans sommation. Les manifestants ont été littéralement pourchassés. Certains ont essayé de s’enfuir en passant au-dessus d’un grillage le long d’un chemin de fer. Le grillage a cédé, certains sont restés accrochés ou se sont retrouvés dessous. Les CRS n’y sont pas allés de main morte, douze d'entre eux nous racontent avoir été blessés (curieusement, leurs « caméras piéton », qui auraient pourtant permis d'identifier les fauteurs de troubles, n'étaient pas en service). D’autres ont été interpellés plus loin alors qu’ils étaient en train de partir. Il n’y avait aucune raison de les interpeller. Enfin, d’autres ont fait l’objet de simples contrôles d’identité et relâchés. »

Six de ces jeunes seront, à l'issue de leur garde à vue, condamnés en comparution immédiate à maximum dix mois de prison ferme avec mandat de dépôt. Ils passeront donc Noël en prison et seront libérés sur demande de leur avocat aux premiers jours de janvier.

Quelques remarques.

Les mêmes peines de prison pour les uns et pour les autres

Entre cinq et dix mois de prison ferme : c'est la peine (huit mois) infligée à un certain Sébastien P. par le même tribunal, en décembre, pour avoir menacé de « décapiter » et « vouloir jongler avec le crâne de Marie-Hélène Thoraval », maire de Romans-sur-Isère. Un individu converti en prison, multirécidiviste, condamné 23 fois, notamment dans le cadre d'un projet d'attentat.

Huit mois de prison, c'est aussi la durée moyenne des peines d'incarcération des 742 personnes arrêtées et condamnées pour les émeutes en juin dernier. Les jeunes manifestants de Romans-sur-Isère sont, eux, « parfaitement insérés et nullement récidivistes », nous précise Maître Alain Belot. Selon une source policière, ce 25 novembre, « rien n'a d'ailleurs été incendié ». Si une seule victime sera à déplorer, tombée dans une embuscade, rouée de coups et grièvement blessée par des jeunes de la cité, elle s'inscrit du côté des manifestants.

Des militants parfaitement identifiés d'un côté, un tueur au mobile passé sous silence de l'autre

Deuxième remarque : une grande lucidité d'un côté : des individus parfaitement identifiés« des militants d'extrême droite venus en découdre » « ultra-nationalistes », proférant des « slogans nationalistes » tels que « justice pour Thomas » ou « la France, la rue nous appartient » et, de l'autre, cette exaspérante cécité pour des autorités incapables de mettre les vrais mots sur le mobile du meurtre de Thomas. 

Pourtant, les témoignages accablants n'ont pas manqué : celui d'Alain, habitant de Crépol, auprès d'Olivier Véran (les parents des agresseurs ont élevé leurs enfants « dans la haine de la France et des Français »), celui de l'ami de Thomas qui se confiait à notre collègue Jordan Florentin, ceux de neuf personnes présentes le jour du bal déclarant, lors de l'enquête, avoir « entendu des propos hostiles aux Blancs », et les alertes multiples de Marie-Hélène Thoraval n'ont, à ce jour, pas suffi à la Justice pour reconnaître le motif raciste de l'agression. Au mépris total des demande des familles de victimes de Crépol. 

Pourquoi ?

Par Sabine de Villroché le 7 février 2024

Boulevard Voltaire

Profanation : quand un musulman fait un appel à la prière dans une église - Marie Falicon sur Radio Courtoisie le 7 février 2024

jeudi 18 janvier 2024

Macron, ce faussaire malhabile


Des mots, des amas de mots :
 Emmanuel Macron n’a su s’extraire de son travers verbeux, mardi soir, à l’issue de plus de deux heures de conférence de presse. Rien n’a justifié que le chef de l’Etat empressé s’invite, à 20h15, dans les foyers via six chaînes de télévision. La jactance présidentielle n’a fait que caricaturer davantage celui qui a affirmé : « J’assume de continuer à présider le réel ». Au contraire, Macron ne maîtrise plus le contrôle de la réalité. Il croyait pouvoir la domestiquer avec son approche orwellienne de la « double pensée », ce « en même temps » autorisant tout et son contraire. 

L’exemple le plus significatif de la décrédibilisation du récit officiel a été de l’entendre, sur les émeutes urbaines de juillet dernier, rejeter tout lien avec l’immigration au prétexte que les jeunes insurgés, très majoritairement issus du Maghreb, « étaient de nationalité française, pour la quasi-totalité nés en France ». Pour le président, ces casseurs, qui criaient souvent « Allah Akbar ! », n’auraient été motivés que parce qu’ils « s’ennuyaient ». 

Macron s’est également félicité de l’efficacité de l’Union européenne, notamment dans sa promotion des vaccins anti-Covid dont il persiste à vanter l’efficacité en dépit de leurs protections médiocres et de leurs effets secondaires importants. C’est ce même président indifférent aux faits qui s’est inquiété sans vergogne de la survenue d’une « génération de complotistes » formés par les réseaux sociaux à avoir « un rapport faussé à la vérité ». Comment, dans ces conditions, croire en la sincérité de Macron quand il dit vouloir se battre « pour que la France reste la France », en s’appropriant au passage les mots d’Eric Zemmour et d’Eric Ciotti ?

Macron est un faussaire de plus en plus malhabile : il ne survit que par son aisance dans le verbe et une propagande qui contourne le réel. Parmi les maigres annonces d’hier soir, celle d’une obligation à suivre des cours de théâtre au collège marque l’empreinte d’un président qui excelle dans la mise en scène et le jeu de rôle. Mais sa déconnection des gens ordinaires lui fait répéter les mêmes erreurs sur la meilleure manière de contrer le RN, qu’il nomme « Front national ». Ce n’est pas seulement en luttant « contre l’immigration clandestine » que Macron peut espérer faire reculer Marine Le Pen

Celle-ci est portée par le sentiment d’abandon qu’éprouvent des Français face à une immigration légale qui bouscule les fragiles équilibres sociologiques et culturels. Le « grand effacement » est un risque que Macron a évoqué à propos de la place de l’Europe dans les bouleversements géopolitiques. « Il ne s’agit pas de notre pays », a-t-il même précisé. Or c’est justement cette perspective d’une dilution de la France qui devrait mobiliser ses inquiétudes. La chute de la natalité (moins 6,6% en 2023) conjuguée à la forte et féconde immigration musulmane sont autant de facteurs pouvant laisser craindre, avant la fin de ce siècle, en de profonds changements civilisationnels. 

En réponse, Macron a promis « un plan de lutte contre l’infertilité ». En rire, ou en pleurer ?

Par Ivan Rioufol le 17 janvier 2024

Le Blog d'Ivan Rioufol

mercredi 10 janvier 2024

L’impossible mission de Gabriel Attal



Il aura fallu sept ans pour qu’Emmanuel Macron, face au récif du RN, vire de bord. La question est de savoir s’il n’est pas trop tard pour éviter le naufrage. Le capitaine du Titanic n’avait pu le détourner à temps de l’iceberg. La nomination de Gabriel Attal comme premier ministre, hier, se veut symbolique d’une modernité juvénile et d’un « effet waouh », si prisé par la Macronie. Mais sa mission, imposée dans l’urgence, semble impossible. Le chef de l’Etat a invité l’habile communicant, 34 ans à « mettre en œuvre le projet de réarmement et de régénération » annoncé dans ses voeux, ceci dans « la fidélité à l’esprit de 2017 : dépassement et audace ». 

En réalité Attal de Couriss (particule maternelle qu’il avait naguère rajoutée), enfant bien né d’une haute bourgeoisie parisienne progressiste, aura le courage des idées des autres. C’est d’ailleurs la caractéristique de cette gauche convertie au réalisme, qui tente en urgence de quitter en douce les chimères des idéologies pour s’approprier les thèmes de la droite pragmatique. Déjà, dans les années 70, le gauchisme de l’époque (André Glucksmann, Claude Lefort, Cornélius Casoriadis, etc.) avait su récupérer le combat antitotalitaire longtemps mené sous les injures par la seule droite anticommuniste. Dans tous les cas de figure, un socialisme à bout de souffle court après la modernité. Or l’histoire qui s’écrit ne puise rien dans le vide bavard de la majorité présidentielle, uniquement soucieuse de sa survie.

Attal a un talent politique. Son passage à l’Education nationale (5 mois) a été remarquable par les quelques décisions immédiatement appliquées (abaya, renvoi des élèves harceleurs, classes de niveau, etc). Mais quand Gérald Darmanin souligne qu’il veut, lui, « finir le travail qu’il a commencé », le ministre de l’Intérieur souligne en creux le maigre bilan de l’ambitieux qui lui a brûlé la priorité à Matignon. Le premier ministre sera jugé aux actes. De ce point de vue, un préalable vote de défiance parlementaire, demandé par LFI, n’aurait pas de sens. 

Reste que son abandon de poste, alors que l’Ecole s’effondre, ne fait pas apparaître une sincérité. Lors de la passation de pouvoir avec Elisabeth Borne, Attal a aligné les mots des « populistes », cette engeance qui répugne Macron, avant de filer auprès des inondés du Pas-de-Calais. Il a parlé des « classes moyennes », assuré qu’il fallait « garder le contrôle de notre destin », « renforcer la souveraineté nationale, celle de l’Europe, en maîtrisant notre immigration », etc. Néanmoins, Macron reste le vrai premier ministre, dans une V eme République claquemurée qui redoute d’avoir à se confronter au peuple. 

Contrairement à ce qu’affirme la Macronie, les questions économiques et sociales ne sont pas l’essentiel. Les priorités des Français sont, selon un sondage du Parisien, le pouvoir d’achat (48%), la sécurité (39%), l’immigration (37%). La jeunesse d’Attal ne peut faire oublier le vieux monde sclérosé dont il est le produit. Peut-on faire une politique de droite quand on est de gauche ? 

Il est permis d’en douter.

Par Ivan Rioufol le 10 janvier 2024

Le Blog d'Ivan Rioufol


Épreuve cycliste des JO : circuit entre crackeux et camps de migrants



On a tous vu la vidéo, postée lundi, du président de la République les gants de boxe sur l’épaule, devant un sac de frappe : JO, tout pour les JO et rien que pour les JO… « Faites au moins 30 minutes de sport par jour », a assené le chef de l’État, avant d’aller nommer son Premier ministre. Débrouillez-vous comme vous voulez, courez derrière le bus, tapez sur votre voisin de bureau ou entraînez-vous au lancer de courges, la France doit impérativement devenir, en sept mois, une nation sportive.

Les JO, donc, « grande cause nationale » après les féminicides et l’endométriose. Des « Jeux verts qui respectent les accords de Paris », des « jeux paritaires » qui vont éblouir le monde. Et parmi les épreuves reines, celles de la petite reine, justement. Le vélocipède, la bicyclette, le deux-roues, la bécane, le clou quoi !

Au menu figurent en bonne place les « épreuves en ligne » : 90 athlètes s’élanceront du Trocadéro, le samedi 3 août à 11 heures, pour y revenir après 273 kilomètres de course et 2.800 mètres de dénivelé positif. Et pour grimper dans Paris, quoi de mieux que le nord-est de la capitale ? En effet, qui n’a pas remonté en courant la grande pelouse des Buttes-Chaumont et les escaliers de Montmartre ne connaît rien au relief parisien.

Voila donc un parcours idéal sur le papier. Dans les faits, chez les Parisiens qui se lèvent tôt pour aller bosser, c’est le sujet d’une grosse rigolade. Comme l’écrit Chipironpépito, sur X : « Celui qui va finir en vie aura gagné l'épreuve ! C'est plus les JO, c'est Hunger Games ! »

Ben oui, parce que figurez-vous que nos cyclistes vont faire le pèlerinage des hauts lieux du crack et des camps de migrants : Barbès, La Chapelle, Jaurès, Stalingrad, l’avenue Jean-Jaurès, les boulevards des Maréchaux, les dessous du périph' – ce qui veut dire qu’on mettra les tramways à l’arrêt ! –, bref, les coins les mieux fréquentés des XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements.

Un conseil, en passant, aux organisateurs : prévoyez des équipes de nettoyage en renfort, car ce ne sont pas des punaises qui risquent, cette fois, d’occasionner des crevaisons, mais bien des seringues ! Et puis, il va falloir aussi éloigner les rats du peloton. Une gamelle générale au milieu des surmulots, ça ferait moche dans le décor.

Sur X, une certaine Écrevisse s’étonne : « C'est drôle, je n'ai pas souvenir d'épreuves dans les favelas aux JO de Rio 2016. » On la comprend car, à considérer la chose, on se demande vraiment si ces gens – je parle des organisateurs – sont fous ou totalement inconscients ; s’ils ne sortent jamais de leurs bureaux pour aller voir à quoi ressemble le Paris populaire d'aujourd'hui des quartiers nord.

À moins, me suggère un ami, que tout cela ne soit le fruit d’une stratégie bien pensée, de manière à nier encore et toujours la réalité : après avoir vidé Paris de tous ses indésirables, envoyé les SDF à la campagne et les migrants à l’hôtel ; après avoir bouclé les Parisiens chez eux et rendu exorbitant le coût des transports afin d’offrir le village Potemkine aux caméras du monde entier ; surtout, après avoir collé un flic derrière chaque athlète et chaque riche spectateur, on pourra nous assener que l’insécurité est un fantasme. 

Que Paris, ripoliné de frais, est encore et toujours la « Ville Lumière » que le monde entier nous envie.

Par Marie Delarue le 10 janvier 2024

Boulevard Voltaire

lundi 8 janvier 2024

Mon pote le dealer



C’est dans ce but que demain soir, mardi 9 janvier, la mairie verte convie les Grenoblois à un spectacle vivant d’un genre nouveau « entre théâtre et récit conté, lissé de mots et de musique » joyeusement intitulé : « Les copains d’en bas ». Sur le site de la Ville de Grenoble, la municipalité a ajouté un bandeau sous l’affiche qui annonce le show. Y est posée cette étonnante question : « Comment vivre au quotidien à proximité d’un point de deal ? » Voici donc les Grenoblois invités à cohabiter avec les dealers. C’est fichtrement malin ! Que n’y avions-nous pas déjà pensé ! Sympathise avec le dealer qui pourrit ta vie et ta cage d’escalier tout comme tu as déjà sympathisé avec les punaises de lit et les surmulots ; ta vie en sera changée. Les épreuves de Kho-Lanta, c’est du pipi de chat à côté de celles qu’exige le vivre-ensemble tel qu’il va falloir le pratiquer à Grenoble. 

Sus à la peau de phoque, aux piolets et autres crampons.

Suivi d’un temps d’échange

Depuis quelques jours déjà, des affiches aux couleurs criardes, racoleuses et bariolées, ont été généreusement placardées sur les façades des immeubles du quartier Chorier- Berriat. Il ne s’agirait pas de rater cette représentation qu’on attend avec impatience. Ce spectacle bien rôdé n’a pourtant rien d’inédit. Créé en 2018 par la Compagnie Artiflette, il a déjà été représenté dans plusieurs communes de France. 

Suivi « d’un temps d’échange » invitant à « mieux se connaître pour mieux vivre ensemble », cette manifestation se veut didactique et vise à promouvoir « l’insertion sociale », « l’interculturalité » et « le bonheur de vivre dans les quartiers ». C’est pour partager une expérience choisie et comme il se doit enrichissante, qu’Ignace Fabiani et Claire Devienne ont co-écrit cette pièce dont ils sont aussi les acteurs. Ils campent Ben et Charlotte, aventuriers des temps modernes, qui ont décidé, de leur propre chef, d’aller expérimenter la mixité sociale dans une cité HLM. On voit nos audacieux conquérants se frotter alors, en vrai, à l’altérité. 

Que de belles rencontres ! D’après le dossier de présentation du spectacle, on fait connaissance avec « Assia, la voisine marocaine qui apporte à nos bobos des couscous fumants, Bachir, l’épicier d’en face qui leur fait crédit, Casquette et Barbichette des jeunes qui s’installent dans leur cage d’escalier, Kenny, une maman Malgache pleine de rêves, Djamel, le rappeur, Idriss, un éducateur épris de liberté et de justice avec qui ils vont collaborer… » Pas un ne manque, ils sont tous là ! 

« Jour après jour, entre doutes et convictions profondes, Ben et Charlotte sont ballottés entre magnifiques moments porteurs de sens et l’immersion de la violence dans le quotidien de la cité », est-il précisé. Fichtre ! j’en ai la larme à l’œil. « Le récit de ces rencontres dessine une vérité autre que celle souvent entendue dans les médias. », conclut le descriptif. Pour le coup, on n’en doute pas une seconde.

Si la mairie d’Éric Piolle n’avait pas ainsi audacieusement sous-titré l’affiche du spectacle, cette représentation de la Compagnie Artiflette, dévolue à l’habituelle propagande pour le vivre-ensemble, serait passée sous les radars. Mais, quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que le show, véritable couteau suisse qui sévit déjà dans les collèges et les lycées, peut servir idéalement les desseins inclusifs d’Éric Piolle ; ce qui justifie largement ce choix.  Il « permet aux élèves de découvrir certaines réalités méconnues concernant la vie dans les quartiers dits « difficiles »(…) d’élargir les horizons desdits élèves, de rentrer dans la complexité des situations, de changer de regard (…) » Cette prestation à visée hautement édificatrice est aussi couramment proposée comme « support pour des ateliers de médiation culturelle » et peut en servir d’autres « sur des thématiques liées au spectacle, à la déconstruction des stéréotypes et des préjugés, à  la découverte de l’altérité. » 

Dans le cochon, tout est bon.

Des agneaux méprisés

Notons que la démarche s’inscrit, pour la municipalité, dans le cadre d’une farouche volonté d’éradiquer les nuisances générées par le trafic de drogue. Sur les réseaux sociaux de la ville, le maire-pastèque avait déjà diffusé deux très courts-métrages montrant les conséquences du deal pour les habitants voisins d’un point de vente. Il s’agissait alors de dissuader de consommer des substances illicites. L’édile, qui cherche décidément à explorer tous les possibles, propose maintenant, par le truchement d’une réflexion fructueuse qu’initierait la représentation du spectacle de la Cie Artiflette, à instaurer une cohabitation harmonieuse des Grenoblois avec les dealers. 

Tout se tente. Du reste, Claire Devienne, pendant la tournée de la pièce dans le Var, en janvier 2023, avait déjà expliqué qu’en tout dealer, il y a aussi un homme. « Le plus grand dealer est aussi un grand frère, mais les difficultés de la vie l’ont parfois enfermé dans des mécanismes qui le poussent à être violent. » L’écrivain Christian Bobin s’est, lui aussi, exprimé à propos de la pièce : « J’ai lu ce texte sur les gens dans l’entrée de l’immeuble et j’ai beaucoup aimé. On dirait que parfois – les tigres ne sont que des agneaux qu’on a maltraités et méprisés. »

En attendant, la démarche d’Éric Piolle ne fait pas l’unanimité dans une ville où les habitants sont terrorisés par des bandes qui tiennent le trafic de stupéfiants et règlent leurs comptes à coup de rafales de Kalachnikov : sur X, les réactions indignées se sont multipliées.  

Face à la drogue, les Grenoblois espèrent une réponse autre que l’administration d’une cuillérée de sirupeux vivre-ensemble. Ce, d’autant plus que les élus rouges/verts rechignent à importuner les dealers installés dans les logements sociaux d’ACTIS et de Grenoble-Habitat. La mairie refuse en effet de contrôler les attributions… alors qu’elle est à la tête de ces deux bailleurs. C’est en vain que, depuis le début du mandat écologiste, l’opposition demande un contrôle strict et une expulsion des dealers condamnés pour éviter qu’ils ne transforment des quartiers entiers en zone de non-droit. En attendant, la représentation des Copains d’en bas a lieu demain. 

En présence d’Éric Piolle.

Par Isabelle Larmat le 8 janvier 2024

Causeur

jeudi 7 décembre 2023

Les JO valent bien un QR code



Après la grande opération de nettoyage avec le transfert en province de SDF, migrants, camés et autres zombies qui peuplent les rues de Paris… 

Après l’ostracisme des bouquinistes des quais de Seine – pourtant ô combien essentiels à l’âme parisienne – qui ont été sacrifiés sur l’autel de la sécurité au motif qu’une bombe pouvait être cachée dans leurs boites…  

Après l’interdiction de la vente d’alcool dans les stades sauf dans les tribunes VIP où seuls les riches pourront descendre cul sec leur Corona et singer le chef de l’État – car c’est bien connu, seuls les riches savent rester sobres contrairement au populo « qui fume des clopes et roule en diesel »… 

Après le doublement du prix du ticket de métro qui coutera 4 euros au lieu de 2, envoyant valser la promesse de la gratuité des transports… Après toutes ces mesures qui écornent déjà l’image de JO populaires, une nouvelle restriction affectant la liberté fondamentale d’aller et venir de tout un chacun (protégée par la Constitution) est venue s’ajouter à ce beau panel de contraintes !

Après le passe vaccinal, le passe olympique

Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a en effet dévoilé, la semaine dernière1, les contours du dispositif de sécurité pour limiter et contrôler la circulation aux abords des sites olympiques. En tout, quatre zones de sécurité seront mises en place. « Le principe sera l’interdiction de la circulation et l’exception, la dérogation », apprend-on. Voilà qui va faire plaisir à la pourchasseuse de voitures Anne Hidalgo !

Pour accéder en voiture ou en deux-roues à ces zones, il faudra présenter une raison valable pour obtenir une dérogation. Les salariés qui y travaillent, les résidents qui y vivent mais aussi ceux qui portent secours, les pompiers ou le Samu, devront s’enregistrer sur une plateforme numérique (elle serait accessible au péquin fin mars-début avril), y renseigner tout un tas de données personnelles pour obtenir le fameux QR Code, sésame à présenter à chaque checkpoint.

Mauvais souvenirs

Devoir justifier ses allers et venues et prouver son identité numérique en montrant un QR code, cela rappelle bigrement la politique sanitaire du gouvernement. Après le passe vaccinal, voilà venu le passe olympique ! Sous couvert de sécurité, l’exécutif applique la même logique de surveillance et de contrôle que pendant le Covid.

On a aussi vu cette logique à l’œuvre l’an dernier avec la crise de l’énergie ; les injonctions énergétiques (« je baisse, je décale, j’éteins ») ont alors pris le relais des injonctions sanitaires (« je teste, j’alerte, je m’isole »), et l’appli « écowat » avait remplacé l’appli « Tous anticovid ». Pendant des mois, le pic de la consommation énergétique a été l’alpha et l’oméga justifiant des restrictions, comme l’avait été le pic épidémique pour légitimer l’instauration des couvre-feux, des confinements et du passe vaccinal discriminatoire séparant les mauvais citoyens non vaccinés des bons citoyens vaccinés. 

La capitale Orange mécanique

Critiquer ce passe olympique ne revient pas à nier le risque d’attentats terroristes, très élevé dans notre pays, mais seulement à dire que la prévention du pire ne devrait pas passer par le sacrifice de nos libertés fondamentales. Il est tout de même frappant de constater que l’on brandit à tout bout de champ l’État de droit ou la Cour Européenne des Droits de l’Homme quand il s’agit d’expulser des dangereux terroristes et autres criminels étrangers, mais que l’État de droit disparait soudainement des argumentaires lorsqu’il s’agit de bafouer nos libertés fondamentales dont la liberté de mouvement !

Alors, plutôt que d’enquiquiner les Français, Laurent Nunes ferait mieux de surveiller ou d’interpeller les délinquants étrangers responsables de 70% des vols avec violence dans les transports en commun, les 20 120 personnes qui sont inscrites au FSPRT – fichier qui recense tous les profils à caractère terroriste – et de redoubler d’efforts pour lutter contre la banalisation de l’hyper violence qui règne à Paris, passée en quelques années de Ville lumière à capitale orange mécanique. Qu’on se le dise, un QR Code n’aurait pas empêché le meurtrier et ses acolytes de se rendre au bal tragique de Crépol, d’y planter au couteau des jeunes et de tuer le jeune Thomas, ni le meurtrier fiché S et islamisé qui a assassiné un touriste allemand samedi soir devant la Dame de fer.

« Rien n’est plus durable qu’un programme gouvernemental temporaire », nous avait prévenu avec raison le père du libéralisme américain Milton Friedman. Lors de l’instauration du passe vaccinal, des esprits avertis prévoyaient l’avènement d’une nouvelle société qui disciplinerait le comportement des citoyens à travers une politique de contrôle des corps, des déplacements, des interactions sociales. 

Comment ne pas voir dans l’instauration de cet abracadabrantesque QR Code olympique un argument de plus offert à tous ces dangereux « complotistes » ?

  1. https://www.leparisien.fr/jo-paris-2024/jo-paris-2024-circulation-restrictions-decouvrez-nos-10-cartes-du-perimetre-de-securite-30-11-2023-IYOFCHPMWZA7ZB5FQXEQ7OAXSY.php ↩︎
Par Blanche de Mérimée le 6 décembre 2023

lundi 4 décembre 2023

Attaque à Paris : «Cauchemar français»



La France, ce n’est pas un coupe-gorge », avait proclamé il y a quelques années Eric Dupond-Moretti. La France est un pays où l’on risque de mourir d’un coup de couteau à toute heure, à tout moment, en tout lieu. L’adolescent qui se rend à un bal de village y laissera sa vie, le touriste qui contemple la tour Eiffel sera poignardé devant son épouse, le professeur sur le chemin de l’école sera froidement assassiné. 

Ces crimes diffèrent dans leurs motivations mais tous ramènent au nœud de vipères où s’entremêlent le laxisme migratoire, la désintégration culturelle, la délinquance systémique, le djihadisme d’atmosphère, la faiblesse judiciaire.

Dans cette France-là, le bourreau pleurniche comme une victime et la victime, dégât collatéral du grand projet multiculturel, est très vite oubliée. Qui se souvient des jeunes filles égorgées il y a six ans gare Saint-Charles ? De cet homme assassiné par un réfugié soudanais en ouvrant sa fenêtre en plein confinement? C’était à Romans-sur-Isère... De Samuel Paty en Dominique Bernard, on pourrait malheureusement poursuivre indéfiniment cette liste longue et tragique. Depuis 2012, le terrorisme islamiste a fait près de trois cents morts en France. Il faudrait faire aussi le décompte précis des attaques au couteau, qui sont quotidiennes. 

Que signifient ces agressions gratuites où le délinquant frappe pour tuer ?

Le parti du déni, celui qui se réfugie dans les méandres des troubles psychiatriques, celui qui s’accroche, de façon outrancière et, disons-le, pathétique, aux confettis de l’« ultradroite » comme à une bouée de sauvetage, ce parti doit comprendre que ses tentatives de falsification sont inutiles et plus encore contre-productives. Les Français connaissent le cauchemar français, puisqu’ils le vivent. Ils savent aussi que ceux qui savent s’acharnent à relativiser, à faire diversion. 

Ce déni d’État ajoute à l’insécurité physique et culturelle, une insécurité politique qui n’est pas moins alarmante.

Par Vincent Trémolet de Villers le 4 décembre 2023

Le Figaro


Terrorisme, islamisme : à quand la riposte ? - Conférence de presse de Jordan Bardella (RN) du 4 décembre 2023

dimanche 3 décembre 2023

Le totalitarisme sans le goulag : réquisitoire de Mathieu Bock-Côté contre la postdémocratie occidentale

 


Que démontre en effet Mathieu Bock-Côté ?


D’abord, que l’extrême droite, dont le système politico-médiatique nous rebat les oreilles en permanence, n’existe tout simplement pas. En tout cas, pas sous la forme extrémiste qu’on prétend dénoncer.

Ensuite, que le régime diversitaire qui s’est imposé en Occident n’a rien à envier aux totalitarismes du xxe siècle. Certes, il est dépourvu de goulag, mais uniquement parce que ce dernier est devenu inutile dans la mesure « où la société dans son ensemble est désormais soumise à un processus de rééducation permanent, pour transformer les mentalités, pour transformer intimement la structure de perception du réel par la population[2] ».

Le ton de l’essai, dynamique et incisif, est donné !

L’extrême droite ou la démonologie appliquée à la politique

Mathieu Bock-Côté s’attache d’abord à démontrer que l’expression extrême droite n’a pas pour fonction de décrire et d’analyser une réalité politique (comme le faisait par exemple René Rémond distinguant entre une droite légitimiste, orléaniste et bonapartiste en France) mais seulement de disqualifier ceux qui s’opposent à ce que le Système considère comme un progrès.

Elle relève donc de la démonologie plus que de la politologie, puisque la politique vire de nos jours à l’exorcisme.

L’extrême droite se distingue de l’extrême gauche car cette dernière est seulement coupable « d’être trop hardie dans la bonne direction historique[3] » : alors que le péché idéologique majeur de l’extrême droite serait de refuser le sens de l’histoire, de vouloir l’inverser et de remporter en outre l’adhésion populaire (également disqualifiée sous le vocable populisme).

Pour cette raison, affirme Mathieu Bock-Côté, « on arrive bien plus rapidement à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche » car « il faut aller loin, très loin, pour se faire classer à l’extrême gauche[4] ». Alors qu’il suffit de nos jours d’un propos, d’un vote ou d’un écrit pour se retrouver du côté obscur, et cela définitivement… Car le système actuel de classification politique est dominé par la gauche « dont elle maîtrise à chaque fois les termes[5] » et, dans ce cadre, seule une droite complexée serait à la rigueur légitime. La gauche nomme donc « extrême droite la part de la droite qui ne consent pas à être une droite au ralenti, non plus qu’une gauche pâle[6] »

Le totalitarisme de l’extrême centre en marche

Mais l’auteur va plus loin.

Il montre que la disqualification de toute opposition à ce que la modernité néo-libérale est en train d’infliger aux peuples d’Occident traduit le totalitarisme inhérent à cet « extrême centre » qui nous gouverne désormais en prétendant incarner la seule véritable démocratie : celle de la société ouverte et multiculturelle, du marché dérégulé, de la loi des minorités, de l’idéologie LGBT, de la souveraineté limitée et du gouvernement des juges non élus.

Un extrême centre qui prétend rejeter les « extrêmes » alors qu’il incarne une nouvelle forme d’extrémisme tyrannique.

Mathieu Bock-Côté développe ainsi, en l’appuyant sur de nombreux exemples éclairants, l’avertissement des dissidents soviétiques passés à l’Ouest dans les années soixante et découvrant avec horreur que l’Occident suivait la même trajectoire fatale que l’URSS. À la différence près que les Occidentaux semblaient aimer leur servitude.

Il rappelle opportunément que « notre mémoire du totalitarisme est hémiplégique[7] » : car elle est enfermée dans un xxe siècle désuet, et doit être mise à jour « sans quoi nous ne parviendrons pas à voir comment il renaît sous nos yeux ». On peut d’ailleurs se demander si le rappel obsessionnel « des heures sombres de notre histoire » en Europe n’aurait justement pas pour objet de nous cacher la renaissance contemporaine du totalitarisme…

Un vaste camp de rééducation

Mathieu Bock-Côté montre en effet que la postdémocratie occidentale repose sur le même ressort que tous les totalitarismes : la transformation de la société en vaste camp de rééducation, au nom d’une vérité révélée du Bien, posée comme indiscutable. Et l’obligation pour tous de s’y convertir. Un totalitarisme qui n’a rien d’accidentel car « il est la conséquence de l’ambition démiurgique de la modernité, où l’homme oublie sa finitude et entend créer un paradis sur terre, et même, se créer lui-même[8] ».

C’est pourquoi la gauche n’est pas un programme mais un processus, lequel ne s’arrête jamais. Et celui qui est suspecté de ne pas adhérer à la prochaine étape du progrès – par exemple celui qui refuse de nos jours de reconnaître qu’un homme puisse être enceint – se trouve accusé de rechuter dans le passé, bref dans la réaction d’extrême droite. C’est bien pourquoi « la définition de l’extrême droite doit être sans cesse réactivée[9] » et la liste des proscrits sans cesse revisitée.

Ce qui arrive n’arrive pas et ce qui existe n’existe pas

Autre caractéristique de notre postmodernité totalitaire, le déni de la réalité, un art dans lequel nos médias sont passés maîtres.

C’est « non seulement la capacité du régime diversitaire à ne pas voir ce qui arrive, mais même à empêcher que le commun des mortels puisse le voir[10] ». Comme lorsque le ministre français de l’Intérieur ne voit dans les émeutiers ethniques de juillet 2023 que des « Kevin et des Mattéo » ou lorsque la justice ne communique pas l’identité des assassins de Thomas à Crépol. Mathieu Bock-Côté montre d‘ailleurs que le concept de fait divers « permet de nommer ce qu’on ne peut plus taire tout en faisant en sorte que ce qui est nommé ne structure pas le débat public[11] ».

Ce qui arrive n’arrive pas et ce qui existe n’existe pas, telle est la logique orwellienne du nouveau monde occidental. Donc, par exemple, les peuples, les sexes ou le grand remplacement n’existent pas. Et malheur à celui qui prétend le contraire ! Il exprime un discours de haine, et risque de se retrouver devant les tribunaux ou, dans certains pays, de se voir retirer la garde de ses enfants. Ce déni du monde réel provoque aussi une schizophrénie latente de la population, source de multiples déséquilibres et de violences.

Ce nouveau totalitarisme repose sur la construction d’une société de la surveillance autour d’un monde parallèle à la réalité « dont il est interdit de sortir sans se faire coller une contravention idéologique[12] », écrit joliment Mathieu Bock-Côté. C’est bien « la poursuite de l’expérience soviétique par d’autres moyens[13] », notamment au sein de ce qu’il appelle ironiquement l’EURSS…

Une analyse globale et cohérente

Il est bien sûr vain de prétendre résumer en quelques lignes l’essai extrêmement riche et très bien écrit de Mathieu Bock-Côté. En fait, il faudrait citer le livre entier…

Car il nous présente une analyse globale et cohérente d’un totalitarisme qui « n’est plus porté exclusivement par des marges fanatiques mais par le cœur se voulant rassurant de la société bourgeoise[14] ». Par des élites convaincues d’avoir raison et conduisant pour cette raison une politique délibérément antimajoritaire, pour reprendre la formule de Marcel Gauchet.

Un essai qui nous invite aussi en filigrane à ne pas nous résigner.

Alors entrons en résistance et commençons par lire et faire lire Le Totalitarisme sans le goulag au plus vite !

Par Michel Geoffroy le 2 décembre 2023

[1] Presses de la Cité, 2023, 22 euros.
[2] Bock-Côté (Mathieu), Le Totalitarisme sans le goulag, p. 241.
[3] Ibid., p. 203.
[4] Loc. cit.
[5] Bock-Côté (Mathieu), op. cit., p. 56.
[6] Ibid., p. 59.
[7] Ibid., p. 26.
[8] Ibid., p. 29.
[9] Ibid., p. 76.
[10] Ibid., p. 100.
[11]Ibid., p. 106.
[12] Ibid., p. 123.
[13] Ibid., p. 242.
[14] Ibid., p. 23.


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