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mercredi 31 mai 2023

Pétainisme : la macronie, à l’épreuve de la résistance



Panique chez les excommunicateurs : la démonétisation de la moraline a été actée par Emmanuel Macron lui-même. Il est rare d’avoir à se féliciter d’une originalité chez le chef de l’Etat, adepte du confort intellectuel. Son recadrage d’Elisabeth Borne, en plein Conseil des ministres, n’en reste pas moins un acte politique à saluer. Sur Radio J, dimanche, le premier ministre, fille de Joseph Bornstein, résistant déporté à Auschwitz puis Buchenwald, avait estimé que le RN était « l’héritier de Pétain » et porteur d’une « idéologie dangereuse ». Elle avait également expliqué : « Il ne faut pas banaliser ses idées (qui) sont toujours les mêmes ». 

Au total, des propos convenus relevant de la pensée automatique répétée depuis toujours par la gauche et ses clercs. C’est pourquoi la surprise a été totale, mardi, lorsque Macron s’est agacé de ces poncifs, en déclarant devant Borne, sans la nommer : « Le combat contre l’extrême droite ne passe plus par des arguments moraux. Vous n’arriverez pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour l’extrême droite que ce sont des fascistes (…) Il faut arrêter avec ces mots des années 90 ». Le président continue néanmoins à qualifier le RN de parti d’extrême droite, ce qui est une autre manière de le marginaliser moralement.  Pour autant, les arguments justifiant naguère le cordon sanitaire ne tiennent plus.

La macronie trouvera-t-elle, hors de ses mises au ban paresseuses, les arguments convaincants pour contrer la montée du parti de Marine Le Pen ? C’est le défi lancé par Macron qui enjoint à sa formation, et à son premier ministre en sursis, de « parler du réel ». Là encore, le président a raison : la Révolution des oeillières oblige les dirigeants à redescendre sur terre. Mais si Macron est prêt à s’ouvrir à l’épreuve de lucidité, il pourrait alors utilement poursuivre la réflexion d’Elisabeth Borne, en se demandant où est aujourd’hui la dérive pétainiste. 

Or, si l’on admet que le régime de Vichy s’est avant tout caractérisé par sa collaboration avec l’occupant nazi et son antisémitisme assumé, on chercherait en vain, au coeur du gouvernement, l’esprit de résistance face aux deux nouveaux totalitarismes que sont l’islamisme judéophobe et le wokisme anti-occidental. Macron, qui a guerroyé contre le Covid, se garde de lancer des offensives contre ces deux ennemis intérieurs, qui sont légitimement dénoncés par la droite. L’apaisement reste le maître mot. La collaboration de Pap NDiaye avec le wokisme est  une aberration choisie par Macron. Pour sa part, l’alliance entre l’extrême gauche et l’islam politique n’inspire pas au premier ministre les mêmes alertes qu’elle réserve au RN. « La France était à Londres en 40 au côté du Général de Gaulle », a expliqué ce mercredi Jordan Bardella, 27 ans, président du RN, sur RTL. C’est sur ce terrain de la résistance que la macronie doit désormais faire ses preuves. 

Pour l’instant, c’est loin d’être brillant…

Par Ivan Rioufol le 31 mai 2023

Le Blog d'Ivan Rioufol


lundi 22 mai 2023

Immigration: la droite découvre la lune!

 

Bonne nouvelle: les Républicains découvrent la lune. Ils admettent, sans fard, la réalité du « chaos migratoire » et ses liens avec l’insécurité et la partition de la nation. Dans le JDD, hier, Eric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau ont fait connaître leurs propositions « pour mettre un coup d’arrêt à l’immigration de masse ». 
Lundi dernier, dans Le Figaro, l’ancien premier ministre Manuel Valls déclarait: « Nous devons appuyer sur le bouton « stop » pour remettre à plat et arrêter l’immigration sans but ». Tous reconnaissent l’urgence de revenir au principe de l’assimilation. Si les LR se gardent de supprimer totalement le droit du sol et le regroupement familial – ces machines à produire des Français de papier -, ils assument néanmoins leur volonté de rétablir la souveraineté du législateur français face à la prépondérance du droit européen. Mais reste la question: pourquoi ces politiques ont-ils mis quarante ans à admettre la gravité des conséquences d’une immigration de peuplement impensée ? Pourquoi la droite a-t-elle accepté de réciter, derrière Jacques Chirac: « L’immigration est une chance pour la France » ? Pourquoi a-t-elle cautionné Nicolas Sarkozy dans ses odes à la diversité et au métissage obligé ? Depuis les années 90, votre serviteur n’a cessé d’alerter sur la lâcheté des décideurs, en essuyant les infamies des « antiracistes ». Valls le reconnaît d’ailleurs: « Le camp républicain est tétanisé par l’extrême droite depuis des décennies ». Les LR seraient-ils devenus audacieux ? À voir…
Ce n’est pas tant l’ampleur de l’immigration qui affole la droite que l’envolée du RN et la bonne tenue de Reconquête, qui posent sur ce sujet un regard sans tabous. Demeure, chez LR, une réticence à tenir un langage « populiste », qui réponde à la vulnérabilité identitaire d’une partie majoritaire de la société. Le Grand remplacement, cette perspective démographique et civilisationnelle qui s’observe déjà en certains lieux, est une constatation que les LR récusent. Ils réclament des quotas, qui seraient d’autres entrées. En réalité, une réticence idéologique les empêche de stopper une immigration devenue faiseuse de troubles.
La droite n’a évidemment pas protesté contre l’annulation par Gérald  Darmanin, dimanche, d’un hommage qui devait être rendu pas l’association Iliade à l’historien Dominique Venner, suicidé il y a dix ans au cœur de Notre Dame de Paris, à la manière de Caton. Voici ce qu’écrivait l’indésirable (1) : « Je m’insurge contre ce qui me nie. Je m’insurge contre l’invasion programmée de nos villes et de nos pays, je m’insurge contre la négation de la mémoire française et européenne. Je dois à celle-ci des exemples de tenue, de vaillance et de raffinement venus du plus lointain passé, celui d’Hector et d’Andromaque, d’Ulysse et de PénélopeMenacé comme tous mes frères européens de périr spirituellement et historiquement, cette mémoire est mon bien le plus précieux. Celui sur lequel s’appuyer pour renaître ». Ce courage de vieux Romain, qui le partage aujourd’hui ?
(1) Un samouraï d’Occident, La Nouvelle Librairie
Par Ivan Rioufol le 22 mai 2023

jeudi 4 mai 2023

La France disloquée, terreau d’une possible guerre civile



La guerre civile : la perspective s’installe dans les esprits, face à la nation disloquée et à la généralisation de la violence. A Mayotte, 101 ème département français, c’est la députée Estelle Youssouffa qui prévient : « On va basculer dans la guerre civile si le travail n’est pas fait ». Mardi, dans La parole aux Français (CNews), Jean-Christophe Couvy, secrétaire national unité SGP-Police, a mis en garde contre les casseurs « rompus à la guerre civile », qui se sont acharnés contre les forces de l’ordre (406 blessés) en marge des défilés du 1 er mai. Dans un prochain Appel à « sauver la France », d’anciens militaires conduits par Jean-Pierre Fabre-Bernadac vont réitérer leurs craintes exprimées il y a deux ans dans la « Lettre des généraux ». Ils y écrivaient : « Si rien n’est entrepris, le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société (…) et demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant ».  Cette fois, les signataires, rassemblés par l’association Place d’Armes, accusent Macron de « nous entrainer aveuglement vers la guerre civile ». Estimant « la Patrie en danger », ils appellent à une Marche de la Fierté Française le 13 mai à Paris. Ils écrivent (1) : « Nous devons montrer que le pavé parisien n’est pas réservé à ceux qui méprisent la nation. Aussi « Place d’Armes » défilera avec ses drapeaux, sa musique et ses anciens militaires, portant fièrement leurs décorations, suivis par le maximum de citoyens de toutes origines et confessions ».

La France, après de six ans de macronisme, est une poudrière. Le chef de l’Etat plaide l’apaisement comme les enragés de 1793 appelaient à la concorde. Un pays multi-fracturé s’étale aux yeux de tous. Ce n’est pas seulement un affrontement de classes qui s’observe, dans le mépris de la caste pour « ceux qui ne sont rien ». Pour avoir théorisé l’opposition entre progressistes et populistes, Macron a envenimé le ressentiment de la France modeste. Il a aggravé la rupture entre les déracinés et les enracinés, la France des métropoles et la France périphérique, les déconstructeurs de l’identité nationale et les héritiers d’une continuité historique. 

Des riches s’opposent aux pauvres, des actifs aux retraités, des citadins aux ruraux, des jeunes aux vieux, des femmes aux hommes, des Noirs aux Blancs. Les tenants de la société ouverte crachent sur les patriotes. L’importation en France du wokisme nord-américain et de l’islamisme saoudien rajoute les ferments de la discorde généralisée. Dans ce contexte, la guérilla urbaine s’est banalisée dans les cités d’immigration. Les morts par balles de se comptent plus à Marseille. L’islam politique, pour sa part, poursuit sa lente infiltration de la société, sous la protection d’une extrême gauche qui rêve d’abattre « la mauvaise république » (Jean-Luc Mélenchon, lundi) en attisant la haine des flics. Tout ceci ne fait certes pas encore une guerre civile. Mais Macron persiste, diaboliquement, à diviser les Français. Jusqu’où ?

Par Ivan Rioufol le 4 mai 2023

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jeudi 20 avril 2023

«Cent jours d’apaisement»: c’est mal parti



« Les changements étaient nécessaires », a assuré Emmanuel Macron lundi soir à la télévision pour clore sa réforme des retraites. Le soir même il déambulait dans les rues de Paris après avoir dîné à La Rotonde avec son épouse, à sa table habituelle au fond de la salle.

Un dernier chant avant l’effondrement

Il ira même jusqu’à pousser la chansonnette avec un groupe de jeunes Pyrénéens – qualifiés depuis d’ « extrême droite » par la maréchaussée médiatique à cause de leur enracinement culturel – croisés rue de Rennes. La désinvolture est ce qui caractérise le macronisme, réduit au comportement erratique (le « en même temps ») d’un homme seul et déconnecté. Car il ne suffit pas de flâner le soir, sous la protection de gardes du corps, pour faire oublier le bunker qu’est le palais de l’Élysée abritant son reclus. « Ne rien lâcher, c’est ma devise », a fanfaronné le vainqueur des syndicats et des protestataires tout en annonçant « cent jours d’apaisement, d’unité et d’action au service de la France » : une jactance commune aux esprits embrumés, débitant des « rames de lieux communs farcis de destin, de nécessité, de droit des choses » (Chateaubriand, parlant de Fouché). Derrière la réforme des retraites, c’est l’effondrement du pays qui s’accélère sous la férule d’un président indifférent aux enjeux civilisationnels et méprisant le peuple.

Le volontarisme de Macron n’est qu’un leurre

Le volontarisme présidentiel est un leurre. Il relève de la théâtrocratie, cette autre caractéristique du macronisme en déroute. À quoi bon repousser l’âge de départ à la retraite à 64 ans tandis que rien n’a jamais été fait pour désendetter et moderniser l’État ? Vertigineux sont les désastres qui partout s’accumulent. Ils ne mobilisent pas pour autant le chef de l’État, incapable de poser un diagnostic sur les maux dont souffre la nation. Face au défi posé par l’immigration légale, Macron a seulement promis lundi de mieux « contrôler l’immigration illégale », ce qui est la moindre des choses. Bruno Le Maire a enfin découvert, à cette occasion, la nécessité de lutter contre les fraudes sociales entretenues notamment par les flux du Maghreb, ce qui lui a valu d’ailleurs d’être accusé sottement de « mobiliser des préjugés racistes » par Olivier Faure (PS). Quant à l’école sinistrée, Pap NDiaye va s’employer à lui appuyer un peu plus la tête sous l’eau. Non content de vouloir imposer à l’école privée sous contrat, coupable de fonctionner encore, des quotas de mixité sociale au lieu de corriger les abandons de l’école publique, le ministre de l’Éducation entend rendre les armes dans le combat pour la laïcité. Le Conseil des sages de la laïcité, créé en 2018 par Jean-Michel Blanquer pour résister aux offensives islamistes, vient en effet de voir sa mission s’élargir aux luttes contre le racisme, l’antisémitisme, la discrimination : des arguments permettant au séparatisme coranique de se présenter en victime d’une « laïcité de combat ». Macron ?  Le naufrageur de la France.

Par Ivan Rioufol le 20 avril 2023

Causeur

mardi 4 avril 2023

Macron, l’homme qui s’aimait trop



La démocratie française est un simulacre. La mascarade, qui signe l’agonie du vieux monde, est partout mise en scène. « C’est une belle journée pour la démocratie », a commenté dimanche soir la maire de Paris, Anne Hidalgo (1,75 % des suffrages à la présidentielle) pour se féliciter de son référendum local sur l’avenir des trottinettes en libre service dans la capitale. Moins de 8% des inscrits ont répondu à « l’innovation démocratique », en rejetant à 90% ce mode de transport urbain. 

Ce lundi, c’est Emmanuel Macron qui commentera les conclusions de la « convention citoyenne » sur l’euthanasie, après avoir fait plancher 184 citoyens tirés au sort sur ce sujet complexe qui échappe au parlement. A 75%, les membres de cette assemblée informelle se sont prononcés pour une législation sur la fin de vie et l’euthanasie active. En attendant, les Français peuvent être sûrs d’une chose : ils ne seront jamais consultés par le pouvoir sur la réforme de retraites qui enflamme le pays. 

Ils ne seront jamais consultés sur aucun des grands défis civilisationnels qui taraudent la société. Et le chef de l’Etat, conscient de sa fragile légitimité, se gardera de dissoudre l’Assemblée nationale pour en appeler au jugement du peuple. Cette démocratie d’apparence vire à la farce. Elle consulte par référendum sur des enfantillages et recourt à des gadgets (grands débats, conventions citoyennes, participations diverses) pour feindre une inexistante proximité.

Parmi les sujets enterrés figure l’immigration de peuplement. Le gouvernement, échaudé par la résistance sur les retraites,  a renoncé à présenter son projet de loi sur la régularisation de clandestins répondant à des emplois « en tension ». Il lui préférera une démarche parcellaire, qui annonce un effacement. Macron va tenter de détourner les regards en s’affairant sur des réformes sociétales consensuelles (euthanasie) ou apolitiques (gestion de l’eau, accès à la santé). Mais cette manière désinvolte d’amuser la galerie a peu de chance de gruger les dupés. 

Samedi, dans l’émission d’Alain Finkielkraut sur France Culture (Répliques), l’ancien patron des services secrets et ambassadeur, Pierre Brochand, a replacé l’immigration au niveau qui devrait être le sien. La jugeant « sans précédent historique », il estime urgent, afin d’éviter « un désastre », de tout faire pour décourager de venir s’installer en France. Il propose, en conséquence, « un virage à 180 degrés », visant à réduire par dix les flux migratoires (2022 : 320.000 titres de séjour ; 156.000 demandes d’asiles ; 400.000 clandestins  bénéficiaires de l’Aide médicale d’Etat). 

En préalable, Brochand invite à « ignorer le chantage au racisme et au fascisme, qui est une escroquerie ». Si rien n’est fait, il redoute « une implosion de la confiance sociale », voire des « affrontements » en cas d’immigration musulmane de plus en plus imposante. Mais chut ! Macron parlera de la pluie et du beau temps.

Par Ivan Rioufol le 2 avril 2023

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lundi 27 mars 2023

France révoltée : pourquoi Macron a perdu



Emmanuel Macron a perdu. Persister dans sa réforme des retraites s’annonce explosif. La colère ne se calmera plus de si tôt. Dans le rapport de force engagé par l’Elysée, le déséquilibre joue en sa défaveur. Le gouvernement ne pourra tenir par la seule répression policière. En effet, l’exaspération populaire n’est plus seulement sociale et syndicale. Elle est devenue démocratique, en protestation contre la relégation des citoyens ordinaires. Jeudi dernier, les manifestations massives ont été rejointes par des gens qui récusent l’autoritarisme d’Etat et la pente despotique d’un pouvoir personnel et solitaire. La présence remarquée de la jeunesse apporte également une nouvelle dimension à la contestation d’un système oligarchique. La somme de maladresses accumulées par le chef de l’Etat et son gouvernement a porté le pays à ébullition. 

Macron a d’ailleurs eu raison d’annuler in extrémis la venue du roi Charles III, en l’honneur de qui un dîner officiel était prévu ce lundi au château de Versailles. La promesse d’Elisabeth Borne, hier, de ne plus avoir recours au 49-3 en dehors des textes financiers laisse voir une légitime inquiétude du pouvoir. Reste que, comme le constate ce lundi Henri Guaino dans Le Figaro, « une limite a été franchie » : la révolte, qui traverse toute la société, oblige Macron à oublier son orgueil et sa posture de chef prétendument éclairé. En 1984, face à l’ampleur des manifestations en défense de l’Ecole libre, François Mitterrand avait renoncé à son projet d’harmonisation éducatif. Macron serait bien inspiré d’en faire autant.

La choix présidentiel du pourrissement et du parti de l’ordre a peu de chance de fonctionner à nouveau. Cette stratégie a été gagnante lors de l’épisode des Gilets jaunes. Mais c’est précisément parce qu’aucune leçon n’a été tirée de cette première alerte démocratique que cette même issue semble improbable. Certes, les scènes spectaculaires de guérillas rurales qui ont eu lieu, samedi, autour de la retenue d’eau de Sainte-Soline (Deux Sèvres), ont permis à l’Etat de s’affirmer en rempart d’une extrême-gauche écologiste, fanatisée et hyper-violente. Mais la macronie est elle-même comptable de ces factieux qu’elle a protégés. Selon le discours officiel, seule « l’extrême droite » était sensée être le danger pour la République. Le récent procès des Barjols, groupes soi-disant terroriste, a pu montrer la réalité du profil de ces Pieds-Nickelés bas du front. 

Dans son entretien télévisé de mercredi dernier, Macron a mis en alerte contre de possibles épisodes semblables à ceux de la prise du Capitole américain par des partisans de Trump, ou des institutions brésiliennes par des pro-Bolsonaro. Mais ce spectre de l’extrême droite, toujours agité par Macron, aveugle sur la réalité du totalitarisme de l’extrême gauche, coupée du peuple et du monde rural. C’est cette France des Oubliés qui proteste à nouveau. Je la décris et la soutiens ici depuis longtemps. C’est elle qui n’a pas dit son dernier mot.

Par Ivan Rioufol le 27 mars 2023

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vendredi 17 mars 2023

Ces critiques que Zemmour doit entendre



Eric Zemmour comprend-il le peuple qu’il veut défendre ? Le doute est permis. Son échec à la présidentielle (7,07%) a été une première réponse. L’homme politique qu’est devenu l’ancien journaliste semble prêt néanmoins à repartir au combat, à en croire le titre de son livre qui paraitra jeudi : « Je n’ai pas dit mon dernier mot ». En revanche, l’exaspération et la colère qu’il a suscitées chez certains de ceux qui l’avaient rejoint dépassent la simple déception des vaincus. Ces divorces interrogent sur les paradoxes d’un homme qui a souvent montré les travers de la caste qu’il combat : la protection du clan, l’éloignement des gens ordinaires, la certitude d’avoir raison, le mépris plutôt que l’empathie. Jérôme Rivière, député européen ayant quitté Marine Le Pen en janvier 2022 pour le rejoindre, est de ces ralliés repentants. 

Dans un livre qui sort ce mercredi (1), il écrit : « Pour les Français, mais aussi pour moi, le masque de Zemmour est tombé durant cette présidentielle : derrière le volubile et attachant pied-noir, un cœur sec, un homme froid ; derrière les si brillants raisonnements intellectuels, un doctrinaire prisonnier de ses dogmes (…) Durant toute cette campagne , Eric est toujours resté dans sa bulle : celle des intellectuels et des privilégiés, refusant, ou incapable, de redescendre sur terre ». 

Et Rivière de poursuivre : « Peut-être aujourd’hui, en ces temps de traversée du désert, lui serait-il judicieux de partir enfin, et sans caméra, à la rencontre des Français. Trois mois sur les routes de province à ne faire que cela : écouter, s’immerger. Et si au bout de ces trois mois il ne ressent toujours rien, aucune appétence, aucune sollicitude, il faut abandonner la politique et revenir à ses livres ».

Zemmour, qui a revivifié le débat politique, aurait tort de sourire de ces critiques, certes blessantes. Elles pointent des failles qui tiennent à son caractère mais aussi, selon des témoignages concordants, à l’emprise exclusive de sa compagne, Sarah Knafo. Un politique qui dit vouloir unir les droites doit d’abord pouvoir fédérer ses troupes. Or les défections ont été suffisamment nombreuses autour de lui pour ne pas être réduites à des péripéties. 

Dans un autre livre (2), tout aussi amer, l’ex-Gilet jaune Jacline Mouraud rappelle cette réplique du candidat, questionné par elle sur son peu d’intérêt pour la France populaire : « Mais la France populaire est analphabète ! ». Puis, se corrigeant : « Analphabète politiquement ». Pour avoir longtemps partagé au Figaro le même bureau que Zemmour, je le sais passionné par le combat intellectuel, le débat d’idées, la volonté de convaincre. Je reconnais aussi n’avoir jamais décelé chez l’éditorialiste et le talentueux polémiste télévisuel le profil d’un dirigeant politique. 

A-t-il encore un destin ? Peut-être, à la condition qu’il se corrige. Pour Rivière, Marion Maréchal, restée auprès de lui, est la seule à « pouvoir reprendre le flambeau ». Mais c’est bien Marine Le Pen qui a emporté la mise.

(1) Zemmour ? Ben voyons ! Editions du Rocher

(2) Jacline qui ? Réponse à Zemmour, Editions Bouquins

Par Ivan Rioufol le 16 mars 2023

Le Blog d'Ivan Rioufol

mercredi 8 mars 2023

Gare au bras d’honneur des Français excédés !



La Macronie est un perpétuel bras d’honneur lancé aux Français. La grossièreté du Garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, qui a adressé mardi à l’Assemblée nationale un double bras d’honneur au président du groupe LR, Olivier Marleix, est l’effet mimétique d’une vulgarité incarnée par le chef de l’Etat. Les obligés ont toujours imité le maître. Le ministre de la Justice, balourd pleurnichard, n’échappe par à la règle. De fait, Emmanuel Macron collectionne les bras d’honneur. Qu’on se souvienne de sa déclaration du 5 janvier 2022 : « Les non vaccinés, j’ai très envie de les emmerder ». Aujourd’hui, le fiasco du vaccin anti-Covid souligne d’autant l’arrogance injustifiée. « Qu’ils viennent me chercher ! », lança-t-il en juillet 2018, dans un ton de petite frappe, à ceux qui voulaient l’impliquer dans l’affaire Benalla. En mai 2018, il posait à l’Elysée en compagnie des Kiddy Smile, artistes technos habillés de shorts et de maillots en résille et se revendiquant « fils d’immigrés, noirs et pédés ». 

Parmi leur répertoire : « Suce ma bite et lèche mes boules ». En septembre de la même année, Macron se faisait photographier à Saint-Martin (Antilles) au côté d’un jeune braqueur sorti de prison, torse nu, pantalon baissé à l’aine, caleçon apparent, en train de faire un doigt d’honneur. Je pourrais multiplier les exemples révélant l’attrait pour la basse provocation du chef de l’Etat. Ce mercredi, sur RTL, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a qualifié Dupond-Moretti, qui s’est excusé de son geste, d’ « homme d’honneur ». L’obscénité de ces parvenus de la politique est sans limite.

L’effondrement dans la médiocrité de la Macronie illustre la faiblesse de caractère de ses principaux représentants. Incapable de s’adresser aux Français ordinaires, cette caste croit se rapprocher des gens en « parlant peuple » et en reprenant les gestes agressifs de la rue. Or les Français ne sont pas dupes de ces bassesses. La colère qui envahit la société est due, pour beaucoup, au rejet de ce monde politique sans manière. Il s’est construit, sottement, sur la haine du peuple d’en bas. Dupond-Moretti, qui s’est comporté hier comme un loubard, est le premier à vitupérer contre les « populistes » qui osent le critiquer. 

Mais il est pourtant légitime de s’interroger sur cet autre caprice princier ayant consisté à renouveler la confiance de Macron en ce Garde des Sceaux mis en examen, en dépit de l’engagement présidentiel de 2017 d’exiger la démission de tout ministre inculpé par la justice. Trop de désinvolture, insufflée par le chef de l’Etat, ne peut que pousser à des réactions en retour. Le bras d’honneur de Dupond-Moretti, excusé par le pouvoir, pourrait être l’occasion pour les Français se faire connaître à leur tour leur ras-le-bol. Jusqu’à présent, les Oubliés ont su se tenir, spectateurs atterrés, loin des soubresauts d’un régime en crise. 

Mais gare au bras d’honneur à venir des Français excédés !

Par Ivan Rioufol le 8 mars 2023

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mercredi 1 mars 2023

Cette colère que Macron ne voit pas venir



En mars 2018, à l’issue d’un périple dans la France profonde, Emmanuel Macron déclarait, à Loches (Indre-et-Loire) : « Je n’ai pas senti la colère ». 

Huit mois plus tard, le chef de l‘Etat était démenti par les Gilets jaunes. Venus des provinces et de leurs ronds-points, ils déboulaient sur les Champs Elysées pour faire voir à tous, à travers le gilet de la sécurité routière, leurs exaspérations face à un pouvoir aveugle et sourd. Samedi, lors de sa visite au Salon de l’agriculture, à Paris, Macron a renouvelé son analyse si peu prophétique : « Je ne sens pas la colère, je sens une inquiétude ». La même cause (le déni) produisant généralement le même effet (la révolte), il faut donc se préparer à une expression de plus en plus radicale de la France d’en bas, en dépit des dénégations présidentielles. Cela fait plus de cinq ans que les Français oubliés subissent l’arrogance de la macronie. Elle se bouche le nez devant des revendications jugées « populistes » au prétexte qu’elles n’entrent pas dans le moule du système voulu par les « élites ». 

Alain Minc, le 21 février sur RTL, a eu l’honnêteté de reconnaître que la réforme des retraites n’avait d’autre but que de rassurer les marchés financiers qui financent les 3000 milliards d’euros de dettes publiques. Ce raisonnement peut évidemment se comprendre : encore faudrait-il qu’il soit assumé par le gouvernement, ce qui n’est pas le cas

Le chef de l’Etat a épuisé depuis longtemps son originalité initiale. « Pensez printemps », lançait-il en 2018 en reprenant la formule du philosophe Alain. « Pensez printemps », a-t-il redit début janvier 2023 en appelant une nouvelle fois à « conjurer les esprits tristes ». Ces mots creux, répétés par un disque rayé, illustrent l’appauvrissement intellectuel du pouvoir. Il tourne sur lui-même, se pousse du col, mais se montre uniquement préoccupé par sa propre survie. Dans ce contexte de fin de règne, la journée du 7 mars fera mesurer le degré d’insurrection qui parcourt la société en colère. Les syndicats veulent faire de cette date un jour de blocage, voire de grève générale. 

Je reste dubitatif sur leur capacité à aimanter tous les mécontentements, d’autant que les leaders de la CFDT et de la CGT persistent à rejeter le Rassemblement National, désormais premier parti ouvrier. Pour autant, les retraites ne sont déjà plus le seul sujet de mobilisation. L’inflation des produits de consommation courante, le déclassement des zones rurales, l’invisibilité de la France périphérique, le sentiment de dépossession culturelle et identitaire qui gagne les classes populaires enracinées sont autant de possibles ressorts, aujourd’hui disparates, pour l’expression d’une colère plus collective. Macron ne voit rien venir ? Aux Français de lui démontrer, une fois de plus, son erreur.

Par Ivan Rioufol le 28 février 2023

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vendredi 3 février 2023

Face à la guerre, les Français doivent être écoutés



L’Europe, c’est la guerre.  Ceux qui louangeaient la paix édifiée par l’Union européenne en viennent à souhaiter l’affrontement avec la Russie, sans égard pour les peuples et leurs avis. 

Une même inconséquence dicte le comportement des européistes les plus fanatiques. D’un coté, ils avalisent l’importation du wokisme et l’islamisme, deux idéologies qui ébranlent la société occidentale ; de l’autre, ils s’aveuglent dans une russophobie qui risque de conduire à une troisième guerre mondiale. Vladimir Poutine est assurément l’agresseur de l’Ukraine, comme l’Azerbaïdjan est l’envahisseur de territoires arméniens. Mais les faiseurs de morale se contre-fichent du sort des Chrétiens d’Arménie. 

Une euphorie belliciste gagne des esprits suiveurs, sensibles à leur posture. Jeudi, sur RTL, le sénateur Claude Malhuret, caricature de l’arrogance des « élites » déconnectées, se réjouissait d’annoncer, sans mesurer la contradiction : « Nous sommes en guerre, mais sans être cobelligérants ». Se moquant de Pierre de Gaulle, petit-fils du Général, coupable de plaider pour un rapprochement avec la Russie, l’ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis, Gérard Araud, a tweeté pour sa part : « Un quidam sans la moindre compétence en relations internationales ». Ces mépris de classe disent la petitesse des gardiens de la pensée conforme, incapables de supporter la contradiction. Une chose est de qualifier Poutine de brute épaisse. Une autre est d’imposer une lecture manichéenne du conflit, en s’enivrant, de loin, du sang des autres.

Les injures que reçoit l’avocat Arno Klarsfeld, qui plaide pour un compromis entre l’Ukraine et la Russie, témoignent de la dérive intellectuelle de prétendus humanistes : ils poussent à l’escalade, à l’instar de la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock, devant le Conseil de l’Europe : « Nous menons une guerre contre la Russie ». Klarsfeld, qui dénonce les hommages rendus par l’Ukraine à des nationalistes collaborateurs du génocide juif (dont Bandera, qui a son avenue à Kiev), a lancé une pétition « contre la 3 e guerre mondiale pour le Donbass ». 

Elle lui vaut d’être traité de munichois, de doriotiste, d’idiot utile de Poutine. En attendant, ce texte a déjà recueilli, en peu de temps, plus de 20.000 signatures. Il suffit de tendre l’oreille pour constater que l’opinion semble plus subtile que la caste au pouvoir. Celle-ci se dispense d’argumenter sur sa montée aux extrêmes, sinon en caricaturant ceux qui réclament de la mesure et le retour de la diplomatie. Même le parlement est tenu à l’écart d’un grand débat sur le bienfondé d’une confrontation avec la Russie et ses alliés. Les Etats-Unis, avec la Pologne, imposent leur calendrier à une Union européenne vassalisée et à des peuples priés de se taire. 

La libération de la parole est une urgence.

Par Ivan Rioufol le 31 janvier 2023

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mardi 24 janvier 2023

Le conflit sur les retraites occulte la vraie guerre qui vient



La tension entretenue par les syndicats et le pouvoir autour des retraites invite à penser petit. Ces vieux acteurs sont à leur aise dans cet énième jeu de rôle. Il permet à la gauche épuisée de se refaire une santé médiatique, et au président immobile de se prétendre réformateur audacieux. Mais ce bras de fer, qui se conclura par des aménagements de la réforme après d’autres processions syndicales, n’est que la perpétuation d’un vieux monde finissant, victime sa mentalité étriquée. 

Seule une extrême légèreté permet de se passionner encore pour savoir s’il faut travailler un peu plus longtemps, tandis que la perspective d’une troisième guerre mondiale se rapproche à grands pas. Cette réforme, contre qui des jeunes sans horizons se sont mobilisés samedi à Paris à l’appel de LFI, occulte les autres grands bouleversements qui ébranlent ce siècle, à commencer par l’irruption de la France oubliée. Dans Le Figaro de ce lundi, le géographe Christophe Guilluy rappelle que la « majorité ordinaire est le seul ensemble socioculturel cohérent, le seul socle sur lequel on puisse reconstruire un dessein politique commun. » Selon Guilluy, la société s’est engagée dans un « mouvement existentiel » qui balaie les seules considérations sociales et matérialistes qui structurent les conflits sociaux habituels. Il explique : « Ce n’est pas seulement son pouvoir d’achat (de cette majorité ordinaire) qui est en jeu mais son être. Il ne manque qu’une étincelle pour qu’elle s’exprime dans la rue ou dans les urnes. Ce n’est qu’une question de temps. » De ce point de vue, il est peu probable que ce mouvement identitaire vienne se joindre à des syndicats déconnectés.

De tous les grands basculements en cours, celui du mondialisme est le plus vertigineux. Le 53 eme Forum économique mondial de Davos, achevé vendredi, a montré l’épuisement de cette idéologie élitiste qui prétendait conduire le monde dans l’indifférence de la vie des gens et du particularisme des peuples. La guerre en Ukraine est venue accélérer la recomposition de cet ordre mondial jadis dominé par seul camp occidental. « La Russie doit perdre », a-t-il été répété à Davos. Reste que les Occidentaux tardent à mesurer le nouvel équilibre qui s’installe autour de la Chine, de la Russie, de l’Inde, de l’Iran, de l’Arabie saoudite et de nombreux pays d’Afrique. 

La course à l’armement de l’Ukraine par ses alliés américains et européens précipiterait une généralisation du conflit. Hier, le couple franco-allemand, qui célébrait son soixantième anniversaire à Paris, n’a pas exclu de fournir à Kiev des chars Leclerc et Léopard 2, en cas de feu vert des Etats-Unis. Or rien ne serait plus dangereux que cette montée aux extrêmes. En réalité, le faux couple franco-allemand ne pèse rien, dans cette guerre, face au couple polono-américain qui entend maîtriser le calendrier d’une défense ukrainienne qui pourrait devenir offensive. 

La France, qui se déchire sur les retraites, avance aveuglement vers une guerre inutile. Ce vieux monde doit dégager au plus vite.

Par Ivan Rioufol le 24 janvier 2023

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mardi 17 janvier 2023

Retraites : le défilé attendu du vieux monde



Le vieux monde s’accroche. Il fait la une de L’Humanité ce lundi : huit hommes et une femme, dans un montage photographique rétro où le patron de la CGT, Philippe Martinez, semble fédérer les autres leaders syndicaux, unis contre la réforme des retraites. « Les syndicats d’une seule voix », titre le journal communiste. Martinez promet un million de personnes dans les rues jeudi. Mais c’est une voix d’outre-tombe qui résonnera. Il est peu probable que les Français, bien qu’opposés majoritairement au projet du gouvernement, se rallient à des syndicats inconséquents, qui ne représentent plus que 7 à 11% des salariés. C’est le patron de la CFDT, Laurent Berger, qui a appelé en 2022 à voter pour la réélection d’Emmanuel Macron en dépit de sa volonté affichée de repousser l’âge de départ à 65 ans. C’est la CGT qui a appelé, avec d’autres syndicats, à faire barrage à Marine Le Pen et donc à voter pour le président sortant. 

Ces gens-là ne peuvent feindre de découvrir un projet qu’ils ont avalisé, au nom de la lutte contre le « populisme » et « l’extrême droite ». Dans la « guerre » qu’ils ont déclaré à la réforme, ils savent qu’ils ne pourront aller, avec l’appui de grèves paralysantes, jusqu’à la défaite de Macron. Au risque de pousser le président vers la sortie en réactivant la seule solution alternative envisageable actuellement : celle du Rassemblement national. Ces processionnaires, qui avaient montré leur hostilité aux premiers Gilets jaunes venus les défier, illustrent la faillite du progressisme dogmatique.

Les syndicats  ne parlent pas avec les mots des Français. S’ils partagent en apparence un même rejet de la réforme, leur vision est limitée à leur propre survie. La France est traversée par une envie révolutionnaire. Mais celle-ci est portée par un rejet de la gauche et de ses idéologues. La France Insoumise, à cause de ses outrances, a laissé voir sa face répulsive d’une formation clanique et autoritaire. La révolution qui s’observe n’est pas à rechercher chez les vieux acteurs du mouvement social. Ils tentent d’occuper la scène en menaçant de leur pouvoir de nuisance. Ceux-ci n’oseront jamais se rallier au « Tout sauf Macron », au risque de promouvoir Marine Le Pen. 

Même si le mouvement des Gilets jaunes s’est apparemment éteint, les braises demeurent. C’est un monde actuellement silencieux, excédé d’avoir été trahi par ses prétendus porte-parole, qui est prêt à en découdre. La moindre étincelle peut mobiliser une opinion léthargique. L’émotion et l’affect ne sont pas à négliger dans ces révoltes, dont les prémices sont portées par un même sentiment de conservation. Les indignations liées aux atteintes portées aux églises à abattre, aux statues de la Vierge ou de Saint Michel à déboulonner sur l’Ile de Ré ou aux Sables d’Olonne sont des indices. Ils s’ajoutent à la révolte du village breton de Callac, qui a refusé de devenir le laboratoire d’un village multiculturel. 

La société bouillonne, en coulisses pour l’instant. Elle dit : « Touche pas à ma France ! » Gare au réveil. 

Par Ivan Rioufol le 17 janvier 2023

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mercredi 4 janvier 2023

La Révolution du Réel est en marche



Emmanuel Macron passera-t-il l’année 2023 ? Elu pour cinq ans et doté d’une énergie intacte, la question peut paraître absurde. Pourtant, elle se pose. 

Lui-même n’est-il pas traversé par ce doute quand il s’agacerait, selon Le Parisien : « Plus personne ne tient aucune troupe » ? Oui, la France, apparemment résignée et démobilisée, demeure imprévisible. Ni les partis, ni les syndicats, ni les autres corps intermédiaires ne peuvent prétendre maîtriser la colère qui parcourt en profondeur le pays trahi par ses élites et ses représentants. Chacun le pressent : il suffirait d’une étincelle pour embraser le pays inflammable, quatre ans après les Gilets jaunes. Macron pourrait alors être à la merci d’un possible dégagisme, à la suite d’un référendum perdu, d’une démission, d’une destitution qui sait ? 

Cette étincelle pourrait partir du dossier des retraites, du prix du pain, du gaz, de l’inflation galopante. Elle sera alimentée plus surement par l’incapacité du chef de l’Etat à comprendre la détresse qui gagne la nation qu’il est censé protéger. Ses interminables vœux du 31 décembre (près de 20 minutes d’autosatisfactions comptables) en ont été une démonstration parmi d’autres. Son appel à « ne pas céder à l’esprit de division » peut être compris comme un renoncement à répondre aux multiples fractures.

La communication gouvernementale s’enferme dans un monde fictif, falsifié. Ce hors sol est révélateur de la difficulté du chef de l’Etat à se mettre à la hauteur des enjeux civilisationnels qui seront aussi ceux de 2023. Sa vision technocratique et auto-satisfaite d’une gestion maîtrisant, à ce jour, le chômage et l’inflation passe à côté des souffrances d’un pays profond qu’il a contribué à diviser en stigmatisant durant plus de cinq ans les «  populistes », l’ « extrême droite », la « lèpre qui monte », etc. Les fractures sociales, identitaires, territoriales, informatiques, sanitaires sont autant de plaies sur lesquelles Macron a déversé son sel tout en appelant, avec une perversion puisant dans sa personnalité narcissique, à la « bienveillance ». 

Celle-ci consistera, dès ce mois de janvier, à déverser à nouveau de l’argent public en abondance afin de tenter d’éteindre les colères : une politique du « quoi qu’il en coûte » qui a jusqu’à présent, il est vrai, répondu à son objectif soporifique. Mais qui paiera ? En attendant, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a su illustrer à son tour ce que sera le récit officiel à venir, déconnecté des faits. Commentant la nuit de la Saint Sylvestre (90.000 policiers et gendarmes mobilisés au plan national), il l’a qualifiée de « sans incidents notables » : 490 interpellations, 690 voitures incendiées, 233 tirs de mortiers. La Révolution du Réel n’a pas encore atteint les palais de la République. Mais c’est elle qui est en marche…

Par Ivan Rioufol le 4 janvier 2023

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jeudi 8 décembre 2022

Foot : ces « Français » qui ne supportent pas la France



Une liesse bon enfant : c’est ainsi que les médias décrivent, ce mercredi matin, les manifestations qui, en France, ont accompagné hier soir la victoire sur le fil du Maroc contre l’Espagne en quarts de finale de la Coupe du monde de foot au Qatar. En réalité, les réseaux sociaux et leurs images informent plus objectivement sur ce qui était à redouter : s’il y a eu des rassemblements simplement joyeux, ils se sont souvent transformés en mouvements d’agressions contre la France et ses forces de l’ordre, avec des  prises de possession visuelle du territoire par des flots de drapeaux marocains, mais également algériens ou tunisiens. Une fois de plus, les Champs Elysées ont ainsi été noyés sous les couleurs du Maghreb (voir blog du 28 novembre après la victoire contre la Belgique), avec cette fois des affrontements contre la police. 

Des scènes de violences ont été aussi filmées à Lille, Amiens, Nice, Bruxelles, etc. Si le Maroc, pour sa part, a connu une nuit légitiment euphorique, aucun débordement n’a été observé. Il n’y a plus que les autruches, qui gardent la tête dans le sable, qui se refusent à voir ce qu’elles ont sous les yeux : un communautarisme maghrébin exubérant et quérulent. Il prend le moindre prétexte pour rappeler, en France, son hostilité à l’égard de l’ancienne puissance coloniale qui a pourtant offert sa nationalité et ses solidarités à nombre de ces supporteurs. Il va de soi, dans ce contexte revanchard et conflictuel, qu’un match France-Maroc serait celui de tous les dangers pour la sécurité.

L’échec de l’intégration des populations extra-européennes est au cœur de ces scènes montrant des « Français » qui cherchent à humilier la France. Or cette donnée n’est toujours pas prise en compte par Emmanuel Macron, dont le projet de loi sur l’immigration, discuté hier à l’Assemblée, n’est qu’un « petit bricolage » (Olivier Marleix, LR, ce matin sur Europe 1). Le texte légalisera surtout des clandestins répondant à des « métiers en tension ». Il est désespérant d’entendre ces « élites » débiter les sempiternels chapelets sur leur « humanisme » porté en sautoir (Eric Dupont-Moretti est de ce point de vue le parangon du bien-pensisme sottement satisfait), sans faire l’effort d’une réflexion sur les fragilités de la nation. 

Ces belles âmes auraient tout intérêt à lire l’intervention remarquable de Pierre Brochand (ex-patron de la DGSE) publié mardi par Le FigaroVox. Pour lui, « de tous les défis qu’affronte notre pays, l’immigration est le seul qui menace la paix civile ». Il évoque même « une tiers-mondisation rampante de la société française ». Brochand rappelle surtout un fait, souvent décrit ici, qui est nié par les tenants de la « société ouverte » : « Les sociétés « multi » sont toutes vouées à se déchirer (…) Nous ne sommes pas plus « malins » que les Libanais ou les Yougoslaves pour faire « vivre ensemble » des gens qui ne le souhaitent pas. » Faudra-t-il la guerre civile pour voir les «  prêchi-prêcheurs » se réveiller enfin ?

Par Ivan Rioufol le 8 décembre 2022

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