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jeudi 29 septembre 2022

Nord Stream : de l’eau dans le gaz



Dans l’affaire des énormes fuites apparues sur la conduite du gazoduc sous-marin Nord Stream 1 et 2, le journaliste marche avec la précaution d’un mineur nocturne éclairé à la bougie dans une nappe de grisou. Car, encore plus explosif que les fuites en mer Baltique, le bilan des responsabilités, lorsqu'elles seront connues, risque de peser dans un contexte international tendu comme une corde.

Un institut sismique suédois a décelé deux explosions sous-marines « très probablement dues à des détonations » près des gazoducs Nord Stream 1 et 2 peu avant le constat de la fuite. Si c’est un accident, il devra être expliqué, mais cette hypothèse n’est pas la plus plausible, ce 28 septembre. « Souvent, les fuites ont lieu aux soudures entre les tronçons de 30 mètres qui composent le gazoduc, explique à Boulevard Voltaire l’expert en énergie de l’Institut Sapiens Philippe Charlez. Si ce sont des fuites dues à l’usage, il faut les ferPresmer, ce sont de gros travaux. Mais je crois plus à des fuites organisées », avance prudemment Philippe Charlez, qui en est réduit, comme tous, à des hypothèses. Mais l'hypothèse d'un sabotage semble s'imposer. Alors, qui a fait le coup ?

Si les Russes ont eux-mêmes saboté les moyens d’acheminer leur gaz vers l’Europe, c’est qu’ils ont décidé de couper les ponts, au moins le temps de la réparation qui peut prendre plusieurs années. Pas de réaction russe à l’heure où nous publions mais une réaction ukrainienne. « La fuite de gaz à grande échelle de Nord Stream 1 n'est rien de plus qu'une attaque terroriste planifiée par la  et un acte d'agression contre l'Union européenne », affirme, sur Twitter, le conseiller de la présidence ukrainienne Mykhaïlo Podoliak. Sans apporter le début de commencement d’une preuve. Car la fuite est proche des côtes danoises et suédoises. « Je vois mal comment Poutine aurait pu provoquer des fuites à cet endroit-là », avance Philippe Charlez. Troisième hypothèse : si preuve est apportée que les Américains ont déchiré le gazoduc qui alimente l’Europe en gaz, leur responsabilité dans l’intensification du conflit avec la  en Europe risque de faire des vagues. Les Européens auront du mal à accepter de payer le prix de cette ingérence. Mais pour l’instant, pas de preuve non plus… « Nos partenaires européens mènent l'enquête. Nous sommes prêts à soutenir leurs efforts », a déclaré, mardi, un porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche qui refuse de « spéculer » sur les causes de ces fuites. « Cela illustre l'importance de nos efforts conjoints pour trouver des approvisionnements de gaz alternatifs pour l'Europe », ajoute tout de même notre Américain...

Enfin, si c’est un pays tiers, que cherche-t-il ? Déstabilisation, montée des cours ?

Les Français et leurs voisins attendent désormais une explication claire et crédible, assortie de preuves irréfutables et de garanties. Car il y a désormais de l'eau dans le gaz. La situation se tend jour après jour en Europe, bousculée par la guerre en Ukraine. Qui dit vrai ? Clemenceau disait : « On ne ment jamais tant qu'avant les élections, pendant la guerre et après la chasse. » 

Élections, guerre, chasse aux mal-pensants : les trois circonstances de prolifération des mensonges sont réunies en Europe.

Par Marc Baudriller le 28 septembre 2022

Boulevard Voltaire

mardi 20 septembre 2022

Le casse du siècle : il y a 30 ans, les Français ratifiaient Maastricht



La France a-t-elle encore une marge de manœuvre face au totalitarisme européen ? Lorsque Emmanuel Macron accourt au devant des souhaits émis par la commissaire européenne Ursula von der Leyen concernant l’injection de soi-disant réfugiés dans nos campagne, on peut en douter.

En fils spirituel zélé de Giscard et de Mitterrand, tous deux fervents partisans du oui au référendum du 20 septembre 1992, Macron pousse jusqu’au bout la trahison de Maastricht. Et fait apparaitre la machination politique vendue à grands coups de sirop de rêve et de mensonges éhontés.

Il suffit pour s’en convaincre de réécouter les avocats du referendum, rois du culot et de l’esbrouffe gratuite. Un hold-up réalisé par la quasi-totalité de la classe politique. Exceptées la gauche de Chevènement et une partie de la droite rassemblant Pasqua, Villiers et Le Pen, tout le personnel politique s’est mobilisé pour le oui au referendum : Giscard, Barre, Chirac, Delors, Fabius, Balladur, Jospin ont hurlé avec les zélateurs de l’Europe de Maastricht, offrant ainsi à Mitterrand son bâton de maréchal. Les grands médias, à une ou deux exceptions près, sont unanimes. Tous chantent les louanges des temps qui viennent et plaident pour le oui. Tous volent au secours de la victoire tant l’avance du oui est large dans les sondages. Les chaines et les radios d’état s’en donnent à cœur joie.

Une fois de plus, Jean-Marie Le Pen a perçu la gravité de l’enjeu. Le dimanche 6 septembre, à Reims, il a mobilisé ses troupes et tenté de réveiller chez les Français les qualités qui ont fait leur histoire. Il a évoqué les grandes pages de l’histoire d’une nation menacée : les rois, Vercingétorix, Saint Louis, Jeanne d'Arc, les " poilus " de Verdun... Le traité de Maastricht proposé aux votes des Français est " honteux, illégitime, illégal, irrégulier ", plaide-t-il. Ceux qui le soutiennent basculent dans une " forfaiture " en livrant ainsi " notre drapeau à une synarchie anonyme ". " Levez-vous, lance Le Pen, pour bouter hors les complices de la trahison ! "

Mais les médias de masse ironisent et attaquent avec violence. Comme toujours, il y a d’un côté le bien, de l’autre le mal. D’un côté la générosité, de l’autre l’égoïsme. D’un côté l’avenir, de l’autre le passé. D’un côté les gentils ouverts, de l’autre les méchants refermés. La communication politique des puissants avance en rouleau compresseur avec ses gros sabots. Si gros que, lorsque le champion du oui, Mitterrand, retrouve le 3 septembre 1992 l’autre champion du non, Seguin, dans un duel télévisé déterminant sous la houlette du journaliste Guillaume Durand, l’avance des partisans du oui a fondu au soleil.

Alors Mitterrand se surpasse là où il est le meilleur, dans le mensonge. Seguin attaque sur les vrais enjeux : « Je suis venu parler de risque démocratique », lance-t-il. Il évoque « l’évolution vers le fédéralisme » et veut expliquer pourquoi il est « si attaché à la souveraineté nationale ». Mitterrand l’interrompt : « Moi aussi, moi aussi ! ». Mensonge. Seguin cite De Gaulle : « Pour moi, la démocratie est inséparable de la souveraineté nationale ». Mitterrand plaisante, badine sur l’alternance gauche-droite. Et ment : « Nos institutions nationales sont entièrement respectées : gouvernement, parlement, corps intermédiaire (… )». Sauf qu’elles ont transféré à l’Europe une large partie de leur pouvoir. Et d’insister : « La France ne va pas se soumettre à une domination étrangère comme si on avait perdu une guerre », et il vante aussitôt « une diplomatie commune », comme si la diplomatie n’était pas un attribut de la souveraineté française. Mensonge, encore. « Les jeunes vivront dans une communauté tout en préservant leur patrie, celle qu’ils aiment avant toute chose, sauf qu’ils en auront conquis une deuxième, l’Europe, notre Europe ! », ajoute-t-il. Deux patries ? Énorme mensonge. Impressionné par un Mitterrand en fin de vie, Seguin lui donne sans cesse du « Monsieur le président » qui déséquilibre cette lutte vitale pour la France.

Le 20 septembre 92, le oui l’emporte… de justesse, avec 51,04 % des voix. Près de vingt ans plus tard, le 24 janvier 2011, Jacques Attali, conseiller de Mitterrand très impliqué dans la campagne pro-Maastricht, se frotte les mains lors d’une intervention à l'Université participative organisée par Ségolène Royal sur le thème "La crise de l'euro"« On a soigneusement oublié d’écrire l’article qui permettait de sortir (du traité), explique-t-il, ravi de son coup. Ce n’était pas très démocratique… », mais idéal pour « nous forcer à avancer ».

Depuis l’origine, même avant la gifle de 2005, l’Europe déploie ainsi avec la démocratie les rapports charmants d’un violeur avec sa victime. La France n'a pas perdu une guerre, elle a tout de même perdu cette bataille. Provisoirement...

Par Marc Baudriller le 20 septembre 2022

Boulevard Voltaire

samedi 27 août 2022

Voyage à Alger : Pourquoi Macron devrait taper du poing sur la table



Emmanuel Macron est depuis hier en Algérie. Deux grands enjeux dominent cette visite : un enjeu énergétique, avec ce gaz dont nous avons besoin, et un enjeu purement politique et diplomatique lié à l’immigration.

À première vue, pour nos compatriotes, l’enjeu le plus brûlant, alors que l’automne et l’hiver approchent, c’est le gaz. Impossible, pour le Président français, de laisser les Français grelotter de froid cet hiver. Impossible de fermer nos usines, faute de gaz pour les faire tourner.

Pendant cette visite, la France a donc les yeux rivés sur le gaz algérien. Mais, en réalité, nous n’avons pas grand-chose à espérer de l'Algérie comme fournisseur de gaz et il suffit d’entrer dans le concret pour le comprendre.

Car le gaz ne se transporte pas aisément. « L’Algérie consomme la moitié de celui qu’elle produit, explique Philippe Charlez, expert énergéticien de l'Institut Sapiens, auteur de nombreux articles très précis pour Boulevard VoltaireElle vend le reste à l’Espagne via deux pipelines dont un fonctionne peu ou pas à cause des mauvaises relations avec le Maroc. Elle en vend aussi à l’Italie via un troisième pipeline qui n’a plus qu’un très faible débit lorsqu’il arrive en France après avoir traversé les Alpes. » Changer cela nécessiterait d’énormes travaux. Le reste, c’est du gaz naturel liquéfié. Nous en achetons 4,5 milliards de m3 par an à Alger - c’est 10 % de la consommation française. Alors, la France peut sans doute acheter un peu plus de gaz algérien, mais Emmanuel Macron ne trouvera pas en Algérie, à court terme, les 8 milliards de m3 que nous fournit jusqu’ici la Russie.

En attendant, la France a des atouts à faire valoir dans ses relations avec l'Algérie. Sur le gaz, rappelons que la France est la cliente de l’Algérie, c’est elle qui signe les chèques. Ensuite, depuis 2021, la France achète plus à l’Algérie qu’elle ne lui vend de biens ou d’énergie, gaz compris. Enfin, la communauté algérienne de France envoie chaque année des milliards d’euros gagnés en France vers l’Algérie.

Libéré de cette dépendance hypothétique, notre Président a donc bien les mains libres en Algérie pour négocier le vrai dossier chaud, celui de l’immigration. Il doit absolument en profiter pour régler enfin le vieux conflit avec l’Algérie sur ce point : Algériens emprisonnés en France (A propos, combien d'Algériens parmi les étrangers et les doubles nationalités présents dans nos prisons ?), dettes non payées envers les hôpitaux français, fraude aux retraites touchées en Algérie et, surtout, pression migratoire continue de l’Algérie sur la France.

L’affaire des laissez-passer consulaires est emblématique. En 2019, près de 16.000 Algériens ont fait l'objet de mesures d'éloignement de la France, 1.600 seulement ont été exécutées, soit 10 %... faute d’accord de l’Algérie ! La situation s'est agravée depuis. En septembre dernier, Gérald Darmanin avait tapé du poing sur la table et menacé de réduire le nombre des visas accordés aux Algériens. Sans résultat.

Plus qu’une question de gaz, c’est donc une question de politique au sens noble qui se joue à Alger, une question de crédibilité du président de la République auprès des Français, une question d’autorité de la France sur le terrain international, une question de prestige et de souveraineté. Les débats mémoriels savamment entretenus par l’Algérie ne servent qu’à prolonger une situation inacceptable par la France. Macron fera-t-il enfin preuve d’autorité ? Emportera-t-il enfin un succès, un vrai, à l’international sur un point aussi crucial pour l’avenir de la France ? Dieu sait pourquoi, on a des doutes…

Par Marc Baudriller le 26 août 2022

samedi 23 juillet 2022

Une fable d’aujourd’hui : La Fontaine, le RN et le méprisant député Nupes



Cette Assemblée nationale nouvelle redonne décidément un intérêt tout neuf aux débats écrasés par cinq ans de macronisme au pas, après cinq ans de hollandisme Doliprane. Pour parvenir à diaboliser le RN, la horde des députés Nupes est prête à tout. Et même à enrôler le pauvre Jean de La Fontaine qui a du se retourner dans sa tombe pour fuir pareille compagnie dans la nuit de ce 22 juillet.

On évoque les mesures d’urgence en faveur du pouvoir d’achat lorsque la parole est donnée au député Nupes des Hauts-de-Seine, qui avec force gestes démonstratifs, explique qu’il souhaite réagir « aux propos de nos collègues du RN ». Pour « encore une fois, explique-t-il, évoquer leur incohérence totale. Bien-sûr, on connait la stratégie de l’extrême-droite qui agit comme la chauve-souris de la fable. Dans le parti des oiseaux, elle montre ses ailes, dans le parti des fachos, elle montre son poil et elle est un rat ».

On pourrait ne voir dans cette lamentable attaque qu’un épisode tapageur de plus provoqué par la Nupes, en marge du débat, comme il y en eut beaucoup dans ces lieux. Et finalement, quoi de plus naturel et de plus sain que le débat à l’Assemblée, même vif. N’est-ce pas le signe d’une démocratie vivante et sûre d’elle-même ?

Mais il y a là plus qu’une provocation, plus qu’une dispute sur le fond : une entreprise profondément anti-démocratique, une volonté de tuer, d’exclure, de disqualifier, de marquer au fer rouge, coûte que coûte, une partie de la représentation nationale. Ceci, en mêlant la calomnie injurieuse à une manipulation massive de la culture française, cette culture que tout homme honnête réserve à l’harmonie entre les Français, au champ de ce qui nous rassemble dans une même matrice que tous respectent. Ce La Fontaine qui, en effet, nous plait beaucoup, la Nupes le trafique, le tord, le fausse et jette les débris de ce massacre à la figure d’une partie de la représentation nationale.

La Fontaine a souffert de la politique. Il fait dans cette fable, La Chauve souris et les deux belettes, l’éloge de ceux qui basculent volontiers d’un camp à l’autre pour avoir la paix. Sa conclusion est claire : « Le Sage dit, selon les gens : « Vive le roi ! Vive la Ligue ! ». Sa fable montre avec le génie qui lui est propre que la chauve-souris fit bien de se présenter dans un cas souris, dans l’autre oiseau pour… sauver sa peau. De cette symbolique charmante, le député LFI tire une machine à haïr et à mépriser, parfaitement étrangère à La Fontaine. Et faussaire. La Fontaine ne parle pas de « rat ».

Aurélien Saintoul sait ce qu’il fait. Passé par le lycée Louis Le Grand, établissement public d’élite parisien s’il en est, agrégé de lettres classiques, l’homme qui jette La Fontaine à la figure des députés RN n’a aucune excuse. Mais pour la Nupes, la fin justifie les moyens. Trahir une fable, traiter de "rats" des élus de la nation, mépriser, surtout, mépriser et haïr sans relâche, voilà le programme.

Car le député continue. Il s’adresse à des brutes, à ces gens du peuple inculte et crasseux qu’il vomit : « Vous ne connaissez pas La Fontaine, peut-être ? Je pensais que La Fontaine était le génie de la langue française et que au moins vous le respecteriez ». Un député Nupes ne serait pas au niveau sans l’incroyable culot qui le précède et l’accompagne à toute heure.

« Vous n’êtes pas très dignes de votre fonction », poursuit le jeune député sermonneur à l'adresse des députés RN. Et enfin ce clou : « Je ne vous ai pas insultés, je vous ai caractérisés ». Au Grand Prix de la mauvaise foi, voilà un sérieux candidat !

Claquement de pupitres sur les bancs RN, le chahut se prolongeant malgré l’indignation de la Nupes Mathilde Panot sur son banc, la présidente de séance à l’Assemblée nationale, Hélène Laporte (RN), impose cinq minutes d’interruption de séance.

Il n’a ainsi fallu qu’un peu de plus de 2 minutes 30 pour « caractériser » la Nupes et son petit jeu sur les rangs de l’Assemblée. Elle n'en sort pas grandie, une fois de plus.

La Fontaine a bien raconté ce genre de personnage, dans le Rat et L’Huitre, Livre VIII, fable 9. Un rat fort ambitieux et content de lui part à la conquête du monde, oublie les règles apprises, s’approche par gourmandise d’une huitre qui… se referme sur lui. Et La Fontaine de conclure : « Cette fable contient plus d'un enseignement (…) Et puis nous y pouvons apprendre, Que tel est pris qui croyait prendre ».

Par Marc Baudriller le 22 juillet 2022

Boulevard Voltaire


vendredi 15 juillet 2022

Interview du 14 Juillet : Macron-Vulcain nous promet un froid sibérien, grrr…



Le président de la République a-t-il encore du gaz ? Oui, si l’on en juge par la faconde d’Emmanuel  installé, ce 14 juillet, dans le jardin de l’Élysée sur une forme d’estrade face aux deux journalistes de TF1 et de France 5, Anne-Claire Coudray et Caroline Roux, particulièrement élégantes pour l’occasion. Au point de faire sourire la terrible et talentueuse journaliste de gauche Aude Lancelin.

Le Président vibrionne. Lors de cette traditionnelle interview, l'hôte de l'Élysée ne semble nullement émoussé par la succession de mauvaises nouvelles qui tombent en avalanche depuis quelques mois : mauvaise campagne présidentielle, échec aux législatives, patinage dans le dossier ukrainien, bilan économique désastreux, image et cote de popularité en berne… On en passe.

Bien plus que l’ancien comédien Reagan ou l’ancien amuseur Zelensky,  est un acteur. Un acteur qui ne se voit pas en Jupiter, donc, mais en... Vulcain, le dieu de la forge, occupé à frapper le fer dans la fournaise. Logiquement, notre Macron-Vulcain n’a pas peur de la guerre : il la prépare, dans le cyberespace, dans le maritime et dans l’espace. « Le budget des armées ne va pas diminuer, au contraire, lance-t-il. On doit pouvoir produire plus vite, plus fort. » 

Il met les gaz, le Président ! On pense à la mine déconfite de nos pacifistes qui nous ont expliqué, durant tant d’années, que l’armée, cette machine à tuer inutile, ne servait qu’à remplir les poches des méchants industriels de la Défense. Retour de la France forte à l’abri d’une armée puissante ? Hélas,  reste Macron. Le Président se lance aussi sec dans une explication… gazeuse. Selon lui, l’ vient en « renforcement » de ce que fait la France dans le domaine militaire, et en « complémentarité » avec ce que fait (ou ne fait pas ?) l’OTAN. À moins que ce ne soit l’inverse. Les méandres d’un cerveau mondialiste…

OTAN,  ou pas, ce qu’on a compris clairement, en revanche, c’est que « l’été et le début de l’automne seront très durs ». Le président de la République et son  nous avaient bien expliqué que l’hiver serait terrible, mais pour… les Russes. Ils allaient voir ce qu’ils allaient voir, les Russes, avec les sanctions françaises ! Fini de rigoler, dans l’Oural ! 

Nos supermarchés Auchan étaient priés de revenir fissa. On n’allait pas nourrir les Russes, quand même ! Qu’ils meurent de faim ! Quant à leur gaz, ils pouvaient se le garder pour faire bouillir le samovar. De toute façon, on allait couper le robinet : hors de question de signer des chèques à Poutine ! Battus à plate couture en Ukraine, sortis à coup pied du Donbass, leur gazoduc sur l’oreille et leur rouble en chute libre, ils demanderaient grâce, les Russes, et viendraient en chemise et la corde au cou supplier  et ses alliés américains et européens d’épargner leurs familles.

Changement de décor. Il semble que le vent sibérien ait tourné du mauvais côté.

Notre Président évoque, en ce jour de la fête nationale qui célèbre l’orgueil français, « la décision russe de couper le gaz » qui transite par le gazoduc Nord Stream 1. Figurez-vous que Poutine veut « utiliser le gaz comme un élément de cette guerre », nous explique Macron. Les Russes ont de ces idées ! Nous allons donc acheter du gaz ailleurs qu’en Russie, en Norvège, au Qatar, en Algérie, poursuit le Président. Il ne l’a pas dit mais il en profitera surement, en signant son chèque au pouvoir algérien, pour exiger que ce pays reprenne ses nombreux ressortissants condamnés en France ou titulaires d’obligations de quitter le territoire français (OQTF). À toute chose malheur est bon. On peut rêver…

Ce qu’a dit Macron, en revanche, c’est que les Français vont devoir se serrer la ceinture. Là non plus, rien n’est clair. Mais le Président parle de « sobriété », comme si les Français s’enivraient de pétrole russe jusqu’au délire. Il évoque des économies sur l’éclairage, le soir. Il y a clairement de l’eau dans le gaz russe. Tout cela sent la chasse au gaspi chez ces cochons de la classe moyenne, car les plus aisés s’en fichent et les moins aisés seront aidés. « L’État ne peut pas prendre pour tout le monde », explique Emmanuel Macron, qui glisse que l’Élysée sera chauffé par la géothermie. On verra peut-être cet hiver des ministres bleus de froid en doudounes dans leurs bureaux gelés façon Sibérie orientale. La forge de Vulcain n’est plus ce qu’elle était.

Par Marc Baudriller le 15 juillet 2022

Boulevard Voltaire


jeudi 30 juin 2022

Quand la NUPES, plus vraie que nature, crache sur la douleur d’un vieil homme




Après deux jours passés dans le cadre prestigieux de notre Assemblée nationale, la nouvelle  se révèle telle qu’en elle-même : cruelle, manipulatrice, malotrue, éructante et débraillée, menteuse et prête à toutes les bassesses pour raccommoder un cordon sanitaire usé jusqu’au dernier fil.

Les images se succèdent et se ressemblent. Ce 29 juin, le jeune député LFI Louis Boyard, 21 ans, explique pourquoi il a refusé de serrer la main du député RN et ancien journaliste Philippe Ballard à la tribune de l’Assemblée, alors que le benjamin des élus surveillait le vote. « Actuellement, nous sommes dans un contexte de pandémie et que donc il faut prendre ses précautions, commence cet esprit délicat. Une pandémie de racisme, une pandémie d’antisémitisme, une pandémie d’islamophobie. » On ne se donnera pas la peine de réfuter des propos aussi subtils. Et, donc, il appelle les Français, et particulièrement le président de la République et ses amis, « à ne pas serrer la main » de ces élus du peuple, comme lui, qui ne lui conviennent pas. Ce grand professeur de démocratie tente de réveiller les mânes de  et de Simone Veil et en appelle « au respect des principes » ! On se pince... « Donc, face au Rassemblement National, on respecte les gestes barrières », explique-t-il.

Tandis qu’il débite son discours de rediabolisation appris par cœur, on aperçoit derrière lui… la plaque de marbre où sont gravés les noms des députés morts pour la France. Vertige de l’image.

La veille, ses deux confrères et consœurs se sont déjà illustrés par une sauvagerie assez rare pour être soulignée. La patronne du groupe  elle-même est venue dans la salle des quatre colonnes de l’Assemblée expliquer ce qu’elle pensait du mot d’intronisation de José Gonzalez, 79 ans, élu RN et doyen de l’Assemblée nationale.

Du perchoir, José Gonzalez a souligné le symbole de l’unité française que représente cette Assemblée où les députés, lors de la première séance, sont répartis par ordre alphabétique. Il se souvient. « Ce symbole d’unité touche l’enfant d’une France d’ailleurs, arraché à sa terre natale. J’ai laissé là-bas une partie de ma France et beaucoup d’amis. Je suis un homme qui a vu son âme à jamais meurtrie… », poursuit José Gonzalez, qui s’arrête, la voix nouée par l’émotion. L’Assemblée plonge dans un silence respectueux et vibre des applaudissements des députés touchés par les larmes d’un vieil homme. « Excusez-moi, reprend Gonzalez, je pense à mes amis laissés là-bas. »

Il y a des moments et des douleurs que l’on respecte lorsqu’on est un être humain, quelles que soient ses opinions. Ainsi, le député macroniste Karl Olive a évacué la polémique : « Je ne vais pas commencer à chercher la chicaillerie », dit-il.  lui-même n’a-t-il pas reconnu le drame des rapatriés d’Algérie ? Une loi de l’humanité veut qu’on honore les drames et les morts en oubliant les conflits d'hier. Cette loi ne vaut pas pour la NUPES.

Les souvenirs douloureux d’un vieil homme qui se penche sur son passé sont pour l'alliance de la gauche et de l'extrême gauche l’occasion d’un déballage de violence verbale. Les larmes de Gonzalez ont à peine séché que l’inénarrable Sandrine Rousseau, prête à pleurer sur le sort de la Terre entière (animaux compris), attaque bille en tête : elle n’est pas « un peu choquée mais très choquée », dit-elle. Elle a une diabolisation sur le feu, ça passe avant le respect. « Ce discours n’avait pas lieu d’être ici, poursuit-elle. Et on voit que dès la première séance, l’espèce de faux nez de la dédiabolisation s’arrête immédiatement. On voit d’où ils viennent et on voit ce qu’ils défendent. Nous défendrons un projet de république qui n’est pas nostalgique de la  […]. Nous saluerons les résistants et les indépendantistes algériens […] » Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée, va plus loin encore. « Il a été réitéré des propos révisionnistes », explique-t-elle sans ciller.

Quelques heures auparavant, LFI avait tenté de monter en épingle les décisions de l’Amérique sur l’ pour en faire un cheval de bataille anti-RN.

Tout est bon. Comme Don Quichotte, LFI part en croisade contre un vilain RN fabriqué de toutes pièces, dans la grande tradition du stalinisme et de ses procès.

Il faudra tout de même prévenir ce syndicat de goujats jamais en retard d'une démolition qu’un cordon, fût-il sanitaire, n’est pas une corde à nœuds. La corde NUPES semble, cette fois, très très épaisse.

Par Marc Baudriller le 30 juin 2022

Boulevard Voltaire


lundi 20 juin 2022

RN : une vague historique !



Il était à peu près certain que le RN parviendrait à constituer un groupe parlementaire à l’Assemblée Nationale. Force est de constater que l’objectif est purement et simplement dépassé. Avec une prévision de 85 députés (à 22 h, ce dimanche soir), le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella signe, et de très loin, sa plus grande victoire à une élection nationale. Si tous les députés sortants sont réélus, le parti à la flamme voit aussi arriver des dizaines de nouveaux élus nationaux. Face à une campagne fantôme de la majorité et à une bataille très agressive de la NUPES, le RN a opposé une campagne de terrain, enracinée dans des territoires qui sont passés très largement dans le « camp national ».

Dans certains départements, ce fut un raz-de-marée : en Vaucluse, quatre circonscriptions sur cinq sont tombées dans l’escarcelle du RN ; dans l’Aisne, trois sur cinq ; dans le Lot-et-Garonne, deux sur trois… De hauts cadres du parti comme Edwige Diaz, Laurent Jacobelli et Julien Odoul entrent à l’Assemblée. Dans le Sud, l’ancien suppléant de Marion Maréchal, Hervé de Lépinau, a gagné. Dans le Gard, c’est l’ancien zemmouriste Pierre Meurin qui a été élu. En Haute-Marne, l’ancien numéro deux de VIA, allié de Reconquête, Christophe Bentz est lui aussi passé. Les deux anciens transfuges de Nicolas Dupont-Aignan (lui aussi réélu), Jean-Philippe Tanguy et Alexandre Loubet, ont été élus, de même que l’ancien journaliste Philippe Ballard. En Nouvelle-Aquitaine, au moins cinq circonscriptions ont été gagné par des députés patriotes. Le RN parvient même à faire élire une députée en Île-de-France. Voilà les chiffres non exhaustifs de ce début de soirée. L’autre chiffre qui fait office d’avertissement sans frais : une abstention record qui a contribué à rendre ce scrutin incertain.

« C’est un score historique, nous allons pouvoir entrer à l’Assemblée nationale avec un groupe très puissant et efficace pour défendre les Français », se réjouissait Marine Le Pen sur Cnews, peu avant 22 h.

À vrai dire, le RN a gagné beaucoup plus qu’un groupe. Derrière une victoire de façade de la NUPES, la gauche est en net recul et on a bien du mal à imaginer comment ces différents partis, alliés de circonstance, pourront siéger ensemble au sein d’un même groupe. Les LR, quant à eux, risquent de céder en partie aux sirènes de la majorité qui n’est plus que relative. Dans les mois à venir, il est possible de voir un RN premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale. Un groupe qui sera présidé par Marine Le Pen, réélue largement dans le Nordn avec plus de 64 % des voix. L’autre leçon, c’est l’explosion du front républicain, l’éclatement du plafond de verre, le balayage du barrage, tous ces artifices préservés pendant plusieurs décennies ébranlés ces dernières années ont été ventilés. « Avec ces dizaines de députés de cœur et de convictions, vous aurez la certitude de voir vos idées défendues au Parlement », a annoncé Marine Le Pen depuis Hénin-Beaumont. 

Dans tous les cas, entre Mélenchon et elle, ce furent deux salles, deux ambiances. Le premier appelle à la révolution et la deuxième au rassemblement. Comme si l’extrémisme avait brutalement fini de changer de couleur.

Par Marc Baudriller le 19 juin 2022

Boulevard Voltaire

mercredi 15 juin 2022

60, 70, 100 députés ? Pourquoi l’euphorie s’empare du Rassemblement National



Et si le RN créait la surprise ? L’euphorie s’empare du parti de Marine Le Pen si souvent enterré. Présentés comme un recul électoral face au score de la présidentielle, les résultats du premier tour des législatives emplissent le RN d'enthousiasme : ce score est supérieur de six points à celui de 2017. Une manne financière liée à ces résultats promet de combler peu à peu les lourdes dettes du parti.

Surtout, les sondages donnent jour après jour au futur groupe parlementaire du Rassemblement National une épaisseur inédite. Le sondage Challenges-Harris Interactive du 14 juin lui prête entre 23 et 45 sièges à l’issue du deuxième tour de ce dimanche. Au soir du premier tour, les députés du parti de Marine Le Pen étaient évalués entre 15 et 34. Il a donc progressé sensiblement en quelques jours alors que le groupe Ensemble-Majorité présidentielle ne cesse de perdre des plumes pour se situer, désormais, entre 257 et 290 sièges. Les macronistes ont de moins en moins de chances, si on en croit ce sondage, d’accéder à la majorité absolue des 289 sièges.

Toujours sur la foi de ce sondage Harris-Interactive, le RN pourrait battre le record de députés acquis en 1986, à la faveur du scrutin proportionnel. Jean-Marie Le Pen avait alors fait entrer 34 parlementaires FN au palais Bourbon.

Les calculs de Marianne ont encore fait monter la température au Rassemblement National. Si le scrutin avait suivi les règles de la proportionnelle, ce n’est pas 34 députés Rassemblement national qui auraient fait leur entrée mais une armée de… 121 élus ! Avec ce mode de scrutin, bien plus représentatif des poids respectifs des partis, la NUPES, avec 167 députés, aurait tutoyé Ensemble (168 députés), pas si loin devant le RN. Au siège du parti à la flamme, les calculs vont bon train et débouchent sur des ambitions plus hautes encore.

Le parti s’est maintenu dans 209 circonscriptions en France, dont 108 en pôle position. Le RN est même présent dans toutes les circonscriptions de 18 départements, il est arrivé en tête dans 11.500 communes. Résultat ? « On peut obtenir entre 70 et 100 députés », avance Jean-Lin Lacapelle, député européen et porte-parole du Rassemblement national. Le RN espère surtout franchir des seuils. À 15 députés, il pourra constituer un groupe parlementaire. 

Avec 60 députés, il pourra déposer des motions de censure. « Cela change les choses, constate Jean-Lin Lacapelle. Nous pensons qu’il y aura beaucoup de surprises. » Le parti a fait très fort dans de nombreux départements, ceux du nord (Aisne, Somme, Pas de Calais...), ceux du sud (Vaucluse, Var…) mais aussi ceux de l’est (Moselle, Ardennes, Meuse…) ou de l’ouest (Gironde, Sarthe…). « On aura un groupe magnifique, présidé par Marine Le Pen », s’enthousiasme Lacapelle, convaincu que les grandes coalitions de la NUPES et d’Ensemble se déchireront à peine le résultat connu. 

Les résultats seront attendus avec fébrilité au siège du RN, dimanche soir.

Par Marc Baudriller le 15 juin 2022