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lundi 28 août 2023

Sarkozy reprend l’analyse de Le Pen et Zemmour pour adouber… Darmanin !



La responsabilité de ceux qui savent est toujours plus lourde. Or, Nicolas Sarkozy sait. C’est manifeste, dans l’entretien qu’il donne, ce dimanche 27 août, au Parisien, en marge du lancement de son livre Le Temps des combats. À droite, on ne peut plus entendre Sarkozy : le prix de la déception, du sentiment de trahison. Et pourtant, le constat livré dans Le Parisien par l’ancien Président rejoint (enfin !) celui d’Éric Zemmour, de Jean-Marie Le Pen jadis ou de Marine Le Pen aujourd'hui. « Dans 30 ans, il y aura 2,5 milliards d’habitants en Afrique et 450 millions en Europe. Le modèle occidental est en train de disparaitre. La civilisation judéo-chrétienne est menacée de disparition. Donc, oui, ça peut mal se terminer. » L’analyse de son ancien conseiller Patrick Buisson n’aura pas été vaine. Même lucidité lorsque l’ancien Président parle des quartiers dans lesquels, autrefois, on ne pouvait sortir car ils étaient éloignés des centres-villes et dans lesquels, aujourd’hui, « on ne peut même plus entrer ».

« La crise migratoire n’a pas commencé »

La vérité frappe lorsqu’il fait ce constat : « Il y a dans notre pays le déni d’une immigration non maîtrisée, une intégration ratée, un communautarisme institutionalisé qui génère aussi une délinquance […] » Sarkozy sait, voit, il a compris l’enjeu. Grand Remplacement ? « La crise migratoire n’a pas commencé et nous sommes face à un défi majeur certain », lance-t-il. Il plaide pour une aide massive à l’Afrique alliée à une fermeté redoublée : « Toute personne qui essaiera d’entrer en Europe sans avoir déposé un dossier dans son pays verra son admission refusée », propose-t-il. C’est la politique préconisée par le gouvernement britannique, entre autres. Une mesure de bon sens.

L’analyse est bonne. Or, « quand on ne pose pas le bon diagnostic, on ne peut pas trouver la solution », souligne encore l’ancien Président lui-même, dans cet entretien. Mais voilà, quand l’analyse est bonne, il faut l’accompagner d’une volonté farouche pour ne pas retomber dans les errances politiciennes funestes, celles qui ont causé la ruine de la France sous le mandat Sarkozy : explosion de la dette et de l’immigration, et victoire de la gauche dans la foulée.

Mais où est-il, ce courage, quand l’ancien Président appelle à une large alliance de la droite, d’Éric Ciotti à Zemmour, mais… sans Marine Le Pen. « J’ai toujours combattu la famille Le Pen », dit-il, tout en renvoyant aux pelotes ceux qui la mettent hors de « l’arc républicain »« Est-ce que, pour moi, ce serait une bonne chose qu’elle soit Présidente ? Non. Elle n’en a ni l’expérience ni l’entourage », martèle Sarkozy. Affirmation très contestable. Il veut donc, lui aussi, les voix du RN sans la candidate, comme tous les leaders politiques hexagonaux. Et appelle au rassemblement de la droite sans sa principale composante qui pèse aujourd’hui plus de 20 % dans les enquêtes d’intention de vote. Autant envoyer la droite à l’échec.

Un dauphin : Darmanin !

Une analyse lucide, donc, mais un rejet de Le Pen et des affections… curieuses. Envers Wauquiez, un peu, envers Macron (« On a de bons rapports, on se parle »), envers Gérald Darmanin surtout ! « J’ai beaucoup d’amitié pour Gérald Darmanin qui a toujours été avec moi un ami réel […] Je me retrouve en lui », va jusqu’à dire Nicolas Sarkozy, qui semble avoir choisi son dauphin. Darmanin, l’homme de l’invasion migratoire record en France, celui qui voyait des Anglais dévaliser les touristes au Stade de France, le champion médiatique de la lutte contre le Rassemblement national, l’homme qui a trahi la droite pour suivre par ambition l’ancien ministre de l'Économie de François Hollande... un certain Emmanuel Macron !

Mi-Dr Jekyll et mi-Mister Hyde, le Sarkozy analyste lucide et soucieux de la France donne sa bénédiction à un homme qui assistait encore, voilà quelques semaines et sans rien dire, au Conseil des ministres aux côtés de Pap Ndiaye, qui ne s’est jamais élevé contre la répartition des migrants dans les campagnes et patine comme personne avant lui sur l’exécution des OQTF.

Et puis il y a le choix du temps. Sarkozy adoube Darmanin au moment même où le ministre de l’Intérieur tente une échappée présidentielle dans sa ville de Tourcoing. Une échappée très convenue, entourée de membres du gouvernement et sous la haute surveillance d’Élisabeth Borne, sans doute envoyée par Macron pour empêcher ce ministre trop pressé de quitter le peloton gouvernemental. La Macronie dans la tourmente n'a pas besoin de ce coup de canif supplémentaire... Ainsi Sarkozy fait-il sans effort apparent le grand écart : chez lui, la dénonciation des dangers mortels qui assaillent la France accompagne la bénédiction à ceux qui en accélèrent l’échéance. L'homme est ainsi fait.

Intérêt instantané

« Tout le temps où il avait été au pouvoir, résume son ancien conseiller Patrick Buisson dans la préface de son livre La Cause du peupleNicolas Sarkozy n’avait jamais eu pour conviction que son intérêt instantané et, son intérêt changeant, il n’avait cessé de changer d’idées en y mettant toute l’énergie de ses insincérités successives. » Chez Sarkozy, le calcul politique, l’intérêt à court terme, qu’il soit judiciaire ou électoral, et les amitiés mal choisies ont depuis longtemps dévoré ce qui restait d’amour de la France. La différence entre un politicien manœuvrier et un homme d’État.

Par Marc Baudriller le 27 août 2023

Boulevard Voltaire

mercredi 31 mai 2023

Pour en finir avec Pétain, le RN et les gros sabots d’Élisabeth Borne



« Je vais lui lancer un de ces traits », annonçait le vicomte de Valvert au Cyrano de Bergerac de Rostand. « Vous avez un nez, euh, un nez… très grand. » « Très », répondait le héros préféré du théâtre français. Il y a du Valvert dans l’assaut d’Élisabeth Borne contre le RN, « héritier de Pétain » qui fait couler de l'encre. Pour la créativité, l’originalité, la mise en forme, l’inspiration inédite de cette attaque, on repassera. On est dans le massif, le brutal, le recyclage de crise à portée de main, le prêt-à-penser bas de gamme, le réflexe panique.

En réalité, Élisabeth Borne fait moins d’histoire que de (basse) politique. « C’est un moyen de resserrer la gauche de la majorité au moment où elle a besoin d’elle pour voter sa loi immigration », décrypte Arnaud Benedetti, le rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, par ailleurs professeur associé à l'université Paris-Sorbonne. Le Premier ministre aura sauté sur l’occasion de se refaire une virginité à l’extrême gauche. Pour Benedetti, en revenant à Pétain, Borne est surtout à côté de la plaque. C’est, du reste, ce que lui reproche Macron, sans la citer nommément. Il aurait fustigé les propos de son Premier ministre : « Le combat contre l’extrême droite ne passe plus par des arguments moraux. » Selon Macron, « il faut décrédibiliser » le RN « par le fond et les incohérences » plutôt que par des « mots des années 1990 qui ne fonctionnent plus ».

Archéologie

Arnaud Benedetti rabat sur la terre ferme les envolées de Borne : « C’est un réflexe pavlovien qui méconnaît l’Histoire, dit-il. Pétain ne correspond pas au logiciel du RN, qui est en réalité celui du RPR de la fin des années 1970 et du début des années 1980. »

Les difficultés sont grandes pour Élisabeth Borne, nommée à contrecœur à Matignon, considérablement affaiblie politiquement par la contestation de la réforme des retraites, moins soutenue que tenue à bout de gaffe par le président de la République, en butte à une majorité de plus en plus relative dans une Assemblée nationale hostile. Rien ne va plus, comme on dit au casino. Est-ce une raison pour raconter des balivernes, soutenues par Le Maire ? Le ministre de l'Économie et des Finances n’est jamais en retard d’une peau de banane à glisser au RN. Vous reprendrez bien une gorgée de reductio ad hitlerum ?

Alors, Borne fait dans l’archéologie. Depuis quinze ans, Marine Le Pen s’est débarrassée du passé du FN, excluant même son père et la vieille garde qui l’entourait. Quant à Philippe Pétain, maréchal de France et chef de l’État français sous Vichy, il est mort le 23 juillet 1951 sur l’île d'Yeu, six ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et son départ du pouvoir, voilà près de 72 ans ! Le Front national, ancêtre du Rassemblement national, est né en 1972, donc 27 ans après le départ du maréchal Pétain. Ce parti n’a jamais revendiqué l’héritage moral de l’État français. Il a, certes, compté parmi ses membres fondateurs des personnalités passées par la collaboration comme Bousquet, Duprat ou Brigneau. D’autres, nombreuses, sont passées par la Résistance, comme Georges Bidault, successeur de Jean Moulin à la tête du CNR, Rolande Birgy (Réseau Vallette d'Osia), croix du combattant volontaire de la Résistance, Jean-Maurice Demarquet, ancien membre de la 1re division française libre, croix de guerre 1939-1945, Serge Jeanneret (réseau Alliance), Pierre Sergent (réseau Velite-Thermopyles) ou encore Michel de Camaret, compagnon de la Libération. On a beau écouter les radios publiques, on n'entend jamais ce versant de la réalité. Curieusement ! Le Pen lui-même a brièvement résisté. Conclusion : le passé de l’équipe fondatrice du FN est tout, sauf politiquement homogène.

Racines gaulliennes

Mais, plus que sur l’équipe qui a fondé le FN, la polémique porte sur son programme. Y a-t-il un lien entre le programme de Marine Le Pen et la politique de Vichy ? « Le FN est l’héritier de multiples écoles de l’extrême droite, rassemblées autour d’un jeune activiste nationaliste, Jean-Marie Le Pen, explique Olivier Milza, docteur en histoire et agrégé, historien et enseignant en classes préparatoires, auteur de nombreux livres (Clés pour le temps présent). Au RN, je ne vois rien qui soit dans la lignée de Pétain, sauf si l’on considère que défendre l’identité de la France relève du pétainisme. »

Lorsqu’on sort des noms d’oiseaux, il faut bien constater que la politique de Vichy a des racines et des modalités complexes. « L’étatisme moderniste de De Gaulle est héritière de la technocratie de Vichy, qui prolonge elle-même celle de Pierre Mendès France, poursuit Olivier Milza. L’État stratège sous Vichy, l’interventionnisme étatique, une forme de keynesianisme de droite empruntée au Parti radical d’avant-guerre et aux idées de Tardieu. » Et aujourd’hui ? « Les premiers programmes de Marine Le Pen étaient gaulliens : l’autorité, la souveraineté, c’est gaullien. »

Borne aura servi un gros mensonge, un de plus, et une belle tentative de manipulation des masses, méchante, butée, aveugle et bête. Une de plus.

Par Marc Baudriller le 31 mai 2023

Boulevard Voltaire

mardi 23 mai 2023

Le complotisme d’extrême gauche se porte comme un charme



Pour traquer le complotisme, la France ne manque pas d’officines. Subventionnés par l'État et par différents organismes internationaux, nos « fact-checkers » disposent de budgets conséquents pour scruter à la loupe le moindre écart des médias… de droite. Parmi ces gendarmes au strabisme prononcé, l’inimitable Conspiracy Watch a même réussi à capter une subvention de 60.000 euros issue du fonds Marianne, la fameuse enveloppe gérée avec tant de soin par Marlène Schiappa pour combattre les discours « séparatistes » et défendre les valeurs républicaines sur les réseaux sociaux et les plates-formes en ligne.

C'est peut-être l'occasion, pour cet organisme, d'étendre sa mission d'observation… à gauche. Ainsi Marine Tondelier a-t-elle bien noté l’horreur des défilés à droite de la droite, Action française et GUD notamment, qui n’ont provoqué – constatons-le – aucun dégât. Quelques dizaines de personnes dans la rue, des mouvements parfaitement marginaux par leur nombre, tout heureux de la publicité offerte sur un plateau par une extrême gauche décidément en mal d'ennemis depuis que la diabolisation du RN fait des ratés. Pas de voitures brûlées, pas de gendarmes blessés, cela nous change de Sainte-Soline (47 gendarmes blessés) et des manifestations d’extrême gauche. Mais pour l’égérie des Verts, il va falloir arrêter ce type de comparaison.


Car, selon elle, on laisse prospérer des réseaux "néo-nazis" (bien néo-nazis) qui veulent que « les immigrés se cachent ».

L’Action française, née cinquante ans avant le nazisme, sera surprise d’être ainsi qualifiée. Quant au GUD, il existe depuis les années 1960 et ne prospère pas plus aujourd’hui qu’hier. Mais le complot et la peur se vendent bien, à gauche. Mélenchon n’est pas le dernier, à l’occasion.


Le complotisme de la NUPES est d’ailleurs constaté par la présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga, par exemple, qu'on ne peut soupçonner de connivence avec l'extrême droite.

À l’occasion, le complotisme de gauche sort de son obsession d’une extrême droite fantasmée pour s’abattre sur un de nos derniers fleurons industriels. Le patron de LVMH, accusé de tous les maux, en prend régulièrement pour son grade. Tant pis s'il donne du boulot à quelques Français. On lui reproche essentiellement d’être riche. Pire : Vincent Bolloré, véritable Satan en costume cravate pour nos amis d’extrême gauche, passe ses saintes journées à comploter dans l’ombre contre le bon peuple. Il faut lire, sur le site Les Jours, la liste complète de ses méfaits, en prenant le temps car elle est longue, très très longue.

Mais on a trouvé récemment plus méchant encore que l’extrême droite, Bernard Arnault et Bolloré réunis. On touche là à quelque chose de monstrueux. Ce monstre, c’est le groupe Total dont les oreilles ont dû siffler. Car, selon Camille Étienne, il a tout prévu, le groupe Total, tout organisé. Camille Étienne, c'est la nouvelle égérie des Verts, devenue en quelques jours la coqueluche des plateaux de gauche. Impuissants, nous ? « L’impuissance, c’est une construction, explique-t-elle. On a l’image qu’on serait passagers d’un naufrage, on serait condamné à le subir. Mais c’est le résultat d’une volonté humaine. » Elle est lancée, notre jeune écologiste qui rêve de « soulèvement ».

« C’est Total qui a orchestré, par exemple, le climato-scepticisme depuis les années 1970, explique-t-elle au micro de « Quotidien ». Notre apathie arrange l’ordre établi. » Car oui, Total a manipulé le monde entier. « En finançant des études, ils étaient au courant depuis les années 70, ils avaient les meilleurs climatologues […]. Ce qu’ils ont fait, c’est qu’ils ont payé des fausses études pour organiser l’apathie. » Un coup monté, un complot diabolique qui a réussi, signé Total.

Heureusement que les rouges-verts sont là pour nous ouvrir les yeux ! On attend, maintenant, que les officines qui luttent contre le complotisme soignent leur strabisme, tout de même handicapant, en observant le complotisme de gauche. Pour la santé de la démocratie et, pourquoi pas, par honnêteté, tout simplement. Sans quoi de mauvais esprits pourraient penser qu'ils ne sont que des outils malhonnêtes aux mains d'un clan...

Par Marc Baudriller le 22 mai 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 11 mai 2023

Drapeau européen : si vous cessiez d’abîmer la France ?



L’Histoire retiendra peut-être son nom. C’est le député Renaissance Mathieu Lefèvre qui porte actuellement à l’Assemblée le projet d’Emmanuel Macron, projet fou, gonflé, particulièrement grave parce qu’il touche au symbole le plus sacré de la France : son drapeau. Comme le confirmait BV, Renaissance propose d’imposer systématiquement au fronton de nos mairies, à côté du drapeau tricolore, un autre drapeau, celui de l’institution européenne. Faire cohabiter les couleurs qui incarnent et rassemblent notre vieux pays depuis si longtemps avec celles d’une institution supranationale qui travaille patiemment à détruire les nations, même pour faire diversion, il fallait oser. Le projet se heurte à l’opposition véhémente de LFI et du RN, notamment par la voix de Jean-Philippe Tanguy.

Cela suffira-t-il ? Rejeté en commission des lois mercredi 3 mai, le texte était débattu, ces mardi 9 et mercredi 10 mai dans l'Hémicycle. Ce mardi 2 mai, la motion de rejet préalable déposée par le groupe La France insoumise a été rejetée par 161 voix contre 121. Il doit être encore débattu à l'Assemblée alors que nous publions cet article, ce 10 mai.

Interrogé par LCP, le député Mathieu Lefevre évoque « l’attachement à notre drapeau français et aussi à la construction européenne ». Un « en même temps » si connu en Macronie qu'il réveille la méfiance. Comme d’habitude, les Français partisans de l’Europe avancent pas à pas, Macron à leur tête. Quel symbole plus éclatant pour établir un nouvel ensemble supranational que celui du drapeau, incarnation des patries ? L’Europe, cette tour de Babel judiciaire sans âme, financière, juridique, impopulaire et rejetée par les Français lors du vote de 2005 en a besoin.

Une gifle aux Français

Mais voilà, les sabots macronistes sont si gros et si bruyants qu’ils ne masquent en rien le réel. Ce projet de drapeau européen est d’abord une gifle aux Français à qui on ne dévoile pas, par mépris, l’objectif supranational. Ces idiots seraient capables d’être contre. C’est aussi une gifle à ceux qui gardent un attachement à leur pays, à son identité, son peuple, son Histoire, sa géographie, ses sacrifices immenses, à ses lettres, à ses armes et – disons-le - à ses larmes.

Car on ne devrait toucher au drapeau français qu’en tremblant. Comment en est-on venu, en France, à rappeler aux dirigeants que des millions de Français ont donné leur vie sous ces plis et qu’un minimum de respect pour nos morts voudrait qu’au lendemain du 8 mai, ils soient respectés ? Quels Français réclament, en France, aujourd’hui, l’accrochage du drapeau européen au fronton des mairies ? Que représente ce drapeau étoilé, sinon les contraintes infinies et surréalistes d’une machine européenne qui dévore sans fin les libertés si chèrement acquises sous le drapeau français ?

En 2016, avant que Macron ne tente d’imposer le drapeau européen au fronton des mairies et l'impose sous l'Arc de Triomphe, le général de Villiers publiait discrètement, au seul usage des militaires, un court texte « Sur nos couleurs, celles qui se lèvent avec le jour et se baissent avec le soir qui tombe ». Il évoquait ce signe majeur pour tous les Français, jeunes, vieux, de métropole et des confins de la France. Ces couleurs, « elles rythment le quotidien de nos vies de soldats, là où nous sommes, expliquait-il. Jamais, j'en suis certain, ne vous est venu à l'esprit de considérer que ces marques de respect, apprises au lendemain de votre engagement, étaient exagérées, futiles ou dérisoires. »

L'honneur du porte-drapeau

Porté dans tous les régiments de France avec un cérémonial majestueux, le drapeau fut, en France, une inépuisable source d’héroïsme et il le reste. Oui, la mise en place forcée du drapeau européen, signe visible de l’allégeance non consentie de notre nation, fait mal. « Le drapeau est ce symbole de nos valeurs, poursuit le général de Villiers. Deux mots les résument : "Honneur et Patrie". Ils sont inscrits en lettre d'or dans les plis de chacun de nos emblèmes. » Ces plis et ces mots recouvrent les cercueils des militaires tombés au champ d’honneur, sur ordre des gouvernants, rappelons-le.

Les macronistes ont-ils un cœur qui vibre ? Une patrie ? Une idée de la France ? Si oui, qu’ils relisent, après la séance, ce conte d’Alphonse Daudet, Le Porte-drapeau« C’est qu’il en pleuvait du fer sur ce talus ! […] De temps en temps, le drapeau qui se dressait au-dessus des têtes, agité au vent par la mitraille, sombrait dans la fumée : alors une voix s’élevait grave et fière, dominant la fusillade, les râles, les jurons des blessés : "Au drapeau, mes enfants, au drapeau !…" Aussitôt un officier s’élançait, vague comme une ombre dans ce brouillard rouge, et l’héroïque enseigne, redevenue vivante, planait encore au-dessus de la bataille. Vingt-deux fois elle tomba !… Vingt-deux fois sa hampe encore tiède, échappée à une main mourante, fut saisie, redressée. Et lorsqu’au au soleil couché, ce qui restait du régiment — à peine une poignée d’hommes — battit lentement en retraite, le drapeau n’était plus qu’une guenille aux mains du sergent Hornus, le vingt-troisième porte-drapeau de la journée. »

On ne place pas de force ce drapeau riche d'Histoire et de sang à côté d’un autre sans l’assentiment exprès des Français.

Par Marc Baudriller le 10 mai 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 30 mars 2023

Sainte Soline : pour en finir avec l’insupportable procès des gendarmes



Le Monde, Mediapart et la Ligue des droits de l’homme, trois organismes au-dessus de tout soupçon comme il se doit, ont leur version des évènements ultra-violents qui se sont déroulés aux abords de la bassine de Sainte Soline ce samedi 25 mars. Pour eux, c’est simple : les gendarmes ont empêché les secours d’approcher des blessés. Le Monde va jusqu’à titrer sans le moindre doute Sainte Soline : des élus de LFI appellent à la démission Gérald Darmanin après des révélations prouvant une entrave à l’intervention des secours.

Tout est dans le mot « prouvant »… La Nupes se déchaîne ainsi une fois de plus contre Darmanin et « les violences policières », vieux mantra rassembleur à gauche de la gauche.

Dans ce concert de propagande, il n’est pas inutile de s’en référer aux faits. D’abord, les victimes. Elles ont un profil particulier, pas tout à fait celui du bisounours. Ce sont les parents du manifestant grièvement blessé qui en parlent le mieux. Dans un communiqué signé Les Parents de Serge et daté du 29 mars 2023, ils expliquent : « Oui, Serge est fiché S, comme des milliers de militants dans la France d’aujourd’hui. Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires, comme la plupart des gens qui se battent contre l’ordre établi. Oui Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes – comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu’une bonne révolution ne serait pas de trop ». Un Monsieur Tout le monde en somme, gentil tout plein. « Ces actes sont au contraire tout à son honneur », concluent les parents. Ils ont porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l’arrivée des secours, violation du secret professionnel dans le cadre d’une enquête de police et détournement d’informations. Tant qu’on y est…

Il y a ce profil. Il y a les images de Sainte Soline, il y a les dégâts humains et matériels. Et si cela ne suffisait pas, le rapport de la préfète des Deux Sèvres rive le clou. Cette manifestation, les trois organisateurs (Les Soulèvements de la terre, Bassines non merci et la Confédération paysanne) ont délibérément refusé de la déclarer en dépit des demandes de l’administration. Elle a donc été interdite. Les organisateurs sont si gentils et inoffensifs que la préfecture et la gendarmerie ont pris soin d’interdire « le port et le transport d’armes et de munitions » et « la vente, le transport et l’utilisation d’artifices et carburants au détail, acides, produits inflammables, chimiques ou explosifs ». Sympa. On apprend accessoirement dans ce rapport officiel que la Ligue des droits de l’homme, la Confédération paysanne et l’Union départementale CGT79 et Solidaires79 ont contesté par référé liberté auprès du juge administratif le 22 mars l’arrêté sur « le port et le transport d’armes par destination »… Pourquoi ?

Pas moins de 3200 gendarmes sont mobilisés à Sainte Soline. La bassine n’est qu’un prétexte. « Au vu des attaques déterminées et violentes visant les gendarmes et leurs véhicules, il apparaissait clairement que leur objectif n’était pas d’entourer le chantier de la réserve mais d’attaquer les forces de l’ordre, en causant le plus de dommages humains et matériels », écrit la préfète.

Le tout de manière parfaitement irresponsable. Car c’est à l’organisateur d’assurer la sécurité sur place et d’indiquer son dispositif à l’état. Or les brochures des organisateurs ne recommandent pas d’appeler le Samu ou les pompiers mais de crier « médic » et de « se rendre à un hôpital éloigné de l’action en cas de nécessité d’hospitalisation » !

La préfecture a malgré tout mis en place des secours à grande échelle : 5 équipages SAMU, 37 véhicules dits SDIS et un hélicoptère. Mais il était très difficile et risqué pour les secours d’approcher les zones de combat en garantissant « la sécurité des intervenants, SAMU ou pompiers » en raison de la rapidité de déplacement des groupes. Enfin les escortes de gendarmes prévues pour accompagner les secours sont directement prises à partie par les manifestants « au moins une fois », dit le rapport.

C’est donc très clair : les gendarmes ont refusé de faire prendre des risques aux soignants. C’est exactement ce que dit le Samu au téléphone à la Ligue des droits de l’homme dans un document présenté par Le Monde et Mediapart comme apportant une preuve de non-assistance à personne en danger. « On n’a pas l’autorisation d’envoyer des secours sur place parce que c’est considéré comme étant dangereux », explique l’interlocuteur du Samu enregistré. Le blessé sera tout de même pris en charge dans des conditions très difficiles par un médecin de la gendarmerie avant son évacuation. Le chef du pôle urgence de l'Hôpital de Niort a donné tous les détails et explications au Parisien« Les services médicaux des organisateurs n’étaient pas au niveau : ils ont été débordés par le nombre des blessés », confirme à BV un proche du dossier au sein des forces de l’ordre.

Alors, qui est responsable ? Les forces de l'ordre ou l’extrême gauche ultra-violente et irresponsable ?

Par Marc Baudriller le 30 mars 2023

Boulevard Voltaire