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lundi 27 février 2023

Vaincre ou mourir contre Slava Ukraini, chef-d’œuvre de BHL : victoire des Vendéens par KO !



Les chiffres sont cruels et les faits têtus. Ainsi, la surprise du box-office de ces dernières semaines demeure . Le film de Vincent Mottez et Paul Mignot, produit par Le Puy du Fou, en seulement quatre semaines a déjà écoulé 288.754 tickets. Un résultat inattendu pour un film à faible budget, sans grandes stars et précédé par des critiques plus que défavorables, quand il ne s’agissait pas tout simplement d'un véritable lynchage médiatique. Seulement voilà, le public en a décidé autrement.

Et Vaincre ou mourir en arrive même à largement dominer un autre film, Tár, de Todd Field, donné pour grand favori à la prochaine cérémonie des Oscars™, avec 107.762 entrées en première semaine, contre 98.869 pour ce film pourtant porté au pinacle par la presse. Un public décidément cabochard, qui s’est montré encore plus sévère vis-à-vis de la dernière œuvre de Bernard-Henri Lévy, , que la critique avait plus que chaleureusement saluée.

D’où ce tweet rigolard de l’avocat Gilbert Collard, passé du  à Reconquête :

Mais Bernard-Henri Lévy a l’habitude de voir ses films quitter l’affiche avant même que la colle n’ait fini de sécher. Le succès du film tourné par le duo Mottez et Mignot est une surprise, la dégringolade de celui de BHL pas vraiment.

Les précédents films de notre brillant philosophe n'ont pas affolé le box-office : 1.475 spectateurs pour Le Serment de Tobrouk (2012), 3.567 entrées pour Pershmerga (2016). En comparaison, Le Jour et la Nuit et ses 73.147 tickets vendus en 1997 peuvent faire figure de triomphe, même si la chose est à l’époque qualifiée par Les Cahiers du cinéma de « plus mauvais film français depuis 1945 ». Et le cinéaste Claude Chabrol d’ajouter, malicieux : « Là, c’est très intéressant, comme cas. C’était très mauvais. Je connais un peu Bernard-Henri Lévy parce que nous étions ensemble à l’avance sur recettes. Il est loin d’être bête. Il est intelligent et même subtil. Mais il a fait le film le plus con de l’année. Le plus grave, c’est que tout le monde le lui a dit mais il refuse de le croire. Il pense qu’il est en avance. L’auteur de L’Invasion des tomates géantes pensait peut-être qu’il était un génie, mais il ne l’a jamais dit. »

Il est vrai que les dialogues entre un Alain Delon endormi, une Arielle Dombasle évaporée et un Karl Zéro survolté font partie de ces expérimentations sensorielles qu’il faut avoir vécu au moins une fois dans sa vie. Elles sont dignes des échanges entre un professeur Tournesol et un capitaine Haddock sous acide. Delon en montgolfière : « On est vraiment mieux dans le ciel que sur terre. » Dombasle : « Je viens de croiser le prêtre du village et il avait l’air bizarre, pas comme les autres prêtres. » Zéro : « Qu’est-ce que vous voulez que ça me foute ? » Excellente question, en effet.

À croire qu’il peut encore et toujours exister un cinéma légal et un cinéma réel. En attendant, les Ukrainiens ont sûrement assez à faire avec leurs ennemis pour s’encombrer de tels amis.

Par Nicolas Gauthier le 27 février 2023

Boulevard Voltaire

mercredi 25 janvier 2023

Jean-Pierre Raffarin tente de proposer un troisième mandat à Emmanuel Macron ?



S’il n’existait déjà, faudrait-il inventer  ? La question peut se poser, surtout à l’entendre, ce 23 janvier, sur LCI, à propos d'« une arrivée de l’extrême droite au pouvoir ». Pour lui, cette même question ne se pose pas. D’ailleurs, il est bien facile, à l’en croire, de tout « mettre sur le dos d’Emmanuel Macron », sachant qu’il affronte « une situation inédite depuis près de cinquante ans », pour cause de « réforme des retraites » et de « dossier franco-allemand ». Fort bien. Tout le monde le sait : depuis tout ce temps, il ne se passait rien pour ses prédécesseurs. Pour le reste, on notera que si  ne pense pas qu’à « l’extrême droite », quand il pense, c’est généralement à l’extrême droite.

Sacré JiPé. Dire que c’est le même qui, en 2017, affirmait sur BFM TV qu’Emmanuel Macron n’avait pas « l’épaisseur » alors que François Fillon, son adversaire malheureux d’alors, lui au moins, avait de « l’expérience ». Comme quoi, en politique, le tout consiste toujours à croire à ce que l’on dit, même si l’on ne dit pas forcément la même chose, ici et maintenant, comme disait François Mitterrand.

La preuve en est que le 11 décembre dernier, Jean-Pierre Raffarin propose tout bonnement de revenir sur l’interdiction faite à nos Présidents de briguer un troisième mandat élyséen : « Cette règle est néfaste car elle fragilise le Président sur la fin de son second mandat. »

Pas faux. Mais à ce compte, pourquoi ne pas en finir tout simplement avec cette vilaine manie que sont les élections et proposer qu’Emmanuel Macron soit désigné Président à vie, tel que cela se faisait naguère dans des démocraties aussi avancées que le Zimbabwe de Robert Mugabe ? L’ancien Premier ministre de Jacques Chirac doit manifestement avoir trop fréquenté nos amis de l’empire du Milieu et ses inamovibles présidents, tel qu’en témoigne l’ouvrage de Clément Fayol : Ces Français au service de l'étranger (Plon). On y apprend, par exemple, ceci : « Est-ce que  se rend compte qu’en répétant les grandes lignes de la propagande chinoise sur la télévision publique, son statut d’ancien Premier ministre mis en avant, il devient l’instrument d’une stratégie globale, un pion manipulé sur un grand échiquier planétaire ? »

Avant que les commentateurs politiques ne s’en mêlent, les agents de nos services de renseignement s’étaient déjà posé la question des relations privilégiées de cet homme avec la Chine, dont la légende dit qu’il aurait été propulsé à Matignon sur la seule intuition de Bernadette Chirac, pour faire rempart, déjà, à cette même extrême droite. Comme quoi le Poitou mène à tout et l’anti-lepénisme à pas grand-chose.

Le problème, finalement, n’est pas tant la personnalité fantasque de l’intéressé, mais sa forte propension à croire encore qu’on puisse l’écouter quand il parle et prendre ses sages conseils en considération, même si ces derniers ont tout de ces fortune cookies, gâteaux bonheurs offerts en fin de repas au restaurant mandarin du coin : « Il y a une multitude de crises actuellement. On ne sort pas des crises par la seule gestion des crises. » 

Par Nicolas Gauthier le 25 janvier 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 24 novembre 2022

Besançon : la statue de Victor Hugo souillée, la mairie écologiste crie au racisme



Les Français ont décidément un incroyable talent dès lors qu’il s’agit de résoudre, la mine grave, des problèmes qui ne se posent pas. L’ubuesque polémique relative à des jets de peinture blanche sur une statue de Victor Hugo, trônant à Besançon sur l’esplanade des Droits-de-l’homme, survenue ce lundi 21 novembre, le démontre mieux que bien.

L’œuvre est signée Ousmane Sow, sculpteur sénégalais à l’immense talent. Pour le situer, on dira qu’on échangerait bien la plus modeste de ses créations contre l’œuvre entière d’un Jeff Koons, faisan emblématique de l’art conceptuel dont l’un des acheteurs les plus frénétiques n’est autre que Bernard Arnault, équivalent contemporain, en matière de jobardise friquée, du Monsieur Jourdain de Molière.

Pour Anne Vignot (EELV), mairesse de tous les Bisontins et de toutes les Bisontines, l’affaire est entendue, dès le lendemain : « Les valeurs de la République, à côté de Victor Hugo, c’est liberté, égalité, fraternité, solidarité et, surtout antiracisme. » Après le triptyque républicain, place au quinté dans l’ordre, en quelque sorte. À lire Le Point« à Besançon, des néonazis "blanchissent" des œuvres d’art municipales ».

Pour L’Est républicain, la cause est là aussi d’avance entendue : « Anne Vignot a porté plainte après ces dégradations ressemblant à un "white facing", et on ignore quel était le message des malfaiteurs. » Bref, ça se complique. « Néonazis » ou pas ? Ce, d’autant plus qu’un « black face », on connaît. C’est un Blanc qui se grime en Noir. Mais un « white facing » ? Laver plus blanc que blanc ? C’est le sketch de Coluche. Plus blanc que blanc, c’est aussi transparent qu’Anne Vignot.

L’histoire est d’autant plus baroque que Béatrice Soulié, veuve de l’artiste, affirme au Point : « C’est un acte raciste. C’est une œuvre magnifique. Je suis très triste de cette violence et du monde actuel qui lui laisse place. […] Cette polémique née autour de la statue de Victor Hugo, ce n’est pas un problème artistique, c’est politique. » Il est vrai qu’il faut aussi prendre en compte ce menu détail : la statue du grand homme, coulée dans le bronze, vient d’être rénovée.

Le gag, c’est que sur l’affaire, Béatrice Soulié a dit à peu près tout et son contraire, si l’on en croit Télérama : « Elle a, dans un premier temps, exprimé sa déception face à un "Victor Hugo noir qui n’a jamais été l’intention d’Ousmane" et signalé un problème au niveau de la "chemise très blanche et le collier de barbe". » Pour tout arranger, nous dit l’hebdomadaire, « les Bisontins étaient habitués, depuis vingt ans, à côtoyer un Victor Hugo aux tonalités plus vertes ».

Pas la peine d’avoir fait les beaux-arts pour savoir que le bronze, c’est sombre. Sculpté dans ce noble métal, même David Bowie pourrait ressembler à Louis Armstrong et  à Omar Sy. Pis : le bronze est connu pour devenir verdâtre, quand il est exposé aux éléments. Lui rendre sa couleur d’origine ne signifie en rien une quelconque stigmatisation de nos amis Martiens ou même de ce brave Shrek, l’ogre flatulent qu’on sait. Bizarrement, sont moins de notoriété publique les influences artistiques d’Ousmane Sow, tel qu’en témoigne sa fiche Wikipédia : « C’est en 1984, inspiré par les photos de Leni Riefenstahl représentant les Nouba du Sud-Soudan, qu’il commence à travailler sur les lutteurs de cette ethnie et réalise sa première série de sculptures : Les Nouba. En 1988 naîtront Les Masaï, en 1991 Les Zoulou et, enfin, en 1993, Les Peul. »

Comment se fait-il que ceux qui se réjouissent des déboulonnages de statues de tel ou tel personnage historique s’indignent d’un jet de peinture sur celle de ce brave Victor Hugo qui, tour à tour royaliste et républicain, laïcard et bondieusard à la fois, en a sûrement vu bien d’autres ? À moins qu’Anne Vignot ne nous éclaire de ses lumières, on ne voit pas.

Par Nicolas Gauthier le 24 novembre 2022

Boulevard Voltaire


mercredi 26 octobre 2022

Emmanuel Macron s’adresse aux Français : la France ne se porte pas au mieux, mais lui va très bien !



Pour la seconde fois – la dernière remonte au 12 octobre –, Emmanuel Macron s’adresse aux Français, sur France 2. L’occasion pour lui de confirmer que tout ne va pas au mieux dans notre pays, mais que dans les autres nations européennes, ce serait plutôt pire. Si l’on résume, les Français ne connaissent pas leur bonheur.

Heureusement, l’État est là. Qui dépense donc à tout va ; ce qui provoque l’inflation qu’on sait. Une fois encore, nos voisins européens sont encore plus mal lotis, paraît-il. Un discours vite noyé par une pluie de pourcentages et de statistiques auxquels le téléspectateur de base ne doit pas entraver grand-chose. D’ailleurs, même l’auteur de ces lignes est à la peine…

Bref, pour résumer, ce Président qu’on tenait pour libéral se révèle ce soir encore plus dirigiste que jamais. Il est vrai que l’heure est grave. Mais pourquoi une telle usine à gaz ? Surtout quand on apprend que pour se maintenir à flot, l’État français devra au moins emprunter, l’année prochaine, plusieurs centaines de milliards d’euros sur les marchés financiers alors que les taux d’emprunt ne sont plus négatifs depuis longtemps. Mais « tout en maîtrisant la dépense publique » et en « remboursant notre dette », affirme Emmanuel Macron. La quadrature du cercle, en quelque sorte : à cœur vaillant, rien d’impossible.

Après avoir visionné un reportage consacré à un couple de Français vivant avec un enfant et gagnant 4.000 euros mensuels (exemple pas véritablement emblématique, car ni trop riche ni trop pauvre), le Président se lance à nouveau dans une autre sarabande de chiffres tout en y mêlant dividendes d’actionnaires et gros bénéfices des industries pétrolières. À croire qu’il est en train de passer son diplôme d’expert-comptable. Que déduire de son discours ? Rien, concluront ceux qui ne se sont pas encore endormis.

Ce, d’autant plus que monsieur Trogneux affiche une grise mine, loin de la « dimension christique du pouvoir » qu’il évoquait durant la  de 2017. À en croire Franz-Olivier Giesbert, dans son dernier éditorial du Point, évoquant « la dépression du Président », Emmanuel Macron serait même « dans le déni »« comme le jongleur qui a perdu ses boules et continue à faire le geste de les lancer en l’air ». Pas faux. Où est passée la rage de naguère ? Il est vrai que depuis, l’homme aura découvert que la France multimillénaire était un peu plus qu’une « start-up nation » et que l’Histoire, par nature, était tragique. Pourtant, les antidépresseurs doivent faire des miracles, Emmanuel redevenant peu à peu Macron lorsque parvenant enfin à s’enivrer de ses propres paroles.

La réforme des retraites ? Hormis le fait qu’il recycle volontiers le plus que vulgaire slogan de Nicolas Sarkozy, « travailler plus gagner plus », nous apprenons qu’il faudra travailler plus longtemps pour éviter de gagner moins plus tard. Et qu’en « concertation avec les partenaires sociaux », il faudra prendre en compte la pénibilité de certains métiers et éviter que les salariés se trouvent virés dès la cinquantaine passée, histoire d’être plus longtemps au chômage avant de faire valoir leurs droits à la retraite. Voilà qui n’a pas tout à fait la saveur de l’inédit.

Sans surprise, les groupes parlementaires ayant proposé une  contre son  sont renvoyés au rang des irresponsables. Ne manque plus qu’à stigmatiser ces fameux « extrêmes qui se rejoignent » ; mais nous n’en sommes pas loin. Surtout qu’une autre urgence s’invite dans ce vrai-faux débat, celle donnée pour être « climatique ». Mais qui se révèle tôt être « sino-sceptique », sachant que la majeure partie des voitures électriques et des batteries leur permettant de rouler nous viennent aujourd’hui de Chine. D’où une timide esquisse de « protectionnisme européen » à base de ce lithium dont nos sous-sols regorgeraient. Fort bien, mais seule question : d’où viendra l’électricité ? De cette industrie  que ses prédécesseurs ont sciemment massacrée pendant des décennies, on imagine, sans que réponse soit véritablement donnée à cette question.

Puis, le gros morceau, l’immigration… « 5,6 % de reconduites à la frontière appliquées, c’est peu », lui glisse son intervieweuse. Mais Emmanuel Macron voit haut : il veut « 100 % ». Mais à condition de poursuivre l’aide au développement des pays concernés. On disait déjà la même chose du temps de Valéry Giscard d’Estaing. Mais pas question, pour autant, de faire « le lien entre  et délinquance », prévient le premier des Français, même si c’est un peu vrai à Paris et dans les grandes villes, mais moins ailleurs bien au contraire, toutes choses étant égales par ailleurs.

En revanche, ce dernier admet que la société française « devient de plus en plus violente ». Au contraire de cette émission hypnotique et placée sous le signe de l’autosuggestion, soit dit en passant.

Par Nicolas Gauthier le 26 octobre 2022

Boulevard Voltaire

samedi 15 octobre 2022

Cumul des mandats : les Insoumis pris à leur propre piège ?



S’il est parfaitement louable de vouloir changer le monde, surtout quand on fait de la politique, il est autrement plus difficile d’en faire de même de ses mauvaises habitudes, tel que les élus de La  sont aujourd’hui en train de le démontrer.

Ainsi, les quatre mélenchonistes élus au conseil régional d’Île-de-France rechignent-ils à abandonner leurs postes respectifs pour cause de cumul de mandats. Notons que nous n’avons pas exactement à faire à des sans-grade ou des soldats de l’ombre, s’agissant de Clémentine Autain (l’une des égéries de LFI), Sophia Chikirou (qu’on a longtemps donnée pour être très proche du Líder Mínimo), de Raquel Garrido (compagne d’Alexis Corbière, l’un des bras droits du même Líder) et de Paul Vannier (l’un des espoirs du mouvement en question), tous quatre élus députés en juin dernier. Mais si nous sommes manifestement entre personnes de bonne compagnie, la base de semble pas l’entendre de cette oreille. Bref, place aux jeunes et aux moins capés !

Seulement voilà, ce « quarteron de généraux et de suffragettes en retraite », pour paraphraser le général de Gaulle à propos d’autres « insoumis » – ceux du putsch d'Alger –, tient bon sur ses barricades, à en croire Paul Vannier : « Si nous démissionnons tous les quatre, notre groupe passera de dix à six élus. Or, la barre pour constituer un groupe est de sept élus. » Est-ce à dire que la gauche n’existera plus en cette enceinte ? Non, EELV, PS et PCF seront toujours là, pouvant à eux trois continuer à former un groupe constitué ; mais lequel serait enfin débarrassé de la tutelle de LFI. Ce que confirme Le Figaro de ce 13 octobre : « Paul Vannier, en charge des négociations, souhaiterait la "création d’un seul groupe commun à toutes les forces de la NUPES". Mais ses partenaires communistes, ainsi que leurs collègues écologistes et socialistes, semblent prendre leur temps pour réfléchir. » En un mot comme en cent, les négociations ne sont pas près d’aboutir.

Ce, d’autant plus que nos quatre élus sur un possible départ se gardent bien de communiquer sur les raisons de leur entêtement, sachant qu’en cas de démission, ceux qui prendront leur place seront, une fois encore, communistes, écologistes, socialistes ; mais pas mélenchonistes. Plus primordial que la lutte des classes : celle des places, en d’autres termes.

Tortueux comme peuvent l’être les trotskistes, nos quatre trublions n’ont donc pas hésité à proposer que ce jeu de chaises musicales se fasse au profit de l’impétrant LFI le mieux placé. Inutile de préciser que cette demande demeure pour l’instant lettre morte…

Histoire d’enrober la pilule et de glisser la poussière sous le tapis,  et Raquel Garrido font savoir que leurs indemnités de conseillères régionales sont méticuleusement reversées, pour l’une au parti et vers des « œuvres » pour l’autre. « Des caisses de grève », tient à préciser madame Corbière. On se doutait bien que cet argent issu de la poche du contribuable n’était pas destiné à renflouer celles des orphelins de policiers tombés en mission. Pour anodine qu’elle puisse être, cette anecdote n’est pas moins révélatrice de la nature humaine, peut-être plus dure à changer que ce monde évoqué au début de ces lignes.

Par Nicolas Gauthier le 15 octobre 2022

Boulevard Voltaire

jeudi 22 septembre 2022

Discours d’Emmanuel Macron à l’ONU : le petit télégraphiste de la Maison-Blanche…



Le 14 février 2003, Dominique de Villepin, ministre des  étrangères de Jacques Chirac, prononçait un discours demeuré fameux dans l’enceinte de l’ONU. À l’époque, le flamboyant ministre tente désespérément d’éviter l’équipée militaire américaine en Irak, fondée sur des mensonges d’État tels que la participation du président Saddam Hussein aux menées terroristes d’Al-Qaïda et ces « armes de destruction massive » qu’il aurait stockées.

D’où ces mots depuis entrés dans l’Histoire : « Dans ce temple des Nations unies, nous sommes les gardiens d’un idéal, nous sommes les gardiens d’une conscience. La lourde responsabilité et l’immense honneur qui sont les nôtres doivent nous conduire à donner la priorité au désarmement dans la paix. Et c’est un vieux pays, la France, d’un Vieux Continent comme le mien, l’Europe, qui vous le dit aujourd’hui, qui a connu les guerres, l’occupation, la barbarie. […] Fidèle à ses valeurs, il veut agir résolument avec tous les membres de la communauté internationale. Il croit en notre capacité à construire ensemble un monde meilleur. »

Une fois n’est pas coutume, Dominique de Villepin fut longuement applaudi par une grande partie des délégués présents ; à l’exception notoire et prévisible de celui des USA.

Aujourd’hui, avec le discours d’Emmanuel Macron, principalement consacré à la guerre russo-ukrainienne, ce mardi 20 septembre, on voit que si les temps changent, les hommes aussi. Car il ne s’agit plus de faire entendre la voix singulière de la France mais seulement celle de l’Occident ; ou de la Maison-Blanche, pour faire court. Extraits :

« La Russie a délibérément violé la charte des Nations unies et le principe d’égalité des États. […] Elle a décidé, ce faisant, d’ouvrir la voie à d’autres guerres d’annexion, en Asie, en Europe, et peut-être demain en Afrique et en Amérique latine. » Là, on se pince. Car au-delà du procès d’intention, on voit mal le Kremlin déclarer la guerre à autant de pays sur autant de continents. Au contraire des USA et de l’OTAN, son bras armé qui, eux, ont occupé ou frappé militairement des nations telles que l’Afghanistan, l’Irak, la Serbie tout en menaçant, lors du mandat de Donald Trump, d’envahir le Venezuela. Mais il est vrai que depuis sa fondation, en 1776, ce pays n’a jamais cessé d’être en guerre.

« L’universalité de notre organisation n’est au service d’aucune hégémonie. » Ce « notre » est assez révélateur, l’ n’étant pas le « machin », ni de la France, ni de l’Amérique du Nord ; mais seulement une instance censée représenter tous les pays de la planète.

Le 14 septembre, Ursula von der Leyen, patronne de la Commission européenne, à l’occasion de sa causerie sur « l’état de l’Union » - autre emprunt sémantico-politique aux Américains -, avait déjà tracé le chemin, faisant siennes les inquiétudes de Washington vis-à-vis de la montée en puissance de Pékin. Comme si l’agenda européen était devenu américain… Très logiquement, Emmanuel Macron était donc là pour parfaire une feuille de route n’ayant d’européen que le nom, tançant ces États dont le seul crime consiste à manifester une certaine tiédeur à soutenir cette guerre menée par les USA contre la Russie, par Ukrainiens interposés.

Ainsi affirme-t-il : « Qui voudrait mimer le combat des non-alignés se trompe et prend une responsabilité historique [...] Ceux qui se taisent aujourd’hui servent malgré eux, ou secrètement avec une certaine complicité, la cause du nouvel impérialisme, d’un cynisme contemporain qui désagrège notre ordre international sans lequel la paix n’est pas possible. » En ligne de mire ? L’Afrique subsaharienne, le monde musulman, arabe ou non, l’Inde, l’Indonésie, la Chine, la Malaisie, et encore, on en oublie ; même s’il s’agit là de la moitié de la communauté internationale.

Interrogé par Europe 1, ce 19 septembre, Hubert Védrine, ancien ministre des  étrangères de Jacques Chirac, remarquait en substance que le rôle de notre diplomatie consistait à tenter de résoudre les conflits et non point à les attiser, et qu’il fallait bien admettre que l’Occident n’était plus maître du monde et qu’on ne pouvait continuer à traiter les anciens pays colonisés comme s’ils étaient toujours des colonies. Soit un constat sage et lucide. Mais ces deux épithètes peuvent-elles encore être attribuées à Emmanuel Macron ? Il est à croire que non, puisque se comportant à l’ tel un vulgaire petit télégraphiste de la Maison-Blanche. Plus que jamais, ce qui nous sert de roi est nu.

Par Nicolas Gauthier le 21 septembre 2022

Boulevard Voltaire

jeudi 15 septembre 2022

Quand Ursula von der Leyen se prend pour la présidente des États-Unis d’Europe…



Ce 14 septembre, la présidente de la Commission européenne tenait son désormais traditionnel discours sur l’état de l’Union. Enfin, « traditionnel », disons-le vite, cet usage, calqué sur celui des USA, ne remontant ici qu’à 2010, alors qu’il est là-bas la règle depuis le président George Washington, ce qui ne rajeunira personne. Alors que la fête d’Halloween ne sévira que le mois prochain, Ursula avait pourtant sorti son plus beau déguisement aux couleurs ukrainiennes. Histoire de faire honneur, sans doute, à Olena Zelenska, épouse du héros du moment : le président Volodymyr Zelensky.

À propos du conflit opposant Kiev à Moscou, nous savons désormais qu’il n’est pas question de lever les sanctions antirusses et encore moins de « chercher l’apaisement ». Certains militants sincères de la cause européenne voulaient que naissent enfin une défense et une diplomatie communes au Vieux Continent. Leurs vœux sont exaucés. Seulement voilà, pas de chance : cette défense et cette diplomatie sont précisément celles de la Maison-Blanche ; ce qui n’était peut-être pas la nature du projet d’origine. Quoique le financement de Jean Monnet, père de cette fameuse construction européenne, par les subsides de la CIA, peuvent nous laisser à penser que le ver était déjà dans le fruit avant même qu’il ne mûrisse et ne devienne manifestement blet.

« Je me tiens ici, devant vous, animée de la conviction que, grâce à notre courage et à notre solidarité, Poutine échouera et l’Europe vaincra », va-t-elle jusqu’à déclarer… Fort bien, mais l’Ukraine ne fait pas partie de l’Union européenne. Les Européens ne font qu’armer l’Ukraine et n’engagent aucun soldat sur le  des opérations ; bref, une « solidarité » et un « courage » tout relatifs…

Et Ursula von der Leyen d’annoncer la prochaine tenue d’une réunion des leaders mondiaux afin de contrer les ambitions de la Chine et de la Russie. Soit, une fois encore, l’agenda de Washington. Le pauvre Emmanuel Macron, qui tente vaille que vaille de faire entendre la petite musique française en ne traitant pas Vladimir Poutine comme un pestiféré, a dû sentir qu’il ne jouait plus exactement dans la cour des grands…

Pis, voilà qui laisse augurer l’idée que cette dame se fait de sa fonction. Présidente des États-Unis d’Europe ? Mais ni ce poste et encore moins cette structure n’existent encore à ce jour. Quant à son homologue futur, Joe Biden, lui au moins a été élu par son peuple ; alors qu’elle, non.

Dans le même registre, cette fois relatif à la politique énergétique européenne, pas un mot sur la France. L’avenir sera renouvelable ou ne sera pas. Priorité sera donc donnée aux pays nordiques ayant tout misé sur l’éolien, sans même un mot sur l’industrie nucléaire française qui, avant d’être mise à bas par nos gouvernements successifs, fournissait pour bonne part l’électricité à la fois aux Français et à nos voisins européens. Seule avancée notable ? Des investissements massifs sur ce prochain  d’avenir que pourrait être l’hydrogène ; ce que, par ailleurs,  réclame à cor et à cri depuis des décennies…

On notera encore que ce plan répond au nom de REPowerEU. Pourquoi cet intitulé anglophone ? On avait pourtant cru comprendre que la Grande-Bretagne avait repris son indépendance vis-à-vis des structures européennes. Il est donc à craindre que malgré le Brexit, l’Europe soit toujours sous influence anglo-saxonne. Dernier point, et pas des moindres : le dossier de l’immigration. Bienvenue, donc, aux réfugiés ukrainiens, mais également à tous les autres ; européens ou non.

À ce titre, il est étrange de voir cette dame se comporter comme si elle était seule matrone à bord, négligeant le fait qu’en Suède, en Hongrie, en Italie, en  et presque partout ailleurs en Europe, les Européens disent justement non à plus d’immigration. Mais de cela elle semble n’avoir cure. Faire l’Europe, oui. Mais surtout sans les Européens, semble-t-il.

Par Nicolas Gauthier le 15 septembre 2022

Boulevard Voltaire