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mardi 5 septembre 2023

Présidentielles : au secours, Édouard Philippe revient !



À peine Emmanuel Macron réélu, le bloc du centre et de la droite se cherche déjà un nouveau héraut pour l’élection présidentielle de 2027. Édouard Philippe serait, paraît-il, le nouvel élu... par les sondages seulement, en attendant que les électeurs confirment ou non leurs pronostics. À en croire celui publié dans l’édition dominicale du Parisien, l’ancien Premier ministre serait donc en tête des enquêtes d’opinion.

Ainsi séduirait-il 33 % des sondés, sur l’ensemble du corps électoral, contre 30 % pour Marine Le Pen. Quant aux sympathisants de droite, ils seraient 60 % à lui apporter leurs suffrages, contre 40 % à la même Marine Le Pen. Quoique tout cela puisse sembler un brin précipité – cette élection n’aura lieu que dans quatre ans –, on voit bien ce qui hante le sommeil du monde médiatico-politique : la possible arrivée au pouvoir de Marine Le Pen.

Tous obsédés par Marine Le Pen

David Doukhan, rédacteur en chef du service politique du Parisienaffirme ainsi : « Pendant ce temps, Marine Le Pen gagne du terrain, élection après élection. Et la gauche est pour l’instant dominée par La France insoumise dont le programme et la stratégie sont si clivants. Par conséquent, le centre droit, masse électorale modérée, importante et stable, est un enjeu décisif. Qui pour en devenir le champion ? »

Qui ? Édouard Philippe, pour les tenants d’une alliance allant du centre gauche à la droite. Ou encore Gérald Darmanin, pour ceux qui opteraient plutôt pour une union censée réunir la droite et le centre droit, sans négliger les électorats macroniste et zemmourien, tel que théorisé par Nicolas Sarkozy. Bref, cinquante nuances de macronisme, censées incarner un « bloc élitaire » ou « bourgeois » contre le « bloc populaire » des « laissés-pour-compte », histoire de reprendre la phraséologie mariniste.

Faire du neuf avec du vieux

Mais pour redonner vie à ce « bloc », encore faut-il faire semblant de faire du neuf avec du vieux. Ce qui paraît assez jouable pour le ministre de l’Intérieur, sorte de sous-Nicolas Sarkozy, en un peu moins distingué, et qui, dans ce sondage, n’attirerait que 17 % du corps électoral et 44 % des sympathisants de droite, l’est déjà nettement moins dans le cas d’Édouard Philippe.

Car l’homme censé incarner le nouvel espoir centriste n’est pas neuf : Jeanson-de-Sailly et ENA, avocat d’affaires pour des cabinets internationaux et membre éminent de la French-American Foundation, soit l’un de ces Young Leaders formatés par le soft power américain. L’un de ses camarades de promotion n'est autre qu'un certain Emmanuel Macron.

Le bon élève du système…

Politiquement, l'itinéraire de Philippe est tout aussi classique. Militant rocardien, il rallie Alain Juppé, devient l’un des membres fondateurs de l’UMP avant de faire un détour chez François Fillon, qu'il lâchera pour le même Emmanuel Macron.

Tenu pour faire partie du lobby nucléaire français, Édouard Philippe n’hésite pas, en tant que Premier ministre, à faire fermer la centrale de Fessenheim. Ce qui ne l’empêchera pas, en tant que maire du Havre, d’empêcher la fermeture d’une centrale à charbon en 2017. On n’oubliera pas, non plus, qu’il fut l’un des responsables de la jacquerie des gilets jaunes, s’entêtant à imposer la limitation à 80 km/h sur les routes nationales, à rebours de l’Élysée qui voyait en cette mesure un diktat vexatoire. La répression qui a suivi, avec ses cortèges d’yeux crevés et de mains arrachées, fut encore menée sous sa responsabilité. De même, entre autres titres de gloire, qu’une réforme avortée du système des retraites, en 2020, finalement adoptée au 49.3, précédant ainsi les coups de force d’Élisabeth Borne.

Le confinement lui permet encore de montrer toute l’étendue de sa versatilité. Le 13 mars de la même année, il assure, sur TF1, que « le port du masque est inutile en population générale », avant de se raviser. Tout comme il reconnaîtra avoir « évolué sur la question de la PMA », alors qu’il était contre, quelques années plus tôt.

Voilà donc celui qui serait le champion de la droite et du centre droit pour 2027 ! Ses électeurs se laisseront-ils plumer une fois de plus ?

Par Nicolas Gauthier le 4 septembre 2023

Boulevard Voltaire

mercredi 5 juillet 2023

Quand Macron assurait à Marine Le Pen qu’elle mettrait le feu aux cités…



Bien sûr que ce n’est pas chrétien de se moquer, mais quel mal y a-t-il à se faire du bien ? Aucun ; certains théologiens sont formels sur la question. Jean-Pierre Garraud, député RN au Parlement européen, paraît donc goûter ce genre de petits plaisirs lorsque tweetant : « Lors du débat de la présidentielle, Emmanuel Macron avait accusé Marine Le Pen de créer la guerre civile dans les cités si elle venait au pouvoir… Sauf qu’au bout des cent jours qu’il se donnait pour apaiser le pays, c’est le chaos. »

Un « petit plaisir », on vous dit, comme Amélie Poulain dégustant voluptueusement des framboises glissées au bout de ses doigts. Certes, l’ambiance est à tout, sauf à la rigolade ; et pourtant… Déjà, ces « cent jours »… Encore une idée fumeuse des conseillers de McKinsey, payés au prix du platine par ces technocrates, chauves de l’intérieur et désormais tous barbus, de l’Élysée, à n’en point douter. Car au bout de ces fameux « cent jours », et tant qu’à filer la métaphore napoléonienne, l’Empereur s’est tout de même fait repasser dans les grandes largeurs à Waterloo. La preuve en est que ce nom est celui d’une gare de Londres et pas de Paris ; au contraire de celle d’Austerlitz.

Bref, quand on veut faire dans l’Histoire, ce n’est pas plus mal d’ouvrir un manuel du genre avant de faire de même de sa grande bouche. On dit ça, justement, pour être chrétien. Emmanuel Macron, donc, avait assuré que si les Français portaient Marine Le Pen aux plus hautes fonctions, le « chaos » s’en trouverait illico garanti, un peu comme avec le contrat de confiance de Darty.

Certes, d’une femme à l’Élysée il n’y eut point. Dommage, les féministes auraient pu pavoiser. Mais il paraît, à les en croire, que Marine Le Pen ne serait pas « une vraie femme ». Ah bon ? Et à quelle étrange bête avons-nous affaire ? À une buse à poils blonds ? À un gnou du Finistère ? Un phacochère du Morbihan ? Ou peut-être, simplement, à une femme voyant un peu plus loin que le bout de son nez. Mais chez ces gens-là, ces choses ne se disent pas. On préfère demeurer dans l’entre-soi.

Bref, si cette dame manqua le rendez-vous de 2017 et 2022, le chaos, lui, y était, de gilets jaunes en émeutes urbaines, tout en n’oubliant pas les manifestations consécutives à la réforme des retraites. Résultat ? Emmanuel Macron, autoproclamé gardien des élégances républicaines et de l’ordre du même nom, a achevé de ridiculiser la nation en annulant la visite du roi Charles III d’Angleterre et en séchant une réunion officielle en Allemagne. Avait-il piscine, ces jours-là ? Non, il avait simplement chaos. Tandis que KO il demeure, si l’on en croit ces enquêtes d’opinion répétant inlassablement les mêmes courbes.

Et le sondage du Figaro Magazine de ce vendredi dernier de nous confirmer que, hormis Édouard Philippe, l’imam caché de cette droite donnée pour être de gouvernement (40 %), Marine Le Pen et Jordan Bardella grimpent sur le podium avec, respectivement, et 34 % et 27 % d’opinions favorables. Et comme un petit bonheur coupable n’arrive jamais seul, on notera qu’une autre Marine, Tondelier celle-là, matrone de EELV, dégringole dans les sous-sols du Top 50, avec 4 % de jugements positifs.

Conclusion ? Il fut longtemps reproché à Marine Le Pen de ne pas avoir été à la hauteur de ses deux débats présidentiels d’entre-deux-tours. Mais que dire d’Emmanuel Macron ? Rien. Car là, si l’on disait, ce ne serait vraiment pas chrétien.

Par Nicolas Gauthier le 5 juillet 2023

Boulevard Voltaire

mardi 4 juillet 2023

Pour l’Oscar de l’hypocrisie d’État, the winner is… François Hollande



L’oracle François Hollande a parlé. Jadis, en 1798, Napoléon affirmait à ses soldats, lors de son équipée égyptienne : « Songez que, du haut de ces pyramides, quarante siècles d’Histoire vous contemplent. » L’ancien Président est, certes, plus modeste : il commente sur LCI, ce 2 juillet, l’actualité immédiate du haut d'un seul quinquennat. Soit toute la différence entre Gizeh (le plateau où se dressent les trois grandes pyramides d'Égypte) et un simple tabouret.

À l’en croire, les émeutes qui embrasent le pays ne relèvent en rien d’un « problème d’immigration », puisque sont à l'œuvre « des enfants de troisième, quatrième et cinquième génération ». Des « enfants » indubitablement efficaces, à en juger des ravages causés. Même s'ils bénéficient de papiers français, leurs origines nous ramènent malgré tout à ce même « problème d’immigration ».

La mémoire courte ?

Dans une autre vie, pas si lointaine, celle où il (p)résidait à l’Élysée, le mari de Julie Gayet était autrement plus prolixe sur la question : « Quand on lit Finkielkraut, Zemmour, Houellebecq, qu’est-ce que ça charrie ?, demandait-il, selon les auteurs Davet et Lhomme du livre Un Président ne devrait pas dire ça... (Stock). Toujours la même chose, la chrétienté, l’Histoire, l’identité face à un monde arabo-musulman qui vient… C’est ça qui fait que les gens basculent, ce n’est pas parce qu’ils ont perdu 3 % de pouvoir d’achat ou parce qu’ils sont chômeurs. Il y a des choses qui les taraudent, ils arrivent dans un train, ils voient des barbus, des gens qui lisent le Coran, des femmes voilées… » Sortant de la traditionnelle réserve qu’aurait pu lui imposer sa fonction d’alors, il persistait et signait, oubliant peut-être de se relire au passage. Florilège.

À propos du seuil de tolérance en matière migratoire ? « Je pense qu’il y a trop d’arrivées, d’immigration qui ne devrait pas être là. »

De notre équipe de football ? « Elle est en proie à une communautarisation, une segmentation, une ethnicisation. »

De l’intégration des jeunes immigrés ou enfants d’immigrés à l’école ? « C’est Sisyphe ! On les fait parler français, et puis arrive un autre groupe, et il faut tout recommencer. Ça ne s’arrête jamais […]. Donc, il faut à un moment que ça s’arrête. »

Du voile ? Un « asservissement ». De l’islam ? « Qu’il y ait un problème avec l’islam, c’est vrai. Nul n’en doute. »

Et quant à l’immigration en général, la sentence tombe, aussi glaciale que le couperet d’une guillotine : « On ne peut pas continuer à avoir des migrants qui arrivent sans contrôle, dans le contexte en plus des attentats. » Et le même de prédire, dès 2016 : « Comment peut-on éviter la partition ? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition. » Pour un chauve précoce, voilà qui décoiffe.

Docteur François et Mister Hollande ? Il y a de ça. Dédoublement de personnalité du genre schizophrène ? Il n’est pas illicite de l’imaginer. Surtout quand le même préconise comme remèdes tous ceux ayant échoué des décennies durant : « C’est bien notre modèle social, notre modèle républicain qu’il faut de nouveau approfondir », dit-il.

Le modèle républicain comme mantra

Hormis le fait qu’à force d’approfondir notre modèle social, on finira un jour ou l’autre par trouver du pétrole, qu’est-ce, exactement, que ce fameux « modèle républicain », transformé en véritable mantra ? De manière plus ou moins officieuse, il repose sur l’assimilation et la méritocratie. Depuis longtemps, tout cela semble avoir été jeté aux orties par les gouvernements de droite comme de gauche s’étant succédé au pouvoir. Hier, le « modèle républicain », c’était : « Si vous venez ici, on fera de vous un Français. » Aujourd’hui, ce serait plutôt celui de McDonald’s : « Venez comme vous êtes ! » Et faites comme bon vous semble…

La gauche a consciencieusement saccagé tout ce qui fut autrefois à mettre à son crédit : l’ascenseur social et la fin de la reproduction consanguine des élites en place. Pour, désormais, reproduire les mêmes schémas. Un seul exemple ? Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, qui entend fermer les écoles préparatoires, trop élitistes, mais qui - on n’est jamais trop prudent - inscrit ses propres enfants à l’École alsacienne, l’établissement le plus élitaire qui soit.

De tout cela, François Hollande ne dit évidemment rien. Logique : quel voleur se vanterait publiquement de ses propres larcins ?

Par Nicolas Gauthier le 3 juillet 2023

Boulevard Voltaire

mardi 6 juin 2023

De la défense du capitaine Dreyfus à celle des zadistes : ça baisse, à la LDH !



On ne saurait évidemment limiter la politique aux tweets. Mais il y en a de révélateurs, tel celui de la Ligue des droits de l’homme, ce 4 juin : « La criminalisation croissante des militants écologistes est une dérive grave, écrit l'organisme. C'est la responsabilité de celles et ceux qui menacent nos conditions de subsistance et mettent ainsi en danger l’exercice de nos droits & libertés qui devrait être mise en cause. »

Certains hommes politiques, même donnés pour « progressistes », tel Emmanuel Macron, évoquent la « décivilisation » de notre société, tandis que d’autres - Éric Zemmour, pour ne citer que lui - assurent que c’était « mieux avant ». Les deux n’ont pas forcément tort et la LDH tendrait à leur donner raison. Car cette noble institution, fondée en 1898 et dont l’objet social consistait à défendre « l’homme » (vocable singulièrement « genré », en cette époque de libéralisme avancé), aurait maintenant un peu de mou dans la corde à nœuds.

À l’époque, il s’agissait de défendre une classe ouvrière généralement maltraitée et des droits de l'homme souvent bafoués. À croire que la Révolution française est passée par là. Et, tandis que les bourgeois républicains à rouflaquettes s’agitaient, le Vatican et sa doctrine sociale de l’Église tentaient de réparer les injustices dont le peuple était la victime. Passons.

L’heure de gloire de la Ligue des droits de l’homme ? L’affaire Dreyfus, il va de soi. Une sorte de rente à vie. Un peu comme Patrick Hernandez et son « Born to Be Alive » (1978), qui lui permet encore de vivre grassement de ses droits d’auteur. Pour la LDH, ce serait plutôt l’argent public. Et depuis ? Une lente descente aux enfers, l’amenant aujourd'hui à défendre tout et n’importe quoi. Quitte à ruiner le peu qui pouvait lui demeurer d’autorité morale et à contredire l'objet social d’origine.

Ainsi, historiquement très en pointe contre les guerres coloniales, la LDH stigmatise aujourd’hui la politique d’un État pourtant souverain, la Tunisie, dès lors qu’elle entend mettre en place sa propre politique. Résultat ? Un assez joli triple salto arrière néo-colonialiste, quand la Ligue des droits de l’homme dénonce le racisme des Arabes contre les Noirs, ce 2 juin : « Depuis l’automne dernier, il règne en Tunisie un climat de haine et d’hostilité envers les étrangers et, particulièrement, les Subsahariens qui y résident. »

Cela signifierait donc que ce pays, débarrassé du mandat français le 20 mars 1956, n’aurait plus le droit de décider qui a le droit ou non de résider sur son territoire ? Que les droits de l’homme ne concerneraient pas forcément l’homme tunisien ? Dans la foulée, entretenant l’amalgame entre « colonisés » et « colonisateurs », et pas à une contradiction près, la LDH confond les « agresseurs » et les « agressés ». D’un côté, des factieux écologistes et, de l’autre, les policiers chargés de faire respecter « l’ordre républicain ».

Si l’on était malicieux, on rappellerait à cette ligue de vertu que les zadistes sont souvent enfants de la bourgeoisie et les CRS fréquemment issus de la classe ouvrière. Mais il est vrai que la LDH s’est depuis longtemps désintéressée de la question sociale. Une imposture de plus. Ce n’est pas la première, sachant que cette œuvre caritative procède d’une sorte d’antériorité dans la forfaiture. Rappelons que trois, au moins, de ses illustres membres - Gaston Bergery, Léon Émery ou Félicien Challaye - sont devenus les premiers collaborateurs de l’Allemagne nazie.

Quand on veut grimper au cocotier, faut-il au moins avoir la culotte propre.

Par Nicolas Gauthier le 5 juin 2023

Boulevard Voltaire

mercredi 24 mai 2023

Panique médiatique ? Marine Le Pen et Bardella caracolent dans les sondages…



À quoi ça sert que les autorités morales se décarcassent, si c’est pour voir Marine Le Pen continuer de caracoler dans les sondages ? À croire que la reductio ad hitlerum puisse désormais faire figure de 78 tours rayé à force d’avoir été trop longtemps passé sur un Teppaz rouillé, soit ce « théâtre », naguère dénoncé par un certain Lionel Jospin.

D’où ce sondage Viavoice selon lequel Marine Le Pen serait considérée par 33 % des Français comme « l’une des personnalités les plus compétentes de la scène politique française. » Ce qui lui vaut une deuxième place, juste derrière Édouard Philippe, qui convaincrait 44 % des sondés. Édouard qui ? Si, si, rappelez-vous. Celui qui fut le Premier ministre d’Emmanuel Macron, il y a quelques années ; lequel Macron descend au passage à seulement 27 % d’opinions positives quant à sa « compétence ».

Il est évidemment licite de se poser quelques questions sur l’insolente bonne santé sondagière du maire du Havre, tant il peut évoquer d’autres champions en matière de popularité, mais qui échouèrent immanquablement à transformer l’essai dans les urnes. Pêle-mêle, Bernard Kouchner, Nicolas Hulot ou Simone Veil. Le premier ne parvint jamais à se faire élire député. Le deuxième était plus plausible lorsque affolant d’autres courbes, celles de l’Audimat. Quant à la troisième, ayant voulu se lancer sous ses propres couleurs, lors des élections européennes de 1989. Elle pronostiquait alors, forte de ces mêmes sondages flatteurs, pouvoir réaliser un résultat à deux chiffres. Bingo ! Il fut même à trois chiffres : 8,43%. Sauf qu’il y avait une virgule après le 8, tandis que Jean-Marie Le Pen confortait ses positions d’alors, avec 11,73 % des suffrages exprimés.

Tout ça pour rappeler que la cote d’Édouard Philippe peut paraître, sans faire offense à sa personne, singulièrement décalée quant aux réalités politiques du pays. Qui d'ailleurs connaît son parti, Horizons ? Et si peu de Français connaissent la nature de son projet pour la France ; en admettant toutefois qu’il en ait un.

Bref, un sondage, à l’instar de l’hirondelle, ne suffit pas à faire le printemps. Mais des sondages qui se suivent et se répètent, ça finit malgré tout par signifier quelque chose : une dynamique, par exemple, ascendante ou descendante. À ce titre, Marine Le Pen serait plutôt dans la première de ces deux configurations, elle dont l’accession à l’Élysée serait aussi tenue pour « bonne nouvelle » par 29 % des sondés.

Une position que vient encore renforcer un autre sondage commandé par Paris Match à Ifop. Lequel ne fait que confirmer la montée en puissance de Jordan Bardella, le jeune président du Rassemblement national, dont la cote de popularité égale presque celle de Marine Le Pen.

De quoi permettre à nos confrères d’alimenter la possibilité d’éventuelles rivalités internes, sur le thème : Marine a tué le père, Jordan fera-t-il de même de sa mère ? La question peut être posée, mais ne paraît pas tout à fait d’actualité, Jordan Bardella connaissant mieux que quiconque le destin électoral réservé à ceux ayant imaginé pouvoir faire mieux que le RN, de Philippe de Villiers à Charles Millon, de Bruno Mégret à Éric Zemmour. Il n’est donc pas incongru de parier sur son intelligence politique, si ce n’est son intelligence tout court.

Ce d’autant plus que ces deux vedettes, à en croire Ifop, seraient plus complémentaires qu’antagonistes. Car si Marine Le Pen, avec 36 % d’opinions favorables, devance Jordan Bardella (31 %), dans l’ensemble de la population tout en faisant jeu égal (29 %) chez l’électorat mélenchoniste, ce dernier prend l’avantage chez les électeurs socialistes (33 % contre 27 %), écologistes (30 % contre 24 %) et zemmouristes (68 % contre 29 %). En revanche, la tendance s’inverse chez le traditionnel électorat lepéniste : 68 % pour l’une et 29 % pour l’autre.

Pareillement, si Marine Le Pen enregistre ses plus hauts taux de confiance dans les catégories populaires (44 % contre 24 %), Jordan Bardella réussit une percée chez les diplômés de l’enseignement supérieur, catégorie jusque-là rétive au RN : 39 % contre 28 %. Bref, des jeunes aux vieux, des riches aux pauvres, à droite comme à gauche, la tenaille n’en finit plus de se refermer.

Par Nicolas Gauthier le 24 mai 2023

Boulevard Voltaire


jeudi 18 mai 2023

Agression d’un petit-neveu des Macron : et celles contre la famille Le Pen ?



Il n’aura échappé à personne qu’en France, la violence gagne du terrain. Ainsi, Jean-Baptiste Trogneux, petit-neveu de la première dame de l’Élysée, a-t-il été roué de coups par huit personnes, ce lundi 15 mai, devant la chocolaterie familiale d’Amiens, alors qu’Emmanuel Macron achevait sa causerie télévisée de TF1.

Bien sûr, les versions divergent, tel que résumé par BFM TV. Pour son père, Jean-Baptiste Trogneux : « Ils l’ont jeté au sol et l’ont tabassé. […] Ses blessures nécessitent de passer un scanner cérébral. Il a une commotion, plusieurs doigts abîmés, des côtes cassées. »

Pour les agresseurs, le récit est évidemment tout autre : « On l’a défendu et lui est parti porter plainte directement au commissariat pour violences, des coups de poing, des coups de pied. […] Le neveu de Brigitte Macron a bousculé notre camarade, on est venus pour séparer et quand on est repartis il y a la voiture de la BAC qui est venue. » Bref, la Justice tranchera. Elle a déjà tranché. Quatre des protagonistes seront jugés et quatre autres viennent d’être remis en liberté sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre eux.

Au fait, qui sont les quatre personnes incriminées, trois hommes et une adolescente de seize ans qui devrait être tôt déférée devant le juge des enfants ? Toujours selon la même source, « deux sont connues des autorités avec des antécédents judiciaires, une autre est connue du renseignement territorial ». Mieux : ces trois hommes seraient des « majeurs protégés », deux sous curatelle, un sous tutelle.

Leurs motivations ? Elles sont évidemment des plus floues. Pour l’un, « ça n’est pas parce que c’est le neveu de Brigitte Macron qu’il faut le défendre. On vit dans une drôle de France, il faut se réveiller. » Pour les deux autres, « on ne peut pas rester comme ça, surtout avec un Président qui ne nous écoute pas. […] Il faut faire un Mai 68. » Pour les trois : « Emmanuel Macron devrait démissionner, parce que là, ça va partir en vrille, toute la France va se révolter. À Paris, c’est chaud, dans les autres villes, aussi. Là, on se fait bien entendre, on va se faire entendre encore plus. En tout cas, on est là, on ne lâche rien. »

Pour revenir à de tels degrés de violence politique, faut-il au moins remonter aux années 70. Avant les Black Blocs, les autonomes. Des manifestations qui pouvaient vite dégénérer. Il y avait Action directe, qui n’hésitait pas à tuer. L’extrême gauche atteignait ces niveaux de sauvagerie que l’on retrouve aujourd’hui. L’extrême droite n’était pas, non plus, en reste. Le 9 mars 1971, le meeting parisien d’Ordre nouveau, au Palais des sports, est attaqué par tout ce que la capitale compte de gauchistes. Pas de morts mais des blessés graves par dizaines. Deux ans plus tard, le 21 juin 1973, un autre meeting, tenu salle de la Mutualité et consacré à « l’immigration sauvage », est à son tour pris d’assaut. La violence est telle qu’une semaine plus tard, Ordre nouveau et la Ligue communiste sont dissous par le ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin. Une dizaine d’années avant, l’OAS tentait à plusieurs reprises d’assassiner le général de Gaulle. Rien de bien neuf sous le soleil, donc.

Très logiquement, la classe politique est, pour une fois, unanime à dénoncer l’affaire. Pour Éric Ciotti, patron des LR : « Oui au débat démocratique, non à la violence et à la terreur. » Chez les Insoumis, même son de cloche. Alexis Corbière : « Aucune violence contre les personnes n’est acceptable. » Et Jean-Luc Mélenchon d’ajouter, mais à sa manière : « Des commentateurs indifférents aux tentatives de meurtre et agressions racistes me somment de me prononcer sur l’agression à Amiens contre le chocolatier Trogneux. Je lui exprime ma compassion et je joins ma protestation à la sienne. Je demande à Macron et Madame d’en faire autant pour nos amis agressés ou menacés. » Lesquels ? L’histoire ne le dit pas.

Marine Le Pen est probablement plus convaincante, qui exige que les « agresseurs soient très sévèrement sanctionnés par la Justice », tout en remarquant : « J’ai été moi-même, pendant de très nombreuses années, victime, avec ma famille, de violences, de menaces, sans qu’à l’époque ça ne suscite d’indignation. […] Je développe une indignation pour l’ensemble de ces actes, quel que soit le parti que cela touche. »

Pas faux, tout comme il est aussi légitime de s’interroger sur le chaos semé par Emmanuel Macron alors qu’il assurait que ce dernier surviendrait si Marine Le Pen était élue à sa place.

Par Nicolas Gauthier le 17 mai 2023

Boulevard Voltaire