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lundi 27 février 2023

Vaincre ou mourir contre Slava Ukraini, chef-d’œuvre de BHL : victoire des Vendéens par KO !



Les chiffres sont cruels et les faits têtus. Ainsi, la surprise du box-office de ces dernières semaines demeure . Le film de Vincent Mottez et Paul Mignot, produit par Le Puy du Fou, en seulement quatre semaines a déjà écoulé 288.754 tickets. Un résultat inattendu pour un film à faible budget, sans grandes stars et précédé par des critiques plus que défavorables, quand il ne s’agissait pas tout simplement d'un véritable lynchage médiatique. Seulement voilà, le public en a décidé autrement.

Et Vaincre ou mourir en arrive même à largement dominer un autre film, Tár, de Todd Field, donné pour grand favori à la prochaine cérémonie des Oscars™, avec 107.762 entrées en première semaine, contre 98.869 pour ce film pourtant porté au pinacle par la presse. Un public décidément cabochard, qui s’est montré encore plus sévère vis-à-vis de la dernière œuvre de Bernard-Henri Lévy, , que la critique avait plus que chaleureusement saluée.

D’où ce tweet rigolard de l’avocat Gilbert Collard, passé du  à Reconquête :

Mais Bernard-Henri Lévy a l’habitude de voir ses films quitter l’affiche avant même que la colle n’ait fini de sécher. Le succès du film tourné par le duo Mottez et Mignot est une surprise, la dégringolade de celui de BHL pas vraiment.

Les précédents films de notre brillant philosophe n'ont pas affolé le box-office : 1.475 spectateurs pour Le Serment de Tobrouk (2012), 3.567 entrées pour Pershmerga (2016). En comparaison, Le Jour et la Nuit et ses 73.147 tickets vendus en 1997 peuvent faire figure de triomphe, même si la chose est à l’époque qualifiée par Les Cahiers du cinéma de « plus mauvais film français depuis 1945 ». Et le cinéaste Claude Chabrol d’ajouter, malicieux : « Là, c’est très intéressant, comme cas. C’était très mauvais. Je connais un peu Bernard-Henri Lévy parce que nous étions ensemble à l’avance sur recettes. Il est loin d’être bête. Il est intelligent et même subtil. Mais il a fait le film le plus con de l’année. Le plus grave, c’est que tout le monde le lui a dit mais il refuse de le croire. Il pense qu’il est en avance. L’auteur de L’Invasion des tomates géantes pensait peut-être qu’il était un génie, mais il ne l’a jamais dit. »

Il est vrai que les dialogues entre un Alain Delon endormi, une Arielle Dombasle évaporée et un Karl Zéro survolté font partie de ces expérimentations sensorielles qu’il faut avoir vécu au moins une fois dans sa vie. Elles sont dignes des échanges entre un professeur Tournesol et un capitaine Haddock sous acide. Delon en montgolfière : « On est vraiment mieux dans le ciel que sur terre. » Dombasle : « Je viens de croiser le prêtre du village et il avait l’air bizarre, pas comme les autres prêtres. » Zéro : « Qu’est-ce que vous voulez que ça me foute ? » Excellente question, en effet.

À croire qu’il peut encore et toujours exister un cinéma légal et un cinéma réel. En attendant, les Ukrainiens ont sûrement assez à faire avec leurs ennemis pour s’encombrer de tels amis.

Par Nicolas Gauthier le 27 février 2023

Boulevard Voltaire

Ukraine : La guerre des mondes ? – Laurent Henninger dans Le Samedi Politique le 26 février 2023

jeudi 23 février 2023

Un an après, quel bilan tirer de la guerre en Ukraine ? - Eric Denécé et Bernard Wicht sur Radio Courtoisie le 23 février 2023

 

Jacques Baud : “Le renseignement est un outil de propagande sur l’Ukraine”, Omerta le 23 février 2023

 

Les Européens, dindons de la farce ! La France farcie en priorité ! (3)



Les Etats-Unis, même s’ils perdent à nouveau cette guerre, auront accentué leur mainmise sur l’Europe. La Russie semble résiliente, mais on peut être surpris par ses résultats militaires à défaut de s’en réjouir ainsi que de ses pertes humaines comme le font sans vergogne la plupart de nos médias, parmi lesquels des champions de la désinformation comme LCI, BFM ou le service prétendument public, sans compter la presse écrite et ses commissaires politiques, ses inquisiteurs propriétaires du bien et volontiers censeurs. L’explication en est simple : la Russie n’affronte pas l’Ukraine mais l’OTAN, c’est-à-dire les Etats-Unis, leurs satellites, aux deux sens du terme, et contrairement aux mensonges diffusés à foison, elle essaie de réduire ses pertes au minimum. 

En revanche, son économie n’a pas été détruite comme le prophétisait la baudruche pontifiante qui siège à Bercy. Cela tient à l’effet boomerang des sanctions qui ont poussé les prix et permis à la Russie d’augmenter ses recettes alors qu’elle diminuait ses exportations. Mais cela résulte également du surgissement d’une réalité que l’Occident voulait ne pas voir. L’Occident, riche et progressiste, donneur de leçons, l’Occident qui bat sa coulpe sur la colonisation et l’esclavage en croyant en être pardonné, l’Occident, l’ancien colonisateur européen, et le nouveau, l’impérialisme américain, excitent l’envie et le ressentiment, suscitent une volonté de revanche dans les pays émergents qui ne le craignent plus, mais reniflent le parfum de sa décadence. C’est la Chine dans les bras de laquelle on a poussé la Russie qui a une si longue et si périlleuse frontière avec elle ; c’est l’Inde qui achète massivement son pétrole et nous le revend ; C’est la Turquie ambiguë ; C’est l’Amérique latine qui vire à gauche et rêve de se détacher de l’oncle Sam ; c’est l’Afrique du Sud qui se souvient du soutien de Moscou à la lutte contre l’apartheid ; c’est l’Arabie Saoudite qui se libère de sa dépendance ; C’est l’Afrique noire en général, mais aussi le monde arabe ou l’Iran qui sans le dire voient davantage leur champion dans la Russie que dans “l’Occident” auquel elle tient tête. Le souvenir de la lutte anticoloniale joue certes un rôle, mais le conservatisme russe, identitaire et sociétal, face au mondialisme individualiste insufflé par la caste privilégiée des pays riches, participe sans doute de cette sympathie inavouée. 

La France est la première victime de ce glissement mondial : cobelligérante en Ukraine au profit de laquelle elle se dépouille d’armes dont elle n’a doté son armée qu’avec parcimonie, elle se fait chasser de manière humiliante par les pays auxquels elle apportait son aide, notamment militaire, pour lesquels ses soldats ont offert leur vie. Ce sont les drapeaux russes qui remplacent les français, et l’on devrait accepter que des gouvernants qui ont engager notre pays dans une telle impasse ne soient pas coupables de trahison ? Comme l’écrivait Chateaubriand : ” l’ambition dont on a n’a pas les talents est un crime”. Voir notre énarque-banquier passer des troupes en revue alors qu’il a soigneusement évité le service militaire relève de l’imposture !

Les Européens vont-ils pressentir la catastrophe, la mise sur la touche de leur vieux continent qui avait conquis le monde il y a un peu plus d’un siècle, son appauvrissement, le remplacement de sa population, la disparition de sa civilisation ? La guerre en Ukraine est l’affrontement de deux colonisateurs qui ont eu l’intelligence et l’opportunité de s’agrandir dans la continuité de leur territoire et en marginalisant les peuples qui habitaient les terres conquises. Ils ont ensuite combattu les colonisations des autres, et les ont parfois remplacés. Le premier utilise les Européens sans vergogne, le second semble les affronter alors qu’il possède l’espace nécessaire à leur avenir. Peut-on se tromper plus lourdement, sans trahir, en préférant le premier au second ? Il faut couper le tuyau de la moraline à sens unique, hypocrite et fallacieuse, prendre conscience de la réalité des forces qui agissent dans le monde, et tenter d’y sauvegarder la place de la France pour sauver le destin du peuple français. 

Il faut aussi se défaire de l’illusion de “L’ami américain”, selon l’excellent titre en antiphrase d’Eric Branca : les dirigeants américains, les démocrates surtout, ont au moins depuis 1940 une piètre opinion de la France, un pion parfois récalcitrant en tout et pour tout. Les Etats-Unis comme tous les Etats n’ont pas d’amis, mais des intérêts, et ces derniers ne se confondent pas avec les nôtres. Résister à leur emprise sur l’Europe, au besoin en pratiquant la bonne et vieille alliance de revers qui a tant servi à la France contre les Empires qui la menaçaient : telle serait l’attitude salvatrice à laquelle l’énarque-banquier mondialiste qui préside à nos destinées tourne le dos. 

C’était l’esprit du gaullisme. Est-il maintenant trop tard ? (fin)

Par Christian Vanneste le 21 février 2023

Le blog de Christian Vanneste

mercredi 22 février 2023

Il sort un film, Slava Ukraini : hommage à BHL, infatigable avocat des causes gagnées



Il est comme cela, Bernard-Henri Lévy. Et on finira peut-être par l’aimer, tant il persiste, contre vents et marées, contre le ridicule et les moqueries, malgré l’échec de ses livres et de ses films, à vouloir séduire les Français. Il y a, chez cet homme convaincu, comme tout bon soixante-huitard, que la jeunesse lui appartient définitivement, quelque chose de touchant à force d’être pathétique. On a envie de le cajoler, de le prendre par l’épaule. De lui dire, allez, stop, arrête ! Laisse la place aux autres, à ceux qui combattent pour leurs idées et pas seulement pour leur ego. On t’aime bien, tu fais maintenant partie du paysage, comme une éolienne contre laquelle on aurait pétitionné mais à laquelle on se serait finalement habitué. Une hélice orgueilleuse, bruyante, un peu trop bien dessinée, un peu trop design, toujours orientée dans le sens du vent et finalement inoffensive.  sortira, le 22 février, un film sur la résistance de l', Slava Ukraini. On pourrait rêver d'une ode patriotique, d'une conversion subite de ce mondialiste échevelé aux vertus de la patrie. Hélas, rien ne l'annonce.

Cela fait si longtemps que le « nouveau » philosophe part à l’assaut des projecteurs, se dresse contre l’injustice, jamais en retard d’un combat consensuel. Encore un peu de lumière, Monsieur le bourreau ! Il a cela de rassurant et de sympathique, , qu’il ne change pas. Ses cheveux dont il a fait un emblème ont à peine grisonné. Dans Le Journal du dimanche, assis sur le lit superposé d'une chambrée sur la base navale ukrainienne d’Otchakiv, il prend des notes, l’éternelle chemise blanche ouverte sur un tee-shirt sombre, barbe de trois jours, parfaitement peigné en arrière sous le regard préoccupé d’un très jeune militaire. La pause avant la cause.

C’est l’anti-James Bond : sauver le monde, oui, mais après avoir évité une cuisante disparition médiatique. Dieu sait pourquoi, les Français n’écoutent plus ce vrai-faux prophète extralucide. Question révélatrice de  dans l’article que lui consacre l’écrivain Christine Angot dans Le Journal du dimanche : « Vous croyez que ces gens vont finir par m’aimer un peu ? »

« Ces gens », c’est vous, nous, les Français, les habitants de l’Hexagone et peut-être d’ailleurs. On ne l’aime pas, il le sait. « Moi, le nanti », avait-il lancé à Angot. La vie est injuste. Comment « ces gens » peuvent-ils lui faire le reproche d’être né riche, beau et intelligent ? De mettre ses qualités, son sens du timing, de l’image et de la publicité au service des causes les plus médiatiques ? C’est que la pièce a été un peu trop jouée, l’acteur en fait trop, les ficelles sont les mêmes. Cet auteur célèbre mais qui ne vend plus, cet acteur connu comme le loup blanc mais qui ne fait plus d’entrées passe désormais pour ce qu’il est : un gentil mannequin de paille désarticulé, abîmé dans l’admiration de lui-même. Il est le seul à croire encore à son génie mais il n’en démord pas. Ah, s’il avait mis autant d’acharnement à soutenir des causes humbles et difficiles ! Celle des agriculteurs, des petites retraites, des Français chassés des banlieues islamisées, des professeurs assassinés, des policiers qui tentent de contenir l’émeute, des ouvriers abandonnés. Ca ne manquait pas, les belles causes désintéressées. Il s’est contenté de mettre de côté le beurre de l’admiration populaire et l’argent du beurre du confort intellectuel, le politiquement correct et le confort bourgeois, la gloire facile et l’admiration de soi-même. N’est pas Hemingway qui veut. N’est pas Bernanos qui veut. Il y faut du courage.  a préféré hurler avec les loups, toujours du côté du manche. 

La sanction est tombée depuis longtemps. « Ces gens » préfèrent à l’ancien « nouveau philosophe » des plumes un peu plus tranchantes, un peu plus courageuses, un peu plus lucides, sans parler du talent : Houellebecq, Onfray, Finkielkraut, Zemmour, la tête brûlée Sylvain Tesson et bien d’autres. Il finira peut-être par gagner l'affection qu'on porte instinctivement aux vaincus.

Par Marc Baudriller le 22 février 2023

Boulevard Voltaire

La guerre en Ukraine et la gestation pour autrui d’un «peuple européen»



Née comme un marché garanti par une instance juridique supranationale, l’Union Européenne aurait construit une « démocratie libérale » qui, pour reprendre la formule de Hayek, est d’abord « une protection constitutionnelle du capitalisme ». Le baume du doux commerce, censé porter à la paix, est administré au besoin par la force, pour ceux qui en douteraient.

Le populisme, voilà l’ennemi!

Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne, avait parfaitement résumé l’axiome principal du projet européen en déclarant qu’il ne pouvait « y avoir de choix démocratique contre les traités européens ». C’est que l’Europe a été originairement conçue comme un double monde [1] devant être mis à l’abri de la volonté des peuples et des aléas du politique. C’est pourquoi, en toute logique, en 2005, les votations populaires défavorables au traité établissant une constitution pour l’Europe furent tenues pour nulles et non avenues. On les appela manifestations de populisme, mot-valise qui regroupe désormais l’ensemble des valeurs anti-européennes telles que les définissent par défaut les juristes depuis des décennies. Si « l’Europe, c’est la paix », comme on ne cesse de nous le répéter, alors, toujours plus d’Europe, c’est toujours plus de paix. Rien ne doit donc venir en troubler le cours, et surtout pas des sursauts hostiles de souverainisme.

Le lapsus de Madame Baerbock

Or, comment une telle construction politique peut-elle aujourd’hui redoubler de bellicisme, au point, pour ses dirigeants et ceux des Etats membres, de passer à l’unisson d’un discours de soutien à l’Ukraine à celui d’une quasi-déclaration de guerre à la Russie sur le registre civilisationnel ? Fin janvier, la ministre verte des Affaires étrangères de l’Allemagne, Annalena Baerbock, ne s’est pas embarrassée des précautions de langage pourtant bien faibles de Madame von der Leyen pour définir l’orientation européenne : « nous menons une guerre contre la Russie et non les uns contre les autres ». Quelques jours plus tard, M. Macron assurait M. Zelensky de « sa détermination à accompagner l’Ukraine vers la victoire »… Comment interpréter le fait que l’Union Européenne, si attachée à la paix, ait ainsi renoué avec une conception du politique défini par le couple ami/ennemi, selon les catégories du juriste nazi Carl Schmitt ?

Motivations cachées

On peut évidemment l’expliquer par l’alignement servile sur les exigences otaniennes et américaines dans un conflit qui apparaît de plus en plus comme opposant, depuis le début, les États-Unis à la Russie. Mais il est légitime de s’interroger sur des motivations qui iraient au-delà des exigences du protectorat américain et qui relèveraient d’ambitions proprement européennes. Ne serait-ce pas là l’occasion pour l’Union Européenne de surmonter la crise qui la mine depuis 2008 et de renforcer des liens qui se distendent de plus en plus entre les pays du nord de l’Europe et ceux du sud, entre ceux de l’ouest et ceux de l’est ? Comment ? En fédérant – du moins l’espère-t-on -, au prix d’une russophobie délirante et d’un discours de guerre doublé de livraisons massives d’armement, les opinions publiques des États membres ; en construisant par le haut une opinion publique européenne à part entière qui serait le prélude à l’éclosion de ce peuple européen faisant défaut à l’Union Européenne, seul gage de sa survie comme entité politique.

Drôle d’aubaine

La guerre en Ukraine se présente alors, de ce point de vue, comme une aubaine pour les dirigeants de l’Union Européenne, et non pas seulement parce qu’elle permet de distraire les opinions publiques des problèmes sociaux et économiques qui gangrènent les États membres. Elle apparaît aussi comme une ruse de l’histoire dont on ne serait pas dupe et dont on pourrait utilement tirer parti. Voilà qui peut expliquer l’engouement démesuré des dirigeants européens à vouloir que cette guerre aille à son terme, malgré les mises en garde de plus en plus nombreuses des spécialistes de l’art militaire. Mais n’est-elle pas une guerre juste, en défense de « nos valeurs », comme n’a de cesse de le marteler la propagande médiatique ? Voilà pour le volet moral. Qu’elle serve par ailleurs, croit-on, nos intérêts, est un heureux effet de la providence. Voilà pour le volet machiavélique. Car elle pourra sûrement, indépendamment même de son issue, être une ressource afin de forger une véritable patrie européenne, un authentique peuple européen… S’engager dans cette guerre relèverait ainsi, pour l’Europe, de ce que les anciens Grecs nommaient le Kairos (faire le bon acte au bon moment). Cette guerre arriverait à point nommé. C’est que « toute politique se réduit à faire de l’escompte ou du report de puissance, écrivait Paul Valéry. La guerre liquide enfin ces positions, exige la présence et le versement des forces vraies, éprouve les cœurs, ouvre les coffres, oppose le fait à l’idée, les résultats aux renommées, l’accident aux prévisions, la mort aux phrases ».

La fin des nationalismes étroits, la naissance d’un peuple européen

« Polemos est père de toutes choses », disait Héraclite. Aussi peut-on penser que pour les dirigeants de l’Union Européenne le temps est venu d’honorer le père, comme il en va d’une nécessité. Que Polemos engrosse enfin la déesse Europe et qu’elle accouche de ce demos européen que l’union stérile du marché et du droit n’a jamais pu enfanter. Mais que la maïeutique est cynique et brutale ! Car dans les faits, il revient au seul peuple ukrainien, sorte de peuple élu malgré lui aux fins d’assurer la consolidation politique de l’Union Européenne, d’instituer symboliquement et d’incarner ce peuple européen naissant, puisque ce sont les soldats ukrainiens qui meurent « pour nos valeurs ». Pour ces soldats il n’y a pourtant rien de symbolique dans tout cela : seulement du sang, des souffrances et de la mort ; ce que nous, précisément, nous ne supportons plus. Qui donc irait mourir pour « nos valeurs » ? Que d’autres nous représentent – ah ! les immenses ressources du gouvernement représentatif et de la politique par procuration – sur le champ de bataille, que d’autres meurent pour notre patrie immatérielle, voilà un opportun ordre des choses. Mais qui se soucie de savoir si ces soldats connaissent ceux qu’ils saluent lorsqu’ils vont mourir ? Savent-ils qu’ils meurent pour le drapeau européen, qui n’est pas encore le leur mais qui leur est promis comme une récompense ? S’il y a un creuset du peuple européen, convenons qu’il est terrifiant.

L’Europe a toujours eu des pulsions de mort. C’est le seul continent suicidaire, familier des sacrifices et des paris douteux. Rien ne garantit qu’au bout du chemin l’Union Européenne survive à cette nouvelle crise qui la dépasse et pour laquelle elle n’est pas armée. La regrettée Coralie Delaume, dans ses derniers ouvrages, expliquait que l’Union Européenne aurait un terme. Mais peut-être n’imaginait-elle pas qu’il se déroulerait sous les auspices de Mars. Plus que les civilisations, nous devrions savoir que les empires sont mortels.

[1] L’auteur entend par là un deuxième monde, un marché, plus juridique que politique, et se superposant à ce qu’on entendait autrefois par “Europe” NDLR

Par Eric Desmons le 21 février 2023

Causeur

Poutine / Biden, le choc des civilisations, François Asselineau (UPR) le 22 février 2023

samedi 11 février 2023

Les Européens, dindons de la farce ! La France farcie en priorité ! (2)



Indépendamment des enjeux militaires qui mobilisent l’attention, c’est la véritable clef du scénario : les Etats-Unis veulent demeurer la puissance qui domine le monde. Face à la montée de la Chine, il est nécessaire de vassaliser l’Europe, de la maintenir dans l’état de prolongement de l’empire anglo-saxon à l’ouest tandis que les alliés de l’est, du Japon à l’Australie, compléteront le dispositif d’encerclement. Cette inféodation de l’Europe est une vieille tendance, dont paradoxalement, la prétendue construction européenne a été l’instrument. Il faut lire l’Ami américain de Branca pour voir le rôle néfaste d’un Jean Monnet agent permanent des Anglo-saxons, antigaulliste viscéral, dans la direction prise par la construction européenne, cumulant approfondissement et extension avec pour conséquence d’émasculer les Etats détenteurs de la volonté politique et de la souveraineté des nations européennes. Une UE de plus en plus étendue avec une multitude de petits Etats ayant voix au chapitre, suffisamment pour noyer toute volonté politique et laisser place à la technocratie bruxelloise atlantiste et mondialiste, prive les nations importantes comme la France de toute autonomie, engluées qu’elles sont dans le formalisme institutionnel qui tue toute souveraineté et dilue le vouloir-vivre des peuples. 

L’intégration à l’Union Européenne et à l’Otan  des anciens satellites soviétiques souvent animés par un désir de revanche contre Moscou, comme les Etats baltes ou la Pologne, a affaibli le partenariat entre Berlin et Paris, renforcé le poids de l’Allemagne et la soumission au “protecteur et libérateur” américain. En poussant les frontières des deux organisations, l’une militaire, l’autre politique jusqu’à celles de la Russie, et en absorbant des Etats inscrits de longue date dans l’orbite russe-orthodoxe, comme l’Ukraine ou la Géorgie, la stratégie se muait en provocation délibérée qui sous couvert d’expansion démocratique servait l’impérialisme de Washington. La riposte devenait inévitable. La machine infernale de l’intervention russe en Crimée d’abord puis dans l’est de l’Ukraine, des sanctions, puis de l’effort de guerre contre la Russie était amorcée.

Mais, la confusion de fait entre l’UE et l’Otan, qui séduit apparemment par son unanimisme face à la Russie, c’est celle d’un troupeau, celui des moutons de Panurge,  qui d’un seul élan, et avec enthousiasme foncent vers le précipice. D’abord celui d’une crise économique générée par l’alourdissement des coûts de l’énergie et des matières premières provoqué par l’embargo sur les produits russes, mais aussi par l’inflation déjà présente qui s’en trouvera accrue. Remarquons que l’un des buts de l’Union Européenne était de contenir l’inflation. Après la pandémie, la guerre en Ukraine accentue la pente fatale. Pendant ce temps, les Etats-Unis, de même qu’ils font tourner leur complexe militaro-industriel à plein régime pour armer l’Ukraine et compléter l’arsenal de leurs alliés, vendent aux Européens leur énergie fossile plus chère et plus polluante, et n’hésitent pas à faire sauter les gazoducs de la Baltique si nécessaires à l’Allemagne dont l’alignement sur Washington révèle plus que jamais la servilité, fatale à la conception gaulliste de l’Europe. Jamais l’Allemagne n’a adhéré au mirage français du couple franco-allemand fondateur d’une “puissance” européenne. La France se retrouve à la traîne de l’Allemagne, elle-même à la traîne des Etats-Unis ! La stupidité de la politique énergétique, et notamment nucléaire de la France, qui nous prive de l’autonomie et renverse les flux au profit de l’Allemagne et de son charbon relève de la haute trahison !

Ensuite, la crise économique débouchera sur une crise politique majeure lorsque les Européens prendront conscience de leur débâcle et plus profondément de leur décadence. Qui pourrait aujourd’hui rappeler le but proclamé de la stratégie de Lisbonne, sans provoquer le rire ou la stupeur : ” « l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010, capable d’une croissance durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale » ?  Malgré la mobilisation d’une majorité des médias au service de l’idéologie dominante, il devient de plus en plus évident que les gouvernants européens, et singulièrement l’oligarchie bruxelloise, trahissent les peuples. L’intérêt de ces derniers est de coopérer avec une Russie tellement complémentaire. L’illusion d’une démocratie sans cesse plus fallacieuse, quand la liberté d’expression est réduite, quand le pouvoir échappe aux peuples pour être capté non par leurs représentants mais par des politiciens professionnels qui s’y enrichissent, doit se dissiper. Retrouver la souveraineté nationale qui permet aux citoyens soit par leurs représentants, soit directement, de décider du destin de leur nation est la condition sine qua non la démocratie. Nous en sommes loin et nous n’avons donc aucune raison  de promouvoir ce régime qui n’est plus le nôtre dans une Ukraine dont le gouvernement corrompu est issu d’un coup d’Etat déguisé en révolution, et se comporte en satellite américain, épuisant sa population dans une guerre par procuration au profit de l’Amérique et au détriment de l’Europe. 

Quand les peuples européens sont dépossédés de leur souveraineté par une oligarchie bruxelloise qui se livre à un coup d’Etat permanent comme le dit Pierre Manent, les faux démocrates de Bruxelles ne font que prolonger leur tartufferie en soutenant les faux démocrates de Kiev. Cette guerre pouvait être évitée en respectant les accords de Minsk : une Ukraine neutre, fédérale pour reconnaître l’autonomie des oblasts russophones, et pont entre la Russie et l’Union Européenne, c’était la solution de la paix et du bon sens. L’Allemagne et la France en étaient les garants, mais ont laissé jouer sournoisement la manoeuvre américaine. 

Comme le dit Vincent Hervouët, le moteur franco-allemand a calé quand on en avait le plus besoin. Mme Merkel a avoué récemment que la solution de Minsk n’avait pas été sérieusement envisagée parce qu’il s’agissait de faire patienter les Russes pendant qu’on renforçait l’armée de Kiev. Le cynisme et le machiavélisme ne sont pas russes, mais “occidentaux” ! (à suivre)

Par Christian Vanneste le 8 février 2023

Le blog de Christian Vanneste

Conflit russo-ukrainien : une Troisième Guerre mondiale n’est pas à exclure



Une Troisième Guerre mondiale n’est désormais plus impossible à envisager dans le conflit russo-ukrainien qui a débuté le 2 mai 2014 et s’est poursuivi, depuis lors, par l’agression russe, le 24 février 2022. Aucune diplomatie française ni européenne n’a conduit à la paix depuis. La France fournit même du matériel militaire à l’. Et l’ envoie des chars sur le théâtre des opérations pour renforcer cette dernière. La Russie, quant à elle, par la bouche de Vladimir Poutine, brandit la menace nucléaire comme une arme de défense au cas où son pays serait attaqué. On est bien obligé, alors, de se poser la question de savoir si le président de l’ Volodymyr Zelensky ne pourrait pas, lui aussi, à son tour, recourir à cette même bombe nucléaire avec ses alliés occidentaux au cas où la guerre se prolongerait.

La France doit se retirer d’une guerre qui ne la concerne pas directement. Si elle avait participé avec certains pays européens à un axe de paix, sans la présence de l’OTAN, une intervention de sa part aurait pu être souhaitable, par solidarité avec le peuple ukrainien agressé. Mais ce n’est pas le cas ! Le trio Zelensky-Biden-Macron mène une politique bellico-mondialiste dessinant ce que pourrait être un Nouvel Ordre mondial, promis par George Bush père en 1991, lors de la première guerre du Golfe et par Nicolas Sarkozy durant sa présidence française en 2007. Aujourd’hui, l’on voit bien toujours se dessiner ce cauchemar pour tous les peuples, y compris ukrainien, dans certaines têtes des membres de l’hyperclasse mondialisée et américano-centrée. Les Ukrainiens eux-mêmes ne seraient pas alors épargnés.

Ajouter de la guerre à la guerre est une folie. Pourtant,  souffle le chaud et le froid en même temps. Il a pris parti dans cette guerre russo-ukrainienne devenue désormais une guerre russo-américaine. Mathieu Bock-Côté, dans Le Journal de Montréal du 26 janvier dernier, note à juste titre : « Une certaine inquiétude devrait nous animer. À un certain moment, que l’on ne peut identifier d’avance avec certitude, mais qui pourrait bien se présenter, la Russie jugera que les forces de l’OTAN sont désormais objectivement en conflit avec elle. Elles seront, pour reprendre un terme qui s’est imposé, dans une situation de cobelligérance qui pourrait conduire l’empire américain et l’empire russe face à face. L’Ukraine, alors, ne sera plus que le champ de bataille où s’affronteront ces deux puissances. »

À propos de la Russie poutinienne et de l’Occident otanien, Mathieu Bock-Côté ajoute avec force et justesse : « Un autre facteur s’ajoute : un régime autoritaire qui s’effondre le fait rarement dans la douceur. Et si Vladimir Poutine tombait, demain, son remplaçant ne serait pas nécessairement un démocrate occidentalo-compatible. Étrangement, rappeler cela, en Amérique du Nord comme en Europe, peut vous valoir la réputation de prorusse. Il y a dans ce refus de la moindre nuance géopolitique à propos de ce conflit quelque chose d’étonnant, et peut-être même d’irresponsable. »

Il faut donc applaudir aux paroles pacifistes de Dominique de Villepin, Hubert Védrine, malgré ses louvoiements habituels (il est vrai qu’il s’agit d’un ancien diplomate), de Nicolas Dupont-Aignan, de , qui avec son mouvement politique, Via la voie du peuple, vient de lancer une pétition contre la livraison de chars à l'Ukraine, d’Arno Klarsfeld (à qui il faudrait dire quand même, un jour, qu'Hitler est mort en 1945, malgré l’existence de groupes néo-nazis ukrainiens ne représentant qu’eux-mêmes ; à l’instar de BHL, qui croit que Staline est toujours vivant, comme si certains points de vues nationaux-communistes de l’élite poutinienne pouvaient recouvrir tout le bolchevisme historique !) et de surtout Marine Le Pen qui, le 31 janvier dernier, a appelé à une désescalade du conflit et à l’organisation, par la France, d’une « conférence mondiale pour la paix ».

Quant à nous, Français d’Europe, nous avons mal à l’Est ! Il est donc, plus que jamais, indispensable de panser les plaies et de faire cesser les convulsions destructrices.

Par Arnaud Guyot-Jeannin le 11 février 2023

Boulevard Voltaire

Ukraine : Les coulisses du désordre mondial – Alain Juillet dans le Samedi Politique sur TV Libertés le 11 février 2023

 

mercredi 8 février 2023

La Russie met en garde contre une "escalade imprévisible" en Ukraine et exhorte les États-Unis et leurs alliés à ne pas envoyer d'armes lourdes à Kiev



La Russie a mis en garde contre une "escalade imprévisible" en Ukraine et exhorte les États-Unis et leurs alliés à ne pas envoyer d'armes lourdes supplémentaires à Kiev.

Le ministre russe de la défense russe, Sergey Shoigu, a affirmé que les États-Unis et leurs alliés tentent activement de prolonger le plus longtemps possible le conflit entre Moscou et Kiev en livrant des armes lourdes à l'Ukraine, tout en incitant ouvertement Kiev à s'emparer de territoires russes. M. Shoigu a averti que "de telles actions ont pour effet d'entraîner les pays de l'OTAN dans le conflit et pourraient conduire à une escalade imprévisible."

Des déclarations qui interviennent alors que le mois dernier, les États-Unis, l'Allemagne et un certain nombre d'autres pays de l'OTAN ont annoncé qu'ils fourniraient aux forces ukrainiennes des chars de combat modernes tels que le Léopard 2 et le M1 Abrams. Washington a également déclaré qu'elle fournirait à Kiev des bombes à petit diamètre lancées depuis le sol (GLSDB) d'une portée pouvant atteindre 150 km, ce qui permettrait aux forces ukrainiennes de frapper des cibles situées au cœur du territoire russe.

Commentant ces livraisons, M. Shoigu a déclaré mardi que les forces russes continuaient à "broyer" les armes et les équipements fournis à Kiev, notant que le matériel était détruit à la fois sur les itinéraires de livraison et dans les positions de combat.

Le 8 février 2023

RT

TV Libertés


mercredi 1 février 2023

Sébastien Lecornu annonce que la France va livrer 12 canons Caesar supplémentaires à l'Ukraine


Le ministre de la Défense Sébastien Lecornu a annoncé que la France allait livrer 12 canons Caesar supplémentaires à l'Ukraine, portant le nombre total à 30 canons fournis par notre pays. Le Danemark a également promis 19 canons Caesar de 155 mm, ce qui portera le nombre total de canons envoyés à Kiev à près de 50.

Concernant le matériel déjà envoyé, un seul canon serait actuellement hors d'usage et 17 doivent être maintenus en raison de l'usure due au combats.

Un contrat pour la livraison d'un radar de type GM-200 va également être signé aujourd'hui entre Tales et l'Ukraine. Ce radar de moyenne portée fabriqué en France peut détecter un avion ou un drone ennemi à une distance de 250 kilomètres. Les ministres de la Défense ukrainien et français sont d'accord sur la qualité du matériel français et le soutien apporté par la France est très apprécié par les soldats ukrainiens. 

En plus de la livraison du radar, 150 militaires français seront envoyés en Pologne pour former jusqu'à 600 soldats ukrainiens chaque mois.

Europe1

Le 31 janvier 2023

TV Libertés

dimanche 29 janvier 2023

Bercoff dans tous ses états, Sud Radio le 26 janvier 2023

 

Ukraine : attention, danger !

Combien de fois faudra-t-il dire que la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie ne nous concerne pas, nous les Français ? Nous n’avons aucune frontière commune, aucun litige de quelque sorte qu’il soit. De plus, aucun traité ne nous lie et l’Ukraine n’appartient ni à l’Union Européenne, ni à l’OTAN. Alors, nous dire que nous devons soutenir l’Ukraine au nom de la Liberté et de la Démocratie, c’est un peu court.

Vers un monde régionalisé

Les mouvements « tectoniques » montrent que le monde monopolaire projeté par les États-Unis va s’estomper au profit d’un monde « multipolaire » dont les pôles seront probablement les continents. Ces continents chercheront, et c’est normal, à préserver et défendre leurs intérêts. Dans ce monde géopolitique nouveau, l’Europe devra, en tant que continent, trouver sa place et défendre également les intérêts des peuples européens.

Trois continents au moins cherchent à retrouver une certaine indépendance, notamment par rapport au système financier du dollar qui, et c’est important, les a maintenuS dans une dépendance marquée des États-Unis, voire même dans certains cas, dans un état proche de la vassalité.

Ces continents sont l’Asie, l’Afrique et l’Amérique du Sud.

Qu’en est-il de l’Europe et en particulier de la France ?

On aurait pu croire que l’un des objectifs de la « construction européenne » était justement d’atteindre une sorte de « masse critique » qui lui permettrait de pouvoir s’affranchir de toute ingérence extérieure et s’imposer comme « puissance d’équilibre ». Cette vision, que de Gaulle a essayé de promouvoir n’a, hélas, pu prospérer et dans de nombreux domaines, la tutelle américaine a présidé à notre destinée.

Aujourd’hui, cette tutelle, exercée au travers de l’OTAN, nous précipite dans le conflit qui oppose l’Ukraine et la Russie. A y regarder sous l’angle de l’Histoire, ce conflit tient plus de la « guerre civile » que d’autre chose. De ce point de vue, les États-Unis ne veulent pas s’engager directement dans ce qui deviendrait un affrontement entre eux et la Russie. D’un autre côté, l’Ukraine seule face à cette dernière n’a pratiquement aucune chance d’être victorieuse.

Le rééquilibrage doit donc se faire, du point de vue américain, grâce aux pays de l’Europe de l’Ouest. Peu importe la querelle sémantique sur l’état de cobelligérance ou pas, nous constatons que cet engagement est croissant dans le temps et risque de nous conduire à un affrontement avec la Russie. Quoiqu’en disent certains commentateurs, la Russie n’a jamais représenté et ne représente pas une menace pour la France.

Pourtant, nous avons mis le doigt dans un engrenage qui peut s’avérer fatal pour notre économie en appliquant les sanctions dont nous sommes, de toute évidence, les premières victimes. Globalement analysé, c’est l’Europe, et en particulier l’Europe de l’Ouest, qui va payer le plus lourd tribut.

Sur le plan énergétique, se priver du gaz et du pétrole russe pour lui substituer du pétrole et du gaz provenant de l’exploitation des schistes, exploitation que nous avons choisie de nous interdire, et payer beaucoup plus cher, revient à « se tirer une balle dans le pied »

Sur le plan du commerce international, nombre d’entreprises françaises, qui s’étaient implantées en Russie, ont dû fermer leurs établissement dans ce pays, alors qu’elles s’avéraient très rentables et participaient à rétablir la balance d’un commerce extérieur devenue « comateuse ».

Et tout ceci pour quel bénéfice ?

On peut se demander si le jeu des États-Unis, et en particulier de l’État-profond américain qui dirige depuis des décennies sa politique étrangère, n’est pas justement de nous pousser à ce choc frontal avec la Russie ? La Russie et l’Europe s’affaibliraient mutuellement, ce dont ils seraient largement bénéficiaires. Leur hantise a toujours été, depuis Bismarck, d’empêcher tout rapprochement entre l’Europe de l’Ouest (et particulièrement l’Allemagne) et la Russie et cette stratégie a toujours été une pièce maîtresse de leur politique européenne. Ainsi, vue depuis Washington, le rôle de l’OTAN est de « contenir l’extérieur et d’occuper l’intérieur » de l’Europe.

Le pire risque d’être devant nous

La réorganisation mondiale risque de ramener à l’isolationnisme la nation-continent que sont les Etats-Unis. En 1963, de Gaulle avait convaincu Adenauer du peu de crédit qu’on pouvait apporter à la parole américaine en cas de risque de conflit nucléaire en Europe. Ce point était un pivot du traité de l’Élysée signé en janvier 1963, dans lequel la France proposait à l’Allemagne de lui étendre son « bouclier nucléaire » et que cette garantie était beaucoup plus solide que celle, très hypothétique selon de Gaulle, apportée par l’OTAN.

Malheureusement, les Allemands se sont « aplatis » (dixit de Gaulle) devant les États-Unis et ont préféré l’OTAN pour assurer leur défense.

Est-on plus sûrs aujourd’hui qu’en cas de conflit entre l’Europe et une autre puissance nucléaire, les  États-Unis seraient prêts à engager leur propre survie ?

Sommes-nous également sûrs que si, comme il est prévisible, les États-Unis défendent avant tout leurs propres intérêts, cela ne se retourne pas contre nous ? Leur intérêt commande-t-il de laisser se redresser une Europe très affaiblie par leur propre politique ?

La conclusion s’impose d’elle-même : nous pouvons bien sûr aider l’Ukraine sur un plan humanitaire, mais nous avons tout à perdre en la soutenant sur le plan militaire, y compris un éloignement irréversible de la Russie vers l’Asie, ce qui pourrait faire de l’Eurasie le continent potentiellement le plus puissant de la planète, rompant ainsi définitivement un éventuel équilibre « Westphalien ».

Par Jean Goychman le 28 janvier 2023

Breizh-info