Affichage des articles dont le libellé est Polémia. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Polémia. Afficher tous les articles

vendredi 28 octobre 2022

 


Par Georges Castro, responsable commercial au sein d’une entreprise industrielle française à caractère stratégique, le 23 octobre 2022 ♦ L’urgence climatique, l’accueil des migrants, la solidarité avec le peuple ukrainien, le respect de la condition animale, la lutte contre le racisme, contre l’homophobie, contre la grossophobie, contre la xénophobie… La liste des sujets suscitant la compassion ou l’indignation de l’Occidental contemporain est pléthorique. Les associations qui portent ces causes parviennent à lever des sommes d’argent considérables, leur permettant de les porter jusqu’aux oreilles de nos élus, de les faire résonner dans l’ensemble de la sphère médiatique. En un mot, de toucher l’opinion. Seulement, il semble que cette émotion tous azimuts (et bien orientée par la partialité de nos médias globalisés) connaisse un tout petit trou dans la raquette : le sujet arménien.

Guerre et exactions

Si les drapeaux ukrainiens flottent aux porches de nos mairies, si nos aéroports et nos bâtiments publics s’habillent de bleu et de jaune, le tricolore arménien est absent de ces témoignages de soutien aux peuples qui souffrent (hormis à Marseille). Et pourtant.

En 2020 à la suite d’une guerre de 44 jours contre le voisin azerbaïdjanais, l’armée arménienne se voyait écrasée. Sidérée, dépassée technologiquement et tactiquement, elle n’a pu que subir la loi d’airain des forces azéries soutenues par la Turquie.
Alors que ces affrontements demeurèrent circoncis aux territoires du Haut-Karabakh (qui forme une république non reconnue internationalement), les hostilités qui reprirent entre les 12 et 14 septembre derniers concernèrent, elles, le territoire souverain internationalement reconnu de l’Arménie.

Les exactions perpétrées par la partie azérie sont légion, notamment envers les prisonniers de guerre, torturés, sommairement exécutés, leurs cadavres souvent mutilés. Le tout en totale rupture avec le droit humanitaire international[1] et surtout en butte avec les principes les plus élémentaires de la civilisation.
Car c’est en fait de cela qu’il s’agit. Ce qui se joue dans les vallées et les steppes d’Arménie, dans les contreforts du sud-Caucase, c’est bel et bien une lutte de civilisations. Le croissant contre la croix, toujours.

L’Arménie, premier État chrétien de l’Histoire, fait aujourd’hui face, avec ses quelques trois millions d’habitants, au panturquisme décomplexé du sultan Erdogan et du dictateur Aliyev. La Turquie (84 millions d’habitants) et l’Azerbaïdjan (10 millions d’habitants) ont juré de « chasser les Arméniens comme des chiens »[2] du Haut-Karabakh. Mais jusqu’où iront-ils ? Assisterions-nous là à la disparition discrète, silencieuse, de l’Arménie, déjà génocidée il y a un siècle par ces mêmes Turcs ?

Du sang et du gaz

Un écran de fumée, de gaz azerbaïdjanais, si précieux en cette période de crise énergétique semble, contraindre l’Europe à détourner le regard, à passer son tour pour réagir.

Depuis 2020, les visites d’intellectuels et artistes français de premier rang (de Michel Onfray à Sylvain Tesson et Jean-Christophe Buisson) se succèdent en Arménie, les tribunes de soutien font flores dans nos plus grands journaux. Nos élus, du maire au sénateur, leur emboîtent le pas. L’écho tend à s’amplifier : le Président de la République a dû se prononcer sur le sujet lors de son entretien télévisé du 12 octobre, annonçant que « nous ne lâcherons pas les Arméniens », en réponse à la lettre que lui avait adressée Sylvain Tesson[3].

Mais au-delà des paroles et des manœuvres diplomatiques, dans lesquelles il faut saluer le rôle pionnier de la France, que fait l’Europe pour concrètement inverser le rapport de force ? Fournit-elle des équipements militaires létaux à l’Arménie[4] ? Forme-t-elle ses soldats ? Non, elle envoie une modeste mission diplomatique de surveillance des frontières.

L’Arménie comptait sur le grand frère russe pour la soutenir. Ce dernier, empêtré en Ukraine et peu désireux semble-t-il d’aider l’Arménien face à l’Ottoman, joue les « casques bleus ». La Turquie pendant ce temps-là, fournit moult équipements, personnels et formations aux troupes azerbaïdjanaises.

Vers la disparition de l’Arménie ?

Que Bakou et Ankara décident de refermer leurs mâchoires sur la frêle Arménie et c’en est fini d’elle. Effacée sera son Histoire et son empreinte dans le Caucase. Ce pays où l’on trouve aussi bien des vestiges de temples helléniques datant d’Alexandre le Grand, des ruines romaines, des khatchkars multiséculaires et monastères hors d’âge, témoins uniques d’un christianisme de potron-minet est bien menacé de grand effacement. Car l’Azerbaïdjan ne se contente pas d’occuper le terrain. Il déplace les populations, détruit les cimetières et toute trace qui pourrait attester d’une présence arménienne et chrétienne. Ainsi, le cimeterre des satrapes turcs menace de disparition tout un patrimoine chrétien immémorial.

Au-delà des aspects patrimoniaux et historiques, c’est un peuple avec lequel nous partageons beaucoup qui entrevoit son crépuscule. Des mariages entre la chevalerie franque et la noblesse arméniennes du XIème siècle ont découlé une solidarité quasi anthropologique ou du moins spontanée entre nos peuples.

Qui s’est déjà promené dans Erevan reconnaîtra une ville qui, sous la chaleur estivale, vit aux rythmes de ses terrasses, aussi animées que celles de Paris.
Qui rencontre un Arménien retrouvera en lui bien des traits méridionaux, des tendances latines, semblables à celles de nos concitoyens du Midi, de nos amis italiens ou espagnols.
Qui discute avec un Arménien sera touché au plus profond de son cœur par l’admiration qu’il porte pour la France, unanimement partagée dans ce petit pays.
Qui discute avec un Arménien sera frappé par son opiniâtreté, sa résilience pour employer un terme bien galvaudé chez nous mais qui dans le Caucase reprend tout son sens. Car maintes fois l’Arménie a failli disparaître dans les flots de l’Histoire. Mais à chaque fois son peuple a tenu bon. C’est pour nous un motif d’espoir.

À notre échelle de citoyen lambda, que peut-on faire me direz-vous ?

En parler autour de soi est déjà un acte de résistance au crédit de ces chrétiens menacés par le croissant et son joug. Faire connaître cette cause, se rappeler, dire, raconter que quelque part, aux marches de l’Europe, dans les confins de ce carrefour des civilisations qu’est le Caucase, le peuple arménien, chrétien, fait front face aux musulmans, comme il le fit au cours des siècles derniers.

L’Histoire n’est finalement que bégaiements

[1]« Video shows Azerbaijan forces executing Armenian POWs”, Human Rights Watch, 14 octobre 2022, disponible sur: https://www.hrw.org/news/2022/10/14/video-shows-azerbaijan-forces-executing-armenian-pows
[2] “Haut-Karabakh, le Premier Ministre arménien dit avoir signé un accord pour mettre fin aux combat”, Le Figaro, 24 novembre 2020, disponible sur : https://www.lefigaro.fr/international/haut-karabakh-le-premier-ministre-armenien-dit-avoir-signe-un-accord-pour-mettre-fin-aux-combats-20201109
[3]Sylvain Tesson, « Monsieur le président, l’Arménie est en passe de disparaître », Le Figaro, 13 octobre 2022.
[4] Il serait difficile à la France, en tant que co-présidente du Groupe Minsk, statut impliquant l’impartialité, de livrer des armes à l’Arménie…


Polémia

lundi 17 octobre 2022

Ukraine : une guerre si parfaite

 


Par Bruno Mégret le 14 octobre 2022♦ Imaginons un instant que la guerre en Ukraine ne soit pas exactement ce qu’en disent les médias et que ce soit en réalité des stratèges américains qui aient conçu ce scénario ukrainien pour mettre Poutine échec et mat. Si tel était le cas, les auteurs de ce plan mériteraient d’entrer dans les livres d’histoire pour l’intelligence et l’efficacité de leur savoir-faire. Car ils ont réussi à faire de ce conflit entre les États-Unis et la Russie ce que j’appellerais, au risque de choquer certains, une guerre parfaite.

Une guerre sans risque

Cette guerre ne présente pour les Américains aucun risque de quelque nature que ce soit. L’action se déroule sur un autre continent, très loin de leur territoire et, comme l’avait annoncé le président Biden, il n’y a aucun soldat américain sur le terrain à côté des Ukrainiens. Il n’y aura donc, quoi qu’il arrive, aucun blessé ni aucun mort dans le camp américain.

Une guerre gagnée même sans victoire sur le terrain

Le combat est en réalité mené par les Ukrainiens, massivement soutenus si ce n’est dirigés par les États-Unis. Mais les but de guerre ukrainiens et américains ne sont pas les mêmes. Les uns se battent pour sauvegarder leur souveraineté et l’intégrité de leur territoire. Les autres ne se préoccupent que secondairement de la liberté des Ukrainiens, car leur but de guerre vise avant tout à jeter l’opprobre sur la Russie pour l’isoler durablement du monde occidental et la couper définitivement de l’Union européenne. Peut-être même veulent-ils provoquer la chute de Poutine, obtenir la mise en place à Moscou d’un régime qui leur soit plus favorable, voire démanteler la Fédération de Russie. Aussi fallait-il que les Russes prennent l’initiative d’attaquer l’Ukraine pour que les Américains et leurs alliés puissent lancer l’anathème sur l’adversaire russe et dénoncer son président comme l’incarnation du « mal absolu ». C’est maintenant chose faite et les Américains ont d’ores et déjà atteint leur objectif premier quelle que soit l’issue militaire du conflit. La guerre est gagnée même si les troupes ukrainiennes ne la gagnent pas sur le terrain.

Une guerre par procuration

Les Ukrainiens se retrouvent dès lors dans la situation de devoir mener la guerre contre les Russes. Une guerre dont on peut dire que ce sont les Américains qui ont tout fait pour la déclencher sous la forme d’une agression caractérisée des Russes. Tout se passe donc comme si les Ukrainiens se battaient par procuration pour le compte des États-Unis. Car avant l’ouverture des hostilités, la souveraineté et la liberté des Ukrainiens auraient pu être assurées pacifiquement par un accord diplomatique dont les bases avaient été jetées à Minsk avec l’aide des Français et des Allemands. Un accord qui prévoyait de donner aux provinces russophones de l’Ukraine un statut constitutionnel d’autonomie et qui aurait pu être complété du côté ukrainien par une déclaration de neutralité comparable à celle qu’avaient adoptée en leur temps l’Autriche ou la Suède.

Malheureusement, cette perspective de paix, que les Ukrainiens auraient pu accepter si les États-Unis les y avaient poussés et à laquelle les Russes auraient dès lors pu donner leur accord, aurait privé les stratèges américains de leur guerre par procuration. Aussi les États-Unis n’ont-ils pas incité le gouvernement ukrainien à appliquer cet accord. De même qu’ils ont fermé la porte à toute négociation avec les Russes, n’hésitant pas à provoquer ceux-ci en laissant ouverte la possibilité d’une adhésion de l’Ukraine à  l’Otan comme à l’Union européenne. Ce faisant, les Américains ont poussé Poutine dans une impasse dont il a cru pouvoir sortir par l’agression militaire de l’Ukraine.

Zelensky, le président ukrainien qui est aujourd’hui présenté comme un héros, porte à cet égard une lourde responsabilité. Car, en s’alignant sur les Américains il a exposé ses compatriotes à l’agression russe. Une politique qui n’avait d’ailleurs aucune rationalité puisqu’elle a consisté finalement à déclencher l’invasion russe pour avoir cherché à entrer dans l’Otan afin de se prémunir d’une telle agression.

En choisissant de suivre les injonctions américaines, plutôt que de rechercher une solution reposant sur la négociation et la neutralité de son pays, Zelensky a donc délibérément entraîné son peuple dans une guerre contre la Russie au bénéfice des États-Unis. Une guerre dont le bilan en destructions, en blessés et en morts sera lourd.

Une guerre financièrement et économiquement profitable

Aux États-Unis, elle coûtera quelques dizaines voire quelques centaines de milliards de dollars en armements, en équipements, en renseignements et en formation. Une somme, certes importante, mais qui sera plus que largement compensée par les bénéfices que tireront les Américains et leurs entreprises de la reconstruction de l’Ukraine et des conséquences économiques du conflit.

Car cette guerre offre aux États-Unis l’occasion de renforcer leurs positions commerciales. Les sanctions économiques qu’ils ont demandé à leurs alliés d’appliquer à la Russie pénalisent en effet de nombreux pays européens mais nullement les États-Unis. Ainsi en est-il par exemple du boycott du gaz russe qui va leur redonner une certaine maîtrise de ce marché stratégique. Cette mesure, catastrophique pour les États européens, oblige en effet beaucoup d’entre eux à acheter le gaz de schiste que les Américains possèdent en abondance ou à se fournir au Moyen-Orient auprès de pays qu’ils contrôlent pour la plupart.

Ajoutons que la crise économique qui résulte de cette crise énergétique va fragiliser les entreprises du vieux continent sur les marchés internationaux, favorisant de ce fait leurs concurrents américains.

Une guerre qui rend plus fort

Cette guerre permet aussi aux États-Unis de renforcer l’Otan qui demeure l’instrument principal par lequel les Américains assurent  leur tutelle sur l’Europe. Ainsi deux nouveaux pays, la Finlande et la Suède, ont rejoint le volet militaire de l’Alliance atlantique, une organisation qui perdait peu à peu de sa légitimité et qui, avec cette guerre, a retrouvé de  la crédibilité auprès des dirigeants européens, renforçant ainsi la suprématie américaine sur le vieux continent et notamment à Bruxelles.

Avec cette guerre, les Américains ont aussi pu tester leur capacité à contrôler leurs alliés européens, que ce soit au niveau de leur opinion publique ou de leur classe politique et médiatique. Ainsi, les stratèges d’outre-atlantique ont-ils pu constater avec satisfaction à quel point leurs mots d’ordre et leurs opérations de désinformation sont adoptés par leurs alliés sans la moindre réserve. Une sujétion qui leur a permis d’obtenir de leurs vassaux qu’ils prennent des mesures aussi contraires à leurs intérêts vitaux que le boycott du gaz russe. Et cela avec les encouragements militants de la Commission européenne et de sa présidente Ursula Von der Leyen, dont on ne sait si ses positions relèvent de l’aveuglement idéologique ou de la simple bêtise. Ils ont pu observer de même le succès de la manipulation visant à faire croire que les gazoducs Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique ont été sabotés par les Russes alors que cette action s’inscrit parfaitement dans le projet américain de désarrimer dans la durée la Russie de l’Europe.

Une guerre parfaite donc menée par les Américains contre les Russes. Une guerre sans risque, une guerre par procuration, une guerre financièrement et économiquement profitable, une guerre qui rend plus fort, une guerre déjà gagnée même si les troupes ne gagnent pas sur le terrain.

Mais, bien sûr, rien de tout cela ne correspond à la réalité ! Du moins si l’on en croit les discours assurés de nos politiques et les messages du président Zelensky, calibrés comme les textes d’une agence de communication anglo-saxonne.

Polémia


mercredi 5 octobre 2022

Ukraine. Le gouvernement allemand fait fausse route pour Steffen Kotré, porte-parole de l’AfD

 


Par Nicolas Faure, spécialiste de l’Allemagne et traducteur (à ne pas confondre avec Nicolas Faure d’I-Média et Sunrise !) le 3 octobre 2022

Depuis 1945, l’Allemagne est un nain politique, mais elle avait su se hisser au rang de géant économique. Mais sa folle politique antinucléaire, couplée avec la rupture des approvisionnements en gaz russe, a frappé son industrie au cœur. L’explosion des pipelines Nord Stream a provoqué une déflagration en soulignant l’impossibilité d’un retour à un approvisionnement plus normal et provoqué une réaction particulièrement vive d’un des grands dirigeants de l’industrie textile, Wolfgang Grupp appelant à une rupture avec les États Unis. Quoique plus nuancée, c’est aussi l’opinion exprimée par le député AfD Steffen Kotré, membre de la commission de l’énergie. Dans cet entretien – réalisé avant le sabotage de Nord Stream – Steffen Kotré dit sans doute tout haut ce que beaucoup d’Allemands pensent tout bas.
Polémia

Peu après le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le Bundestag allemand avait déclaré au début de l’année que l’Allemagne soutenait sans équivoque les ukrainiens. Un mois après, le député de l’AfD Steffen Kotré (qui est le porte-parole du groupe parlementaire de l’AfD, en charge de la politique énergétique au Bundestag allemand) s’exprimait au Parlement au sujet des niveaux de remplissage des réservoirs de gaz allemand : Kotré avait fortement critiqué la décision du gouvernement allemand d’interrompre le processus d’autorisation à utiliser le gazoduc russo-allemand Nordstream 2, sur ordre des Américains, en raison de l’attaque russe contre l’Ukraine. Kotré avait ensuite déclaré que  la guerre d’agression en Ukraine, contraire au droit international, avait entraîné beaucoup de souffrances, et que ces souffrances reposaient sur la conscience du gouvernement russe, mais que lorsqu’on évoquait ce sujet, il fallait toujours tenir compte de la part de responsabilité de l’Occident. 

Nous lui avons demandé dans cet entretien dans quelle mesure il s’opposait aux décisions prises par le gouvernement allemand au sujet de ce conflit, et quelles étaient, selon lui, les solutions à apporter afin de mettre un terme à cette guerre. Voici ses réponses :

« Il faut mettre fin à la guerre le plus rapidement possible. Il faut trouver une solution négociée qui garantisse la sécurité et la stabilité dans la région à l’avenir. Pour cela, il est indispensable de prendre également en compte les aspects géopolitiques. La clé pour mettre fin à la guerre se trouve entre les mains des États-Unis, qui ont jusqu’à présent ignoré les intérêts de la Russie en matière de sécurité.

De toute évidence, le gouvernement allemand se sert froidement de la guerre pour mettre en place son programme d’abandon des énergies fossiles et d’introduction d’une économie socialiste de pénurie et de planification. Il accepte pour cela la souffrance des populations locales en Ukraine. Les relations avec la Russie en seront gravement affectées, vraisemblablement pour longtemps. Le gouvernement fédéral aurait dû au contraire profiter des bonnes relations économiques qu’entretenait l’Allemagne avec la Russie pour initier des pourparlers : l’Allemagne devrait agir comme un intermédiaire honnête et lancer des processus diplomatiques.

Visiblement, et comme le chancelier le prétend, les sanctions des Occidentaux n’atteignent pas leur objectif présupposé d’affaiblissement de la Russie. Au lieu de cela, l’Occident pousse la Russie dans les bras des Chinois et des Indiens. Les conséquences de cette politique sont incertaines. Du point de vue de l’Allemagne, la situation est critique.

Les fantasmes de spoliation des rouges et des verts montrent que la guerre tombe à point nommé pour le ministre Habeck. Il semble vouloir profiter de cette situation pour porter un coup aux sources d’énergie fossiles. Ce sont les employés de la centrale nucléaire de Schwedt – ville située dans le land Brandenbourg – mais aussi tous les autres Allemands, qui en paieront le prix. Les prix vont continuer à grimper, la garantie d’approvisionnement est en grand danger. Les décisions prises à la va-vite ne sont pas une solution raisonnable pour les Länder allemands. Nous rejetons clairement les fantasmes socialistes en matière d’expropriation.

Le groupe AfD au Bundestag s’oppose à l’embargo pétrolier et à toutes les sanctions dans leur globalité. Elles ne touchent que les plus défavorisés et sont politiquement inutiles. La Russie vendra son pétrole à d’autres clients. Le cas de l’Inde en est un exemple. Des pays comme l’Inde ou encore l’Iran pourront ainsi vendre leur surplus de pétrole à l’Allemagne à un prix plus élevé ».

Nous devrions entretenir de bonnes relations aussi bien avec l’Est qu’avec l’Ouest. Mais ce n’est pas dans l’intérêt des États-Unis, comme le suggèrent par ailleurs régulièrement certaines analyses américaines. Le gouvernement allemand aurait dû se battre pour une émancipation de l’Allemagne, pour une position affirmée dans ce monde multipolaire dans lequel nous évoluons. »

Propos recueillis et traduits par Nicolas Faure auprès de Markus Hoppe, assistant parlementaire de Steffen Kotré, MdB.

Polémia

mardi 27 septembre 2022

À l’ONU, la leçon du président Serbe sur l’Ukraine et l’OTAN

 

Par Pierre Boisguilbert le 26 septembre 2022

Le discours le plus pertinent n’a pas été le plus médiatisé. Les médias ont préféré les platitudes de Macron et les rodomontades du gérontocrate américain, mais ce qu’il faut souligner c’est la démonstration du président serbe Aleksandar Vucic. Une voix européenne en dissidence qui explique parfaitement les réticences de certains pays à s’aligner sur la croisade anti russe de Washington.

Non, l’intégrité territoriale n’est pas un principe inviolable. Non, le conflit ukrainien n’est pas le premier en Europe depuis la deuxième guerre mondiale.

Dans son discours prononcé devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le dirigeant serbe a assuré que son État respectait l’intégrité territoriale de tous les pays, y compris celui de l’Ukraine, mais pointé du doigt le fait que beaucoup décrivent les hostilités entre Moscou et Kiev comme « le premier conflit sur le sol européen depuis la Seconde Guerre mondiale ». Le président serbe Aleksandar Vučić, a demandé des explications aux pays occidentaux : pour quelle raison ont-ils des points de vue différents sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de la Serbie, étant donné qu’ils soutiennent Kiev dans sa lutte contre la Russie, mais ont approuvé l’indépendance du Kosovo ? Selon lui, la Serbie « n’a jamais mis le pied » sur le territoire de quiconque, mais cela « n’a pas empêché les 19 pays les plus riches de l’OTAN d’attaquer un pays souverain sans décision du Conseil de sécurité des Nations unies ». L’OTAN a occupé le Kosovo en 1999, après une campagne de bombardement de 78 jours contre ce qui était alors la Yougoslavie. La province a déclaré son indépendance en 2008 avec le soutien de l’Occident. Si les États-Unis et la plupart de ses alliés l’ont reconnue, de nombreux autres pays, dont la Russie et la Chine, ne l’ont pas fait.

Aleksandar Vučić a également déclaré que si l’OTAN s’est engagée à respecter la pleine intégrité territoriale de la Serbie, cela n’a pas empêché de nombreux pays occidentaux de reconnaître unilatéralement la province séparatiste du Kosovo en 2008.

Plus tôt dans la journée du 20 septembre, le président serbe a averti que le monde se rapprochait d’une guerre mondiale, ajoutant que « l’ONU a été affaiblie », étant donné que les grandes puissances « ont pratiquement détruit l’ordre de l’ONU au cours des dernières décennies ». Cela confirme l’hypocrisie américaine et de son bras armé de l’OTAN. On peut également parler de l’Irak ou de la Libye.

Comme toujours il n’y a qu’une chose de pire que les mauvais sentiments ce sont les bons sentiments… surtout quand ils sont des prétextes.

Polémia

jeudi 22 septembre 2022

LCI : chaîne de propagande ukrainienne en continu

 


Le présentateur de LCI (groupe TF1) Julien Arnaud s’est excusé sur Twitter, ce mardi, auprès de Florian Philippot. Et pour cause : au cours de l’émission « Un Œil sur le monde », il a affirmé que la manifestation organisée par le mouvement « Les Patriotes » n’avait jamais eu lieu, et que celle-ci n’était qu’une invention des médias russes à des fins de « propagande ». Sauf que la manifestation, peu médiatisée en France, a bien eu lieu, comme les passants (dont des journalistes cependant peu intéressés) ont pu le constater samedi après-midi.

Et les images diffusées par la télévision russe sont authentiques. Des images du rassemblement de samedi ont été diffusées par le média TV Libertés, qui invite régulièrement Florian Philippot sur son antenne, ainsi que par le média chinois NTDTV. Le mot d’ordre était : « Non au rationnement, non à la guerre, non au crédit social ». Sur les pancartes brandies par les manifestants, on peut lire des slogans tels que « Sortir de l’OTAN » ou encore « Destitution ». D’après les images, la mobilisation semble réunir plusieurs milliers de personnes.

Plutôt l’islamisme que la paix ?

Les médias français, eux, ont diffusé des images de la manif en soutien à l’iman Iquioussen qui a pourtant rassemblé bien moins de monde. Une erreur est toujours possible, mais on tombe toujours du coté ou l’on penche. Et le moins qu’on puisse dire c’est que LCI penche du coté de l’Ukraine. Toutes les chaines de télé le font d’ailleurs, mais aucune à ce niveau. LCI s’en est fait un marqueur et une ligne éditoriale au mépris de tout esprit critique.

On peut bien sur considérer que la résistance ukrainienne est admirable et que Poutine est un abominable agresseur. Mais on ne peut renoncer à toute mis en perspective. Sur LCI se succèdent des consultants militaires péremptoires et de jeunes Ukrainiennes sachant tout sur tout. On a une chaine de propagande Zelenski en continu. Si on écoute LCI, il faudrait faire la guerre à la Russie pour sauver l’Ukraine et l’Europe avant le monde. Tout est de la faute des Russes, même les bombardements ukrainiens dans le périmètre d’une centrale nucléaire. Trop c’est trop et ce manichéisme médiatique n’a qu’un but : faire de l’audience en surfant sur la sympathie en France pour la cause ukrainienne. LCI tente de reprendre du terrain par rapport à ses concurrents CNews et BFMTV.

Mais le pari est risqué car la cause ukrainienne risque au fil des mois d’être moins populaire. Le cas du président Zelenski est révélateur.

Un rôle qui monte à la tête ?

L’acteur devenu président après voir forcé l’admiration intrigue et même commence à inquiéter. Sa volonté de garder le même sous-vêtement vert de gris en toute circonstance montre bien qu’acteur un jour, acteur toujours. Il est pris par son personnage et joue un rôle, l’acteur devenu président est maintenant remplacé par un président redevenu acteur. Il est d’ailleurs la vedette américaine de tous les festivals de cinéma.

Quand on le voit on pense parfois à des dérives célèbres. Où s’arrête la fiction, où commence la réalité ? Avec Bela Lugosi, de son vrai nom Béla Blaskó, on ne sait plus vraiment. Le plus fameux interprète de Draculaau cinéma a nourri la légende jusque dans sa vie privée. Les derniers mots sur terre de l’acteur, le 16 août 1956, sont à ce titre exemplaires : « Je suis le comte Dracula, je suis le roi des vampires, je suis immortel. » Et c’est enroulé dans son fameux manteau noir doublé de rouge qu’il a été mis en terre.

Johnny Weissmuller lui finit sa vie interné dans un asile psychiatrique, où, paraît-il, il faisait retentir le cri de Tarzan. Ces acteurs ont été dévorés par leur personnage de fiction.

Bien sûr, on est bien loin de ce transfert de personnalité car l’acteur Zelinski est bien président et ce qui a été un rôle de composition est devenu une réalité assumée… Assumée mais tout de même au fil du temps surjouée, et c’est tout de même un peu inquiétant… n’en déplaise à LCI.

Par Pierre Boisguilbert  le 7 septembre 2022

Polémia

samedi 23 juillet 2022

Face à l’échec du principe de laïcité : l’impératif d’identité

 

Par Bruno Mégret, polytechnicien, haut fonctionnaire, essayiste, fondateur du MNR ♦ Le discours officiel tenu sur l’immigration, l’islam et l’intégration repose essentiellement sur le principe de laïcité. Une antienne laissant à croire que l’antagonisme séparant l’immigration extra-­européenne du peuple français se réduirait à cette notion et que tous les problèmes liés au fameux « vivre ensemble » seraient résolus si les immigrés se ralliaient à cet étendard.

Rien n’est plus faux. Car, s’il n’est pas question ici de contester le concept de laïcité qui instaure la séparation des églises et de l’État, concept qui appartient à notre patrimoine philosophique depuis des lustres, force est cependant de constater qu’il se révèle totalement inopérant pour clarifier les enjeux liés aux questions migratoires. Le discours sur la laïcité présente en effet trois failles majeures.

Immigration : le principe de laïcité est néfaste et inopérant

La référence à la laïcité conduit d’abord les acteurs du Système à placer toutes les religions sur un pied d’égalité. Une pratique qui assure à l’islam, présent sur notre sol depuis quelques décennies seulement, une promotion extraordinaire le hissant au même niveau que le christianisme, lequel a façonné notre civilisation pendant près de quinze siècles. De ce point de vue, le discours officiel sur la laïcité apparaît donc néfaste puisqu’il conduit à pénaliser notre identité tout en favorisant celle des nouveaux venus.

Ensuite, la laïcité s’avère être un instrument doctrinal difficile d’emploi quand on en vient à vouloir l’appliquer aux réalités concrètes. Le burkini est-­il ou non conforme au principe de laïcité ? Le débat ne cesse d’être rouvert. S’agissant du voile à l’école, les textes qui l’interdisent ne le nomment même pas explicitement, utilisant à la place la formule « signes religieux ostentatoires ». En vérité, le principe de laïcité est inopérant et laisse donc d’innombrables polémiques s’instaurer à propos de chaque nouvelle manifestation publique de l’identité musulmane. Une confusion qui est d’ailleurs largement exploitée par les activistes islamiques et qui, de surcroît, discrédite largement le discours officiel.

Enfin, la laïcité n’est pas une thématique qui pousse à l’adhésion, au rassemblement et à la cohésion autour de notre nation. Expliquer aux jeunes musulmans que la France se résume aux valeurs de la République et principalement à la laïcité est une aberration qui ne peut susciter que l’indifférence, le rejet, voire le mépris. Notion abstraite et incompréhensible pour beaucoup, la laïcité ne peut pas servir de creuset pour transformer les immigrés en Français à part entière.

Le discours officiel fondé sur la laïcité ne peut donc conduire qu’à l’échec. Un échec qui d’ailleurs est aujourd’hui patent. Aussi faudrait-­il adopter un discours radicalement différent fondé, lui, sur le concept d’identité. Celui-­ci permettrait d’asseoir quelques principes clairs que chacun pourrait comprendre et reconnaître comme légitimes, à défaut de les admettre.

Le droit à l’identité : un principe clair et opératoire

Il s’agirait d’abord de revendiquer un droit à l’identité. Chaque peuple a le droit de préserver son identité, un principe sous-­jacent d’ailleurs au processus de décolonisation du siècle dernier. Mais aujourd’hui c’est la France qui connaît de graves menaces pour la survie même de sa civilisation et qui doit donc brandir son droit à l’identité. Ce qui veut dire que sa politique et son discours en matière d’immigration doivent être subordonnés à l’impératif d’identité.

Ensuite, il faut définir officiellement les principales composantes de l’identité française et reconnaître le christianisme, qu’on soit chrétien ou non, pratiquant ou non, comme une composante essentielle de notre identité nationale.

Sans remettre en cause le principe de séparation des églises et de l’État et en se situant en dehors de toute considération religieuse, il convient donc de prendre en compte cette réalité qui doit assurer au christianisme dans notre vie nationale une place qu’on ne saurait donner à l’islam.

L’islam incompatible avec notre identité civilisationnelle

Le principe d’identité doit par ailleurs nous conduire à affirmer clairement que l’islam, qui a lui aussi, indépendamment de toute croyance religieuse, une dimension civilisationnelle, n’est pas compatible avec notre identité nationale car il est porteur d’une autre civilisation.

Cette référence au principe d’identité permettrait ainsi de définir clairement la place que doit occuper l’islam dans la société et de trancher une fois pour toutes les questions pratiques qui s’y rattachent. À cet égard il faut donc considérer que l’islam, ses attributs et ses pratiques, n’a pas sa place dans l’espace public français. Il en résulte que les musulmans, qui ont naturellement le droit de pratiquer librement leur religion, doivent le faire exclusivement dans le cadre de leur vie privée et ne sauraient exiger que nos règles publiques s’adaptent à leurs croyances. En conséquence, toutes les manifestations publiques de l’identité musulmane doivent être proscrites, qu’il s’agisse des vêtements portés à l’extérieur de chez soi, des menus spéciaux dans les cantines, des horaires réservés dans les piscines ou de tout autre affirmation de l’identité musulmane.

L’islam confiné dans la sphère privée

Remplacer, dans le discours officiel sur l’immigration, le principe abstrait, désincarné et théorique de laïcité par celui d’identité, charnel, enraciné et global, permettrait donc de disposer d’un critère général et clair pour définir sans ambiguïté, et une fois pour toutes, quelle doit être la place de l’islam dans notre pays : celle d’une religion qui, pour ne pas obérer le droit du peuple français à son identité, doit rester confinée dans la sphère privée.

Ce principe permettrait par ailleurs d’offrir aux étrangers qui prétendent demeurer en France un modèle clair et attractif auquel ils pourraient se référer et adhérer. Loin de la chimère philosophique de la laïcité, il leur serait présenté la perspective concrète de s’assimiler à une grande nation qui a traversé les siècles et dont l’identité est un trésor civilisationnel unique au monde. Un trésor dont peuvent être fiers tous ceux qui décident d’en faire leur héritage.

Polémia

mardi 12 juillet 2022

Jean-François Carenco à l’Outre-Mer : mensonge et répression au programme ?

 


Par Camille Galic, journaliste et essayiste le 11 juillet 2022♦  Jean-Yves La Gallou déclarait il y a quelques jours sur Twitter : « Il y a 2 sortes de préfets : ceux qui respectent leurs interlocuteurs et ceux qui imposent brutalement les décisions du pouvoir. Carenco, comme Lallement, est de la catégorie des brutaux, ceux que Macron préfère. Il est là pour faire payer aux Antilles leurs votes Le Pen et NUPES. »

C’est à La Réunion, touchée par une grave crise économique, que, accompagné de son ministre de tutelle Gérald Darmanin, Jean-François Carenco a étrenné le 8 juillet ses fonctions de ministre délégué aux Outre-Mer. Un poste hérité de l’avocate macroniste Yaël Braun-Pivet qui l’avait décrit en mai 2022 comme « le plus beau qui soit » mais l’abandonna sans regrets le 28 juin pour la présidence de l’Assemblée nationale, ce qui fait d’elle la première femme à occuper l’un des palais de la République les plus convoités : l’hôtel de Lassay dont, de l’avis des initiés, la cave, la chaire et le parc sont incomparables.

Un préfet dans le moule

Sorti de l’ENA dans un rang modeste, très loin de l’inspecteur des Finances Macron ou du conseiller d’État Edouard Philippe, le méridional Carenco commença sa carrière à 27 ans comme simple conseiller au tribunal administratif de Marseille où il végéta quatre ans avant de rejoindre la Préfectorale en 1991 comme secrétaire général de la préfecture des Yvelines, puis préfet de Saint-Pierre-et-Miquelon, du Tarn-et-Garonne de Guadeloupe et de Haute-Savoie. Ensuite directeur de cabinet du ministre de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo, qui lui accorde une bienveillante et durable protection, il retrouva sa casquette, mais cette fois comme préfet de région. De Haute-Normandie, puis de Midi-Pyrénées et, en novembre 2010, de Rhône-Alpes où, nommé sous Nicolas Sarkozy, il fut maintenu par François Hollande qui, conseillé par Manuel Valls, le promut préfet de la région Île-de-France, le Graal, en mars 2015.

Si le démarrage avait été laborieux, la progression fut rapide.

Carenco la dut-il à ses qualités personnelles (acharnement au travail, rapidité de décision, vista, sens de l’organisation, etc.) ou à sa complaisance devant les puissants — et les idées — du jour comme le suggèrent certains de ses collègues ? Lesquels invoquent aussi des amitiés très « fraternelles », celles dont a profité Didier Lallement, actuel préfet d’Ile-de-France et de Paris, humaniste revendiqué et d’ailleurs membre du Grand Orient de France depuis sa jeunesse socialiste tendance sandiniste (cf. Le Monde) et, « en même temps », éborgneur en chef de Gilets jaunes.

Tout miel avec les Roms, intraitable avec les nationalistes

Dans son livre Préfet de la République, à paraître au Cerf en septembre, Jean-François Carenco répète ad nauseam que « la République est le meilleur vecteur vers ce qui est appelé aujourd’hui le “vivre-ensemble” » et se targue d’avoir toujours obéi aux « valeurs républicaines ». C’est sans doute pourquoi, préfet du Rhône en septembre 2012, il avait autorisé la cinquantaine de Roms qui, après avoir provoqué involontairement un incendie dans leur campement, squattaient le gymnase Félix-Charron de Bron, à continuer d’occuper les lieux « pour un certain temps » — qui s’éternisa.

En revanche, condamnant tous les « agissements contraires aux règles fondamentales de la démocratie et aux principes républicains », il devait en avril 2013 sévir avec la plus extrême rigueur contre des militants des Jeunesses Nationalistes et leur président Alexandre Gabriac qui avaient investi le toit de l’hôtel de la Part-Dieu pour dénoncer le « mariage pour tous ». Accusant le groupe, dissous à son initiative, de mener ces « opérations coup-de-poing avec pour unique but de délivrer des messages de haine », le préfet avait averti les imitateurs éventuels des factieux que « des instructions fermes ont été données aux services de police afin que les auteurs de ces agissements soient à chaque débordement, interpellés et donc déférés dans les plus brefs délais ». Scrogneugneu !

Inutile de préciser que ce représentant de l’État se montra tout aussi passif que ses prédécesseurs devant la délinquance montant en Rhône-Alpes au rythme d’une immigration incontrôlée. Ce qui provoqua une vive réaction de Bruno Gollnisch, alors président du groupe Front National (qui comptait 15 élus) au Conseil régional après l’odieux assassinat le 28 septembre 2012 par une quinzaine de racailles de deux étudiants en promenade dans un parc d’Echirolles. Devant « ces faits qui traduisent la montée de la violence dans une société en décomposition », Gollnisch réclama « l’audition du Préfet de région sur les questions de sécurité dans les agglomérations de Grenoble, Lyon, Saint-Etienne ». Carenco se défaussa, le procureur ayant affirmé qu’il s’agissait d’« une bagarre d’une grande banalité [sic] qui a tourné de façon tragique, avec ces deux victimes, dans un déchaînement de violences difficilement explicables [resic] ».

Le haut fonctionnaire sait pourtant se montrer offensif. Ayant pantouflé en 2017 à la présidence, qu’il occupa jusqu’à sa récente promotion ministérielle, de la Commission de régulation de l’Energie, il avait ainsi menacé : « Que ceux qui ne veulent pas des éoliennes soient privés d’électricité ! La promesse d’une énergie abondante [sic] et disponible pour tous est une promesse républicaine, il faut en accepter les contraintes. » Quelques années plus tôt, en plein scandale Cahuzac, il avait lancé à la presse locale alors que des rumeurs circulaient sur ses propres affaires : « Les yeux dans les yeux, je n’ai pas de compte en Suisse. Mais j’aimerais bien ! Ça voudrait dire qu’on gagne bien sa vie. Moi je dis à Cahuzac, « chapeau l’artiste ! ». Tenir quatre mois comme ça… Moi je peux mentir un peu mais pas avec cet aplomb. »

La carotte ou le bâton ?

Lui suffira-t-il de jouer les grandes gueules, de surjouer la jovialité, d’adopter une attitude très tactile façon Macron et de « mentir un peu » (aveu qui annonçait celui du pape François : « Sono un poco furbo ») pour réussir au ministère des Outre-Mer et ramener dans le droit chemin les Domiens qui, quand ils ne se sont pas massivement abstenus, ont voté parfois à plus de 60% pour Marine Le Pen contre Dominique Macron au second tour de la présidentielle, et pour l’extrême gauche mélenchoniste aux législatives ? Certes, comme l’a rappelé Les Echos, il « a l’habitude des missions compliquées » avec notamment « la mise en place de la métropole du Grand Paris quand il était préfet d’Ile-de-France ». Mais la politique vaccinale adoptée par le gouvernement pendant la crise du Covid a suscité et suscite toujours une très vive hostilité Outre-Mer où certaines collectivités « se sentent abandonnées face à des problématiques comme l’accès à l’eau ou la pollution à la chlordécone » sans parler de la profonde crise de la canne à sucre à La Réunion où les planteurs s’opposent au géant sucrier Téréos car, déplorent-ils, « le prix de la canne n’a pas augmenté depuis 1969 ».

Attisés par les évangélistes états-uniens très agissants dans les Isles, toute cette agitation et le désamour croissant des Ultramarins vis-à-vis de Paris avaient peut-être joué dans la décision de Braun-Pivet de renoncer au « plus beau portefeuille qui soit ».

« Notre avenir est toujours à inventer ensemble et la République en est le chemin », professe noblement Jean-François Carenco dans son livre. Nommé à seule fin de faire marcher droit les Domiens, on verra comment s’y prendra le ministre. Utilisera-t-il la carotte comme avec les Roms ou le bâton comme avec les « extrémistes » lyonnais ainsi que l’espèrent visiblement Macron et Darmanin ? Mais, dans la seconde hypothèse, le Pouvoir courra le risque de se mettre à dos toute la bien-pensance médiatique, bien somnolente quand le préfet Lallement déchaînait ses BAC contre les Gilets jaunes autochtones.

Polémia

vendredi 1 juillet 2022

Vers une coalition des vaincus autour de Macron

 


Par Pierre Boisguilbert le 28 juin 2022♦ On sait maintenant ce que le président Macron veut dire quand il parle de « partis républicains de gouvernement ». Pour lui, il s’agit des partis qui ont été désavoués par leurs électeurs.

Le mépris de Macron

Cela inclut donc sa propre formation et ses alliés, les vaincus du PS et ceux des LR avec peut-être au passage quelques communistes qui ne peuvent pas avoir de groupe parlementaire et quelques écologistes pour faire joli. Sont donc exclus les deux partis qui ont remporté les élections en progressant en nombre de suffrages et d’élus.

Pas d’insoumis, pas de RN.

Macron, si pointilleux sur le résultat de la présidentielle qui donne la légitimité suprême, préfère donc Hidalgo, moins de 2 %, et Pécresse, moins de 5 %, plutôt que Le Pen et Mélenchon, à plus de 40. On ne peut être plus clair sur la volonté de ne pas tenir compte du vote des Français.

C’est donc Élisabeth Borne reconduite dans la durée avec une mission d’élargissement de la majorité qui va devoir rallier les défaits aux vaincus. Elle n’aura sans doute pas de mal à trouver quelques républicains prêts à sauver la France pour une petite voiture avec chauffeur et fanion. Copé est candidat, Estrosi et Muselier aussi, il y en aura d’autres. Il y aura Ménard qui a entamé depuis quelques mois un « en marche » vers En Marche assez spectaculaire au niveau des renoncements multiples au vote de ses propres électeurs.

À gauche, ce sera plus difficile. Car il y a la peur de Mélenchon. Le communiste y serait bien allé, mais il hésite. Les écolos, eux, n’ont peur de rien, même plus de la réouverture des centrales à charbon ; donc, faute de sauver la planète, ils pourraient contribuer à sauver la minorité présidentielle.

Hystérie sociétale

Quant à Renaissance, elle a trouvé un moyen d’être majoritaire. Faire entrer dans la Constitution le droit à l’avortement. La formation macroniste a surfé sur l’hystérique indignation médiatique après l’interdiction aux USA de l’avortement au niveau fédéral, donnant la liberté de légiférer sur le sujet à chaque État fédéré. Le problème en France ne se pose pas et la Constitution n’est pas faite pour ça. L’initiative a peu de chance d’aller au bout et ça ne changerait rien. Mais peu importe, cela montre qu’il y a une majorité en France, c’est la majorité sociétale. Elle peut aller parfois presque à l’unanimité avec le RN. Le plus souvent cependant, c’est une majorité qui va de Macron à Mélenchon. Dans un contexte de crise politique, et peut-être sociale, le gouvernement va être tenté de détourner l’attention sur tout ce qui touche à la vie privée et sexuelle des Français. C’est un vrai danger pour ceux qui sont défavorables à un endoctrinement Netflix de la jeunesse et à la discrimination de ceux qui ne sont pas soumis aux minorités.

La tentation de Macron va être grande de faire du sociétal plutôt que du social et du politique. Il lui faudra cependant passer le cap du nouveau gouvernement et du vote de confiance ou plutôt du rejet d’une motion de censure. Comme les insoumis et consorts ne veulent pas du vote RN, Élisabeth Borne a peu de soucis à se faire. Son nouveau gouvernement pourra prendre la mer, avec cependant dès le départ un côté canots de sauvetage du Titanic. Le radeau des désavoués aura du mal dès le premier récif.

Polémia