Affichage des articles dont le libellé est Renaissance. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Renaissance. Afficher tous les articles

mercredi 28 février 2024

Macron, le va-t-en-guerre



La dernière fois que la France a été en guerre contre la Russie, c’était en Crimée, de 1853 à 1856. À une époque où la main-d’œuvre n’était pas chère, la France expédia dans cette lointaine contrée plus de 300.000 hommes aux côtés des Britanniques, des Turcs et des Sardes pour s’opposer à l’expansionnisme russe alors que l’Empire ottoman était en plein déclin. Près de 100.000 de nos soldats ne revinrent pas de cette guerre. À l’époque, la France, qui faisait encore jeu égal avec l’empire des Romanov, dépensa dans ce conflit plus de 145 millions de livres sterling quand la Russie, elle, y laissa 144,5 millions de livres et le Royaume-Uni plus de 164 millions de livres. Un rappel historique qui devrait permettre de remettre les choses en perspective, alors qu’Emmanuel Macron, lundi soir, lors de la conférence internationale de soutien à l’Ukraine qui réunissait 21 chefs d’État et de gouvernement à l’Élysée, a fait une déclaration on ne peut plus belliqueuse.

« En dynamique, rien ne doit être exclu. »

Envoi de troupes au sol occidentales en Ukraine ? « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée [comprendre que l’Occident a déjà « du monde » là-bas ? Probablement] des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu. » « En dynamique » : qu’est-ce que veut dire ce charabia ? Que ce qui était exclu hier ne l’est plus aujourd’hui et encore moins demain. Et d’ailleurs, ajoute le Président : « Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre. » Tout. C’est-à-dire ? Tout, sauf à ce que Macron bluffe ou soit fou (ce qu’on exclut par construction intellectuelle), cela veut bien dire jusqu’à envoyer des troupes au sol. « Tout », cela pourrait signifier de tenter le grand jeu diplomatique avec la Chine, les pays arabes, la Turquie (encore et toujours elle !), voire Israël, qui n’a peut-être pas trop envie que l’attention des Occidentaux se détourne de son sort pour regarder nach Osten. Mais, visiblement, dans ce grand « tout », l’option diplomatique semble écartée. Mais avons-nous encore une diplomatie française ? Avec un Séjourné au Quai d'Orsay, on peut en douter.

Emmanuel Macron, avec ses petits bras musclés...

Mais que nous fait donc là Macron ? Alors qu’effectivement, chez nos alliés, ça ne se bat pas spécialement au portillon pour aller mener une guerre fraîche et joyeuse dans les plaines d’Ukraine, qu’aux États-Unis, la Chambre des représentants à majorité républicaine bloque toujours un plan d’aide à l’Ukraine de 60 milliards de dollars, que Biden, à quelques mois de l’élection présidentielle, ne doit pas spécialement avoir envie de se lancer dans une guerre mondiale, que le chancelier allemand vient de rejeter la demande de l’Ukraine de lui livrer des missiles de longue portée Taurus, Emmanuel Macron, avec ses petits bras musclés, n’exclut aucune option. Son Premier ministre a du reste confirmé la chose, ce mardi matin, sur le plateau de RTL : Emmanuel Macron « a été clair sur le sujet », a déclaré Gabriel Attal.

On en sourirait s’il ne s’agissait de la France

Donc Macron, dans son petit treillis bien repassé, impérial, déclare qu’il veut maintenir une « ambiguïté stratégique ». C'est ce qu'on doit appeler le « brouillard de la guerre ». La réponse du Kremlin ne s’est pas fait attendre, laconique et sans ambiguïté : ce ne serait pas « dans l’intérêt des Occidentaux » que d'envoyer des troupes au sol en Ukraine. Encore moins ambiguë, la déclaration du chancelier allemand Olaf Scholz, ce mardi matin : « Il n'y aura aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les États européens ni par les États de l'OTAN sur le sol ukrainien. » Et le gouvernement italien, à son tour, de s'aligner sur la position de Scholz. Lundi, c’était « Rantanplan, on va leur percer le flanc », comme chantaient les grognards de Napoléon, baïonnette au canon. Mardi, il nous reste Rantanplan tout court. On en sourirait s’il ne s’agissait de la France.

A-t-on les moyens ?

Car la question de fond, au-delà des déclarations va-t-en-guerre de plateau télé et de salles de conférences bien douillettes, est double. Primo, a-t-on les moyens de faire la guerre à la Russie qui a le temps, la profondeur stratégique et qui fonctionne en économie de guerre ? Juste deux chiffres. La France serait capable de tenir, avec ses forces terrestres dans le cadre d’un conflit de haute intensité, au mieux un front de 80 kilomètres, selon l’expert de défense Jean-Dominique Merchet. Le front russo-ukrainien s’étire sur près de 1.000 kilomètres… Secundo, et c’est sans doute la question essentielle : les Français sont-ils prêts à voir revenir des centaines, voire des milliers de tués et de blessés, estropiés à vie dont certains termineront en faisant la manche dans le métro ? Car, il faut voir la réalité en face, c’est bien ce qui se passerait si l'on participait à cette guerre qui est plus proche de celle de 14-18 que de celle des étoiles. Les Français sont-ils prêts à payer le prix d'une guerre dont ils ne sont peut-être pas convaincus que c’est la leur ?

Par Georges Michel le 27 février 202

Boulevard Voltaire

Marion Maréchal (R!) dénonce l'arrivée de migrants de Mayotte au château de Grignon

mardi 27 février 2024

Ukraine : passe d’armes entre Gabriel Attal et Marine Le Pen à l’Assemblée nationale




Après les propos ambigus d'Emmanuel Macron sur la possibilité d’envoyer en Ukraine des renforts occidentaux, Marine Le Pen a fait connaître son désaccord, ce mardi 27 février, à l’Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement, rappelant que la France ne doit pas enclencher un mécanisme d’escalade de la violence alors même que ses intérêts ne sont pas en jeu. 

Le Premier ministre Gabriel Attal a alors répliqué : « Si vous aviez été élue en 2022, on ne serait pas en train de fournir des armes aux Ukrainiens pour se défendre, on serait en train de fournir des armes à la Russie pour écraser les Ukrainiens. » 

Et d'enfoncer le clou avec une déclaration pour le moins hasardeuse : « Il y a lieu de se demander si les troupes de Vladimir Poutine ne sont pas déjà dans notre pays, je parle de vous et de vos troupes. » Au sortir de l’Hémicycle, Marine Le Pen s’est exprimée au micro de BFM TV, relevant « un chapelet d’injures » à son égard. 

Elle est ensuite revenue sur le sujet de ce débat : « Emmanuel Macron traite la guerre avec une très grande légèreté », et a rappelé que la guerre est la pire chose qui puisse arriver à un pays.

Le 27 février 2024

lundi 26 février 2024

D’extrême droite, le journal d’extrême gauche La Marseillaise : rien ne les arrête !



On aura beau dire, malgré toutes les choses qui ne vont pas, et malgré la haine pré-révolutionnaire qui entourait Emmanuel Macron lors de son arrivée au Salon de l’agriculture, il y aura toujours, grâce aux macronistes, des occasions de rigoler. Cette semaine, c’est Nadia Hai qui s’y colle. Vous ne la connaissez pas ? C’est bien dommage, car son parcours est en quelque sorte exemplaire. Originaire de Trappes, conseillère en patrimoine, elle s’est lancée en politique en 2017 en créant le mouvement « Femmes en marche avec Macron ». Élue députée dans la foulée, elle a été nommée ministre délégué sous Jean Castex. Précisons qu’elle avait été obligée de démissionner de son mandat en 2019 - et donc de provoquer une élection partielle -, car son suppléant avait été mis en examen pour trafic de stupéfiants, afin que ce dernier ne siège pas à l'Assemblée.

Nadia Hai, donc, maintenant que les présentations sont faites, a été choquée par la malveillance de ceux qui  prêtent à Emmanuel Macron des propos qu'il n'aurait jamais tenus. Une phrase malheureuse qu'il aurait prononcée devant les représentants d'un petit syndicat agricole (le Mouvement de défense des exploitations familiales, MODEF) et reprise dans le journal La Marseillaise. L’entretien avec le MODEF date du 19 février, mais les propos ont été rendus publics le 24 février 2024, alors même que le président de la République était en train de trottiner dans les allées du Salon de l’agriculture pour échapper aux paysans - l’image est en train de faire le tour du monde. Emmanuel Macron aurait donc prononcé une phrase « choc », qui se retrouve en couverture : « Les smicards préfèrent des abonnements VOD à une alimentation plus saine. » Cette phrase figure sur le compte rendu de l’audience présidentielle qu’ont rédigé les quatre représentants du MODEF qui y ont assisté. Tous persistent et signent.


Comment rattraper cette énième marque de mépris de classe ? Avec le recours aux vilains pas beaux d’extrême droite, bien sûr ! Nadia Hai n’hésite pas à en faire des caisses : « Jamais le Président Emmanuel Macron n’a prononcé les propos sur les "smicards" qui lui ont été attribués par le journal la Marseillaise. Méfiez-vous des fake news car l’escroquerie intellectuelle de l’extrême droite atteint son paroxysme. » D'abord, elle en sait quoi, la dame, qu'il a jamais dit ça : elle était là, dans un coin de la pièce ? Ensuite, d’extrême droite, La Marseillaise ? C’est un peu léger. 

Fondé par des communistes en 1943, le quotidien provençal est demeuré exclusivement d’extrême gauche jusqu’en 1997, date à laquelle il a ouvert ses colonnes à d’autres opinions politiques. Parmi ses auteurs phares, on peut citer l’excellent Jean-Claude Izzo, auteur de la trilogie policière Total Khéops (et créateur du héros Fabio Montale), qui fut objecteur de conscience et poète communiste. D’extrême droite, La Marseillaise !

Rien ne les arrête !

L’Élysée, évidemment, a dû sortir les rames. Après avoir affirmé que personne n’avait invité les gauchistes des Soulèvements de la Terre à débattre avec le Président, les conseillers doivent désormais redoubler de fourberie pour expliquer, avec le même aplomb, que jamais Emmanuel Macron n’a eu ces propos sur les smicards. Il n’est pas sûr du tout que cela suffise. Et, même si ces propos sont possiblement vrais, quand on est président de la République, on ne dit pas ça en parlant d’une bonne partie du peuple que l’on dirige.

On dit qu’Emmanuel Macron préfère tout faire lui-même. C’est sûr que, si on était entouré d’une équipe de bras cassés de cet acabit, on ne serait pas loin de l’approuver. L’inculture (voire la bêtise) étend son ombre sur tout le pays : à l’heure où la ville de Carcassonne se trompe dans l'orthographe de ses noms de rues (« Pierre Curry » pour Pierre Curie !), un ex-ministre assimile un journal de gauche à la « mauvaise foi » de « l’extrême droite ». Ils sont épuisants… mais au moins, comme on l’a dit, ils nous font encore rigoler.

Par Arnaud Florac le 25 février 2024

Boulevard Voltaire

dimanche 18 février 2024

Nicolas Dupont-Aignan (DLF) demande la suppression totale du droit du sol



Gabrielle Cluzel accueille, cette semaine, Nicolas Dupont-Aignan Dans votre salon. Le président de Debout la France et député de l'Essonne confirme que son mouvement souverainiste sera bien présent aux européennes sous l'appellation « Les amoureux de la liberté ». Pour Boulevard Voltaire, il balaie tous les grands sujets chauds du moment : l'injonction du Conseil d'État au sujet de CNews, guerre en Ukraine, Mayotte, référendum sur le droit du sol, loi sur les dérives sectaires, etc.

Par Gabrielle Cluzel le 17 février 2024

Boulevard Voltaire


lundi 5 février 2024

Le grand effacement, ou comment la France peut disparaître



L’effacement : à son tour, Emmanuel Macron a évoqué ce risque suicidaire lors de sa conférence de presse du 16 janvier. Mais Il s’est arrêté en chemin, excluant la France d’une possible disparition. Le président ne craint que pour l’Europe, bousculée par le chamboulement planétaire qui déboulonne l’hégémonie occidentale et invite l’UE à en rabattre. Pourtant, c’est plus dramatiquement la nation épuisée qui se vide de son peuple, comme un corps perd son sang. La révolte paysanne est celle de ce monde qui ne veut pas mourir. Or l’hémorragie, causée par une baisse des naissances des autochtones et une population musulmane prolifique, satisfait les immigrationnistes au pouvoir, pour qui un homme en vaut un autre. En 2022, un tiers des bébés avait au moins un parent né hors de l’Union européenne. Entre 2000 et 2022, les naissances issues de deux parents nés à l’étranger ont augmenté de 72%. Si la femme française ne fait plus qu’1,68 enfant, l’immigrée algérienne, avec 3,69 enfants, est plus féconde que l’Algérienne (3 enfants), selon Nicolas Pouvreau-Monti, cofondateur de l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (Le Figaro, 15 janvier). A ce rythme, trois ou quatre générations devraient suffire pour qu’il ne reste plus que des traces éparses de la France française réduite à être visitée, par des Franciens venus d’ailleurs, dans ses « réserves » exotiques.

Le grand effacement fait partie des mots interdits que Macron s’exerce désormais à prononcer, comme il rependrait un refrain paillard. La transgression est son frisson. Son premier ministre, Gabriel Attal, promet pareillement de « garder notre identité française ». Mais tous deux évitent d’évoquer la substitution, sous leurs yeux clos, d’un peuple par un autre, d’une civilisation par une autre. Or ce qui s’observe est non seulement une libanisation de la nation jadis homogène, mais un remplacement ethnique et culturel. Il n’est d’ailleurs permis que de s’en réjouir, au risque d’être accusé de racisme et de xénophobie. A la crise de la natalité (baisse de près de 7% en 2023) s’ajoutent la pression migratoire (depuis 1999, augmentation de 153% des titres de séjour et de 227% des demandes d’asile, soit près de 500.000 arrivées par an), une émigration des plus jeunes (54% des 18-25 ans seraient prêts à quitter la France), un exode de ceux qui fuient l’antisémitisme coranique, et un islam laissé en paix dans ses colonisations qui s’étendent. Ce n’est pas en lançant un « plan de lutte contre l’infertilité » et un « congé de naissance » ouvert aux parents que le chef de l’Etat peut espérer faire obstacle à cette disparition de l’esprit français, chassé par la technique et ses robots. Le choix de Macron de résister au RN par une « lutte contre l’immigration clandestine » avalise l’immigration légale, avec le soutien du Conseil constitutionnel. Tout reste en place pour achever la dilution du pays.

L’urgence est de stopper la liquidation de la France, promue par l’idéologie mondialiste qui continue d’imprégner le sommet de l’Etat. Le temps presse. Mais il est encore possible, à condition d’un sursaut politique, d’endiguer la conquête démographique du pays et de résister à son asphyxie.

Par Ivan Rioufol le 2 février 2024

Le Blog d'Ivan Rioufol

jeudi 18 janvier 2024

Macron, ce faussaire malhabile


Des mots, des amas de mots :
 Emmanuel Macron n’a su s’extraire de son travers verbeux, mardi soir, à l’issue de plus de deux heures de conférence de presse. Rien n’a justifié que le chef de l’Etat empressé s’invite, à 20h15, dans les foyers via six chaînes de télévision. La jactance présidentielle n’a fait que caricaturer davantage celui qui a affirmé : « J’assume de continuer à présider le réel ». Au contraire, Macron ne maîtrise plus le contrôle de la réalité. Il croyait pouvoir la domestiquer avec son approche orwellienne de la « double pensée », ce « en même temps » autorisant tout et son contraire. 

L’exemple le plus significatif de la décrédibilisation du récit officiel a été de l’entendre, sur les émeutes urbaines de juillet dernier, rejeter tout lien avec l’immigration au prétexte que les jeunes insurgés, très majoritairement issus du Maghreb, « étaient de nationalité française, pour la quasi-totalité nés en France ». Pour le président, ces casseurs, qui criaient souvent « Allah Akbar ! », n’auraient été motivés que parce qu’ils « s’ennuyaient ». 

Macron s’est également félicité de l’efficacité de l’Union européenne, notamment dans sa promotion des vaccins anti-Covid dont il persiste à vanter l’efficacité en dépit de leurs protections médiocres et de leurs effets secondaires importants. C’est ce même président indifférent aux faits qui s’est inquiété sans vergogne de la survenue d’une « génération de complotistes » formés par les réseaux sociaux à avoir « un rapport faussé à la vérité ». Comment, dans ces conditions, croire en la sincérité de Macron quand il dit vouloir se battre « pour que la France reste la France », en s’appropriant au passage les mots d’Eric Zemmour et d’Eric Ciotti ?

Macron est un faussaire de plus en plus malhabile : il ne survit que par son aisance dans le verbe et une propagande qui contourne le réel. Parmi les maigres annonces d’hier soir, celle d’une obligation à suivre des cours de théâtre au collège marque l’empreinte d’un président qui excelle dans la mise en scène et le jeu de rôle. Mais sa déconnection des gens ordinaires lui fait répéter les mêmes erreurs sur la meilleure manière de contrer le RN, qu’il nomme « Front national ». Ce n’est pas seulement en luttant « contre l’immigration clandestine » que Macron peut espérer faire reculer Marine Le Pen

Celle-ci est portée par le sentiment d’abandon qu’éprouvent des Français face à une immigration légale qui bouscule les fragiles équilibres sociologiques et culturels. Le « grand effacement » est un risque que Macron a évoqué à propos de la place de l’Europe dans les bouleversements géopolitiques. « Il ne s’agit pas de notre pays », a-t-il même précisé. Or c’est justement cette perspective d’une dilution de la France qui devrait mobiliser ses inquiétudes. La chute de la natalité (moins 6,6% en 2023) conjuguée à la forte et féconde immigration musulmane sont autant de facteurs pouvant laisser craindre, avant la fin de ce siècle, en de profonds changements civilisationnels. 

En réponse, Macron a promis « un plan de lutte contre l’infertilité ». En rire, ou en pleurer ?

Par Ivan Rioufol le 17 janvier 2024

Le Blog d'Ivan Rioufol

dimanche 14 janvier 2024

Eric Zemmour (R!) sur CNEWS le 14 janvier 2024

 

Rachida Dati au sein du gouvernement Attal: Paris vaut bien une messe républicaine


« Tout ça pour ça ! » ne manqueront sans doute pas, et non sans raison peut-être aussi, de dire les détracteurs de la macronie et, en particulier, de son tout nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, à l’occasion de la formation de son premier gouvernement.

Et, de fait, quatre des principaux ministres, des « poids lourds » manifestement indéboulonnables, à la tête d’importants ministères au sein du précédent gouvernement, celui d’Elisabeth Borne, sont restés, occupant exactement les mêmes fonctions, dans celui, fraîchement nommé depuis ce 11 janvier 2024, de Gabriel Attal : Gérald Darmanin à l’Intérieur, Bruno Le Maire à l’Economie et aux Finances, Eric Dupond-Moretti à la Justice et Sébastien Lecornu à la Défense.

Quant à trois des « entrants » au sein de non moins importants ministères, Stéphane Séjourné aux Affaires Etrangères (et à l’Europe), Amélie Oudéa-Castéra à l’Éducation Nationale (et aux Sports) et Catherine Vautrin au Travail, à la Santé et aux Solidarités, c’est peu dire qu’ils sont d’illustres inconnus, par-delà leurs compétences, supposées ou avérées qu’elles soient, par le grand public, celui-là même qui détient, comme en tout système démocratique digne de ce nom, le vote national et populaire.

Championne de tennis et star médiatique

Du reste, je ne savais pas qu’une ancienne joueuse de tennis, pour talentueuse qu’elle fût dans son domaine de prédilection et comme l’est effectivement la toute nouvelle ministre de l’Éducation Nationale, pouvait considérer ses médailles, coupes et autres breloques, comme autant de gages de savoir intellectuel pour présider au destin, précieux entre tous, de l’enseignement au sein de l’école française !

Mais, voilà, dans ce tout nouveau casting ministériel, qu’il soit critiquable ou pas, il y a surtout la surprise du chef, Emmanuel Macron en personne, deux fois démocratiquement élu, fût-ce par défaut en ce qui concerne la seconde, à la tête de la République française : la nomination de Rachida Dati, star médiatique par son incontestable sens de la repartie politique, à l’éminent poste de Ministre de la Culture !

Du reste, je ne savais pas, là non plus, qu’une magistrate de profession et ancienne avocate, Ministre de la Justice (sous la présidence, en 2007, de Nicolas Sarkozy) avant d’être l’actuelle Maire de l’un des arrondissements (le VIIe) les plus élégants de Paris, pouvait honnêtement croire que ses indéniables connaissances, en matière de droit juridique ou de code pénal, pussent être synonymes, là aussi, de compétences dans la maîtrise de dossiers plus spécifiquement culturels.

Je ne sache pas, de fait, que, par exemple, la maîtrise de procédures judiciaires, quelles qu’elles soient et aussi respectables soient-elles, puisse être perçue a priori comme la garantie d’un savoir, même s’il n’est certes pas exclu en l’occurrence, quant à la correcte et profonde compréhension d’un texte de Descartes, de Chateaubriand ou de Robbe-Grillet, d’un tableau de Soulages ou d’une sculpture de Duchamp, d’une partition de Messiaen, de Duruflé ou de Boulez, ou d’un film de Godard, Renais ou Rohmer, pour ne s’en tenir ici, sans même vouloir forcer le trait, qu’à quelques-uns des noms les plus célèbres au sein de la culture (littérature, philosophie, art, cinéma…) française !

Paris vaut bien une messe républicaine

D’où, nécessaire, cette question ! Quel ultime mais autoritaire argument a donc bien pu convaincre Gabriel Attal, et son incontournable mentor surtout, Emmanuel Macron, pour nommer à ce prestigieux poste de ministre de la Culture, précisément, une femme politique qui, il n’y a guère si longtemps encore, en juin 2021, ne se privait pas de traiter publiquement de « traîtres », en direct sur les plateaux de télévision les plus courus de la capitale, ceux qui abandonnèrent leur camp, de gauche ou de droite qu’ils fussent, pour rejoindre le parti, « La République en Marche » à l’époque, de ce même président ?

Je n’y vois pour ma modeste part, chez cette femme venue de la droite républicaine, sous l’égide de Nicolas Sarkozy lui-même, qu’une incompressible ambition politique : celle-là même qui fit dire jadis au très opportuniste mais surtout futur roi Henri IV, protestant à l’origine, que, pour accéder au sommet du pouvoir au sein de la très catholique monarchie de droit divin, « Paris valait bien une messe ! »

Du reste, c’est bien la mairie de Paris, ici aussi, que Rachida Dati, dont l’opportunisme politique n’a jamais été un mystère pour les plus avisés des observateurs de la vie politique française, ambitionne véritablement, en dernière analyse, à travers cette légitimité, sinon crédibilité, qu’est censée lui conférer, désormais, cet enviable et tout nouveau poste, précisément, de ministre de la Culture…

Une redoutable maîtresse en punchlines

Et puis, qu’à cela ne tienne : cette femme fortement engagée et au caractère bien trempé, au franc parler aussi bien qu’à l’inépuisable logorrhée, qu’est la très énergique Rachida Dati, redoutable maîtresse en matière de punchline, phrases chocs et autres débats assassins (c’est peut-être là, paradoxalement, sa plus grande qualité professionnelle), ne peut certes être pire, dans cette fonction quasi régalienne, que l’inexistante, plus encore qu’inconsistante, Rima Abdul-Malak, dont on s’est par ailleurs toujours demandé ce qu’elle faisait, à ce poste, jusqu’à hier encore !

Le couple Attal-Dati : calcul idéologique et ravalement de façade du dispositif anti-RN

Morale, toute en finesse et nuances, de l’histoire ? C’est un véritable quoique artificiel, certes démagogique mais néanmoins habile, dispositif anti Rassemblement national, par l’intermédiaire de ce séduisant couple Attal-Dati, qu’Emmanuel Macron, dont on ne peut à l’évidence contester l’ingéniosité du sens politique, a ainsi mis efficacement (du moins en théorie) en place, avec un gouvernement à la sensibilité majoritairement de « droite » (si tant est que ce clivage idéologique « gauche/droite » ait encore une quelconque pertinence conceptuelle aujourd’hui), afin de battre en définitive, espère-t-il légitimement, ses deux leaders, Jordan Bardella et Marine Le Pen, lors des prochaines élections européennes, en cette année 2024, et surtout, en 2027, lors des très attendues élections présidentielles françaises ! 

Reste à savoir, bien évidemment, si ce calcul politique – car ce nouveau gouvernement est, c’est là le seul quoique important changement, dans la réalité des faits, à ce sujet, de nature essentiellement politique, et non plus seulement technocratique, par-delà son adroit, audacieux sinon téméraire, ravalement de façade – parviendra à ses fins…

L’exclusion de Rachida Dati des « Républicains » : une monumentale erreur politique

Dernier point, enfin : il est fort à parier, sans prendre le risque de trop se tromper, que « Les Républicains » eux-mêmes, par la voix de leur président, Eric Ciotti, regretteront bientôt amèrement d’avoir exclu aussi précipitamment de leurs rangs, pourtant déjà bien affaiblis tant ils sont disséminés depuis un certain temps, cette même Rachida Dati quelques minutes, à peine, après sa fracassante intronisation à la tête de ce sacro-saint ministère de la Culture.

L’erreur politique est monumentale : ce parti, déjà moribond, va ainsi, par cette énième mais cruciale défection, probablement imploser de manière décisive.

De Gaulle et son ministre de la Culture, André Malraux : une autre étoffe intellectuelle !

Le général de Gaulle doit se retourner aujourd’hui, face à cette désolante parodie de la Comédie humaine, dans son historique tombe… A propos, n’est-ce pas lui justement, le premier président de la Ve République, qui, le 8 janvier 1959 pour l’exactitude, il y a donc 65 ans presque jour pour jour, nomma un certain André Malraux, intellectuel majeur de la seconde moitié du XXe siècle et mémorable auteur d’une richissime œuvre littéraire, Ministre, lui aussi, de la Culture ?

Cet immense esprit repose, du reste, aujourd’hui en paix, depuis le 23 novembre 1996, au Panthéon, laïque sanctuaire sur le fronton duquel est inscrit en lettres majuscules que la « patrie reconnaissante » rend ainsi solennellement, et méritoirement, hommage aux « grands hommes ». C’est dire si Malraux, notable incarnation de la culture en sa plus haute et noble expression, pouvait se prévaloir, en effet, d’une autre étoffe spirituelle, sinon dimension philosophique !

Par Daniel Salvatore Schiffer le 12 janvier 2024

Causeur

samedi 13 janvier 2024

Séjourné au quai d’Orsay : pourquoi cette nomination est consternante



Gabrielle Cluzel a justement épinglé l'un des péchés originels de ce remaniement : l'évacuation du critère de compétence. C'est particulièrement le cas pour le nouveau ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné. Et c'est tellement évident que l'intéressé lui-même l'a avoué maladroitement lors de la passation de pouvoirs : « Je ne suis pas diplomate de métier mais, ayant grandi à l’étranger, je sais ce que veut dire la France dans le monde et je sais tout le pouvoir de la diplomatie et de la négociation ». A ce compte-là, nous sommes nombreux à pouvoir occuper nombre de fonctions éminentes.

Et cette auto-justification fondée sur un segment de sa vie personnelle (à proscrire absolument pour le moindre entretien professionnel) est en fait un marqueur de cette génération Macron. Ainsi la vie privée version Gala est-elle consciencieusement étalée quand cela les arrange et suscite des condamnations effarouchées lorsque des adversaires politiques osent poser des questions. Ainsi de l'homosexualité de certains ministres. 

Dans le cas de Stéphane Séjourné, qui fut pacsé avec avec Gabriel Attal, la question sur une « promotion canapé » (pour parler comme Juan Branco au sujet de l'ascension de Gabriel Attal lui-même) pouvait se poser. Là encore, tellement évident que le propre entourage de Séjourné a dû clarifier : « M. Séjourné et M. Attal ne sont plus ensemble depuis deux ans. Leur Pacs a été rompu à ce moment-là », a-t-il répondu au Figaro. Et en fait, le recours à l'argument de minorité (LGBT) doit être posé puisque M. Séjourné ne dispose ni d'une expérience internationale et diplomatique, ni d'une carrière d'élu local ou de parlementaire national. 

Et d'ailleurs, cette légitimité LGBT est implicite, notamment quand Catherine Colonna, toujours lors de la passation de pouvoirs, s'inquiète de l'absence de femmes à des postes régaliens. Elle est remplacée par un membre d'une minorité LGBT, donc l'honneur woke est sauf. Et tant pis pour vous, Mesdames. Il faut savoir partager l'honneur d'être une minorité.

Il est d'ailleurs révélateur que, sur ce sujet, la presse française fasse preuve d'une grande pudeur alors que certains journaux allemands sont plus cash. Ainsi de Bild qui titre : « Mini-Macron fait de son ex le ministre des Affaires étrangères ». intéressant de voir comment tout cela est perçu outre-Rhin.

Mais si cette nomination est consternante, c'est que ce déficit de compétence et de légitimité, cette inexpérience ajoutent à l'abaissement de la France. Le quai d'Orsay, ce n'est quand même pas rien. Chateaubriand, Briand, Villepin, pour faire vite et oecuménique. Et même en tapant en seconde division, on a toujours trouvé à ce poste des figures de diplomates, le plus souvent énarques, qui ont tenté de maintenir le rayonnement de la France en Europe et dans le monde. 

Emmanuel de Villiers comparait sur X Stéphane Séjourné à Jean François-Poncet, ministre de Giscard. Ambassadeur, fils d'ambassadeur, parfait connaisseur de l'Allemagne, il fut le promoteur d'une ligne européiste. 

Précisément celle de Macron et Séjourné. Mais justement, la baisse de niveau est spectaculaire : un petit apparatchik de l'UNEF pour la défendre ? Le centre macroniste pro-européen est décidément bien à plaindre.

Par Frédéric Sirgant le 13 janvier 2024

Boulevard Voltaire

mercredi 10 janvier 2024

Ce que cache le lancement du nouveau produit politique : Gabriel Attal

L’impossible mission de Gabriel Attal



Il aura fallu sept ans pour qu’Emmanuel Macron, face au récif du RN, vire de bord. La question est de savoir s’il n’est pas trop tard pour éviter le naufrage. Le capitaine du Titanic n’avait pu le détourner à temps de l’iceberg. La nomination de Gabriel Attal comme premier ministre, hier, se veut symbolique d’une modernité juvénile et d’un « effet waouh », si prisé par la Macronie. Mais sa mission, imposée dans l’urgence, semble impossible. Le chef de l’Etat a invité l’habile communicant, 34 ans à « mettre en œuvre le projet de réarmement et de régénération » annoncé dans ses voeux, ceci dans « la fidélité à l’esprit de 2017 : dépassement et audace ». 

En réalité Attal de Couriss (particule maternelle qu’il avait naguère rajoutée), enfant bien né d’une haute bourgeoisie parisienne progressiste, aura le courage des idées des autres. C’est d’ailleurs la caractéristique de cette gauche convertie au réalisme, qui tente en urgence de quitter en douce les chimères des idéologies pour s’approprier les thèmes de la droite pragmatique. Déjà, dans les années 70, le gauchisme de l’époque (André Glucksmann, Claude Lefort, Cornélius Casoriadis, etc.) avait su récupérer le combat antitotalitaire longtemps mené sous les injures par la seule droite anticommuniste. Dans tous les cas de figure, un socialisme à bout de souffle court après la modernité. Or l’histoire qui s’écrit ne puise rien dans le vide bavard de la majorité présidentielle, uniquement soucieuse de sa survie.

Attal a un talent politique. Son passage à l’Education nationale (5 mois) a été remarquable par les quelques décisions immédiatement appliquées (abaya, renvoi des élèves harceleurs, classes de niveau, etc). Mais quand Gérald Darmanin souligne qu’il veut, lui, « finir le travail qu’il a commencé », le ministre de l’Intérieur souligne en creux le maigre bilan de l’ambitieux qui lui a brûlé la priorité à Matignon. Le premier ministre sera jugé aux actes. De ce point de vue, un préalable vote de défiance parlementaire, demandé par LFI, n’aurait pas de sens. 

Reste que son abandon de poste, alors que l’Ecole s’effondre, ne fait pas apparaître une sincérité. Lors de la passation de pouvoir avec Elisabeth Borne, Attal a aligné les mots des « populistes », cette engeance qui répugne Macron, avant de filer auprès des inondés du Pas-de-Calais. Il a parlé des « classes moyennes », assuré qu’il fallait « garder le contrôle de notre destin », « renforcer la souveraineté nationale, celle de l’Europe, en maîtrisant notre immigration », etc. Néanmoins, Macron reste le vrai premier ministre, dans une V eme République claquemurée qui redoute d’avoir à se confronter au peuple. 

Contrairement à ce qu’affirme la Macronie, les questions économiques et sociales ne sont pas l’essentiel. Les priorités des Français sont, selon un sondage du Parisien, le pouvoir d’achat (48%), la sécurité (39%), l’immigration (37%). La jeunesse d’Attal ne peut faire oublier le vieux monde sclérosé dont il est le produit. Peut-on faire une politique de droite quand on est de gauche ? 

Il est permis d’en douter.

Par Ivan Rioufol le 10 janvier 2024

Le Blog d'Ivan Rioufol