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lundi 7 novembre 2022

Affaire Fournas : les Français pas dupes de la NUPES !



L’Assemblée nationale vient d’être le théâtre d’une formidable manipulation stalinienne contre Grégoire de Fournas et le Rassemblement National. Rappelons brièvement les faits. Le député LFI Carlos Martens Bilongo expose sur un ton calme la situation du navire Ocean Viking de l’association SOS Méditerranée, qui a l’habitude de croiser aux limites des eaux territoriales de Libye pour aller recueillir des embarcations de migrants illégaux. Il reprend les arguments émotionnels habituels sur la situation de détresse des pauvres gens et la nécessité de les recevoir dans les ports européens. Chacun sait que ces actions font, depuis des années, le jeu des passeurs et ne sont pas sans arrière-pensées. Alors que M. Martens Bilongo évoquait la détérioration des conditions météorologiques rencontrées par le navire, le député RN Grégoire de Fournas s’exclame : « Qu’il retourne en Afrique » (compte rendu de l’Assemblée nationale). Son adversaire ne s’en émeut pas le moins du monde et se borne à dire : « Pas du tout. » À l’évidence, il ne se sent pas visé car, en effet, il ne l’était pas.

Immédiatement, certains dans le groupe LFI voient le parti à tirer de cette interpellation, mentent de façon éhontée en affirmant que leur collègue était victime d’une odieuse agression verbale raciste, ce que démentent à la fois le compte rendu et les témoignages des huissiers. Mais la machine médiatico-politique s’emballe sur ce mensonge qui fait le tour de la planète. Certes, l’interpellation ne faisait pas dans la nuance et ne répondait pas à la complexité du problème des flux migratoires ininterrompus de l’Afrique vers l’Europe, question sur laquelle l’Union européenne a démontré son impuissance et la convention de Dublin son caractère inadapté. Mais il ne s’agissait que d’un débat à l’Assemblée nationale, pas d’une conférence internationale sur la question. 

La conclusion est connue, le bureau de l’Assemblée a prononcé la sanction la plus lourde alors qu’elle ait pu trouver sous prétexte d'une « manifestation troublant l’ordre ou qui provoque une scène tumultueuse » sans retenir la mise en cause personnelle d’un député. Ce qui valide bien la défense de M. de Fournas. Décision aussi illogique qu’injuste, mais il est vrai que nous sommes dans le droit fil d’un procès stalinien et non dans la recherche de la vérité.

Une fois encore, l’extrême gauche et la gauche ont fait preuve de leur insupportable prétention à incarner la vertu. Dangereuse prétention. Robespierre ne glorifiait-il pas « la terreur sans laquelle la vertu est impuissante » (discours à la Convention du 5 février 1794). Et nous sommes bien dans une logique d’intimidation et de mensonge de nature totalitaire. Cette gauche, ce « camp du progrès », qui se prétend l’incarnation du bien est d’une insondable indécence, elle qui, historiquement, a soutenu, été complice ou a encensé des régimes parmi les plus criminels de l’Histoire humaine : la terreur jacobine, la terreur bolchevique, Pol Pot, Mao, Castro, Hô Chi Minh, et qui ne s’émeut guère de la permanence des régimes communistes totalitaires en Chine, en Corée du Nord, au Vietnam, au Laos ou à Cuba. 

Faut-il leur rappeler le génocide vendéen, les décrets de terreur rouge de Lénine, les crimes de l’Armée rouge de Trotski, le Goulag, la dékoulakisation, Katyń, les purges de Staline, pourtant adulé en son temps, l’écrasement dans le sang de la révolté hongroise, le génocide des Khmers rouges (Le Monde, égal à lui-même, avait titré « la ville est libérée », le 17 avril 1975, quand Pol Pot avait conquis Phnom Penh), les boat people vietnamiens ou cubains. Leurs drapeaux rouges sont aussi imbibés de sang que les drapeaux rouges frappés de la croix gammée et les deux totalitarismes frères ennemis concourent dans le crime de masse. En matière de respect de la personne humaine, cette gauche française néo-marxiste léniniste qui, à l’image de Mélenchon, aime à se réclamer de Robespierre, tyran totalitaire « made in France », criminel contre l’humanité et génocidaire (Jacques Villemain, Génocide en Vendée, 2020), ne devrait que se taire.

Si cette gauche est indécente, la « Macronie », elle, est écœurante de suivisme et de mauvaise foi. Sans la moindre retenue, elle a fait sienne l’interprétation mensongère de LFI. Le RN est la seule opposition sérieuse à notre pathétique président de la République, tous les moyens sont donc bons pour le diaboliser, y compris une phrase sortie de son contexte et déformée, car la vérité importe peu : « Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose. »

Les LR, comme à leur habitude, ont été affligeants de lâcheté et se sont montrés pour ce qu’ils sont, les supplétifs de la majorité relative de Macron. À la vérité, seuls Nadine Morano, François-Xavier Bellamy et Bruno Retailleau ont sauvé ce qui reste d’honneur à cette formation.

Cette misérable palinodie démontre une fois encore les complicités « naturelles » qui lient les membres de l’oligarchie médiatique et politique pour maintenir un système qui gouverne mal et croit encore se défendre bien. Tout cela n’aura qu’un temps. Comme disait Abraham Lincoln : « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps. » 

Le Rassemblement National vient d’élire Jordan Bardella à sa tête. Il pourrait bien donner du fil à retordre à « l’establishment ».

Par Stéphane Buffetaut, vice-président du CNIP le 6 novembre 2022

Boulevard Voltaire

dimanche 23 octobre 2022

Crise politique au Royaume-Uni : « La faute au Brexit » !



Le Brexit est le plus cuisant échec politique de l’Union européenne depuis sa création. C’est peu dire qu’il n’a pas été digéré par l’eurocratie européenne. Que le Royaume-Uni qui, seul au monde entre 1940 et juin 1941, a résisté à l’Allemagne nazie, alliée à l’Union soviétique à cette époque, ait claqué la porte de l’Union européenne était un symbole dévastateur pour la machinerie bruxelloise. Au Berlaymont (siège de la Commission européenne), on espérait et prédisait un destin funeste pour ce royaume indocile. L’empire de la norme en construction ne pouvait tolérer une telle rébellion. À Bruxelles, on avait même espéré, selon la bonne vieille habitude, pouvoir faire revoter le peuple britannique. Mais justement, ce peuple, qui a inventé la démocratie moderne, ne rigole pas avec celle-ci. Le peuple avait voté. On respecterait donc la volonté du peuple. Le Royaume-Uni n’est pas la République de Sarkozy.

Les présentes difficultés britanniques réjouissent donc fort les europhiles de tout poil. La cause des problèmes du gouvernement et du parti conservateurs : « Le Brexit, le Brexit, vous dis-je ! » On jurerait la scène du poumon du Malade imaginaire. Une seule cause à tous vos maux, infortunés insulaires : le Brexit !

Sérieusement, examinons les choses. Après 45 jours au pouvoir, Mme Liz Truss a présenté sa démission au roi Charles III. En cause, un mini-budget qui prévoyait d’importantes baisses d’impôts, ce qui a provoqué des réactions négatives de la Bourse de Londres et des réserves de la Banque d’ en raison de l’état des finances publiques britanniques. Domaine dans lequel la France n’a guère de leçons à donner (dette française 2.916,8 milliards d'euros, source INSEE ; dette britannique 2.427,4 milliards de livres soit 2.781,5 milliards d'euros, source Trading Economics). Le Premier ministre britannique a réagi à ces critiques de façon si confuse qu’elle a été contrainte à la démission. Un nouveau Premier ministre sera rapidement élu par le Parti conservateur et proposé au roi qui assure, comme de juste, la permanence de l’État.

Les difficultés que rencontre le Royaume-Uni tiennent principalement à la vague d’inflation qui le frappe durement. Comme l’Europe continentale. Quelle est donc la situation. Selon l’Office for National Statistics, l’inflation atteignait 10,1 % en septembre au Royaume-Uni. À la même période, elle atteignait, selon Eurostat, 10,1 % pour l’ensemble de l’UE et 9,1 % pour la zone euro. Le Brexit aurait-il « déteint » sur l’UE ?

Si l’on s’arrête à l’inflation alimentaire, toujours selon Eurostat, elle atteignait 15,8 % pour l’ensemble de l’UE en septembre, 14,8 % au Royaume-Uni (Office for National Statistics). Là encore, l’affirmation des euro-béats ne paraît guère démontrée par les chiffres.

Seul le domaine de l’énergie, selon les mêmes sources, montre une nette différence. Pour l’UE, l’augmentation des prix de l’énergie atteignait + 38,6 % en août et + 51,8 % pour le Royaume-Uni. Cette inflation particulièrement forte des prix de l’énergie est due à la structure du « panier énergétique » britannique dans lequel les énergies fossiles sont prédominantes (77 %), et le gaz notamment (29,1 %). L’augmentation des prix débutée dès la fin du confinement dû au Covid a explosé avec la guerre en Ukraine, notamment pour le gaz, en dépit du fait que le Royaume-Uni ne dépende qu’à hauteur de 4 % du gaz russe. On notera que l’énergie nucléaire ne représente que 8,6 % des ressources en énergie électrique du pays. Là encore, l’affirmation que les problèmes viennent du Brexit est plus que hasardeuse. Sur le plan social, ils résultent plus du fait qu’il n’existe pas de bouclier tarifaire chez nos voisins d’outre-Manche. Pas plus qu’en Belgique, au demeurant.

Dans un récent entretien, le président de la fondation Robert-Schuman affirmait que le Brexit avait été très nocif pour la position diplomatique du Royaume-Uni. C’est aller vite en besogne. Dès l’annonce de la démission de Liz Truss, le président Biden a réaffirmé la « fermeté de l’alliance entre les deux pays » et chacun connaît l’étroitesse des liens entre la « maison mère » et son rejeton qui l’a supplantée dans la puissance impériale. La malheureuse affaire des sous-marins français destinés à l’Australie a démontré, si besoin était, la force des liens historiques du monde anglo-saxon. Tout comme l’attitude du royaume dans la guerre en Ukraine. Winston Churchill l’avait clairement dit à  en 1944 : « Chaque fois qu’il nous faudra choisir entre l’Europe et le grand large, nous choisirons toujours le grand large. » Au Berlaymont, on devrait s’en faire une raison plutôt que d’espérer une revanche.

La ritournelle sur le Brexit cause de tous les mots évoque encore Molière : « Toute l’excellence de leur art consiste en un pompeux galimatias et un spécieux babil, qui vous donne des mots pour des raisons, et des promesses pour des effets » (Le Malade imaginaire).

Par Stéphane Buffetaut le 23 octobre 2022

Boulevard Voltaire

lundi 19 septembre 2022

Immigrants dans nos campagnes : la nation n’est pas un agrégat d’individus que rien ne relie



Monsieur Macron vient d’annoncer un projet de loi « relatif à l’asile et donc à l’ dans la République ». La réalité est que le sujet n’a jamais été réellement traité par les gouvernements successifs de droite et de gauche, paralysés par l’activisme d’associations militantes et la crainte de se faire accuser de racisme. La réalité, c'est aussi que les lois et les décisions administratives et de justice sont rarement exécutées, notamment en matière d’obligation de quitter le territoire français (selon le rapport du Sénat sur la loi de finances pour 2022, le nombre d’obligations de quitter le territoire effectives n’a cessé de diminuer depuis 2012 pour atteindre seulement 5,6 % en 2021).

Il est intéressant de s’arrêter sur les termes employés par le Président : « l’ dans la République ». Celle-ci n’est même pas qualifiée de française. On répondra que cela va de soi. En fait, l’omission n’est nullement anodine. La république est d’abord un système constitutionnel, ensuite, pour certains, un concept idéologique plus ou moins fantasmé. Nous sommes là dans le domaine juridique ou idéologique. Donc sans référence historique ou culturelle donnée. La France, c’est autre chose : une nation fruit d’une histoire, porteuse d’une culture, appartenant à une civilisation et vivante grâce à un peuple particulier. Ce n’est pas un agrégat d’individus sans liens spécifiques.

On peut enregistrer des individus en errance dans un système juridique et idéologique désincarné en espérant qu’ils deviendront des « citoyens » (mais de quoi ?). Il en va autrement lorsqu’il s’agit de créer un sentiment d’appartenance à une communauté qui « possède en commun un riche legs de souvenirs » et manifeste un « consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis », ce qui était pour Renan le propre d’une nation (conférence à la Sorbonne en 1882). Nous sommes là aux antipodes de certains jeunes gens de  qui se déclarent eux-mêmes « Français de papiers ».

À travers les mots transparaît l’idéologie présidentielle : un mondialisme où le pseudo-« citoyen du monde » est un individu interchangeable que l’on déplace ou gré des politiques économiques ou des nécessités d’aménagement technocratique du territoire. Dans cette logique, le Président propose d’envoyer les migrants s’installer dans nos campagnes.

Cette proposition émane à l’évidence d’un personnage qui n’a jamais été un élu rural et qui regarde la ruralité au travers des lunettes déformantes de la technocratie. Dans les campagnes et les petites villes, les élus se battent pour lutter contre la désertification médicale, la disparition des services de proximité, commerces comme services publics, le manque d’emplois attractifs pour les jeunes, notamment d’emplois qualifiés ou de services, le maintien de classes d’école, des transports scolaires efficaces pour rejoindre les établissements scolaires du second degré…

La solution inventée par Emmanuel Macron consiste à ajouter aux difficultés de territoires délaissés les difficultés de l’accueil et de l’intégration de populations étrangères, ne pratiquant pas nécessairement notre langue, ne partageant pas toujours nos us et coutumes ni nos valeurs de civilisation ! Selon le ministère de l’Intérieur, le taux de  des immigrés est proche du double de celui des personnes non immigrées.

Or, dans certaines régions rurales, la question du manque d’emplois est une des causes de la désertification. Serait-il raisonnable d’envisager un apport de populations qui ont des problèmes particuliers d’accès à l’emploi ? Comme de prétendre prévenir la fermeture de classes rurales en important les difficultés scolaires liées au multiculturalisme ?

Par Stéphane BuffetautVice-président du CNIP le 19 septembre 2022

Boulevard Voltaire

samedi 16 juillet 2022

Gouvernement Borne : les familles passent à la trappe



Édouard Philipe comme
  avaient dans leurs gouvernements respectifs un secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des Familles. L'enfance et les familles étaient encore des réalités propres à susciter l’attention du monde politique. Avec Mme Borne, la famille disparaît de l’horizon ministériel.

Mais au-delà de cette nouvelle étape du travail de déconstruction auquel s’est attelé le président de la République, il est intéressant de noter que la gauche et les libéraux-libertaires se sont acharnés à détruire une des rares politiques publiques françaises admirée dans toute l’Europe et citée en exemple pour son efficacité : la politique familiale. Acharnement d’autant plus absurde que notre système de retraite par répartition ne peut fonctionner et s’équilibrer que s’il y a suffisamment d’actifs pour financer les personnes à la retraite. Et dépend donc de la stabilité de la démographie française.

Contrairement à une idée fausse, ce ne fut pas le maréchal Pétain qui initia une véritable politique familiale. Lancée par le Front populaire, elle fut reprise par l'État français, réaffirmée par le Conseil national de la Résistance, maintenue par la IVe République et bien évidemment amplifiée par la Ve à ses débuts, sous l’impulsion du général de Gaulle et de Michel Debré.

Pourtant, certains n’ont eu de cesse de mettre à mal cette politique pourtant efficace, car elle contribuait fortement au renouvellement des générations. Au cours des ans, la valeur relative des allocations familiales ne cessa de diminuer en raison d’une faible revalorisation, et se faisait entendre une petite musique insistante demandant la mise sous condition de ressources des allocations familiales. Ce que fit François Hollande. Cela revenait à les transformer en  et à détruire leur caractère universel.

Cette décision fut calamiteuse, d’abord parce qu’elle indiquait que la politique familiale ne faisait plus partie des politiques pérennes des gouvernements français et créait donc une incertitude pour les ménages, alors que le projet familial s’inscrit dans la durée. Ensuite parce qu’elle faisait des allocations familiales une aide sociale parmi d’autres et non plus une aide attachée à l’enfant. Enfin parce qu’elle était prise au détriment de la classe moyenne, qui tire le développement économique et social de la nation et favorisait, de fait, la natalité de populations pas toujours bien intégrées. Le résultat ne s’est pas fait attendre : en 2014 le taux de fécondité était de deux enfants par femme, un peu en deçà du taux de renouvellement des générations (2,1). En 2021, il est de 1,83. La France, qui faisait figure d’exception en Europe, tombe dans « l’hiver démographique ».

En 2006, Mme Ursula von der Leyen, ministre de la Jeunesse et de la Famille en Allemagne, et qui n’éprouvait pas alors le besoin de se faire l’égérie du militantisme LGBT, avait demandé au CES européen un avis exploratoire sur la famille et le changement démographique. Ce document indiquait que non seulement aucun pays de l’Union européenne n’atteignait le taux de renouvellement des générations (seules l’Irlande et la France l’approchaient), mais que de nombreux pays perdaient de la population chaque année, notamment l’Allemagne mais aussi l’Espagne, l’Italie et tous les pays anciennement soumis à la dictature communiste. Le Vieux Continent devient un continent de vieux et il est plus judicieux d’investir dans les pompes funèbres que dans les berceaux. Mais il démontrait aussi clairement que des politiques familiales déterminées et pérennes avaient un impact pour combattre le vieillissement et redresser le taux de fécondité. Ce qui fut confirmé par deux autres avis en 2011 et en 2020.

Lors de son entretien du 14 Juillet, le président de la République a évoqué la question de la réforme des retraites. Or a été éludée et est toujours éludée la question de la démographie. Il est possible d’imaginer toutes les mesures d’âge légal de départ ou de nombre de trimestre, plus conforme à la justice, mais notre système par répartition ne tiendra pas si la démographie s’effondre. M. Macron ferait bien de se souvenir que les nations n’ont d’autre avenir que leurs enfants. À cet égard, la suppression du secrétariat d’État à l’Enfance et aux Familles est un très mauvais signe.

C’est, bien sûr, une décision idéologique qui est dans l’air du temps. La figure de la mère n’est pas valorisée, les féministes lui préfèrent la femme qui est « un mec comme les autres ». L’apostrophe de Gide « Familles je vous hais » (Les Nourritures terrestres) semble être devenue le mot d’ordre d’une certaine nomenklatura politiquement correcte. Pourtant, la famille dit ce qu’est l’humanité. L’homme seul ou la femme seule ne peuvent le manifester pleinement. C’est ensemble qu’ils disent ce qu’est l’humanité dans sa plénitude. Abîmer la famille, c’est abîmer l’humanité. Ainsi le combat pour la famille est-il la lutte ultime contre la barbarie qui, toujours, menace les sociétés humaines.

Par Stéphane Buffetaut , vice-président du CNIP, le 16 juillet 2022

Boulevard Voltaire

dimanche 26 juin 2022

Présidence française de l’Union européenne : symboles et fariboles



Afin de marquer en fanfare le début de la présidence française de l’Union européenne, Emmanuel Macron avait fait déployer le drapeau européen sous l’Arc de triomphe le 1er janvier dernier. Seul. L’absence du  français à ses côtés, qui eut été logique puisqu’il s’agissait de la présidence française de l’Union européenne, avait aussitôt provoqué la polémique. Aussitôt balayée d’un revers de main par Jupiter. Mais le propre d’un symbole est de signifier quelque chose. En l’occurrence l’effacement de la France.

Alors que cette présidence française, évidemment chamboulée par la guerre en Ukraine et la succession d’élections en France, s’achèvera dans quelques jours peut-on en dresser un bilan ?

Dans un discours inaugural, le Président avait déclaré : « nous vivons un moment européen. Face aux défis militaires et économiques, à l’affirmation de puissances hostiles, ou au dérèglement climatique la meilleure réponse est européenne ». Une forme de prophétie auto réalisatrice mal fondée comme devaient le révéler la suite des événements. Et de conclure que cette présidence était d’abord une fierté, « celle de pouvoir dire nous agissons en Européens » ! Or « l’Européen » sui generis n’existe pas. Nous sommes européens parce que Français. Pour bien agir en Européens, commençons donc par bien agir en Français.

Le gouvernement Macron avait donc défini « trois ambitions » : une Europe plus souveraine, un nouveau modèle européen de croissance, une Europe humaine. Vagues généralités.

Une Europe plus souveraine, signifie une France qu’il l’est moins. Or cette Europe souveraine a-t-elle fait preuve de son efficacité ? Le seul énoncé des domaines d’action envisagés répond à la question : renforcer Schengen, protéger nos frontières, maîtriser les migrations, avoir une politique d’asile améliorée « dans le respect de nos valeurs », avoir une Europe plus forte et capable d’agir en matière de sécurité. La liste des échecs les plus patents de l’Union européenne ! Quant à la force militaire et la capacité d’agir en matière de sécurité, on a vu ce qu’il en était avec la guerre en Ukraine. Non seulement l’UE a été incapable de la prévenir, mais sa politique à l’égard de la Russie depuis la chute de l’Union soviétique n’est pas étrangère au déclanchement du  conflit. Et l’UE n’a été capable que de se réfugier sous l’aile protectrice des Etats-Unis et de refaire allégeance.

Certes Emmanuel Macron a tenté la voie diplomatique avec Vladimir Poutine, mais il ne pouvait réussir. D’une part parce qu’en matière de diplomatie, il convient d’avoir la capacité de comprendre les ressorts politiques et psychologiques de la partie adverse, ce que l’Union européenne n’a jamais voulu faire. D’autre part parce que cette guerre est aussi le résultat d’une périlleuse lutte de suprématie entre les USA et la Russie par Ukraine interposée, et que ni la France, ni l’UE  n’en détiennent les clefs.

Quant au nouveau modèle européen de croissance, il s’agit de la phraséologie eurocratique sur la croissance verte et « l’ambition climatique ». Or nous voyons venir une crise inflationniste et des tensions sociales qui marqueront sans doute la fin de la mondialisation dite « heureuse », que la guerre en Ukraine contribuera, par ses conséquences en matière énergétique et alimentaire à accélérer.

L’Europe humaine, serait à l’écoute des citoyens, grâce à la « Conférence sur l’avenir de l’Europe », manipulée par la Commission européenne ! Ce serait celle qui « dépend de l’état de droit » définit pour amener à l’obéissance les peuples qui ne communient pas à l’idéologie libertaire mondialisée ! Ce serait enfin une Europe fière de sa culture, incarnée par Mme von der Leyen qui ne s’exprime généralement qu’en anglo-américain !

Les textes proposés ou discutés, furent ceux de l’agenda de la Commission. Notamment concoctés dans la perspective des prochaines élections européennes : révision du statut du financement des partis politiques, encadrement de la publicité politique en ligne, modification de l’acte électoral. Ce changement des règles avant l’élection ne peut que susciter méfiance.

Que conclure donc de cette présidence française macroniste ? Un non événement. Dont le symbole est bien ce drapeau européen même pas officiel, puisque le projet de constitution qui l’instituait en droit a été rejeté en 2005. Une illusion donc, car l’adjectif « française » ne signifie rien dans la réalité. Il s’agissait seulement de suivre la programmation d’une souveraineté européenne illusoire en lieu et place de souverainetés nationales évanouies. « God bless America ».

Par Stéphane Buffetaut le 26 juin 2022

Boulevard Voltaire

dimanche 15 mai 2022

Ursula von der Leyen, chef de guerre ? Pourquoi la présidente de la Commission européenne se trompe



Comme Marlborough, Ursula s’en va en guerre. Depuis l’agression russe en Ukraine, la présidente de la Commission multiplie les déclarations martiales. À l’évidence, elle est prête à mener une guerre totale contre Poutine. Jusqu’à la dernière goutte de sang ukrainienne. Car, rappelons-le, l’Union européenne n’a ni armée ni diplomatie réelle, et n’a aucune possibilité ni intention d’entrer en conflit armé contre la Russie. Ce qui serait suicidaire pour l’Europe et pour le monde.

À bien des égards, le discours de la présidente de l’Union européenne est irresponsable et ne favorise en rien un retour à la paix. Car la Russie ne disparaîtra pas de la carte du monde après cette guerre. Plus encore, son éclatement éventuel serait un désastre pour le monde et surtout pour l’Europe, un foyer d’instabilité en Eurasie et une chance pour la Chine.

Ce qui est surprenant, c’est qu’Ursula von der Leyen semble vivre dans un monde virtuel. Le 9 avril dernier, à Varsovie, elle déclarait que la mort de civils à Boutcha lui donnait « davantage de détermination pour combattre l’horrible guerre de Poutine ». Mais elle ne combat rien ni personne. Certes, l’Union européenne a débloqué 450 millions d’euros pour permettre à l’Ukraine de s’armer, d’acheter du carburant et du matériel médical. Certes, l’Union européenne a adopté des sanctions économiques partielles. Autant de décisions destinées à gêner la Russie et à aider l’Ukraine, mais il ne s’agit pas de combat. Ce décalage entre le discours et la réalité est dangereux. Le soutien à l’Ukraine serait sans doute plus efficace sans logorrhée belliciste.

Être Lady Thatcher, qui a remporté la guerre des Malouines, n’est pas à la portée de tous. L’Union européenne, quant à elle, a été incapable d’éviter la guerre dans l’ex-Yougoslavie tout comme en Ukraine, et ce sont les États-Unis et le Vatican qui ont gagné la guerre froide.

De surcroît, la politique européenne à l’égard de la Russie, après la chute du bloc soviétique, a été d’une insondable maladresse. Il eût fallu, après soixante-dix années de crimes communistes, se rappeler qu’avant 1917, l’Empire russe était notre allié. Dès lors, il eût été intelligent de la réinsérer dans la politique européenne pour profiter de sa présence en Eurasie afin d’assurer l’équilibre dans cette partie du monde. C’est tout le contraire qui fut fait.

Pour rien au monde les États-Unis ne voulaient d’une telle politique. Dans son ouvrage Le Vrai Choix, publié en 2004, Zbigniew Brzeziński expose clairement que l’amélioration du monde et de sa stabilité dépend du maintien de l’hégémonie des USA et que la mondialisation « est la doctrine naturelle de l’hégémonie mondiale ». Or, ce maintien exige d’éviter un rapprochement de l’Europe de l’Ouest et de la Russie, ce qu’aurait entraîné un retrait des États-Unis.

L’Union européenne s’est conformée à cette vision du monde, et quand Mme von der Leyen déclare, le 12 mai dernier, que la Russie est « la menace la plus directe » pour l’ordre mondial, elle entend l’ordre mondial occidental, ou américain, ce qui revient au même.

Rien ne saurait justifier la guerre contre l’Ukraine. Pire qu’une erreur, c’est une faute qui rompt le lien séculaire entre la Russie et l’Ukraine. Poutine lui-même, par la guerre engagée contre un peuple frère, scelle le divorce et son propre affaiblissement.

Mais la Russie demeurera après la guerre. Les Américains ont toujours été les adversaires des empires autres que le leur. Et l’Histoire nous enseigne que certains empires ont une vertu d’équilibre. Mme von der Leyen se trompe lorsqu’elle affirme que la Russie est la « menace la plus directe » pour l’ordre mondial. Elle en est un élément essentiel. Voudrait-elle effacer la Russie de la carte ? Charles XII, Napoléon et Hitler s’y sont cassé les dents et y ont tout perdu.

Dans les années récentes, ce sont surtout les États-Unis qui ont déstabilisé le monde par leur politique au Moyen-Orient, dont les Européens ont payé le prix fort. L’opposition Nord/Sud ne cesse de s’affirmer, y compris pour ce qui concerne les sanctions à l’égard de la Russie. Mme von der Leyen devrait s’en inquiéter et, plutôt que de jouer au général en chef d’une armée qui n’existe pas, ferait bien de se souvenir que les États-Unis, nation impériale déterminée, défend avant tout ses intérêts propres. Ce qui est le devoir de toute nation pour elle-même. Mais peut-elle le comprendre, puisque le but même de l’Union européenne est d’effacer le lien charnel avec les nations ?

Par Stéphane Buffetaut, vice-président du CNIP le 14 mai 2022

lundi 2 mai 2022

Le pouvoir absolu corrompt absolument



Chacun connaît la citation de Lord Acton : « Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument. » En France, la menace est actuelle et sérieuse. Nous connaissons la dérangeante personnalité du président de la République qui vient d’être réélu. Un homme qui parle de pouvoir « jupitérien », qui se veut « maître du temps et des horloges », a quelque chose d’inquiétant. D’autant plus lorsqu’il avoue avoir « appris à aimer les Français », ce qui suppose qu’il ne les aimait guère. Et l’on pourrait égrener ses citations qui l’attestent et manifestent une forme d’arrogance hautaine à l’égard des « humbles et des sans-grade ».

Le personnage aime à être dans la transgression sociétale, la brutalité verbale, l’attitude méprisante. C’est un destructeur froid, sans empathie. Durant cinq années, il s’est employé à déliter le lien social, à noyer les problèmes dans la phraséologie vaine du « en même temps », à obérer l’avenir des Français par un endettement colossal qui va bien au-delà des actions entreprises pour lutter contre les effets de la crise sanitaire, à accroître le centralisme jacobin dans un enivrement malsain d’emprise sur les gens.

Il est vital pour la France et les Français, pour leur liberté, d’éviter qu’Emmanuel Macron ne dispose de tous les pouvoirs. Pour les législatives, l’attitude des partis et formations de la droite enracinée sera déterminante. Partir en ordre dispersé, présenter des candidatures concurrentes est la plus sûre garantie de l’échec. Afin d’éviter que le Président ne se croie sans limites, il faut impérativement que la part encore gaullienne des Républicains, le Rassemblement national, Reconquête, Debout la France, le Centre national des indépendants et des paysans, VIA, le Parti conservateur et les Patriotes s’unissent afin de peser au sein de l’Assemblée nationale. Justement pour imposer des limites à celui qui se prend pour le roi de l’Olympe.

Il est impératif de priver Macron d’une majorité de « godillots » telle que dans la précédente législature. Nous n’avons que faire d’un « Parlement croupion » transformé en chambre d’enregistrement. La droite enracinée a une responsabilité historique. Va-t-elle rester prisonnière du piège tendu par Mitterrand il y a quarante ans ? Va-t-elle préférer les délices masochistes des querelles de boutique à l’exercice du pouvoir ?

Il faut des accords, des alliances partout où une circonscription est gagnable. La raison le commande comme le sentiment. La raison qui exige de tout faire afin de conserver le maximum de pouvoir et d’influence. Le sentiment d’amour de la patrie, de souci du bien commun des Français.

À l’heure où Mélenchon s’exerce au chant des sirènes pour séduire une gauche désemparée, est-il possible que la droite de réflexion et d’enracinement fasse preuve d’assez d’aveuglement pour laisser le champ libre à la « Macronie » idolâtre, à un parti républicain en état de mort cérébrale, à une gauche dépassée traversée de relents révolutionnaires ?

Les grandes figures de notre Histoire que le peuple français vénère instinctivement sont celles qui combattirent avec et pour l’honneur et ceux qui furent des artisans de réconciliation. Souvent les mêmes, au demeurant. Ainsi Louis XII, le « père du peuple », et Henri IV sont-ils inscrits dans notre mémoire collective et l’on se souvient des paroles du premier comme un exemple de sens du bien supérieur de l’État : « Le roi de France ne venge pas les querelles du duc d’Orléans. »

Les aléas des campagnes électorales conduisent à des excès verbaux, à des propos inutilement blessants, à des erreurs proches de la faute. L’homme  qui se hausse au niveau d’homme d’État sait jeter un voile sur les outrages passés pour bâtir un avenir partagé, envers et contre tout. Car, à la fin du jour, la seule querelle qui vaille est celle de la France.

Par Stéphane Buffetaut, vice-Président du CNIP le 2 mai 2022