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lundi 20 novembre 2023

Deux peuples pour une patrie ?



Étymologiquement, la patrie est la terre des pères. Elle suppose donc un lien charnel à travers le temps entre un peuple et une terre donnée, dessinée par des frontières qui ne sont pas tant ce qui sépare que ce qui définit.

Le conflit déclenché par les terroristes du Hamas contre Israël semble être un épisode tragique d’une guerre sans fin de deux peuples qui se battent pour une même terre que chacun clame être sa patrie. La solution politique « idéale » était sans doute celle proposée par l’ONU en 1947 : deux États et Jérusalem sous statut de ville internationale. Elle est caduque aujourd’hui, en tous les cas pour Jérusalem. Quant aux deux États, la guerre actuelle et la politique de colonisation en Cisjordanie en rendent l’horizon de plus en plus lointain.

Ce conflit qui se déroule à l’autre extrémité de la Méditerranée s’est exporté chez nous et vient bousculer notre classe politique et notre nation. Or, cette réplique « sismique » n’est pas le fruit du hasard mais celui de la lâcheté, de l’aveuglement idéologique et de l’irresponsabilité de nos politiciens de droite et de gauche depuis quarante ans. Énième preuve que la politique est une chose sérieuse et que les mauvaises décisions peuvent porter leurs effets pendant des générations.

La fracture de civilisation est bien là

Avoir laissé s’installer en France des populations nombreuses pétries par l’islam, leur avoir octroyé la citoyenneté française facilement et quasi automatiquement pour leurs enfants, avoir accepté un large regroupement familial étaient porteurs de fracture civilisationnelle. En dépit de toutes les postures idéologiques, les sociétés multiculturelles sont aisément multi-conflictuelles et l’afflux migratoire massif sans politique volontariste d’assimilation a conduit à l’impasse. Comme dit le proverbe populaire : « Qui sème le vent récolte la tempête. »

Emmanuel Macron, en suggérant que sa participation à la marche contre l’antisémitisme aurait pu être interprétée comme hostile aux musulmans résidant en France ou étant citoyens français, a lui-même importé le conflit de deux peuples pour une même patrie chez nous ! Sa valse-hésitation à propos de la guerre à Gaza ne traduit pas le « en même temps » cher au Président mais la peur d’une explosion des banlieues islamisée. Éric Zemmour, en parlant d’un peuple français de souche judéo-chrétienne et d’un « peuple islamo-gauchiste », fait une analyse qui va dans le sens de celle du Président sur l’unité de la nation en péril. La faute à qui ?

Il n’y a pas de « peuple islamo-gauchiste » mais une communauté musulmane de nationalité française qu’une faction islamo-gauchiste entend exploiter sur le plan électoral et instrumentaliser dans une optique révolutionnaire. Or, une part de ces musulmans de nationalité française politiquement islamisés adhère à la démarche de LFI. La question qui se pose est de savoir si, parmi les six à huit millions de musulmans résidant en France, la majorité seraient fidèles au pays dont ils ont la nationalité ou à « l’umma islamiyya », la communauté musulmane, en cas de conflit ou de prise de position internationale qui ne coïnciderait pas avec la politique des États arabo-musulmans.

Guerre civile ou unification ?

Dans nombre de pays occidentaux se pose ce dilemme du fait de politiques irresponsables. Et tout particulièrement en France, où réside la plus importante minorité musulmane. Or, nos politiciens aveugles semblent découvrir soudain une guerre de civilisation qui, pourtant, existe depuis treize siècles.

La guerre civile n’est pas une option politique. C’est un danger. La dynamique démographique est inquiétante et une Europe islamisée n’aurait rien à voir avec l’Europe judéo-chrétienne qui est notre matrice. Tout comme les terres de l’ancien Empire byzantin n’ont plus rien à voir avec la civilisation byzantine, en dehors de ruines et de minorités chrétiennes régulièrement persécutées.

Le conflit ne peut être évité que par la fermeté, l’exigence et non la soumission. Cela passe par la restriction de l’accès à la nationalité française et du regroupement familial, la déchéance de nationalité pour les binationaux hostiles à la France, l’exécution des obligations de quitter le territoire, la fin du laxisme judiciaire, la lutte contre les trafics qui gangrènent les banlieues, le redressement de l’école… 

Un immense chantier gouvernemental sur des années. Plus que jamais, la maxime de Louis XVIII est d’actualité : « Il ne faut pas être roi de deux peuples et tous les efforts de mon gouvernement tendent à faire que ces deux peuples, qui n’existent que trop, finissent par n’en faire qu’un. » Est-ce encore possible ?

Par Stéphane Buffetaut le 19 novembre 2023

Boulevard Voltaire

lundi 2 octobre 2023

À neuf mois des européennes, vent de populisme en Slovaquie



Sans vouloir vexer nos amis et alliés slovaques, une question : qui, en France, sait placer sur la carte d’Europe la République slovaque, connaît le nom de sa capitale et le nombre de ses habitants ? Qui est capable de dire combien d’années dura l’union, avec la Tchéquie, de ce petit pays à peine plus grand que notre région Bourgogne-Franche-Comté et comptant moitié moins d’habitants (5,4 millions) que l’Île-de-France ? Vous me direz que ce pays est bien loin de chez nous ! Pourtant, il faut à peine six heures de route depuis Strasbourg pour rejoindre sa capitale Bratislava : autant que pour faire Paris-Avignon, quand tout va bien.

Mais ce dimanche 1er octobre, pour qui surfe sur Internet, ouvre sa télé ou sa radio en rentrant de week-end, impossible d'échapper à la Slovaquie. Car les Slovaques ont voté pour leurs élections législatives. On n’en aurait sans doute pas parlé s’ils n’avaient pas placé en tête de cette élection, avec 23,3 % des voix, un parti « populiste, opposé à l’aide à l’Ukraine ». Faites le test : tous les journaux, ou presque, titrent sans originalité sur ce populisme et l’opposition à l’aide à l’Ukraine. De quoi, d’emblée, marquer au fer rouge ce parti (le Smer-SD), classé à gauche mais réputé pour son flirt avec l’extrême droite et ses thèses. Son leader, Robert Fico, âgé de 59 ans, a tout de même été Premier ministre par deux fois, de 2006 à 2010 et de 2012 à 2018 - soit dix ans, ce qui n’est pas rien. Ironie du sort : ce juriste, aujourd’hui marqué du sceau de l’infamie populiste, a représenté son pays à la CEDH (Commission européenne des droits de l’homme).

Lors de la première crise des migrants en 2015, Fico avait immédiatement tracé la ligne rouge et s’était opposé frontalement à la volonté de la Commission européenne d’imposer des quotas de migrants aux États membres (la Slovaquie est membre de l’Union européenne depuis 2004) en déclarant que son pays n’avait pas à « se prosterner » devant l’Allemagne – des propos qui équivalent à un crime de lèse-majesté - ou devant la France – là, c’est moins grave ! – et qu’il s’autorisait à parler des « risques associés à la migration ». Autant dire que ses prises de position sont proches de celles de son voisin du sud, Viktor Orbán. Du reste, il a gagné le surnom d’« Orbán de gauche ». En effet, si l’on en croit Le Monde, durant cette campagne législatives, Fico s’en est pris à l’UE et à l’OTAN (la Slovaquie est membre de l’Alliance). L’OTAN comme l’UE sont, aujourd’hui, des vaches sacrées. La moindre critique, le moindre doute, le moindre raidissement de nuque vouent donc les récalcitrants aux gémonies.

Cela dit, qu’une grande partie des Slovaques veuillent remettre en cause démocratiquement leur aide à l’Ukraine, quoi de plus légitime, au fond ? Les États ne sont-ils pas souverains, en principe ? Du reste, en juillet dernier, Le Monde publiait un état de la participation des pays à l’aide à l’Ukraine, en valeur absolue et en pourcentage du PIB. Avec 690 millions d’euros, la Slovaquie arrivait 7e sur 35 pays (0,65 % du PIB), loin devant la France, donneuse de leçons universelle (800 millions d’euros, 0,06 % du PIB).

Si Fico réussit à constituer une coalition, comme va le lui demander la présidente de la République slovaque, il y aura probablement un alignement de ce petit pays, jusqu'alors tenu par une coalition libérale et très pro-UE, sur les positions de Budapest, tant sur la question migratoire que sur le soutien à apporter à l’Ukraine. Que Fico ne soit pas des plus sympathiques, qu’il soit plutôt vulgaire, provocateur, que son parti soit accusé d’avoir entretenu des liens avec la mafia calabraise (l’Europe, décidément, ignore les distances et les frontières), soit. Il n’empêche qu’il est arrivé en tête des élections, a priori de façon tout à fait démocratique. Pas très bon, en tout cas, pour les « européistes » et autres « progressistes », à quelques mois des élections européennes. Des fois que d'autres pays soient pris du même vent de folie...

Par Georges Michel le 1er octobre 2023