samedi 15 avril 2023

La victoire et le malaise



C’est une victoire politique indiscutable et pourtant elle a un goût amer. Peut-être parce que la sage décision du Conseil constitutionnel ne dissipera pas le malaise qui traverse le pays. Elle ne fera malheureusement pas disparaître les cortèges, les casseurs, les banderoles syndicales. La défiance est là et ne va pas s’évaporer par enchantement. Et puis quel gâchis collectif ! On est pris d’une sorte de vertige quand on mesure tout ce que ce psychodrame laisse derrière lui. La remise en cause de l’autorité légitime, d’abord. Le président largement élu conspué dans les manifestations, les ministres pris de nervosité, les députés sous la menace. Le Conseil constitutionnel protégé de murs antiémeutes, tristes signes d’une fébrilité d’État. Tout démocrate sincère devrait s’inquiéter de ce vacillement. Comment les opposants à Emmanuel Macron ne voient-ils pas qu’ils peuvent être, demain, pour d’autres ré- formes, d’autres lois, à leur tour pris en tenailles entre l’activisme de l’extrême gauche et une hostilité temporaire de l’opinion? Si la France est ingouvernable, tout le monde, et les Français d’abord, sera perdant.

A ce tourment en répond un autre en miroir : comment croire que la seule élection permet de gouverner durablement et sereinement contre deux tiers de la population ? On trouve dans une part de nos élites une suf- fisance qui, non contente de contraster avec l’état déplorable du pays, finira par décourager les plus fidèles soutiens. La morgue du sachant chargé de faire accepter à un peuple un peu « arriéré » des évolutions inéluctables hérisse désormais la plupart de nos concitoyens. Les Français voient bien que l’affaissement généralisé vient moins de leur réticence supposée à la « réforme » que d’une impuissance de plus en plus sidérante de la performance publique. École, santé, sécurité : impôts partout, service nulle part. La faille qui provoque toutes les secousses est là.

Après les retraites, pour apaiser les Français, il faudra leur donner beaucoup de preuves concrètes sur ces sujets majoritaires, sinon, Emmanuel Macron sera contraint, par les urnes, de leur rendre la parole. 

Par Vincent Trémolet de Villers le 15 avril 2023

Le Figaro

jeudi 13 avril 2023

Taïwan et Ukraine : Emmanuel Macron s’embrouille

 


Nos médias obnubilés par l’Ukraine ont bien du mal à analyser d’autres problématiques internationales. La tentation est grande d’examiner à travers le prisme ukrainien par exemple la crise de Taïwan. Dans les deux cas, un régime autoritaire, présenté comme totalitaire, met en danger par des visées impérialistes des États indépendants. Mais le rapprochement s’arrête là, sauf si on y ajoute celui, effectif, entre Poutine et Xi initié par un autre impérialisme, celui des Américains et de leurs clients européens.

Suivisme et volonté d’indépendance : l’étrange ballet de Macron

Empire du bien contre empire du mal à Taipei comme à Kiev donc. Mais gare aux comparaisons qui ne sont pas raison. Le président Macron aurait dû y penser. Une nouvelle fois, son « en même temps » s’est fracassé sur la réalité. Il est allé en Chine parler de l’Ukraine alors que Pékin ne s’intéressait qu’à Taïwan. Le président qui n’avait pas vu, comme beaucoup d’ailleurs, l’intervention russe en Ukraine n’avait pas vu non plus les manœuvres chinoises autour de l’ancienne Formose des Portugais, plus faciles cependant à anticiper.

Alors que, bien sûr, il n’obtenait rien sur l’Ukraine, il a décidé de commenter Taïwan, alors que personne ne lui demandait rien. Dans un entretien réalisé avant les manœuvres militaires qui ont secoué l’île de Taïwan, le président français a souligné la nécessité de ne pas « entrer dans une logique de bloc à bloc ». L’Europe ne doit pas « être suiviste » des États-Unis ou de la Chine sur Taïwan, a-t-il dit, s’attirant les critiques de ses alliés occidentaux.

Les bras en tombent. Celui qui suit Biden avec quelques ratés sur l’Ukraine se veut indépendant au nom de l’Europe à Taïwan. Et quand il poursuit, on croit rêver : « le grand risque » que court l’Europe serait « de se retrouver entraînée dans des crises qui ne sont pas les nôtres, ce qui nous empêcherait de construire notre autonomie stratégique ». « Le paradoxe, a-t-il poursuivi, serait que nous nous mettions à suivre la politique américaine, par une sorte de réflexe de panique. » Le sénateur républicain de Floride Marc Rubio s’est étonné de ce positionnement diplomatique après « six heures de visite ». « Nous avons besoin de savoir si Macron parle pour Macron, ou s’il parle pour l’Europe. Nous avons besoin de le savoir rapidement, parce que la Chine est très enthousiaste à propos de ce qu’il a dit », a-t-il écrit de façon cinglante sur Twitter.

Pour le chercheur Antoine Bondaz, spécialiste des relations internationales et des questions chinoises, le chef de l’État a ici commis plusieurs erreurs de communication. « Au retour d’une visite d’État en Chine, Macron ne trouve rien de mieux que de critiquer les États-Unis. Ce qui conforte les doutes appuyés de nos partenaires d’une équidistance de Paris entre Washington et Pékin », a écrit l’expert. À Moscou, on doit se demander les raisons de ce deux poids deux mesures sur le bon et le mauvais suivisme des Français.

La raison est peut-être tout simplement que notre président, comme nos médias, ne comprend pas grand-chose à Taïwan.

Rappel historique sur Taïwan

La différence majeure est la suivante : jamais l’Ukraine n’a prétendu à l’unité des terres russes sous sa souveraineté. Aujourd’hui, c’est la Chine communiste continentale qui revendique Taïwan. Mais il fut un temps pas si lointain ou Taïwan était la seule Chine internationalement reconnue, la Chine nationaliste de Tchang Kaï-chek qui annonçait pour demain un débarquement sur le continent pour prendre une revanche et en finir avec Mao et ses communistes.

Aujourd’hui, les indépendantistes gouvernent Taïwan, mais ils peuvent demain être battus dans des élections incontestablement démocratiques par les nationalistes. Ces derniers ont la même vision que Pékin : Taïwan, c’est la Chine.

Quand Tchang a quitté le continent, chassé par Mao, pour se réfugier dans la grande île, il l’a fait sans renoncer au combat avec une armée d’un million d’hommes. C’est un véritable « choc culturel » entre les Chinois venus du continent et les Taïwanais qui avaient vécu sous administration japonaise durant cinquante ans. En septembre 1949, la victoire des communistes est totale sur le continent ; la république populaire de Chine est déclarée le 1er octobre 1949 à Pékin.

En décembre 1949, Tchang déplace son gouvernement à Taipei, dans l’île de Taïwan. Taipei devient capitale de la « république de Chine (Taïwan) », où il reprend officiellement ses fonctions de président de la République le 1er mars 1950. Tchang Kaï-chek reste à la tête de la république de Chine à Taïwan jusqu’à sa mort en 1975, et continue de revendiquer la souveraineté sur l’ensemble de la Chine. En 1975, Tchang Kaï-chek meurt, et, en 1978, son fils Chiang Ching-kuo lui succède à la tête du pays et du Kuomintang. L’arrivée de Chiang Ching-kuo entraîne une participation accrue des Taïwanais. Les Taïwanais soutiennent d’une courte majorité le parti démocrate progressiste qui veut se détacher du monde chinois, dont se revendique pour Taïwan le Kuomintang toujours très puissant.

Mais il faut faire attention à ne pas opposer Chinois et Taïwanais. Le peuplement de l’île s’est opéré en trois phases principales : les Austronésiens arrivent à Taïwan il y a 6 000 ans par vagues successives depuis les plaines côtières de la Chine du Sud. Puis il y eut l’immigration d’habitants du Fujian puis du Guangdong, à partir du XVIIe siècle et jusqu’au XIXsiècle ; et enfin, au XXe siècle, l’arrivée de près de deux millions de Chinois entre 1945 et 1949. La population taïwanaise est donc constituée à plus de 95 % de Chinois Han, auxquels s’ajoutent 580 000 aborigènes appartenant aux tribus d’origine austronésienne reconnues par le gouvernement.

Finalement, Xi Jinping préfère de loin le parti chinois même anticommuniste au parti indépendantiste même majoritairement soutenu par une partie de la population chinoise d’avant l’arrivée de Tchang dans une île ethniquement chinoise et peu souvent sinon jamais vraiment indépendante.

Voilà une situation dont la complexité échappe vraisemblablement quelque peu à Emmanuel Macron.

Par Pierre Boisguilbert le 12 avril 2023

Polémia

Pyramides électriques et chevaliers noirs : bienvenue au Wakanda de Gims !



Certaines descentes aux enfers sont plus amusantes à regarder que d’autres. Après avoir prôné un islam des plus intégristes, le rappeur Gims revient pour nous parler histoire de l’Afrique dans un entretien donné au média panafricain Oui Hustle. « L’Afrique, c'est [le] Wakanda bordel, c'est le futur normalement chez nous », dit-il à propos d’un projet de construction de métro à Yamoussoukro, capitale de la Côte d’Ivoire, dont il se félicite. Il poursuit son propos par une démonstration implacable : « À l'époque de l'empire de Koush, il y avait l'électricité. Les pyramides qu'on voit là, au sommet, il y a de l'or. L’or, c'est le meilleur conducteur pour l'électricité, c'étaient des foutues antennes, les gens avaient l'électricité. Les gens n'arrivent pas à comprendre. Les Égyptiens, la science qu'ils avaient, ça dépasse l'entendement. Les historiens le savent. »

Mais oui, c’est clair ! Tout cela fait sens, l’électricité au sommet des pyramides, les petits hommes verts venus les construire, l’Atlantide, tout se rejoint ! Cher professeur Gims, dites-nous-en davantage, par pitié, éclairez-nous de votre si lumineux savoir ! « L’Afrique a peuplé l’Europe avant les Européens, on les appelait les Afropéens. Ils ont été décimés par les vrais Européens qui venaient d’Asie. On les appelait les Yamnayas, 50.000 ans avant les Européens », ajoute-t-il sans se démonter. Quel aplomb ! Ce n’est plus un enseignement mais une performance artistique.

Le cours du professeur Gims s’achève par une rigoureuse démonstration : « Tu retrouves aujourd’hui des tableaux qui sont classés, cachés dans des catacombes, c’est des renois qui sont en mode chevalier, Sir Lancelot, tout ça. Il faut connaître notre Histoire. On veut nous faire croire que notre Histoire a commencé sur un négrier. » Le chevalier Bayard était noir, quelle découverte ! Gims a enchaîné, sans aucun sourcillement ni rire étouffé, les poncifs complotistes les plus en vogue au sein de certaines sociétés africaines francophones.

Le péril panafricain

Le ver est depuis longtemps dans le fruit. L’un des premiers porte-étendard de cette réécriture de l'histoire générale de l’Afrique est sans conteste le Sénégalais Cheikh Anta Diop. Recalé à la Sorbonne, ce dernier affirmait que les sphinx égyptiens avaient le nez sectionné à cause des Européens blancs qui voulurent dissimuler la nature « négroïde » de leurs traits. Le génie sénégalais affirmait également que la plupart des pharaons étaient noirs, que Cléopâtre elle-même l’était ; dire l’inverse relevait du colonialisme. Enfin, le grand égyptologue autoproclamé ne savait pas lire les hiéroglyphes mais affirmait, avec un aplomb « gimsien », que le wolof (langue majoritaire au Sénégal) et l’égyptien ancien présentaient des similitudes, ce que tout historien sérieux réfute.

Les idées de Cheikh Anta Diop ont pu tranquillement se diffuser et infuser chez de jeunes intellectuels africains des années 80 et 90. Largement promu par le service public français, peu d’historiens ou de journalistes se sont véritablement attelés à déconstruire le mythe diopien. Pourtant, ce discours conspirationniste fait des ravages auprès de toute une jeunesse africaine en quête de sens et de repères identitaires, à l’image de Gims.

Un fantasme permanent

La création d’une mythologie historique n’est en soi pas néfaste pour les peuples. Comme dit le grand Régis Debray, « l’Histoire, c’est la correspondance entre la mémoire et le projet ». Mais il faut savoir de quelle mémoire l’on parle. Nombreux sont les « afro-descendants » tels que Kémi Seba ou les membres de la Ligue de défense noire africaine qui cherchent à glorifier une Afrique victime éternelle d’une Europe ayant toujours conspiré pour la falsification de son Histoire et le maintien des peuples dans le mensonge. L’Occident a de quoi s’inquiéter de ce genre de thèses qui feront bientôt de lui l’ennemi numéro en Afrique et sur lesquelles surfent la Russie et la Chine.

Sur Internet, une cohorte de médias panafricanistes et complotistes diffusent les pires théories complotistes au sein même des diasporas et des populations locales. L’homme blanc y est essentialisé, l’Histoire déformée. Ainsi, on en vient aux mythes de la tour Eiffel faite d’acier algérien, de Napoléon l’inventeur des premières chambres à gaz, du général de Gaulle génocidaire de millions d’Africains ou d’une Égypte antique électrifiée grâce à l’or des pyramides… « L’Afrique n’est pas le Wakanda, arrêtez de rêver », dénonce la courageuse Stella Kamnga, qui se bat contre les mensonges des panafricains. Une mince raison d’espérer la fin de ce cirque ?

Par Julien Tellier le 11 avril 2023

Boulevard Voltaire


Le Conseil constitutionnel n’aime pas la transparence - Les colères de Collard - TV Libertés le 13 avril 2023

Ukraine, USA, Taiwan : "le discours de Macron est totalement incohérent !; Eric Denécé (CF2R) sur Radio Courtoisie le 13 avril 2023

mardi 11 avril 2023

Colloque de l'Institut Iliade : face au déclin, comment vivre en Européen, Romain Petitjean (Institut Iliade) sur Radio Courtoisie le 11 avril 2023

 

Théorie du genre à l’école : la propagande continue



« À tout bien considérer, il semble que l’Utopie soit beaucoup plus proche de nous que quiconque ne l’eût pu imaginer, il y a seulement quinze ans. À cette époque je l’avais lancée à six cents ans dans l’avenir. Aujourd’hui, il semble pratiquement possible que cette horreur puisse s’être abattue sur nous dans le délai d’un siècle. »

Aldous Huxley, préface à la nouvelle édition du Meilleur des mondes, 1946.

En partenariat avec Arte et France 3, la 11e édition du « festival sans frontière » Vagamondes s’est déroulée fin mars 2023 sur la scène nationale de Mulhouse, La Filature. Cet événement a « continué de questionner la notion de frontières (géographiques, idéologiques, sociétales…) [en explorant] cette année la thématique du genre ! », ont expliqué les organisateurs.

L’éditorial du directeur de La Filature est un régal de concentré woke : « Les luttes menées depuis le XXe siècle pour affirmer la place des femmes, puis des personnes LGBTQIA+, ont donné naissance à des mouvements de pensée qui décalent l’approche essentiellement blanche, patriarcale et hétéronormée du monde, ouvrant la voie à l’expression d’identités sexuelles et de genres pluriels. » Après une telle déclaration, ce festival ne pouvait pas proposer autre chose que des spectacles hybrides, queer ou transidentitaires supposés « sillonner des chemins de traverse inédits » et présentés dans une brochure entièrement rédigée en écriture inclusive et en novlangue woke.

C’est ainsi que nous apprenons qu’un duo d’artistes qui « décloisonne pour explorer les identités mutantes » dans « la jungle des métamorphoses humaines et non-humaines », a inauguré le festival ; qu’une exposition “Trans(e)-galactique” a été « transpercée par la diagonale de la joie » ; qu’une spécialiste de la « transe cognitive » et l’autrice Marie Ndiaye (la sœur de notre ministre de Rééducation nationale) ont eu une « conversation télépathique ». Le projet étant de « tisser des liens entre différents mondes pour rêver un mouvement d’abolition des frontières, des binarités et des assignations », les différents spectacles entendaient aborder Les Bacchantes d’Euripide comme une « transition vers un nouveau monde queer », mais aussi combattre le patriarcat, dénoncer la « vision hétéronormée » de Roméo et Juliette et valoriser le pronom « hen » (pronom inventé par les Suédois pour désigner les personnes se disant non binaires) à travers un « être hybride » jouant « avec insolence et humour de sa virilité et de sa féminité ».

Cette phraséologie insane est issue des différentes théories qui traversent l’idéologie woke et déconstructiviste depuis quarante ans, du néoféminisme à la théorie du genre, du transgenrisme au transhumanisme. Retour aux sources : 

En 1985, dans son indigeste Manifeste cyborg, l’universitaire américaine Donna Haraway appelait de ses vœux un être hybride, un mutant mi-homme mi-machine, fluide, perméable, non binaire, une nouvelle « corporéité », un « corps commun » susceptible d’évacuer les clivages entre les humains et les non-humains (les animaux aussi bien que les pierres, les arbres ou l’eau) et de « déplacer » les limites biologiques et les distinctions sexuelles ou raciales. Cet être idéal serait « non plus structuré par le modèle de la famille organique » mais par une « cité technologique » rejetant « la tradition occidentale des sciences et de la politique – tradition de la domination masculine, raciste et capitaliste»[1]. En plus de l’injonction faite aux humains de ne plus faire d’enfants pour « sauver la planète », la dernière obsession de Haraway est que l’humanité devienne du… compost – et que la décomposition des hommes se mêle à celle de « tous les organismes vivants » afin de « rester dans le trouble » d’une « vie symbiotique » débarrassée de toute trace humaine. De son côté, Judith Butler a fait de la « performativité du genre » le noyau d’une réflexion beaucoup plus simple que ne le laissent accroire les pages de bouillie intellectuelle et de verbiage pseudo-philosophique qui composent l’essentiel de son œuvre phare, Trouble dans le genre

Comme Donna Haraway, Judith Butler vise l’abolition des différences biologiques et sexuelles, la destruction des rapports familiaux et sociaux et celle des concepts philosophiques et scientifiques occidentaux. Aussi délirantes que puissent paraître ces théories, elles ne sont pas sans conséquences : « l’humusation » du corps des défunts est autorisée dans six États américains et réclamée par des écologistes en France et en Belgique ; la « performativité du genre » est aujourd’hui agréée dans plusieurs pays européens qui ont décidé d’autoriser les changements de sexe et de nom aux personnes en faisant simplement la demande. 

Affiche du 11e festival Vagamondes, 17-31 mars 2023, Mulhouse.

Il est peu probable que les organisateurs et les participants du festival Vagamondes aient lu Haraway et Butler. Peut-être ont-ils eu connaissance des noms et des délires de ces théoriciennes grâce aux individus médiatisés – Éric Fassin, Paul B. Preciado et consorts – devenus les porte-parole officiels de cette mélasse intellectuelle. Il est possible également qu’ils se soient contentés de gober la propagande répandue sur les réseaux sociaux, dans les milieux dits culturels et leurs avatars (publicités, films, séries) ou grâce à la multitude d’associations divulguant l’idéologie du genre. Cette propagande est partout. Le plus grave est qu’elle commence dès l’école. Aucun ministre de l’Éducation nationale n’a pu, su ou voulu endiguer ce phénomène, et M. Pap Ndiaye n’a visiblement aucune envie d’empêcher que cette folie continue de contaminer les élèves. Pourtant, écrit Jean-François Braunstein dans son dernier essai, « la théorie du genre n’est pas une catégorie de la pensée woke parmi d’autres, elle en est le cœur, la première découverte, qui ouvre la voie à tous les assauts contre la science et contre la réalité elle-même ».[2]

La propagande à l’école continue son œuvre destructrice. Durant ce fameux festival, par exemple, une journée entière a été dédiée au « public scolaire pour parler de l’identité et du genre », nous apprennent les Dernières Nouvelles d’Alsace. Les crânes de deux cents élèves ont ainsi été bourrés de toutes les inepties issues de la théorie du genre et du néoféminisme. Au prétexte de sensibiliser les collégiens et les lycéens « aux discriminations dont sont victimes les personnes LGBTQIA+ », les élèves ont suivi un atelier sur… l’écriture inclusive au début duquel chacun a dû se présenter en précisant son genre, « il, elle, iel… ». Une comédienne a lu un texte de théâtre en écriture inclusive, puis il a été demandé aux élèves d’« inventer un court dialogue en écriture inclusive entre trois personnages sur le thème de l’amour, l’amitié, la famille ». Non seulement les directives ministérielles d’Édouard Philippe et de Jean-Michel Blanquer interdisant l’utilisation de l’écriture inclusive dans les institutions et l’administration publiques n’ont été suivies d’aucun effet mais certains enseignants n’hésitent pas à promouvoir ce galimatias idéologique. Ce n’est pas fini : lors de cette même journée, un comédien a demandé aux élèves d’« énumérer tous les clichés sur les hommes et les femmes avant de proposer des jeux pour les déconstruire ». L’association “Dis bonjour sale pute” (sic) a animé un atelier pour « familiariser les élèves avec les termes liés à la minorité de genre » durant lequel le transgenrisme a été valorisé et certains mots « décryptés » (sexisme, patriarcat, transidentité, virilité, consentement, cisgenre, non binaire, etc.). 


C’est à une guerre sournoise contre la pensée, contre la science, contre la réalité et contre l’humanité, que se livrent les théoriciens du genre et leurs émules wokes. L’indistinction sexuelle et le transgenrisme ne sont que le prélude au délire transhumaniste, à ce techno-monde dans lequel le corps, considéré comme une inutilité ou un obstacle, doit être supplanté par une « pleine conscience de soi » numérisée, et perdre son caractère sacré pour devenir un objet de consommation comme un autre (GPA, vente d’organes, etc.) ou de recyclage comme n’importe quel déchet (le « compostage humain »). Cette guerre contre l’humanité, l’Éducation nationale y participe. Le ministre y participe. Des recteurs d’académie y participent. Des chefs d’établissement scolaire y participent. Des enseignants y participent. 

Bêtise, lâcheté et conformisme se tiennent la main au moment de céder devant des idéologues proclamant l’avènement d’un monde radieusement hybride, fluide, sans limites biologiques, sans différence sexuelle, un monde dans lequel « les gens n’ont pas d’enfants », « n’ont pas peur de la mort et sont dans une sereine ignorance de la passion et de la vieillesse », où l’emploi inopiné des mots « parents », « père » ou « mère » évoque un « fait historique désagréable », un monde dans lequel la lecture d’Othello et de Roméo et Juliette est interdite et la promotion des « Ingénieurs en Émotion » assurée – un monde ressemblant au pire du Meilleur des mondes, en somme.[3]

[1] Donna Haraway, Manifeste cyborg et autres essais (Éditions Exils, 2007).

[2] Jean-François Braunstein, La religion woke, Éditions Grasset, 2022).

[3] Voir Aldous Huxley, Le meilleur des mondes et Retour au Meilleur des mondes (Pocket).

Par Didier Desrimais le 8 avril 2023

Causeur

Bruce Toussaint tout chagrin : des téléspectateurs pourraient voter RN !



Peut-être la chose vous a-t-elle, comme à moi, échappé ? C’est pourtant une information importante qui a eu les honneurs des grands médias : Bruce Toussaint, présentateur vedette qui officie sur BFM TV, était, samedi soir, l’invité de Léa Salamé dans son émission « Quelle époque ! » (France 2).

Un grand moment d’émotion nationale, si l’on en croit RTL qui avertit : « À l'occasion de la sortie de son livre Heureusement, elle n'a pas souffert, le journaliste Bruce Toussaint est revenu sur la mort de sa maman dans l'émission "Quelle époque !" […] Une épreuve d'autant plus difficile à surmonter que Bruce Toussaint avait déjà perdu son papa en 2016 d'un cancer. »

Vous avez remarqué, sans doute, comme les mots « père » et « mère » ont disparu au profit unique, quel que soit l’âge du « ch’tit n’enfant », de « papa » et « maman » ? Encore un signe de la dérive pleurnicharde de notre société passée, désormais, sous la coupe de Big Mother (Odile Jacob), comme l’avait déjà analysé Michel Schneider, voilà vingt ans. Il paraît que c’est une victoire des valeurs féminines…

C’est terrible, de perdre sa mère, convenons-en, mais on a découvert, dans cette grande séquence compassionnelle, que le deuil n’était pas la seule cause de souffrance du grand gaillard : c’est sa vision du monde qui en prend un coup.

Comme il faut être poli avec qui vous invite, Bruce Toussaint passe un petit coup de brosse à reluire :

« Votre émission a beaucoup de succès, évidemment », dit-il à Léa Salamé. On se demande ce qu’il y a d’évident là-dedans, mais passons. « Et il y a une séquence, il y a quelques semaines, qui est devenue virale », poursuit-il. « C’est Ragnar le Breton qui dit : Moi, ma grand-mère, si elle passe sa journée à regarder BFMTV, elle prend sa carte au…

– Au FN, le coupe Salamé. Ben oui, faudrait pas qu’il se laisse aller à dire « au RN », les téléspectateurs pourraient ne pas comprendre qu’on parle de la bête immonde…

– …au FN, reprend donc docilement Bruce Toussaint. Et vous ne pouvez pas savoir comme cette séquence nous a fait énormément de peine.

– Ça vous a blessé ? dit l’autre, avec un trémolo dans la voix, façon Actors Studio.

On comprend que oui. Beaucoup blessé, même. Toute la rédaction souffrait dans son petit cœur. « Allô maman bobo », soutien psychologique et tout et tout.

– Je me dis qu’on est responsables, sûrement, parce que s’il le dit, il ne l’a pas inventé, même si c’est un humoriste, poursuit Bruce Toussaint. Mais c’est dommage, parce qu’on essaye quand même de se différencier d’autres chaînes d’info. Et entendre ça, bon… y a pas de quoi chialer, mais je me suis dit mince, on a encore beaucoup de boulot, et je vous jure qu’on essaie de faire en sorte que ça aille mieux. »

Là, on perd un peu pied parce qu’on ne comprend pas très bien ce qui doit aller mieux. Il enchaîne : « Il y a du boulot, encore, mais croyez-moi, on ne se satisfait pas du tout d’imaginer que des gens puissent penser qu’en regardant toute la journée BFM TV, ils vont voter… » Sentant la pente glissante, il se rattrape juste à temps : « …voter quoi que ce soit, d’ailleurs. C’est pas le but du jeu. »

C’est vrai, quoi, faire de la télé pour en arriver là, quelle misère : trop d’émeutes, trop de voitures brûlées, trop de camps de migrants, trop de crackeux… Il essaie pourtant d’enjoliver le réel, Monsieur Toussaint, de donner de l’espoir aux sans-dents, mais c’est comme vider la mer à la petite cuiller.

Alors, il se console. C’est Le Monde qui nous le dit : « Le présentateur vedette de BFM TV adore les cocktails, il en existe même un à son nom au bar du Normandy, à Deauville, où il a ses habitudes. »

Non seulement ça remonte le moral, mais là, au moins, on ne risque pas de croiser des électeurs du RN.

Par Marie Delarue le 10 avril 2023

Boulevard Voltaire

samedi 8 avril 2023

Jean-Philippe Tanguy (RN) : "Élisabeth Borne est carbonisée, c'est un zombie qui n'a plus d'autorité"

La bascule de l’ordre mondial – Caroline Galactéros dans le Samedi Politique sur TV Libertés le 8 avril 2023

 

«Vous ne verrez pas ma binette sur CNews!»



La CGT en a fini avec l’ère du patriarcat moustachu à la papa. Fini Philippe Martinez, place à la jeune et séduisante Sophie Binet. Le militantisme syndical s’est professionnalisé en élisant une femme à peine quarantenaire, connue pour son engagement à gauche toute depuis plus de quinze ans. Sophie Binet fut en effet l’une des figures de la contestation contre le Contrat Première Embauche, mouvement lors duquel elle était alors à la tête de l’UNEF, longtemps centre de formation des caciques du Parti socialiste. En 2016, celle qui était devenue permanente de la CGT s’opposa au gouvernement socialiste et à la loi travail de Myriam El Khomri.

Un CV vide

Cette ancienne adhérente du PS coupait le cordon avec la maison mère, au moment où la synthèse issue du congrès d’Epinay s’effondrait sous le poids de ses propres contradictions, faisant des alliés d’autrefois des ennemis pour la vie, l’aile réformiste reprise par Valls et Macron entrant officiellement en conflit ouvert avec les socialistes canal historique toujours fidèles aux idéaux marxistes. On se doute d’ailleurs que les petits jeux politiques ont dû plus passionner Sophie Binet que le travail en bonne et due forme, son parcours professionnel présentant quelques absences…

La première femme à diriger la CGT depuis sa formation en 1895 a un CV vide. Etudiante en philosophie, militante à l’UNEF et un temps CPE, elle a été très vite détachée pour prendre la direction de l’Union des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT-CGT). On se demande bien pourquoi cette branche n’a pas pris un véritable ingénieur ou technicien pour la représenter, mais soit. Son prédécesseur fut quant à lui un véritable travailleur, technicien métallurgiste aux usines Renault de Boulogne-Billancourt, mais à l’heure où le nombre de cadres a dépassé le nombre d’ouvriers en France, la nomination de Madame Binet doit être dans l’air du temps de notre économie post-industrielle…

Une gauche intolérante

Dogmatique, très concentrée sur les enjeux de société, Madame Binet a fait la première démonstration de son sectarisme en refusant de répondre aux questions de CNews, invoquant sa défense du « pluralisme » que la chaine ne garantirait pas. On peut pourtant y apercevoir parfois Antoine Léaument ou Sandrine Rousseau… Sophie Binet a-t-elle compris que la CGT est un syndicat représentant les travailleurs et non un parti politique, du moins en théorie ? C’est tout le problème des « partenaires sociaux français » qu’on devrait renommer « partenaires socialistes ».

Ils sont uniquement dans l’opposition et peu enclins au dialogue, rêvant toujours de grands soirs et de « blocages infrastructurels » !


La nouvelle patronne de la CGT s’embrouille bêtement devant le micro de CNews, après qu’un de ses sbires lui ait sommé de ne plus répondre.
Par Gabriel Robin le 7 avril 2023
Causeur