jeudi 7 septembre 2023

Antilepénisme primaire : Jean-Michel Aphatie et Libération sonnent le tocsin !



C’est la rentrée pour tout le monde, monde politique et monde médiatique confondus. Sans surprise, Jean-Michel Aphatie s’illustre par une de ces sorties dont il détient le peu enviable secret. Ainsi, dans « Quotidien », l’émission de Yann Barthès diffusée ce 4 septembre par TMC, affirme-t-il, à propos de Jordan Bardella, président du Rassemblement national : « Son jeune âge témoigne bien du côté écervelé du jeune homme. Il se croit le patron, mais il n’est pas le patron. » Bref, Marine Le Pen serait toujours aux commandes.

Bien la peine de se prétendre lepénologue avisé pour répéter ce que tout le monde sait. Mais Jean-Michel Aphatie n’est-il pas tout aussi « écervelé », l’excuse de l’âge en moins, quand il affirme, le 22 février 2019, à propos des gilets jaunes : « Évidemment, il ne s’agit pas de dire qu’ils sont antisémites, le propos n’est pas celui-là. » Mais que « détestent les gilets jaunes ? La banque, la finance, les parlementaires, les élites […] Or, qu’est-ce que l’idéologie antisémite ? C’est de ne pas aimer la banque, les parlementaires, les élites et croire […] que tout serait de la faute des juifs. On assiste donc à un croisement entre les deux idéologies. »

Quand la gauche joue à se faire peur…

A priori, tout cela n’a ni queue ni tête, sauf à savoir que certaines têtes de gauche sont prêtes à tous les tête-à-queue, prompts qu’ils sont à peindre des diables sur les murs pour, ensuite, faire mine de s’effrayer de leurs propres gribouillis, tel qu’en témoigne cette une de Libération, ce 5 septembre : « Extrême droite, le sondage qui fait peur. »

Voilà ce qui arrive, après s’être enivré de trop de potion magique antilepéniste : la gueule de bois n’est jamais loin. Et ceux qui font « peur » aujourd’hui seraient plutôt les mélenchonistes que les marinistes, qu’on en juge.

À la question consistant à savoir si le RN est plus, ou moins, crédible que LFI. 36 % pour l’un contre 19 % pour l’autre. La compétence ? 35 % contre 18 %. En revanche, le RN est perçu comme « radical » par seulement 25 % des sondés, contre 27 % pour LFI. Pour deux autres sujets qui fâchent, la « violence » et la « dangerosité », les Français paraissent avoir anticipé les votes à venir : le RN est jugé « violent » par 22 %, chiffre qui monte à 32 % pour LFI ; tandis que le premier est tenu pour « dangereux » par 18 % des mêmes sondés considérant que LFI l’est plus encore, avec 36 % d’opinions négatives.

On s’étonne que ces journalistes puissent s’étonner, car voilà ce qui survient quand les députés insoumis prennent l’Assemblée nationale pour une aire de pique-nique (ta mère !)…

Marine Le Pen ? Panique à bord chez Libération !

La suite de cette enquête ? De quoi inquiéter la rédaction de Libération, qui constate que la cote de Marine Le Pen ne cesse de grimper. Certes, elle totalise encore 51 % d’opinions négatives, mais 13 % de moins qu’en novembre 2021. Les opinions positives ? 37 %, avec 10 % de plus depuis la même date. Le reste a de quoi désespérer les journalistes de ce quotidien.

Peut-elle apporter des solutions utiles aux Français ? 44 % (+8 %), contre 42 % (-12 %).

A-t-elle la stature d’un chef d’État ? 42 % (+14 %), contre 45 % (-16 %).

Représente-elle bien des gens comme vous ? 37 % (+10 %), contre 48 % (-15 %).

A-t-elle les compétences pour sortir la France des crises actuelles ? 25 % (+8 %), contre 49 % (-13 %).

De quoi pousser Dov Alfon à sonner le « tocsin », titre de son éditorial du jour, affirmant au passage que « Libération s’engage à faire du traitement de l’extrême droite une priorité éditoriale ». Il est vrai qu’au moment où les banlieues sont susceptibles de s’enflammer à la moindre étincelle, que la gauche ne sait plus vraiment bien où elle habite – affaire de l’abaya oblige –, que la guerre menace en Europe, cette « priorité » s’imposait en effet.

Mieux : Frontal sera donc prochainement la nouvelle arme de destruction massive à destination de Marine Le Pen. Soit une énième lettre confidentielle propre à vaincre le péril à venir. Confidentielle ? Tout comme les ventes du journal jadis créé par Serge July, qui avait alors une tout autre gueule, avant de devenir bulletin paroissial pour dames patronnesses d’un antifascisme sans fascistes.

Comme quoi les « décervelés » ne sont pas toujours ceux qu’on croit.

Par Nicolas Gauthier le 7 septembre 2023

Boulevard Voltaire

mardi 5 septembre 2023

Gabon, Niger, Sénégal : l’Afrique au bord de l’implosion - Michela Wrong et Régis le Sommier le 5 septembre 2023

À LA VOLÉE : Toute la vérité sur le DSA - Virginie Joron (RN) le 5 septembre 2023

Bruno Le Maire : le ministre du déficit dilaté - Nicolas Vidal sur Radio Courtoisie le 5 septembre 2023

 

Présidentielles : au secours, Édouard Philippe revient !



À peine Emmanuel Macron réélu, le bloc du centre et de la droite se cherche déjà un nouveau héraut pour l’élection présidentielle de 2027. Édouard Philippe serait, paraît-il, le nouvel élu... par les sondages seulement, en attendant que les électeurs confirment ou non leurs pronostics. À en croire celui publié dans l’édition dominicale du Parisien, l’ancien Premier ministre serait donc en tête des enquêtes d’opinion.

Ainsi séduirait-il 33 % des sondés, sur l’ensemble du corps électoral, contre 30 % pour Marine Le Pen. Quant aux sympathisants de droite, ils seraient 60 % à lui apporter leurs suffrages, contre 40 % à la même Marine Le Pen. Quoique tout cela puisse sembler un brin précipité – cette élection n’aura lieu que dans quatre ans –, on voit bien ce qui hante le sommeil du monde médiatico-politique : la possible arrivée au pouvoir de Marine Le Pen.

Tous obsédés par Marine Le Pen

David Doukhan, rédacteur en chef du service politique du Parisienaffirme ainsi : « Pendant ce temps, Marine Le Pen gagne du terrain, élection après élection. Et la gauche est pour l’instant dominée par La France insoumise dont le programme et la stratégie sont si clivants. Par conséquent, le centre droit, masse électorale modérée, importante et stable, est un enjeu décisif. Qui pour en devenir le champion ? »

Qui ? Édouard Philippe, pour les tenants d’une alliance allant du centre gauche à la droite. Ou encore Gérald Darmanin, pour ceux qui opteraient plutôt pour une union censée réunir la droite et le centre droit, sans négliger les électorats macroniste et zemmourien, tel que théorisé par Nicolas Sarkozy. Bref, cinquante nuances de macronisme, censées incarner un « bloc élitaire » ou « bourgeois » contre le « bloc populaire » des « laissés-pour-compte », histoire de reprendre la phraséologie mariniste.

Faire du neuf avec du vieux

Mais pour redonner vie à ce « bloc », encore faut-il faire semblant de faire du neuf avec du vieux. Ce qui paraît assez jouable pour le ministre de l’Intérieur, sorte de sous-Nicolas Sarkozy, en un peu moins distingué, et qui, dans ce sondage, n’attirerait que 17 % du corps électoral et 44 % des sympathisants de droite, l’est déjà nettement moins dans le cas d’Édouard Philippe.

Car l’homme censé incarner le nouvel espoir centriste n’est pas neuf : Jeanson-de-Sailly et ENA, avocat d’affaires pour des cabinets internationaux et membre éminent de la French-American Foundation, soit l’un de ces Young Leaders formatés par le soft power américain. L’un de ses camarades de promotion n'est autre qu'un certain Emmanuel Macron.

Le bon élève du système…

Politiquement, l'itinéraire de Philippe est tout aussi classique. Militant rocardien, il rallie Alain Juppé, devient l’un des membres fondateurs de l’UMP avant de faire un détour chez François Fillon, qu'il lâchera pour le même Emmanuel Macron.

Tenu pour faire partie du lobby nucléaire français, Édouard Philippe n’hésite pas, en tant que Premier ministre, à faire fermer la centrale de Fessenheim. Ce qui ne l’empêchera pas, en tant que maire du Havre, d’empêcher la fermeture d’une centrale à charbon en 2017. On n’oubliera pas, non plus, qu’il fut l’un des responsables de la jacquerie des gilets jaunes, s’entêtant à imposer la limitation à 80 km/h sur les routes nationales, à rebours de l’Élysée qui voyait en cette mesure un diktat vexatoire. La répression qui a suivi, avec ses cortèges d’yeux crevés et de mains arrachées, fut encore menée sous sa responsabilité. De même, entre autres titres de gloire, qu’une réforme avortée du système des retraites, en 2020, finalement adoptée au 49.3, précédant ainsi les coups de force d’Élisabeth Borne.

Le confinement lui permet encore de montrer toute l’étendue de sa versatilité. Le 13 mars de la même année, il assure, sur TF1, que « le port du masque est inutile en population générale », avant de se raviser. Tout comme il reconnaîtra avoir « évolué sur la question de la PMA », alors qu’il était contre, quelques années plus tôt.

Voilà donc celui qui serait le champion de la droite et du centre droit pour 2027 ! Ses électeurs se laisseront-ils plumer une fois de plus ?

Par Nicolas Gauthier le 4 septembre 2023

Boulevard Voltaire

dimanche 3 septembre 2023

Des Outre-Mer à l’Alsace, les régionalistes se réveillent-ils ?



Si on met de côté l’Outre-Mer – Corse comprise – qu’on peut considérer comme un immense laboratoire de la décentralisation voire d’un pré-fédéralisme, seule échappe au carcan jacobin l’Alsace qui possède son propre laboratoire d’idée constitué par l’association Initiative Citoyenne Alsacienne dirigée par Pierre Klein et qui précise pour les esprits suspicieux « Nous ne sommes plus aux temps où la France avait à craindre pour son unité. Elle est acquise ». Est-ce à dire que l’exemple puisse être suivi par des régions qui ne peuvent exciper du même héritage historique ?

Depuis l’instauration des « grandes régions », et même depuis l’enterrement de la politique des pays issue de la « loi Pasqua », le débat sur la décentralisation s’était réduit à de technocratiques débats sur les politiques fiscales. Le mouvement des pays s’est essoufflé jusqu’à l’asphyxie orchestrée par le RPR et le PS malgré le travail de l’Association Nationale pour les Pôles Territoriaux et les Pays (ANPP) dirigée par Michael Restier. L’opposition France Urbaine/France Rurale actée par la suppression de la DATAR marquait le début d’une confrontation mortifère. La politique des Métropoles voulues comme une adaptation du territoire nationale au formatage européen et même planétaire a encore réduit la visibilité des régions plus ou moins traditionnelles.

Plus important encore les pressions de la doxa cosmopolite, les pressions migratoires, loin de provoquer un repli sur les identités régionales ont provoqué un recul du sentiment régional concrétisé par l’adoption du terme « Gaulois » englobant sous ce vocable les « Français de souche européenne ». Ce sont les Africains de France qui ont « réduit » les identités régionales et créée une « identité gauloise ».

Mais aujourd’hui ? Le formidable rejet du cosmopolitisme mondial, les besoins de relocalisation des industries, la mise à la mode des circuits d’économie circulaire, la volonté de maîtriser les flux migratoires, le retour des nationalismes dans bien des pays, concourent à la redécouverte des solidarités locales, régionales, nationales. Les signes en sont visibles, très puissamment en Outre-Mer, puissamment, en Alsace, plus ou moins significativement ailleurs. Mais L’Alsace ne sera en bonne voie qu’autant qu’elle cessera sera d’être l’exception qui confirme la règle jacobine pour devenir un exemple à suivre.

En Bretagne le site internet « Breizh info » surfe certes sur le politiquement incorrect, mais son succès étonnant repose d’abord sur un phénomène que l’essayiste Benjamin Morel, auteur de La France en miettes – Régionalismes, l’autre séparatisme (Le Cerf) caractérise, le 27 juillet dernier à l’hebdomadaire Le Point, par le fait que si « seulement 13 % des Bretons voient les sujets identitaires et culturels comme des priorités […] On a tout de même 40 % de Bretons qui se disent plus bretons que français ». Mais la fièvre régionale ne touche pas que la Bretagne, qui a vu la renaissance d’un ersatz de FLB (Front de Libération de la Bretagne) s’en prenant aux voitures et maisons secondaires de supposés colonisateurs français, mais également le Pays basque. Il semblerait aussi que l’influence du Vlaams Belang déborde la frontière belge. Dans le Sud-Ouest notamment on note de réelles résurgences occitanes. En Savoie se signalent des frémissements régionalistes évoquant un Mouvement Régionaliste Savoyard renaissant. En Normandie, qui mérite par certains côtés le qualificatif de périphérique, le Mouvement Normand incarné longtemps par Didier Patte témoigne d’une vivacité maintenue par son dynamique président Emmanuel Mauger…

Un autre marqueur de cette résurgence des identités régionales réside dans la timide renaissance des associations regroupant les originaires des différentes régions vivant hors de la région natale comme l’emblématique « Club de Bretagne » présidé par Pierre Bernard Lebeau.

La décentralisation pour toutes les régions – comme le demande le Mouvement Fédéraliste Français « La Fédération » – est peut-être le moyen le plus sûr d’empêcher certains de se servir de ce phénomène pour créer une fracture dangereuse et en faire une étape vers la sécession, des Caraïbes à la Corse, en passant par l’Alsace et la Seine-Saint-Denis !

Michel le Lay

(EXTRAIT du Bulletin hebdomadaire n° 1982 du lundi 7 août 2023 de l’ACIP)

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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