mercredi 4 mai 2022

Quand Aymeric Caron, candidat mélenchoniste aux législatives, voulait instaurer un « permis de voter » !



Aymeric Caron, bombardé candidat mélenchoniste aux législatives dans le 18e arrondissement de Paris, n’est pas né le jour de la Saint-Modeste, on le savait depuis longtemps. Il n’a pas le  à tous les étages, nous n’étions point sans le savoir. Il aime distribuer bons et mauvais points, la chose était de notoriété publique. Seulement voilà, dans le registre de l’arroseur arrosé, il est désormais victime du syndrome du délateur à son tour en proie à la délation.

Ainsi, une vidéo remontant à 2017, lors d’un de ses passages dans l’émission « C à vous », sur France 5, commence à tourner de nouveau sur les réseaux asociaux, celle où il exigeait la création d’un « permis de voter », histoire d’interdire aux « citoyens incultes et irresponsables d’avoir voix au chapitre ». Présent sur le plateau, même Patrick Cohen, le grand inquisiteur en chef de , peinait à dissimuler son malaise.

Il est vrai qu’en la circonstance, Aymeric Caron y va plus à la sulfateuse qu’à la cuillère à café, assurant que s’il existe des permis de conduire, on pourrait tout à fait en faire de même des permis de voter. En France, c’est à  que, traditionnellement, on conduit. Faudra-t-il donc rouler à l’anglaise et à gauche ? Et de convoquer, dans la foulée, une sorte d’assemblée de sages qui, eux, savent le bien, le beau et le vrai. Mais qui nommera les sages en question ? D’autres sages ayant permis de nommer, une fois leur brevet d’humanisme décroché ?
Le drame, ou le comique de cette situation, c’est qu’Aymeric Caron ne fait finalement que dire tout haut ce que tant d’autres pensent tout bas. Les électeurs d’Emmanuel Macron ? Des CSP+. Ceux de Marine Le Pen ? Des bac-5.  aux pauvres et vive la sociale !

Pour les oublieux qui ignoreraient tout du parcours de cet humaniste, très porté sur son brushing impeccable et sa barbe de cinq jours, savamment négligée, rappelons qu’il est aussi le mistigri que toutes les rédactions de France se passent et se repassent tout en espérant bien s’en débarrasser. Chez Laurent Ruquier, il n’a pas fait des merveilles, horripilant à la fois les téléspectateurs de droite et ceux de gauche. Lors de sa nomination à la tête de l’édition française du mensuel américain Rolling Stone, il n’a survécu que le temps de trois ou quatre numéros.

Ce qui est parfaitement logique, les lecteurs de ce magazine ayant plus envie d’avoir des nouvelles de la prochaine réédition d’un album des Beatles plutôt que celle de la survie des scarabées dans les proches environs de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Car notre homme est un militant antispéciste de la plus stricte observance, mettant sur le même plan êtres humains et frères moustiques.

Pourquoi pas, après tout. Personnellement, j’avoue ne rien avoir contre les moustiques. J’ai même d’excellents amis moustiques dans mon proche entourage. Et même des cafards, à l’évidence proches cousins de l’histrion en question. Aujourd’hui, ce dernier s’insurge, estimant infâme qu’on puisse exhumer une telle vidéo. Pour quelqu’un qui reproche à  des propos remontant à près de quarante ans, l’histoire ne manque pas de sel sans gluten. Ce qui conduit Aymeric Caron à prétendre que ses propos seraient relayés sans tenir compte du contexte. Pas de bol, le contexte est bien là, telle la vérité sortant du puits, seulement vêtue, à défaut d’être nue, d’un string équitable recouvrant ce qui lui demeure de vertu.

Cela ne devrait pourtant pas l’empêcher de se présenter aux prochaines législatives, sous étiquette mélenchoniste, dans le XVIIIe arrondissement parisien, fort de son titre de président – élu à vie, par des citoyens d’exception détenteurs d’un permis de voter en bonne et due forme ? – de ce mouvement de masse : La REV, Révolution écologique pour le vivant.
Si, un jour, Laurent Gerra se retrouve au chômage, il ne faudra pas se demander pourquoi. C’est Aymeric Caron qui lui aura piqué la place d’humoriste préféré des Français. Sans l’avoir forcément voulu...

Par Nicolas Gauthier le 4 mai 2022


Eric Zemmour : nous mènerons la bataille des législatives, le 2 mai 2022

 

lundi 2 mai 2022

Le pouvoir absolu corrompt absolument



Chacun connaît la citation de Lord Acton : « Le pouvoir tend à corrompre, le pouvoir absolu corrompt absolument. » En France, la menace est actuelle et sérieuse. Nous connaissons la dérangeante personnalité du président de la République qui vient d’être réélu. Un homme qui parle de pouvoir « jupitérien », qui se veut « maître du temps et des horloges », a quelque chose d’inquiétant. D’autant plus lorsqu’il avoue avoir « appris à aimer les Français », ce qui suppose qu’il ne les aimait guère. Et l’on pourrait égrener ses citations qui l’attestent et manifestent une forme d’arrogance hautaine à l’égard des « humbles et des sans-grade ».

Le personnage aime à être dans la transgression sociétale, la brutalité verbale, l’attitude méprisante. C’est un destructeur froid, sans empathie. Durant cinq années, il s’est employé à déliter le lien social, à noyer les problèmes dans la phraséologie vaine du « en même temps », à obérer l’avenir des Français par un endettement colossal qui va bien au-delà des actions entreprises pour lutter contre les effets de la crise sanitaire, à accroître le centralisme jacobin dans un enivrement malsain d’emprise sur les gens.

Il est vital pour la France et les Français, pour leur liberté, d’éviter qu’Emmanuel Macron ne dispose de tous les pouvoirs. Pour les législatives, l’attitude des partis et formations de la droite enracinée sera déterminante. Partir en ordre dispersé, présenter des candidatures concurrentes est la plus sûre garantie de l’échec. Afin d’éviter que le Président ne se croie sans limites, il faut impérativement que la part encore gaullienne des Républicains, le Rassemblement national, Reconquête, Debout la France, le Centre national des indépendants et des paysans, VIA, le Parti conservateur et les Patriotes s’unissent afin de peser au sein de l’Assemblée nationale. Justement pour imposer des limites à celui qui se prend pour le roi de l’Olympe.

Il est impératif de priver Macron d’une majorité de « godillots » telle que dans la précédente législature. Nous n’avons que faire d’un « Parlement croupion » transformé en chambre d’enregistrement. La droite enracinée a une responsabilité historique. Va-t-elle rester prisonnière du piège tendu par Mitterrand il y a quarante ans ? Va-t-elle préférer les délices masochistes des querelles de boutique à l’exercice du pouvoir ?

Il faut des accords, des alliances partout où une circonscription est gagnable. La raison le commande comme le sentiment. La raison qui exige de tout faire afin de conserver le maximum de pouvoir et d’influence. Le sentiment d’amour de la patrie, de souci du bien commun des Français.

À l’heure où Mélenchon s’exerce au chant des sirènes pour séduire une gauche désemparée, est-il possible que la droite de réflexion et d’enracinement fasse preuve d’assez d’aveuglement pour laisser le champ libre à la « Macronie » idolâtre, à un parti républicain en état de mort cérébrale, à une gauche dépassée traversée de relents révolutionnaires ?

Les grandes figures de notre Histoire que le peuple français vénère instinctivement sont celles qui combattirent avec et pour l’honneur et ceux qui furent des artisans de réconciliation. Souvent les mêmes, au demeurant. Ainsi Louis XII, le « père du peuple », et Henri IV sont-ils inscrits dans notre mémoire collective et l’on se souvient des paroles du premier comme un exemple de sens du bien supérieur de l’État : « Le roi de France ne venge pas les querelles du duc d’Orléans. »

Les aléas des campagnes électorales conduisent à des excès verbaux, à des propos inutilement blessants, à des erreurs proches de la faute. L’homme  qui se hausse au niveau d’homme d’État sait jeter un voile sur les outrages passés pour bâtir un avenir partagé, envers et contre tout. Car, à la fin du jour, la seule querelle qui vaille est celle de la France.

Par Stéphane Buffetaut, vice-Président du CNIP le 2 mai 2022

Quelle opposition ?



Il faut avoir l’imagination de Jean-Luc Mélenchon pour prétendre savoir à quoi ressemblera l’Assemblée nationale le 19 juin. Le chef de La France insoumise est bien le seul à pouvoir rêver à voix haute de son entrée à Matignon! Habité par un moral de vainqueur, le troisième homme de la présidentielle ne se refuse rien : pas même de détourner le traditionnel 1er Mai syndical en un meeting politique. Ce qu’il fit l’espace d’un discours ce dimanche, place de la République, à Paris.

Dans cinq semaines, à l’issue des élections législatives, la réalité risque d’être bien différente des plans sur la comète dressés par le zélateur d’Hugo Chavez. Les abstentionnistes, qui pourraient être aussi nombreux qu’en 2017 (plus de 50% des inscrits aux deux tours), devraient former le premier parti de France. Et, compte tenu des règles du scrutin, la faible participation ne favorisera pas le jeu des oppositions à Emmanuel Macron. 

À l’exception du bloc central, constitué autour du chef de l’État, les autres camps présentent, comme jamais, d’évidentes faiblesses ou divisions.

Tiraillés de tous les côtés, Les Républicains sauveront peut-être les meubles, mais re trouveront difficilement la centaine de sièges qui faisaient d’eux le premier groupe d’opposition au Palais Bourbon. À leur droite, le Rassemblement national, au faible ancrage local et mal disposé à l’endroit de l’équipe Zemmour, ne peut pas espérer grand-chose. Quant à Jean-Luc Mélenchon, quand bien même il parviendrait à réaliser l’union de la gauche derrière lui, sa radicalité et son intransigeance pourraient lui jouer des tours. S’il arrive à créer la surprise, celle-ci ne devrait pas prendre la forme d’un raz-de-marée.

Des sondages indiquent que beaucoup de Français souhaiteraient une cohabitation. La Ve République en a déjà connu trois. Toutes n’ont pas laissé que des bons souvenirs. Dans un paysage politique dévasté, l’hypothèse reste, en tout état de cause, des plus improbables. En fait, la principale question qui se pose est de savoir qui, face à Emmanuel Macron, portera la voix d’une opposition qui ne soit pas excessive ou déraisonnable.

Par Yves Thréard le 2 mai 2022

dimanche 1 mai 2022

Premier discours d'Eric Zemmour depuis l'élection présidentielle le 1er mai 2022

 

Emmanuel contre Antigone



 « Un décor neutre. Trois portes semblables. Au lever du rideau, tous les personnages sont en scène. Ils bavardent, tricotent, jouent aux cartes. Le Prologue se détache et s’avance. »

Didascalies sobres par lesquelles s’ouvre la tragédie d’Antigone, reprise avec magnificence par Anouilh, qui en fit le requiem des Résistants. Au début de la pièce, tous les personnages sont déjà sur scène, pétrifiés à la façon des statues de sel, aux prises avec un clair-obscur qui annonce les matins de bataille. Il y a Créon, dans un coin, avec son air de vieillard soumis aux exigences du temps. Ce sont toujours les pires. Figure décharnée d’un ordre terrifiant, celui des Modernes, il s’évertue à laisser pourrir les corps au soleil, sans respect pour la foi, les déesses et le ciel. Puis il y a Antigone, princesse charismatique, à la fois Madone et Causette, et qui de sa chétivité s’apprête à se lever, toute seule, contre la fin d’un monde. Figure johannique et gaullienne, elle pourrait prêter ses traits à la France, tant elle semble, dans les lueurs antiques de la Grèce, en être la figure annonciatrice, l’étincelle primitive. De cette scène inamovible surgit soudain le Prologue, porte-voix du destin, qui de son index pointé fait entrer le tragique. Cela finira mal, et d’entrée de jeu le destin est scellé. Ainsi soit-il.

Et pour la Nation, il en va de même aujourd’hui

Le peuple de France, en ce matin terrible, s’est trahi lui-même. Abruti, apeuré et rapetissé par l’esprit du temps, il n’a pas au cœur le courage des grandes choses, mais tout au contraire l’égoïsme rentré des petits marchands. Cela changera, mais comme toujours, il faudra les épreuves pour arracher les Français à leurs chimères de loisir. Les Français se réveilleront en 40 et nous ne sommes pas en 40. Sommes-nous en 24, en 36 ou en 39 ? Mystère. Et pourtant, comme les baigneurs des rapides, nous entendons au loin le bruissement des catastrophes, celui des grandes chutes d’eaux qui nous bringuebaleront contre les rochers, en contrebas. A moins que, comme toujours jusqu’ici, une figure se lève du néant. Il paraît qu’il ne faut plus croire aux coups de la Providence. Et pourtant. Mais restent en ce matin les mots du Général, qui reviennent à la mémoire comme les poèmes de l’enfance. Il y parle de la France, mère nourricière que ses enfants blessent parfois.

Emmanuel le Horla

Aujourd’hui, le temps des troubles. Emmanuel, appelons-le par son prénom, erre comme un manant sur les pelouses du Champ de Mars, dieu de la guerre et du sang. Dans son discours de victoire, il n’y avait ni victoire ni discours. Simplement la torpeur. Ce sédatif qu’il administre à la France, comme pour la plonger dans une lente léthargie. Retirer aux choses leurs sens, des mots aux actes. Pauvre village Potemkine d’un menteur pathologique, qui jusqu’au bout continuera à prêcher le vrai pour défendre le faux. Emmanuel semble parfois se perdre dans certaines fièvres qui l’amènent loin d’ici, dans des paradis artificiels où son imagination se dégonde. Des voix étranges s’en viennent lui susurrer des choses. Et ce ne sont pas celles de Domrémy. Plutôt des suppliques mauvaises, celles du Horla. Des cris stridents.

Sa victoire est celle de Pyrrhus. Elle le condamne aux épreuves les plus rudes, et sans doute à se regarder mourir, sous la lumière rose, belle parce qu’ultime, du crépuscule blessé. Le sait-il seulement ? S’il joue parfois, comme son idole Mitterrand, à croire aux forces de l’Esprit, ce n’est qu’une posture de carnaval. C’est un laïque, une plante déracinée, un étranger aux nymphes. Il doit rêver à son triomphe. Laissons-le festoyer. L’acte I de la tragédie le prévoit. Et nul ne déroge aux alexandrins qui s’écrivent là-haut.

Faut-il croire aux théories freudiennes ? Pour les individus, chacun se fera son expérience, intuitu personae. Mais à cela pas d’interdit : l’inconscient des peuples, lui, demeure. Il mène le monde. Et les Français, ces dernières années, ont intériorisé en eux la reconduction du président sortant. C’est fait désormais. Ses seuls concurrents sérieux, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon (sans oublier le fantôme de l’abstention), constituent avec ses forces propres le carré politique de la France. Mais lui seul pouvait s’appuyer sur la médiocrité ambiante, ce brouillard empreint de petitesse et de lâcheté. Bien davantage que le bruit des bottes, il faut craindre décidément le silence ouaté des pantoufles. De cette apathie paralysante, la France pourrait mourir. Ce ne sera pas d’autre chose.

L’esprit pernicieux de la défaite

Emmanuel incarne, dantesque, cet esprit de défaite qui s’est emparé de la Nation. Il est le Daladier d’aujourd’hui : un centriste incapable de guider la France, et qui, se targuant de la morale et du cœur, entraîne le pays vers le chaos. Croire plus que jamais à l’indépassable maxime française, celle de Pascal : « L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. ». Les maux du pays se résument à cette formule seule.

En lieu d’horizon, Emmanuel a proposé aux Français le vieux rêve de Guizot : « Enrichissez-vous ». Ainsi se danse la ronde des petits bourgeois repus, la carmagnole des vichystes d’aujourd’hui, courbés autant qu’ils sont devant les puissances étrangères.

Et les Français regardent passer les trains. Plus rien ne semble les choquer, les révolter, les animer. Chacun se réfugie dans sa communauté, sa corporation, sa solitude plus souvent encore, et organise autour de lui un petit univers clôt pour se protéger du grand monde. La Nation, l’Histoire et plus encore la grandeur paraissent des mots un peu vains. Ils sont à nos contemporains comme autant d’anachronismes. Des bêtes curieuses, issues du passé, que l’on observe au mieux avec nostalgie et au pire avec dédain. Ceux qui les prononcent suscitent le ridicule, le ricanement. La mode générale est de les tenir pour fous. Surtout si ce qu’ils disent vient du cœur. La sincérité est presque devenue de mauvais goût.

Et ces citoyens là, que l’on doit bien reconnaître majoritaires, méritent-ils seulement le beau nom de France ? Sont-ils autre chose que des héritiers indignes ? Eux qui passent les villages sans prêter attention aux églises et aux cimetières… Et les voilà qui se confondent dans l’avachissement mollasson. Le temps est aux séries, aux prêts immobiliers, aux glaces et aux ticheurtes. Il ne le restera pas longtemps encore.  La comptine hypnotique qui saisit le pays tout entier cessera bientôt d’émettre. Le temps des Hommes, du courage et du sacrifice, s’apprête à frapper de nouveau. Nous n’aurons pas le choix. Et si la France se meurt, et si elle doit mourir, qu’elle le fasse autrement que dans cette morbidesse sourde et mièvre.

Oui, les Français dorment et ne pardonnent pas à ceux qui tentent aujourd’hui de les réveiller. Ils acceptent leur sort misérable car la peur gagne leurs cœurs. Ils ne vivent plus, ils subissent. Et c’est cela sans doute le plus intolérable. Il faut donner raison aux sagesses d’Asie : le poisson pourrit d’abord par la tête. Car ce sont les élites, en premier lieu, qui désertent. Le fragment le plus populaire et le plus humble l’a prouvé dimanche encore, dans ses profondeurs. Lui était là.

Que les Français se réveillent d’un fracas soudain qui s’appelle l’honneur, qu’ils relèvent le gant !


Antigone, cette fois, ne doit pas mourir.

Par Valentin Gaure le 26 avril 2022

Complotiste, populiste ? Non ! Démocrate et lucide ! (I)



Après un silence de deux semaines, je reprends ce bloc-notes. Nous vivons une époque étrange et confuse qui appelle à une réflexion plus approfondie. Deux événements ont marqué l’actualité. D’abord, selon un scénario prévu de longue date et souhaité sinon mis en oeuvre par M. Macron, il a été réélu face à Marine Le Pen. Ensuite, le Président Poutine semble être tombé dans le piège américain d’une guerre longue et coûteuse en Ukraine. Cette dernière n’a pas été sans effet sur la facilité inattendue de la réélection d’un président peu populaire et dont le bilan est calamiteux. On ne peut qu’être fasciné par la concordance de ces événement et par leur étonnante symétrie. L’élection française n’a pas été politique, mais sociologique : elle a dressé les périphéries contre les centres. L’oligarchie parisienne avec l’aide de ses ramifications provinciales a manipulé l’opinion publique avec maestria. Mais la volonté américaine d’écraser la Russie est également la manifestation d’une stratégie, cette fois de l’oligarchie mondialiste, qui tente d’imposer ses intérêts économiques et politiques à la terre entière. A cette démarche résistent avec plus ou moins de vigueur un certain nombre de pays qui par leurs votes à l’ONU soulignent le clivage qui s’instaure entre les “Occidentaux” et une part grandissante du reste du monde, en Asie, en Afrique, et même en Amérique latine.

Deux mots sont devenus, ces dernières années, les armes sémantiques de la stigmatisation  : populisme et complotisme. Le premier consistait de manière étonnante à rendre péjorative la notion de “peuple”, et à déplacer subrepticement la définition de la démocratie, de “gouvernement du peuple” vers “Etat de droit”, étant entendu que le “droit” devait l’emporter sur la volonté populaire. L’exemple le plus criant était celui de la peine capitale : souhaitée par le peuple, elle était proscrite par l’élite des “sachants”, celle qui justement bénéficie de la légitimité intellectuelle. Quant à ceux qui flattent les désirs du peuple, ce sont des populistes. Cette prestidigitation des mots et des hommes aboutit à ce que la “démocratie” que les Occidentaux défendent, selon eux en Ukraine, n’est plus le pouvoir du peuple, mais celui d’une oligarchie qui le détient d’un prétendu savoir dont la majorité est privée. Le président réélu en France n’est pas élu par une majorité des électeurs qui adhèrent à son programme ou le préfèrent à un autre. Non, il bénéficie d’une addition disparate de projets fort différents qui ne sont réunis que par le refus obstiné de l’alternative. On peut préférer un programme plus socialiste ou plus libéral, plus souverainiste ou plus hostile aux frontières. On “n’a pas le droit” de choisir l’extrémisme caricaturé par la majorité des médias à longueur de journée, face à un système qui rassure les retraités et satisfait les nantis. Si la réflexion sur le délabrement de notre économie et l’irresponsabilité de notre politique étrangère devait appeler à plus de réserves, la majorité, bercée par les discours présidentiels, les petits cadeaux de la planche à billets de l’endettement, mais rendue inquiète par les bruits de guerre, n’était certes pas prête à faire le grand saut, et elle ne l’a pas fait.

L’idée que la réélection par trop facile de M. Macron et l’hystérie antirusse ne soient pas le fruit du hasard mais le résultat d’une manipulation orchestrée, et d’une désinformation qui en est l’outil principal, sera évidemment taxée de complotisme. Toutefois, il faut s’entendre sur le sens des mots. Le mot “complot” ne doit pas être utilisé comme un mot-tabou qui disqualifie aussitôt celui qui l’emploie. On peut très bien avoir des doutes sur les hypothèses faisant du virus venu de Wuhan le produit artificiel d’un laboratoire voué à la guerre bactériologique, mais on peut aussi en nourrir sur le parcours tracé à coups d’interdictions bizarres, d’articles-bidon, et de prédictions démenties par les faits sur l’apocalypse sanitaire et le miracle vaccinal, en se disant que l’oligarchie mondiale a été particulièrement réceptive au chant des sirènes de Big Pharma. Le complotisme n’est pas toujours le fruit du délire, mais aussi la réaction du bon sens lorsqu’un faisceau d’indices concordants est réuni. Si les policiers et les juges n’étaient nullement sensibles à l’idée d’une manipulation et de mensonges de la part d’un prévenu, les assassins courraient toujours !

En 2017, face à la menace islamiste et au désordre mondialiste, le populisme avait le vent en poupe : on vantait le Brexit, l’élection de Trump, la montée des patriotes et des conservateurs dans de nombreux Etats d’Europe et du monde. La Russie incarnait assez bien cette orientation. M. Macron n’avait été élu que par un coup d’Etat judiciaire, mais depuis le courant s’est inversé, et à l’exception de la Hongrie, les pays occidentaux ont choisi le “progressisme”, la voie du centre-gauche, de préférence. Biden a remplacé Trump et a relancé la croisade américaine contre la Russie. Le Royaume-Uni dont la majorité est toujours “conservatrice” s’est certes libérée de l’Europe, mais c’est pour mieux se situer dans le sillage de l’Empire anglo-saxon. Les deux événements qui ont permis essentiellement la réélection de Macron, le virus et l’Ukraine appartiennent à une logique, facilitent une stratégie : relever cette évidence n’est pas du complotisme mais de la lucidité. ( à suivre)

Par Christian Vanneste le 1er mai 2022

Présidentielle : la déchirure française



Libération, dès lundi, a demandé paiement de son coup de main. « Merci qui ? », a écrit en une le quotidien de gauche au-dessus d’un portrait d’Emmanuel Macron à demi enfoui. 

Il est vrai que le matraquage médiatique contre Marine Le Pen aura été particulièrement virulent dans la presse « progressiste ». Mardi, Le Monde a feint la neutralité en titrant : « L’extrême droite à un niveau historique ». La veille, le président réélu (58,5 % contre 41,50 %) avait salué, devant une petite foule rassemblée au Champ-de-Mars, le « sens du devoir » de « ceux qui ont fait barrage à l’extrême droite ». 

Est-ce à dire que les 13,3 millions d’électeurs de Le Pen seraient des factieux et des racistes ? À l’évidence, non. 

En Martinique et en Guadeloupe, les électeurs, en majorité noirs, ont plébiscité la candidate à plus de 60 %. Il n’empêche : la diabolisation de l’adversaire et le bourrage de crâne sur un « retour de Vichy » ont contribué à la victoire de Macron et du Système.

Incontestable est le succès du président reconduit. 60 % de ses électeurs auraient fait un choix d’adhésion, 40 % un choix de rejet. La défaite de Le Pen (qui gagne néanmoins 2,7 millions de voix depuis 2017, tandis que son adversaire en perd 2 millions) tient pour partie aux doutes sur ses compétences et aux craintes liées à sa politique économique. Pour autant, il y a bien eu un pilonnage unanime sur sa candidature et un procès en sorcellerie digne de la propagande poutinienne sur les « nazis » ukrainiens. Ces procédés sont indignes d’une démocratie : non seulement les débats de fond ont été évacués, y compris par la volonté du candidat, mais la pensée aseptisée a été un impératif moral non contesté. 

Or, derrière le vote Le Pen ne se dissimulait pas « l’extrême droite », mais les légitimes colères d’une France rurale, périphérique. Assignés à leur relégation économique et sociale, les oubliés ont, en plus, reçu les crachats des nantis.

Une France plus déchirée encore ressort de ce rendez-vous électoral déséquilibré.

Par Ivan Rioufol le 29 avril 2022

En avant pour la Reconquête

 


Comment la guerre du Kosovo a ouvert la voie à la guerre en Ukraine



Lors de sa rencontre, cette semaine, avec António Guterres, secrétaire général de l’ONU, Vladimir Poutine a évoqué un précédent historique fondamental qui explique en partie la crise actuelle en Ukraine. Lors de son allocution, Poutine a dit en effet que la situation de la Crimée était similaire à celle du Kosovo et a rajouté que la Cour internationale de justice (CIJ) a reconnu la légalité de la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo. Pour Poutine, ce droit doit donc s’appliquer également à la Crimée et aux républiques du Donbass.

Poutine a à la fois tort et raison. Il a tort sur le fond mais il a raison sur la comparaison. L’OTAN a arraché le Kosovo à la Serbie par la guerre pour y installer une république bananière qui a déclaré son indépendance en toute illégalité vis-à-vis de la Constitution de la Yougoslavie qui était un État de droit. En Ukraine, la situation est différente. En 2014, il y a eu un coup d’État (qualifié de révolution de Maïdan), soutenu par les États-Unis (dès décembre 2013, le sénateur républicain John McCain et son homologue démocrate Chris Murphy prennent la parole devant les manifestants et rencontrent les trois chefs de l'opposition), qui a chassé le président élu démocratiquement. À partir du moment où il y eut un coup d’État, la Constitution ukrainienne était violée. Les règles du jeu commun entre Ukrainiens n’étaient plus respectées et les régions russophones de l’Est et du Sud, qui ne reconnaissaient pas du tout le coup d’État antirusse, ont décidé par référendum ou par les armes de prendre leur avenir en main. Poutine dit que la décision de la CIJ pourrait s’appliquer à ces régions aussi, mais la CIJ a reconnu la déclaration de l’indépendance kosovare et non l’indépendance elle-même. Guterres a d’ailleurs rappelé au maître du Kremlin que l’ONU ne reconnaissait justement pas l’indépendance du Kosovo.

Pour autant, la comparaison de M. Poutine n'est pas infondée. En effet, c’est l’ingérence atlantiste en ex-Yougoslavie et plus tard en Irak, en Afghanistan ou en Libye sur laquelle s'appuie la Russie pour prendre les armes aujourd’hui. Si l’OTAN est intervenue militairement en Serbie, pourquoi les Russes ne pourraient-ils pas intervenir en Ukraine ? Si les Américains (et la France, hélas) ont reconnu l’État du Kosovo, pourquoi le Kremlin ne pourrait-il pas reconnaître les républiques indépendantes du Donbass ? 

Le journaliste français Vincent Hervouët, chef du service étranger de LCI, a raison de souligner que le Kosovo est « le crime initial ». En effet, avec la destruction de la Yougoslavie et la création de l’État fantoche du Kosovo, les USA et leurs alliés atlantistes ont littéralement fait exploser la base du droit international, l’acte final des accords d’Helsinki, la convention de Genève et la charte même de l’OTAN qui est censée être une organisation de défense collective et non d’attaque.

Nous assistons malheureusement à l’éclatement de l’équilibre fragile issu de la fin de la Seconde Guerre mondiale. La guerre froide est devenue chaude. L'OTAN et les États-Unis ont ouvert la boîte de Pandore du chamboulement violent des frontières et de la guerre en Europe. Ils ont une lourde responsabilité dans la situation ukrainienne et il serait bon de ne pas l’oublier.

Par Nikola Mirkovic le 1er mai 2022