mardi 10 mai 2022

Législatives 2022 : Taha Bouhafs renonce à sa candidature



Miné par les polémiques entourant sa candidature aux élections législatives de Vénissieux, près de Lyon, le journaliste Taha Bouhafs a décidé de jeter l’éponge.

Le candidat de 24 ans a posté dans la nuit de lundi à mardi 10 mai un message sur Twitter, dans lequel il s’épanche sur son état d’esprit. «Je crois bien avoir acquis la certitude qu’aux yeux de beaucoup, je n’ai pas le droit d’exister politiquement», a-t-il écrit, dénonçant «une tempête d’attaques sans précédent».

«J’ai sous-estimé la puissance de ce système quand il veut vous broyer. J’aurais aimé tenir bon, j’aurais aimé vous rendre fiers», a-t-il ajouté. Reconnaissant avoir été soutenu, «mais pas assez pour tenir», Taha Bouhafs a indiqué ne plus parvenir «à se battre».

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Si le journaliste ne formule pas clairement son retrait, Alexis Corbière a réagi ce mardi, ne voyant pas d’autre interprétation possible à son message. «C’est un grand constat d’échec, je prends acte de sa décision et je la respecte», a-t-il déclaré sur France 2, évoquant «sa peine». «Ce qu’on veut faire, c’est que l’Assemblée nationale soit à l’image du peuple. Taha Bouhafs était l’exemple de ces milieux sociaux, loin de la politique, qui s’engagent et qui ne sont pas toujours parfaits», a-t-il poursuivi.

Le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon a également réagi sur Twitter, dénonçant «une meute» qui «s'est acharnée» contre Taha Bouhafs. «À 25 ans c'est lourd de vivre avec des menaces de mort et des mises en cause publiques quotidiennes. Je m'en veux de ne pas avoir su le réconforter autant que nécessaire», a-t-il ajouté.  

Investi par la Nouvelle union populaire et écologique et sociale (NUPES) dans la 14e circonscription du Rhône, Taha Bouhafs a fait depuis l’objet de nombreuses attaques depuis.

Lundi, le communiste Fabien Roussel avait appelé à revoir sa candidature. «Je ne comprends pas que LFI puisse présenter quelqu’un sous ses couleurs qui a été condamné en première instance pour injure raciale», avait fait savoir l’ancien candidat à la présidentielle. Taha Bouhafs avait été condamné le 28 septembre dernier pour injure publique à raison de l’origine après des propos à l’encontre de Linda Kebbab, syndicaliste policière. Une décision judiciaire pour laquelle il a fait appel.

Le 10 mai 2022

L’art des patriotes de perdre les législatives… Plaidoyer pour l’union à droite



Quels que soient les chiffres considérés de l'élection présidentielle, ceux du premier ou du second tour, le camp national, sans néanmoins atteindre la majorité absolue de 50 %, est le plus nombreux : une majorité relative. Au premier tour, le camp national a rassemblé 32,3 % des voix ; et si l'on y ajoute celles de l'incertain Jean Lassalle : 35,4 %. Macron, lui, ne culminait qu'à 28 %, et la « faction de gauche », désormais en cours d'unification, pourrait prétendre à 32,1 % si on lui adjoint les 1,4 % de trotskistes. Quant au second tour, il est, paradoxalement, encore plus favorable à la mouvance nationale, avec ses 42 %. En effet, les 58 % ralliés à Macron regroupent : a) des macroniens du premier tour, b) les gauches partisanes, c) les reliquats de la droite bruxellophile.

Essayons d'en tirer des projections politiques.

Certes, il y a, à chaque élection présidentielle, un mouvement de voix « légitimistes » qui rallient l'élan présidentiel pour conforter la future majorité. Quelle sera, cette fois-ci, l'importance de ce ralliement d'opportunité ? Difficile à dire car les 58 % de voix pour Macron sont plus facilement imputables à un amalgame anti-Le Pen, hétéroclite et irrationnel, qu'à un choix pro-Macron. Ce dernier peut-il capitaliser le bénéfice de ce vote rejet alors que lui-même fait l'objet d'une certaine répulsion ?

Que feront les électeurs de la droite bruxellophile, nivelée par la faute de la nullité de leur porte-drapeau (4,8 %...) ? Retourneront-ils, à l'occasion d'un scrutin aussi localisé et personnalisé que le sont les législatives, vers leur député sortant soutenu par les vieux réseaux des LR ? On peut le penser, si tant est que l'on puisse faire des projections dans ce contexte de turbulences politiques inédites. Mais cela ne suffira sans doute pas à recréer la droite traditionnelle. Au contraire, ces députés pourraient bien suivre les chemins, déjà tracés par d'autres renégats, vers la compromission macronienne. Les  sont menacés de disparaître à jamais.

Si les électeurs de Mélenchon-Roussel-Hidalgo-Jadot adhèrent au remake allégué de l'union de la gauche (ce coup de génie mitterrandien), telle que prophétisée par le Líder Máximo, ce dernier peut-il atteindre son but et devenir un Premier ministre de cohabitation comme il s'en vante ? Certes, il est probable qu'une démarche d'union boostera le potentiel cumulé du premier tour (31 à 32 %). De là à emménager à Matignon...

Reste le camp national déjà présenté ci-dessus. Vaincu certes, mais désormais incrusté dans le paysage politique français, quand les  et le PS en sortent peu à peu. Il ne reste que quelques jours aux états-majors des nationaux (Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan) pour recracher leur bile et ne plus considérer que ce qui leur est commandé par l'intérêt supérieur de la nation. Car la surprise est à portée de mains si les 42 % du bloc souverainiste et social s'unissent en une fédération de quatre ou cinq partis, créant sa propre dynamique d'union. La mascarade d'un nouveau et grotesque « ¡No pasarán! » serait amoindrie ou même balayée, et de nouvelles alliances pourraient redevenir possibles avec les orphelins sincères du gaullisme.

En effet, si cette union sacrée pour la nation se faisait, les cadres et militants des LR, notamment les électeurs de Ciotti, pourraient, par opportunisme et/ou par patriotisme, à la fois sauver les meubles de leur courant politique, promis à la consomption, et sauver la France en créant in extremis un parti de droite et centre « macron-incompatible », allié pour le temps électoral, puis, au sein de la future Assemblée, contre ce Président. Cela serait cohérent et c'est encore possible, mais le sablier s'écoule. Et qui connaît les vices du camp national (depuis au moins Maastricht) peut malheureusement nourrir les plus vives appréhensions et anticiper un profond ressentiment à l'encontre de ceux qui trahiraient la « France et les Français ». Des mots dont ils ont eu pourtant plein la bouche depuis des mois. Malédiction ? Ou rédemption, avant le 10 mai ?

Par Henri Temple le 8 mai 2022


dimanche 8 mai 2022

Un sentiment de grand remplacement



Lorsque, aux alentours de huit heures ce matin, j’ai été tiré de mon sommeil par une voix aussi insistante que lointaine qui à l’évidence ne provenait pas de l’intérieur de mon appartement, il ne m’a fallu qu’une dizaine de secondes pour l’identifier comme étant celle d’un muezzin (1) et en déduire aussitôt qu’aujourd’hui devait être le jour de l’Aïd el-Fitr.

Preuve qu’en faisant un petit effort, on peut très vite et très bien s’assimiler à la culture qui nous entoure !

Multiculturalisme ?

Une demi-heure plus tard, j’avais une confirmation visuelle de ma déduction sonore, dont j’ai oublié de dire qu’elle avait été facilitée par le bruit des klaxons : en effet, le jour des fêtes musulmanes, la circulation est rendue moins fluide par l’afflux massif des fidèles – qui n’ont pas assez des trottoirs pour circuler. En sortant de ma petite résidence, c’est donc à une joyeuse cacophonie et à un festival de couleurs que j’ai été confronté. Couleurs de vêtements comme couleurs de peau. Car ici, à Aubervilliers, c’est l’oumma qu’il est donné de voir, loin de tout sectarisme national. Et l’oumma, on dira ce qu’on voudra, c’est quand même impressionnant quand on pense aux conflits meurtriers qui déchirent le monde musulman ailleurs sur la planète : un rapide contrôle au faciès dans les rues de ma commune limitrophe de Paris indique que le continent africain est représenté dans toutes ses latitudes, pas seulement celles du Maghreb, que le sous-continent indien n’est pas en reste, et certainement d’autres points du globe plus orientaux encore ; or, tout ce petit monde cohabite paisiblement et s’agglomère lors des grandes fêtes religieuses, comme si les tensions communautaires n’existaient pas.

Les qamis étaient très nombreux chez les hommes, les abayas et hijabs constituaient la norme pour les femmes. Les enfants étaient pour la plupart eux aussi endimanchés. Enfin, pas endimanchés bien sûr, je voulais dire : vêtus de manière traditionnelle. C’est certainement cette unité vestimentaire qui est la plus frappante lorsqu’on regarde ces foules bigarrées en fête. Le reste du temps, dans les rues d’Aubervilliers, devant les écoles, sur les terrains de sport, on voit des gens de toutes origines dont, sauf pour les femmes voilées, on ne se pose pas forcément la question de la religion. En étant distrait, on pourrait imaginer une apposition de groupes humains différents, un espace multiculturel où aucune communauté ne domine, comme si la diversité était synonyme de neutralisation. Certes, il y a bien les queues le vendredi devant les mosquées, souvent de fortune, pour indiquer la présence d’une communauté de foi qui rassemble tous ces gens d’origine différente, mais à part ce phénomène relativement discret, on serait en peine de deviner une unité quelconque dans la population qui occupe l’espace, et ce d’autant moins que les asiatiques sont nombreux et élargissent la diversité démographique visible. Ce matin, comme tous les matins de grande fête musulmane, c’était un sentiment de submersion qui l’emportait, car, tant par le nombre de personnes rassemblées que par l’effort vestimentaire consenti, il y avait l’effet de masse, de groupe, de foule qui jouait à plein.

Participation massive

Outre la dimension sensorielle, physique qui donne sa substance à ce sentiment de submersion (j’entends par là qu’il ne s’agit pas d’une abstraction, d’une intellectualisation, mais bien d’une expérience concrète, perçue directement par les yeux et les oreilles : je n’ai pas rêvé ces centaines de personnes rassemblées, je ne les ai pas fantasmées), c’est le contraste avec ses propres références culturelles qui nourrit l’impression d’un changement radical et d’une profonde remise en cause des valeurs de notre pays. Derrière le grand mot de laïcité, dont la définition n’a rien d’univoque, se cachait, pour le baptisé devenu agnostique que je suis, l’idée essentielle que la conviction religieuse était une chose à la fois personnelle, discrète et accessoire.  Pour le dire autrement, la religion avait perdu le rôle de colonne vertébrale des comportements de tout un chacun, même si cela ne l’empêchait pas de nourrir la sensibilité et la manière d’agir de ceux de nos concitoyens qui étaient encore pratiquants ou du moins qui avaient la foi. Mon expérience personnelle me faisait confirmer les diagnostics de déchristianisation ou de sortie de religion que j’ai pu lire par la suite sous la plume de Marcel Gauchet ou de Guillaume Cuchet. 

En précisant cependant que, de par le fait que notre pays avait 1500 ans d’histoire chrétienne derrière lui, la sécularisation n’était que la poursuite sans clergé d’une morale et d’une vision du monde globalement inchangées : pour reprendre Nietzsche, le monde avait perdu Dieu mais ne s’en était pas vraiment aperçu, d’où la persistance de traditions et d’usages sur un mode désacralisé. Le paysage architectural, littéraire et artistique entretenait un paysage mental familier, ancré dans un imaginaire judéo-chrétien dévitalisé sur le plan de la foi mais toujours opérant sur celui des valeurs et des représentations collectives. 

Bref, à moins d’aller soi-même à la messe, on ignorait qui se rendait à l’église le dimanche et tout le monde s’en fichait, car ce n’est pas ce qui réglait la civilité entre les gens. Quant aux processions religieuses lors des grandes fêtes chrétiennes, elles étaient devenues pour l’essentiel un élément de folklore qui tenait plus de l’identité régionale ou locale que de la foi qui édicte le comportement en société.

Le spectacle de ce matin à l’occasion de l’Aïd el-Fitr disait tout autre chose. Par la participation massive au rassemblement dont j’ai été témoin, par la séparation des sexes dans le stade où se tenait la « cérémonie », par l’accoutrement vestimentaire religieux marqué des fidèles qui n’a rien à voir avec le fait de s’endimancher, par la diversité des langues parlées dans cette foule réunie, c’est une autre civilisation qui s’affichait dans l’espace public, une civilisation dynamique, rassembleuse, bien vivante, mais porteuse d’autres valeurs que les nôtres. Une civilisation qui, lorsqu’on est critique de l’individualisme occidental et nostalgique d’un collectif éteint depuis longtemps, a de quoi faire envie. 

Une civilisation qui, quoique ayant voté massivement pour Jean-Luc Mélenchon, se fiche royalement d’une créolisation illusoire et entend se défendre et se répandre grâce à sa cohérence et sa vitalité internes. Une civilisation prête à remplacer la nôtre, qui ne fait plus vraiment rêver, qui ne rassemble plus, qui ne nourrit plus les esprits. 

Allez ! Aïd Moubarak !

(1) Pour être exact, n’ayant ni mosquée ni minaret à proximité immédiate de chez moi, la voix entendue n’était peut-être pas celle d’un muezzin ; c’était en tout cas celle d’un homme qui se tenait vraisemblablement dans le stade où avait lieu le rassemblement et dont il est question plus loin dans le texte, une voix portée par mégaphone ou haut-parleur et dont je ne saurais dire ce qu’elle disait car la distance et les murs me la rendaient indistincte. Pour autant, les intonations et le rythme adoptés par cette voix ne laissaient aucun doute quant au fait qu’elle appelait au rassemblement des fidèles, ce dont j’ai eu confirmation en sortant de chez moi et en passant devant le stade rempli de fidèles et dont on aperçoit l’entrée sur la photo d’illustration.

Par Georges Dumas le 3 mai 2022

Eric Zemmour : Discours aux candidats Reconquête le 7 mai 2022

 

Complotiste, populiste ? Non ! Démocrate et lucide ! (II)



En ce jour de commémoration de la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, un coup d’oeil sur le rétroviseur de l’histoire est nécessaire. En 1940, une des grandes puissances mondiales dotée, paraît-il, de la meilleure armée du monde s’effondre. La France est submergée, envahie, humiliée, occupée partiellement puis entièrement, livrée à la honte de la collaboration active ou passive, mais sauvée d’abord par un homme, puis par une poignée d’hommes et de femmes qui n’acceptent pas le déshonneur et refusent la défaite. Commence alors l’épopée de la Résistance qui grossira avec le temps, lorsque “l’espoir changea de camp et le combat, d’âme” ! Malheureusement, cette citation de Victor Hugo est tirée de “L’expiation” et évoque Waterloo, non une victoire. Si l’espoir passa dans le camp allié en 1942, “le changement d’âme” chez les Français ne fut pas positif. Au lieu de l’appel d'”honneur et patrie” qui avait soulevé les premiers résistants, ce fut avec le courage et l’esprit de sacrifice qui animaient beaucoup de ceux qui les rejoignirent, le retour d’un passé coupable de la défaite et dont les acteurs croyaient s’être rachetés. 

Les communistes qui avaient trahi en 1940 formaient le premier parti en France, la gauche qui avait affaibli notre pays face à l’Allemagne avec le Front populaire, et qui, pour une large part avait collaboré était requinquée. La droite opportuniste recroquevillée sur ses intérêts se faisait discrète avec des “indépendants” et des “républicains populaires” d’inspiration démocrate-chrétienne, la tendance préférée des Américains qui s’imposerait dans les deux pays vaincus. On croyait avoir libéré la France, on avait seulement rétabli la République, ses partis, sa médiocrité, ses compromis. 

La chute reprit donc et c’est l’homme du 18 Juin qui tenta une fois de plus de l’arrêter à deux reprises, la première fois avec la création du RPF, en 1947, et la seconde en 1958 lorsqu’il dota la France d’une constitution solide.

Le gaullisme ne fut qu’une parenthèse finalement assez courte. De Gaulle n’imaginait pas la France sans la grandeur. Avec des résultats économiques portés par les “trente glorieuses” et une politique enfin volontaire et cohérente, mais aussi par une présence internationale fondée sur le siège au Conseil de Sécurité de l’ONU, la puissance nucléaire et la personnalité du Chef de l’Etat, cette vision suscitait l’adhésion de beaucoup de Français et leur faisait oublier l’abandon de l’Empire, celui qui avait permis à la France de reprendre vie après la défaite. La parenthèse se referma avec la fièvre hédoniste de 1968, la coalition des médiocres l’année suivante, et enfin la mort de Pompidou qui prolongea le gaullisme jusqu’en 1974 sous une forme plus prosaïque qui rassurait davantage les Français. 

Depuis, la France tombe : elle est en déficit budgétaire constant d’année en année, avec un Etat obèse et inefficace, une industrie en voie de disparition, un commerce extérieur en capilotade, un peuple menacé dans son identité, une insécurité grandissante, une éducation nationale à la dérive, et une place dans le monde qui se réduit à la vassalité de l’Amérique par le biais de l’Europe.

De Gaulle qui avait sauvé la France n’a dirigé le pays que durant une dizaine d’années. Macron est entré à l’Elysée dans les bagages socialistes de Hollande en 2012 et n’en sortira donc qu’au bout de quinze ans, dont dix comme président doté d’un pouvoir que le Général n’a pas connu. Certes la France n’est plus souveraine et le rayonnement international du pays n’est plus ce qu’il était, dans le monde où les Anglo-saxons l’ont humiliée, au Moyen-Orient où elle a cessé de compter, en Afrique où elle est de plus en plus rejetée, en Europe où l’Allemagne l’a distancée et où son déclin économique, ses records de dette et de déficits, la condamnent à la modestie. Par un incroyable paradoxe, un homme à qui le pays ne devait rien avant de l’élire, un homme issu du parti et des cercles socialistes est pour la première fois reconduit à la présidence par le suffrage universel, sans l’épreuve de la cohabitation. Est-ce la juste récompense d’une politique couronnée par des succès ? Non ! 

Le bilan est calamiteux : “Le vrai Etat de la France” d’Agnès Verdier Molinier en égrène les chiffres. Le tableau pourrait être présenté en deux colonnes : d’abord les résultats négatifs sur pratiquement tous les plans de l’économie à la sécurité, puis ceux que les macronistes ont brandis durant la campagne étonnamment courte et superficielle que les Français ont subie avec une incroyable passivité, le chômage masqué par la formation, la croissance dopée artificiellement par l’enflure de la dette. L’argent magique, l’argent factice de la planche à billets, l’argent du “quoiqu’il en coûte”, et ses petits cadeaux, ses chèques divers et variés distribués avec une démagogie typiquement socialiste, ont trompé beaucoup de Français, et ce qui est étonnant, beaucoup de ceux qui votaient “à droite” et semblent hypnotisés.

Un vote sociologique, faute de véritable campagne réduite à un débat trop long avant le second tour, a permis à la France des métropoles et des cités, celle aussi des retraités et des immigrés, d’écraser la France périphérique des Français actifs qui craignent le déclassement et le remplacement, le déclin et la décadence. Outre la minorité de ceux qui envisagent la mondialisation en conquérants, l’addition des peurs a créé la majorité illusoire sur laquelle s’appuiera le régime : peur des gilets jaunes, peur du covid, peur de la guerre. Ces crises ont à chaque fois fait apparaître les insuffisances du président élu, et à chaque fois, il en a tiré parti. Comment expliquer ce paradoxe ? 

Deux raisons convergent : d’une part, le soutien d’une immense majorité des médias qui appartient au noyau de la macronie, d’autre part, la faiblesse de l’opposition de droite. ( à suivre)

Par Christian Vanneste le 8 mai 2022

samedi 7 mai 2022

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris prévient : il faudra compter avec le vote musulman !



À défaut de bien connaître les Français, Chems-eddine Hafiz, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, connaît bien la rhétorique que la France a héritée de la culture gréco-romaine. Il en a retenu, non pas cet art de bien parler qui, pesant le pour et le contre de façon impartiale, se met au service de la vérité, mais ses pires dérives dont abusaient les sophistes pour démontrer, avec autant de conviction, tout et son contraire. Dans une tribune publiée dans Le Monde du 7 mai, il s'en prend ainsi aux « véritables ennemis de la communauté nationale », qui ne se trouvent pas parmi « les millions de musulmans anonymes qui ne demandent qu'à vivre en paix », mais parmi ceux qui les stigmatisent.

Son propos eût été plus convaincant s'il avait cherché à montrer que la majorité des Français de confession musulmane cherchent à s'assimiler, pour vivre comme des citoyens français, et s'il avait condamné toutes les pratiques islamiques qui conduisent certains quartiers au séparatisme. Il aurait pu expliquer la différence entre l' et l'islamisme, appeler les autorités musulmanes à lever les ambiguïtés du Coran, à distinguer clairement le religieux du politique, à respecter le principe de laïcité, ce qui suppose que, dans la vie publique, on fasse preuve de discrétion sur sa foi.

Au lieu de cela, il condamne « les gesticulations et les braillements des troubadours politico-médiatiques », « les divagations de ces dangereux charlatans », qui régneraient dans les  et sur les réseaux sociaux, ces « marchands de peur » qui seraient « les véritables adeptes du grand remplacement » et viseraient à « remplacer un peuple fier et fort par des individus égoïstes et tourmentés, au sein d’une nation qu’ils veulent fragile et désorientée ». Vous l'aurez compris : les véritables ennemis de la France, ce sont les Zemmour, les Le Pen et tous les patriotes qui ont l'ambition de sauvegarder la culture et l' française.

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris ne se contente pas de ce renversement dialectique, qui use de l'amalgame à rebours, comme savent si bien le faire l'extrême-gauche et, à sa manière, la Macronie, qui veut se refaire une virginité en prenant le nom de « Renaissance », comme s'il suffisait de changer de nom pour changer de nature. Il estime que ces « pervers de la République la déshonorent » et qu' « il est temps de les arrêter » en leur répondant « dans les urnes et dans les tribunaux ». Il en appelle à « la conscience française », aux intellectuels pour qu'ils dénoncent explicitement « les attaques contre l’ et les musulmans ».

Bien plus encore, considérant que le vote des musulmans à l'élection présidentielle « oblige en premier lieu le président de la République réélu », il exerce sur lui – et avec lui sur tous les Français – une sorte de chantage en laissant entendre qu'il faudra compter, dans l'avenir, avec le vote musulman. Rappelant une évidence, à savoir que « les musulmans vivent et vivront en France en citoyens égaux en droits et en devoirs », il les invite à affirmer leur  dans les urnes, ce qui est tout le contraire de l'égalité citoyenne et une façon  de justifier le vote communautaire. À bon entendeur, salut.

Par Philippe Kerlouan le 7 mai 2022

L'infatigable Stanislas RIGAULT - UVA#6, VA + le 7 mai 2022

 

vendredi 6 mai 2022

L’extrême gauche, laissée en terrain conquis



Abracadabra ! Jean-Luc Mélenchon s’est intronisé Lider Maximo. 

Le chef de La France insoumise, admirateur du dictateur cubain Fidel Castro, était déjà l’adepte des hologrammes : ils lui permettent de dupliquer son personnage en autant d’avatars sur plusieurs scènes en même temps. Cette fois, le magicien a entrepris de faire gober qu’il serait le vrai gagnant de la présidentielle et devrait être le prochain premier ministre, fédérateur de sa « Nouvelle Union populaire écologique et sociale » (Nupes). L’artiste aurait tort de se priver : personne n’ose lui dire qu’il fabule, se prend pour un autre, se moque des Français. Cette apathie s’explique : Mélenchon n’a-t-il pas participé, avec le camp du Bien, au « barrage à l’extrême droite » qui a contribué à faire échouer Marine Le Pen ? Ce fait d’armes contre une prétendue renaissance du fascisme vaut bien d’autres trucages du même tonneau.

L’état de grâce dont se réclame l’illusionniste n’abuse cependant que les assoupis. Il suffit d’ouvrir les yeux : l’entourloupe sur « le cordon sanitaire » a permis à l’extrême gauche, sectaire et violente, de se comporter en terrain conquis. Oui, il y a un danger pour la République. Mais il est à débusquer dans la stratégie d’infiltration insurrectionnelle du soi-disant Insoumis. 

Non content de faire cause commune avec l’islam politique et ses exigences de respect – LFI s’apprêterait à investir à Vénissieux le militant franco-algérien Taha Bouhafs -, le voici prêt à fédérer tout ce que la gauche en perdition compte de mouvements radicaux prêts à tout pour survivre. Les écologistes ont été les premiers à signer, dimanche, un pacte avec LFI en vue des législatives. Parallèlement, le maire EELV de Grenoble, Éric Piolle, veut autoriser le burkini, maillot islamique, dans les piscines publiques.

Derrière le tour de passe-passe du jongleur de mots, il y a une manipulation sémantique : la « France populaire » que Mélenchon entend unir n’est pas celle des bals musettes, des apéros et des gauloiseries.

Par Ivan Rioufol le 6 mai 2022

Itsi bitsi, petit burkini !, Gilbert Collard le 6 mai 2022

 

jeudi 5 mai 2022

Je me souviens de Jean-Pierre Chevènement…



La vie d’un homme ne peut se résumer à un épisode électoral. C’est pourtant à cause de cela qu’on s’acharne sur lui de toutes parts. Il aurait trahi en appelant à voter pour le président de la République.

Rien n’est plus faux. 

Il est resté fidèle à ce qu’il a toujours été. Je me souviens que lors d’un séminaire de Sciences Po à Port-Cros, nous lorgnions ensemble sur les jolies filles… Je me souviens qu’avec d’autres, il fonda le CERES qui fit basculer le PS à gauche et servit de marchepied à Mitterrand.

Je me  souviens qu'en 1984 quand Jean-Pierre Stirbois du FN fut élu à Dreux, il s’écria : "j’ai senti passer l’haleine fétide du fascisme"...

Je me souviens qu’au PS, il se rangeait dans les rangs des républicains souverainistes opposés aux démocrates européistes…

Je me souviens que ministre de l’Intérieur, il fut l’un des premiers à alerter sur la réalité de  la délinquance qui gangrenait les banlieues. C’est alors qu’il forgea le terme "sauvageons"...

Je me souviens qu’il démissionna du gouvernement pour pouvoir “ouvrir sa gueule” contre l’intervention occidentale en Irak…

Je me souviens que je n’étais pas d’accord avec lui. Car tout me paraissait bon contre Saddam Hussein. Mais ce n’est pas parce qu’il avait tort que j’avais raison…

Je me souviens l’avoir croisé il y a un an. Nous nous sommes parlé. Et nous sommes convenus que notre séjour à Port-Cros fut ce que nous avions de meilleur…

Mais voilà : il a apporté son soutien à Macron. Et alors on voit se multiplier les articles annonçant le déclin du chevènementisme. Si on y ajoute le fait que Fabrice Luchini a également choisi Macron, on comprend que certains soient en deuil…

Certes, Jean-Pierre Chevènement aurait pu appeler à voter blanc. C’est le choix que certains d’entre nous ont fait. Mais il a pu croire, au vu des sondages, que Marine Le Pen avait une chance raisonnable de remporter la compétition.

Toute sa vie, Jean-Pierre Chevènement a combattu le fascisme. Celui de Jean-Marie Le Pen et celui, selon son jugement, de sa fille. Son choix était donc en parfaite cohérence avec toute sa vie. Il n’a pas voté pour Macron mais contre Marine Le Pen. Souvenons-nous, en bien, de Jean-Pierre Chevènement.

Par Benoît Rayski le 6 mai 2022

Atlantico

Le policier Bruno Attal affrontera l’Insoumis Taha Bouhafs à Vénissieux : l’honneur d’être une cible



Il fait le buzz dans l’actualité depuis l’affaire Zecler. Bruno Attal, policier, militant associatif et syndicaliste de 49 ans, a franchi une étape en se présentant pour Reconquête aux élections législatives dans la 14e circonscription du Rhône. Le natif du Val-d’Oise est donc investi par Reconquête dans une circonscription englobant notamment la ville de Vénissieux. Bruno Attal, ce sont ses amis qui en parlent le mieux : « C’est un type sensible au grand cœur derrière une carrure impressionnante », assure Michel Thooris, secrétaire national du syndicat France Police-Policiers en colère pour lequel Attal officie en tant que secrétaire national adjoint.

Faut-il y voir une coïncidence ? Certainement pas. « J’ai travaillé un an à Vénissieux, deux décennies auparavant. J’ai vu à quelle point la ville avait changé en 20 ans », explique celui qui dénonce le Grand Remplacement et les dérives islamo-gauchistes de l’extrême gauche. C’est aussi pourquoi il se retrouve dans cette 14e circonscription du Rhône, territoire emblématique dont « les Français s’enfuient », d’après lui.

Taha Bouhafs en ligne de mire

L’animateur principal de l'association et de la chaîne YouTube « Touche pas à mon flic » n’est pas envoyé là par hasard. Son parachutage vient s’opposer à un autre parachuté tout aussi médiatique : l’Insoumis Taha Bouhafs, 25 ans, candidat de l’Union populaire, écologique et sociale de Mélenchon. Bouhafs avait notamment fait parler de lui lorsqu'il avait déclenché l’affaire Benalla, mais également lorsqu'il fut condamné en première instance pour avoir qualifié un agent de police d'« Arabe de service ».

« Taha Bouhafs incarne les idées que je combats : il est l’un des derniers maillons du Grand Remplacement et de l’islamo-gauchisme », explique, sans détour, le candidat de Reconquête qui a visé nommément Bouhafs dans sa vidéo de candidature en le qualifiant d'« antisémite, raciste et anti-flic ». Ce dernier lui a répondu sur  en lui promettant « une raclée le 12 juin et une plainte en Justice ». Ambiance...

Un duel médiatique

Pour qu’il y ait un duel, il faut n’être que deux. Or, rien n’est moins sûr. Mauvaise nouvelle pour Taha Bouhafs, le maire communiste de Vénissieux Michèle Picard refuse de respecter les accords entre LFI et le PCF et maintient sa candidature à l’élection législative, contrairement à l’ex-futur candidat d’EELV qui a annoncé son intention de s’effacer au profit de Bouhafs. En revanche, à droite, le  n’a, à l’heure ou nous écrivons ces lignes, investi aucun candidat face à Bruno Attal. Lui-même jure que « si un candidat du  avait plus de chance que lui de gagner, il lui laisserait, avec l’accord de Reconquête, la place ». Son ami Michel Thooris, qui a conseillé  sur les questions de sécurité, affirme que « la présentation d’un candidat RN face à Bruno Attal s’apparenterait à une trahison des idées patriotes ». Pour l’instant, aucun accord n’existe entre le RN et Reconquête. De leur côté, LREM et LR ont chacun investi un candidat, la première est la députée sortante Anne-Laurence Petel, le deuxième est Michel Boulan, maire de la commune de Châteauneuf-le-Rouge.

La confrontation de ces deux candidats médiatiques va faire de la 14e circonscription du Rhône une des circonscriptions symboliques. Car derrière le duel Attal-Bouhafs, deux France qui vivent côte à côte vont se retrouver face à face.

Par Marc Eynaud le 5 mai 2022