mercredi 15 juin 2022

Bilan de l’aventure Reconquête : en dépit des résultats, un excellent début



On dit dans les milieux autorisés que c'est fini. On se moque méchamment de  comme on se moquait autrefois de Xavier Bertrand. Les militants seraient démoralisés. Le parti serait foutu. L'aventure Reconquête ? Un feu de paille. Le retour de la droite ? Un leurre.

En réalité, si l'on fait un bilan honnête (et il est vrai que la situation du parti zemmouriste se prête bien au retour d'expérience), Reconquête a posé plusieurs actes fondateurs. La génération Z, mobilisée sur les  comme dans le réel, collant des affiches et mettant des claques (intellectuelles) aux vieux gauchos, est le plus évident de ces phénomènes nouveaux. On peut ajouter le surgissement de vrais débats, jusque-là nauséabonds et rappelant les heures les plus sombres du bruit des bottes : sans Zemmour, pas de discussion sur le Grand Remplacement, pas - ou peu - d'indignation sur le voile, pas de questions sur le destin de la France.

Les idées de Zemmour, on l'oublie un peu vite, sont montées jusqu'à 17 % dans les sondages. Le conflit en Ukraine, dont la proximité a fait peur aux idiots, a balayé ce mouvement : il est vrai que Macron, depuis 2017, s'est montré tellement respectueux et rassurant avec son peuple...

La création d'une structure de formation des cadres, voulue par Zemmour, va dans le sens de cette lame de fond. Une génération de droite est en train de se lever, qui n'a pas peur, pas honte, dit ce qu'elle voit et surtout voit ce qu'elle voit. On sait depuis Maurras que le désespoir en  est une sottise absolue. On sait également que les élections ne sont qu'une photo instantanée de l'état (en l'occurrence, déplorable) d'un peuple qui jadis fut grand.

Considérer que Reconquête était un feu de paille relève du confortable désespoir bourgeois qui caractérise la droite : je suis comme vous, amis lecteurs, je n'ai jamais voté pour quelqu'un qui a gagné. Et alors ? Au contraire, pendant que 50 % des Français refusent de se rendre aux urnes, il nous faut, me semble-t-il, redécouvrir les vertus des minorités agissantes.

Par Arnaud Florac le 15 juin 2022

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