jeudi 2 juin 2022

Trahison de la gauche républicaine par Macron: les signes avant-coureurs



Jean-Pierre Chevènement a récemment critiqué la nomination de Pap Ndiaye, estimant qu’elle pourrait “désorienter l’Éducation nationale”. Quant au Printemps républicain, comme nous l’indiquions dans ces colonnes il y a quelques jours, il a en quelque sorte été cocufié par Emmanuel Macron, ne récupérant qu’une malheureuse investiture aux élections législatives.

Ah ! mais quelles indignations surjouées de la part de cette gauche « laïque et républicaine » ces temps-ci ! Des indignations hypocrites. Doublement hypocrites, même ! D’abord parce que le wokisme teinté de décolonialisme du nouveau ministre est dans la droite ligne du projeeeeet macronien que cette gauche a férocement soutenu, ensuite parce qu’il est l’enfant de cette gauche, la conséquence inévitable de ce qu’elle défend depuis des décennies.

On vous l’avait bien dit

Ce n’est pas faute de l’avoir alertée, la gauche « laïque et républicaine ». 
Tous les signes étaient là : Macron niant l’existence de la culture française, Macron évoquant les « mâles Blancs », Macron choisissant pour ministres Castaner (prêt à s’agenouiller devant le gang Traoré en rêvant d’un « BLM à la Française ») ou Moreno (qui affirme que le « privilège blanc » existe). Mais non, elle ne voulait ni voir ni entendre, tout ce qui comptait c’était de se draper dans la vertu, de dénoncer en hurlant l’éternel retour des zeurléplusombres, d’invoquer les vérités révélées des infaillibles pontifes de la tenaille identitaire. Et les esprits chagrins ajouteront : d’espérer recevoir sa part de prébendes, entre députations faciles et secrétariats d’État confortables. Oups, raté ! Pas d’entrisme, pas de prébendes, et plus aucune crédibilité. Vous faisiez barrage, j’en suis fort aise, et bien assumez, maintenant.

Mais le mal est plus profond, et sans doute notre gauche laïque et républicaine, malgré son aveuglement bien connu, malgré l’affirmation toujours répétée (quoi que toujours contredite par le réel) de sa supériorité morale, en éprouve-t-elle comme un vague sentiment de gêne.
« D’où parles-tu, camarade ? » est la source du principe woke selon lequel seuls les « concernés » pourraient s’exprimer, confusion entre témoignage et connaissance, avoir un cancer et être cancérologue, et aboutit naturellement à la déclaration de Maboula Soumahoro selon laquelle « un homme Blanc ne peut pas avoir raison contre une femme Noire ». Le socio-traître préfigure le « traître à sa race », « bounty » ou « collabeur » – et on se souvient que c’est aussi dans les rangs de cette gauche “laïque et républicaine” qu’on a cru bon de traiter Zemmour de « Juif de négation »

Le relativisme pernicieux de la gauche

Le refus de la « science bourgeoise » prépare fort logiquement au refus de la « science blanche ». Les délires de la « déconstruction » affirmant que « le langage est fasciste » et que « toute communication est un mot d’ordre » sont l’origine de la subjectivité envahissante et tyrannique des minorités vagissantes qui refusent toute objectivité factuelle pour imposer leurs ressentis. « Du passé faisons table rase », la détestation de « l’ordre bourgeois » et le mépris de l’élitisme contiennent toute la cancel culture, c’est bien le même relativisme moral qui a permis jadis l’exaltation de la pédophilie et autorise aujourd’hui la promotion du hijab et du burqini prétendument féministes et émancipateurs – Eric Piolle ne disant rien d’autre que ce qu’affirma Macron à Strasbourg pendant l’entre-deux-tours. Le dogmatisme idéologique est le même : ceux qui, hier, chantaient les louanges de Staline, de Mao, de Pol Pot, ont toujours autant de mal à se remettre en cause et accusent leurs contradicteurs d’être fascistes comme ils en accusaient De Gaulle, ayant passé la campagne présidentielle à expliquer qu’eux seuls sont véritablement républicains et de ce fait légitimes pour participer au débat public.
Le besoin frénétique des gauchistes de réduire le monde à des rapports de domination se retrouve à l’identique chez les wokes, tout comme l’incapacité à penser les individus libres et responsables (ah, la culture de l’excuse !) pour ne voir en eux que les émanations de groupes – que ces groupes soient « classes sociales » ou « races » est totalement secondaire.

Capture d’écran BFMTV

Et s’il n’y avait que ça ! La défense acharnée de flux migratoires débridés, le droit à la différence et le rejet de l’assimilation pour ne garder que la seule intégration, ne pouvaient conduire qu’à la « créolisation », à la « différence des droits », au multiculturalisme et à l’islamisation – sinon « vous allez créer la guerre civile », pour citer Emmanuel Macron du temps où la gauche « laïque et républicaine » le soutenait sans réserve… Comme quoi, et on ne le dira jamais assez, entre l’immigration massive et la République, il faut choisir.

Quant à la laïcité, il a longtemps que la gauche « laïque et républicaine » l’a sacrifiée tout comme elle a sacrifié l’idéal républicain, à la cause supérieure de l’ouverture à l’Autre et de la « tolérance ». Macron n’a fait qu’entériner le fait que la gauche a enterré la laïcité. Son refus d’affirmer les fondements anthropologiques et métaphysiques de la laïcité aboutissent inéluctablement à l’absurde « laïcité ouverte » à la mode Baubérot, Cadène, Bianco et CoeXisTer. 
Car n’en déplaise à ceux qui aiment se prétendre les gardiens du temple de la laïcité, celle-ci n’est pas un hypothétique état naturel de l’homme libéré de toute croyance, hors sol et pleinement émancipé, mais au contraire la croyance fermement proclamée en l’inviolabilité du for intérieur et en la dignité ontologique de l’homme. Croyance qui n’est pas du tout une évidence, mais le choix d’un « saut dans la foi » sans lequel l’idée même de liberté de conscience n’a aucun sens – et croyance qu’il faut assumer d’imposer comme fondement de l’ordre social et des normes collectives.

Loin d’être un rempart contre l’extrême-gauche de la NUPES et la déconstruction/destruction « progressiste » qu’incarne le macronisme, la gauche « laïque et républicaine » ne fait que leur ouvrir la route – sans le vouloir, peut-être, mais avec une constance jamais démentie depuis au moins un demi-siècle. Peut-être aura-t-elle de nouveau un jour des choses à apporter au débat public, mais il lui faudra d’abord reconnaître ses erreurs et ses fautes, et découvrir l’humilité. 

Autant dire qu’elle a un long, un très long chemin à parcourir…

Par Aurélien Marcq le 31 mai 2022

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