jeudi 7 juillet 2022

Nicolas Dupont-Aignan : « La raison d’État, c’est ne pas céder au chantage émotionnel »



Nicolas Dupont-Aignan réagit au discours de politique générale d'Élisabeth Borne, ce mercredi 6 juillet, à l'Assemblée nationale. L'occasion d'évoquer avec lui la question du rapatriement des enfants et épouses de djihadistes.
Marc Eynaud : Vous sortez de l’Hémicycle et vous avez écouté le discours d’Élisabeth Borne ainsi que des principaux groupes d’opposition. Ce jour-là, nous avons appris aussi que des épouses de djihadistes et plusieurs enfants seront rapatriés en France. Ce gouvernement est-il à même de régler cette question parmi tant d’autres ?
Nicolas Dupont-Aignan : Le discours de Mme Borne était pathétique. Elle a prononcé le discours qu’elle aurait prononcé si Macron avait eu une majorité absolue. Il n’y a donc aucune volonté de tendre la main aux représentants de l’opposition pour gouverner en prenant en compte le vote du 19 juin.
Ces décisions sont totalement contraires à l’intérêt national, comme celles de rapatrier les familles de djihadistes. Comme si, aujourd’hui, la priorité de la France était de rapatrier des djihadistes. C’est une pure folie. On marche sur la tête. On se demande si ces gens sont sérieux et ont compris ce qui allait se passer.
La raison d’État est de ne pas céder au chantage émotionnel. La situation est liée à la décision des djihadistes. Ils sont responsables de leur famille. Arrêtons cette façon de procéder. Je crois que l’enjeu est d’éviter tout djihadiste sur le sol français. Voilà pourquoi j’avais proposé que ceux qui étaient en prison ne reviennent pas de si tôt.
M. E. : Élisabeth Borne a très brièvement parlé d’insécurité qui empoisonne la vie des Français. Elle a aussi parlé de la planète et de beaucoup d’autres sujets.  Le sujet de l’insécurité est-il présent au gouvernement ?
N. D.-A. : C’est une figure de style, car à l’exception de nouveaux moyens pour la police, il faudra voir la réalité de ses promesses. Il n’y a pas de compréhension d’Élisabeth Borne. À partir du moment où Dupond-Moretti néglige les victimes et reste garde des Sceaux, comment voulez-vous que cela change.
Or, le problème de fond de l’insécurité en France est la politique pénale laxiste.
M. E. : Comment espérez-vous peser dans cette législature ?
N. D.-A. : Toujours de la même façon. J’ai toujours dit que je gardais mon indépendance. La preuve est que je vais voter une motion de censure alors que, d’après ce que j’ai compris, le RN ne déposera pas de motion. Mme Borne n’ayant fait aucun geste, j’estime qu’il faudrait déposer une motion de censure. Le fait de n’être dans aucun groupe me permet d’être libre et de me prononcer en fonction de ce que je crois être l’intérêt national. Je pense qu’on a besoin de liberté et de diversité politiques.
M. E. : Vous nous informez que vous voterez pour la motion de censure déposée par la NUPES.
N. D.-A. : Ce n’est pas le fait qu’elle soit déposée par la NUPES qui compte, mais de de prendre nos responsabilités. Je ne fais aucun compromis avec un discours de politique générale indigent et mensonger, sans aucune ouverture vers les oppositions. N’ayant pas de groupe, je n’ai pas les moyens de déposer une motion de censure. J’aurais préféré voter une motion de censure du RN ou de LR, mais ils n’en déposent pas. Par conséquent, je vote la motion de censure qui est devant moi.
Entretien réalisé par Marc Eynaud le 6 juillet 2022

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire