samedi 2 juillet 2022

RN : vers la fin du plafond de verre et du cordon sanitaire ?



À propos du fameux « plafond de verre » censé empêcher  de gagner, le sondeur Jérôme Sainte-Marie affirmait, dans le dernier numéro de la revue Éléments : « Son niveau électoral s’est successivement déplacé de 15 % à 24 %, puis à 33 % et, aujourd’hui, à 41 %. Il n’y a pas de plafond de verre pour Marine Le Pen, ou alors c’est un monte-charge ! » Et encore, ces propos étaient tenus avant les élections législatives et l’arrivée en force de 89 députés RN au palais Bourbon. Succès que vient désormais couronner l’accession à deux vice-présidences, bousculant ainsi un autre tabou, l’autre fameux « cordon sanitaire ».

Mieux : on notera que Sébastien Chenu et Hélène Laporte ont été respectivement élus avec 290 et 284 voix, soit largement plus que celles dont dispose ce groupe. Ce qui signifie, en bonne logique, qu’il y a eu arrangement entre le RN,  et LR.

Sans surprise, Boris Valaud, patron du groupe socialiste, s’insurge : « Il y a deux cents députés qui ne sont pas du Rassemblement national qui ont voté pour le Rassemblement National, alors qu’ils avaient d’autres choix. Cela veut dire que la banalisation de l’extrême  continue d’être à l’œuvre. Il ne faut pas jouer avec les allumettes, il faut se garder de ce genre d’expérience funeste et de collusions qui finissent en général dangereusement. » Et l’écologiste Julien Bayou de s’alarmer : «  se dévoile et se fait marchepied, non seulement de la dédiabolisation du RN, mais aussi de son institutionnalisation. » Ce que, par ailleurs, semble parfaitement assumer Aurore Bergé, patronne du groupe macroniste : « C’est important que toutes les sensibilités voulues par les Français soient représentées. » Éric Woerth ne fit pas autre chose, évoquant une « répartition logique ».

Il n’y a pas à dire, les temps changent… Les écologistes, en revanche, ne changent pas. En témoignent les deux candidatures impromptues de Benjamin Lucas et de l’inénarrable Sandrine Rousseau, mais qui n’ont chacune récolté qu’une petite trentaine de voix. Et les mêmes de reconnaître avoir « un peu forcé la main de leurs alliés de la NUPES » qui, elle, s’en tenait à une seule candidate, Caroline Fiat, élue avec 284 voix. Bref, ça commence à tanguer dans la maison mélenchoniste.

Quoi qu’il en soit, et même si le Rassemblement National a vu lui échapper la tête de la commission des finances, il faut reconnaître que la ligne apaisée de  a fonctionné au-delà de toutes espérances. Le regard porté sur ce mouvement a changé ; les rapports de force aussi. En effet, et ce, par quelque bout que l’on considère la question, le RN demeure le premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale. Il faudra donc compter avec lui. Voilà qui a déjà commencé.

Un qui avait pris de l’avance en la matière, c’était Lionel Jospin, candidat à l’élection présidentielle de 2002, évincé par Jean-Marie Le Pen, mais qui déclarait, le 29 septembre 2007, sur France Culture : « Pendant toutes les années du mitterrandisme, nous n’avons jamais été face à une menace fasciste et, donc, tout antifascisme n’était que du théâtre. Nous avons été face à un parti, le Front national, qui était un parti d’extrême droite, un parti populiste aussi à sa façon, mais nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste et même pas face à un parti fasciste. »

Ce théâtre, du genre subventionné et attirant de moins en moins de spectateurs, vient aujourd’hui de déposer le bilan. On ne s’en plaindra pas.

Par Nicolas Gauthier le 30 juin 2022

Boulevard Voltaire

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