mercredi 5 octobre 2022

Un demi-siècle de flamme !



Le Rassemblement National, anciennement Front National, fête, ce 5 octobre, son cinquantième anniversaire. 50 ans, c’est l’âge mûr ! Du parti groupusculaire, fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen sous Georges Pompidou, au mouvement comptant sous Emmanuel  plus d’une centaine de parlementaires (nationaux et européens), que de chemin parcouru ! Mais aussi - et peut-être surtout -, que de chemin parcouru par la France…

La France macronienne n’a plus rien à voir avec la France pompidolienne. Tout comme le Rassemblement National, que Jordan Bardella préside aujourd’hui par intérim et probablement de plein droit en novembre prochain, n’a plus grand-chose à voir avec ce parti dont le fondateur faisait 0,75 % des voix (191.000 électeurs) à l’élection présidentielle de 1974. En 1972, personne n’aurait parié un nouveau franc sur l’avenir du Front national, constitué de bric et de broc de nostalgiques de l’ française, de Vichy mais aussi d’authentiques résistants et sur fond d’un antigaullisme solide. Aujourd’hui, ce même parti qui - dit-il, dit-on - serait aux portes du pouvoir, a ramassé les morceaux de la vraie croix gaulliste, abandonnée dans le caniveau par les partis se réclamant du gaullisme, en faisant de la défense de la souveraineté française l’un de ses principaux chevaux de bataille.

En 1972, la France pompidolienne était une France industrielle, industrieuse, qui ne rasait pas encore les murs, alors même qu’à peine dix ans plus tôt, elle avait abandonné l’ dans des conditions douloureuses. Une France qui ne rasait pas les murs ? Il faut se souvenir comment fut célébré le bicentenaire de la naissance de Napoléon en 1969. On était loin du service minimum donné en 2019 sous Emmanuel Macron à l’occasion du 250e anniversaire… Néanmoins, n’oublions pas aussi que c’est durant ces années pompidoliennes que fut amorcé le tournant en matière d’immigration : il fallait bien faire tourner les bétonnières pour construire les tours ! Jean-Marie Le Pen fut sans doute visionnaire sur ce sujet. En effet, quelques années plus tard, avec Giscard, on passa à la vitesse supérieure avec le regroupement familial, ouvrant ainsi la porte à une immigration, plus seulement de travail, mais de peuplement. Sous la construction des tours pompidoliennes, on posait les bases d’une France qui, cinquante ans après, n’a plus tout à fait la même identité, pour ne pas dire plus.

Cinquante ans, donc. En 1972, lorsque le FN fut créé, un autre parti avait passé, lui aussi, la cinquantaine : je veux parler du Parti communiste français, fondé en 1920 à Tours. À l’époque, le PCF pesait encore lourd : Jacques Duclos avait obtenu 21,2 % des voix à l’élection présidentielle de 1969 quand le socialiste Gaston Defferre ne récoltait que 5 %. Et le 12 juillet 1972 (toujours 1972 !), le PCF signait le Programme commun de la gauche avec François Mitterrand. On connaît la suite : le grand méchant loup à la faucille fut mangé par le petit chaperon rose. Avec la montée inexorable du Front national, le RPR, puis l’UMP, puis LR auraient peut-être pu jouer la même histoire à droite. Piégés par la gauche, ils ont préféré courir après elle, laissant à chaque élection toujours plus de plumes. Jusqu’au point de basculement. Le plat de l’Histoire ne passe qu’une fois. Cinquante ans plus tard, les héritiers du parti gaulliste gèrent un syndicat d’élus avant, peut-être, de se transformer en syndic de faillite quand le parti à la flamme, lui, semble poursuivre son ascension.

Qu’en sera-t-il, par la suite ? Les partis sont des organismes vivants qui croissent, décroissent, se transforment, meurent parfois. Au gré des aspirations du corps  et de ses retours de flamme... Visiblement, le Rassemblement national semble l’avoir bien compris.

Par Georges Michel le 5 octobre 2022

Boulevard Voltaire


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