samedi 8 octobre 2022

Visite d’Élisabeth Borne dimanche et lundi en Algérie : les honteux silences de la France



Ce n’est pas comme si on avait des choses à dire et même à exiger du gouvernement algérien… Pas comme si les Algériens étaient nombreux dans nos prisons, très nombreux même. Pas comme si les plus gros contingents de migrants illégaux en France depuis des années arrivaient justement… d’Algérie. Pas comme si l’Algérie refusait de récupérer les immigrés venus illégalement en France et pour lesquels les tribunaux français ont pris une décision d’expulsion. Pas comme si l’Algérie, dans sa communication et ses actes, foulait aux pieds la France, son honneur et son peuple. On passera sur les espoirs déçus de Macron concernant le gaz algérien, sur les milliards d’euros gagnés en France et envoyés par les Algériens dans leur pays, sur les campagnes violemment antifrançaises d’Alger.

Après la visite inutile et ronflante, en août, d’Emmanuel Macron, honteusement sifflé à Oran,  débarque à Alger en amie, ce dimanche matin, accompagnée d’une énorme délégation de seize ministres ! Son premier geste consistera à déposer une gerbe au mémorial du Martyr, un monument surplombant Alger, érigé en 1982 pour le vingtième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie et dédié aux combattants de la guerre d'indépendance. Les harkis, les rapatriés d’Algérie, les Français qui ont laissé leur vie ou l’ont risquée durant la guerre d’Algérie sur l’ordre de la France apprécieront… Sans doute pour faire bonne mesure, dans un « en même temps » macronien, Élisabeth Borne ira déposer dans la foulée une gerbe au monument aux morts pour la France, dans le carré militaire du cimetière européen Saint-Eugène.

Le reste du séjour sera consacré aux causeries et dîners officiels, chaque ministre français rencontrant son alter ego algérien.

Il s’agit, précise Matignon lors d'un point presse auquel BV a participé, ce jeudi 6 octobre, de « poser les bases d’une relance de notre relation », après les « quelques turbulences » récentes dans les relations entre les deux pays. Des turbulences nées des exigences de la France vis-à-vis de l’Algérie, notamment sur les OQTF (obligation de quitter le territoire français).

Pas de vagues. On parlera des « liens exceptionnels » entre les deux pays, des « liens d’amitié », de ces « populations mêlées », de la « diaspora », de « la jeunesse » du pays. On va parler de développement, d’échanges, de start-up.

Mais le drame du voyage est dans les sujets que l’on n’abordera pas ou peu. On ne parlera pas de gaz, par exemple. « La livraison de gaz n’est pas à l’ordre du jour du déplacement du Premier ministre », précise Matignon. L’Algérie ne nous tirera pas du froid cet hiver. Malgré sa grande « amitié » pour la France, elle a préféré contracter avec… l’Espagne ! On n'évoquera pas non plus l’Histoire. Cette Histoire exploitée jusqu’au paroxysme contre la France par les autorités algériennes. C’est du ressort de la commission d’historiens actuellement en cours de recrutement, chargée de « regarder en face les faits historiques », sur la base de l’ouverture des archives de part et d’autre, rappelle Matignon. Face à cette tentative d’Histoire officielle, toutes les craintes sont autorisées…

Surtout, on ne parlera pas d’immigration, de visas et de retours au pays. Ou bien peu. « Les réadmissions des étrangers en situation irrégulière sont encore en discussion, répond Matignon interrogé sur ce point par BVLa négociation n’a pas abouti à l’heure où on se parle. ». Le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur en discuteront peut-être entre la poire et le fromage… C’est la dernière roue du carrosse. Un détail sans importance. En réalité, l’Algérie entend continuer comme avant à piloter la  d’immigration de la France, tranquillement. Et la France, au lieu de taper du poing sur la table, préfère fumer le narguilé et s’enivrer de mots.

Pas de gaz, rien sur l’immigration : que vont donc faire nos seize ministres dans la galère algérienne ? En quoi ce voyage répond-il aux attentes et aux angoisses des Français ? Y a-t-il quelqu’un, au gouvernement, pour défendre les intérêts de ce pays, pour écouter l'exaspération de nos compatriotes ? Encore une question : l’honneur a-t-il toujours un sens pour nos dirigeants ? Poser ces questions, c’est malheureusement y répondre…

Par Marc Baudriller le 7 octobre 2022

Boulevard Voltaire

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