vendredi 13 janvier 2023

Brigitte Macron, fée Clochette de la République



Attention, l’exercice va être délicat : s’attaquer à . D’abord, parce qu’elle est sympa, comme il est convenu d’en convenir, ensuite parce qu’elle est Madame pièces jaunes et que ça vaut tout l’or du monde, enfin, parce qu’elle est une sorte d’icône vivante de la Macronie, vu qu’elle parle à l’oreille de qui vous savez. Mais, bon, tant pis, allons-y.

Donc, Madame pièces jaunes. Donc, ça veut dire passage obligé au 20 Heures de TF1. On est là désormais, quasiment dans la haute tradition, comme le film du dimanche soir, les raviolis du lundi ou la pizza du samedi soir. Évidemment, un salut amical et respectueux à Madame Chirac s’impose. C’est sans doute sincère et ça permet de s’inscrire dans la lignée. Et puis, ça ne peut pas déplaire à l’électorat principal de son mari. Que Madame Macron vienne faire la réclame de l’opération pièces jaunes, il n’y a rien à dire et redire. En revanche, on peut se demander pourquoi on (les journalistes) lui demande son avis sur des sujets qui débordent, un tantinet, son champ d’attribution : retraites (certes, elle a largement l’âge d’y être, quoique avec ces réformes...), uniforme à l’école (certes, elle a été prof avant d’être à la retraite). Et l’on se demande pourquoi elle ne se contente pas de répondre poliment en rappelant qu’elle est là pour les pièces jaunes, point barre.

Les retraites ? « Tout est fait pour que vous ayez une retraite », s’est voulue rassurante la « Première Dame » à l’égard des plus jeunes. Vous me direz que la portée de cette affirmation ne mange pas plus de pain que de brioche pour Marie-Antoinette mais, d’une certaine façon, c’est déjà s’engager sur le terrain politique en affirmant cela. Cela dit, vous aurez bien de mauvais esprits qui trouveront que cette déclaration a quelque chose qui relève un peu de la dame patronnesse faisant son tour en calèche dans la cité ouvrière du coron.

Et l’uniforme à l’école ? Cette fois-ci, c’est dans Le Parisien que  a ajouté son grain de sel à l’occasion d’un entretien avec sept lecteurs, toujours sous couvert de l’opération pièces jaunes. « J’ai porté l’uniforme comme élève : quinze ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. Et je l’ai bien vécu. Cela gomme les différences, on gagne du temps – c’est chronophage de choisir comment s’habiller le matin – et de l’argent – par rapport aux marques… Donc, je suis pour le port de l’uniforme à l’école, mais avec une tenue simple et pas tristoune. » Petite jupette bleu marine ou pantalon unisexe pour tout le monde ? Laissons cette question de détail au législateur, ça l’occupera.

Madame n’a aucun mandat mais Madame donne son avis. Madame Macron, c’est un peu la Bonemine du village gaulois. En 2021, en visite au musée Maillol de Paris qui consacrait une exposition à Astérix, elle avait révélé, toujours au Parisien, sa proximité - fantasmée - avec Bonemine. « Avec Bonemine, on se comprend », avait-elle déclaré. Arnaud Florac nous avait livré une interprétation brillante de cette déclaration. Madame Macron, c’est aussi le conseiller RH de Monsieur, comme nous l’avait expliqué, en mai 2022, Frédéric Sirgant relayant une information du Point. Dans un schéma plus traditionnel, en 2020, dans une opération de charme, histoire de relancer Monsieur, elle avait vendu son rôle, sans du reste convaincre Nicolas Gauthier ! « On parle sans cesse, on se voit beaucoup. On vit ici, on travaille ici, on échange énormément. Mais, bien évidemment, jamais je ne me permets un conseil. » Tante Yvonne en pantalon slim et hauts talons, tricotant au coin du feu. Un mix entre l’ancien et le moderne.

Mais revenons aux débuts de la Macronie, lorsqu’on pensait printemps et tout ça. C’était en 2018. Marlène Schiappa, qui n’avait pas encore fait vœu de silence (c’est vrai, ça, on ne l’entend plus du tout), répondait à cette question d’un journaliste de France Culture : pourquoi cet engouement pour Brigitte Macron ? Réponse : « Je pense que les Français ont besoin d’avoir un couple à leur tête. Alors, je sais que c’est politiquement incorrect de dire cela, mais je crois que l’explication est quasi freudienne. On est un peuple romanesque, romantique, et qui aime avoir un couple à sa tête. » Voilà, voilà… RH, Bonemine, conseillère de l'ombre, reine mère ou consort, VRP de plateau télé. Un peu tout ça à la fois. En fait, une sorte de Shiva ou de fée Clochette de la République.

Par Georges Michel le 12 janvier 2023

Boulevard Voltaire


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire