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mardi 13 décembre 2022

Ça passe crème : pour une journaliste du service public, Zemmour « n’a rien d’un être humain » !

 

Éric Zemmour était invité, ce week-end, sur BFM TV pour faire face à un festival de mauvaise foi journalistique, face à trois interrogateurs qui lui coupaient la parole, lui reprochaient de ne rien proposer de concret ou voulaient absolument lui faire tenir des propos racistes. Le clou du spectacle fut peut-être, en termes de médiocrité, l'exercice pénible au cours duquel le président de Reconquête dut réciter la composition de l'équipe de France. Il a été bien bon de se plier à cette farce, face à un jury unanimement hostile. Tant pis, et ce n'est pas bien grave car, pour le reste, Zemmour a été plutôt solide dans la défense de son programme et de ses idées.

Comme après chaque interview sur BFM TV, les séquences les plus marquantes de l'entretien ont été diffusées sur Twitter, accompagnées d'un sobre résumé. L'une de ces vignettes indiquait :

Bon. On peut ne pas être d'accord sur ce propos et considérer que le match France- sera sans doute un moment fort de liesse populaire dans la communauté des binationaux (qui, de l'avis des journalistes de BFM TV, étaient unanimement « doublement heureux »). En revanche, étant arrivé quatrième à l'élection présidentielle et dirigeant le premier parti de France en nombre d'adhérents, on peut également convenir qu'Éric Zemmour a le droit d'être invité et même de s'exprimer à la télévision.

Ce n'est apparemment pas ce que pense Khadija Toufik, journaliste rédactrice au service économie de France Télévisions. En réaction à ce tweet, qui ne faisait que rapporter un propos, elle a posté, avec un certain laconisme qui n'excluait pas l'agacement : « On s'en fiche, de ce qu'il raconte! Par pitié, arrêtez de donner la parole à cet individu qui n'a rien d'un être humain. » C'est tout d'abord paradoxal. Si vraiment « on s'en fiche de ce qu'il raconte », on peut l'inviter tant qu'on veut puisque, de toute façon, personne ne s'y intéresse. À moins que ce « on » ne fasse pas référence à toute la nation française ? On va y revenir. Plus surprenante - quoique - est la seconde phrase : l'expression « par pitié », en ouverture, est purement rhétorique, puisqu'il ne s'agit pas vraiment d'une supplique désespérée. L'impératif « arrêtez de donner la parole », lui, ne souffre, dans l'esprit de Khadija Toufik, pas la moindre contradiction. Qu'on arrête de donner la parole à Zemmour, et puis voilà. On ne fait pas ça, imagine-t-on, au prorata des suffrages, sinon le  et les écolos vont avoir du mal à se frayer un chemin jusqu'aux plateaux de télé.

Au vrai, la raison pour laquelle on ne devrait pas inviter Éric Zemmour dans les médias nous est livrée dans la fin de la phrase : « cet individu » n'aurait « rien d'un être humain ». On pense irrépressiblement à la phrase de von Zimmel, le méchant SS de OSS 117: Rio ne répond plus qui tentait d'humaniser les nazis (« Et lorsque nous sommes tristes, ne pleurons-nous pas, comme vous ? »). Convenons ensemble, quitte à être un peu premier degré, qu'Éric Zemmour, si c'était un affreux nazi (ce qui ne manquerait pas de piment), posséderait tout de même l'ensemble des caractéristiques d'un être humain : nombre de vertèbres, longueur du tube digestif, présence d'yeux ou d'oreilles, langage articulé...

Ou alors... ou alors ses propos le déshumaniseraient d'emblée : il serait inhumain car il n'aurait pas les bonnes valeurs. Mme Toufik n'a peut-être pas mis assez de coups de Stabilo™ sur ses fiches de philosophie politique : la déshumanisation de l'adversaire, telle qu'elle a été montrée par Carl Schmitt dans La Notion de politique (Calmann-Lévy), est un symptôme paradoxal de l'universalisme postmoderne qui explique un grand nombre de purges et de massacres. Comme il y a, dans la pensée contemporaine, des « valeurs universelles » qui font (supposément) de nous les membres d'une commune humanité, on part du principe que celui qui ne professe pas les mêmes valeurs que celles de la doxa n'est pas seulement un adversaire, c'est un être « inhumain ».

Ainsi de Zemmour qui, parce qu'il ne s'extasie pas devant le comportement des supporters franco-marocains, est un « individu qui n'a rien d'un être humain ». C'est sur ce constat que prennent appui, dans les dictatures du monde entier, les persécutions, l'ostracisme, le harcèlement médiatique, les agressions physiques : qui n'adhère pas au socle de « valeurs » en carton édicté par les humanistes autoproclamés ne mérite pas le qualificatif d'être humain. Sans verser dans la pleurniche familière au camp d'en face, Khadija Toufik ne dit-elle pas, en creux, que cet être inhumain, non seulement ne mérite pas de parler, mais peut-être pas de vivre ? C'est ce que disaient, puisque la sortie prochaine du film Vaincre ou mourir s'y prête, les « humanistes » du Comité de salut public à propos des Vendéens.

Bravo, en tous les cas, à France Télévisions pour cette embauche qui fait honneur à l'esprit maison, c'est-à-dire à l'esprit des médias financés par le contribuable. Parmi les citoyens qui paient pour entendre ou lire de tels propos, on peut statistiquement présumer que 7 % d'entre eux (ceux qui ont voté Zemmour) ne sont pas humains non plus - et encore, on ne sait pas ce que Mme Toufik pense des électeurs du Rassemblement National. Que fait-on de cet Audimat™ qui fait honte à l'humanité ? Selon que vous serez de gauche ou de droite, les jugements médiatiques vous rendront humain... ou pas !

Par Arnaud Florac le 12 décembre 2022

Boulevard Voltaire

lundi 28 novembre 2022

« Antifa, le jeu », finalement retiré des rayons : une odieuse censure de l’extrême-droite !



BFMTV l'annonce : l'extrême-droite vient de forcer la FNAC à retirer de ses rayons un jeu de société antifasciste. Il fallait s'y attendre. Chaque jour, sans que nous n'y prenions garde, la poigne de fer des nazis se resserre un peu plus sur notre pays, qui fut jadis celui des droits de l'homme. On croise chaque jour, dans les transports en commun, des bandes de skinheads, se déplaçant toujours à plusieurs, reconnaissables à leur bombers et à leur façon bien particulière de parler, dans un mélange de français et d'allemand. Ils parlent fort, bousculent les usagers, et ne dédaignent pas de les détrousser à l'occasion. La présence de 89 députés nationaux-socialistes au Parlement, qui siègent en chemise brune et se font remarquer par leur indiscipline et leur brutalité, aurait dû nous alerter. Mais évidemment, nous avons préféré baisser les yeux, et dire non, par notre lâcheté, à l'horizon de  et de diversité qui pouvait s'ouvrir à nous.

Logiquement, cette mainmise de l'extrême-droite s'étend sur toute la société. Je suis sûr que vous l'avez remarqué : cela crève les yeux. Les journaux relaient complaisamment la propagande fasciste. Les téléfilms et les publicités ne montrent que des couples de blonds aux yeux bleus, qui élèvent des familles nombreuses dans des paysages campagnards. On ne compte plus les spots à la gloire de la nourriture saine, les panneaux qui vantent les métiers manuels, les messages gouvernementaux qui déconseillent les écrans... Bref, c'est la dictature.

Enième preuve de la censure d'extrême-droite, donc : "Antifa, le jeu" avait été mis en vente sur le site de la Fnac. Créé par La Horde, collectif "antifasciste" bien connu pour sa désignation et son harcèlement des personnes jugées d'extrême-droite, ce jeu de société, qui promettait de bons moments en famille, a été réalisé par les éditions Libertalia. Initialement utilisé, comme le précise le site des éditions, comme outil de formation des militants, il propose aux joueurs de monter un groupe antifasciste, dans lequel chaque joueur possède des "compétences particulières". La bande de héros ainsi créée doit réagir à des événements proches du réel, détaillés (là aussi) par le site des éditions Libertalia : "une bande néonazie s'implante dans la région, votre ville tombe aux mains de l'extrême droite..."

Quant aux "moyens militants" que possède chaque joueur, on n'en saura pas davantage pour le moment, même si le député RN Grégoire de Fournas exclu pour son "Qu'il retourne en Afrique" propose malicieusement quelques pistes sur Twitter: "Case 1: 'je bloque une fac'; Case 2: 'je tabasse un militant de droite'; Case 3: 'j’attaque un meeting du RN'; Case 4: 'je lance un cocktail Molotov sur les CRS'". Après tout, pourquoi pas.

Après les plaintes de syndicats de policiers, jointes à celles du RN, la FNAC a finalement décidé de retirer ce jeu de la vente. Censure fasciste, évidemment, disent les antifas. L'Action Antifasciste Paris-Banlieue demande d'ailleurs une sorte de contrepartie, pourrait-on dire : le retrait du "Grand Remplacement", de  Camus, qui a été cité comme source d'inspiration du tueur de Christchurch. Toujours cette manie, chez les gauchistes, de faire brûler les livres.

Bref, on comprend que la France est en train de devenir, pour les antifas comme pour BFMTV, alliés objectifs en la circonstance, un Etat répressif, qui terrorise les gentils gauchistes. Oubliées, les manifs dans lesquelles les Black Blocs saccagent tout, les occupations illégales, les passages à tabac, le harcèlement médiatique, l'appel au meurtre des policiers. Tout ça fait un excellent jeu de plateau, et puis voilà. Imaginez une seconde que "Antifa, le jeu" se soit appelé "Fa, le jeu". Dans un collectif fasciste (expression censée servir à désigner uniquement l'expérience mussolinienne, comme l'ignorent ces imbéciles de gauchistes), chaque militant possèderait des compétences particulières. Il s'agirait de combattre les opposants pour pouvoir (si on fait un double 6 au dernier tour de jeu) marcher sur Rome. On se demande combien de temps tiendrait une telle tentative. 

Mais bon, BFMTV en conviendra avec moi, la gauche, c'est quand même pas pareil.

Par Arnaud Florac le 28 novembre 2022

Boulevard Voltaire

lundi 14 novembre 2022

13 novembre : Sandrine Rousseau et le « terrorisme islamique »

 


Il s'agit d'une nouvelle interprétation de la belle figure imposée, souvent interprétée à gauche : celle de l'arroseur arrosé. « Ils sont prêts à bondir au moindre mot suspect/Et partent en délire dès qu'il est prononcé », chante Jean-Pax Méfret à propos du camp du Bien dans « Pas politiquement correct ». Eh bien, cette fois encore, « ils » n'ont pas déçu. Le problème, c'est que, de temps en temps, dans ces tirs de saturation citoyens et responsables, qui mitraillent si fort qu'ils n'ont pas toujours le temps de viser, il y a des fratricides. Et cette fois, c'est sur la plus improbable des victimes que cette pluie de haine en ligne s'est abattue : Sandrine Rousseau. Incroyable mais vrai.

Il faut dire que la pasionaria de la gauche radicale a fait la gaffe de trop, a commis le péché suprême, lors des commémorations du 13 novembre. On sait que l'hommage aux victimes est un passage obligé mais, comme en de nombreuses autres occasions, il y a l'art et la manière. Et Sandrine, la pauvre, a tweeté ceci : « Il y a 7 ans, le  islamique touchait la France en son cœur culturel, festif et sportif. » Patatras ! « Le  islamique. » Et puis quoi, encore. Deux heures plus tard, l'écologiste a corrigé « islamique » en « islamiste », mais c'était trop tard. Une avalanche de commentaires d'électeurs de la NUPES a déferlé sur Sandrine. Parce que, bon, les gens qui tuent au nom d'Allah n'ont pas de motivations islamiques, mais ils ont des convictions islamistes. T'as compris, Sandrine ? Ça n'a rien à voir.

Parmi les twittos qui couvrent d'injures la brave députée écolo, on trouve assez peu de membres du patriarcat oppressif, censément responsable de tous les maux et habité, jusque dans les tréfonds de son ADN, par des pulsions de violence. Non, apparemment, ce sont plutôt des électeurs de la NUPES, d'habitude pleins de bienveillance, qui accusent  d'avoir rejoint Zemmour, d'être devenue islamophobe, de tenir des propos « dangereux » (on se demande bien pour qui)... « Ne me fais pas regretter mon vote », dit cette utilisatrice de Twitter, dont le nom de profil est en arabe et qui arbore un drapeau palestinien. « Tu reprends la rhétorique de l'extrême droite national-sioniste », dit un certain Israfil, en hommage à l'archange de l'islam qui soufflera dans sa trompette pour annoncer le jour du Jugement. Curieux, cette convergence des pseudos...

Sur le fond, comment peut-on être assez aveugle et assez pointilleux à la fois pour considérer qu'il y a un  islamiste, mais pas de terrorisme islamique ? Ceux qui considèrent que cet amalgame fait du mal aux musulmans prennent, il me semble, le problème à l'envers : c'est justement parce qu'il y a un problème de terrorisme pratiqué par des individus se réclamant de l'islam que les musulmans qui le désapprouvent doivent se rendre plus visibles et marquer leur solidarité avec les démocraties occidentales dont ils sont les citoyens. Sandrine Rousseau, en vérité, n'a pas commis de faute de français... pour une fois. On se souvient de sa récente sortie « Nous avons la gorge qui grattions, les yeux qui brûlions » qui rappelait les riches heures des valets dans les comédies de Molière. Cette fois, elle a été grammaticalement correcte. À défaut de l'être politiquement.

Par Arnaud Florac le 14 novembre 2022

Boulevard Voltaire

vendredi 28 octobre 2022

Une association LGBT attaque Le Robert en ligne : le mot « famille » parlait d’un père et d’une mère…



On l'a échappé belle. Sans la vigilance de l'Association des familles homoparentales (ADFH), c'était le drame. Je ne sais pas si vous mesurez bien à côté de quoi nous venons collectivement de passer : je vous invite, pour cela, à consulter le replay de BFM TV. On y apprend que Le Petit Robert en ligne proposait (on a peine à le croire) cette définition du mot « famille » : ensemble des personnes vivant sous le même toit, en particulier le père, la mère et les enfants.

Aïe aïe aïe... un papa et une maman... on commence comme ça et on termine par Hitler. C'est, en creux, ce qu'a suggéré l'ADFH, qui a envoyé le tweet suivant :


On note le clin d'œil, menace voilée et souriante de notre époque d'emojis à double sens. Manière d'établir une connivence mais aussi de signifier : « C'est peu rétrograde, si tu vois ce que je veux dire. Et tu sais ce qu'on leur fait, aux rétrogrades. » Message d'ailleurs reçu 5/5 par la directrice du dictionnaire, qui se répand en excuses : le dictionnaire papier est remis à jour régulièrement, on ne comprend pas, c'est le drame, vraiment désolé, croyez bien, sachez qu'à l'avenir, tout ce qui est en mon pouvoir, etc.

On ne va pas citer pour la millième fois Albert Camus sur le fait de mal nommer les choses. Laissons au camp d'en face les citations de terminale générale que les filles de ma génération écrivaient au Stabilo™ sur leurs cahiers de textes. Il y a une  postmoderne de ce qu'on appelle les définitions circulaires. Je vous suggère, à ce propos l'excellent documentaire américain What is a woman?, qui s'intéresse au phénomène trans. Le réalisateur pose à des « transgenres », à des activistes et à des psy progressistes la question « Qu'est-ce qu'une femme ? » L'un.e d'entre elleux, pour parler leur langage, répond « C'est quelqu'un qui se définit comme une femme ». Il embraye : « OK, mais qu'est-ce qu'une femme, du coup ? » « Erreur 404 » en face de lui. Définition circulaire, c'est-à-dire absence de définition. Ainsi, dans le cas qui nous intéresse, de la famille.

Une famille, c'est quoi, alors ? Un agrégat de gens qui se définissent comme famille. Et puis voilà. Le Petit Robert peut dormir tranquille. Au passage, l'ADFH stigmatise les familles nombreuses en faisant allusion à « un père, une mère et cinq enfants ». Pourquoi cinq ? Parce que c'est beaucoup, je suppose, et que c'est donc rétrograde. Ceux-là, les papa-maman-beaucoup de gosses, on peut s'en moquer, c'est gratos et ce n'est pas pénalement répréhensible.

L'écrivain américain d'anticipation Ray Bradbury n'aurait pas pensé à ça : il n'y a plus besoin de brûler les dictionnaires, quand on s'arrange au préalable pour qu'ils ne définissent plus rien. La famille, on peut au moins se mettre d'accord là-dessus avec nos contradicteurs, est la cellule de base de la société. Mais qu'est-ce qu'une société, quand on n'y partage même plus le sens des mots et que toute communication y devient, de fait, impossible ?

Par Arnaud Florac le 27 octobre 2022

Boulevard Voltaire

vendredi 21 octobre 2022

Femmes de terroristes français : les obligations de quitter le territoire fonctionnent… en Syrie !



Cette semaine, 40 enfants et 15 femmes, de nationalité française quoique probablement plus titulaires de leur passeport, vont revenir en France. Ils arrivent de Syrie, d'une de ces prisons pour terroristes ou d'un de ces camps surpeuplés, gardés dans les deux cas par les combattants kurdes.  annonce qu'il y aura encore plusieurs rapatriements. Ca va bien se passer, comme dirait l'autre.

Il est vrai que, depuis la chute de l'État islamique, ces ressortissants français, veuves ou orphelins de terroristes, étaient emprisonnés au mépris du droit, dans des conditions souvent déplorables. Il n'y avait objectivement aucune raison d'imposer à la Syrie cette gênante délégation de pouvoir. On aurait dit un de ces arrangements peu ragoûtants autour de l'environnement, vous savez, quand un pays riche achète, dans un pays pauvre, le droit d'entreposer des produits radioactifs. On fait croire que le problème est réglé, on le déplace simplement, en espérant que les gens oublieront.

Évidemment, ce sont des gens, pas des produits. Mais radioactifs, ils le sont peut-être. Si les enfants sont nécessairement présumés naïfs et attachants, quoique plusieurs reportages sur Daech fassent froid dans le dos à ce sujet, les veuves n'ont aucune raison d'avoir adouci leur discours ou changé leur manière de penser. Ce sont, potentiellement, des bombes à retardement. Maître Marie Dosé, avocat de plusieurs familles de terroristes, s'est réjouie, sur France 24, de la fin de la politique du cas par cas. C'est vrai, il n'y a pas de raison qu'on refuse à ces femmes ce que l'on accorde à 200.000 étrangers par an : l'accueil inconditionnel et sans vérification. C'est vrai mais ce n'est quand même pas excessivement rassurant.

La Syrie a donc émis ce qu'on pourrait appeler une OQTR (obligation de quitter le territoire du Rojava), et la  n'a pas eu à délivrer de laisser-passer consulaire, mais simplement à affréter un avion. Ça a l'air facile, en fait.

Et, dites-moi, ce que la  accepte de la Syrie, ne pourrait-elle pas l'obtenir des pays du Maghreb, par exemple ? Figurez-vous que pour la première fois, France Info a « fact-checké », le 20 octobre, un député de  pour lui dire... qu'il était en deçà de la réalité. En fait, 93 % des OQTF restent lettre morte.

Non seulement nous reprenons nos propres criminels (ce qui ne fait pas plaisir mais est normal), mais en plus, nous devons garder ceux des autres. Comme c'est généreux, la France !

Par Arnaud Florac le 20 octobre 2022

Boulevard Voltaire

 

jeudi 13 octobre 2022

Interview de Macron : chapeau, l’artiste !



Ne reculant devant aucun sacrifice pour le lectorat de , j'ai vu, ce mercredi soir, « L'Événement », l'émission de France 2, premier numéro d'une série d'interviews politiques. À tout seigneur tout honneur, cette première était consacrée à un entretien avec Emmanuel Macron. En deux parties, nous précise-t-on : la seconde sera diffusée dans deux semaines.

Le thème choisi était « le monde en crise ». Ukraine, carburant, Iran, Arménie, climat : le Président a fait le job, à sa manière, c'est-à-dire avec pédagogie, mais en oubliant systématiquement plusieurs points importants. Sur l'Ukraine, nous allons continuer à armer le régime de Zelensky, tout en nous tenant loin de l'escalade, afin de ne pas devenir cobelligérants. Nous allons également continuer à livrer des canons, et quand il n'y en aura plus, ma foi, on se débrouillera. La coalition montée par la Russie et la Biélorussie arrache au Président une formule : le président biélorusse, dit-il, se prépare à mener une guerre « contre l'avis d'une bonne partie de son peuple ». Je ne me souviens pas qu'on nous ait demandé le nôtre.

Sur le carburant, lié au contexte, évidemment, comme les pénuries d'huile et de moutarde, par exemple, la France s'en tire bien. Comme sur les prix de l'énergie, d'ailleurs. Les graphiques le prouvent. Le reste, y compris la disparition de l'État dans les stations-service de banlieue, relève probablement du ressenti. Le Président souhaite la poursuite du dialogue  mais veut réquisitionner les salariés. En même temps.

Sur l'Arménie, ma foi, malgré les mises en garde de Sylvain Tesson, Emmanuel  estime avoir fait ce qu'il fallait : n'a-t-il pas reçu les chefs d'État arménien et azerbaïdjanais à  pour leur dire de faire la paix ? Et puis, on ne va quand même pas livrer des canons à l'Arménie. Ce n'est pas pareil.

Sur l'Iran, un petit mot sur l'universalité de la laïcité, preuve que les sorties de la gauche sur l'aveuglement occidental sont parfois vraies. Aveuglement double, d'ailleurs, puisque le Président se garde bien d'émettre un avis sur le port du voile en France.

Un détour par la récitation du catéchisme sur le climat et son urgence... et surtout, incidemment, de lourds appels du pied à une gouvernance européenne. On sait qu'Emmanuel  hésiterait entre le « coup de Medvedev », c'est-à-dire se représenter en 2032 après avoir trouvé un homme de paille pour l'intérim (la Russie a parfois du bon), et briguer la présidence d'hypothétiques États-Unis d'Europe. Avance-t-il ses pions ? Peut-être.

Au bilan, un numéro de voltige déjà vu mille fois, mais qui contient - une fois n'est pas coutume - une leçon macronienne pleine de sagesse : les Français, dit-il, attendent tout du chef de l'État. Il n'a pas dit ça comme ça, mais en creux, cela veut un peut dire ça : « Ce n’est pas au président de la République de faire les négociations d’entreprises », a-t-il dit exactement. C'est pas faux. Comme les Français attendent d'ailleurs beaucoup de l'État tout court. C'est même cela qui les anesthésie et doit les empêcher de se révolter. Et c'est d'ailleurs cela que vise sans doute le Président, en fin de compte, quand il aura vaincu les crises. 

En effet, son avant-dernière prise de parole définit bien son véritable objectif : financer notre modèle social. Celui-là même dont profitent des centaines de milliers d'étrangers qui arrivent chaque année sur notre sol, et qui maintient les Français pauvres dans un état de dépendance presque végétatif. 

Chapeau, l'artiste !

Par Arnaud Florac le 13 octobre 2022

Boulevard Voltaire


jeudi 1 septembre 2022

Après Cannes, Venise : le cirque Zelensky, bientôt près de chez vous



Au beau milieu de la Mostra de Venise, entre un Lion d'or d'honneur pour l'immortelle  et la projection du film d'ouverture du festival, soudain, il est apparu. C'était bien, face au public en smoking et robe longue, la même silhouette massive, le même accoutrement militaire que d'habitude ; et, sous ces yeux cernés par les veilles et l'angoisse, cette barbe de prophète armé. C'était lui, en personne, par le miracle de la télévision : Volodymyr Zelensky. Un frisson de plaisir bourgeois, qui n'était autre que celui du courage par procuration, parcourut voluptueusement l'assistance. Ainsi, à Venise aussi, on pouvait "le" voir.

Il parla de la guerre, bien sûr. Qu'il en parlait bien, avec cet air grave et cette tristesse retenue qui étaient désormais son masque habituel ! Il rappela que la guerre ne durait pas 120 minutes, mais qu'elle durait depuis 189 jours. Que c'était bien trouvé ! Suivirent, morbide générique, une liste d'enfants et d'adolescents ukrainiens tués par les bombes. Ça marche toujours bien, les massacres d'innocents. Et ce parallèle avec le générique de fin d'un film : tout en subtilité !

A Venise, on n'en revenait pas. Ainsi donc, on avait réussi à avoir son petit quart d'heure de Zelensky... Le silence qui suivit cette expérience collective, quand l'image du libérateur en 4x3 s'éteignit, c'était encore du Zelensky. Pourtant, au palais des festivals, on ne pouvait pas fournir de canons Caesar, ni de missiles américains. Tout au plus saint Volodymyr de Kiyv, libérateur et voïvode, aurait-il pu envoyer quelques-uns de ses comparses faire la quête, l'air triste et habillés, eux aussi, par le rayon chasse de Decathlon, pour faire plus martial.

Vous souvenez-vous, dans Le tour de Gaule d'Astérix, de ce metteur en scène d'avant-garde, squelettique et enflammé, qui disait, sur la scène d'Avignon, à un public en pâmoison  « Vous êtes laids ! », à quoi les matrones ravies réagissaient en se disant l'une à l'autre : « C'est insupportable de vérité ! » C'est ce  de gifle morale que venait chercher le public repu et trié sur le volet de la Mostra. Inviter quelqu'un pour qu'il vous reprocher de vous amuser : fallait y penser.

On dit que l' est en train de perdre à Kherson. Les États-Unis finiront-ils par lâcher leur marionnette ? Alors Zelensky n'aura plus qu'à retourner au spectacle vivant. Seulement voilà : quand on a été président du plus gentil de tous les pays gentils, et qu'on a tenu tête, sans même prendre le temps de mettre une cravate, au plus méchant de tous les pays méchants, il y a des choses qu'on ne peut plus faire. Avant sa canonisation, saint Volodymyr le Russovore s'était par exemple fait connaître en jouant du piano debout sans les mains, ou en dansant en talons aiguilles. Ensuite, il avait, on le sait, incarné le président de la République dans une série à succès.

Lorsqu'il reviendra à la vie civile, il réjouira petits et grands en incarnant, à la salle Jacques-Villeret d'un quelconque chef-lieu de canton, ou à la quinzaine des fromages à pâte de l'hypermarché du coin, le rôle austère et tendu qui l'a rendu célèbre : mélange improbable et factice de Buster Keaton et de John Wayne. On se souviendra alors avec émotion de l'époque où, dans les grandes soirées mondaines, comme à Cannes ou à Venise, si t'avais pas eu ton mot de Zelensky, t'avais raté ta vie. « Vous vous souvenez, dirons-nous, c'était l'époque où on avait du gaz et de la lumière ».

Par Arnaud Florac le 1er septembre 2022

Boulevard Voltaire

lundi 18 juillet 2022

La France des provinces, douce rivière devenue torrent de sang



Il y avait, disons jusqu'au début de l'exode rural, une France lente et un peu austère, une France calme et tendre, rude et travailleuse : on appelait ça, il n'y a pas si longtemps, la province. Ce n'était pas parfait : on y était volontiers conformiste, parfois envieux, souvent mesquin. On n'aimait pas les gens de la ville, on regardait de travers les enfants du pays qui avaient réussi, mais enfin, on y vivait tranquille. Au rythme des saisons, des moissons, des fêtes de village, on regardait le soleil se coucher, au soir de la vie, sur un paysage doux et serein, qui était exactement comme celui que l'on avait connu enfant. Du Bellay parlait de la « douceur angevine », Trenet de la « Douce France/Cher pays de [son] enfance ». Il y avait le clocher, la mairie, les prairies du père Untel, la forêt des Machin, les maîtres et les paysans, le curé et l'instituteur. On causait au café, on recevait les journaux.

Bien sûr, vous allez me dire que la nostalgie est la maladie de la droite. Vous allez peut-être même me dire que la « France d'avant » n'a jamais existé. Un petit tour sur le site de l'INA vous détrompera (et vous tirera des larmes en moins de dix minutes). Que reste-t-il, alors, de cette France-là, celle des provinces de la carte Vidal-Lablache n° 9, devenue celle des « régions », puis celle des « territoires », puis finalement appelée « France périphérique » ? Des lieux paradisiaques et des Français enracinés, mais aussi des zones commerciales immondes, des foyers éclatés, avec la télé comme dieu lare, qui ont honte de leurs racines ; des gens tristes et perdus, gavés de malbouffe tiède et de culture américaine mal digérée, à qui on a désappris que leurs familles avaient fait la France. Et puis, bien sûr, il y a ce qu'il ne faut pas appeler le Grand Remplacement. Il y a les « incivilités », vocable discret de la sauvagerie ordinaire. Il y a les meurtres quotidiens, ces « blessures au cou » et ces « rixes », ces « différends » et ces « agressions sexuelles », ces « attaques gratuites »... Nous connaissons désormais par cœur la novlangue de la presse d'État, qui tourne autour des véritables termes pour ne pas risquer d'avoir dit la vérité.

À Angers, pays du bien vivre, pays, on l'a dit, de la douceur immortalisée par l'auteur des Regrets, un Soudanais, réfugié politique, a tué à l'arme blanche, il y a quelques jours, trois jeunes gens. Leur seul crime était d'avoir défendu une jeune fille, que le migrant agressait sexuellement. Il avait un casier, bien sûr. Ca ne changera rien, évidemment. À Betton, près de la Bretagne des légendes celtes, un homme de 71 ans a été battu et poignardé à sept reprises pour sa voiture, apparemment par deux « jeunes » de 17 et 18 ans. La Bretagne de  du Fail, l'auteur des Propos rustiques, l'inventeur du village traditionnel de Flameaux, est devenue, comme ailleurs, un coupe-gorge où, entre un McDo et un magasin de bricolage, sur un rond-point décoré d'une sculpture laide, on peut perdre la vie pour un regard, une cigarette, une voiture... peu importe. L'imagination de nos hôtes pour trouver des motifs de massacre est sans limite.

Je ferais bien un triste pari, puisque les temps s'y prêtent.  est devenue un mélange de musées et de décharges, servant de décor Potemkine aux touristes obèses, qui musardent en tee-shirt parmi ses splendeurs et ont bien compris que la moitié de la ville était devenue sale, dangereuse, infréquentable. Je prédirais bien le même destin à notre si belle, notre si douce France des provinces. Betton n'est pas si loin des beautés de Dinan, Lamballe ou Saint-Malo. Angers contient encore de belles demeures, c'est le pays des châteaux en tuffeau et des promenades de Julien Gracq. Et pourtant, voyez ce que ces régions sont devenues. Marseille, ville perdue, est tout près d'Aix l'élégante. Toulouse, ville perdue, est entourée de châteaux roses et de villages perchés. Lyon, ville perdue, est la porte du Rhône, tout comme Valence, ville perdue, règne sur la Drôme et ses paysages de rêve. Grenoble, ville perdue, est au milieu des Alpes françaises, des cimes et des chalets.

La douce rivière, nonchalante et immuable, des provinces françaises est devenue un torrent de sang. Nous vivons peut-être déjà face à face sans le savoir. C'est l'ennemi qui vous désigne, disait Julien Freund. Je crois que le message de nos ennemis est clair : c'est d'un génocide à bas bruit qu'il s'agit, jusque dans les petits villages. Alors, ne nous moquons pas sottement des abattages rituels : à l'heure où je vous parle, nous, Français, n'avons pas plus de rage de survivre que les moutons de l'aïd.

Par Arnaud Florac le 18 juillet 2022

Boulevard Voltaire