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jeudi 22 septembre 2022

Eric Zemmour (Reconquête!) sur Cnews le 22 septembre 2022

 

L’Arménie est en danger de mort !



« Si personne n’agit, l’Arménie va disparaître. » Les mots de l’ambassadrice d’Arménie en France, Hasmik Tolmajian, sont forts et décrivent bien l’isolement de la République arménienne coincée entre les pinces de Bakou et Ankara et dépendante du bon vouloir russe.

À quelques pas de l’Assemblée, la conférence de presse animée par l’ambassadrice et le représentant en France du Haut-Karabagh, Hovhannès Guévorkian, est le réceptacle de cris d’alarme. Les organisateurs semblent encore sonnés par la retentissante défaite militaire de la guerre du Haut-Karabagh ayant ravagé la région entre septembre et novembre 2020. Une défaite coûteuse qui coûta à l’Arménie et à la petite république d’Artsakh pas moins de sept districts, 4.000 morts et 11.000 blessés. La raison de ce conflit ? La politique expansionniste du président azerbaïdjanais Aliev qui, non content de vouloir reconquérir l’intégralité de l’Artsakh, aurait désormais comme objectif principal la prise d’Erevan, capitale de la République arménienne.

« Il faut reconnaître au président Aliev une totale transparence quant à ses objectifs », constate amèrement l’ambassadrice d’Erevan. Il est vrai qu’il suffit de lire les quelques déclarations d’Ilham Aliev pour s’en rendre compte. « Les Arméniens n’ont ni conscience ni moralité. Ils n’ont même pas de cerveau », s’était-il exclamé, le 17 octobre 2020. « J’avais dit qu’on chasserait les Arméniens de nos terres comme des chiens, et nous l’avons fait » (10 novembre 2020).

Des propos inscrits dans la construction d’une identité nationale profondément arménophobe, un peu plus d’un siècle après le génocide arménien par les troupes turques. « Ce n'est pas juste une politique de haine et de violence, mais une politique froide, réfléchie, de nettoyage ethnique », alerte, pour sa part, Hovhannès Guévorkian, qui pointe les exactions commises par l’armée azérie sur les populations mais aussi sur le patrimoine. « Ils détruisent systématiquement les cimetières ; au fond, ils veulent détruire toute la mémoire arménienne des territoires qu’ils ont conquis. »

Un isolement total

Hélas pour l’Arménie, le récent rapprochement de l’Union européenne avec Bakou dans un contexte de recherche frénétique de gaz censé remplacer celui dont nous privent les sanctions contre la Russie, ajouté à l’enfoncement de cette dernière en Ukraine, a considérablement affaibli une Arménie qui ne peut plus se contenter de soutiens et de pensées. « Nous n’avons aucune profondeur stratégique », admet l’ambassadrice. En d’autres termes, l’Arménie n’aura ni les moyens ni les capacités de battre l’Azerbaïdjan et son allié turc. Symbole cruel de cette défaite, la République d’Arménie n’est plus en mesure de protéger sa sœur de l’Artsakh, une mission dont s’acquitte aujourd’hui l’armée russe. Mais un dispositif qui ne garantit pas la protection du territoire arménien, récemment agressé par une armée azérie violant sans peine un cessez-le-feu fragile, sinon inexistant. 

Du côté d’Erevan, on se rassure en lisant les dernières prises de parole du président Joe Biden qui a déclaré, aujourd’hui, à New York, que les États-Unis soutiendraient la sécurité de l'Arménie. « Mais si Trump est réélu, les USA risquent de laisser la Turquie faire ce qu’elle veut », soupire un journaliste arménien, faisant allusion à la politique non interventionniste du mandat de Donald Trump qui avait avantagé l’expansionnisme turc. En tout cas, les intervenants ne se font aucune illusion : la survie ne dépendra pas d’un agenda géopolitique mais plutôt d’une obligation morale et éthique de la communauté internationale. Dieu sait que c’est mince.

Par Marc Eynaud le 22 septembre 2022

Boulevard Voltaire


"Macron, c'est le gars qui rumine sa crise d'adolescence prépubère depuis 25 ans !" - Nicolas Vidal sur Radio Courtoisie le 22 septembre 2022

vendredi 16 septembre 2022

Laurent Leylekian : « L’objectif, c’est la destruction totale de l’Arménie, c’est un projet génocidaire »



Consultant en géopolitique, spécialiste de l'Asie Mineure et du Caucase, Laurent Leylekian analyse à notre micro l'agression de l'Azerbaïdjan à l'encontre de l'Arménie. La petite république du Caucase pèse bien peu face aux grands enjeux géopolitiques autour du gaz azéri, de la politique russe et de l'Union européenne.

Marc Eynaud. Des affrontements ont éclaté à la frontière de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan. Que se passe-t-il ?

Laurent Leylekian. Cette fois-ci, il s’agit d’une attaque de l’Azerbaïdjan sur le territoire de l’Arménie, dans la région du Syunik, qui relie l’Arménie à l’Iran. Cette région est vue comme un obstacle par l’Azerbaïdjan, dans sa volonté impérialiste de connecter son territoire principal à l’enclave du Nakhitchevan collée entre la frontière turque, iranienne et arménienne.

M. E. Le territoire arménien a été attaqué par l’Azerbaïdjan…

L. L. Oui, et cela montre bien que l’Artsakh n’était qu’un prétexte. L’Azerbaïdjan visait, dans un premier temps, l’Artsakh et, à terme, l’intégralité du territoire arménien, Aliev lui-même le dit, il a des ambitions sur quasiment tout le territoire arménien et même Erevan. La logique est inversée. On pouvait penser que l’Arménie protégeait l’Artsakh ; en fait, on voit que c'est le contraire puisque avec la chute de l’Artsakh, l’Arménie est attaquée.

M. E. Le Premier ministre arménien a annoncé qu’il était prêt à négocier pour la paix. On a l’impression que l’Arménie dépose les armes rapidement...

L. L. Le Premier ministre Pachinian a déclaré devant l’Assemblée nationale qu’il était prêt à reconnaître la souveraineté de l’Azerbaïdjan et de l’intégrité territoriale azerbaïdjanaise contre la paix. Quelques instants après, devant la pression de la population, il a dit le contraire et que que rien n’avait été signé. Pachinian a une attitude plutôt populiste, cela correspond à une vision des choses libérale selon laquelle faire des concessions et échanger avec le pays voisin ramènera la paix. Or, les simples faits démentent cette vision. Quelles que soient les concessions que fait l’Arménie, elle n’en fera jamais assez puisque, en face, l’objectif est la destruction totale de l’Arménie, un projet génocidaire. 

C’est la volonté de la poursuite du génocide de 1915, prorogé cette fois par l’Azerbaïdjan. D’ailleurs, le 30 août, il y a eu un rapport de l’ dénonçant les actions de l’Azerbaïdjan contre tout ce qui est arménien. Nous ne sommes pas, là, dans une affaire purement territoriale. Chaque fois que l’Azerbaïdjan avance, c’est une épuration ethnique. Il n’y a plus d’Arméniens sous occupation azerbaïdjanaise. Les gens, les monuments et les églises sont détruits. C’est une éradication.

M. E. Comment se situe la Russie, dans ce conflit ? On a l'impression qu'elle est inaudible.

L. L. Il y a plusieurs raisons à l’absence de soutien à l’Arménie. L’Arménie est censée être un allié stratégique de la Russie. Mais au début de la guerre avec l’Ukraine, l’Azerbaïdjan a signé des accords de partenariat stratégique avec la Russie. L’équation, pour la Russie, est la suivante. Il y a trois facteurs. L’Arménie est pieds et points liés à la Russie, donc elle n’a plus grand-chose à négocier. Elle est totalement inféodée à la Russie. L’Azerbaïdjan est aussi inféodé à la Russie, mais Aliev a une marge de manœuvre plus grande. Il peut également jouer avec l’influence turque. S’il disparaît, ce serait un risque pour la Russie puisque l’influence turque se renforcerait. Aliev est le plus russophile au sein des élites azerbaïdjanaises. Il peut négocier les choses entre la Turquie et la Russie.

Troisième facteur, Pachinian lui-même, aux yeux des Russes, fait partie du problème car il a une vision libérale, occidentale des choses. Son entourage a été formé dans des universités américaines et quoi qu’il fasse, il sera vu par les Russes comme un homme pas fiable.

M. E. Quel rôle joue l' dans ce conflit ?

L. L. Les démocraties occidentales disent défendre les droits de l’homme et la démocratie, mais en pratique, l' préfère la dictature azerbaïdjanaise pour des raisons d’intérêt. C’est un message dévastateur dans le monde entier pour tous les États qui ne sont pas très démocratiques. Ils se disent : « La démocratie pour quoi faire ? », c’est bien triste. Vu par la Russie, le conflit est le meilleur moyen de maintenir son influence. Elle n’a pas d’intérêt pour l’Azerbaïdjan ou pour l’Arménie, elle a un intérêt pour le conflit car le maintien du conflit, c’est le maintien de sa présence.

Entretien réalisé par Marc Eynaud le 16 septembre 2022

Boulevard Voltaire

samedi 10 septembre 2022

Le déclin de l’empire américain : la nouvelle donne du XXIe siècle



Pour les gens de plus de 20 ans, la configuration des relations internationales était jusqu’à récemment des plus simples : l’hyperpuissance américaine dominait les rapports du globe, dont elle se faisait le gendarme. Les expéditions en Irak et en Afghanistan incarnaient le paroxysme de cette unipolarité. Aujourd’hui, la donne est en train de changer : une série d’événements récents nous indique à quoi ressemblera le monde post-américain.

Le retour de la guerre en Europe

Comme nous l’avions indiqué dans un article précédent[1], la guerre russo-ukrainienne révélait le retour de l’histoire sur notre continent, fatigué et décidé à éviter la guerre à tout prix. Derrière le discours pacifiste, humaniste et égalitaire qui dominait alors se cachait (selon lequel l’Union européenne avait enfin apporté la paix perpétuelle en Europe) une réalité plus sinistre : c’est l’Amérique qui se trouvait en charge d’assurer la sécurité du continent, en même temps que celui-ci se transformait en grand marché et en camp d’accueil pour migrants. L’Ukraine illustre un pas dans l’affaiblissement de l’OTAN, désormais susceptible de subir les coups de pression militaires de la Russie ; une telle manœuvre aurait été impensable il y a 10 ans encore.

La récente confrontation en Serbie initiée par le gouvernement du Kosovo illustre une tendance similaire : s’il est encore trop tôt pour prédire la suite des événements[2], il ne fait aucun doute qu’on assiste au réveil des vieilles oppositions entre les communautés ethniques des Balkans. Les États-Unis, alliés du Kosovo et à l’initiative des bombardements en Serbie, n’ont pas pu obtenir de Pristina autre chose qu’un report d’un mois des mesures administratives prévues à l’encontre des Serbes de la région[3]. Soutenue par Moscou et la Chine, la Serbie espère bien laver l’affront de la déclaration d’indépendance unilatérale du Kosovo en 1999, alors que ce dernier n’a aucune intention de céder aux exigences de Belgrade.

Et dans tout ça, l’Europe traduit son impuissance à gérer ces conflits sur son propre sol, se retrouvant écartelée entre les visées impériales des États-Unis et de la Russie. Le déclin de l’hyperpuissance américaine, qui n’est à ce jour pas compensé par l’émergence de la puissance européenne, annonce des jours sombres pour notre continent. L’idée selon laquelle c’est l’UE qui garantissait la paix en Europe depuis 1945 se trouve définitivement enterré : en réalité, c’est son impuissance et son absence d’autonomie qui favorisent le retour de la guerre.

When the US goes home

Les conséquences de l’affaiblissement américain (qui vont de pair avec l’état de délabrement mental avancé du président Biden) ne se cantonnent pas au Vieux Continent : le premier exemple éclatant de cette déliquescence est sans aucun doute le retrait d’Afghanistan, décidé en août 2021 par Washington et qui s’est soldé par la victoire des Talibans et l’abandon colossal de matériel militaire sur place, pour un montant de près de 89 milliards de dollars[4]. Les forces armées afghanes, mises sur pied par les États-Unis pour tenir le pays face aux Talibans, n’aura métaphoriquement pas résisté au premier coup de feu[5], achevant par là même les velléités américaines du « nation building ». Ce qui avait été annoncé comme une opération rapide à la suite des attentats du 11 septembre 2001 s’est avéré être une Bérézina pour Washington. Comme au xixe siècle et pendant l’invasion soviétique de 1979, l’Afghanistan mérite bien son surnom de « cimetière des empires ».

La Chine, quant à elle, a décidé, à la suite de la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis Nancy Pelosi à Taïwan, de répliquer par une démonstration de force[6]. Selon toute vraisemblance, les menaces américaines ne semblent plus atteindre Beijing : le discours de Washington, adossé à la toute première armée et à la première économie du monde, ne produit plus l’effet de subjugation qui était encore le sien il y a de cela 10 ans.

La longue parenthèse de la pax americana prend fin, et avec elle, la fin de l’Histoire prophétisée par Francis Fukuyama il y a 30 ans déjà. Le renversement du rapport de forces en faveur des pays émergents et l’affaiblissement de l’hégémonie militaire et diplomatique de l’Amérique entraînera des conséquences lourdes pour notre civilisation. L’Europe est face à un choix décisif pour son destin : l’affirmation de sa puissance et de son identité, ou sa transformation en terrain de jeux pour les nouvelles puissances à venir, bien décidées à prendre leur revanche sur la domination historique de l’Europe.

Par Clément Martin le 13 août 2022

[1] https://les-identitaires.fr/2022/02/25/lukraine-comme-theatre-du-retour-de-lhistoire/

[2] https://www.france24.com/fr/europe/20220801-kosovo-serbie-pourquoi-ce-regain-de-tensions

[3] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/tension-au-kosovo-les-dirigeants-serbe-et-kosovar-le-18-aout-a-bruxelles-20220805

[4] https://www.westernjournal.com/gift-keeps-giving-taliban-finding-new-use-abandoned-american-equipment-watchdog-warns/

[5] https://www.france24.com/fr/sports/20210816-afghanistan-pourquoi-l-arm%C3%A9e-afghane-s-est-rapidement-effondr%C3%A9e-face-aux-taliban

[6] https://www.lefigaro.fr/international/taiwan-accuse-la-chine-de-simuler-une-attaque-de-l-ile-20220806

Les Identitaires

mercredi 15 juin 2022

Islam dans le Grand Est, en France et dans le monde : quand Erdogan tire les ficelles


Un centre religieux sponsorisé par la Turquie d’une valeur de 100 millions de dollars ? Aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est bien sur le sol américain que cela se passe. Et ce n’est que l’avatar le plus saisissant de l’expansionnisme religieux turc.¹

Je l’avais souligné récemment, la mainmise d’Ankara sur le continent africain, par exemple, s’étend dans l’indifférence marquée d’un Occident plus soucieux de réserver ses foudres aux mercenaires de la firme Wagner. 

En effet, entre les accords de coopération militaire, la vente de matériel (en particulier, les fameux drones de la société Bayraktar, « dirigée par un des gendres du président » )² ou encore la multiplication d’ambassades, les ambitions du sultan néo-ottoman éclatent au grand jour. 

S’y ajoute la construction de mosquées, sous l’impulsion de la présidence des Affaires religieuses (Diyanet), même dans un pays à majorité chrétienne comme le Ghana.

Mais si les velléités d’Ankara concurrencent nos propres intérêts en Afrique, leur manifestation en Occident est plus préoccupante pour nous. Et point n’est besoin de regarder de l’autre côté de l’Atlantique. En Europe, la Turquie serait l’État le plus influent en matière de pratique islamique. ³

Quand le pays ne missionne pas ses propres imams pour prêcher la bonne parole, il se mêle, par exemple, de la formation religieuse. La « lutte contre l’islamophobie » constitue, par ailleurs, un prétexte habile pour légitimer une telle ingérence.

Mes propres terres du Grand Est ont d’ailleurs essuyé les plâtres de cet entrisme décomplexé. Le COJEP (Conseil pour la justice, l’égalité et la paix), créé en 1992, serait « le bras armé politique d’Erdogan ». Il aurait été fondé par « d’anciens islamistes du Millî Görüş» et par des « Loups gris nationalistes », selon Savvas Kalenteridis et Constantin Pikramenos ⁴ dans leur ouvrage consacré au service secret turc. Ce profil peu engageant n’empêche pas l’organisation d’avoir régulièrement son rond de serviette au Conseil de l’Europe ou au Parlement européen… ⁵

Un état des lieux alarmant – mais pas autant que l’apathie de nos dirigeants face à ce péril.

Tribune de Dominique Bilde, députée RN au Parlement européen le 10 juin 2022

 

1 « La diplomatie des mosquées » Courrier International, 9 juin 2022.
² « À la pointe de cette nouvelle offensive stratégique : la commercialisation de drones « made in Turkey » par la société Bayraktar, dirigée par un des gendres du président. » « Pourquoi la Turquie se tourne-t-elle vers l’Afrique ? » Le Figaro, 28 mars 2022.
³ « La diplomatie des mosquées » Courrier International, 9 juin 2022.
 MIT – Le Service secret turc: Guerre sur tous les fronts, Savvas Kalenteridis, Constantin Pikramenos, V.A Edition, 2020.
⁵ « La diplomatie des mosquées », Courrier International, 9 juin 2022.

dimanche 12 juin 2022

Démographie en berne et possible appel à l’immigration : le prochain défi chinois



C’est un rapport de l’IFRI (Institut français des relations internationales), rendu public le 5 avril 2022, qui a le premier posé cette question cruciale : « Vieille avant d’être riche, la  face au défi de sa démographie. »

Première constatation : « En raison d’une très faible natalité, la Chine fait face à un vieillissement démographique rapide et à une réduction de sa population d’âge actif. À l’horizon 2050, plus d’un habitant sur trois en Chine sera âgé de soixante ans ou plus. » D’où cette autre constatation : « Le gouvernement chinois prend d’ores et déjà des mesures pour pallier le vieillissement de la population. La politique de l’enfant unique a été abolie et de nouvelles politiques natalistes se dessinent, mais sans effet sur la  pour l’heure. »

En effet, survient dans l’empire du Milieu ce phénomène constaté dans toutes les sociétés passées de l’ère agraire à la révolution industrielle. En milieu paysan, les enfants, nombreux, sont une richesse. Dans les champs, on manque toujours de bras. Pour se loger ? Il n’est pas besoin d’être architecte en bâtiment pour agrandir la ferme. Mieux : ces mêmes enfants s’occuperont ensuite de leurs vieux parents et grands-parents. Mais dès lors que cette société se « modernise », que l’on quitte la campagne pour les villes, tout est à refaire.

Se loger à peu près confortablement devient un luxe, au moins aussi coûteux que celui consistant de payer les études des enfants. Et comme les budgets parentaux ne sont pas extensibles, on est condamné à faire moins d’enfants. Interrogé par Atlantico, le 1er juin 2021, Laurent Chalard, docteur en géographie à la Sorbonne, confirme : « Sur l’ensemble de la planète, les indices de fécondité les plus bas ne se retrouvent plus en Europe occidentale, comme auparavant, mais en Asie orientale. »

Ainsi, le  a un taux une fécondité de 0,9 enfant par femme, tout comme Taïwan, devant la Corée du Sud (0,8). Et la Chine ? Même si les statistiques n’y sont pas totalement fiables, « l’indice de fécondité y serait de 1,15 enfant par femme », soit loin des 2,1 nécessaires au remplacement des générations.

Résultat ? Toujours à en croire ce rapport de l’IFRI, la Chine doit désormais faire face aux problèmes qui étaient l'apanage des pays de la sphère occidentale : « Tous les couples sont désormais autorisés à avoir trois enfants tandis que des mesures sociales et fiscales ont été proposées afin de lever les obstacles à une remontée de la fécondité, poursuit l'IFRI. Il s’agit en particulier de favoriser l’articulation entre vie familiale et vie professionnelle pour les femmes et de limiter l’impact d’une maternité sur leurs perspectives d’emploi et de carrière, notamment grâce au développement de structures d’accueil pour les enfants en bas âge. » Mais pour qu’une telle politique dirigiste porte ses fruits, il faudra des années, voire des décennies, le temps que la tendance ne commence à s’inverser. Il faudra régler le problème d’une main-d’œuvre peu qualifiée et à bas coût s’amenuisant au fur et à mesure qu’une proportion grandissante de citoyens instruits délaisse les travaux les plus rudes pour embrasser le secteur tertiaire. Certes, en la matière, Pékin, fort de ses 21,9 millions d’habitants, bénéficie encore d’un confortable matelas. Mais jusqu’à quand ?

D’où cette question connexe : celle de l’immigration. Le  a déjà ouvert les vannes. La Corée du Sud aussi, même si elle parie sur une réunification à long terme avec la Corée du Nord, autre réservoir d’ouvriers taillables et corvéables à merci. La Chine commence déjà à y réfléchir. Selon l’IFRI, toujours : « La part d’immigrés dans la population chinoise figure parmi les plus faibles au monde. Le recours à une immigration plus massive, s’il était privilégié par les autorités dans les années à venir, ne pourra en outre apporter qu’une partie de la solution au manque de main-d’œuvre. »

En Europe, on a commencé comme ça. On voit aujourd’hui le résultat.

Par Nicolas Gauthier le 11 juin 2022

vendredi 27 mai 2022

Conflit Russie-Ukraine, Chine-Taïwan… Joe Biden pourrait-il arrêter de jeter de l’huile sur le feu ?



Durant tout le mandat de Donald Trump, on s’est dit partout effrayé de ses déclarations intempestives à l’international. Il était entendu dans les chancelleries bien pensantes que le président des Etats-Unis n’était alors qu’un abruti sans culture qui risquait de précipiter le monde dans la guerre.

On a viré Donald Trump. Joseph Robinette Biden, ex vice-président de Barak Obama, l’a remplacé. Pas sûr que la paix dans le monde y ait gagné…

Joe Biden est un vieux monsieur nourri à la guerre froide. A 79 ans, elle semble demeurer son horizon indépassable, du moins sa seule grille de lecture. Les USA sont les rois du monde, habilités à dire en tout temps et en tout lieu qui incarne le Bien – eux – et qui incarne le Mal, soit globalement tous ceux susceptibles de porter sur leur règne absolu une ombre économique. Le monde occidental est à leur botte, l’Europe en particulier, soumise à toutes les injonctions et suiveuse pour le reste. C’est au nom de ce magistère moral autoproclamé qu’ils ont tissé leur toile, multipliant les bases stratégiques sur la planète.

Au nom de son cœur qui saigne et des larmes qui lui viennent tellement facilement, invoquant Dieu à la moindre occasion, le président Biden a pris l’habitude de se lâcher : il dit, sans filtre, ce qui lui passe par la tête. S’en prend ainsi à Vladimir Poutine le 26 mars dernier : « Pour l’amour de Dieu, cet homme ne doit pas rester au pouvoir. » Comme la voiture balai sur les courses cyclistes, les pompiers de la Maison Blanche prennent le relais : cela n’a rien à voir avec la politique, c’est juste qu’il « a parlé avec son cœur ». Et tant pis pour les conséquences.

En voyage en Asie pour la conférence du Quad, l'alliance réunissant les Etats-Unis, le Japon, l'Australie et l'Inde, Joe Biden a encore laissé parler son cœur lors d’une conférence de presse à Tokyo, expliquant que les Etats-Unis étaient prêts à « défendre militairement Taïwan », parlant même d’« engagement » ferme.

En réponse, la Chine et la Russie ont fait voler leurs avions durant treize heures au-dessus de la mer du Japon. Avertissement sans frais… et rétropédalage de la Maison Blanche : « Notre politique n’a pas changé. » Repris le lendemain par Biden lui-même : « La politique n’a pas changé du tout ». On continue le business as usual (vente massive d’armes à Taiwan) et on laisse les autres s’entretuer.

Alors les experts s’interrogent : Biden est-il gâteux ou fin stratège ? Joshua Shifrinson, professeur de relations internationales à l’université de Boston, se confie à l’AFP : « Il est très difficile de dire si ce sont des gaffes ou un double jeu », mais « si c’est un double jeu, c’est incroyablement dangereux ».

Et qu’en pensent les Chinois, premiers visés ? Pour la réponse, Sonia Mabrouk (Europe 1) avait invité ce vendredi matin l’ambassadeur de Chine à Paris, Monsieur Lu Shaye. Elle l’a d’abord interrogé sur le conflit en Ukraine, relevant que « dans toute prise de parole officielle de la Chine, il n’y a jamais eu véritablement de condamnation » claire de Vladimir Poutine. Réponse de l’ambassadeur : « Oui, maintenant l’actualité c’est la guerre, mais on doit réfléchir sur la cause profonde. D’après nous, pour les Chinois, c’est les cinq cycles d’expansion de l’Otan vers l’est. » Quant à la perspective d’une « nouvelle guerre froide entre les USA et la Chine », il confie la « redoute(r) »

C’est aussi la crainte d’un analyste, Stephen Wertheim : « La réponse forte de l’Occident à l’agression russe en Ukraine pouvait servir à dissuader la Chine d’envahir Taïwan, mais les déclarations de Joe Biden risquent d’annuler ce gain ». Reste à savoir si ce n’est pas, au fond, ce que Biden recherche…

Par Marie Delarue le 27 mai 2022

mardi 24 mai 2022

Pékin accuse Washington de « jouer avec le feu » au sujet de Taïwan



La Chine met en garde les Américains sur leur défense militaire promise par Joe Biden en cas d’invasion de Taïwan. Les Etats-Unis « jouent avec le feu » a affirmé Pékin. 

Lundi 23 mai, le parti communiste chinois a accusé les États-Unis de jouer avec le feu après les déclarations du président Joe Biden selon lesquelles les Américains défendraient Taïwan au cas où la Chine tenterait de s’en emparer. 

Zhu Fenglian, une porte-parole du bureau des affaires taïwanaises du Conseil d’État, a déclaré que si les États-Unis utilisent la « carte de Taïwan » pour contenir la Chine, ils s’y brûleront eux-mêmes. Elle a exhorté aussi les États-Unis « à cesser toute remarque ou action » qui viole les principes précédemment établis avec la Chine.

Le 24 mai 2022

jeudi 12 mai 2022

Ursula von der Leyen déclare que la Russie est « la menace la plus directe » pour l’ordre international



La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déclaré jeudi 12 mai à Tokyo que la Russie était « la menace la plus directe pour l’ordre international » après son invasion de l’Ukraine.

La Russie «est aujourd’hui la menace la plus directe pour l’ordre mondial avec la guerre barbare contre l’Ukraine, et son pacte inquiétant avec la Chine», a estimé Ursula von der Leyen après avoir rencontré le premier ministre japonais Fumio Kishida avec le président du Conseil européen Charles Michel.

«L’invasion de l’Ukraine par la Russie ne concerne pas seulement l’Europe, mais elle ébranle le cœur de l’ordre international, y compris l’Asie. Cela ne doit pas être toléré», a déclaré Fumio Kishida. Et d’ajouter :

«Notre coopération en Ukraine est essentielle en Europe, mais elle est également importante dans la région indo-pacifique et nous voulons également approfondir nos consultations sur une Chine qui s’affirme de plus en plus», a déclaré Charles Michel. «Nous pensons que la Chine doit s’affirmer pour défendre le système multilatéral dont elle a bénéficié pour développer son pays».

Le Figaro

Le 12 mai 2022


samedi 30 avril 2022

Kim Jong-un promet de prendre des mesures décisives afin de parer à toute menace nucléaire contre la Corée du nord


Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a promis de prendre des mesures décisives et
 d' »écraser » toute puissance étrangère « hostile », quelques jours seulement après avoir déclaré que Pyongyang allait faire progresser son propre arsenal atomique « à la vitesse la plus rapide possible ».

« Afin d’écraser de manière préventive et complète toutes les actions menaçantes, y compris la menace nucléaire continue et aggravée des forces hostiles, si nécessaire, le Comité central du Parti maintiendra fermement la supériorité absolue de notre force révolutionnaire et la renforcera continuellement », a déclaré Kim, cité par l’agence d’État KCNA.

Par RT le 30 avril 2022