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vendredi 18 novembre 2022

Zelensky le capricieux



Zelensky est-il crédible ? C’est la question que l’on peut se poser avec l’affaire du missile tombé en Pologne et qui a causé la mort de deux personnes. Ce missile à peine écrasé, Zelensky s’empressait de déclarer : « Aujourd’hui, des missiles russes ont frappé la Pologne, le territoire d’un pays allié. Des gens sont morts. C’est une escalade très importante. Nous devons agir. »

Mon vieux camarade, le général Michel Yakovleff, ancien vice-chef d’état-major du commandement interallié pour les opérations de l’OTAN, a beau déclarer à franceinfo ne pas voir « pourquoi il s’est précipité », je ne peux m’empêcher de formuler l’hypothèse que Zelensky, justement, recherche cette escalade. Il ne faut rien exclure. Une escalade qui aurait obligé les pays de l’OTAN à intervenir au profit de leur allié polonais ou, tout du moins, à faire peser la menace d’une intervention. Bref, à la clé, la Troisième Guerre mondiale. Depuis des mois, Zelensky joue la stratégie du gamin qui fait appel au grand frère dans la cour de l’école face aux grands qui l’embêtent… ou qu’il a provoqués, voire les deux à la fois. Mais Yakovleff ajoute : « L’OTAN fera la guerre si nécessaire mais elle ne fera pas la guerre par accident et encore moins par caprice. » On veut le croire. 

L’Histoire nous apprend que, parfois, il ne faut pas grand-chose pour basculer. L’assassinat d’un archiduc autrichien à Sarajevo fut l’étincelle qui mit le feu à l’Europe et au monde, il y a plus d’un siècle. Et l’on ose espérer que les membres de l’Alliance atlantique ne sont pas disposés à passer tous les caprices de Zelensky - car on imagine que Yakovleff, qu’on ne peut soupçonner d’être prorusse, en parlant de « caprice », visait l’ancien comique ukrainien.

Visiblement, les grands frères, dont le doyen américain, ne sont pas disposés à se précipiter. Alors que, dès mercredi matin, pour Biden, une attaque russe était « improbable », que la Pologne elle-même affirmait qu’il s’agissait d’un « accident malheureux », Zelensky s’enferrait : ce tir de missile n’était « rien d’autre qu’un message de la Russie adressé au sommet du G20 ». Il ajoutait : « Je crois que c’était un missile russe, conformément au rapport des militaires. » Étrange collusion entre ce qui relève de la croyance et la réalité en principe factuelle d’un rapport militaire ! Mais Zelensky est en guerre et il fait de la propagande, comme on en a toujours fait lorsqu’on est en guerre. Le tout est de savoir jusqu’où aller dans cette propagande pour rester crédible.

Et jeudi, soudain, étonnamment, Zelensky opère un changement de pied délicat en déclarant « ne pas savoir ce qu’il s’est passé ». Jusque-là, il croyait ; désormais, il ne sait pas. Mais il n’est pas le seul à ne pas savoir : « Le monde ne le sait pas », ajoute-t-il, comme pour se dédouaner. On dirait un peu du Macron dans le texte quand il est pris en défaut. Zelensky ne sait pas ce qu’il s’est passé mais, en même temps (décidément !), précise qu’il est « sûr que c’était un missile russe que nous avons tiré depuis des systèmes de défense aérienne »

Bref, quoi qu’il en soit, c’est la faute des Russes.

Par Georges Michel le 18 novembre 2022

Boulevard Voltaire

mercredi 16 novembre 2022

Méchant crêpage de chignons à gauche



Visiblement, la question n’est pas de savoir si mais quand la Nupes explosera. On savait depuis le début que le coup de génie de Mélenchon relevait en fait du syndic de faillite, pour d’une part camoufler la perte de vitesse de la gauche française, d’autre part pour consacrer l’ascendant de la  insoumise sur les socialistes et les écologistes d’EELV. Pour l’heure, en attendant de voler en éclats tout court, la belle alliance Nupes, vole en éclats de voix.

Tout part d’une tribune publiée le 1er octobre dernier (et déjà oubliée) dans le JDD, signée par 150 élus socialistes,  en vue du prochain congrès du parti à la rose qui se tiendra du 27 au 29 janvier 2023, à Marseille. Une tribune signée par le maire de Rouen ou encore Lamia El Aaraje, conseillère de Paris, proche d’Anne Hidalgo, et Claire Fita, vice-présidente de la région Occitanie, proche de Carole Delga. De proche en proche… Ces élus, anti-Nupes, en appelent à une « troisième voie » entre la ligne Faure pro-Nupes et celle d’Hélène Geoffroy, inconnue au bataillon des Français moyens, maire de Vaulx-en-Velin, et candidate au poste de Premier secrétaire face à Faure à qui elle reproche sa  d’« effacement du PS ». Donc, entre Faure et Geoffroy, une troisième voie serait possible.

Jusque-là, on était dans des disputes intestines, voire intestinales, au sein d’un PS devenu crépusculaire et groupusculaire. Quelque chose qui n’intéresse personne, sauf quelques spécialistes ou passionnés qu’on s’arrache dans les dîners du mercredi soir. Quand l’affaire prend un tour plus amusant.

Invité sur le plateau de Public Sénat, le très charismatique  est interrogé, ce 15 novembre, sur cette troisième voie. Réponse réaliste de celui qui a tout compris des questions de rapports de forces : « Je ne comprends pas cette ligne. Qui peut sérieusement penser qu’un parti de gauche peut s’imposer seul ? Même Mélenchon, avec 22 %, n’a pas réussi à accéder au second tour. Avec nos 1,5 %, nous aurions été bien en peine ». Et là, un petit camarade socialiste se tenait en embuscade. En l’occurrence, le sénateur de  David Assouline, proche d'Hidalgo : « On va continuer à te l’expliquer cher Olivier. Cet accord électoral ne peut pas devenir le cadre  et stratégique pour que la gauche redevienne majoritaire dans le pays. Il faut engager les Refondations, populaires mais jamais populistes, nécessaires pour unir toute la gauche ». Apparemment, ils lui ont déjà expliqué, à Olivier, mais il n’aurait donc pas tout compris…

Mais la polémique, qui aurait pu rester interne au PS et donc n’intéresser personne ou tout du moins pas grand monde, prend alors un nouveau tournant, lorsque l’actrice Sophie de La Rochefoucauld, bien connue des fans de Plus Belle la Vie, suppléante et attachée parlementaire de Sophia Chikirou, député de la 6e circonscription de Paris, proche de Jean-Luc Mélenchon (encore une proche !), entre dans la danse : « Fermez la Assouline. Vous osez donner des leçons de  avec vos 2% La gauche ne se refondera pas avec vous qui êtes de droite ». 

Une sorte de mix entre le « Taisez-vous Elkabbach » de Georges Marchais et une maxime de l’ancêtre de l’Insoumise du Bottin mondain (« Le silence est le parti le plus sûr de celui qui se défie de soi-même »). C’est alors que la sénatrice socialiste de Paris, Marie-Pierre de La Gontrie, proche d’Anne Hidalgo (on pourra appeler cette polémique picrocholine la « guerre des proches »), rappelle, malgré sa noblesse moins ancienne, la haute et puissante dame de La Rochefoucauld à ses devoirs et à la bienséance d’une presque duchesse à tabouret : « Ressaisissez vous : Vous êtes suppléante de députée LFI et son attachée parlementaire et parlez à un sénateur comme Hanouna au député Boyard ? » 

On se régale. Cette mauvaise langue de Saint-Simon aurait fait son miel de tout cela.

Par Georges Michel le 16 novembre 2022

Boulevard Voltaire

vendredi 14 octobre 2022

Crise de la pompe à essence : « On a merdé ». Sans blague !



« On a merdé… » Sans blague ! Franceinfo rapporte les confidences d’une conseillère ministérielle à propos de la gestion de la  par le gouvernement. « Retard à l’allumage », « un train de retard », manque d’anticipation, mauvaise appréciation de la situation sur le terrain, communication mal gérée, etc. Bref, sous couvert de l’anonymat, ça se lâche dans les coursives du pouvoir pendant que le capitaine pérorait sur France 2, mercredi soir, exposant son beau profil aux embruns de la grande histoire et des  du monde.

Le « on a merdé » est révélateur. « On », comme on dit, est un c…

Pardon de raconter mes campagnes, mais ça me rappelle farouchement une histoire personnelle remontant à un quart de siècle. Alors en opération extérieure, venant d’apprendre par hasard qu’une bonne centaine de militaires avait été oubliée dans la prise en compte de leur solde OPEX et que cela allait entraîner de sérieux retards dans le paiement de ce qui leur était dû, je déboule un beau matin dans le bureau de l'administratif, responsable de ce raté. Le brave officier des détails, benoîtement, me répond en haussant les épaules et levant les yeux au ciel, un peu résigné : « Désolé, on a merdé ! ». Et je lui réponds tout de go, un peu agacé, d’autant que j’étais dans la centaine d'oubliés : « Non, c’est pas ‘‘ON a merdé’’ mais ‘‘VOUS avez merdé’’ ».

C’est un peu le même problème avec ce gouvernement, comme avec les précédents du règne Macron : c’est jamais leur faute. D’ailleurs, Emmanuel Macron a vraiment trouvé le job qui lui convient à la perfection : président de la République, vu que le chef de l’État est irresponsable. Constitutionnellement parlant. Mais chez Emmanuel Macron, vous l’aurez noté, politiquement aussi. Quand il y a des erreurs, il a une fâcheuse tendance à passer à un « nous » qui n’a rien de majesté et qui permet de diluer sa part de responsabilité. Cela dit, sur cette affaire du blocage des raffineries, il n’y est pas pour grand-chose. Que l’État n’ait pas vocation à résoudre tous les conflits sociaux, comme l’a dit, en gros, Emmanuel Macron, dans son interview, mercredi soir, on peut le comprendre. Mais il y a tout de même des secteurs stratégiques qu’il convient peut-être de surveiller plus particulièrement et pas le nez sur l’obstacle. Cela s’appelle justement l’anticipation. Heureusement que nous ne sommes plus, ou pas encore, en guerre, car, paraît-il, les chars ne fonctionnent pas encore à l'énergie éolienne…

Autre confidence d’un conseiller ministériel, toujours révélée par franceinfo : « On ne retient pas les leçons. Dès que ça touche l’essence, il faut se saisir du sujet à la seconde ». Encore une fois, sans blague ! La crise des  n’aurait donc pas servi de leçon. Nous ne ferons pas les mêmes erreurs - ou presque -, nous en ferons d'autres ! Effectivement, il reste quelques Gaulois dans ce pays qui sont obligés de prendre leur bagnole pour aller bosser et conduire leurs enfants à l’école. On ne leur a pas dit ?

Par Georges Michel le 13 octobre 2022

Boulevard Voltaire

lundi 10 octobre 2022

Question à Pannier-Runacher : faire la queue à la pompe, c’est un fonctionnement normal ?



On l’apprenait par Twitter, ce dimanche après-midi :  a été testée positive au Covid. Mais qu’on se rassure : « Je m’isole et continue à assurer mes fonctions, notamment pour soutenir l’approvisionnement en  des stations-service en lien avec l’ensemble des acteurs », a annoncé le ministre de la Transition énergétique. Tous nos vœux de prompt rétablissement et tout ça.

Soutenir l’approvisionnement en carburant des stations-service : ça consiste en quoi, au juste ? APR (on va maintenant l’appeler comme ça, histoire de gagner de la place dans le texte et de l'aider à se faire un acronyme bankable comme VGE, PPDA ou CIIIR, mais à ne pas confondre avec EPR) a-t-elle l’intention d’enfiler une combinaison de chauffeur-livreur de gasoil ? Partir faire la tournée des grandes surfaces et des cambrousses où survivent, vaille que vaille, quelques héroïques stations-service de village ? La même APR claironnait, vendredi, que « plus de 80 % des stations-service du territoire fonctionnent normalement ». Au fond, pour un pays en voie de sous-développement, c’est pas mal, 80 % ! C’est même bien. 

Marine Le Pen a donc beau jeu de surenchérir là-dessus, toujours sur Twitter : « 40 à 50 % dans le Nord et le Pas-de-Calais, c’est tout simplement inacceptable. Ce gouvernement n’anticipe rien, ne contrôle rien. Et personne n’est jamais responsable de rien ! » Et si la préfète de Vaucluse a pris un arrêté encadrant la distribution de carburant, ce n’est sûrement pas parce que ça fonctionne « normalement ». D’ailleurs, « normalement », ça veut dire quoi, exactement ? Faire la queue trois quarts d'heure, voire plus, si la station est ouverte, est-ce un fonctionnement normal ? Ne pouvoir acheter que trente litres d’essence, est-ce un fonctionnement normal ? Et, pire : un conflit entre automobilistes excédés qui se termine à coups de couteau, est-ce un fonctionnement normal ? On ne sait plus trop.

Certes, ce conflit social dans les entreprises de raffinerie n’a rien à voir avec la fin de l’abondance annoncée par Emmanuel Macron à la rentrée, mais il faut avouer qu’il tombe bien, si l’on peut dire ainsi : subir la pénurie, c’est déjà expérimenter la sobriété ! Subie, certes, mais bon… Au fait, cela ne vous a sans doute pas échappé qu'APR a trouvé une nouvelle expression pour qualifier les pauvres : « Ceux qui sont en situation de sobriété subie. » On va dire les CQSESDSS, en jargon administratif. D'ailleurs, il faudrait qu'elle leur dise, APR, aux CQSESDSS, si c'est le moment d'acheter en Bourse, comme elle le fit en 2020.

Avouez tout de même que tout cela prend une drôle de tournure qui donne une envie furieuse de remplir sa baignoire de gasoil et ses placards de nouilles et de lentilles, au cas où. La peur de manquer : un truc qui nous vient du fond des âges, quand on a encore un peu de mémoire collective. Et de se refiler ses bonnes adresses pour s’approvisionner en granules de bois, nouveau produit phare qu’il faudra bientôt mettre au coffre, ou sa petite astuce pour se fabriquer un chauffage d’appoint avec des pots de fleurs et des bougies. Si, si, en plus, c’est joli. À quand le gazogène comme dans Papy fait de la résistance ?

Il va être grand temps de lire ou relire le roman de Jean Dutourd, Au bon beurre. Charles-Hubert et Julie Poissonnard, modestes crémiers parisiens en 1939, terminent multimillionnaires et marient leur fille avec un aristo à la fin de la  et du roman. De quoi donner tout plein d'espoir à toute une génération entrepreneuriale…

Par Georges Michel le 9 octobre 2022

Boulevard Voltaire

mercredi 5 octobre 2022

Un demi-siècle de flamme !



Le Rassemblement National, anciennement Front National, fête, ce 5 octobre, son cinquantième anniversaire. 50 ans, c’est l’âge mûr ! Du parti groupusculaire, fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen sous Georges Pompidou, au mouvement comptant sous Emmanuel  plus d’une centaine de parlementaires (nationaux et européens), que de chemin parcouru ! Mais aussi - et peut-être surtout -, que de chemin parcouru par la France…

La France macronienne n’a plus rien à voir avec la France pompidolienne. Tout comme le Rassemblement National, que Jordan Bardella préside aujourd’hui par intérim et probablement de plein droit en novembre prochain, n’a plus grand-chose à voir avec ce parti dont le fondateur faisait 0,75 % des voix (191.000 électeurs) à l’élection présidentielle de 1974. En 1972, personne n’aurait parié un nouveau franc sur l’avenir du Front national, constitué de bric et de broc de nostalgiques de l’ française, de Vichy mais aussi d’authentiques résistants et sur fond d’un antigaullisme solide. Aujourd’hui, ce même parti qui - dit-il, dit-on - serait aux portes du pouvoir, a ramassé les morceaux de la vraie croix gaulliste, abandonnée dans le caniveau par les partis se réclamant du gaullisme, en faisant de la défense de la souveraineté française l’un de ses principaux chevaux de bataille.

En 1972, la France pompidolienne était une France industrielle, industrieuse, qui ne rasait pas encore les murs, alors même qu’à peine dix ans plus tôt, elle avait abandonné l’ dans des conditions douloureuses. Une France qui ne rasait pas les murs ? Il faut se souvenir comment fut célébré le bicentenaire de la naissance de Napoléon en 1969. On était loin du service minimum donné en 2019 sous Emmanuel Macron à l’occasion du 250e anniversaire… Néanmoins, n’oublions pas aussi que c’est durant ces années pompidoliennes que fut amorcé le tournant en matière d’immigration : il fallait bien faire tourner les bétonnières pour construire les tours ! Jean-Marie Le Pen fut sans doute visionnaire sur ce sujet. En effet, quelques années plus tard, avec Giscard, on passa à la vitesse supérieure avec le regroupement familial, ouvrant ainsi la porte à une immigration, plus seulement de travail, mais de peuplement. Sous la construction des tours pompidoliennes, on posait les bases d’une France qui, cinquante ans après, n’a plus tout à fait la même identité, pour ne pas dire plus.

Cinquante ans, donc. En 1972, lorsque le FN fut créé, un autre parti avait passé, lui aussi, la cinquantaine : je veux parler du Parti communiste français, fondé en 1920 à Tours. À l’époque, le PCF pesait encore lourd : Jacques Duclos avait obtenu 21,2 % des voix à l’élection présidentielle de 1969 quand le socialiste Gaston Defferre ne récoltait que 5 %. Et le 12 juillet 1972 (toujours 1972 !), le PCF signait le Programme commun de la gauche avec François Mitterrand. On connaît la suite : le grand méchant loup à la faucille fut mangé par le petit chaperon rose. Avec la montée inexorable du Front national, le RPR, puis l’UMP, puis LR auraient peut-être pu jouer la même histoire à droite. Piégés par la gauche, ils ont préféré courir après elle, laissant à chaque élection toujours plus de plumes. Jusqu’au point de basculement. Le plat de l’Histoire ne passe qu’une fois. Cinquante ans plus tard, les héritiers du parti gaulliste gèrent un syndicat d’élus avant, peut-être, de se transformer en syndic de faillite quand le parti à la flamme, lui, semble poursuivre son ascension.

Qu’en sera-t-il, par la suite ? Les partis sont des organismes vivants qui croissent, décroissent, se transforment, meurent parfois. Au gré des aspirations du corps  et de ses retours de flamme... Visiblement, le Rassemblement national semble l’avoir bien compris.

Par Georges Michel le 5 octobre 2022

Boulevard Voltaire


mardi 12 juillet 2022

Amélie de Montchalin, bientôt ambassadrice ? Lot de consolation ou reconnaissance de ses compétences ?



Bruissement de rumeurs dans les cercles autorisés : Madame de Lombard de Montchalin, née Amélie Bommier, ancienne ministre défaite aux élections législatives, pourrait être nommée ambassadrice. Sa carrière  s’étant sérieusement contractée du fait de l’ingratitude populaire, elle en est réduite, pour l’instant, à jouer les utilités au conseil régional d’Île-de-France, dans l’opposition sous l’étiquette « IDF Majorité présidentielle », où comment être en même temps dans l’opposition et la majorité.

Un article de Marianne, dans la rubrique « Indiscrétions » révèle, ce 11 juillet, que la très éphémère ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, « serait pressentie à un prestigieux poste d’ambassadrice dans un pays européen ». Le très informé Jean-Dominique Merchet, journaliste à L’Opinion et « pacha » du blog Secret-Défense, twittait lundi «  pourrait être nommée ambassadeur à Rome » avant de corriger le tir, deux heures plus tard : « Une source proche du dossier assure à L’Opinion qu’Amélie de Montchalin  ‘‘n’est pas candidate au poste d’ambassadrice à Rome et ne le sera donc pas’’. Dont acte. J’utilisais le conditionnel ».

Deux remarques sur cette info donnée à L’Opinion par cette « source proche du dossier ». Premièrement, on déduit que l’on peut être candidat à une ambassade lorsqu’on est ancien ministre. Deuxièmement, si l’hypothèse romaine est évacuée, cela ne signifie pas que Madame de Montchalin ne concourt pas pour une autre ambassade… Par exemple, la place d’ambassadeur auprès de la cour de Saint-James est libre depuis la nomination de Catherine Colonna aux Affaires étrangères. N’oublions pas que l’ancienne ministre n’a jamais renié son attachement à « la grande famille jésuite et ignatienne », pour rependre ses propres mots prononcés dans un discours, alors qu’elle n’était que députée, le 30 juillet 2017 à Namur à l’occasion de la naissance de la nouvelle Province d’ occidentale francophone de la Compagnie de Jésus…

Certes, ce ne serait pas la première fois qu’un ancien ministre est « recasé » à un poste d’ambassadeur. Passons sur la très exotique ambassade des Pôles (dans le texte « chargée de la négociation internationale pour les pôles arctique et antarctique ») qui n’est que la partie émergée de ces « ambassades thématiques », nées au début des années 2000, sous Chirac. Une sorte de liste à la Prévert qui va de la gestion des crises à l’étranger aux migrations en passant par le numérique ou encore la science, la technologie et l’innovation. Comme on sait, Ségolène Royal fut une ambassadrice des pôles très active, ou tout du moins, très médiatique.

On pourrait évoquer ces nominations d’anciens ministres comme ambassadeur auprès d’instances internationales. Une façon de renvoyer poliment l’ascenseur sans que l’exil ne soit trop douloureux. Ainsi, Rama Yade, débarquée du gouvernement, fut nommée déléguée permanente de la France auprès de l’UNESCO. C’est pratique : le siège de l’UNESCO est à Paris. Un poste que Catherine Colonna avait occupée en 2008 au sortir du gouvernement Villepin. Mais elle, au moins, était diplomate de métier. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) n'est pas mal non plus, d’autant que le siège est aussi à Paris. Xavier Darcos, après avoir été ministre de l’Éducation nationale sous Fillon, y fut nommé de 2005 à 2007 avant de prendre la fonction d’ambassadeur thématique pour la  culturelle extérieure de la France.

Quant à la nomination d’anciens ministres à des postes d’ambassadeur auprès d’États souverains, reconnaissons que cela a toujours existé. Evoquons Talleyrand, nommé à Londres de 1830 à 1834 ou encore le maréchal Pétain, ancien ministre de la Guerre en 1934, nommé à Madrid le 2 mars 1939. Mais on était là, non pas dans une logique de récompense mais dans un contexte particulier pour lequel le gouvernement estimait devoir nommer une personnalité de grande stature. On n’en dira pas autant de la nomination de Jean-Pierre Jouyet, ancien secrétaire général de l’Élysée sous Hollande, ancien secrétaire d’Etat sous Sarkozy, nommé par Macron en septembre 2017, à l’ambassade de Londres.

Mais avouons que cette rumeur de nomination de Montchalin tombe bien mal, quelques mois à peine après qu’Emmanuel Macron a supprimé le corps diplomatique, réforme à laquelle, du reste, Montchalin mit la main à la pâte. N’oublions pas qu’elle fut secrétaire d’État aux Affaires européennes de 2019 à 2020 puis, de 2020 à 2022, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. Une réforme faite au prétexte du « décloisonnement de l’administration » qui passe très mal dans l’administration du quai d’Orsay. Décloisonner pour mieux permettre ce  de nomination ?

Par Georges Michel le 12 juillet 2022

Boulevard Voltaire

dimanche 10 juillet 2022

Tant Vallaud qu’à la fin il se brise



Où vont les socialistes ? Le savent-ils eux-mêmes ? Les mauvaises langues diront qu’Olivier Faure, leur premier secrétaire, s’est embarqué dans la NUPES pour éviter l’ultime naufrage, garder un groupe à l’Assemblée et, accessoirement, conserver son mandat de député. Prenez Combs-la-Ville, l’une des communes les plus importantes de la 11e circonscription de Seine-et-Marne où Olivier Faure est élu député depuis 2012 : au premier tour de l’élection présidentielle, Mélenchon a obtenu presque 31 % des suffrages exprimés, quand la candidate socialiste n’a réussi à grappiller péniblement que 1,15 % des voix. Juste devant Poutou et Arthaud… Un peu léger pour enclencher une dynamique pour les  et de quoi donner sérieusement à réfléchir...

Embarqués, donc, pour le meilleur et pour le pire dans cette galère. Ou ce train – nommé désir ?-, puisque c’est à un train que le leader Mélenchon compare la NUPES. Et « il en coûtera très cher de descendre » de ce train, a-t-il prévenu, vendredi. Interdiction d’ouvrir les portes avant l’arrêt total ! Le meilleur, c’est évidemment le résultat aux législatives. Le pire, c’est le spectacle donné mercredi dernier par l’extrême gauche qui a vociféré lors du discours de  générale d’Elisabeth Borne. Certes, il y avait parfois de quoi hurler à entendre les propos tenus par le Premier ministre. Comparer la situation de 1958 à celle d’aujourd’hui, il fallait oser ! « Rappelons-nous qu’en 1958, les Gaullistes ne sont pas majoritaires à l’ quand la Ve République connaît ses premières heures et crée les CHU et l’assurance chômage. » Sauf que Le Touquet n’est pas La Boisserie et Macron n’est pas de Gaulle. Mais ce n’est sans doute pas pour cette comparaison historique osée que les petits camarades d’Olivier Faure ont fait leur cirque.

Si l’on ne sait pas trop où va le PS, en revanche, on le sent obsédé par le (supposé) passé du parti de ses collègues placés à l’ de l’hémicycle. En effet, pour répondre à la déclaration de politique générale d’Elisabeth Borne, c’est Boris Vallaud – M. Najat Belkacem – qui s’est coltiné l’escalade de la tribune pour le groupe socialiste. Et là, curieusement, il a réussi l’exploit de s’adresser aux députés du Rassemblement National qui ne font pas partie de la majorité et ne contribuent pas au gouvernement. 

« Ceux dont vous êtes les héritiers n'étaient pas dans les murs de cette enceinte en 1946, je n'ose dire où ils étaient pour la plupart, ceux dont vous êtes les héritiers étaient en revanche sur le banc des accusés de Zola ». C’est décidément une obsession à gauche de vouloir évoquer les origines du Front National, devenu depuis Rassemblement National. Anne Hidalgo s’y était amusée en 2016 en déclarant que le FN, fondé en 1972, avait « soutenu » la collaboration avec les nazis. Elle a été condamnée en première instance, en mars 2016, à 500 euros d’amende avec sursis, à verser un euro de dommages et intérêts au FN et 2.000 euros pour frais de justice. Elle s’était désisté de son appel en juin 2017...

Boris Vallaud serait bien inspiré d’étudier un peu l’histoire de son parti avant de donner des leçons aux autres formations politiques. A titre d'exemple, faut-il rappeler qu’un certain Pierre Vaillandet (1888-1971), élu député de Vaucluse en 1936 avec le Front populaire, membre imminent de la SFIO, ancêtre direct du PS, vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940, bascula dans la collaboration, fut condamné par contumace en 1946 (Tiens, justement, 1946 !) à la dégradation nationale à vie, à la confiscation de ses biens et à cinq ans d'interdiction de résidence en région parisienne. On ne poussera pas la cruauté jusqu’à rechercher à quelle place il siégeait à la Chambre. Sans doute pas très loin de l’emplacement 514 où M. Vallaud a posé son séant.

Par Georges Michel le 9 juillet 2022

Boulevard Voltaire

vendredi 17 juin 2022

Des canons pour l’Ukraine : et notre armée française ?



« Combien c’est beau, combien c’est grand, combien c’est généreux la France ! » On connaît cette phrase du général de Gaulle. On ne sait pas si la France est encore belle, si elle est encore grande mais on sait, en tout cas, qu’elle est généreuse. Tout du moins qu’Emmanuel  l’est pour elle. En effet, ce dernier, à l’occasion de sa visite en Ukraine à annoncé qu’ « au-delà des douze Caesar déjà livrés, j’ai pris la décision de livrer six Caesar additionnels ».

Le Caesar (Camion équipé d’un système d’artillerie) est ce canon de 155 mn, capable d’atteindre ses cibles jusqu’à 40 kilomètre. Conçu et produit par la France, il équipe les huit régiments d’artillerie de l’ de terre. La première fois qu’il fut utilisé par nos forces, ce fut en 2009 en Afghanistan. Ils a depuis été employé au Mali, en Irak avec une efficacité redoutable. L’histoire de notre artillerie française est ancienne et glorieuse. On se souvient de Gribeauval, qui conçut au XVIIIe le premier système d’artillerie complet comprenant l’armement (canon, obusier et mortier) et, ce qui était nouveau à l’époque, les matériels d’accompagnement (chariot, caissons à munitions). Bien évidemment, notre canon de 75 fut sans conteste le « canon-roi » du premier conflit mondial. Et, très probablement, les historiens des prochains siècles hisseront ce fameux Caesar au rang de ses illustres prédécesseurs.

Un artilleur me parlait de ce canon Caesar comme la « Rolls Royce » de l’artillerie. Par ses performances opérationnelles, notamment sa mobilité qui lui permet de dégager rapidement d’une position avant d’être repéré par l’ennemi, mais aussi par son nombre : 77 Caesar ont été livrés à l’ de terre en 2008. A titre de comparaison, l’armée française était dotée de 5.600 canons de 75 en 1914 ! 

Mais les armées n’ont plus la même dimension. 77 canons répartis, grosso modo, en trois ensembles : un parc dans les régiments d’artillerie et les camps d’entraînement pour l’instruction de nos unités, un parc pour l’engagement et enfin un parc de maintenance. Les douze, et bientôt dix-huit canons, livrés à l’Ukraine, ont été et vont être pris sur ces 77. Près d’un quart de notre artillerie Caesar ! 

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu a certes demandé à Nexter, le groupe industriel qui fabrique le Caesar, de revoir son organisation afin d’accélérer la production des canons, a-t-on appris, jeudi, par une source du ministère (L’Opinion). Une demande qui aurait « été effectuée en amont de la visite à Kiev », nous dit Challenges. « En amont », c’est-à-dire ? On ne commande pas un canon sur  pour la semaine prochaine ! En attendant et en clair, l’ française a été en partie désarmée.

Plusieurs questions se posent alors

L’ de terre est-elle aujourd’hui en mesure de remplir son contrat opérationnel si elle devait, engager une division otanienne dans un conflit dit de haute intensité, avec deux brigades et donc deux régiments d’artillerie, avec au total une trentaine de canons Caesar ? Ensuite, l’armée de terre a été dotée de ces canons en application d’une  loi de programmation. 

Le Parlement a-t-il été consulté pour ce don, ou tout du moins, cette mise à disposition de matériels appartenant à la nation ? Autre question, plus technique : ces canons très sophistiqués nécessitent une chaîne de maintenance performante, pour rester opérationnels en dépit des vicissitudes du combat. Cette logistique a-t-elle été aussi livrée à l’Ukraine ? 

Par ailleurs, ces canons ne lancent pas des bouquets de fleurs. Qu’en est-il – et c’est là, peut-être la question la plus préoccupante – des quantités de munitions livrées à l’Ukraine et les conséquences sur nos stocks opérationnels ? On se souvient qu’en mars dernier, le sénateur LR Christian Cambon, président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères et de la Défense, avait affirmé que le stock de munitions de la France ne permettrait pas de tenir plus de deux semaines un conflit de haute intensité. Hervé Grandjean, porte-parole du ministre des Armées, s’était voulu rassurant à défaut d’être convaincant : « La France est dotée d'une dissuasion nucléaire, c'est le moyen d'éviter des conflits de haute intensité sur le territoire national ». Le directeur général de Nexter avait de son côté confirmé, comme l’avait relaté BFM Business, que la production d’un obus « prend entre deux et trois ans ».

La France, c'est beau, c'est grand, c'est généreux. Mais la France doit être aussi prévoyante...

Par Georges Michel le 17 juin 2022

Boulevard Voltaire