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samedi 29 avril 2023

Mélenchon appelle policiers et gendarmes à s’opposer à Macron : républicain ?



Vendredi soir, Jean-Luc Mélenchon a posté sur YouTube une vidéo appelant à un « raz-de-marée » pour le 1er Mai. Dans sa célèbre veste « travailleur », il a, sans surprise, centré la première partie de son intervention sur la suppression des régimes spéciaux, qui n'aura pas lieu, comme nous l'expliquait Éric Letty. Du classique destiné à mobiliser sa base traditionnelle.

Mais - plus surprenant - Mélenchon s'est ensuite adressé aux policiers et aux gendarmes, les invitant à rejoindre les manifestations du 1er Mai et à se mettre en grève contre une réforme des retraites les concernant aussi : « Votre intérêt, c'est d'entrer dans la lutte, d'être présent le 1er mai, de faire grève et de refuser d'accomplir les brutalité absurdes et cruelles que parfois on vous demande de faire, contre la déontologie de votre métier. »

Qu'aurait-on dit, qu'aurait-il dit si, je ne sais pas, Jordan Bardella ou Éric Zemmour en avait fait de même ? Mais pour la gauche, tout est permis.

Ce contre-pied de Mélenchon par rapport à sa rhétorique et sa clientèle traditionnelles est habile. Le contentieux entre les Insoumis et les forces de l'ordre est ancien et profond. Il n'est qu'à écouter le refrain bien connu de ses troupes : « Tout le monde déteste la police. » Ou rappeler les délires verbaux de ses lieutenants Léaument, Bernalicis ou Portes contre la police. On comprend donc que le leader émérite de LFI ait éprouvé le besoin de tenter quelque chose. Pas sûr, cependant, que les sermons du vendredi soir du père Méluche suffisent à rabibocher ces deux mondes.

Mais cet appel aux forces de l'ordre révèle aussi, comme parfois chez Mélenchon, une intuition politique plus intéressante. Avec un pouvoir considérablement affaibli qui n'a trouvé aucune solution politique à l'impasse dans laquelle il s'est placé avec cette réforme des retraites qui va plomber durablement le quinquennat, et une contestation qui se prolonge en casserolades à chaque sortie de ministre, les forces de l'ordre deviennent, comme lors des gilets jaunes, un point de fixation. D'un côté, elles restent le seul soutien légal du pouvoir ; de l'autre, elles attirent la hargne des manifestants insoumis ou Black Blocs. Dans cette situation, tout élément qui viendrait semer le doute dans ce maillon essentiel à la survie d'un pouvoir impopulaire peut devenir déterminant. Et c'est bien ce que Mélenchon a relevé et voulu exploiter, en vieux madré de la politique : « Si vous croyez que le pouvoir qui vous caresse la tête vous protégera, vous vous trompez. Voyez déjà comment ils ont méprisé les gendarmes, en disant que c'est parce qu'ils n'avaient rien compris qu'ils avaient confisqué les casseroles à des manifestants. » Mélenchon a bien vu tout le parti qu'il pourrait tirer de celle maladresse évidente du pouvoir et visé juste en mettant en exergue son mépris. Pour les policiers, il a même regardé plus loin : « Vous êtes appelés à ne pas avoir de vacances en région parisienne pour assurer la protection des lieux des Jeux olympiques. Vous n'aurez ni juillet, ni août. Vous laisserez faire ? Non, bien sûr, je suis sûr que non. » Une fois de plus, c'est bien vu.

Il y a peu de chances que policiers et gendarmes aient été hypnotisés par la vidéo de Mélenchon et se mettent à marcher derrière lui, lundi, sur l'Élysée. En revanche, tout cela nous dit quelque chose sur l'air du temps.

Par Frédéric Sirgant le 29 avril 2023

Boulevard Voltaire

lundi 3 avril 2023

Au RN, qui irait à Matignon ? Marine Le Pen tient à se préserver



Il est bien loin et bien éculé, le slogan « Mélenchon à Matignon ». La NUPES se déchire autour de la législative partielle de l’Ariège qui a vu la sortante Insoumise sortie par une dissidente PS, elle-même soutenue par les rebelles du Parti socialiste comme Carole Delga ou Nicolas Mayer. Pendant ce temps, le Rassemblement National fait face au problème inverse. Marine Le Pen l’a répété ce week-end. Elle ne suivra pas les pas d’Édouard Balladur, Édith Cresson ou encore Lionel Jospin. La patronne du groupe RN a été à nouveau catégorique dans une interview donnée au quotidien Ouest-France : en cas de victoire aux élections législatives, elle n’ira pas à Matignon.

« Les conditions présidentielles ministérielles ne sont pas de même nature. Marine Le Pen a une vision stratégique et politique, ce n’est pas une exécutante », explique, au téléphone, son conseiller spécial Philippe Olivier. Ne pas se carboniser à Matignon pour ne pas perdre de vue l’Élysée. L’accession à Matignon du Rassemblement National ne peut arriver qu’avec une éventuelle dissolution (toujours pas à l’ordre du jour) et une victoire écrasante du parti aux élections législatives anticipées. « Si nous gagnons sans majorité absolue, ce sera ingouvernable », nous confie un député RN qui cite en exemple le cauchemar vécu par le groupe Renaissance, trop souvent à la merci d’alliés de circonstance capricieux. « Ils n’auront même pas cette marge de manœuvre, qui voudrait s’allier avec le diable », soufflait, aux Quatre-Colonnes, un élu de la majorité, il y a quelques jours.

La route de l’Élysée ne passe pas par Matignon ?

François Fillon, Dominique de Villepin, Lionel Jospin, Édouard Balladur… L’histoire de la Ve République a démontré que Matignon était plus souvent le tombeau d’une carrière qu’une ultime étape avant l’Élysée. « L’erreur serait de voir l’accession à la fonction présidentielle comme une carrière dont l’étape serait Matignon », analyse Philippe Olivier. « Matignon n’est pas une sous-chefferie avant d’être chef », insiste-t-il. Olivier sait que les procès en amateurisme du RN, s’ils ont pris du plomb dans l’aile, ne sont pas si éloignés. Mais cela n’empêche pas le Rassemblement national de considérer cette hypothèse avec sérieux. Ainsi, le président du RN Jordan Bardella avait tenu, pendant sa conférence de presse de rentrée, à signaler l’existence d’un « Plan Matignon » visant à donner au RN la majorité en cas de dissolution. Mais est-ce un scénario enviable pour le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella ?

Le piège de la responsabilité sans le pouvoir

« Si nous gagnons les élections législatives, nous mettrons en place un gouvernement d’union nationale », assure l’entourage de Marine Le Pen. « Tout dépend des conditions, murmure un député RN. Si on gagne avec une majorité relative, il faudra mettre à Matignon quelqu’un qui accepterait de se cramer... » En d’autres termes, il reviendrait au Premier ministre RN d’essayer de gouverner en alternance avec Emmanuel Macron face à un parti présidentiel hostile et une NUPES qui verrait l’accession au pouvoir du RN comme un produit dopant inespéré, une occasion de rejouer les heures sombres et le bruit des bottes. En d’autres termes, subir les inconvénients sans les avantages. Marine Le Pen avait prévenu : le Rassemblement national « ne jouera pas les pompiers » d’un exécutif et d’une NUPES branchés sur le mode pyromane.

Alors, qui ?

Jordan Bardella, Sébastien Chenu, Louis Aliot, Thierry Mariani, Laure Lavalette, Laurent Jacobelli… Les députés RN contactés ne manquent pas de noms à évoquer. Tout dépend du cas de figure et des conditions mais, au sein du Rassemblement National, on est persuadé d’avoir la ressource humaine nécessaire pour ne pas envoyer Marine Le Pen en première ligne. « Si on a une majorité absolue, le candidat sera assez facile à trouver », juge un élu du groupe. Entre l’Élysée et Matignon, il y a donc la même distance qu’entre le Capitole et la roche Tarpéienne. Au fond, Matignon, c’est un peu le récif : il annonce l’arrivée au port mais est aussi synonyme de naufrage. Et cela, les gars de la Marine le savent.

Par Marc Eynaud le 3 avril 2023

Boulevard Voltaire

lundi 6 mars 2023

Quand la majorité présidentielle donne à Louis Boyard des leçons de dignité médiatique…



 aime le buzz. Souvenir, sans doute, de ses années de chroniqueur chez Hanouna, cet « élu de la République », qui se définissait jadis plutôt comme dealer, ne cesse de chercher des moyens de provoquer. L'agit-prop est, certes, une constante chez les communistes : il n'y a qu'à voir pour cela les insultes qu'a essuyées Olivier Dussopt depuis les bancs de La France insoumise pendant le débat sur la . Chez les enfants, on appellerait ça « faire son intéressant ». Chez les grandes personnes, on en fait une technique de combat politique.  a donc dénoncé Bolloré sur une chaîne du groupe Bolloré, enregistré un clip de rap minable dont il a été brièvement question dans les colonnes de BV, et il vient à présent de publier une vidéo tout à fait dans l'air du temps, pour qu'on ne l'oublie pas.

Dans cette brève prise de parole, le député insoumis lance un « Blocus Challenge » : il demande à tous les lycéens et étudiants qui participeront à la manifestation du 7 mars de se prendre en photo devant leur établissement bloqué, sous forme de concours TikTok. L'équipe de bloqueurs gagnante, tirée au sort parmi les clichés numériques, bénéficiera d'une visite de l'Assemblée nationale. Ce défi audacieux a immédiatement suscité une levée de boucliers du côté des bourgeois : la région Île-de-France, dirigée par Valérie Pécresse, a porté plainte contre le député LFI. Quant à , elle a réagi par un tweet sans équivoque : « L’Assemblée n’est pas un prix de concours. La politique n’est pas un challenge TikTok. Vous devriez les servir, vous leur faites du mal. Respectez votre fonction, respectez votre institution, respectez les Français ! »

Voilà une indignation comme la Macronie sait les faire : surjouée, ronflante, avec les valeurs, le respect, etc., mais surtout, une indignation sans la moindre crédibilité. Alors, comme ça, « l'Assemblée n'est pas un prix de concours » ? Même pas pour les gagnants du « nouveau monde », à peine sortis d'école de commerce, pour les vieux tocards du PS ou de LR qui ont trahi au bon moment, ou pour les ambitieux diversitaires ? « La politique n'est pas un challenge TikTok » ? 

Mais alors, pourquoi  a-t-il reçu à l'Élysée Mcfly et Carlito, youtubeurs stars, et a-t-il accepté, en guise de « gage », de poser avec une photo des deux amuseurs grimaçants ? Pourquoi n'a-t-il cessé, par médias interposés, de mettre à bas l'image de la présidence de la République ? Tantôt dans les bras de délinquants ultramarins à moitié nus, tantôt accueillant des travestis dans la cour de l'Élysée, ici parlant au monde de la culture de Robinson Crusoé qui prend « du jambon et du fromage », là courant derrière Joe Biden pour lui cirer les bottes devant les caméras, un jour au bureau en sweat-shirt de commando et mal rasé (« Nous sommes en guerre »), un autre commandant une mini-série à sa gloire pour l'élection présidentielle (Le Candidat)... Le Président de cet État dont  est le quatrième personnage n'a fait que cela, de la mauvaise com' racoleuse, du TikTok et du YouTube, des coups d'éclat infantiles et des selfies douteux (dont le dernier, halluciné, attablé en boîte de nuit à Kinshasa, une bière à la main, avec un chanteur local).

Les utilisateurs de Twitter n'ont pas manqué de citer la phrase (apocryphe) de Bossuet sur les effets et les causes. Il est vrai que quand on a transformé la noble et difficile tâche de gouverner en un happening permanent, en un histrionisme de Narcisse que l'on dirait sous psychotropes, il ne faut guère s'étonner que l'opposition joue sur le même registre. À force de tout salir et de tout hystériser, il ne restera peut-être plus rien, après dix ans de macroneries, de ce qui fut jadis la Ve République. Il ne restera que les petites combines et les scandales, les photos et les coups de com', un déficit record aussi.  ne mérite pas tant d'honneur : il ne représente pas une menace pour quoi que ce soit, il est bien trop ridicule. 

Il n'est que le symptôme d'une dégénérescence généralisée, le ganglion un peu pourri qui confirme le diagnostic du cancérologue.

Par Arnaud Florac le 6 mars 2023

mercredi 1 mars 2023

La gauche vent debout contre le service national universel



Si le service national obligatoire () est critiquable aisément sur le fond, la gauche y préfère la forme. Alors que le gouvernement réfléchit à instaurer une participation obligatoire au  pour les lycéens de certains départements, la NUPES voit, comme souvent, rouge. Ainsi, le député LFI Bastien Lachaud a dénoncé, ce mardi, dans l’Hémicycle, un endroit où l’on « chante La Marseillaise, on marche au pas et ou on y vit une parodie de préparation militaire ». L’horreur, quasiment le nazisme, comme dirait l’autre. La cause de la colère du député Lachaud mais, au-delà, de la NUPES : « Embrigader les lycéens pour mettre les jeunes au pas », accuse le député Insoumis qui défend la conscription voulue par Jean-Luc Mélenchon « s’adressant à de jeunes adultes payés au SMIC et leur permettant de s’engager dans des causes sociales ou écologiques ». Un député du  s'agace : « Oui, en fait, il veut payer les bloqueurs de routes d’Extinction Rebellion. »

En se positionnant contre le SNU, la gauche envoie aussi un message aux lycéens mobilisés contre la réforme des retraites : elle agit pour eux ! On pourra noter, d’ailleurs, le paradoxe d’une extrême gauche opposée à l’embrigadement des jeunes dans le  mais partisane d’une instrumentalisation des mineurs dans sa lutte politique contre les retraites. LFI n’est évidemment pas seule à pourfendre le SNU. Ainsi les élus EELV Sandra Regol et Benjamin Lucas ont dénoncé la pratique de « pompes » exécutées à 22 h 30 dans la cour d’un lycée strasbourgeois. Une punition inconcevable pour la gauche qui y voit un châtiment corporel promu par un SNU « paternaliste et réactionnaire ». Un verbatim qu’on retrouve notamment chez le très gauchiste syndicat SUD Éducation, qui qualifie le  de « surenchère réactionnaire et militariste ». Des positions qui rendent effectivement difficile l’acceptation d’un éventuel uniforme à l’école, comme l’avait défendu le député  Roger Chudeau dans la niche parlementaire du groupe de Marine Le Pen.

Une attaque qui passe mal, dans les rangs de la majorité : celle-ci rappelle que Jean-Luc Mélenchon avait « proposé la même chose ». Dans les faits, la conscription voulue par l’ancien candidat à l’élection présidentielle est très éloignée du  pour les raisons citées ci-dessus, mais elle ne fait surtout pas l’unanimité au sein de la NUPES, et notamment du côté d’Europe Écologie Les Verts. Dans une conférence de presse, cet après-midi, EELV a par ailleurs reconnu que l’acte I de la NUPES touchait à sa fin et qu’il fallait « réfléchir à un acte II », admettant que l’accord avait été négocié très rapidement. En d’autres termes, La France insoumise n’est pas porte-parole de la NUPES et, sénatoriales et européennes approchant, il y a fort à parier que les divergences programmatiques entre les différentes formations vont s’épaissir jusqu’à paraître insurmontables. En cela, le  va bénéficier de la division de la gauche et du désintérêt du Rassemblement national.

Mais c'est aussi le coût - près de deux milliards d’euros pour « un caprice présidentiel », selon les termes de Lachaud - qui sucite l'opposition de la NUPES : celle-ci reproche au gouvernement de trouver deux milliards pour cette structure et pas 60 millions pour les repas à un euro pour les étudiants.

En bref, fidèle à ses vieux tropismes ringards à force d’être jeuniste, la gauche de la gauche a définitivement rompu avec ce qui l’avait rendu politiquement légitime à la fin du XIXe siècle : l’éducation. Et ce n’est pas l’état de l’Éducation Nationale, qui aurait bien besoin de hussards noirs, qui pourrait démentir ces propos.

Par Marc Eynaud le 28 février 2023

Boulevard Voltaire

dimanche 19 février 2023

Affaire Palmade : la laideur de la France d'en haut



Même s’il est nécessaire de s’en remettre à la justice et à son fonctionnement pour établir la réalité des faits et traiter les conséquences judiciaires de la tragédie dont Pierre Palmade est le responsable, force est constater que la façon dont le système médiatique a réagi n’est pas reluisante. Cela raconte finalement des choses assez laides sur notre société. Et en particulier sur cette France d’en haut qui s’autorise tant de choses tout en continuant à dispenser à tout propos ses cours de morale.

Concernant les faits, et même si évidemment il faut être prudent, il apparaît qu’un certain nombre sont établis. Le comédien sous l’emprise de substances illicites a provoqué un très grave accident de la circulation à la suite duquel, s’il a lui-même été grièvement atteint, trois membres d’une même famille ont basculé dans la tragédie. Et l’on a appris quelques détails sur les deux passagers qui l’accompagnaient et se sont enfuis, ainsi que sur le contexte dans lequel se trouvait Pierre Palmade au moment où il a décidé de prendre son véhicule. Il s’agirait d’une « fête sexuelle » avec surconsommation de produits stupéfiants. La justice donnera à toutes ces infractions les suites qu’elles méritent, et il faut bien évidemment s’en remettre au processus judiciaire pour cela. Cela étant on peut émettre quelques observations sur ce que dit ce « fait divers » sur le fonctionnement de la France en ce début 2023.

La première de ces observations porte sur ce secret de polichinelle d’une France d’en haut s’autorisant en toute impunité à utiliser des produits interdits. Nourrissant ainsi des trafics multiples qui gangrènent du haut en bas l’organisation sociale. Aux pauvres le crack, aux riches la cocaïne. Et que l’on ne vienne pas nous dire que ces violations de la loi font l’objet d’un traitement normal par la justice. Hasard du calendrier, il y a quelques jours démonstration a été faite dans ces colonnes de cette passivité dès lors qu’il s’agissait d’un parlementaire de la majorité Macronienne. Dans l’affaire Palmade s’y ajoutent ces excès sexuels que l’on ne peut qualifier autrement que de dépravation. On se rappellera les conditions de la mort de Richard Descoings le directeur qui a détruit Sciences-po et dont la mémoire fut saluée par des concerts de louanges dans le bloc élitaire. L’addiction est une chose, s’y vautrer en se considérant au-dessus des lois et en organisant sa protection en est une autre. Cela s’appelle de la dépravation.

Il y a ensuite, les premières réactions du système médiatique se précipitant plein de compassion sur le sort du malheureux Pierre Palmade sans dire un mot des victimes de la famille ravagée. Business is business bien sûr, les « peoples » ça fait vendre coco. On a immédiatement appris que Muriel Robin et Mimi Marchand avait quitté la soirée des « Victoires de la musique » pour se précipiter au chevet de leur ami souffrant. Torrent de tweets de la France d’en haut pour manifester sa compassion à l’artiste. Répercussion massive des « communiqués » soulagés de sa famille pour donner des nouvelles de sa santé et dire qu’il était sorti d’affaire. On aurait pu penser que la discrétion s’imposait et concernant l’auteur présumé de lourdes infractions pénales, il valait mieux raser les murs. Et peut-être exprimer sa compassion aux victimes. Il fallut attendre… Le sommet de l’inconscience sera atteint par François Rollin avec son tweet exonérant Palmade de sa responsabilité pour la faire porter « au pouvoir qui se fout complètement de l’addiction ».

Naturellement, les réseaux ont immédiatement réagi de façon rageuse à cet événement, caricatural dans sa façon de décrire un fonctionnement social que la France d’en bas exècre. Évidemment dans un lynchage médiatique, comme dans tous les autres, la meute a toujours une sale gueule. Cela n’a pas manqué, mais cette fois-ci, les belles âmes ont immédiatement réagi. Ces belles âmes qui sont les premières à lancer ou à participer à des campagnes médiatiques dès lors qu’elles concernent leurs adversaires politiques, ou pour faire avancer de mauvaises causes ont soudainement redécouvert l’importance des principes : « il faut laisser la justice faire son travail, attendons l’enquête, vive la présomption d’innocence ». Festival de tartuferie que ces soucis à géométrie variable qui ne trouvent application que dès lors qu’il s’agit de protéger ses amis. 

Faisons un petit détour pour l’illustrer par Jean-Luc Mélenchon. Qui est venu sur les plateaux prendre la défense d’Adrien Quatennens pour son retour à l’Assemblée nationale. Avec des arguments imparables, sur le fait que sa condamnation était actée et que la justice ne l’avait pas condamné à une peine d’inéligibilité. Mais en oubliant soigneusement que lui-même et ses troupes font systématiquement le contraire dès lors qu’il s’agit d’un leurs adversaires politiques ou de ces cibles faciles qui permettent de prendre la pose. 

Damien Abad, en sait quelque chose lui qui n’est même pas poursuivi par la justice. On ajoutera que Jean-Luc Mélenchon a oublié ses nombreuses propositions antérieures pour rendre inéligible à vie les titulaires d’un casier judiciaire. Quelle géométrie variable ?

Dans quelques jours l’infosphère sera passée à autre chose. Pierre Palmade va devoir se débrouiller avec sa faute et rendre des comptes le jour venu devant la justice. Les victimes innocentes dont la vie est brisée vont devoir la poursuivre avec un malheur sans limite.

L’affaire Palmade est un fait divers. Mais comme tous les faits divers, il parle d’une société et en particulier de sa partie supérieure. Et l’image qu’il nous en donne raconte de la dépravation, du dévoiement et de l’hypocrisie. C’est celle d’une décadence.

Le constater et le dire fait naturellement de vous, un réactionnaire, un populiste, voire un idiot utile du nazisme.

Par Régis de Castelnau le 14 février 2023

Vu du Droit

mardi 7 février 2023

La France doit exiger des excuses de Louis Boyard



Une fois n’est pas coutume. Difficile de ne pas donner raison à Gérald Darmanin lorsqu’il évoque l’envolée tout sauf lyrique du jeune député Nupes  dans les rangs de l’. Le ministre épingle la diatribe du jeune député LFI, ce moment « sans doute pour vos réseaux sociaux », ces 15 secondes de célébrité, ce « petit moment de reconnaissance ».

 en a besoin. Lorsqu’on vit dans un autre univers, il faut de temps à autres s’assurer qu’on existe réellement. Pour Boyard, l’exercice est assez simple. Il reprend sans le moindre recul la mythologie révolutionnaire en carton pate du petit communiste contemporain. Toutes les idées simples, veules, répétées par l’extrême gauche remontent alors à la surface sans avoir été digérées. Cela donne, ce 7 février à l’Assemblée nationale, ce qu’il doit prendre pour un brillant effet de manche anti-flics. « Je n’ai pas de leçons à recevoir d’un ministre qui instrumentalise la police à des fins politiques, qui dit que la police n’a jamais tué ». Il évoque « les contrôles abusifs à la couleur de peau ». Et poursuit, il est lancé. « Vous volez deux ans de vie aux  et à leurs parents avec votre , vous affamez dans les universités, vous écrasez les lycéens sous la pression de Parcours sup, vous les condamnez par votre inaction climatique, vous les noyez dans le chômage et les bas salaires, vous pensiez qu’ils allaient se laisser faire ? Non ! Vous les réprimez, nous les soutenons ! » Et Boyard, survolté, la voix égosillées, d’en appeler à ses protégés, aux jeunes damnés de la terre : « Étudiants, bloquez toutes les universités du pays ! Lycéens, … » Il ne finira pas, son micro est coupé.

Chaque époque depuis le XIXème siècle a la gauche qu’elle mérite. La France a eu Jaurès, Clémenceau, Mitterrand. A la tête du PC, Marchais était matois, Lajoinie fit ce qu’il put, Fabien Roussel n’est pas si malhabile. Aujourd’hui, la Nupes, qui ne cesse de surprendre dans le pire, offre une tribune dans les rangs de l’Assemblée à ce mini-Lénine de cour de récréation, prêt à soulever les lycées, les collèges demain et peut-être les écoles primaires sans autre mobile que de se donner le frisson du chauffeur de salles.

Car tout est imaginaire chez . Dans le monde de Louis Boyard, la police est une bande de tueurs à gages à la main du pouvoir, ivre de contrôles au faciès, tous racistes de la pire eau. Le pouvoir vole la vie des , rien que cela. Cela ne lui suffit pas, il les affame, comme Lénine au temps des koulaks. Parcours sup écrase les lycéens et le ministre condamne son peuple par « l’inaction climatique », cette tarte à la crème qu’on garnira de tous les ingrédients vrais ou faux de l’imaginaire écologiste. Ce n’est pas tout, le pouvoir, décidément divin, a le tort de ne pas offrir à chaque lycéen un salaire de Pdg et à chaque non diplômé un emploi en or. Sur ce constat délirant, l'énergumène se donne tous les droits, en appelle au blocage des universités et des lycées. Le bébé pyromane, plus gonflé qu’un ballon sonde chinois au-dessus du territoire américain, a définitivement quitté le monde tangible. Ces dernières heures, il a mis ses idées à exécution, appelant à bloquer la fac de Rennes.

Pour une fois, Darmanin n’a pas vu des Anglais déchaînés mais un député français pitoyable et déconnecté. « Oui Monsieur le député, vous êtes la caricature de ce que j’essaie de dénoncer dans Le Parisien, c’est-à-dire la bordélisation du pays, répond le ministre de l’Intérieur. Oui, Monsieur le député, vos propos prêteraient à rire s’ils n’étaient pas si grave de la part d’un représentant de la nation ».

Et Darmanin de défendre l’honneur des policiers vomis par cet élu du peuple. « Ceux qui gardent notre sécurité, qui meurent sous le couteau du terrorisme, les policiers, ces petites gens, ces ouvriers de la sécurité, vous les réinsultez ici en disant qu’ils tuent. C’est une honte. Ce mépris social qui est le vôtre… », commence le ministre. On n’en entendra pas plus, le micro a été coupé.

 vit ailleurs. Dans son monde à lui, tout est injuste sauf lui. Tout est cruel, sauf lui. Tout est méchant, sauf lui. Tout est orgueil, sauf lui. Cet ego surdimensionné doit désormais prononcer des excuses. Des excuses aux policiers qui risquent leur peau pour la sécurité des Français face aux concentrés de haine de la trempe de Louis Boyard. Des excuses au ministre qui représente la France et, en l’occurrence, les forces de l’ordre. Des excuses à nos policiers qui font leur devoir. Des excuses à l’ toute entière qu’il salit de ses numéros indignes de fort en gueule et d’athlète de foire. Des excuses aux Français qui lui versent un salaire et ont le droit de dire à ce révolutionnaire en barboteuse d’aller faire le fier ailleurs que dans cette enceinte historique. Des excuses à la France qui souffre d’assez de maux pour qu’un élu les aggrave pour se donner des frissons.

Par Marc Baudriller le 7 février 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 26 janvier 2023

La tragédienne Mathilde Panot ne serre pas la main du vil Bardella



De son stylo virevoltant, le journaliste de BFM Maxime Switek mène le débat sur la réforme des retraites. En tout animateur de chaîne d'info sommeille un Herbert von Karajan contrarié, une vocation refoulée de diriger un débat politique comme on dirige le philharmonique de Berlin. Tambour battant. Cheveux au vent. Pus fort à gauche, encore plus fort, doucement sur la droite, et boum ! la grosse caisse de , ah ! le doux violon d'Olivier Véran, pianissimo Bardella. La formation de la soirée se compose de ce simple trio. De la musique de chambre pour futurs pensionnaires de maisons de retraite.

Le concert va bon train mais un détail chiffonne le chef d'orchestre. Lors de son arrivée, l'instrumentiste de La France insoumise a refusé de serrer la main de . La dame s'est drapée dans sa dignité de résistante aux fanfares populistes. Son compagnon de conservatoire, le jeune Louis Boyard, a montré la voie à la tribune de l'Assemblée. Pas une seule fausse note face à l'ennemi de droite, pas une seule compromission. Une poignée de main acceptée et c'est la porte ouverte à des étreintes plus... Le militant LFI n'ose imaginer où le mènerait cette relation furtive. Non, le puriste de gauche ne cède pas à cette invitation amicalement louche. De louche il ne serre point. De pince non plus. Un Bardella peut dissimuler dans sa paume un quelconque poison violent, une aiguille, un oursin... Mort subite assurée, « intelligence avec l'ennemi » marqué au fer rouge sur la carte du parti, plutôt remourir que subir cet outrage ! (Des cours d'art dramatique ponctuent la formation du jeune cadre Insoumis.)

« Mais pourquoi ? », demande Maxime Switek. Pourquoi Mathilde a-t-elle refusé de serrer la main de Jordan ? Le temps est venu de comprendre cette fin de non-recevoir. Est-ce une brouille passagère, un accrochage sur le parking de BFM, une blague de mauvais goût dans les couloirs ? Le journaliste ne mesure pas l'ampleur du mélodrame interprété ce soir par son invitée. La réponse résonne dans l'amphithéâtre de la chaîne d'info : « Parce que je considère que le Rassemblement National ne sera jamais un parti comme les autres. » Diantre ! Mon royaume pour des moufles ! Avant que son interlocutrice n'enchaîne sur une tirade inspirée du la tragédie grecque,  demande : « Vous avez serré la main d'Olivier Véran ? » Non. À part sa droite sur l'avenue menant au studio, elle n'a rien serré, ce soir. Et encore ! Elle prit bien soin de se maintenir le plus loin possible du bord de la route. Des automobilistes de gauche auraient pu se méprendre sur l'intégrité de son engagement.

 

 s'inquiète : « Ah d'accord. Donc, vous ne serrez la main à personne ? » Embarras de la manophobe : « Je, je... Non, j'ai dit bonjour. je vous ai dit bonjour aussi. » De loin, sans masque ni protection d'aucune sorte. La cascade n'est même pas soulignée par l'ensemble des invités. Vexée, l'intrépide Insoumise est repartie sans dire au revoir.


Par Jany Leroy le 26 janvier 2023


Boulevard Voltaire

dimanche 11 décembre 2022

Budget : Élisabeth Borne déclenche un neuvième 49.3, LFI dépose une motion de censure



La Première ministre Élisabeth Borne a déclenché dimanche un neuvième 49.3 pour faire adopter sans vote la partie "dépenses" et l'ensemble du projet de budget de l'Etat pour 2023 en nouvelle lecture devant l'Assemblée nationale. Les députés insoumis ont de suite répliqué par le dépôt d'une nouvelle motion de censure.

Le volet "recettes" adopté, un neuvième 49.3 dégainé, et une nouvelle motion de censure dans la foulée... L'Assemblée nationale a connu dimanche une séance express selon un scénario déjà connu, à la veille de la dernière semaine d'examen du projet de budget 2023. Quelques dizaines de secondes après avoir vu la partie "recettes" adoptée en nouvelle lecture, après le rejet d'une motion de censure des Insoumis, Élisabeth Borne est remontée à la tribune pour brandir à nouveau l'arme constitutionnelle sur la partie "dépenses" et l'ensemble du projet de loi de finances.

78 voix pour la nouvelle motion de censure

Devant un hémicycle fortement clairsemé pour cette séance dominicale, la plupart des députés étant en circonscription, la cheffe du gouvernement a "regretté" une "multiplication des motions (qui) a considérablement restreint le temps des discussions". Celle de dimanche n'a recueilli que 78 voix. Elle a assuré ne pas abandonner sa "volonté de bâtir des compromis" et mentionné des mesures retenues du Sénat sur "le financement des transports publics en Ile-de-France" ou "la lutte contre l'habitat indigne en Outre-mer".

À ce neuvième 49.3, les députés LFI ont répondu par une neuvième motion de censure venue de la gauche (dont trois de l'ensemble de la Nupes), contre "l'autoritarisme du gouvernement (qui) n'a pas de limite". La motion pourrait être étudiée mardi ou mercredi, mais n'a guère plus de chances d'aboutir. Son rejet vaudrait adoption de l'ensemble du projet de budget de l'Etat en nouvelle lecture, avant un dernier passage au Sénat, et un très probable dixième 49.3 la semaine prochaine à l'Assemblée pour conclure son examen.

Borne défend le retour d'un texte enrichi

Dimanche, députés de gauche et de droite ont profité de leur temps de parole sur la motion de censure LFI précédente pour défendre leurs positions et également aborder la réforme des retraites. "Vous êtes minoritaires donc vous supprimez le vote", a accusé Eric Coquerel (LFI), reprochant au gouvernement d'avoir esquivé avec le 49.3 des débats chauds du budget, sur les impôts locaux notamment, ou d'avoir écarté des amendements adoptés, comme les 3 milliards d'investissement sur le ferroviaire. Sur les retraites, "il vous faudra bien plus qu'un 49.3 pour vous en sortir", a-t-il lancé.

Élisabeth Borne a elle défendu en retour un texte enrichi de contributions des oppositions "sur la demi-part des veuves" ou "sur les carburants alternatifs". La socialiste Valérie Rabault a critiqué des "seuils" sur le bouclier tarifaire énergétique qui "vont laisser de nombreuses collectivités locales sur le carreau". Véronique Louwagie (LR) a critiqué, comme d'autres élus, un "budget manifestement insincère" au vu des prévisions de croissance.

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