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mardi 30 août 2022

Sondages après sondages : l’irrésistible ascension du Rassemblement National…



Depuis l’arrivé en force de 89 députés lepénistes à l’Assemblée nationale, il y a comme une ambiance. On imagine que la dernière étude de la très officielle Fondation pour l’innovation politique, publiée fin août, devrait contribuer à la plomber davantage encore. Ainsi, apprend-on, auprès d’un échantillon de plus de trois mille personnes, le tout décortiqué sur près de soixante pages, que nous sommes en train de changer d’ère politique. Résumons.
Du 21 avril 2002, quand Jean-Marie Le Pen crée la surprise du premier tour de l’élection présidentielle, le vote dit « protestataire » – celui qui ne s’est pas reporté sur des partis donnés pour être de gouvernement – représente 29,6 %, soit près d’un tiers de l’électorat. Le 10 avril 2022, il est désormais de 55,6 % ; c’est-à-dire largement majoritaire. Lors du dernier scrutin présidentiel, si les mouvements de droite protestaire tiennent le haut du pavé : 32,3 % des voix si l’on additionne celles de Marine Le Pen, Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan, ceux de gauche ne sont pas non plus à négliger : 23,3 % pour Jean-Luc Mélenchon, Philippe Poutou et Nathalie Arthaud.
Au sein de cette nébuleuse, la présidente du Rassemblement National tient évidemment la première place : « Près de la moitié des électeurs (47 %) voient comme "une bonne chose" que, "lors des élections législatives de juin 2022, 89 députés du RN aient été élus, formant le groupe d’opposition le plus important à l’Assemblée nationale". C’est une "mauvaise chose" pour 33 % des répondants et "ni une bonne chose ni une mauvaise chose" pour 19 %. » Soit 66 % de Français favorables ou indifférents à cette nouvelle configuration politique. Là, il ne s’agit plus de « dédiabolisation », mais d’une véritable normalisation.
Plus intéressant encore, à en croire cette étude : « Les idées du RN trouvent un soutien à gauche et à droite. La plupart des proches de Reconquête ! (89 %) sont d’accord avec les idées du RN, ainsi que la moitié (47 %) des proches de LR. Mais les idées du RN trouvent aussi un fort soutien dans l’électorat de gauche : 39 % des proches de LO-NPA, 24  % de ceux de EELV, 22 % de ceux du PCF-LFI, 17 % de ceux du PS. Enfin, 15 % des proches de LREM et un tiers (32 %) des répondants qui ne sont proches d’aucun parti se reconnaissent dans les idées du RN. »
Voilà qui valide donc la ligne politique d’une Marine Le Pen entendant incarner un « bloc populaire » s’opposant à un « bloc élitaire ». Pourtant, son refus d’une hypothétique « union des droites » ne l’empêche visiblement pas d’engranger de plus en plus de suffrages chez ces mêmes électeurs de droite. Et même de sortir, selon l’expression malheureuse d’Éric Zemmour, de son ghetto des « classes populaires », sachant que « le vote RN progresse dans les catégories sociales supérieures : entre le premier tour des législatives 2017 et celui de 2022, le vote des cadres en faveur du RN est passé de 5 % à 13 %, et celui des professions intermédiaires de 11 % à 16 %. »*
Il est un fait qu’en la matière et ce sans l’avoir forcément voulu, le polémiste, en radicalisant sans cesse sa campagne, a permis à sa concurrente de rendre la sienne plus apaisante, entre « Force tranquille » à la François Mitterrand (1981) et « Fracture sociale » de Jacques Chirac (1995), stratégies gagnantes dans les deux cas. En revanche, la stratégie du « bloc populaire » contre le « bloc élitaire » demeure toujours pertinente, 81 % des électeurs macronistes persistant à classer la candidate du RN à « l’extrême droite », alors « qu’un tiers des proches de LO-NPA (35 %) comme des proches du PCF-LFI (34%) ne jugent pas Marine Le Pen “inquiétante”. La plupart des proches de LO-NPA (59 %) et 35 % des proches du PCF-LFI sont même d’accord avec l’idée selon laquelle Marine Le Pen “a un bon projet pour le pays”. »
Et pour la suite ? Cette étude semble montrer que l’ascension du Rassemblement National est tout, hormis résistible : « Seuls 55 % des électeurs de Marine Le Pen au premier tour de la présidentielle ont voté au premier tour des législatives. L’abstention cache donc une réserve électorale pour le RN. » Comme avait coutume de le dire son père, « l’avenir commence toujours demain… »
Par Nicolas Gauthier le 30 août 2022  



mercredi 20 juillet 2022

Quand un député macroniste fait le salut nazi à l’Assemblée nationale…



La récente  a manifestement eu des effets secondaires inattendus, touchant même l’Assemblée nationale. Ainsi, ce 12 juillet, Rémy Rebeyrotte, député  de Saône-et-Loire, s’y est-il fendu d’un salut nazi très remarqué, s’attirant au passage les reproches d’un de ses collègues, Marc Le Fur, des LR : « Ne recommencez plus. Ce n’était pas beau, monsieur Rebeyrotte. » Il est un fait que ce geste était pour le moins « inapproprié », pour reprendre l’actuelle vulgate progressiste.

Il y a néanmoins une raison à tout, même aux comportements les plus inattendus. Explications du présumé coupable, dès le lendemain, sur son compte Facebook, qui assure avoir « subi la pression physique de trois fachos », à la buvette de l’Assemblée. On ne sait ce qu’on y sert ; mais ça doit être du lourd… Interrogé le 20 juillet par le site Creusot-Infos, Rémy Rebeyrotte en dit plus : « Lors d’un des deux votes sur le passe sanitaire, un élu du Rassemblement National, qui est en haut de l’Hémicycle et qui doit être du nord de la France, a fait un salut nazi. Je lui ai alors fait le même signe pour très clairement lui signifier que ce n’est pas possible. »

Au-delà de cet échange de politesses, on n’en saura pas plus sur l’élu incriminé ; pas plus, d’ailleurs, que sur les « trois fachos » plus haut évoqués. Ayant retrouvé à la fois sa mémoire et ses esprits, au moins se rappelle-t-il ceci : « Monsieur Chenu, dans un couloir, a cherché à m’intimider. Mais il va avoir du mal. » Le député  Sébastien Chenu, en revanche, ne voit pas en quoi il aurait incriminé quiconque, et surtout pas le très fantasque Rémy Rebeyrotte, qui n’en est pas à sa première tocade.

En effet, cet ancien socialiste est connu, à en croire France Info, pour souvent s’adresser hors micro à ses collègues lepénistes en ces termes : « Je vous trouve un peu socialiste-national. » Ou encore ce très finaud : « On dirait Nuremberg aux heures de pointe. » Encore un qui a manqué une belle carrière dans le stand-up, et dommage que Jamel Debbouze ait laissé passer un tel talent : Rémy Rebeyrotte aurait sûrement fait un tabac à la dixième édition du Marrakech du rire.

Car il est vrai que ses sketches sont depuis longtemps fort bien rodés, tel qu’en témoigne sa prestation au palais Bourbon, le 18 novembre 2020, lors d’une proposition de loi relative à « la France des accents », durant laquelle il fait l’apologie de la chanteuse Aya Nakamura, affirmant qu’elle « est en train de réinventer un certain nombre d’expressions françaises […] et de porter au niveau international de nouvelles expressions ».

Exemple à l’appui, avec sa chanson « Pookie » : « Blah blah blah d’la pookie. Ferme la porte, t’as la pookie dans l’side. Blah blah blah d’la pookie. Ferme la porte, t’as la pookie dans l’sas. » À côté, JoeyStarr, c’est Alfred de Musset.

Mais il en faudrait plus pour arrêter cet homme qui enseigne l’économie à la Sorbonne. Une chance qu’il ne fasse pas de même de la langue française. Quoiqu’un cours de sémantique comparée sur les blagues Carambar™ aurait pu lui aller comme un gant bien taillé à une main joliment faite.

En attendant, Rémy Rebeyrotte a été convoqué par la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, tandis que Marine Le Pen exigeait? ce même jour? qu’il soit entendu pour répondre, pas forcément de ses faits, mais au moins de ses gestes déplacés. Et le salueur impromptu de continuer à revendiquer son salut à l’AFP « pour montrer à un élu  qu’il ne devait pas lui-même le faire »;

Quand Rémy Rebeyrotte voudra lutter contre le sexisme, il n’aura donc plus qu’à pincer les fesses de Sandrine Rousseau en expliquant que c’est très mal de le faire. On lui souhaite bien du courage pour la suite, personne n’ayant forcément envie de se faire trépaner avec un crayon à Rimmel™ ou égorger à grands coups de sac à main.

Par Nicolas Gauthier le 20 juillet 2022

Boulevard Voltaire

samedi 2 juillet 2022

RN : vers la fin du plafond de verre et du cordon sanitaire ?



À propos du fameux « plafond de verre » censé empêcher  de gagner, le sondeur Jérôme Sainte-Marie affirmait, dans le dernier numéro de la revue Éléments : « Son niveau électoral s’est successivement déplacé de 15 % à 24 %, puis à 33 % et, aujourd’hui, à 41 %. Il n’y a pas de plafond de verre pour Marine Le Pen, ou alors c’est un monte-charge ! » Et encore, ces propos étaient tenus avant les élections législatives et l’arrivée en force de 89 députés RN au palais Bourbon. Succès que vient désormais couronner l’accession à deux vice-présidences, bousculant ainsi un autre tabou, l’autre fameux « cordon sanitaire ».

Mieux : on notera que Sébastien Chenu et Hélène Laporte ont été respectivement élus avec 290 et 284 voix, soit largement plus que celles dont dispose ce groupe. Ce qui signifie, en bonne logique, qu’il y a eu arrangement entre le RN,  et LR.

Sans surprise, Boris Valaud, patron du groupe socialiste, s’insurge : « Il y a deux cents députés qui ne sont pas du Rassemblement national qui ont voté pour le Rassemblement National, alors qu’ils avaient d’autres choix. Cela veut dire que la banalisation de l’extrême  continue d’être à l’œuvre. Il ne faut pas jouer avec les allumettes, il faut se garder de ce genre d’expérience funeste et de collusions qui finissent en général dangereusement. » Et l’écologiste Julien Bayou de s’alarmer : «  se dévoile et se fait marchepied, non seulement de la dédiabolisation du RN, mais aussi de son institutionnalisation. » Ce que, par ailleurs, semble parfaitement assumer Aurore Bergé, patronne du groupe macroniste : « C’est important que toutes les sensibilités voulues par les Français soient représentées. » Éric Woerth ne fit pas autre chose, évoquant une « répartition logique ».

Il n’y a pas à dire, les temps changent… Les écologistes, en revanche, ne changent pas. En témoignent les deux candidatures impromptues de Benjamin Lucas et de l’inénarrable Sandrine Rousseau, mais qui n’ont chacune récolté qu’une petite trentaine de voix. Et les mêmes de reconnaître avoir « un peu forcé la main de leurs alliés de la NUPES » qui, elle, s’en tenait à une seule candidate, Caroline Fiat, élue avec 284 voix. Bref, ça commence à tanguer dans la maison mélenchoniste.

Quoi qu’il en soit, et même si le Rassemblement National a vu lui échapper la tête de la commission des finances, il faut reconnaître que la ligne apaisée de  a fonctionné au-delà de toutes espérances. Le regard porté sur ce mouvement a changé ; les rapports de force aussi. En effet, et ce, par quelque bout que l’on considère la question, le RN demeure le premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale. Il faudra donc compter avec lui. Voilà qui a déjà commencé.

Un qui avait pris de l’avance en la matière, c’était Lionel Jospin, candidat à l’élection présidentielle de 2002, évincé par Jean-Marie Le Pen, mais qui déclarait, le 29 septembre 2007, sur France Culture : « Pendant toutes les années du mitterrandisme, nous n’avons jamais été face à une menace fasciste et, donc, tout antifascisme n’était que du théâtre. Nous avons été face à un parti, le Front national, qui était un parti d’extrême droite, un parti populiste aussi à sa façon, mais nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste et même pas face à un parti fasciste. »

Ce théâtre, du genre subventionné et attirant de moins en moins de spectateurs, vient aujourd’hui de déposer le bilan. On ne s’en plaindra pas.

Par Nicolas Gauthier le 30 juin 2022

Boulevard Voltaire

jeudi 23 juin 2022

Le Rassemblement National désormais tenu pour le principal parti d’opposition au gouvernement !



Sacrés sondages… Traditionnellement, on les porte en étendard lorsque favorables, on leur dénie toute légitimité dès lors qu’ils ne le sont pas ou plus ; d’autres allant même jusqu’à évoquer ces fameux « votes cachés » que dissimuleraient plus ou moins sciemment les instituts de sondage. Pourtant, force est d’avouer, avec le recul, que les sondeurs ne se trompent pas tant que ça, même si n’ayant pas anticipé la percée foudroyante du Rassemblement  National à l’Assemblée.

Un sondage, commandé, ce 22 juin par BFMTV à Elabe, nous en dit un peu plus sur cette situation parlementaire inédite. Il semblerait ainsi que le groupe parlementaire mené par Marine Le Pen soit considéré par une presque majorité de Français comme le premier opposant à Emmanuel Macron, avec 43%, devant la Nupes (31%) et les LR (4%). Les mêmes Français sont même majoritaires à estimer que « le parti qui sort le plus nettement renforcé du scrutin » est le RN (54%), très loin devant la Nupes (18%), Ensemble (7%) et les LR (2%).

D’ailleurs, 65% de sondés estiment que le fait majeur à retenir de cette élection demeure « le succès » du Rassemblement National, tandis qu’ils sont 64% à juger qu’il s’agit « d’un échec » pour Emmanuel Macron et 32% « d’une déception » pour la Nupes. Plus intéressants encore sont ces sept Français sur dix qui se disent « satisfaits » de cette absence de majorité au Parlement. Mieux, 94% des électeurs du RN et de la  partagent cet avis, ainsi que 72% de ces fameux abstentionnistes. Très logiquement, 59% de ceux qui ont apporté leurs suffrages aux listes macronistes sont d’un avis contraire. Toujours aussi logiquement, 44% des Français préfèreraient donc un gouvernement qui privilégierait des négociations « au cas par cas avec un ou des partis d’opposition en fonction des projets de loi », contre seulement 19% qui appelleraient de leurs vœux un « gouvernement d’union nationale ».

Dans le détail, seraient favorables à cette première option 58% des RN, 48% des LR/UDI, 49% de la  et 38% d’Ensemble. Notons encore que 41% des abstentionnistes y seraient également favorables.

Emmanuel Macron optera-t-il pour cette solution ? Pour l’instant, il n’a guère le choix. En revanche, deux autres faits majeurs s’imposent, à décrypter ce sondage, hormis le succès des listes lepénistes, c’est la  du front républicain et la possible résurrection d’une Assemblée nationale, jusqu’il y a peu cantonné au rôle de simple chambre d’enregistrement ; d’où découle une autre mort : celle de la présidence jupitérienne.

Par Nicolas Gauthier le 23 juin 2022

Boulevard Voltaire


dimanche 12 juin 2022

Démographie en berne et possible appel à l’immigration : le prochain défi chinois



C’est un rapport de l’IFRI (Institut français des relations internationales), rendu public le 5 avril 2022, qui a le premier posé cette question cruciale : « Vieille avant d’être riche, la  face au défi de sa démographie. »

Première constatation : « En raison d’une très faible natalité, la Chine fait face à un vieillissement démographique rapide et à une réduction de sa population d’âge actif. À l’horizon 2050, plus d’un habitant sur trois en Chine sera âgé de soixante ans ou plus. » D’où cette autre constatation : « Le gouvernement chinois prend d’ores et déjà des mesures pour pallier le vieillissement de la population. La politique de l’enfant unique a été abolie et de nouvelles politiques natalistes se dessinent, mais sans effet sur la  pour l’heure. »

En effet, survient dans l’empire du Milieu ce phénomène constaté dans toutes les sociétés passées de l’ère agraire à la révolution industrielle. En milieu paysan, les enfants, nombreux, sont une richesse. Dans les champs, on manque toujours de bras. Pour se loger ? Il n’est pas besoin d’être architecte en bâtiment pour agrandir la ferme. Mieux : ces mêmes enfants s’occuperont ensuite de leurs vieux parents et grands-parents. Mais dès lors que cette société se « modernise », que l’on quitte la campagne pour les villes, tout est à refaire.

Se loger à peu près confortablement devient un luxe, au moins aussi coûteux que celui consistant de payer les études des enfants. Et comme les budgets parentaux ne sont pas extensibles, on est condamné à faire moins d’enfants. Interrogé par Atlantico, le 1er juin 2021, Laurent Chalard, docteur en géographie à la Sorbonne, confirme : « Sur l’ensemble de la planète, les indices de fécondité les plus bas ne se retrouvent plus en Europe occidentale, comme auparavant, mais en Asie orientale. »

Ainsi, le  a un taux une fécondité de 0,9 enfant par femme, tout comme Taïwan, devant la Corée du Sud (0,8). Et la Chine ? Même si les statistiques n’y sont pas totalement fiables, « l’indice de fécondité y serait de 1,15 enfant par femme », soit loin des 2,1 nécessaires au remplacement des générations.

Résultat ? Toujours à en croire ce rapport de l’IFRI, la Chine doit désormais faire face aux problèmes qui étaient l'apanage des pays de la sphère occidentale : « Tous les couples sont désormais autorisés à avoir trois enfants tandis que des mesures sociales et fiscales ont été proposées afin de lever les obstacles à une remontée de la fécondité, poursuit l'IFRI. Il s’agit en particulier de favoriser l’articulation entre vie familiale et vie professionnelle pour les femmes et de limiter l’impact d’une maternité sur leurs perspectives d’emploi et de carrière, notamment grâce au développement de structures d’accueil pour les enfants en bas âge. » Mais pour qu’une telle politique dirigiste porte ses fruits, il faudra des années, voire des décennies, le temps que la tendance ne commence à s’inverser. Il faudra régler le problème d’une main-d’œuvre peu qualifiée et à bas coût s’amenuisant au fur et à mesure qu’une proportion grandissante de citoyens instruits délaisse les travaux les plus rudes pour embrasser le secteur tertiaire. Certes, en la matière, Pékin, fort de ses 21,9 millions d’habitants, bénéficie encore d’un confortable matelas. Mais jusqu’à quand ?

D’où cette question connexe : celle de l’immigration. Le  a déjà ouvert les vannes. La Corée du Sud aussi, même si elle parie sur une réunification à long terme avec la Corée du Nord, autre réservoir d’ouvriers taillables et corvéables à merci. La Chine commence déjà à y réfléchir. Selon l’IFRI, toujours : « La part d’immigrés dans la population chinoise figure parmi les plus faibles au monde. Le recours à une immigration plus massive, s’il était privilégié par les autorités dans les années à venir, ne pourra en outre apporter qu’une partie de la solution au manque de main-d’œuvre. »

En Europe, on a commencé comme ça. On voit aujourd’hui le résultat.

Par Nicolas Gauthier le 11 juin 2022

jeudi 9 juin 2022

Un candidat de la NUPES rattrapé par son passé : lorsqu’il sniffait du… Doliprane !



Cette campagne pour les  législatives, quoique peu suivie par une majorité de nos compatriotes, est décidément un délice quotidien. Surtout quand un événement a priori anodin, mais amplifié par ces réseaux sociaux grâce ou à cause desquels ce qui aurait fait naguère quatre lignes dans la presse régionale s’étale désormais sur la place publique, tout en venant sortir les électeurs de leur hébétude.

De quoi s’agit-il ? Tout simplement d’une vieille vidéo, exhumée par Damien Rieu, porte-parole d’Éric Zemmour, et concernant un certain Léon Thébault, candidat mélenchoniste dans la première circonscription de l’Aveyron, en train de se faire une ligne de poudre blanche dans une boîte de nuit. Là, tout se corse, comme on disait jadis dans la French Connection. Et l’infortuné Léon Thébault, affichant aujourd’hui 21 printemps, d’en ces termes se justifier : « Cette vidéo est ancienne. Elle date de quand j’étais en classe de première. Nous étions en soirée avec des amis et il ne s’agissait pas de drogue, mais d’un Doliprane écrasé, réduit en poudre. C’est le  de choses stupides que l’on peut faire lorsqu’on est adolescent en soirée. »

Là, les bras nous en tombent des mains. C’est sûr que tous les vingtenaires friqués en goguette et partis courir le guilledou en night-club ne rêvent que d’une chose : sniffer du Doliprane, juste histoire d’aller jusqu’au bout de la night, et même plus si affinités…

D’ailleurs, en son temps, Keith Richards, guitariste en chef des Rolling Stones, a assis sa réputation de gentleman « le plus élégamment dévasté du monde » en respirant du Doliprane comme si sa vie en dépendait ; la chose est connue. Tout comme ses overdoses de Doliprane à répétition l’ont régulièrement amené à nombre de cures de désintoxication en Suisse. Décrocher de l’héroïne et de la cocaïne ? Une blague. Mais en finir avec la dépendance au Doliprane, on vous laisse imaginer le chemin de croix…

Un brin taquine, Emmanuelle Gave, fille de Charles, tweete dans la foulée : « Aux candidats NUPES qui sniffent du #doliprane pour, j’imagine, une action plus rapide, je rappelle que la voie rectale est la plus rapide en termes d’action et en parallélisme de formes. Avec plaisir. »

Plus sérieusement, quelle idée a bien pu traverser l’esprit exalté de l’infortuné Léon Thébault, peut-être schnouffé à l’insu de son plein gré, tel un vulgaire Richard Virenque, de s’empêtrer dans d’aussi grotesques menteries ? Pourquoi ne pas dire la vérité, surtout lorsque candidat d’un mouvement n’ayant pas exactement fait de la lutte contre les stupéfiants l’une de ses priorités premières ? Une ligne de coke ? La belle affaire… Il ne pourra jamais avoir les narines aussi poudrées qu’un Thierry Ardisson ayant eu, lui au moins, le courage d’assumer ses diverses addictions passées. Et c’est sans oublier les autres, issus des univers de la politique, de la restauration, du sport de haut niveau et des médias, qui n’ont jamais été les derniers à se servir d’une paille autrement que pour siroter un diabolo-grenadine. Voilà qui lui aurait sûrement évité de passer à la fois pour un potentiel accro et un patenté nigaud.

En la circonstance, permettons-nous de citer les grands auteurs, Fernand Raynaud, en l’occurrence, et son fameux sketch « Tonton, pourquoi tu tousses ? », histoire d’un pauvre gugusse se faisant poisser à la douane avec un gros paquet de poudre blanche.

Extrait : « Il y a le douanier qui rigole. C’est bien la première fois que je vois rire un douanier d’une face aussi intelligente. Dis donc, alors, une petite anecdote, trois fois rien : tu sais qu’ils ont analysé le bicarbonate ? Allô Tonton, pourquoi tu tousses ? Ç’en n'est pas du bicarbonate ! C’est du sucre en poudre ! »

Pas du tout ! Du Doliprane, qu’on vous dit…

Par Nicolas Gauthier le 9 juin 2022


mercredi 8 juin 2022

Quand Emmanuel Macron joue au Conseil national de la Résistance…



Si Jean-Luc Mélenchon a innové en déposant le brevet du candidat en forme d’hologramme, Emmanuel Macron continue de faire honneur au savoir-faire français en marchant dans ses pas : il se comporte désormais en président fantôme. Ainsi vient-il d’annoncer, à grand renfort d’entretiens accordés à la presse régionale, la création d’un « Conseil national de la refondation », faisant écho au fameux Conseil national de la Résistance. Il fallait oser. Il a osé.

Verbatim : « Nous vivons un état comparable. Nous sommes dans une ère historique qui impose de changer profondément de modèle, et puis la guerre est là. » (Ouest France, 3 juin) Comme on dit, dès que l’histoire fait mine de repasser les plats, on constate généralement que la comédie succède à la tragédie. Un déficit de sens que vient tôt pallier cette inflation sémantique devenue chez Macron une marque de fabrique : n’étions-nous pas déjà, Jupiter dixit, « en guerre contre le Covid » ?

Certes, il y a la guerre en Ukraine, à nos portes. Mais, finalement, pas plus lointaine que celle de  quand, déjà, les armées de l’Otan s’autorisaient à bombarder Belgrade, au nom du droit du peuple kosovar à demeurer maître de son propre destin. Ce « destin » ne vaut manifestement pas pour des russophones de l’Est de l’Ukraine qui regardent pour certains plus du côté de Moscou que de Kiev. Ces faits rappelés, on notera que cette crise devenue internationale ne se traduit chez nous que par une possible  de gaz, de pétrole et de certains produits de première nécessité, telles les nouilles ou la moutarde. Nous sommes donc loin de l’apocalypse que fut le dernier conflit planétaire. Et à ce titre, il peut paraître pour le moins obscène d’enrôler de force les tragédies d’antan pour sauver son actuel slip électoral. Surtout pour aboutir à un effet d’annonce dans lequel il y a plus d’effet que d’annonce.

Ainsi, le prochain CNR devrait-il être composé de « représentants des forces politiques, économiques, sociales, associatives, ainsi que d’élus de terrain et de citoyens tirés au sort. » Charles Maurras appelait ça le « pays réel » ; le général de Gaulle, le Conseil économique et social, devenu de plus « environnemental », la mode du moment aidant. Et Sophie Coignard du Point (7 juin), de noter cruellement : « Sous prétexte de faire du neuf, est-il bien raisonnable d’engendrer une copie presque conforme de l’existant ? » De son côté, François-Xavier Bellamy, député européen LR, n’a pas eu tort d’ajouter, samedi 5 juin sur franceinfo : « Emmanuel Macron est à deux doigts d’inventer l’Assemblée nationale »… 

Si ce nouveau comité Théodule venait à voir le jour, de quoi y débattrait-on ? Du pouvoir d’achat, de la réforme des retraites, de l’écologie, des services publics et du prix de l’essence ; bref, des sujets relevant des ministères compétents ou du Parlement censé légiférer sur ces questions. En des temps favorables aux simplifications administratives et à la taille des mille-feuilles bureaucratique, il n’est pas sûr qu’ajouter une énième couche de ronds-de-cuir puisse faire figure d’initiative intelligible par le commun.

Ce faisant, Emmanuel Macron prend un autre risque : si la situation en France est si grave et qu’il faille lui confier encore un nouveau levier de pouvoir pour la redresser, c’est qu’il en est aussi un peu responsable. Car si nous sommes dans un quasi état de « guerre », pour reprendre ses propres mots, ne serait-ce pas, une fois encore, aussi un peu de sa faute ?

Il est vrai qu’Emmanuel Macron ignore tout du tragique de la marche du monde, chose qu’on n’enseigne pas dans les grandes écoles dont il est le strict produit. À sa décharge, il fait partie de cette génération de dirigeants qui n’a pas connu les deux conflits mondiaux, encore moins ceux d’Indochine et d’Algérie et qui n’a même pas fait son service militaire… Pour tout arranger, il n’a pas d’enfant. Donc rien à transmettre, si ce n’est un égo en forme de Zeppelin…

Par Nicolas Gauthier le 7 juin 2022

jeudi 19 mai 2022

Aurélien Rousseau, directeur de cabinet d’Élisabeth Borne : déjà des soupçons de conflits d’intérêts ?



Tel qu’écrit hier en ces colonnes par Gabrielle Cluzel, « a star is born » ! Et pour paraphraser Patrick Hernandez, le distingué politologue bien connu de nos lecteurs, on ajoutera que « Born to be alive » ! Bref, la nomination d’Élisabeth Borne à Matignon est l’événement de la semaine. Mais celle d’Aurélien Rousseau, son tout nouveau directeur de cabinet, pourrait bien le devenir aussi, à en croire ce tweet du journaliste Alexis Poulin : « Aurélien Rousseau, énarque, conseiller d’État, passé par le cabinet Valls & Cazeneuve avant d’être nommé directeur de l’ARS Île-de-France en 2018. Marié à Marguerite Cazeneuve, ex-McKinsey, chargée de la réforme des retraites. »

Rien que du beau linge, donc. Il est vrai que le pedigree de la  Cazeneuve a de quoi susciter quelques interrogations chez les journalistes, ceux de Libération, par exemple : « La  Cazeneuve peut s’enorgueillir d’une grande influence auprès des plus hautes instances de l’État. » Résumons. Jean-René Cazeneuve est député LREM du Gers. Béatrice, son épouse, est la directrice française du groupe pharmaceutique américain Eli Lilly. Ils ont deux enfants, Pierre et Marguerite. Le premier est adjoint du chef de cabinet d’Emmanuel Macron. La seconde, directrice déléguée de la CNAM, la Caisse nationale d’assurance maladie, est l’ancienne conseillère du  sortant Jean Castex. Tandis qu’Aurélien Rousseau, ancien militant communiste recyclé à l’ENA, époux de Marguerite Cazeneuve, donc, et propulsé à Matignon aux hautes fonctions qu’on sait, n’est pas tout à fait le premier perdreau venu.

Une telle proximité avait déjà attiré l’attention le 4 mars 2021 du quotidien jadis fondé par Serge July, évoquant de possibles conflits d’intérêts : « À la faveur d’une importante commande par le gouvernement de bamlanivimab, un anticorps monoclonal contre le Covid qui demande encore à faire ses preuves scientifiques, de fins observateurs ont noté une potentielle situation de conflits d’intérêts impliquant notamment Béatrice Cazeneuve, responsable des nouveaux produits chez Lilly. » Autre problème relevé par Libération, les fonctions de pouvoir exercées par Pierre et Marguerite, plus haut évoqués, et qui pourraient bien remettre en cause « l’impartialité de la CNAM et son indépendance par rapport aux intérêts économiques ».

À l’époque, Matignon avait déjà tenté d’allumer un contre-feu : « Nous réfutons tout conflit d’intérêts dans la mesure où Marguerite Cazeneuve a proactivement déclaré les activités de sa mère et un déport de tous les sujets ayant trait aux traitements pharmaceutiques a été acté. » Il convient évidemment d’en prendre acte. Même si l’on pourra toujours s’interroger sur la propension de cette famille, manifestement fort impliquée dans le domaine médical, à multiplier les soins visant à la bonne santé  de ses proches.*

Par Nicolas Gauthier le 18 mai 2022