vendredi 17 mars 2023
49.3 : la bombe atomique du faible
jeudi 9 mars 2023
Sabotage du gazoduc Nord Stream : et maintenant un « groupe pro-Ukraine ». L’avis des experts ?
L’affaire du sabotage des gazoducs Nord Stream I et II refait surface. Et cela passe par l’Allemagne. Le site de la chaîne ARD, le Südwestrundfunk et Die Zeit viennent de dévoiler qu’un « yacht loué par une entreprise qui se situe en Pologne mais appartiendrait apparemment à deux Ukrainiens » serait au centre des investigations des enquêteurs allemands. Le New York Times, de son côté, toujours bien informé, évoque un « groupe pro-ukrainien ». Pourquoi l’Allemagne enquête-t-elle, tout comme la Suède et le Danemark ? Tout simplement parce les gazoducs passent dans les zones économiques exclusives de ces trois pays. Après la piste américaine et norvégienne du journaliste d'investigation américain Seymour Hersh, nouveau rebondissement, donc. Mais faisons un petit tour en arrière.
Si, dès le lendemain de la découverte des fuites sur les gazoducs, les 26 et 27 septembre 2022, la thèse du sabotage fut vite accréditée dans un large consensus, les « experts » ayant parlé, il faut bien avouer que le traitement médiatique de cette affaire, qui pourrait d’ailleurs inspirer un magnifique James Bond, a relevé de la navigation à la godille. Dans ce grand film à la Walt Disney qui se joue en parallèle de la guerre atroce qui se déroule sur le terrain, il eût été tellement simple que le coupable soit d’emblée désigné. Et que, bien évidemment, le coupable soit russe, cela va sans dire. « Tandis que les regards se tournent vers Moscou… », écrivait La Croix, le 28 septembre. Les regards de qui au fait ?
Mais rien ne coulait vraiment de source. D’ailleurs, les Russes ouvraient une enquête pour acte de terrorisme international. Ce qui ne veut rien dire, soit dit en passant. « Les Russes sont-ils assez bêtes pour saboter un gazoduc qui, de toute façon, était à l’arrêt pour cause de blocus économique ? », disaient les uns. « Justement, suprême intelligence et perversité des Russes ! », avançaient les tenants du billard à trois bandes et du coffre à double fond. Passons sur les gros sabots des autorités ukrainiennes qui dénoncèrent ipso facto – réflexe de Pavlov, peut-être ? – « une attaque terroriste russe planifiée ». À la guerre, tous les coups sont permis.
Sur les plateaux télé, les experts défilaient comme à la parade. Ainsi, le 28 septembre, au lendemain et surlendemain de ces sabotages, le général français Michel Yakovlev, ancien vice chef d'état-major du Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (OTAN), déclarait sur LCI : « Le consensus des experts – et je ne fais pas partie des experts dans ce domaine – c’est une action d’État à partir de sous-marin. Puisqu’on n’a rien vu en surface… Cela suppose des moyens que peu d’États ont, que peu d’États ont en Baltique… Oui, c’est un attentat, c’est un État ». Toujours pour le général Yakovlev, « l'hypothèse la plus logique » était que c’était « les Russes qui l’ont fait à titre de démonstration ». Mais tout n’est pas toujours tout logique !
Un autre expert, Denis Florin, « spécialiste de l’énergie » auprès du cabinet Lavoisier, interviewé par L’Express, faisait, lui aussi, appel à la logique pour essayer de répondre à cette maudite question : mais qui donc est derrière ce sabotage ? Démonstration implacable. Les Américains ? « Mais ils ont déjà gagné de leur point de vue car les gazoducs Nord Stream sont neutralisés, donc je ne vois pas pourquoi ils les auraient détruits ». Les Ukrainiens ? Non, ils n’ont pas les moyens. Ils n’ont jamais les moyens. Donc ? « La troisième théorie met en avant la responsabilité de la Russie ». L’intérêt pour la Russie ? « Cela ne peut se comprendre qu'en prenant en compte la dimension de menaces et la stratégie de tensions », expliquait alors l’expert. Logique.
Donc, en septembre dernier, pour résumer : les sabotages avaient été commis depuis un sous-marin, forcément par un État, pas forcément par la Russie (dommage !) mais il n’était pas impossible non plus qu’elle ait été derrière cette affaire. D’ailleurs, de toute façon, c’est quand même un peu la faute des Russes. Je n’invente rien, je reprends grosso modo les propos de la secrétaire générale adjointe de l’ONU, la diplomate américaine Rosemary DiCarlo, le 21 février dernier : « Bien que l’on ne sache pas encore exactement ce qui s’est passé sous les eaux de la mer Baltique en septembre 2022, une chose est constante : quelle que soit la cause de l’incident, ses retombées comptent parmi les nombreux risques que l’invasion de l’Ukraine a déclenchés ». Logique aussi.
Maintenant, une hypothèse, qui n’engage que moi qui ne suis expert en rien du tout : le sabotage aurait pu être commandité par les Russes qui auraient manipulé un groupe pro-ukrainien qui aurait affrété un yacht camouflé en sous-marin (ou le contraire). Une implication des services secrets du Vatican n’est pas à exclure, le pape ayant appelé à maintes reprises à ce que les armes se taisent. Logique.
Par Georges Michel le 9 mars 2023
samedi 18 février 2023
Bordeaux : une exposition pour mettre en valeur les migrantes. Où sont les hommes ?
Si l’on en croit Le Figaro, la ville de Bordeaux, dirigée par l’écologiste Pierre Hurmic, verse 10.000 euros de subventions à l’association SOS Méditerranée. Certes, 10.000 euros, ce n’est même pas l’épaisseur du trait pour une ville dont le budget de fonctionnement annuel avoisine les 350 millions d’euros. 10.000 euros, c’est une paille, rapportée, par exemple, aux quelques 300.000 euros alloués aux réceptions par cette même municipalité. Mais tout est aussi une question de symbole.
Les esprits chagrins avanceront qu’un budget communal est fait pour pourvoir aux besoins de la commune et de ses habitants : assurer la sécurité, veiller à l’entretien de la voirie, des écoles, œuvrer pour la solidarité entre les générations, gérer l'état civil, etc. Bref, toutes choses pas très exotiques. Mais pourtant, il faut bien s'y coller ! Bien sûr, les communes ne vivent pas repliées derrière leurs tours crénelées. Lorsqu’un événement exceptionnel se produit dans le monde (catastrophe naturelle, guerre), les municipalités de tout bord votent en conseil municipal, la plupart du temps à l’unanimité, une subvention exceptionnelle au profit d’associations humanitaires venant en aide en urgence aux populations. Ce fut le cas pour l’Ukraine ou encore, tout récemment, pour le séisme en Syrie et en Turquie. Mais SOS Méditerranée ?
Sauver des naufragés est une noble mission qui s’impose à tout marin par le droit international et plus encore, sans doute, par humanité. En revanche, lorsque l’on joue le forcing avec les gouvernements, comme ce fut le cas, en novembre dernier, dans l’affaire de l’Ocean Viking, affrété par SOS Méditerranée, qu’au final on soutient, entretient, encourage le flux de migrants en direction de l’Europe, on entre dans une autre dimension. C’est ce qui est reproché à cette association. Et la subventionner revient donc à la soutenir. Mais le maire de Bordeaux assume. « Soutenir SOS Méditerranée, c'est incontestablement redonner de l'espoir et on en a besoin », déclare-t-il au Figaro. Et c’est ainsi que Bordeaux organise, jusqu’au 11 mars, une exposition baptisée « Femmes, éclaireuses d'humanité ». Une exposition « sur les femmes secourues, les femmes qui sauvent et les femmes qui témoignent ».
On imagine que ce zoom photographique sur les femmes secourues vise à lutter contre cet affreux préjugé véhiculé depuis trop longtemps par l’extrême droite ici et là : il n’y aurait que des hommes à fuir la guerre et la misère en se jetant dans des canots pour traverser la Méditerranée. Il n’y a pas que des homme, effectivement. SOS Méditerranée elle-même, nous indique sur son site que... « 15 % des personnes secourues par SOS Méditerranée depuis 2016 sont des femmes ». 15 % : on est donc bien loin de la parité.
Et puis, si l’on va au bout de la chaîne de la migration, c'est-à-dire « sur nos territoires », comme on dit, on apprend, par exemple, en consultant le rapport d’activité de 2019 de la mission mineurs non accompagnés du ministère de la Justice, que sur les 16.760 mineurs non accompagnés (MNA) comptabilisés cette année-là, on comptait 95,5 % de garçons et 4,5 % de filles. Très très loin de la parité. Une proportion que l’on retrouvait en 2018 et 2017. Des MNA, rappelons-le, dont la minorité est loin d'être toujours vérifiée.
On peut faire dire beaucoup de choses à une photographie. On l’a vu naguère avec l’exploitation de celle du petit Aylan, dont le corps avait été retrouvé sur une plage de Turquie après un naufrage. Les statistiques, elles aussi, nous disent beaucoup. En tout cas, les clichés ont la vie dure mais il y a peut-être une bonne raison...
Par Georges Michel le 17 février 2023
jeudi 9 février 2023
Et maintenant la Légion d’honneur pour Zelensky
Qu’Emmanuel Macron élève un chef d’État à notre plus haute distinction n’a rien de nouveau. Il en a toujours été ainsi. La Légion d’honneur n’est pas une médaille, c’est un ordre, assimilable à un ordre de chevalerie. Le président de la République française en est le grand maître et la tradition veut que les chefs d’État s’échangent les plus hautes décorations de leur pays, au titre de « la réciprocité diplomatique ». Le tsar Nicolas II, Churchill, la reine Élisabeth mais aussi Mussolini, Ceaușescu étaient grands-croix de la Légion d’honneur. Poutine l’est toujours : c’est Jacques Chirac qui l’avait décoré en 2006 au palais de l’Élysée. Zelensky et Poutine sont donc aujourd’hui à égalité ! En retour, Sarkozy avait été fait chevalier de la Toison d’or par le roi d’Espagne et Emmanuel Macron est d’ores et déjà détenteur d’une très belle collection qui va de l’Aigle aztèque du Mexique au Lion du Sénégal en passant par l’Éléphant du Danemark. Donc, rien de nouveau au rayon décorations.
En revanche, sur la forme, on peut tout de même être un peu surpris. Vous allez dire que nous sommes vieux jeu, mais Zelensky n’était pas obligé de recevoir les insignes de cette dignité dans sa tenue de tous les jours. Certes, Emmanuel Macron les lui a remis tout simplement sur un plateau et non pas de façon protocolaire. Certes, Zelensky fait la guerre, mais par respect pour cette haute, ancienne et prestigieuse institution ainsi que pour ceux qui en ont été et qui en sont aujourd’hui membres, il n’était pas interdit d’enfiler un costume-cravate. C’est des choses qui se font encore. Mais, non, viens comme tu es, mon cher Volodymyr. Cela dit, le roi Charles II l’a reçu tout pareil, mercredi.
Sur la forme, on peut être surpris mais aussi outré. Outré, non pas par Zelensky qui, au fond, est dans son rôle, mais par Emmanuel Macron, grand-maître des ordres nationaux, qui a décoré le président ukrainien en s’adressant à lui en anglais alors qu’en principe, une formule bien particulière doit être prononcée (en français, bien évidemment) pour que l’entrée dans l’ordre soit valide. Napoléon, fondateur de l’Ordre, peut se retourner dans son tombeau des Invalides !
Sur le fond, maintenant. Diplomatiquement, était-il bien opportun de décorer Zelensky aujourd'hui ? C’est la question que l’on peut objectivement se poser. Tout compte, notamment les symboles, dans cette guerre de sang mais aussi d'images. En décorant le président ukrainien, Emmanuel Macron prend le risque d’exacerber un peu plus la rancœur de la Russie envers la France. On ne le répétera jamais assez : dans ce conflit, en droit international, la Russie est l’agresseur, l’Ukraine est l’agressé. Mais il n’y a que deux façons d’obtenir la paix : soit qu'un des deux protagonistes écrase totalement, définitivement, son adversaire, soit que les ennemis acceptent de se mettre autour d’une table pour négocier. La France avait, dans cette seconde hypothèse, un rôle traditionnel à y jouer. Elle n’en prend visiblement pas le chemin. Cela dit, une Légion d’honneur après des canons CAESAr et, peut-être demain, des chars Leclerc, ce n’est pas grand-chose. On va dire un geste commercial.
Par Georges Michel le 9 février 2023
lundi 30 janvier 2023
Guerre en Ukraine et réforme des retraites : veillée d’armes ?
N’en va-t-il pas de la guerre en Ukraine comme de la réforme des retraites ? Car on ne pourrait pas faire autrement que d’y aller. Plus ou moins doucement mais sûrement. C’est, en tout cas, le sentiment que l’on peut avoir en observant aujourd’hui le cours des choses qui se déroule dans une ambiance de veillée d'armes. Nous serions tous - gouvernés comme gouvernants - obligés de « faire comme ça », d’y aller parce qu’il n’y a pas moyen d’aller contre. Devant nous, une pente inéluctable, une fatalité, une tragédie. Tragédie, comme les Grecs anciens l’entendaient, c’est-à-dire une pièce de théâtre dans laquelle les héros sont soumis à une force supérieure qui les dépasse.
Les retraites ? L’âge légal de départ à 64 ans « n’est plus négociable », a déclaré Élisabeth Borne sur France Info, ce dimanche 29 janvier, et ce, à la veille du début de l’examen du projet de loi par l’Assemblée nationale et à deux jours d’une nouvelle journée de mobilisation sociale. En clair, ça passe ou ça casse. Ce n’est plus négociable ? Il est vrai qu’au Parlement, on ne négocie pas mais on parlemente. Du moins, en principe. Un député RN, Hervé de Lépinau, donne son interprétation à cette déclaration (de guerre ?) du Premier ministre : « Pour ceux qui n’ont pas encore compris le message : la réforme des retraites, massivement rejetée par les Français, sera imposée au moyen du 49.3. Il ne fallait pas voter Macron. » Qui sait comment la rue réagira ? Certes, « la rue ne gouverne pas », se plaît à rappeler Raffarin qui trouve que Borne « a le meilleur des pilotages ». D’excellents généraux, avant la guerre, la France en a connu des dizaines. Sur le front social, Juppé fut une épée… En attendant, Babette s’en va-t-en guerre avec la morgue que procurent quarante ans de technocratie et l’assurance de celle qui sait qu’elle détient l’arme fatale. La pente fatale ?
La guerre en Ukraine ? Rien à voir, bien entendu, avec la réforme des retraites en France. La tragédie est d’une tout autre dimension. Mais le mécanisme n’est-il pas un peu le même ? Ce mécanisme d'inéluctabilité. On a en mémoire le discours d’Ursula von der Leyen à Davos, le 17 janvier dernier, un discours nous conduisant sur la pente de la « cobelligérance ». « Je peux vous assurer que l’Europe se tiendra toujours à vos côtés », déclarait la présidente de la Commission à sa « Chère Olena », épouse de Zelensky. « À vos côtés », c'est-à-dire côte à côte, comme au front ? Et d’ajouter : « Nombreux étaient ceux qui mettaient en doute l'indéfectibilité de ce soutien. Mais, aujourd'hui, les pays européens fournissent un nombre croissant d'armes critiques à l'Ukraine. » On ne parle plus d’armes défensives ou offensives (ce qui ne veut pas dire grand-chose, du reste) mais d’armes critiques. Et l’envoi de chars Leopard en Ukraine. Et la pression sur la France pour qu’elle fournisse des chars Leclerc, en l'occurrence matériel « critique » pour nos forces armées à l’état échantillonnaire. Et Zelensky qui veut des avions de chasse, toujours plus, toujours plus fort. Tout, tout de suite. Et demain, pourquoi pas, l’arme fatale ? La pente fatale ?
L’Histoire montre cruellement que « le mouvement historique dépend beaucoup moins des hommes que des événements eux-mêmes », comme le fait remarquer Jean-Marie Le Pen dans son dernier journal de bord. Il en va ainsi des révolutions comme des guerres.
Par Georges Michel le 29 janvier 2023
lundi 16 janvier 2023
OQTF : Bayrou se pose les bonnes questions. On attend les bonnes réponses !
Le vieux sage a parlé. François Bayrou, désormais sorte de pythie de la République, était l’invité de BFM TV, ce dimanche 15 janvier. Il paraît qu’Emmanuel Macron le consulte régulièrement. François Mitterrand, c’était la voyante Élisabeth Teissier. Chacun son truc. Certains, c'est les entrailles de volaille.
Donc, il a parlé sur BFM TV. Vient sur le tapis la question des fameuses obligations de quitter le territoire national (OQTF). « Est-ce qu’il est légitime de ne pas renvoyer les gens simplement parce que leur pays est dans un état de désordre absolu : c’est une question qu’on a le droit de poser ouvertement », affirme le nouveau récipiendaire de la Légion d’honneur. Merci ! C’est toujours bon d’avoir l’avis d’une autorité morale. « Ah bon ? », réagit le journaliste qui ne s’attendait peut-être pas à celle-là. « Oui », répond le patron du MoDem. « Je trouve que la situation actuelle n’est pas supportable pour un très grand nombre de Français qui disent : "Mais comment c’est possible ?" On se souvient du drame dans le Nord. Oui, on a raison de poser ce genre de question. »
Le drame dans le Nord ? Bayrou voulait-il parler de celui de la gare du Nord, qui ne remonte pas aux calendes grecques ? On s’en souvient très bien, ça remonte à tout juste mercredi dernier : un homme, qui était sous le coup d’une OQTF datant de l’été dernier, a poignardé six personnes avec un poinçon. L’individu serait de nationalité libyenne et, donc, ne pouvait pas être expulsé, compte tenu de l’instabilité de la Libye. On se pince. Le ministère de l’Intérieur, rapporte Mediapart, a donné les explications de cette situation ubuesque : c’est pour qu’il « puisse être expulsé dès que la Libye sera stabilisée ». Comment dire…
Mais on progresse ! Puisque, désormais, nous avons le droit de nous poser la question. Maintenant, il faudrait peut-être aller un peu plus loin. Puisqu’il est légitime de se poser la question pour les ressortissants de pays « dans un état de désordre absolu », on imagine qu’il est tout aussi - voire plus, en toute logique - légitime de se poser la question pour des individus sous le coup d’OQTF et ressortissants de pays où le désordre n’est pas absolu et, tant qu’à faire, de pays réputés vivre dans l’ordre le plus absolu, comme, par exemple, l’Algérie… On se souvient du meurtre de Lola commis par une Algérienne, elle aussi sous le coup d’une OQTF.
Et puis, tant qu'à faire, allons encore plus loin. Osons ! Si nous avons le droit de nous poser ces questions, nous avons, a fortiori, le droit d’avoir des réponses. Et force est de constater que, pour l’instant, Emmanuel Macron, qui est au pouvoir depuis six ans, n’a pas apporté beaucoup de réponses à ces questions tellement légitimes pour les Français. Consulte-t-il la Pythie sur ce sujet ? Il serait temps.
Par Georges Michel le 15 janvier 2023
vendredi 13 janvier 2023
Brigitte Macron, fée Clochette de la République
Attention, l’exercice va être délicat : s’attaquer à Brigitte Macron. D’abord, parce qu’elle est sympa, comme il est convenu d’en convenir, ensuite parce qu’elle est Madame pièces jaunes et que ça vaut tout l’or du monde, enfin, parce qu’elle est une sorte d’icône vivante de la Macronie, vu qu’elle parle à l’oreille de qui vous savez. Mais, bon, tant pis, allons-y.
Donc, Madame pièces jaunes. Donc, ça veut dire passage obligé au 20 Heures de TF1. On est là désormais, quasiment dans la haute tradition, comme le film du dimanche soir, les raviolis du lundi ou la pizza du samedi soir. Évidemment, un salut amical et respectueux à Madame Chirac s’impose. C’est sans doute sincère et ça permet de s’inscrire dans la lignée. Et puis, ça ne peut pas déplaire à l’électorat principal de son mari. Que Madame Macron vienne faire la réclame de l’opération pièces jaunes, il n’y a rien à dire et redire. En revanche, on peut se demander pourquoi on (les journalistes) lui demande son avis sur des sujets qui débordent, un tantinet, son champ d’attribution : retraites (certes, elle a largement l’âge d’y être, quoique avec ces réformes...), uniforme à l’école (certes, elle a été prof avant d’être à la retraite). Et l’on se demande pourquoi elle ne se contente pas de répondre poliment en rappelant qu’elle est là pour les pièces jaunes, point barre.
Les retraites ? « Tout est fait pour que vous ayez une retraite », s’est voulue rassurante la « Première Dame » à l’égard des plus jeunes. Vous me direz que la portée de cette affirmation ne mange pas plus de pain que de brioche pour Marie-Antoinette mais, d’une certaine façon, c’est déjà s’engager sur le terrain politique en affirmant cela. Cela dit, vous aurez bien de mauvais esprits qui trouveront que cette déclaration a quelque chose qui relève un peu de la dame patronnesse faisant son tour en calèche dans la cité ouvrière du coron.
Et l’uniforme à l’école ? Cette fois-ci, c’est dans Le Parisien que Brigitte Macron a ajouté son grain de sel à l’occasion d’un entretien avec sept lecteurs, toujours sous couvert de l’opération pièces jaunes. « J’ai porté l’uniforme comme élève : quinze ans de jupette bleu marine, pull bleu marine. Et je l’ai bien vécu. Cela gomme les différences, on gagne du temps – c’est chronophage de choisir comment s’habiller le matin – et de l’argent – par rapport aux marques… Donc, je suis pour le port de l’uniforme à l’école, mais avec une tenue simple et pas tristoune. » Petite jupette bleu marine ou pantalon unisexe pour tout le monde ? Laissons cette question de détail au législateur, ça l’occupera.
Madame n’a aucun mandat mais Madame donne son avis. Madame Macron, c’est un peu la Bonemine du village gaulois. En 2021, en visite au musée Maillol de Paris qui consacrait une exposition à Astérix, elle avait révélé, toujours au Parisien, sa proximité - fantasmée - avec Bonemine. « Avec Bonemine, on se comprend », avait-elle déclaré. Arnaud Florac nous avait livré une interprétation brillante de cette déclaration. Madame Macron, c’est aussi le conseiller RH de Monsieur, comme nous l’avait expliqué, en mai 2022, Frédéric Sirgant relayant une information du Point. Dans un schéma plus traditionnel, en 2020, dans une opération de charme, histoire de relancer Monsieur, elle avait vendu son rôle, sans du reste convaincre Nicolas Gauthier ! « On parle sans cesse, on se voit beaucoup. On vit ici, on travaille ici, on échange énormément. Mais, bien évidemment, jamais je ne me permets un conseil. » Tante Yvonne en pantalon slim et hauts talons, tricotant au coin du feu. Un mix entre l’ancien et le moderne.
Mais revenons aux débuts de la Macronie, lorsqu’on pensait printemps et tout ça. C’était en 2018. Marlène Schiappa, qui n’avait pas encore fait vœu de silence (c’est vrai, ça, on ne l’entend plus du tout), répondait à cette question d’un journaliste de France Culture : pourquoi cet engouement pour Brigitte Macron ? Réponse : « Je pense que les Français ont besoin d’avoir un couple à leur tête. Alors, je sais que c’est politiquement incorrect de dire cela, mais je crois que l’explication est quasi freudienne. On est un peuple romanesque, romantique, et qui aime avoir un couple à sa tête. » Voilà, voilà… RH, Bonemine, conseillère de l'ombre, reine mère ou consort, VRP de plateau télé. Un peu tout ça à la fois. En fait, une sorte de Shiva ou de fée Clochette de la République.
Par Georges Michel le 12 janvier 2023
vendredi 9 décembre 2022
Aurélien Taché : « un verre ou deux », bonjour les dégâts !
Au fond, « il n’y a rien de méchant », a déclaré Aurélien Taché, député NUPES, tendance écolo, du Val-d’Oise, bien connu de nos lecteurs pour sa passion pour les serre-tête et sa défense des trouples, après avoir fichu le bazar dans un théâtre parisien en début de semaine. Comme dirait Gérald Darmanin, « il n’y a pas mort d’homme » ! Mais tout de même, un député de la nation, légèrement ou complètement bourré - les versions divergent selon que l’on est du côté du manifestant ou de celui, non pas de la police, mais du régisseur du théâtre -, qui perturbe une représentation théâtrale, ce n’est pas banal.
Mardi soir, donc, Aurélien Taché assistait à la pièce de Benjamin Guillard Lettres à Anne, jouée au théâtre Lepic à Paris. Une pièce inspirée de la fameuse correspondance que François Mitterrand adressa à sa maîtresse Anne Pingeot entre 1962 et 1995. Il paraît que ces lettres sont sublimes. La preuve : Laurent Gerra en a fait son miel ! On imagine que l’adaptation pour le théâtre ne doit pas être du même tonneau. En tout cas, Aurélien Taché, « totalement saoul, a profondément perturbé la représentation ». Il se serait mis à parler fort, « applaudissant de manière absurde [peut-être une manie prise à l’Assemblée nationale, du temps où il siégeait avec LREM ?], invectivant le comédien jusqu’à ce que ce dernier s’interrompe et lui demande de sortir [peut-être une manie prise à l’Assemblée nationale depuis qu’il siège avec la NUPES ?] », a expliqué Benjamin Guillard dans un tweet. Ce dernier décrit la suite de la scène sans doute pas prévue au scénario de la pièce : « Il a ensuite lamentablement menacé le régisseur de représailles. C’était absolument hallucinant et lamentable. » Et d’interpeller par tweet le député : « Pour qui vous prenez-vous, Aurélien Taché ? Dans quel monde vivez-vous ? » Parce qu’en plus, l’élu aurait déclaré : « Vous allez entendre parler de moi, je suis un député », si l’on en croit l’actrice Marie-Clotilde Ramos-Ibanez, présente dans la salle. N’a pas osé ou eu la présence d’esprit de s’exclamer : « La République, c’est moi ! » Certain a essayé, il a eu des problèmes. Bon, ça, c’est la version côté théâtre.
Côté Taché, maintenant. Ce dernier avoue avoir « un peu naïvement perturbé la séance » après avoir consommé « un verre ou deux » au cours du dîner qui avait précédé. Le « un verre ou deux » est un grand classique ! À l’AFP, Taché a déclaré que, certes, ses applaudissements n’étaient « pas appropriés » mais qu’il était parti dès qu’on le lui avait demandé. « En râlant, c’est vrai, mais je n’ai invectivé personne. Il n’y a rien de méchant », a-t-il précisé. Manquerait plus que ça, qu'il soit méchant !
Côté Assemblée nationale maintenant ? La présidente du groupe EELV, Cyrielle Chatelain, un tantinet embarrassée, a reconnu que « ce qui est décrit par Benjamin Guillard est inacceptable, totalement inacceptable », ajoutant : « Nous avons un règlement intérieur dans notre groupe. » Donc, des « des sanctions éventuelles »… Peut-être une interdiction de fréquenter la buvette de l'Assemblée ?
Ce pauvre Aurélien Taché n’avait sans doute pas besoin de ça, lui qui a été condamné, le 7 septembre dernier, à 5.000 euros d’amende pour violence et outrage par le tribunal judiciaire de Niort. Il avait traité des policiers de « baqueux de merde ». On n'ira pas plus loin sur ce nouvel épisode des aventures fantastiques d'Aurélien Taché, sachant que, bien évidemment, les bonnes âmes de gauche vont vite s'insurger contre la récupération politique qui ne manquera pas d'être faite de cette affaire par la droite et l'extrême droite. D'ailleurs, un homme de gauche bourré en public, ça doit être quelque chose d'accidentel. À la différence de l'homme de droite chez qui cela doit relever du « systémique ».
D'un côté, une victime. De l'autre, un bourreau. J'exagère ? On verra...
Par Georges Michel le 8 décembre 2022