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vendredi 2 septembre 2022

Ségolène Royal fait polémique en remettant en cause les crimes de guerre en Ukraine

 


Une remise en cause inattendue de ce côté-là de l'échiquier politique. L'ex-ministre socialiste Ségolène Royale, invitée de BFMTV jeudi soir, a dénoncé haut et clair la «propagande de guerre par la peur» menée par Kiev. «Ne serait-ce que le premier événement, la maternité bombardée», explicite l'ancienne candidate à la présidentielle.

Le 9 mars à Marioupol, des frappes sur une maternité à Marioupol, dans le sud de l'Ukraine, avaient suscité l'émotion internationale. Sur l'un des clichés des photographes de l'agence américaine Associated Press, on voyait une femme enceinte grièvement blessée, gisant sur un brancard. Ni elle ni son bébé n'ont survécu. Ségolène Royale y voit pour sa part une instrumentalisation de l'opinion publique. «Le nom des victimes est resté inconnu, alors qu'à l'heure des téléphones portables, on les aurait eus», fait-elle valoir.

Et la socialiste de déplorer la communication du chef d'État ukrainien sur l'événement : «M. Zelensky a fait le tour des parlements européens» alors qu'«il a été incapable de donner le nom de cette femme». «Et c'est là que le processus de paix s'est interrompu», accuse-t-elle. L'ancienne candidate à la présidentielle de 2007 condamne également les réactions au massacre de Boutcha, théâtre du plus vaste massacre de civils encore documenté depuis le début du conflit. «Les récits de viols d'enfants pendant sept heures sous les yeux des parents. C'est monstrueux de propager des choses comme ça juste pour interrompre les processus de paix», pointe-t-elle sur le plateau de BFMTV.

Considère-t-elle ces événements comme des fake news (fausses informations) ? «Je pense qu'il y a une propagande de guerre», rétorque Ségolène Royal. «Quand Zelensky dit : nos soldats sont torturés, ça remobilise des troupes, ça empêche les processus de paix, et je pense qu'il y a eu suffisamment de victimes pour interdire et empêcher, sous l'égide des Nations unies et des associations de journalistes, de véhiculer des horreurs (...) qui font la propagande de Zelensky».

«Philippot de gauche»

La séquence de Ségolène Royal sur BFMTV a fait vivement réagir sur les réseaux sociaux, notamment dans son propre camp politique. «Les crimes de guerre sont documentés, le nier est une insulte aux assassinés, aux violées, aux torturés ! Dire le contraire est de la propagande !», a réagi sur Twitter Olivier Faure, premier secrétaire du PS.

«Naufrage. Total», a commenté de son côté l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, qualifiant l'ex-ambassadrice des Pôles de «Philippot “de gauche”». «Je ne savais pas qu'on pouvait se vautrer aussi profondément dans l'immonde», a abondé l'eurodéputée Nathalie Loiseau. «Son négationnisme est révoltant».

De multiples rapports

Ce que Ségolène Royal qualifie de «propagande» a fait pourtant l'objet, depuis plusieurs mois, d'enquêtes minutieuses de la part d'ONG et instances internationales. Dès début mars, la Cour pénale internationale ouvrait, avec une rapidité inédite dans un conflit encore en cours, une enquête pour documenter les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis en Ukraine. Depuis lors, les rapports pleuvent.

À commencer par Boutcha. Dès le départ de forces occupantes russes en avril, une délégation d'enquêteurs des droits humains de l'ONU était dépêchée dans la ville du nord-ouest de Kiev, pour expertiser les cadavres retrouvés dans les fosses communes et jonchant les trottoirs. Au bout de quelques jours, les Nations unies confirmaient l'«exécution sommaire» d'au moins 50 civils.

De son côté, Human Rights Watch (HRW) dépêchait ses propres chercheurs sur place, du 4 au 11 avril. L'ONG parvenait à documenter avec précision 16 homicides de civils commis par des soldats russes, dont neuf exécutions et sept meurtres commis «de manière indiscriminée». Son rapport d'enquête concluait à une «litanie de crimes de guerre apparents» commis par les Russes «entre le 4 et le 31 mars 2022». Des gendarmes français du GIGN ont aussi été envoyés sur place, pour expertiser les corps.

Le 16 mars à Marioupol, au sud du pays, le bombardement d'un théâtre où s'étaient réfugiés des centaines de civils et siglé du mot «enfant» en grandes lettres, a été «clairement» identifié comme crime de guerre par Amnesty International. L'organisation n'hésite pas, toutefois, à remettre en cause la partie ukrainienne, son dernier rapport accusant Kiev d'installer des infrastructures militaires dans des zones habitées, en violation du droit international humanitaire. Un rapport qui avait déclenché l'ire du président Zelensky, sans ébranler Amnesty.

À Kharkiv, dans le Donbass, HRW affirme que l'armée russe a utilisé des armes à sous-munitions, dont l'emploi est condamné par le droit international humanitaire pour leurs frappes aux multiples victimes collatérales. Selon un nouveau rapport le 22 juillet, les forces russes auraient également torturé, détenu illégalement et fait disparaître de force des civils dans les zones occupées de Kherson et de Zaporijjia. Au total, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme recensait début août 12.867 victimes civiles depuis le début de la guerre en Ukraine.

Par le passé, l'ancienne candidate socialiste avait déjà témoigné de sa réserve concernant l'engagement de l'Occident dans le conflit en Ukraine. Le 23 février, veille de l'invasion russe, elle défendait sur le plateau de LCI la solution d'une «médiation», s'alignant sur les positions de Jean-Luc Mélenchon, alors candidat LFI à la présidentielle.

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mardi 30 août 2022

Le Conseil d'État donne son feu vert à l'expulsion de l'imam Iquioussen



Gérald Darmanin s'est félicité de ce qu'il a qualifié de «grande victoire pour la République». Et d'ajouter : «Il sera expulsé du territoire national».

Le Conseil d'État a donné mardi 30 août son feu vert à l'expulsion de l'iman Hassan Iquioussen décidée par Gérald Darmanin, rejetant l'argument selon laquelle cette décision constituerait une «atteinte grave et illégale» à sa vie privée et familiale.

Dans un tweet publié juste avant le communiqué du Conseil d'État, le ministre de l'Intérieur a estimé que cette décision était «une grande victoire pour la République». «Il sera expulsé du territoire national», a ajouté Gérald Darmanin. Le 5 août, le tribunal administratif de Paris avait suspendu en référé l'expulsion vers le Maroc de cet imam réputé proche des Frères musulmans, jugeant qu'elle porterait une «atteinte disproportionnée» à sa «vie privée et familiale», mais le ministère de l'Intérieur avait fait appel de cette décision.

«Pression de l'exécutif sur le judiciaire»

Le juge des référés du Conseil d'État estime que «ses propos antisémites, tenus depuis plusieurs années lors de nombreuses conférences largement diffusées, ainsi que son discours sur l'infériorité de la femme et sa soumission à l'homme constituent des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination ou à la haine justifiant la décision d'expulsion. Il considère par ailleurs que cette décision ne porte pas une atteinte grave et manifestement illégale à la vie privée et familiale de Hassan Iquioussen», explique la plus haute juridiction administrative française dans son communiqué.

L'avocate de l'imam, Lucie Simon, a réagi sur Twitter en estimant que cette décision symbolisait «un État de droit affaibli» et déploré «un contexte alarmant de pression de l'exécutif sur le judiciaire». «Le combat judiciaire continue, le Tribunal administratif de Paris sera amené à se pencher sur le fond du dossier prochainement, et Hassan Iquioussen étudie la possibilité de saisir de nouveau la CEDH», a-t-elle ajouté.

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vendredi 26 août 2022

«Droite miniature»

Elle dominait le champ politique, elle essaye de survivre en se faufilant entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Pourtant, le réel, l’opinion, le nouveau Parlement lui ouvrent un espace bien plus large que les contours de LR. 

Rien n’y fait: plus la France se droitise, plus la droite rétrécit. Depuis dix ans, du second tour élevé de Nicolas Sarkozy en 2012 jusqu’au score miniature de Valérie Pécresse au mois d’avril dernier, les élections lui offrent une impressionnante collection de défaites gigognes. Trop petite aujourd’hui pour attraper, seule, le balancier de l’alternance, son premier devoir est de le reconnaître. Pourtant, dans cette famille politique, ils sont encore quelques insensés à croire qu’à la fin de la décennie Macron tout redeviendra comme avant, que le pouvoir leur tendra les bras. C’est oublier l’hégémonie du Rassemblement National, l’horizon présidentiel d’Édouard Philippe ou de Bruno Le Maire. C’est faire fi de ces ambitions conjuguées qui veulent transformer Les Républicains en une modeste force d’appoint.

Humilité d’abord, travail ensuite, courage enfin

Humilité d’abord, travail ensuite. Il ne suffira pas de recycler les campagnes précédentes, d’entonner les slogans sécuritaires et le refrain de la rigueur budgétaire, de dénoncer les faiblesses de ses rivaux pour convaincre un électorat qui connaît tous les tours. Fiscalité, immigration, écologie, école, démographie, culture, tradition, innovation… la droite doit non pas se doter d’un programme mais retrouver un imaginaire, projeter un dessein. 

Réflexion poussée sur les bouleversements contemporains, altitude intellectuelle, sans laquelle il n’y a pas de vision, observation aiguisée des politiques efficaces chez nos voisins doivent nourrir un corpus aujourd’hui squelettique.

À cette doctrine, enfin, elle est contrainte, plus que tout autre, de joindre la force de l’action. De petites lâchetés en grands renoncements, la droite est parvenue à se mettre méthodiquement à dos ses plus fidèles soutiens. C’est son plus grand défi: convaincre qu’elle aura demain le courage qui, hier, lui a si souvent manqué. Ces choses-là ne se proclament pas, elles s’incarnent. C’est même à cela que l’électeur orphelin reconnaîtra son chef.

Par Vincent Témolet de Villers le 25 août 2022

Le Figaro

mardi 19 juillet 2022

«Il y a encore beaucoup à faire» : Zemmour s'adresse à ses militants pour leur «parler de la suite»



Après sa défaite à la présidentielle puis aux législatives, le nationaliste reconnaît certaines «erreurs» mais ne désespère pas de faire de Reconquête! un «grand parti populaire».

Battu mais pas abattu. Relativement discret depuis ses éliminations dès le premier tour de la présidentielle (7,07%) puis des législatives (23,19%), Éric Zemmour a décidé de prendre la plume. Dans une lettre adressée à ses 130.000 militants, le patron de Reconquête! reconnaît avoir été «déçu» par ses propres résultats, sans toutefois vouloir «gloser» sur les «erreurs» qui les ont causés.

Citant la guerre en Ukraine comme la principale cause de son double échec - en ce qu'elle aurait «gelé la vie politique» et accouché d'une «campagne escamotée» -, le nationaliste se dit «vraiment» convaincu de l'utilité de sa candidature, lui qui «hésitait encore» à se lancer «il y a à peine un an». «Nous n'avons pas fini de tirer les enseignements de cette année d'audace et de tumulte», prévient-il.

Persuadé d'avoir eu raison de placer le grand remplacement et «l'enjeu civilisationnel» au centre de son discours - des «questions essentielles car existentielles» -, l'ex-polémiste cite les récentes «émeutes du Stade de France» et l'actuelle «litanie quotidienne des faits divers» - rebaptisés «méfaits diversitaires» - comme autant d'exemples validant son positionnement.

La volonté d'inscrire son aventure publique dans la durée réaffirmée

Autant de thématiques longtemps restées orphelines à ses yeux dans le paysage politique, et qui «ont désormais une maison» avec son mouvement. «Nous en avons posé les fondations, il y a encore beaucoup à faire (...)», esquisse-t-il, ambitionnant d'y faire cohabiter «laboratoire intellectuel et idéologique, école de formation, (et) réseau d'entraide au service de nos compatriotes».

Le 19 juillet 2022

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samedi 16 juillet 2022

La méthode du discours



Est-ce son vol de la Patrouille de France ? Le président de la République après des semaines d’un silence qui devenait intenable, a décidé de survoler une heure durant les crises et les difficultés. Vu d’en haut, les proportions rétrécissent et le panorama retrouve son harmonie.

C’est ce regard optimiste (irénique ?) qu’Emmanuel Macron, répétant comme un mantra « on va y arriver », a posé sur la situation. À l’extérieur, des « conflictualités » (Ukraine, réchauffement climatique, inflation) qui menacent notre équilibre national; à l’intérieur, le mal français se réduit au chômage, au pouvoir d’achat, à l’âge de la retraite.

Dans cette réalité atrophiée, nul hôpital sans soignants, aucune école sans professeurs. C’est une France sans émeute au Stade de France, un pays sans crise migratoire, une nation sans menace islamiste, une société sans fractures géographique, économique, culturelle, un peuple sans lutte des âges. Ces impasses, que l’on aurait tort d’imputer aux seules intervieweuses (quand un politique veut dire quelque chose, il n’attend pas les questions), réduisent la portée d’un propos qui, en bien des aspects, s’adressait à la droite. 

Phrases heureuses sur le nucléaire, sur la pénurie de main-d’œuvre comme sur la polémique Uber, propos flous mais volontaires sur la retrait, souci affiché de l’équilibre des comptes «  Je leur dirai des mot bleus… » Nous avons même entendu un appel aux sénateurs, dont Gérad Larcher et Bruno Retailleau, en connaisseurs, ont certainement gouté toute la saveur.

Tout cela porté par un verbe vif, donne un exercice efficace mais immédiatement périssable. Dans le brouillard programmatique parlementaire qui nous bouche l’horizon, on attendait un discours de la méthode. Faute d’instruments - hors la hasardeuse dialectique « le compromis ou le re férendum» -, le chef de l’État a préféré la méthode du discours. La force du verbe pour compenser la faiblesse politique. 

Retour à la case Chirac

Par Vincent Trémolet de Villers le 15 juillet 2022

Le Figaro


lundi 11 juillet 2022

Électricité, gaz: le niveau d’alerte monte d’un cran



L’exécutif ajuste son discours sur la situation de crise énergétique et le risque qui pèse sur la sécurité d’approvisionnement en gaz et en électricité. La menace immédiate d’une fermeture des vannes par Vladimir Poutine est désormais publiquement considérée comme le «scénario central», selon les termes d’un responsable gouvernemental.

Lors des Rencontres du Cercle des économistes organisées pendant le week-end à Aix-en-Provence, la première ministre Élisabeth Borne a été claire: «Il ne faut pas se cacher la réalité, la gravité de la situation: l’hypothèse d’une rupture des livraisons de gaz par la Russie est crédible.» «Préparons-nous à la coupure totale. C’est aujourd’hui l’option la plus probable», a insisté le ministre de l’Économie Bruno Le Maire dimanche 10 juillet.*Ce lundi 11 juillet, le plus gros gazoduc qui alimente l’Europe de l’Ouest en gaz russe, NordStream 1, s’arrête de fonctionner pour dix jours de maintenance. L’Europe redoute que sous divers prétextes, Vladimir Poutine n’autorise pas sa remise en service le 21 juillet. Le gaz russe ne représente que 17 % de la consommation française. Notre pays devrait donc pouvoir surmonter une coupure des approvisionnements à la faveur de sa politique de stockage et d’efforts de sobriété. Mais le problème gazier s’inscrit dans un contexte plus large de «grande tension de tout le système énergétique», relève un dirigeant du secteur.

Un climat anxyogène

L’hypothèque poutinienne aggrave le risque qui pèse sur le passage de l’hiver sur le front électrique. Schématiquement, le plan de travaux sur le parc nucléaire prévu par EDF, qui doit encore être validé par l’Autorité de sûreté nucléaire, doit permettre, au mieux, d’assurer la même capacité de production de l’hiver dernier. Il n’y a donc pas de marge de sécurité. Or les aléas sont nombreux, de la bonne exécution du plan de travaux à la météo. Surtout, la pénurie de gaz organisée par le Kremlin va rendre incertaine, voire nulle, la possibilité de recourir aux importations, depuis l’Allemagne notamment.

Dans ces circonstances, les dirigeants d’entreprise sont nombreux à considérer que la communication gouvernementale est trop timide et déjà trop tardive. «Alerter à la rentrée, c’est trop tard», dit l’un d’eux. L’exécutif campe pour sa part sur sa stratégie de mobilisation progressive, qui commence par le plan de sobriété de l’État, des collectivités et des entreprises, pour devenir une campagne grand public à l’automne. Ainsi organisés, les efforts d’économies et de sobriété permettront-ils d’éviter les délestages, c’est-à-dire les coupures ciblées et tournantes? Beaucoup d’experts en doutent.

Des mécanismes ciblés

Ce climat anxiogène pousse les entreprises vers des plans B, notamment face à l’incertitude sur les livraisons de gaz. Sur le marché de l’occasion, les chaudières industrielles au fuel s’arrachent. Un grand groupe «rétrofite» ses unités de production qui venaient de passer du fuel ou du charbon au gaz.

Parallèlement à ce parfum d’économie de guerre qui s’installe, le gouvernement précise ses intentions en matière de soutien au pouvoir d’achat. «Il faut passer de mécanismes généraux à des mécanismes plus ciblés», a affirmé Élisabeth Borne. Le gouvernement a annoncé, jeudi, que la remise de 18 centimes par litre sur les carburants diminuerait progressivement à compter du 1er octobre pour s’éteindre fin décembre. Elle sera remplacée à partir du 1er octobre par une aide ciblée sur les personnes aux revenus modestes et moyens, qui prennent leur voiture pour aller travailler.

Par Bertille Bayart et Cécile Crozet le 11 juillet 2022

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lundi 4 juillet 2022

Ce que « l’éditorialiste très droitier » reproche à l’AFP



Je voudrais ici, en préalable, remercier tous ceux, très nombreux, qui m’ont témoigné leur soutien ou leur amitié à l’annonce, vendredi, de ma décision de mettre un terme à mes Blocs-notes. Après 37 ans au Figaro (j’y suis entré en 1985), dont 20 ans de chroniques hebdomadaires, j’ai jugé bon, la retraite arrivant (70 ans en septembre), de laisser la place avant qu’on ne me le fasse éventuellement comprendre. J’ai été souvent ému à la lecture des liens  personnels créés au fil du temps avec des lecteurs fidèles mais de moi inconnus. J’ai eu droit également à l’étalement, ici ou là, de la vulgarité commune à tous ceux qui, sur twitter principalement, se sont réjouis de mon départ : ceux-là, anonymes, arborent presque tous sur leur compte les drapeaux européen et ukrainien, plus trois ou quatre seringues en guise d‘éloge de la vaccination ; il n’y manque que le portrait du président Macron. 

Cerise sur le gâteau : j’ai eu droit à une dépêche de l’Agence France Presse, datée du 1 er juillet 2022, à 12h 23 et titrée : « Dernier Bloc-notes pour Ivan Rioufol, éditorialiste très droitier du Figaro ». Le 2 juin 2016, l’AFP m’avait déjà rangé parmi les « figures idéologiques majeures de l’extrême droite » (voir mon bloc-notes). Pour ma part, je me suis toujours dit conservateur, libéral et social. Etre ainsi qualifié d’« extrême droite » ou de « très à droite » par l’agence de presse d’Etat est évidemment une manière manichéenne de disqualifier un journaliste. Le procédé n’est pas nouveau. Mais la neutralité et le professionnalisme de l’AFP sont, en bien des domaines, de l’histoire ancienne. J’ai été plus généralement détesté par l’ensemble du conformisme médiatique, et je m’en réjouis.

L’AFP rappelle dans sa dépêche : « Ces dernières années, plusieurs propos polémiques de M. Rioufol sur les jeunes musulmans, le ghetto juif de Varsovie ou l’épidémie de Covid, ont valu à la chaîne (CNews) d’être épinglée par le gendarme de l’audiovisuel, le CSA (devenu l’Arcom en janvier) ». L’AFP reprend là des accusations infondées. Elles ressemblent aux approximations militantes de Wikipedia. « Les propos polémiques sur les jeunes musulmans » : il s’agit d’un commentaire fait le 21 avril 2017 sur CNews. Citant un sondage de l’Institut Montaigne (bloc-notes du 22 septembre 2016) j’avais fait remarquer que 50 % des jeunes musulmans se réclamaient de la loi islamique, cette même loi appliquée par l’Etat islamique. Un groupe de pression islamiste avait poussé des téléspectateurs à porter plainte au point qu’en effet le CSA, complaisant, avait ouvert l’instruction d’un dossier. Il a du être assez vite refermé car je n’ai jamais été entendu. Le 2 septembre 2020 l’Ifop publiait un sondage montrant que 74 % des jeunes musulmans faisaient passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République. Ce que j’avais dit n’était donc que la vérité. Concernant « le ghetto juif de Varsovie », Wikipédia affirme que j’ai « comparé les non-vaccinés aux Juifs sous le régime nazi ». 

Tout au contraire, j’avais dit en préalable, dans une émission sur CNews le 1 er février 2022 : « On ne peut pas faire un parallèle entre la condition des non vaccinés et la condition des Juifs ». J’avais ensuite mis en alerte sur l’hygiénisme d’Etat qui avait servi de prétexte au régime nazi pour parquer les juifs dans le ghetto de Varsovie. Je m’étais néanmoins heurté à une cabale, soutenue honteusement par la Société des rédacteurs du Figaro, reposant sur une déformation de mes propos (je m’en explique dans le blog du 9 février 2022). Quant à « l‘épidémie de Covid », dont l’AFP suggère que mes positions auraient aussi valu à CNews les remontrances de l’Arcom, je ne vois pas de quoi il est question. Moralité : je continuerai évidemment, ici et ailleurs, à dire les faits et à dénoncer les falsificateurs professionnels.

Par Ivan Rioufol le 4 juillet 2022

Le Blog d'Ivan Rioufol


samedi 2 juillet 2022

Le débraillé revendiqué de La France insoumise



Selon le sociologue québecois, le refus volontaire de l’élégance et la goujaterie dans lesquels s’abîment plusieurs députés Nupes traduit leur vision du monde.

Ces derniers jours, deux groupes de députés qui ne refusent pas nécessairement de se faire appeler populistes sont entrés à l’Assemblée nationale. Mais s’ils se réclament tous les deux du peuple, ils ne s’en font pas la même idée.

On l’a d’abord vu chez les députés du RN, qui avaient reçu la consigne de se vêtir correctement, les hommes devant s’y présenter en costume cravate, les femmes en tailleur ou autre tenue semblable. Il fallait se plier aux codes de l’institution, en respecter les usages, ce qui pour le commun des mortels va de soi. On ne se présente pas en tongs et bermuda à un entretien d’embauche. Et on ne se présente pas à l’Assemblée nationale en bras de chemise. Hélas, ces évidences de bon sens n’en sont pas pour une bonne partie du contingent parlementaire de La France insoumise, qui ne voit rien de solennel dans le fait d’entrer à l’Assemblée, et qui s’y est présentée de la manière la plus débraillée qui soit - on a tout de suite compris qu’il s’agissait d’un débraillé militant, qui consiste à faire un pied de nez à l’institution où on met les pieds, manière comme une autre de la soumettre et d’en prendre possession.

Certains osent même dire qu’ils arrivent à l’Assemblée en s’habillant comme le peuple. Ils oublient que le peuple sait respecter les usages et distingue une tenue de soirée d’une tenue de barbecue. Ils témoignent ici surtout d’une conception plébéienne du peuple. N’en soyons pas surpris: la gauche idéologique a autrefois critiqué la culture humaniste en la réduisant à une culture bourgeoise, qu’il fallait pour cela déconstruire parce qu’elle biaisait la société à l’avantage des privilégiés. C’est pour la même raison qu’elle marque son mépris de l’élégance.

L’élégance est un souci de l’autre

Cette petite polémique moins superficielle qu’il n’y paraît cache une grande querelle. Appelons-la la querelle de l’authenticité. Elle pose la question de notre rapport aux normes sociales. Ces dernières sont-elles civilisatrices, ou oppressives? La civilisation est-elle une œuvre patiente, qui évolue, mais prétend chaque fois imposer une forme à l’informe, tirer vers le haut l’être humain, en le forçant à se tenir droit, ou n’est-elle finalement qu’une conspiration contre notre liberté originelle?

Le progressisme des dernières décennies a rompu avec cette exigence de tenue, au nom d’une éthique de l’authenticité qui renverse le rapport à la norme sociale. L’enfer, c’est les autres, affirme notre contemporain, et c’est en m’arrachant aux normes sociales que je pourrai, en plongeant au fond de moi-même, trouver ma vérité intérieure, renouer avec elle, et revenir au cœur de la cité enfin émancipé, délivré. Il croit même pouvoir congédier la part de la nature en lui.

On oublie pourtant que l’homme qui n’est plus que lui-même, renonçant à l’héritage comme aux usages, et se croyant maître et créateur de son monde, n’est souvent plus grand-chose: un petit tas de ressentiment obsédé par sa singularité introuvable. La grâce n’est pas donnée à tous, et la plupart d’entre nous avons besoin de la tradition pour nous apprendre à vivre. Ignorant qu’on se construit à partir de ce que la civilisation nous offre, naturellement à partir de ses dispositions personnelles, l’homme contemporain ne se construit pas.

Je ne serai que moi, mais je serai absolument moi: telle est la conviction de notre contemporain, qui consent ainsi, derrière un vernis philosophique, à un relâchement fainéant, et qui se donne aussi le droit de verser ainsi dans la pire goujaterie, par exemple, en refusant de serrer la main à un adversaire. Un homme qui se comporterait ainsi nous rappellerait qu’il n’est pas un homme mais un individu en crise d’adolescence. La goujaterie aime s’anoblir en fanatisme grossier.

La tenue n’est pas une affaire de coquets. L’élégance est un souci pour l’autre. Qui porte la cravate à l’Assemblée ou même en société envoie le signal qu’il respecte les codes mais aussi qu’il sait distinguer l’intime du public. Il n’est demandé à personne d’être un dandy: il est demandé à tous de faire un effort. Et chacun saura ensuite, en jouant avec ces normes, ajouter sa touche personnelle, comme il en a toujours été.

Il n’est pas interdit de croire qu’au-delà de la mouvance insoumise certains commencent à le ressentir. Ce qu’on appelle aujourd’hui le renouveau de l’art sartorial, autrement dit, le souci de l’élégance masculine, témoigne toutefois peut-être d’une prise de conscience qui dépasse simplement le désir de s’habiller adéquatement. S’il demeure minoritaire, on peut croire qu’il rejoint une exigence intérieure qui n’a rien de frivole.

Quoi qu’on en pense, le vêtement est un langage, un signal envoyé à la société, et nul besoin d’être un partisan du «c’était mieux avant» pour constater, en regardant une photo d’époque, que les hommes d’hier savaient se tenir et que ceux d’aujourd’hui sont, comme on dit, déconstruits.

Par Mathieu Bock-Côté le 1er juillet 2022

Le Figaro

vendredi 1 juillet 2022

Gauche radicale, droite honteuse



Bravo les artistes ! Chapeau les demi-habiles socialistes et écologistes soumis à Mélenchon, les apprentis sorciers de l’Elysée qui ont méthodiquement décimé les sociaux-démocrates et la droite de gouvernement avant de faire des risettes, de « planification écologique » en Pap Ndiaye, à la gauche extrême ! Félicitations les craintifs de LR, incapables de distinguer l’adversaire prioritaire entre un disciple d’Alain Krivine et l’ancien collaborateur de Nicolas Dupont-Aignan ! Applaudissement pour les démagogues du Rassemblement national qui à force de singer LFI ont repeint en bleu marine le rouge vif de la lutte des classes ! Mention spéciale enfin, pour la radio publique et la presse sentencieuse qui se pâment depuis deux mois devant le radicalisme chic du Bernie Sanders français...

Du chef de l’État qui procrastine, au débraillé des Insoumis à l’Assemblée, en passant par la prudence maladive de la droite qui préfère retirer sa candidature plutôt que gagner avec les voix du RN, le spectacle donné à l’opinion est celui d’un grand affaissement. Comme si la politique, prise d’une frénésie négative, avait décidé de s’autodétruire. La paix à payer de tant d’inconséquences et de lâchetés, c’est l’élection d’un militant révolutionnaire à la tête de la commission des finances. Que doit-on attendre d’un éternel agitateur qui s’enivre des paroles de son chef – « nous allons leur faire les poches » -, qui défile aux côtés du CCIF dans une trouble manifestation contre « l’islamophobie », qui assume de soutenir l’occupation de la basilique Saint-Denis par un collectif de sans-papiers ? IL est à craindre que l’idéologie le plus sommaire le guide dans chacun de ses actes.

À l’heure des conséquences, tous ceux qui ont participé à l’élévation d’Éric Coquerel à la tête d’une commission aussi décisive n’ont pas le droit de se plaindre. Ils ont permis, par un mélange de légèreté, de cynisme, d’antifascisme de circonstance, qu’un courant très marginal dans le pays accède à des fonctions centrales. La gauche radicale ne compte pas s’arrêter là. Si la droite honteuse continue de la sorte, son destin sera d’assister au duel entre Mélenchon et Le Pen.

Par Vincent Témolet de Villers le 1er juillet 2022

Le Figaro

mardi 21 juin 2022

Faute de gaz russe, l’Europe brûle plus de charbon



Après l’Allemagne qui a annoncé un recours accru au charbon pour compenser les baisses de livraisons de gaz russe, c’est au tour des Pays-Bas de faire une pause dans leur trajectoire de sortie du combustible fossile le plus polluant.

Le ministre néerlandais de l’Énergie et de l’Environnement, Rob Jetten, a annoncé lundi que son gouvernement avait «décidé de lever immédiatement les restrictions de production pour les centrales électriques au charbon de 2022 à 2024». Cela signifie, a-t-il précisé, que «les centrales peuvent à nouveau fonctionner à pleine capacité au lieu du maximum de 35 %». Les Pays-Bas étaient parvenus à réduire la part du charbon comme source de production de l’électricité de 40 %, en 2015, à 10 % en 2020, selon l’Agence internationale de l’énergie.

Dimanche, c’est l’Allemagne qui a annoncé un retour au charbon pour faire tourner ses centrales. Son ministère de l’Économie et du Climat assure qu’il maintient son objectif d’abandonner totalement le charbon en 2030. Cette échéance figure parmi les points clés du contrat de coalition négocié l’an dernier entre le social-démocrate Olaf Scholz et ses partenaires libéraux et écologistes. Le géant russe Gazprom a réduit ses livraisons de gaz à l’Allemagne la semaine dernière, invoquant des raisons techniques, juste au moment où le chancelier Scholz se rendait à Kiev.

Par Fabrice Nodé-Langlois le 20 juin 2022

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lundi 20 juin 2022

Macron et la droite, la diagonale du flou



Le fluide de la victoire épousait jusqu’ici tous les contours du macronisme. Il s’est retiré et tout s’est éteint. Le président fraîchement réélu connaît le crépuscule de l’aube, l’hiver du pouvoir aux premiers jours d’été. La magie dissipée, subsiste la mécanique ingrate des combinaisons, la fébrilité des petits calculs: Jupiter condamné aux comptes d’apothicaires avec Thierry Solère. N’importe quel écolier, même privé de cours de mathématiques, aura compris qu’il faut additionner les voix de LR à celle d’Ensemble! pour obtenir une majorité absolue. L’arithmétique est enfantine, la politique, un peu moins.

Écartons pour commencer l’illusion de l’accord de coalition. Il aura pour seul effet de fracturer dans le même mouvement le groupe de députés de la majorité et celui des Républicains. Jeu à somme nulle.

Le débauchage individuel? C’est oublier que les députés qui ont échappé, par deux fois, à l’engloutissement macroniste sont particulièrement endurcis. Disons qu’ils sont plus désireux d’en découdre avec leurs adversaires que de les rejoindre.

Reste la règle du cas par cas. C’est celle-là même que les députés de droite, depuis 2017, ont pratiquée, des ordonnances travail à la loi sécurité globale . Cette stratégie n’est pas sans risque. Elle peut, à force de prudence et de pusillanimité, transformer un parti d’alternance en force d’appoint. D’autant que les textes présentés à l’Assemblée ne recouvrent pas tout. L’immigration, l’école, la sécurité ne dépendent pas que du Parlement. Avant même que se présente le premier projet de loi, la droite peut-elle soutenir un gouvernement qui a renoncé à réguler les flux migratoires, qui a menti sans scrupule après l’humiliant chaos du Stade de France et dont le ministre de l’Éducation nationale est un penseur décolonial? Cela fait cinq ans qu’au gré de ses intérêts électoraux l’Élysée promet de basculer «à droite». 

Aujourd’hui, Élisabeth Borne est à la tête d’un gouvernement à forte influence delano-hollandienne. Elle invoque le danger des «extrêmes» pour défendre le «dépassement» sans voir que cette confusion alimente ce qu’elle prétend combattre. 

Face à la diagonale du flou, la droite doit afficher trois exigences: la clarté, la clarté, la clarté.

Par Vincent Trémolet de Villers le 20 juin 2022

Le Figaro