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samedi 15 avril 2023

Le pouvoir de l’insulte !



Avec Hollande, les Français avaient cru toucher le fond. 

Non ! Poussés par des médias serviles, intéressés et superficiels, ils ont creusé et élu l’un de ses lieutenants, qui avait pour seul talent la trahison envers son mentor. Aujourd’hui, ils peuvent mesurer que la trahison n’est pas un accident de naissance mais le fil conducteur du personnage, car c’est la démocratie, c’est-à-dire le peuple qui est trahi d’une manière insultante par l’occupant de l’Elysée. 

On reconnaît souvent les dictateurs à leur goût pour les actions nocturnes : effectivement, Macron a promulgué la loi honnie par une large majorité des Français durant la nuit qui a suivi sa validation partielle par le conseil constitutionnel. L’obsession de tourner la page l’a conduit à un passage en force qui continue une série d’instrumentalisations des textes pour les vider de leur esprit. La pauvre Mme Borne a osé tweeté  : “Ce soir, il n’y a ni vainqueur, ni vaincu” et a salué “la fin du processus démocratique”. Le mot “fin” est le bon, car effectivement ce qu’elle appelle le “processus démocratique”, c’est la fin de la démocratie au profit d’un prétendu “Etat de droit”, cette expression chère aux oligarques de notre pays car elle recouvre les procédures juridiques qui permettent de contourner et de nier la volonté populaire qui est l’essence de la démocratie. Dans une démocratie, c’est le peuple qui est la source légitime du droit. C’est l’esprit même du droit, et lorsqu’on utilise le droit pour nier la volonté du peuple, on commet une évidente forfaiture. Il y a donc bien aujourd’hui un vainqueur, Macron, mais c’est un vainqueur à la Pyrrhus qui fera payer cher à la France la brutalité inutile d’un pouvoir dont on cherche en vain l’efficacité. Quant au vaincu, c’est le peuple, écarté d’un bout à l’autre d’un processus dont il est pourtant le seul maître légitime car il détient la souveraineté.

” La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum”. Notre constitution est claire. Les deux voies de l’exercice de la souveraineté, représentative et directe, ont pourtant été éludées dans la procédure choisie par l’exécutif et validée par l’autorité de connivence du conseil dit constitutionnel. Pour l’instant, cette dernière a rejeté, par le biais d’une argutie, le recours au référendum d’initiative partagée. On mesure, au travers de cette décision inique, le fossé qui sépare notre pays d’une véritable démocratie comme la Suisse, où la démocratie directe s’exerce pleinement. Quant au pouvoir  législatif de la représentation nationale, il a été forcé du début à la fin, en utilisant une loi rectificative du budget de la sécurité sociale, donc vouée au court terme, pour faire passer des mesures à long terme. Le but de cette préméditation  était de permettre l’usage du 49/3, c’est-à-dire l’approbation de la loi sans vote positif, difficile dans le cadre d’une loi “normale” où son usage est limité. Il n’y a eu ni débat à l’Assemblée Nationale où l’on n’a pas été au-delà de l’article 2, ni au Sénat où il a été tronqué. Les modifications sénatoriales sont d’ailleurs en partie retoquées par le conseil constitutionnel. Ce dernier a donc entériné un texte de l’exécutif !

Deux questions se posent : d’abord, quel crédit accorder au conseil constitutionnel qui, finalement, a joué le rôle essentiel ? La loi pouvait être annulée en raison du véhicule législatif utilisé, la loi rectificative. Le recours au 49/3 a pour but d’empêcher une majorité de se saborder à propos d’un différend interne sur un texte, non de permettre à un exécutif dont la légitimité démocratique est entamée puisqu’il n’a pas de majorité parlementaire de faire comme si de rien n’était. Le conseil constitutionnel en écartant ces deux motifs et en validant la loi, plus encore en rejetant le référendum, a montré que, loin d’être un contre-pouvoir destiné, comme c’est le cas dans la plupart des démocraties, à équilibrer l’exercice du pouvoir par les exigences du droit, il est au contraire un auxiliaire de l’exécutif, destiné seulement à parfumer ses excès d’une suave odeur de juridisme. La désignation de ses membres, anciens premiers ministres, anciens ministres, et hauts fonctionnaires du sérail, choisis par les détenteurs du pouvoir suffit à pointer leur orientation politique, et plus encore leur appartenance à l’oligarchie française qui a voulu cette loi que le peuple très majoritairement refuse. La légitimité du conseil constitutionnel ne serait-elle pas qu’ une plaisanterie bonne pour les gogos ? La question se pose. Une réforme s’impose pour revenir à l’esprit de la Ve République, une république dont le fondateur ne manquait jamais d’en appeler au peuple.

Ensuite, les Français vont-ils accepter longtemps le mépris avec lequel on les dirige ? Un paradoxe est devenu le principe du pouvoir auquel ils sont soumis : moins celui-ci est légitime, plus il est brutal. Elu, non pour lui-même, mais contre une candidate présentée de manière abusive comme un danger par les autres partis et par les médias, Macron a d’abord bénéficié en 2017 d’une sorte de coup d’Etat médiatico-judiciaire concocté par ses amis du secrétariat général de l’Elysée, puis n’a pas fait campagne en 2022, entre torpeur covidienne et guerre en Ukraine. Mal élu et sans majorité parlementaire, il a prétendu s’amender d’une morgue dont il a sans cesse fait preuve durant son premier mandat face aux Français, “Gaulois réfractaires”, et même “riens”. Il a annoncé qu’il changerait, qu’il tiendrait compte du message des législatives perdues par son camp. C’est tout le contraire qui s’est produit : le passage en force et au galop, tandis qu’il allait étaler ses insuffisances à l’international, en Afrique, en Chine, aux Pays-bas. Compte-t-il cyniquement sur la fatigue des Français devant les violences que sa politique suscite et entraîne, et sur le parti de l’ordre pour reconstituer sa base, de plus en plus érodée et fragile  ? 

Il avait déjà usé de cette stratégie pour résister à l’assaut des “Gilets jaunes”. La répétition du même phénomène fait de lui un récidiviste, le véritable auteur du désordre. Le parti de l’ordre qui l’avait aussi soutenu dans la politique menée durant l’épidémie sait maintenant que de nombreuses fautes ont été commises par le pouvoir durant cette période, notamment des mesures attentatoires aux libertés voire répressives, ignorées dans les autres pays sans que la mortalité y fût plus forte. Cette rigueur n’avait pour but que de masquer l’impréparation initiale. La frénésie de dépenses qui a clôturé cette séquence et préparé les élections avec une démagogie éhontée pèse maintenant sur l’économie française et le pouvoir d’achat des Français. Le parti de l’ordre ne peut plus venir au secours de celui qui est la principale cause du désordre.

Les Français subissent un pouvoir aussi insupportable qu’inefficace, dangereux en un mot, puisqu’incapable de traiter les vrais problèmes, ceux de l’immigration excessive, de l’effondrement de notre identité, de la montée de la délinquance, du déclin de notre économie, il en invente de nouveaux qui divisent notre pays. Un président se respecte, un dictateur incompétent se renverse : un référendum qui le désavouerait suivi d’une exigence de sa démission paraît aujourd’hui une mesure de salut public !

Par Christian Vanneste le 15 avril 2023

Le blog de Christian Vanneste


jeudi 13 avril 2023

Taïwan et Ukraine : Emmanuel Macron s’embrouille

 


Nos médias obnubilés par l’Ukraine ont bien du mal à analyser d’autres problématiques internationales. La tentation est grande d’examiner à travers le prisme ukrainien par exemple la crise de Taïwan. Dans les deux cas, un régime autoritaire, présenté comme totalitaire, met en danger par des visées impérialistes des États indépendants. Mais le rapprochement s’arrête là, sauf si on y ajoute celui, effectif, entre Poutine et Xi initié par un autre impérialisme, celui des Américains et de leurs clients européens.

Suivisme et volonté d’indépendance : l’étrange ballet de Macron

Empire du bien contre empire du mal à Taipei comme à Kiev donc. Mais gare aux comparaisons qui ne sont pas raison. Le président Macron aurait dû y penser. Une nouvelle fois, son « en même temps » s’est fracassé sur la réalité. Il est allé en Chine parler de l’Ukraine alors que Pékin ne s’intéressait qu’à Taïwan. Le président qui n’avait pas vu, comme beaucoup d’ailleurs, l’intervention russe en Ukraine n’avait pas vu non plus les manœuvres chinoises autour de l’ancienne Formose des Portugais, plus faciles cependant à anticiper.

Alors que, bien sûr, il n’obtenait rien sur l’Ukraine, il a décidé de commenter Taïwan, alors que personne ne lui demandait rien. Dans un entretien réalisé avant les manœuvres militaires qui ont secoué l’île de Taïwan, le président français a souligné la nécessité de ne pas « entrer dans une logique de bloc à bloc ». L’Europe ne doit pas « être suiviste » des États-Unis ou de la Chine sur Taïwan, a-t-il dit, s’attirant les critiques de ses alliés occidentaux.

Les bras en tombent. Celui qui suit Biden avec quelques ratés sur l’Ukraine se veut indépendant au nom de l’Europe à Taïwan. Et quand il poursuit, on croit rêver : « le grand risque » que court l’Europe serait « de se retrouver entraînée dans des crises qui ne sont pas les nôtres, ce qui nous empêcherait de construire notre autonomie stratégique ». « Le paradoxe, a-t-il poursuivi, serait que nous nous mettions à suivre la politique américaine, par une sorte de réflexe de panique. » Le sénateur républicain de Floride Marc Rubio s’est étonné de ce positionnement diplomatique après « six heures de visite ». « Nous avons besoin de savoir si Macron parle pour Macron, ou s’il parle pour l’Europe. Nous avons besoin de le savoir rapidement, parce que la Chine est très enthousiaste à propos de ce qu’il a dit », a-t-il écrit de façon cinglante sur Twitter.

Pour le chercheur Antoine Bondaz, spécialiste des relations internationales et des questions chinoises, le chef de l’État a ici commis plusieurs erreurs de communication. « Au retour d’une visite d’État en Chine, Macron ne trouve rien de mieux que de critiquer les États-Unis. Ce qui conforte les doutes appuyés de nos partenaires d’une équidistance de Paris entre Washington et Pékin », a écrit l’expert. À Moscou, on doit se demander les raisons de ce deux poids deux mesures sur le bon et le mauvais suivisme des Français.

La raison est peut-être tout simplement que notre président, comme nos médias, ne comprend pas grand-chose à Taïwan.

Rappel historique sur Taïwan

La différence majeure est la suivante : jamais l’Ukraine n’a prétendu à l’unité des terres russes sous sa souveraineté. Aujourd’hui, c’est la Chine communiste continentale qui revendique Taïwan. Mais il fut un temps pas si lointain ou Taïwan était la seule Chine internationalement reconnue, la Chine nationaliste de Tchang Kaï-chek qui annonçait pour demain un débarquement sur le continent pour prendre une revanche et en finir avec Mao et ses communistes.

Aujourd’hui, les indépendantistes gouvernent Taïwan, mais ils peuvent demain être battus dans des élections incontestablement démocratiques par les nationalistes. Ces derniers ont la même vision que Pékin : Taïwan, c’est la Chine.

Quand Tchang a quitté le continent, chassé par Mao, pour se réfugier dans la grande île, il l’a fait sans renoncer au combat avec une armée d’un million d’hommes. C’est un véritable « choc culturel » entre les Chinois venus du continent et les Taïwanais qui avaient vécu sous administration japonaise durant cinquante ans. En septembre 1949, la victoire des communistes est totale sur le continent ; la république populaire de Chine est déclarée le 1er octobre 1949 à Pékin.

En décembre 1949, Tchang déplace son gouvernement à Taipei, dans l’île de Taïwan. Taipei devient capitale de la « république de Chine (Taïwan) », où il reprend officiellement ses fonctions de président de la République le 1er mars 1950. Tchang Kaï-chek reste à la tête de la république de Chine à Taïwan jusqu’à sa mort en 1975, et continue de revendiquer la souveraineté sur l’ensemble de la Chine. En 1975, Tchang Kaï-chek meurt, et, en 1978, son fils Chiang Ching-kuo lui succède à la tête du pays et du Kuomintang. L’arrivée de Chiang Ching-kuo entraîne une participation accrue des Taïwanais. Les Taïwanais soutiennent d’une courte majorité le parti démocrate progressiste qui veut se détacher du monde chinois, dont se revendique pour Taïwan le Kuomintang toujours très puissant.

Mais il faut faire attention à ne pas opposer Chinois et Taïwanais. Le peuplement de l’île s’est opéré en trois phases principales : les Austronésiens arrivent à Taïwan il y a 6 000 ans par vagues successives depuis les plaines côtières de la Chine du Sud. Puis il y eut l’immigration d’habitants du Fujian puis du Guangdong, à partir du XVIIe siècle et jusqu’au XIXsiècle ; et enfin, au XXe siècle, l’arrivée de près de deux millions de Chinois entre 1945 et 1949. La population taïwanaise est donc constituée à plus de 95 % de Chinois Han, auxquels s’ajoutent 580 000 aborigènes appartenant aux tribus d’origine austronésienne reconnues par le gouvernement.

Finalement, Xi Jinping préfère de loin le parti chinois même anticommuniste au parti indépendantiste même majoritairement soutenu par une partie de la population chinoise d’avant l’arrivée de Tchang dans une île ethniquement chinoise et peu souvent sinon jamais vraiment indépendante.

Voilà une situation dont la complexité échappe vraisemblablement quelque peu à Emmanuel Macron.

Par Pierre Boisguilbert le 12 avril 2023

Polémia

jeudi 30 mars 2023

Quand la haine hanti française embrase l'Afrique



Communiqué de Dominique Bilde, Député RN au Parlement européen du 28 mars 2023
Ils tombent tous comme des dominos : un par un, les pays du Sahel semblent gagnés par une étrange fièvre antifrançaise, avec, en toile de fond, des réseaux sociaux colportant les théories du complot les plus farfelues.
Dernier en date : le Niger, où la France a redéployé sa présence militaire dans la foulée de la fin de l’opération Barkhane. Encore nous précisait-on en juin qu’elle prendrait ses quartiers de préférence en dehors de la capitale, afin de garder « désamorcée » la « bombe » du sentiment antifrançais.[1] Rassurant !
Des précautions manifestement superflues, puisque le 18 février 2023, quatre centrales syndicales nigériennes exigeaient le démantèlement des bases militaires étrangères.[2] Récemment, on apprenait d’ailleurs que le pays aurait essuyé une « vague de désinformation », charriant dans son sillage son lot d’« infox » virales, avec la France comme cible de choix.
Passons sur les rivalités entre grandes puissances étrangères, dans une Afrique objet de toutes les convoitises. Le plus déconcertant est l’absence d’une riposte bien rodée, dans des pays où Paris n’a, après tout, lésiné ni sur l’aide au développement ni sur l’engagement humain - 58 de nos soldats sont tombés au Sahel contre le terrorisme islamiste.
Jusqu’à quand accepterons-nous de voir la France ainsi ravalée au rang de paria et réduite à déployer ses soldats en catimini au sein de populations hostiles ?
Sur ce point, la récente tournée africaine d’Emmanuel Macron, placée sous le signe de la repentance, n’augure rien de bon. Pas davantage que la réserve de certains diplomates, « qui pensent que ce n'est pas leur métier de faire le marketing de l'action de la France » ou celle d’une presse, incarnée notamment par RFI, qui estimerait « être dans son rôle en posant un regard perpétuellement critique », selon l’analyse très juste du reporter Patrick Robert.[3]
En clair : il est difficile de lutter contre le sentiment antifrançais quand on est pétri d’une obsessionnelle haine de soi. Cela va sans dire - mais c’est sans doute mieux en le disant !
[1] Niger : entre la France et le Mali, le pari risqué de Mohamed Bazoum, Jeune Afrique, 13 juin 2022.
[2] La France partie pour rester au Sahel, Le Monde Diplomatique, Mars 2023.
[3] Patrick Robert : «Par-delà le cas du Mali, pourquoi le sentiment anti-français augmente en Afrique», Le Figaro, 22 août 2022.

lundi 27 mars 2023

Exigeons un Référendum !



Un président élu deux fois par défaut, la première fois grâce à un coup d’Etat médiatico-judiciaire, la seconde dans l’abrutissement post-covidien qui lui a permis d’éluder la campagne, un homme dénué d’expérience politique, sorti de l’Ena et inspecteur des finances comme tous les politiciens qui ont coulé notre pays, un banquier éphémère dont le seul et douteux exploit se réduit à une vente entre deux grandes entreprises internationales, un copain protégé par des parrains à la fois socialistes et amis des milliardaires, adeptes du mondialisme et de la mort de notre civilisation comme Attali, un mari au sein d’un couple improbable dont l’image a été fabriquée par la sulfureuse Mimi Marchand, l’un de ces personnages qui comme Benalla n’ont rien à faire à l’Elysée, mais qui y sont depuis qu’il y est, un grand causeur et un petit faiseur, dont le bilan est en tous points calamiteux, voilà donc le chef que les Français, dupés et pour certains heureux de l’être, se sont donné.

Il est hélas trop facile d’aligner les attendus du réquisitoire : élu dans une vague d’antiparlementarisme moralisateur, Macron a depuis été entouré par des affaires qui ont touché ses amis et qui le rattraperont à la sortie. Qu’est devenue la fortune acquise rapidement chez Rothschild ? Le mot de haute trahison est-il excessif lorsqu’un détenteur du pouvoir au plus haut niveau brade des fleurons industriels français comme Alstom ? Que sont devenus et que deviendront les nombreux chefs de parti, parlementaires transfuges de droite et de gauche, ministres, et jusqu’au secrétaire général de l’Elysée auxquels la Justice demande des comptes ? Mais il suffit de voir dans quel état se trouve la France pour que le mot de trahison devienne le fil conducteur du scénario depuis qu’un certain Macron a pénétré à l’Elysée comme secrétaire général adjoint de la présidence sous Hollande ! Un pays déclassé, qui a perdu son industrie, qui bat des records de déficits et de dette, qui obéit à l’Allemagne, et à travers elle aux Etats-Unis, un pays humilié par une politique de repentance injustifiée qui nous soumet à nos ennemis et fait fuir nos amis, un pays qui a cessé de compter sur la scène internationale où les leçons débitées sur un ton précieux par un ignorant malhabile ne peuvent plus susciter que le mépris, un pays vérolé par la drogue, les trafics et la délinquance, un pays dont l’identité prestigieuse s’efface avec une langue envahie par le sabir anglo-saxon et une population submergée par les vagues migratoires, un pays dont les piliers s’effondrent avec la chute vertigineuse de l’éducation et de la santé, tel est l’état de la France après six ans de macronie !

Mais au coeur de ce noir bilan, il y a une autre victime que la France, c’est la démocratie. Cette caricature de la caste politicienne qu’est Jean-Pierre Raffarin a avoué le crime dont il s’est fait le complice fervent : dans un tweet, il affirme que la démocratie, c’est l’Etat de droit, vieux sophisme qui fait passer le légal pour le légitime, la forme pour le fond, le pouvoir d’une oligarchie astucieuse pour celui du peuple. Non, la démocratie, c’est le régime soumis à la souveraineté du Peuple, au travers de ses représentants, certes, mais aussi directement par l’usage du référendum. Cette double voie fait d’ailleurs partie de notre “Etat de droit”, lequel n’est que l’ensemble des règles qui canalisent la volonté populaire pour qu’elle respecte les minorités et les individus, non pour qu’elle se soumette au bon vouloir de groupes de pression, de factions ou de coteries. Lorsqu’on remet à leur place respective la démocratie et l’Etat de droit dans la situation que le pouvoir a créée dans notre pays à l’occasion de la réforme des retraites, la réalité devient claire : la France n’est plus une démocratie !

En 2022, les Français, épuisés par la crise du covid, ont choisi Charybde-Macron pour éviter Scylla-Le Pen. Beaucoup de ceux qui ont fait ce choix ne partageaient nullement les idées de l’élu, mais refusaient davantage celles de son adversaire. Le niveau d’abstention a atteint un record pour une élection présidentielle. Surtout, contrairement à l’habitude, et malgré l’effet de levier du mode de scrutin, les électeurs n’ont pas offert de majorité parlementaire au président. L’Etat de droit de notre république n’est pas le régime présidentiel, mais un régime parlementaire rationalisé où l’exécutif prend le pas sur le législatif, le président ou le premier ministre quand ce dernier est l’expression d’une majorité parlementaire. Le premier déni de démocratie du pouvoir actuel est de considérer que la France est un régime présidentiel sans contre-pouvoir puisque grâce à l’usage immodéré du “droit” le président impose sa volonté au Parlement. Le choix de faire passer une loi aussi importante par le biais d’une loi rectificative du budget de la sécurité sociale est dès le début une entorse à l’esprit de la loi : son sujet est trop important et de trop longue durée pour entrer dans un processus législatif voué à l’urgence et au détail. Mais il autorise l’usage du 49/3, soit l’approbation sans vote, donc sans l’avis des représentants d’un peuple qui, d’après les sondages vomit très majoritairement le projet de loi ! Le cirque déployé par l’extrême-gauche à l’Assemblée a permis de donner le beau rôle au Sénat dont la représentativité est contestable : des notables élus par de grands électeurs qui forment une majorité “en retard” sur la réalité du pays auront pesé davantage sur le vote de la réforme que les députés élus au scrutin direct ! Encore ce vote aura-t-il été obtenu en utilisant des procédures inusitées qui ont amputé le débat sénatorial. Quant à la rue qui mobilise sans cesse, quant aux mouvements lancés par des syndicats unis comme jamais, le mépris souverain les accueille : le président après sa soirée-bière en Afrique refuse de recevoir les représentants syndicaux. Il continue à prétendre que les Français ont choisi cette réforme en le réélisant, alors qu’il avait d’abord proposé une vraie réforme, fondée sur un système comparable à celui réalisé en Suède. Il avait d’ailleurs lui-même dénoncé le caractère injuste de l’augmentation des années de cotisation. 

Mépris de la colère populaire, désinvolture par rapport à ses propres positions : comment et pourquoi les Français ne se révoltent-ils pas ? Le marteau-pilon de la stratégie anti-covid, dont on découvre maintenant les errements et les fautes, les a habitués à la soumission à d’autres intérêts que les leurs. Les difficultés de la vie quotidienne avec l’obsession légitime du pouvoir d’achat, et l’affaiblissement de la solidarité familiale, rendent plus pénible la participation à des grèves ou à des manifestations. Avec un rare cynisme, le pouvoir actuel en joue, en espérant le pourrissement avec la lassitude des usagers et comme d’habitude les exactions des blacks-blocs, plus utiles que jamais. Après le consensus obtenu au sein d’une commission mixte paritaire qui donne artificiellement une large majorité aux partisans de la réforme, le gouvernement a néanmoins eu recours à l’article 49/3 pour éviter d’être battu. Entre voter un texte et entraîner une dissolution de l’Assemblée, il y a un Rubicon que des députés refuseront de franchir : la peur, à défaut des cadeaux promis à certains d’entre eux, figure le dernier déni de démocratie que le pouvoir inflige à la France : imposer à un peuple réticent, par un vote négatif,  la volonté d’un homme dénué de toute légitimité politique ou morale !

La conclusion s’impose : l’intérêt supérieur de la France, comme aurait dit de Gaulle impose que le spectacle cesse, que l’histrion bavard quitte la scène ! 

Mais, auparavant, la survie de la démocratie dans notre pays implique qu’un référendum soit organisé sur la réforme des retraites : cela est possible grâce à la révision constitutionnelle de 2008. Il se trouve que j’ai été l’auteur d’un des amendements qui ont abouti à ce dispositif référendaire. Il faudra que plus de quatre millions de Français l’exigent par pétition, un électeur sur dix, et un parlementaire sur cinq. Ce qui paraissait impossible devient accessible avec les syndicats, les partis politiques et la masse des opposants motivés ! 

Certes, le pouvoir pourrait néanmoins se contenter d’un nouveau débat à l’Assemblée, mais, cette fois, on peut penser qu’il n’osera pas !

Par Christian Vanneste le 17 mars 2023

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vendredi 24 mars 2023

Macron : la quintuple impasse face à la crise

 


Par Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polémia le 23 mars 2023 

La Ve République entre dans sa soixante-cinquième année. Bravo ! C’est un régime – mi-présidentiel, mi-parlementaire – qui a montré une grande souplesse d’adaptation. Ainsi, l’histoire politique fournit-elle une multitude de réponses possibles pour sortir d’une crise. Mais toutes sont des impasses aujourd’hui. Revue des options.

La dissolution

Elle a été utilisée à deux reprises. En 1968 par le général de Gaulle et en 1997 par Jacques Chirac.

Grand succès en 1968 avec une « chambre introuvable » mais trouvée contre la chienlit et qui fit… le contraire de ce qu’attendaient ses électeurs, en particulier sur l’école et les universités !

Bel échec en revanche, en 1997, où c’est la gauche qui ramassa la mise… et qui, elle, mit en œuvre son programme avec Jospin.

La dissolution est peu envisageable aujourd’hui car trois forces s’affrontent – NUPES, RN et LREM – et aucune ne semble en passe de l’emporter seule. Dissoudre pour retrouver la même situation rappellerait la République de Weimar.

La cohabitation

Pratiquée par Mitterrand en 1986 et Chirac en 1997, la cohabitation consiste à confier à son adversaire les rênes du gouvernement. Mais cohabiter avec qui ?

Avec Marine Le Pen ? Cela reste toujours impensable après vingt ans de tentatives, souvent pathétiques, de dédiabolisation.

Avec Jean-Luc Mélenchon ? Peu envisageable aujourd’hui sauf si la NUPES devenait majoritaire après une dissolution.

Alors avec qui ? Un LR avec un poids suffisant pour polariser – en bien ou en mal – autour (ou contre) lui ? Mais qui ? Sarkozy ? Difficile tant il est empêtré dans son futur procès libyen et alors même qu’il n’est pas certain que suffisamment de députés LR le suivraient.

Le référendum

Il a été utilisé par de Gaulle en 1969. Encore faudrait-il accepter de démissionner en cas de défaite.

L’annulation de la loi sur les retraites par le Conseil constitutionnel

Il s’agirait d’un tour de passe-passe qui renforcerait la dictature des juges. Mais que deviendrait un Macron encore plus affaibli ?

La démission

De Gaulle le fit en 1969 mais Macron, l’enfant gâté narcissique, y serait-il prêt ? Il est vrai que les oligarques qui l’ont mis en place pourraient être tentés de le débrancher. Déjà les médias sont passés du léchage au lâchage… En attendant le lynchage ?

Alors Macron/exfiltration ? Mais pour mettre qui ? Son camarade – à un an près d’écart – du groupe de Bilderberg et du Forum de Davos, Edouard Philippe ? Mais qui cela fera-t-il rêver ?

Car Macron, fut-il (c’est plutôt flatteur pour lui) comparé à Néron ou à Caligula, voire à Héliogabale, ce n’est pas le seul problème. La vraie question c’est l’inconséquence des choix français.

Nœud gordien

Choix énergétiques (Sarkozy, Hollande, Macron) qui ont mis à bas l’avantage nucléaire de la France.

Choix géopolitiques d’alignement sur l’OTAN et les sanctions contre la Russie : des sanctions qui coûtent beaucoup plus cher aux « sanctionneurs » qu’aux sanctionnés.

Choix migratoires – 500 000 entrées en 2022 – qui plombent les comptes publics, tirent les salaires à la baisse et font exploser le prix des logements.

Choix médiatico-politiques aboutissant à exclure du jeu le RN, c’est-à-dire le tiers des électeurs, rendant impossible de trouver une majorité.

Choix idéologiques consistant à opposer les immigrés aux Français, les femmes aux hommes, les vieux aux jeunes, en détruisant ainsi tous sens du commun.

Au-delà du Grand Remplacement, c’est le Grand effondrement. Un jour viendra où il faudra bien sortir des discours démagogiques – comme les dernières élections présidentielles en ont été l’occasion – et affronter les dures réalités en face.

Un jour viendra où il faudra parler un peu moins de la « planète » ou de la « communauté internationale », faux nez de l‘État profond américain, et se poser la question de l’intérêt national et… des efforts à faire.

Qui dira aux Français que la question du pouvoir d’achat et des retraites n’est qu’une vaste blague tant qu’on ne change pas de politique migratoire, de politique internationale, de politique énergétique ?

Qui tranchera le nœud gordien ? La question avait été posée par Georges Pompidou à l’automne 1968… Elle reste d’actualité à l’heure d’un mars 2023.

Polémia


jeudi 16 mars 2023

Du déclin annoncé et programmé du régime des retraites : aux commandes les partis de droite depuis 1993 puis la gauche depuis 2014


En 1982, le président François Mitterrand a ramené l’âge de départ à la retraite à 60 ans pour les assurés qui justifiaient d’une durée de cotisation de 37,5 ans (150 trimestres) dans un ou plusieurs régimes de base.

  • Dès 1993 la réforme effectuée par Edouard Balladur, Premier ministre,a augmenté la durée de cotisation requise pour toucher une retraite à taux plein à 40 ans, contre 37,5 ans. À compter de cette année 1993, le calcul de la pension est basé sur les 25 meilleures années de salaire contre 10 auparavant. Les pensions de retraite sont revalorisées sur l’indice des prix et non plus sur l’évolution générale des salaires. Pour les salariés du Privé, le gouvernement Balladur amputait déjà violemment leur régime de retraite.
  • En 2003, François Fillon a réalisé une réforme importante qui prévoit l’alignement de la durée de cotisation du secteur public sur celle du privé qui est passé de 37,5 ans à 40 ans.
  • La réforme de retraite de 2010a prévu le recul progressif de l’âge légal de départ de 60 ans à 62 ans et le recul progressif de l’âge du taux plein de 65 ans à 67 ans.
  • En 2014,la réforme menée par la gauche prévoit l’allongement de la durée d’assurance minimale pour prétendre à une retraite à taux plein : il augmente progressivement de 166 trimestres à 172 trimestres pour les assurés nés entre 1958 et 1972.
  • La gauche en profite pour créer tacitement un âge d’équilibre à 64 ans. Comment ?
  • L’âge légal de départ reste fixé à 62 ans,mais un système de décote/surcote est proposé à partir de 64 ans. Cette recommandation va dans le sens du Bonus/ malus initié sous le gouvernement Hollande et qui pousse les actifs à travailler 1 ou 2 années de plus pour ne pas être pénalisés par une décote pendant une période donnée. Cette mesure vise à inciter les Français à quitter la vie active le plus tardivement possible
  • Toutes ces réformes ne sont, nous dit-on, pas suffisantes pour combler le déficit des caisses de la Sécurité sociale. Une nouvelle réforme, qui suscite une vive opposition, a fait son apparition : celle du régime universel de retraite, voulue par le Président Emmanuel Macron.

 

L’âge légal de la retraite à 64 ans

Les personnes nées à partir de 1961 seront les premières concernées par le report de l’âge légal de départ en retraite. La règle serait alors une augmentation de la durée minimale de travail de 3 mois par an avec pour objectif d’arriver à un âge légal de départ à la retraite de 65 ans dès 2031.

 

Lorsque l’on sait qu’à partir de 60 ans il n’y a que 30% des actifs qui peuvent continuer à travailler, la question humaine et sociale se pose : comment les 70% feront-ils pour vivre décemment si on augmente le nombre de trimestres de dépendance financière et par là même le risque de voir de plus en plus de demandeurs de RSA ?

Tout est fait pour appauvrir les retraités

La Sécurité sociale est et sera en déficit en partie à cause des pensions de retraites ? Cela reste à prouver et il est d’abord urgent d’éviter tous les gaspillages voulus, soutenus, par les pouvoirs publics depuis plusieurs décennies.

Je vous renvoie à l’excellent livre de Nicolas DUPONT-AIGNAN « Où va le pognon ? » L’auteur explique très précisément comment à partir d’une volonté politique, d’une détermination politique, on peut économiser 100 milliards d’euros par an et, par là même, redonner aux retraités et aux futurs retraités l’espoir de profiter de ce qui leur est dû après toutes les années de travail et, ce qu’on ne dit pas assez, ils ont cotisé depuis plus de 40 ans pour s’entendre dire aujourd’hui qu’ils n’auront pas la retraite à laquelle ils pouvaient prétendre.

J’aimerais enfin pouvoir me dire que toutes les personnes de bonne volonté, que tous les politiques qui sont réellement à l’écoute des citoyens, s’unissent pour redonner à notre pays l’envie d’avoir des retraités et non pas de futurs assistés.

A qui toutes ces mesures profitent ? Au portefeuille de l’Etat sans aucun doute et surtout aux fonds de pensions.

La retraite par répartition comme nous la connaissons depuis 1945 reste un beau modèle à défendre. On travaille, on cotise pour les retraités. On arrive à la retraite, les actifs cotisent. Se constituer une retraite à l’aide de fonds de pension n’est qu’une utopie. Ces fonds profitent aux établissements financiers et quid en cas de crack des marchés financiers ?

Par Frédéric Guyard, Secrétaire général de DLF le 9 mars 2023

Debout La France

jeudi 2 mars 2023

Mer de Chine du sud : le centre du monde



Si demain un conflit ouvert se produit entre la Chine et les USA, il y a tout lieu de croire que ce sera dans la zone maritime qui sépare la Chine, le Vietnam, la Malaisie, les Philippines et Taïwan, la mer de Chine du Sud. Cette zone est en effet totalement stratégique pour la Chine comme pour les USA.

C’est le politologue américain Graham T. Allison qui a inventé et popularisé le concept du «Piègede Thucydide» et qui a remis à l’honneur le célèbre historien grec de l’Antiquité.

Il s’agit d’une «situation historique qui voit une puissance dominante entrer en guerre avec une puissance émergente poussée par la peur que suscite chez la première le surgissement de la seconde».

On peut dire que cette constatation relève du bon sens, qu’elle a été extrêmement courante au cours de l’Histoire, et qu’elle caractérise parfaitement les relations actuelles entre les USA et la Chine. En soi, elle n’est donc pas très intéressante ni originale. Ce qui est plus utile à analyser, par contre, ce sont les péripéties possibles de l’évolution des belligérants à l’intérieur de ce piège, et les raisons qui pourraient conduire à ce qu’une «montée aux extrêmes» se produise, où, quand et pourquoi.

Pour ce qui est de l’évolution des acteurs du conflit, tout comme aux premiers rounds d’un match de boxe, on constate qu’il existe souvent entre eux, à partir du moment où l’un comme l’autre se rend compte qu’un affrontement politique (mais pas nécessairement militaire) sera inévitable, une sorte de «période d’observation». Chacun tente d’abord de jauger l’autre, de l’amadouer ou au contraire (ou en même temps) de l’intimider, pour savoir comment il va réagir, s’il va finalement se soumettre ou si on va pouvoir le vaincre sans combattre. De même, on va tenter de se mesurer à lui sur des théâtres secondaires, où des «tests» – victoires ou défaites – seront possibles sans que les egos des protagonistes ne soient directement affectés.

Ces périodes peuvent durer très longtemps. Elles peuvent se conclure soit par un partage du monde (USA/URSS dans un premier temps), soit par la soumission totale de l’un des deux (USA/Japon après la Deuxième Guerre mondiale), soit par la chute de l’un des deux sans affrontement direct (ainsi en fut-il tout au long de la guerre froide entre les USA et l’URSS, jusqu’à la victoire finale des USA, en 1991), soit par une victoire militaire (chute du nazisme en 1945).

La «montée aux extrêmes» se produit souvent sans que les belligérants (s’ils préfèrent se jauger plutôt que se battre) ne l’aient expressément souhaité, mais de telle sorte qu’ils ne puissent l’éviter, soit parce que leur ego (et donc leur image) est directement touché, soit parce que la question est ultra-stratégique, soit parce que la friction, à cet endroit, est permanente. Lorsque toutes ces conditions sont réunies, tout laisse à penser, même si par ce fait même les belligérants vont y focaliser toute leur attention, que c’est là que l’explosion a le plus de chances de se produire.

Par rapport à la Chine, après une longue période où les USA ont semblé ne pas se rendre compte du danger, c’est aujourd’hui dans la phase de jauge et d’intimidation, de déclarations fortes, voire belliqueuses 2, que la relation s’est installée, 3 on ne sait pas pour combien de temps. Mais, en même temps, les conditions d’une «montée aux extrêmes» existent déjà, et toutes les conditions décrites plus haut y sont présentes.

Un article remarquable du Général Daniel Schaeffer, paru sur le site Asie21, nous donne, à ce titre, de précieuses indications. Il détaille la situation en mer de Chine du Sud, où la Chine tente aujourd’hui un coup de force, en se basant sur un tracé de partage des eaux datant de 1947 et défini unilatéralement (et juridiquement condamné), pour «privatiser» la quasi-totalité de cette mer, y compris les îles qui s’y trouvent 4 îles, pour certaines, déjà occupées et militarisées. Il y a évidemment, dans cette démarche, un fort intérêt de contrôle des routes maritimes et de sécurisation de ses exportations vers le détroit de Malacca et les marchés de l’Ouest. Il y a aussi la captation des ressources halieutiques et, bien sûr, celles des hydrocarbures qui s’y trouvent. Mais cela n’est que la surface des choses.

Ce que montre Daniel Schaeffer, c’est que se trouve, en plein dans cette mer, sur l’île de Hainan, la principale base militaire de sous-marins chinoise, dans le port de Sanya. Or les Chinois ont un problème de la plus haute importance : leurs missiles Julang-2, tirés depuis leurs sous-marins Jin, ne sont aujourd’hui pas suffisamment puissants pour frapper directement, en cas de riposte nucléaire, le territoire des USA. Ils auraient besoin pour cela de s’aventurer largemet dans le Pacifique, au moins jusqu’à Hawaï. Or la profondeur de la mer, en sortie de Sanya et jusqu’au détroit de Bashi, entre les Philippines et Taïwan, n’est pas suffisante pour que les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins puissent s’y fondre immédiatement dans la mer profonde. Lorsqu’ils quittent leur base, ils sont immédiatement repérés par tous les autres, y compris par les navires US qui patrouillent dans la zone et, on peut le penser, suivis ensuite à la trace. Il est donc pour eux tout à fait essentiel de chasser toute présence étrangère de la zone, ou du moins de la contrôler entièrement, de façon à sécuriser la sortie de leurs sous-marins vers le Pacifique.

Et le Général Schaeffer va même plus loin. En effet, le meilleur endroit, pour les Chinois, pour avoir accès directement aux grands fonds dès la sortie de leur base se situerait… sur la côte Est de Taïwan ! Là, en effet, ils pourraient disposer, à sept kilomètres des plages, de profondeurs de 1 300 m. Une configuration idéale pour menacer directement les USA. On comprend à quel point la conquête de la mer de Chine est pour eux essentielle, et celle de Taïwan bien plus encore.

  • 1 -Pour les Américains, la problématique est rigoureusement inverse. Tant que la menace des sous-
  • marins chinois reste limitée à la mer de Chine du Sud, ils sont moins en danger.
  • 2 – Le Président chinois a demandé à plusieurs reprises à l’armée (en octobre 2018 et en octobre 2020, notamment) de se préparer à la guerre avec les USA.
  • 3 – De par l’accélération hégémonique chinoise conduite par Xi Jinping depuis 2013 et la réaction de Donald Trump
  • pendant son mandat, de 2017 à 2021, une politique apparemment poursuivie par Joe Biden.
  • 4 – Du nord au sud : les Pratas, les Paracels, les Zhongsha Qundao, les Spratleys.
  • 5 – Et pour autant que les Chinois ne développent pas d’autres missiles plus puissants, ce qu’ils sont évidemment en train de faire avec les Julang
  • Deux géants politiques, dont l’un est hégémonique et l’autre ne pense qu’à lui ravir la place, s’affrontent dans une petite mer semi-fermée, où fourmillent une multitude de protagonistes, qui se côtoient avec des frictions permanentes, et où prédominent des intérêts stratégiques majeurs. Une «faille de San Andreas» politique, pourrait-on dire. La tension y augmentera, inévitablement, d’année en année. Si une éruption se produit un jour, il y a tout lieu de croire que ce sera là. La mer de Chine du Sud est, aujourd’hui et pour longtemps, le centre du monde.
Par François Martin le 24 février 2023

samedi 11 février 2023

Confession d’un futur embastillé. In memoriam Didier Patte (1941-2023)



Les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction.  Les Onironautes sont avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.

Amoureux des patries charnelles, et d’abord de la sienne, à la tête du Mouvement normand près d’un demi-siècle durant, Didier Patte nous a quittés. Journaliste, militant, syndicaliste, il aura œuvré toute sa vie à la réunification de la Normandie. Proche du Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne (GRECE), il participa à son 34e colloque, en 2001, consacré à « L’Europe et les régions ». Normand de choc, il présida un temps, de 2001 à 2007, l’association des amis de Jean Mabire. En hommage à sa personne et à son combat, nous publions une tribune qu’il avait donnée à notre revue (« Éléments », n° 12, septembre-novembre 1975) sur la question normande.

En cette année 1975, m’est-il encore possible d’être et de me dire NORMAND et FRANÇAIS ?

J’avoue que, jusqu’à une époque récente, je ne me posais même plus la question. Cela coulait de source : j’étais français parce que normand…

Évidemment, je n’étais pas un Français indéfinissable, interchangeable de Dunkerque à … Perpignan. J’étais un Français d’une complexion et d’un pelage particuliers qui, en se mêlant aux autres Français des autres régions, contribuait à former la population de la France, si variée, si riche, dans sa diversité ; qu’avec fatuité chauvine, j’en conviens, j’en venais à croire qu’elle pût être un microcosme des peuples de l’Europe occidentale.

Certes, j’avais ricané, jadis, lorsqu’au lycée, nos chers maîtres avaient essayé de nous faire croire que la France, fille aînée de la latinité – ou de l’Église (les professeurs laïcs oubliaient alors leurs phobies anticléricales) –, faisaient de nous, descendants de Vikings, des Méditerranéens de mentalité, à la logique cartésienne… J’en voulais à Corneille, d’ailleurs, le plus romain des Normands, de voler au secours de nos écolâtres et je me consolais en me disant qu’il s’agissait, là, de la victoire posthume du martégal Maurras, chez qui le génie français n’avait pu et ne pouvait être que latin.

La Normandie suspecte

Heureusement, au sortir de ces années d’obscurantisme de la nouvelle scolastique lycéenne, j’avais eu l’impression de redevenir moi-même et, sans complexes, jetant par-dessus les moulins le bonnet de la latinité, je retrouvais avec enthousiasme mes racines nordico-germaniques, composantes indiscutables de l’arbre français… Dans le même temps, je prenais conscience du fait celtique – dont personne ne m’avait jamais parlé – et faisant la part des domaines de chacune des ethnies françaises, je commençais à appréhender le miracle français…

Hélas, ce n’était qu’une illusion… Tout comme un général-président, je m’étais fait « une certaine idée-de la France » et la réalité était autre… J’avais poursuivi une chimère : la découverte de la France et la France n’existait pas !

Car la France n’existe pas ! Il y a bien une expression géographique de ce nom (elle a d’ailleurs évolué au cours des siècles), mais rien d’autre. Il y a bien un État Français dont il paraît que je suis citoyen, mais de France, point !

Je ne me sens pas à l’aise dans ma défroque de citoyen français : je ne suis pas parisien et, par suite, je ne puis prétendre jouir pleinement des lueurs de ce phare de la Civilisation qu’est Paris. Plus grave, je dois être un très mauvais citoyen français puisque je n’accepte pas les privilèges exorbitants de la capitale, qui tire toute sa substance de la province asservie… mais, ce faisant (le préfet Doublet en a bien prévenu les lecteurs du journal Le Monde), je remets en cause l’unité nationale.

Car il faut me rendre à l’évidence : en refusant de m’abandonner aux délices frelatés de la vie parisienne, je deviens suspect à l’État parisien ; en demeurant normand (latin ne suis, parisien ne daigne), je suis coupable du crime inexpiable d’originalité et les jacobins massificateurs ne sont pas prêts à me reconnaître le droit à la différence.

Décolonisons nos provinces !

Marginal, je le suis puisque je n’accepte pas sans mot dire que ma terre, mon peuple soient traités selon le « droit commun » (quelle belle expression pour désigner l’ensemble des lois de la République destinées à être appliquées à toutes les régions de France !) ; hors-la­loi, je vais le devenir lorsque je vais refuser d’enseigner plus longtemps à mes élèves normands le respect dû à des institutions qui étouffent à ce point nos particularismes ; révolté, je le deviendrais si, contre tout bon sens, le gouvernement français n’accordait pas aux Normands le droit de vivre et de travailler en Normandie… Depuis cent-cinquante ans – et le phénomène va s’accélérant –, une déportation massive, bien qu’insidieuse, de mon peuple, vide la Normandie de sa substance, de ses élites…

La poussée démographique de la Basse Seine n’est due qu’à des non-Normands, qui sont « encadrés » par des techniciens étrangers à notre région, alors que les cadres normands ne trouvent pas de travail chez eux ! Quant à la partie occidentale de la Normandie, elle se dépeuple à une vitesse que le dernier recensement fait apparaître avec la rigueur d’une condamnation à brève échéance.

Bientôt, mon pays n’existera plus en tant que pays des Normands ; déjà, il n’est plus capable de réagir devant le gaspillage de ses ressources humaines et naturelles, devant la transformation de son fleuve royal, la Seine, en égout, de ses rivages marins, en cloaques, de son donjon cotentinais en poubelle atomique de l’Europe… Oui, en face de l’ethnocide dont se rend coupable l’État français à l’égard de la Normandie, je sens une immense révolte sourdre en moi… Me conduira-t-elle dans les geôles du pouvoir central ? Y retrouverais-je, là, tous ceux dont le crime impardonnable aura été de trop aimer leur solage, le passé de leur peuple et la solidarité de leur race ? Y rencontrerais-je, à côté du doyen des embastillés, le Dr. Siméoni, un gars du Limousin ayant trop voulu la décolonisation de sa région, un Occitan ayant trop rêvé du temps des troubadours, un Alsacien s’étant trop obstiné à se vouloir rhénan, un Flamand du Westhoek ayant milité pour les Pays-Bas français, un Savoyard n’ayant pas accepté d’être «rhonalpin», un Breton, suspect dès l’instant où « on » l’aura vu jouer du biniou (tout comme en 1945), un Champenois, qui en aura eu assez d’être exploité par un technocrate parisien, et, même, un Français d’Île-de-France, incarcéré comme bête curieuse parce que seul habitant d’une petite commune du Valois depuis longtemps désertifiée au profit de la Métropole parisienne ? Y trouverais-je tout ce monde ? C’est bien possible : en tout cas, ce serait là que je re-découvrirais… la France.

Extrait d’Éléments n°12, paru en septembre 1975

Tribune reprise de Revue-elements.com

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