dimanche 3 septembre 2023

Des Outre-Mer à l’Alsace, les régionalistes se réveillent-ils ?



Si on met de côté l’Outre-Mer – Corse comprise – qu’on peut considérer comme un immense laboratoire de la décentralisation voire d’un pré-fédéralisme, seule échappe au carcan jacobin l’Alsace qui possède son propre laboratoire d’idée constitué par l’association Initiative Citoyenne Alsacienne dirigée par Pierre Klein et qui précise pour les esprits suspicieux « Nous ne sommes plus aux temps où la France avait à craindre pour son unité. Elle est acquise ». Est-ce à dire que l’exemple puisse être suivi par des régions qui ne peuvent exciper du même héritage historique ?

Depuis l’instauration des « grandes régions », et même depuis l’enterrement de la politique des pays issue de la « loi Pasqua », le débat sur la décentralisation s’était réduit à de technocratiques débats sur les politiques fiscales. Le mouvement des pays s’est essoufflé jusqu’à l’asphyxie orchestrée par le RPR et le PS malgré le travail de l’Association Nationale pour les Pôles Territoriaux et les Pays (ANPP) dirigée par Michael Restier. L’opposition France Urbaine/France Rurale actée par la suppression de la DATAR marquait le début d’une confrontation mortifère. La politique des Métropoles voulues comme une adaptation du territoire nationale au formatage européen et même planétaire a encore réduit la visibilité des régions plus ou moins traditionnelles.

Plus important encore les pressions de la doxa cosmopolite, les pressions migratoires, loin de provoquer un repli sur les identités régionales ont provoqué un recul du sentiment régional concrétisé par l’adoption du terme « Gaulois » englobant sous ce vocable les « Français de souche européenne ». Ce sont les Africains de France qui ont « réduit » les identités régionales et créée une « identité gauloise ».

Mais aujourd’hui ? Le formidable rejet du cosmopolitisme mondial, les besoins de relocalisation des industries, la mise à la mode des circuits d’économie circulaire, la volonté de maîtriser les flux migratoires, le retour des nationalismes dans bien des pays, concourent à la redécouverte des solidarités locales, régionales, nationales. Les signes en sont visibles, très puissamment en Outre-Mer, puissamment, en Alsace, plus ou moins significativement ailleurs. Mais L’Alsace ne sera en bonne voie qu’autant qu’elle cessera sera d’être l’exception qui confirme la règle jacobine pour devenir un exemple à suivre.

En Bretagne le site internet « Breizh info » surfe certes sur le politiquement incorrect, mais son succès étonnant repose d’abord sur un phénomène que l’essayiste Benjamin Morel, auteur de La France en miettes – Régionalismes, l’autre séparatisme (Le Cerf) caractérise, le 27 juillet dernier à l’hebdomadaire Le Point, par le fait que si « seulement 13 % des Bretons voient les sujets identitaires et culturels comme des priorités […] On a tout de même 40 % de Bretons qui se disent plus bretons que français ». Mais la fièvre régionale ne touche pas que la Bretagne, qui a vu la renaissance d’un ersatz de FLB (Front de Libération de la Bretagne) s’en prenant aux voitures et maisons secondaires de supposés colonisateurs français, mais également le Pays basque. Il semblerait aussi que l’influence du Vlaams Belang déborde la frontière belge. Dans le Sud-Ouest notamment on note de réelles résurgences occitanes. En Savoie se signalent des frémissements régionalistes évoquant un Mouvement Régionaliste Savoyard renaissant. En Normandie, qui mérite par certains côtés le qualificatif de périphérique, le Mouvement Normand incarné longtemps par Didier Patte témoigne d’une vivacité maintenue par son dynamique président Emmanuel Mauger…

Un autre marqueur de cette résurgence des identités régionales réside dans la timide renaissance des associations regroupant les originaires des différentes régions vivant hors de la région natale comme l’emblématique « Club de Bretagne » présidé par Pierre Bernard Lebeau.

La décentralisation pour toutes les régions – comme le demande le Mouvement Fédéraliste Français « La Fédération » – est peut-être le moyen le plus sûr d’empêcher certains de se servir de ce phénomène pour créer une fracture dangereuse et en faire une étape vers la sécession, des Caraïbes à la Corse, en passant par l’Alsace et la Seine-Saint-Denis !

Michel le Lay

(EXTRAIT du Bulletin hebdomadaire n° 1982 du lundi 7 août 2023 de l’ACIP)

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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Déclin de l’Occident et avènement des BRICS – Jacques Sapir dans Le Samedi Politique le 2 septembre 2023

 

Sondage sur l’immigration : union des droites, fracturation des gauches



Ce n'est pas le premier et sans doute pas le dernier : un nouveau sondage réalisé par Harris Interactive pour Challenges vient redire l'exaspération profonde des Français devant l'immigration massive. Depuis 2017, ces sondages se succèdent, pour le moment sans conséquence politique autre que l'accession de Marine Le Pen au second tour, l'apparition du parti d'Éric Zemmour et, du côté de Macron, de vagues intentions : « réduire significativement l’immigration ». Pourtant, comme le remarquait en avril dernier Arnaud Florac en commentant une enquête CSA pour CNews, ce sujet jadis tabou fait aujourd'hui consensus. Et il n'y a plus qu'Élisabeth Borne, comme le soulignait François-Xavier Bellamy, pour le trouver « clivant ».

Cette nouvelle enquête ne porte pas exclusivement sur l'immigration mais sur « les rapports des Français aux valeurs républicaines ». C'est parfois un détour sémantique pour tourner autour du pot et ne pas immédiatement stigmatiser. Mais ici, le détour est instructif : le sondeur relève un écart entre l'attachement des Français aux grands principes, notamment la liberté (bien au-dessus de l'égalité et de la fraternité), le respect et la justice et leur désarroi devant leur disparition effective. Paradoxes, comme le titre le sondage ? Non : lucidité. Nous sommes matraqués d'incantations tous les jours démenties par les faits. Les Français sont bien conscients du processus de décivilisation en cours.

Bien conscients, aussi, que l'immigration est au cœur du problème. Sur ce sujet, il faut aller à la page 45 du rapport pour trouver les chiffres du consensus : 71 % des Français sont inquiets de l'immigration. Une inquiétude déclinée à l'envi : 72 % considèrent que les immigrés sont trop aidés par l’État, 72 % qu’ils posent des problèmes de sécurité, 61 % qu’ils représentent une menace culturelle et 56 % une menace sociale.

Pas davantage de surprise dans l'analyse politique des chiffres selon la proximité partisane des sondés : ils atteignent une quasi-unanimité, à plus de 80 ou 90 %, chez les sympathisants LR, RN ou Reconquête. L'immigration est un puissant ferment d'unification de l'électorat de droite. Mais l'enquête recèle d'autres motifs d'espoir : l'inquiétude sur l'immigration touche aussi ceux qui se déclarent sans préférence partisane et les électeurs macronistes ! Ils sont 72 % à estimer que les immigrés sont trop aidés par l'État et posent des problèmes de sécurité. Et même 60 % à estimer qu'ils représentent une menace culturelle. Nouvelle preuve de la droitisation de l'électorat macroniste, à méditer pour les prochaines élections.

Enfin, la plus grande surprise est sans doute la division profonde de l'électorat de gauche sur l'immigration. Cette division touche les trois partis LFI, PS et EELV dans les mêmes proportions. Même dans cette matrice historique de l'immigrationnisme, le réel a fait des ravages et ouvert des yeux : plus de 50 % des électeurs de gauche estiment que les immigrés sont trop aidés par l'État et posent des problèmes de sécurité ! Et entre 40 et 50 % y voient même une menace culturelle !

Le fruit de l'immigration est mûr, et même pourri, pour beaucoup de Français. Les conséquences politiques en sont déjà visibles : fracturation de la gauche, comme on le voit en cette rentrée, sur les sujets Médine et abaya ; droitisation de la communication de la Macronie (Attal sur l'abaya). Toute la question est de savoir si cette même Macronie réussira un nouveau hold-up électoral, avec un Darmanin ou un Édouard Philippe, sur cette majorité populaire de droite hostile à l'immigration, ou si, comme la gauche, elle s'effondrera, minée par ses contradictions, son bilan calamiteux et son double jeu sur ce sujet.

La responsabilité des dirigeants de la droite est historique : devant un tel consensus de son électorat et des attentes populaires sur l'immigration qui gagnent massivement l'ensemble du corps électoral, elle est condamnée à ne pas décevoir.

Par Frédéric Sirgant le 2 septembre 2023

Boulevard Voltaire

jeudi 31 août 2023

"Bruno le rigolo est le seul à ne pas voir que l'économie française s'effondre !" - Nicolas Vidal sur Radio Coutoisie le 30 août 2023

 

Abaya interdite : faudra-t-il sauver le soldat Attal ?



En une phrase, Gabriel Attal, successeur de Pap Ndiaye à l’Education nationale, est sorti du centrisme précautionneux pour avaliser la radicalité en politique. « J’ai décidé qu’on ne pourrait plus porter l’abaya à l’école », a-t-il déclaré dimanche sur TF1. L’abaya est ce vêtement féminin (similaire au qamis pour les hommes) qui est de plus en plus porté par les élèves des « cités populaires », en signe d’appartenance à l’islam démonstratif et prosélyte. De ce point de vue, cet uniforme militant, qui souligne un séparatisme, peut s’apparenter au port du voile islamique interdit à l’école par la loi de 2004 au nom de la laïcité. Bien que farouche défenseur des libertés d’expression, j’approuve néanmoins la position d’Attal. Elle vient contrer, en effet, l’expansion d’une idéologie théocratique, totalitaire, liberticide. Celle-ci instrumentalise la tolérance de la République pour mieux la subvertir. Il n’est pas interdit pour un Etat de poser des limites quand il s’agit de faire obstacle à une offensive de l’islam politique. 

Ce n’est pas à lui de définir ce qu’est la laïcité à la française. Cette laïcité oblige à la discrétion religieuse dans l’espace public et singulièrement dans le sanctuaire qu’est l ‘école de la République. L’abaya ou le qamis sont des panoplies qui, comme le voile, répondent à la stratégie des Frères musulmans, organisation sectaire, conquérante et suprémaciste. Elle-même cherche à occuper les institutions et les territoires par sa visibilité ostensible et son défi porté à la nation des droits de l’homme.

Il faut donc applaudir Attal, qui rompt avec un déni des réalités. Mais rien ne dit que le nouveau ministre saura aller au bout de sa position, qui reste pour l’instant au stade de la communication. L’ambiguïté d’Emmanuel Macron, qui ne veut analyser les problèmes que sous l’angle économique et social, n’aide pas à imposer une idée claire sur l’enjeu de civilisation que pose l’abaya. « Il faut s’atteler à reciviliser »,  a déclaré le chef de l’Etat dans un entretien-fleuve au Point. L’essayiste Malika Sorel lui a rappelé, hier dans le même hebdomadaire, qu’ « il ne s’agit point de « décivilisation » mais d’une autre civilisation ».  Les vêtements islamiques ne sont qu’une partie d’un phénomène de basculement identitaire, sous la pression d’une immigration musulmane de masse et d’un échec de l’intégration, notamment par l’école. Or cette perspective d’un remplacement culturel enchante le « progressisme » et son culte de la diversité. 

C’est Bruno Roger-Petit, devenu conseiller à l’Elysée, qui écrivait en 2014 : « Oui la France va changer car elle a déjà changé (…) Oui il y aura un jour, avant la fin de ce siècle, un président de la République dont le prénom sera Mohamed, ou Ahmed, ou Nouredine. C’est une perspective formidable ». L’extrême gauche, qui voit dans l’annonce d’Attal « un rejet obsessionnel des musulmans » (Clémentine Autain, LFI) s’apprête à hurler à l’islamophobie, en se liant toujours un peu plus à l’islam radical, sexiste et antisémite. Ce dernier, fort de tels zélés collaborateurs et de la faiblesse des belles âmes, ne laissera pas l’offensive anti-abaya sans riposte.  Faudra-t-il sauver le soldat Attal ?

Par Ivan Rioufol le 28 août 2023

Le Blog d'Ivan Rioufol